The production of the elements Li, Be, B by galactic cosmic rays in space and its relation with stellar observations(d),Patience dans l'azur(d),Poussières d'étoiles(d),L'Heure de s'enivrer(d),Je n'aurai pas le temps(d)
Joseph Jean Louis Hubert Reeves naît le àMontréal[1]. Ses parents, Joseph-Aimée Reeves et Manon Beaupré, se sont mariés en 1927[2]. Son grand-père, l'architecte Charles-Aimé Reeves, marié avec Alida Laporte en 1893[2], a dessiné entre autres les plans de plusieurs édifices montréalais, tels qu'écoles, collège, église ou bibliothèque[3]. D'après les recherches généalogiques réalisées par son frère aîné André,hématologue (1930-2009)[4], Joseph Rives, leur ancêtre à la septième génération en lignée masculine, et son épouse Jane Crine ont émigré desLowlands, territoire écossais au nord de l'Angleterre, dans lesannées 1720[5].
Le jeune Hubert demeure àLéry, une petite ville au bord dulac Saint-Louis auQuébec (Canada), quand son père, représentant de commerce[6], apporte à la maison l’Encyclopédie de la jeunesse. Cette lecture ouvre en lui le désir d'explorer le monde et le cosmos[7].
Cette période coïncide avec laRévolution tranquille québécoise qui entraîne, entre autres, un certain mouvement francophile chez plusieurs professeurs de l'Université de Montréal. Reeves, qui refuse d’utiliser uniquement des manuels scolaires francophones, perçoit une dégradation du climat de travail lorsque certains de ses collègues professeurs lui font des remarques aigres, ce qui lui donne envie d'« aller voir ailleurs ». Le refus de collaboration entre des professeurs de l'Université de Montréal francophone et l'Université McGill anglophone sur un projet d'accélérateur de particules a été, selon Reeves, déterminant quant à son choix de quitter le Québec[11]. Durant un stage d'été auCentre nucléaire deChalk River, enOntario, il lui est proposé de donner une série de cours à des chercheursbelges de physique nucléaire. Quelques mois plus tard,California Institute of Technology (Caltech) lui offre un poste au sein du laboratoire du physicien américainWilliam Fowler.
Hubert Reeves, voulant réaliser un vieux rêve de s'établir enEurope et s'étant déjà engagé envers les Belges, demande à Caltech de reporter son offre d'un an, ce qui lui est refusé. Selon Reeves, cet événement a refroidi ses relations avec cette université jusqu'à la fin desannées 1960[12].
Durant cette période, les groupes de recherche en astrophysique nucléaire du CSNSM, à Orsay et du laboratoire de Fowler, à Caltech, s'ignorent mutuellement dans leurs publications respectives. D'après Reeves, les relations entre ces groupes de recherche se sont améliorées lors d'une intervention de Fowler à une conférence àJérusalem en 1969. Le froid aurait pris définitivement fin lors d'une publication commune aux deux laboratoires en 1970[18].
En 1971, Reeves publie avec deux de ses étudiants,Jean Audouze et Maurice Meneguzzi, un article intituléThe production of the elements Li, Be, B by galactic cosmic rays in space and its relation with stellar observations[19], qui s'avère fondamental concernant lanucléosynthèse stellaire. Quatorze ans après le célèbre articleB2FH, cet article permettait de combler le vide existant entre les éléments fabriqués lors duBig Bang (l'hydrogène, l'hélium et quelques traces delithium) et ceux produits lors de la vie des étoiles, soit tous ceux situés après lecarbone dans letableau périodique des éléments deDmitri Mendeleïev[20]. Tout commeB2FH, cet article clef est plus connu sous les initiales de ses auteurs :MAR[21].
Dans lesannées 1970, Reeves commence à s'exprimer publiquement sur divers sujets liés, entre autres, à laphysique nucléaire. C'est lors de vacances àCarry-le-Rouet, où il partage, nuit après nuit, ses connaissances enastronomie avec d'autres vacanciers, qu'il commence réellement une carrière devulgarisateur scientifique[22]. À la suite de la suggestion d'une amie, il décide de mettre par écrit ses connaissances et commence la rédaction dePatience dans l'azur, dont le titre est inspiré d'un poème dePaul Valéry. Le manuscrit, refusé par une trentaine de maisons d'édition, est réécrit par Reeves avec l'aide de son ami physicienJean-Marc Lévy-Leblond, pour être finalement publié en1981. Le livre connaît un grand succès après sa présentation à l'émissionApostrophes deBernard Pivot[23]. Depuis, il s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires[24].
Plusieurs lecteurs d'Hubert Reeves lui écrivent des lettres qui influencent la pensée et les choix d'écriture du scientifique[25]. Ainsi, une lectrice dePatience dans l'azur lui envoie une lettre qui l'inspire à écrirePoussières d'étoiles, sorti en1984 et dans lequel il met enexergue un passage de la lettre qui l'a inspiré :« On m'a dit :Tu n'es que cendres et poussières. On a oublié de me dire qu'il s'agissait de poussières d'étoiles[26]. » Dans ce livre, il rappelle, entre autres, que lesatomes qui composent la Terre et ses habitants ont été constitués à l'intérieur des étoiles massives et ont été disséminés dans l'espace lors de la mort de ces dernières.
Certains lecteurs critiquant ce qu'ils considèrent comme un « optimisme excessif » chez Reeves, ce dernier décide, en 1984, d'écrire sur la plus grande menace planétaire perceptible à l'époque, celle engendrée par laguerre froide. Il publie ainsiL'Heure de s'enivrer en1986, où il dresse, entre autres, un portrait inquiétant des arsenaux nucléaires des deux grandes puissances américaine et soviétique[27].
Il anime une série d'émissions-conférences télévisées intituléeHistoire de l'Univers, qui est diffusée à plusieurs reprises au cours des années 1990 et 2000 auCanal Savoir. Il y reprend, entre autres, l'idée de lapyramide de la complexité, un concept, développé dansL'Heure de s'enivrer, décrivant la complexification de l'Univers, duBig Bang jusqu'à aujourd'hui[28],[29].
En 2000, il fait don de 100 000 dollars canadiens à l'Université Laval pour créer le fonds Hubert-Reeves, qui permet d'offrir chaque année des bourses à des étudiants de deuxième cycle en astrophysique[30].
Ses principaux ouvrages,Patience dans l'azur,Poussières d'étoiles etL'Heure de s'enivrer, connaissent un énorme succès et sont traduits dans plusieurs langues.
Hubert Reeves lors de la « Nuit des étoiles filantes » du auchâteau de Malbrouck (Moselle).
Par ailleurs, Hubert Reeves participe à des émissions télévisées de vulgarisation scientifique, dont la plus emblématique est sans doute laNuit des étoiles, diffusée sur la chaîne publique françaiseFrance 2.
En 2005 et en 2007, Hubert Reeves publie deux livres reprenant ses chroniques diffusées surFrance Culture :Chroniques du ciel et de la vie etChroniques des atomes et des galaxies. Un de ses derniers livres,Je n'aurai pas le temps, retrace le parcours scientifique de l'auteur depuis son enfance à Montréal jusqu'à aujourd'hui.
Dans son ouvrageChroniques du ciel et de la vie, en 2005, il estime probable que l'humanité s'achemine vers un régime végétarien, pour des raisons à la fois éthiques et environnementales[37]. SelonTVA Nouvelles, il plaide même pour le végétarisme dans ses livres et conférences, au registre« des activités plus saines pour l'environnement »[38]. Cependant, dans le livre d'entretiensJe chemine avec Hubert Reeves, en 2019, il déclare ne pas être lui-même végétarien :« J'ai changé certaines choses. Je ne peux pas te dire que je sois exemplaire. Je ne suis pas végétarien et je pense que je devrais peut-être l'être. Mais si l'argument c'est de ne pas tuer, une carotte, en fait, tu la tues aussi, c'est aussi un organisme vivant[39] ! »
En outre, Hubert Reeves participe à des conférences spectacles où il mêle les thèmes de l'astronomie et de l'écologie[40], parfois en compagnie d'autres interlocuteurs commeJean-Marie Pelt.
Il est aussi membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture depaix et de non-violence, et du comité d'honneur de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité, et préface le livre « Exit final. Pour une mort dans la dignité »[41].
Il soutient le mouvementLes Débrouillards, vulgarisant la science aux enfants à travers notamment des magazines, lorsque legouvernement du Québec sousPhilippe Couillard coupe les subventions au mouvement ainsi que généralement aux sciences[10].
Le, Hubert Reeves épouseFrancine Brunel, rencontrée deux ans plus tôt[43]. Le couple a quatre enfants : Gilles (né à Montréal),Nicolas (né àIthaca),Benoît (né à Montréal) et Evelyne (née àYonkers)[44]. La vie du couple se passe entre les États-Unis et le Québec, en fonction des contrats obtenus par Hubert Reeves. Du propre aveu de Reeves, sa carrière qui a eu l'effet d'une drogue puissante, a mené à l'échec de son premier mariage et l'a laissé dans un profond déséquilibre émotionnel[45].
En 1990, il épouse en secondes noces[46] la journaliste Camille Scoffier[44]. Le couple est installé à Paris, 1rue Jacob[47], et possède une résidence secondaire, une ancienne ferme située àMalicorne, petit village de Bourgogne[48].
Hubert Reeves meurt le à l'hôpital Broca[47] dans le13e arrondissement de Paris, à l'âge de91 ans[1]. Sa mort est annoncée par son fils,Benoît Reeves, sur les réseaux sociaux[10],[24]. Lepremier ministre du Québec,François Legault, présente ses condoléances et répond à l'annonce de sa mort que le Québec perd« un vulgarisateur hors pair, un astrophysicien de renom » ayant su faire comprendre l'humanité et l'infini et repartant en ce jour« comme il est venu, en poussière d'étoiles »[10].
Ses obsèques ont lieu en la salle de la Coupole, aucimetière du Père-Lachaise, le en début d'après-midi, en présence de sa famille et de plusieurs centaines de personnes, selon les vœux d'Hubert Reeves qui « souhaitait une cérémonie publique ». Lors de l'entrée du cercueil, des choristes interprètentFix You du groupeColdplay, avant que sa petite-fille Emmanuelle ne déclare :« Nous ferons de notre mieux pour préserver ton œuvre en protégeant la nature et en cultivant notre curiosité[49]. »
Le, il se rend à l'école Fernand-Seguin, à Montréal, pour assister à l'inauguration du pavillon Hubert-Reeves de l'école[62].
En 2011, l'Association des communicateurs scientifiques du Québec crée leprix Hubert-Reeves, accordé à l'auteur d'un livre de vulgarisation scientifique[63]. Trois ans plus tard suit la création du prix Hubert-Reeves jeunesse[64].
↑LolaBreton, « Obsèques d’Hubert Reeves à Paris: Une nouvelle étoile brille »,La Presse,(lire en ligne, consulté le).
↑Bibliographie, sur le site officiel d'Hubert Reeves : présentation de la plupart des ouvrages, avec la table des matières. Voir aussi en sectionBiographie.