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Population totale | 26 290 |
Langues | Ukrainien |
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Religions | Église grecque-catholique ruthène,christianisme orthodoxe |
Ethnies liées | Ukrainiens |
LesHoutsoules sont une population montagnardeukrainienne vivant essentiellement enHoutsoulie, dans la chaîne desCarpates ukrainiennes et dans les régions voisines deRuthénie subcarpathique et deBucovine septentrionale.
Les Houtsoules se désignent sous le termehutsul. On peut néanmoins les retrouver sous différentes orthographes :Goutzoules (terme translittéré de l'ukrainien гуцули ou durusse гуцулы, par exemple dansLes Chevaux de feu, film deSergueï Paradjanov, dépeignant les Houtsoules),Hutzules,Huculs,Huzuls,Hutzuls,Gutsuls,Guculs,Guzuls etGutzuls ou encoreHuțuli enRoumanie etHucuł enPologne.
Certains Houtsoules se définissaient commeRusynŷ, terme traduit en français parRuthènes, d'où une certaine confusion entre ces deux termes.Rusynŷ etRuthènes englobent en fait non seulement les Houtsoules, mais une grande part desUkrainiens occidentaux y compris non-montagnards. Si les Houtsoules vivent enRuthénie, celle-ci ne couvre pas seulement la chaîne desCarpates. Beaucoup de ces Ukrainiens montagnards récusent désormais le terme de Houtsoules, parce qu'il peut avoir une connotation péjorative synonyme denaïf,balourd enukrainien.
D'un point de vue étymologique, plusieurs hypothèses existent quant à l'origine du termehutsul. Certains le rapprochent du termeroumainhoțul (« voleur »). Pour d'autres,Hutsul pourrait trouver son origine dans le termeslavekochul (« migrant », « vagabond »), nom donné auxtribus turques d'Europe orientale. D'après l'historien roumain Mihai Iacobescu, le nom de la population viendrait du termehuțan, nom donné initialement à la race de cheval local, puis étendu et utilisé ensuite à la population[1].
Néanmoins, aucune de ces hypothèses n'a jamais pu être prouvée et l'origine du termeHutsul reste encore très discutée.
Leur présence enBucovine et enRuthénie est attestée dès la fin duXVe siècle et les ethnologues roumains ont tendance à considérer qu'ils pourraient être des descendants desGèto-Daces, slavisés après leVIIe siècle. Mais les ethnologuesukrainiens affirment qu'ils sont, au contraire, les derniers témoins de la culture des tout premiersSlaves. En fait, sur le terrain, on observe un inextricable mélange de toponymes slaves et roumains (tant du côté roumain qu'ukrainien) et, du point de vue agricole, architectural et ethnographique, les Ukrainiens houtsoules et les Roumains du nord sont similaires. Il y a de très nombreux termes slaves dans le roumain de Bucovine et du nord de laTransylvanie, et de termes roumains dans le parler ukrainien houtsoule. Or lepastoralisme, avectranshumance, a été depuis toujours l'occupation principale des montagnards des Carpates, slavophones ou roumanophones. Le mélange était inévitable et on peut expliquer aussi les particularismes houtsoules et leurs similitudes avec les traditions des roumains du nord, sans faire nécessairement appel auxGèto-daces ou aux premiersSlaves.
Robert Magocsi de l'Université de Toronto (Canada) pense que les Houtsoules, comme lesMoravalaques et lesGorales, seraient d'origine récente, issus de paysans et de bergers pauvres, réfugiés dans lesCarpates pour fuir les guerres duXVIIIe siècle. Les Ukrainiens étant plus nombreux que les Slovaques, les Polonais ou les Roumains parmi ces réfugiés, leur langue est plus proche de l'ukrainien que de toute autre, constituant à l'origine une langue composite[2].
Le peuplement de cette partie des Carpates, initialement ruthène sur le versant nord et roumain sur le versant sud (voïvodies deGalicie-Volhynie au nord, et deMarmatie au sud, auXIIIe siècle), a été mis à mal par la grande invasionmongole ettatare de1223, et ne s'est reconstitué qu'auXVIIIe siècle : entre ces deux dates, la plupart des villages de montagnes restèrent abandonnés, et de nombreuses cartes anciennes portent les mentions « loca deserta », « terra sine incolis » (terre inhabitée) ou même « regnum arctorum » (royaume des ours)[3]. En Bucovine, lesRuthènes n'étaient pas encore attestés aux temps de laprincipauté de Moldavie, mais sont décomptés de plus en plus nombreux à partir de l'annexionautrichienne de la Bucovine en1775. Il semblerait qu'ils se soient déplacés vers le sud sous la pression démographique croissante enGalicie autrichienne.
En janvier1919, uneRépublique houtsoule est déclarée dans l'actueloblast de Transcarpatie. La région est rattachée à laTchécoslovaquie quelques mois plus tard. En mars1939, l'histoire se répète : l'actueloblast de Transcarpatie proclame son indépendance avecAugustin Volochyne comme président, mais est aussitôt envahi et annexé par laHongrie de Horthy. Durant laSeconde Guerre mondiale, les habitants se sont farouchement battus contre les Hongrois, lesAllemands puis, après septembre1944, contre lesSoviétiques (qui annexent la région en mai1945), et ne furent jamais complètement soumis.
La culture traditionnelle des Houtsoules se manifeste principalement par leur artisanat coloré et complexe dans les domaines de la sculpture, de la menuiserie, de l'architecture, du travail des métaux (en particulier lelaiton), de la confection de vêtements ou de tapis ou encore de la poterie. On retrouve également un grand nombre de traditions orales (surtout dans les chants) et de la danse, communes à toutes les régions habitées par les Houtsoules.
Cette culture traditionnelle présente des similitudes avec d'autres groupes ethniques de l'ouest de l'Ukraine, en particulier lesLemkos et lesBoykos, mais aussi avec des peuples montagnards plus éloignés tels que lesGorales, présents enPologne etSlovaquie. En outre, des ethnologues ont remarqué des ressemblances avec les peuplesvalaques deMoravie ou certaines traditions présentes enRoumanie du nord (Maramureş).
La plupart des Houtsoules sontcatholiques de rite grec ouorthodoxes.
L'économie de la société houtsoule repose traditionnellement sur l'exploitation forestière et sur l'élevage ovin et bovin. C'est aux Houtsoules que l'on doit la création de la race de chevaux diteHoutsoule. Un des principaux attributs des hommes houtsoules est lebaltag, petite hache fixée à un long manche. En musique, ils utilisent des instruments uniques, tel que latrâmbiţa, une sorte decor des Alpes, ainsi qu'une grande variété defifres (lesopilka en particulier). Les musiciens houtsoules se servent également decornemuses (duda), deguimbardes (drymba) et decymbalums.
La langue parlée par les Houtsoules est assez particulière. En effet, elle peut être considérée comme un dialecte de l'ukrainien, où l'on rencontre également des influences dupolonais et duroumain. Du fait du système éducatif enUkraine, où seul l'ukrainien est enseigné dans les écoles, la langue des Houtsoules est aujourd'hui en voie de disparition. Néanmoins, depuis quelques années, plusieurs mouvements associatifs houtsoules se battent pour la sauvegarde et la promotion de leur dialecte, aussi bien en Ukraine qu'en Pologne.
Il n'existe pas de statistiques officielles dénombrant les Houtsoules, et ce, ni dans l'actuelleUkraine, ni enRoumanie. Un courant migratoire des populations houtsoules vers leCanada et lesÉtats-Unis existe, mais n'est pas davantage mesuré. En Roumanie, on estime les Houtsoules à quelques milliers. En Ukraine (qui n'a pas encore publié de recensement pertinent dans ce domaine depuis son indépendance), les chercheurs estiment les populations houtsoules à plusieurs dizaines de milliers d'habitants. Cette estimation couvre l'ensemble des villages des Carpates ukrainiennes, slovaques, polonaises et roumaines. On peut cependant estimer qu'un certain nombre de Houtsoules ont quitté leurs villages pour s'installer dans les métropoles régionales d'Ivano-Frankivsk et deTchernivtsi.
Le peintreAnton Manastirski a souvent représenté les Houtsoules. Par exemple :Houtsoules à cheval, huile sur toile de 55 × 66 cm en 1948,Kolkhoziens houtsoules, huile sur toile de 50 × 70 cm en 1951,Jeune fille houtsoule traversant un torrent, huile sur toile de 62,5 × 76 cm en 1956. Il les a aussi dessinés :Un Cavalier houtsoule une encre de chine sur papier en 1951.