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Hrant Dink

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Pour les articles homonymes, voirDink.

Hrant Dink
Monument à la paix Hrant Dink à Mersin, Turquie
Fonction
Rédacteur en chef
Agos
-
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Balıklı Armenian Cemetery(d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Fırat Hrant Dink
Nationalité
Domiciles
Formation
Activités
Conjoint
Rakel Dink(en)(à partir de)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Arat Dink(en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Sport
Équipe
Taksim SK(en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions
Liste détaillée
Prix Bjørnson(en)()
Prix Oxfam Novib/PEN()
Héros de la liberté de la presse()
Prix Hermann-Kesten()
Prix Henri Nannen
Johann Philipp Palm Award(d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Vue de la sépulture.

modifier -modifier le code -modifier WikidataDocumentation du modèle

Fırat Hrant Dink (enarménien :Հրանդ Տինք) (né le àMalatya et mort le àIstanbul) est unjournaliste etécrivainturco-arménien[1].

Engagé dans des cercles politiques de gauche, il milite notamment pour faire connaître la situation desminorités turques. Ses prises de position se heurtent à l’hostilité de l’État turc. Il est emprisonné à trois reprises et est ciblé par une campagne de dénigrement menée par des hommes politiques et des organes de presse de la mouvance nationaliste dominante[2].

Il estassassiné par unnationaliste turc de 17 ans dans le quartier d'Osmanbey àIstanbul, devant les locaux de sonjournal bilingueAgos. Les commanditaires, vraisemblablement membres de l'appareil d’État, n'ont jamais été inquiétés.

Hrant Dink est récipiendaire, en2006, duprix Oxfam Novib/PEN pour laliberté d'expression.

100 000 personnes manifestent à Istanbul lors des funérailles de Hrant Dink, scandant « Nous sommes tous des Hrant Dink, nous sommes tous arméniens » enturc,arménien etkurde.

Biographie

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Hrant Dink a été le fondateur, le directeur de publication et le chroniqueur en chef de l'hebdomadaireAgos, un journal édité àIstanbul enarménien et enturc. Il a également écrit pour les journaux nationauxZaman etBirgün.

Né àMalatya le d'une famille modeste, Dink arrive àIstanbul à l'âge de 7 ans où il passe son enfance dans des orphelinats. Toute sa scolarité a lieu dans les écoles arméniennes et il est diplômé du lycée Surp Haç àÜsküdar. Il est diplômé enzoologie de l'université d'Istanbul et poursuit des études dephilosophie dans la même université. En1977, il épouse Rakel Dink, qui a grandi également en orphelinat et avec laquelle il aura deux filles (Delal et Séra) et un fils (Arat).

En1996, il fondaAgos et devient peu à peu le chef d'opinion de la communauté arménienne deTurquie.

En, Dink, défendu par l'avocate et écrivaineFethiye Çetin, est condamné à six mois deprison avec sursis pour un article affirmant que les Arméniens devaient se libérer de l'« obsession turque » par une périphrase évoquant « le sang s'écoulant de la noble veine reliant les Arméniens à l'Arménie se substituera à celui empoisonné par l'« élément turc » ». Il défendait, dans une série de huit articles publiés dansAgos, la thèse que l'identité arménienne devait se reconstruire autour de la question de survie du jeune État arménien et non uniquement sur l'exigence de la reconnaissance dugénocide par la Turquie. Une partie de la presse avait alors interprété cette phrase sortie de son contexte comme une déclarationraciste ce qui l'avait profondément choqué, lui qui défendait avec acharnement le « vivre ensemble ».

Le tribunal, contre l'avis d'une commission d'experts, avait estimé que ces propos allaient à l'encontre de l'article 301 duCode pénal turc révisé qui sanctionne le « dénigrement de l'identité nationale turque » et rend ainsi possibles les poursuites d'auteurs ou d'universitaires pour insulte à l'identité turque. Dink avait alors dit à l'agenceReuters : « Il se peut que j'en paie le prix mais la démocratie turque y gagnera, je l'espère. »[3] Ce verdict a été vivement critiqué par l'Union européenne[réf. nécessaire].

Ses propos concernant legénocide arménien commis sous l'Empire ottoman lui valurent l'hostilité dugouvernement turc, mais également et surtout des menaces de mort de la part des milieux nationalistes, dont son assassinOgün Samast serait issu. Les autorités turques refusent de reconnaître le caractère génocidaire des massacres d'Arméniens commis en1915-1917 et pratiquent une politique denégation du génocide arménien. Mais le coup d'envoi des attaques contre lui fut donné à la suite de la publication dansAgos d'un reportage démontrant queSabiha Gökçen, fille adoptive d'Atatürk et héroïne républicaine, était d'origine arménienne[4].

Hrant Dink a toujours souligné sa citoyenneté turque et sa « chance » de vivre en Turquie qui lui donnait la possibilité de comprendre à la fois les sensibilités des Turcs et des Arméniens, une compréhension nécessaire pour la réconciliation de ces deux peuples qui ont partagé mille ans d'histoire commune. Il a affirmé le besoin de démocratisation de la Turquie, soulignant que le règlement du problème arménien n'est qu'un volet de la démocratisation générale du pays. Dans la même perspective, il défendait fermement l'adhésion de la Turquie au sein de l'Union européenne, comme une garantie de la démocratisation. Tout au long de sa vie, il s'est focalisé sur les questions des droits des minorités, des droits civiques et des problèmes concernant la communauté arménienne de Turquie. Il militait au sein de mouvements degauche etpacifistes.

Assassinat

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Il a étéassassiné le par unnationaliste turc de 17 ans dans le quartier d'Osmanbey àIstanbul, devant les locaux de son journal bilingueAgos. Plus de 100 000 personnes défilent le jour des obsèques[5].

Le, son fils, Arat Dink, et Serkis Seropyan, respectivement directeur de la rédaction et responsable de l'hebdomadaireAgos, sont reconnus coupables d'avoir« insulté l'identité turque » et, à ce titre, condamnés à un an de prison avec sursis par un tribunal turc, en vertu de l'article 301 du Code pénal turc, pour avoir reproduit, au cours de l'été 2007, dans les colonnes d’Agos, une partie des propos de Hrant Dink qui avaient valu à celui-ci les poursuites judiciaires qui ne s'étaient interrompues qu'avec son assassinat[6].

Le, laCour européenne des droits de l'homme a condamné la Turquie dans l'affaire de l'assassinat de Hrant Dink. La Cour a jugé que l'absence de protection du journaliste face aux menaces pesant sur lui ainsi que les poursuites pénales pour « dénigrement de la turcité » constituaient une violation dudroit à la vie et du droit à laliberté d'expression imputables aux autorités turques[7].

Le,Ogün Samast a été condamné à vingt-deux ans et dix mois d'emprisonnement[8],[9],[10] pour meurtre avec préméditation et possession illégale d'une arme à feu par la cour criminelle pour enfants d'Istanbul. Dix-sept coaccusés sont acquittés à l'issue d'une audience qualifiée de « comédie judiciaire » par une des avocates de la famille Dink[5].

Le, deux anciens chefs de la police, Ramazan Akyürek et Ali Fuat Yilmazer, sont condamnés à la détention à perpétuité par un tribunal d’Istanbul, ainsi que deux anciens gradés de la gendarmerie, Yavuz Karakaya et Muharrem Demirkale. Selon l’accusation, ils n’ont pris aucune mesure pour empêcher l’assassinat bien qu’ils aient été informés du projet criminel[11],[12].

La justice turque poursuit l'enquête sur les commanditaires de l'assassinat de Hrant Dink. Sont en particulier soupçonnésErhan Tuncel (un ancien informateur de la police) etYasin Hayal (en)[13]. Les véritables commanditaires seraient des membres haut placés dans l'appareil d’État[5].

L’assassin de Hrant Dink obtient une libération conditionnelle pour bonne conduite en novembre 2023. Cette décision conduit à des réactions indignées dans l'opposition turque.Özgür Özel, le dirigeant duParti républicain du peuple (CHP), déclare : « Il y a dix-sept ans, ils ont tué une colombe et, depuis, quelqu'un a relâché un tueur de colombe. Les responsables de ce meurtre n'ont toujours pas été jugés, ni les donneurs d'ordre ni ceux qui ont choisi un mineur pour tuer. La partie sombre et profonde du pouvoir est toujours là[5]. »

Hommages

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  • Le, l'Institut international de la Presse (IPI), principale organisation de défense de la liberté de la presse selon l'UNESCO[14] a déclaré Hrant Dink52e « héros de la liberté de la presse dans le monde »[15].
  • Le, au premier anniversaire de son assassinat, 10 000 personnes (8 000 selon la police[16]) ont défilé dans les rues d'Istanbul pour lui rendre hommage. Des rassemblements en l'honneur de Hrant Dink ont également eu lieu dans d'autres grandes villes de Turquie. À Istanbul, sa veuve Rakel a lu un discours, appelant la justice à terminer son travail après l'arrestation de dix-neuf personnes en lien avec la mort de son mari. Le quotidien turcMilliyet note en effet dans son édition du jour que « la justice n'a pas avancé d'un pouce » et que les questions sans réponses restent trop nombreuses. Une appréciation reprise par la presse nationale turque en général.
  • Lors dumouvement protestataire turc de 2013, les manifestants renomment l'allée principale duparc Gezi en« avenue Hrant-Dink », en brandissant des affiches proclamant :« Nous sommes ici, mon frère », slogan issu de la célébration du6e anniversaire commémorant l'assassinat du journaliste[17],[18].
  • EnFrance, une « rue Hrant-Dink » est inaugurée le àLyon[19]. Le journaliste avait déjà une école qui porte son nom àArnouville-lès-Gonesse[20].
  • ÀMarseille, dans le 12e arrondissement, la rue Hrant-Dink a été inaugurée le, en présence de Rakel Dink, épouse de Hrant Dink et d’Aris Nalci, journaliste d’Agos[21].
  • ÀBouc-Bel-Air (13320), le rond-point Hrant-Dink a été inauguré le, en présence de Rakel Dink, de la ministre arménienne de la Diaspora, Hranouche Hakopian, et de monseigneurNorvan Zakarian, représentant l’Église arménienne de France[22].
  • Son nom a été donné à un jardin public sur l'île deKınalıada dépendant de l'archipel desîles des Princes àIstanbul le. Il s'agit de la première fois qu'un espace public porte son nom enTurquie.
  • Dans le romanLe Sillon (2018),prix Renaudot 2018,Valérie Manteau part à la recherche de traces de Hrant Dink à Istanbul. Elle commente ainsi sa tombe: « Rarement vu une telle accumulation de symboles depaix ; voilà la tombe d'un homme labellisé ennemi des Turcs et qui demandait comme une prière, ne vous inquiétez pas, nous avons les yeux rivés sur cette terre c'est vrai, mais pas pour la reprendre ; pour y reposer au plus profond » (p. 182)
  • En mars 2017, uneplace a été nommée en sa mémoire dans le13e arrondissement de Paris.

Galerie de photos

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  • Portrait d'hommage.
    Portrait d'hommage.
  • Affiche en honneur de Dink.
    Affiche en honneur de Dink.
  • Banderole de souvenir.
    Banderole de souvenir.
  • Rue Hrant-Dink à Marseille
    Rue Hrant-Dink à Marseille

Notes et références

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  1. « Le journaliste turc d'origine arménienne Hrant Dink assassiné à Istanbul »,Le Monde.
  2. VickenCheterian, « Qui a tué Hrant Dink ? », surLa valise diplomatique,
  3. « « Un journaliste turco-arménien abattu à Istanbul »,Reuters, »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  4. « turquie-news.com/rubriques/his… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  5. abc etd« En Turquie, l’intellectuel Hrant Dink meurt une troisième fois »,Le Monde.fr,‎(lire en ligne)
  6. Sources : articles(en) « Pair guilty of 'insulting Turkey' » () et « Trial unnerves Turkish Armenians » (, sous la signature de Sarah Rainsford), sur le site deBBC News.
  7. Nicolas Hervieu, « Assassinat de Hrant Dink, condamnation de la Turquie en raison de la passivité des autorités », surcombatsdroitshomme.blog.lemonde.fr,(consulté le).
  8. « En Bref : Turquie - Un tribunal d’Istanbul a condamné à vingt-trois ans de prison le meurtrier du journaliste turc d’origine arménienne Hrant Dink »,Libération,‎(lire en ligne).
  9. (en) « Turkey: Sentence in Editor’s Death »,BBC News,‎(lire en ligne).
  10. (en)Sebnem Arsu, « Hrant Dink murder: Turk Ogun Samast jailed »,The New York Times,‎(lire en ligne).
  11. « Turquie : des peines de prison à vie pour le meurtre du journaliste Hrant Dink », surfrance24.fr,(consulté le).
  12. « Turquie : quatre personnes condamnées à la prison à vie pour le meurtre du journaliste Hrant Dink », surlemonde.fr,(consulté le).
  13. (en) « Key suspect in Dink murder case has criminal liability »,Today's Zaman, Istanbul,‎(lire en ligne).
  14. « Fiche de l'IPI sur le site de l'UNESCO »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  15. Communiqué de presse de l'IPI. En 2006, l'IPI avait honoré de la sorte la journalisterusseAnna Politkovskaïa, également assassinée pour ses articles.
  16. Dépêche sur armenews.com du.
  17. Laure Marchand, « À Istanbul, le parc de Gezi s'est transformé en kermesse libertaire », surlefigaro.fr,(consulté le) :« Il est installé au bout de l'allée principale, rebaptisée «avenue Hrant-Dink» ».
  18. (en) « Protesters dedicate a street to slain journalist Hrant Dink in Gezi Park », surhurriyetdailynews.com,(consulté le) :« Activists have brandished banners reading “Buradayız Ahparig!” (We are here, brother), the slogan chosen for the commemoration of the 6th anniversary of Dink’s murder earlier this year. ».
  19. « Rue Hrant Dink Angle Rue La Confluence - 69002 Lyon », suracam-france.org(consulté le).
  20. « École Hrant Dink », surecolehrantdink.fr(consulté le).
  21. « Rue Hrant Dink 13012 Marseille », suracam-france.org(consulté le).
  22. « Rond-point Hrant Dink 13320 Bouc-Bel-Air », suracam-france.org(consulté le).

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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Bibliographie

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