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LeHuainanzi ouHouai-nan tseu (chinois :淮南子 ; pinyin :Huáinánzǐ) désigne un ensemble de vingt-et-un chapitres traitant de sujets divers, rédigés auIIe siècle av. J.-C., sous lesHan Occidentaux à l'initiative deLiu An (-179~-122), oncle de l’empereur Wudi et roi deHuainan, capitale Shòuchūn (寿春 / 壽春), actuelxiàn de Shòu寿县 / 壽縣), dans laprovince de l'Anhui, aux confins de l'ancienÉtat de Chu. Titré à l'origineVastes lumières (鸿烈 / 鴻烈, hóngliè, « fort et vaste »), il s'agissait d'un ouvrage encyclopédique de cinquante-quatre chapitres, dont vingt-et-un « internes » (内篇 / 內篇, nèipiān) et trente-trois « externes » (外篇, wàipiān), traitant d’une grande variété de sujets et rédigés par lesfāngshì (方士), savants et spécialistes duFāngxiāndào, que, selon les historiographes[1], Liu An entretenait en grand nombre. Il fut présenté à Wudi en Comme tous les ouvrages chinois, il circula sous forme de version commentée, les principales étaient celle de Gao You[2] et de Xu Shen[3], datant toutes deux des Han Orientaux. La dernière, moins complète, fut progressivement délaissée à partir de la fin desTang, mais on en connait un exemplaire desSong. Seuls les chapitres internes ouNeipian nous sont parvenus.
Selon les historiens Han, Liu An fut attiré dès son jeune âge par le savoir et la littérature. Il est le premier commentateur duLisao deQu Yuan, poète de Chu. C'était également un membre de la famille impériale dont le père, fils du fondateur de la dynastie, avait succombé, victime de ses ambitions politiques. Avec cet ouvrage, Liu An marchait dans ses pas et ceux deLü Buwei, puissant personnage de l'État de Qin commanditaire desAnnales de Lu, en cherchant à démontrer son pouvoir d'attirer les hommes de talent ainsi que ses capacités de gouvernant. Seize ans après la présentation de l'encyclopédie, il sera d'ailleurs accusé de complot et mettra fin à ses jours en
L'ouvrage aborde une grande variété de domaines : astronomie, médecine, cosmologie et mythologie, alchimie, sciences naturelles, philosophie, politique etc. Presque tous les grands courants de pensée desQin et des Han y sont représentés :confucianisme,mohisme,légisme, théorie duYin-Yang et descinq éléments, et surtouttaoïsme (courantshuanglao,fangxian,jindan). L'ouvrage est classé comme « mixte »[4] dans leLivre des Han, mais souvent comme taoïste dans d’autres catalogues.
Intéressé comme beaucoup d’intellectuels de son temps par l'alchimie et l'immortalité, Liu An était un grand lecteur duZhuangzi avec lequel certains passages duHuainanzi présentent des similitudes. Un chercheur japonais[5] a déterminé que la version Han duZhuangzi avait été éditée et commentée par un des spécialistes du roi de Huainan. Ce dernier était également familier de la littérature aux résonances magiques ouchamaniques du pays de Chu.LeHuainanzi a exercé une grande influence sur de nombreuses personnalités du courant taoïste, commeGe Hong, qui ont fait de Liu An et de ses huit conseillers des immortels.
LeHuainanzi est-il un assemblage composite ou bien y retrouve-t-on, au-delà de la diversité du contenu, une cohérence idéologique ? cette question fait depuis longtemps l’objet d’un débat sans réponse définitive.
Le vaste échantillon d'écoles philosophiques dont la pensée est reflétée dans l'ouvrage, les citations de textes disparus, les légendes et les informations sur les connaissances de l'époque qu'il contient en font une source précieuse pour les spécialistes de laChine ancienne. On y trouve par exemple la première mention desvingt-quatre périodes du calendrier agricole. Il a aussi transmis aux Chinois des époques ultérieures des mythes et légendes, et est à l'origine d'expressions courantes du langage.Hu Shi[6], qui le considérait comme la somme des connaissances de l'antiquité chinoise[7], en offrit en 1932 un exemplaire àTchang Kaï-chek pour promouvoir auprès de lui la politique taoïste du « non-agir ».
Parmi les spécialistes engagés par Liu An, huit occupaient une place privilégiée. Ce sont Su Fei[8], Li Shang[9], Zuo Wu[10], Tian You[11], Lei Bei[12], Wu Bei[13], Mao Bei[14], Jin Chang[15]. Appelés les « Huit seigneurs »[16], ils ont laissé leur nom à lamontagne Bagongshan dans l'Anhui où se trouve la tombe du roi de Huainan.
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