Une personne utilisant une houe pour cultiver des légumes auViêt Nam.Petite houe artisanale démontable utilisée au Mali.
En agriculture et jardinage lahoue (du vieux franciquehauwa « pioche, binette », apparenté à l’indo-européen*heawan « couper ») est uninstrument aratoire manuel dont l'extrémité est perpendiculaire au manche contrairement aux instruments aratoires de la famille de labêche. Plusieurs outils largement utilisés, comme laserfouette ou labinette, dérivent de la houe.
Le terme de houe est également parfois employé pour désigner des outils mécaniques de travail du sol, principalement lahoue rotative (rotovator).
Une houe est un outilagricole, horticole et de jardinage utilisé pour le travail dusol superficiellement ou à moyenne profondeur. Elle est indispensable pour effectuer de nombreux travaux, notamment pour remuer et émietter la terre aprèsbêchage, désherber, butter lespommes de terre, et creuser le sol pour les plantations.
La houe se rapproche plus de lapioche que de labinette qui ne travaille que superficiellement le sol. La pièce de travail, pièce métallique, est aplatie sous forme d'une lame qui peut être pleine ou à dents[1].
Houe à deux fourchons.Houe à trois fourchons
EnAfrique, la plupart des outils agricoles ne sont autres que des houes dont les fers et les manches ont des dimensions variables en fonction de l'utilisation qui en est faite (sarclage,binage, etc.)
Mots du français régional ou des langues de France
La houe est un outil de base en agriculture et est déclinée en de nombreuses versions suivant le type de sol et le travail à réaliser[2]. Le terme possêde de nombreux synonymes :
lames pleines :
catalan :aixada ;magall,magalla et au Pays Valencienllegó,lligó,fes (plus étroite) ;bigòs oubigots (avec un fer de deux pointes)
occitan :aissada (eishada gasc.),marra,trenca/trinca ;bigòs (à deux dents),fossor (pointue)
occitan gascon :marra (pour la culture des oignons et l’entretien des sols),pica ;hossè(i)r,hossèra,hoshina (~ pointue) ;trenca (ces différents noms variables selon les régions s'appliquent à des outils de formes diverses)
occitan limousin :trancha
occitan vivaro-alpin :magau,pic,bechard ;aissada,sapa,pichòla
Alpe du nord (francoprovençal) :moutardelle,fossoir ("les mains sur le manche du fossoir",Derborence, Charles Ferdinand Ramuz)
France :hoyau, bêchoir, féchou, écobue, besoche, bêchard, essade, déchaussoir, sarcle ; Le nom « hoyau », d'origine germanique, est apparu en France vers 1312 et n'est plus utilisé qu'en littérature ou histoire des techniques
lames crochues :
occitan
occitan limousin :bigòt
occitan provençal :bigòt oubigòrna
occitan quercynois :bigòs
Bourgogne :mègle
une houette est une petite houe enacier forgé à manche très court idéal pour sarcler des parterres defleur[réf. nécessaire].
le terme dehoue lorraine est essentiellement commercial et désigne une houe ordinaire
Lahoue à cheval désignait une petite bineuse à cheval équipée de fers de houe[2].
La houe est un outil agricole dont l'usage est attesté depuis lenéolithique. Lorsque le métal de la lame remplace le silex caréné des premières houes, les hommes pratiquent l'emmanchement dans une douille perforée à l'extrémité du soc, ce qui donne de grandes houes, qui constituent, avec les bêches, les deux principaux outils de « labour à bras » durant l'Antiquité, car à cette époque lesaraires,instruments aratoiresattelés, ne réalisent pas un véritable labour (ellesscarifient le sol sans le retourner). Ce labour manuel est long et pénible, son rendement est si faible qu'il ne peut s'étendre à la totalité des jachères et explique qu'il contribue[3] à la crise de subsistance chronique des sociétés méditerranéennes et européennes de l'Antiquité. Cette crise« paraît inséparable du développement de la guerre, de la formation descités-États militarisées, de la colonisation et de l'esclavage qui ont marqué ces sociétés jusqu'à la fin duIer millénaire de l'ère chrétienne[4] ».
Dès l'Antiquité les houes semblent avoir été réalisées en fer contrairement aux bêches qui au Moyen Âge en France était encore en bois simplement renforcé de fer sur la partie coupante[1].
Tout au long des siècles, elle apparaît sous différentes formes et s’adapte aux spécificités de chaque région. Sa forme première a peu évolué si ce n’est que dans l’utilisation de nouveaux matériaux dans sa fabrication. Objet essentiellement agraire à l’époque égyptienne, il prend toute son importance en France vers le milieu duXIXe siècle en adéquation avec le développement des jardins familiaux[réf. souhaitée].
« De leurs glaives ils forgeront des hoyaux et de leurs lances des serpes »
— Esaïe, chapitre 2, verset 4Le mot apparaît aussi chezVoltaire :
« N'allez pas croire que Pomone et Vertumne vous sachent beaucoup de gré d’avoir sauté en leur honneur […] il n'y a d’autre Pomone ni d’autre Vertumne que la bêche et le hoyau du jardinier. »
—Voltaire,Dictionnaire philosophique. Superstition, IV.Et même en -29 chez Virgile dans Les Géorgiques :
« Si avec le hoyau tu ne fais pas une guerre assidue aux mauvaises herbes, hélas ! tu en seras réduit à contempler le gros tas d’autrui »
— Virgile,
Chateaubriand écrit : "j'aurais dû plutôt être frappé de l'indépendance et de la virilité de cette terre (la France) où les femmes maniaient le hoyau, tandis que les hommes maniaient le mousquet." (Mémoires d'outre-tombe, Liv.XIII, chap. 3).
↑L'autre facteur expliquant cette crise est« le transport surbât qui ne permet pas de transférer de grandes quantités de matières organiques (fourrage,fumier…) dusaltus vers l'ager, et comme les transferts defertilité par simple parcage de nuit sont peu efficaces, les terres céréalières sont mal fumées. Peu étendues, mal préparées et mal fumées, les terres cultivées ont donc un rendement et une production globale faibles ; et comme de plus la superficie cultivée par travailleur est limitée par la faiblesse de l'outillage, la productivité du travail est à peine suffisante pour couvrir les besoins de la population ». cfMazoyer et Roudart 2002.
↑Marcel Mazoyer et Laurence Roudart,Histoire des agricultures du monde. Du néolithique à la crise contemporaine, Seuil,,p. 235.