Cet article concerne le hooliganisme en tant que mouvement. Pour le film, voirHooligans (film).
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Lehouliganisme (ouhooliganisme[1]) est l'utilisation par lessupporteurs, notamment dans lefootball[2], de différentes formes de violence (incivilités — brimade, jet de projectiles, envahissement de terrains —,vandalisme — caillassage de véhicules, détérioration de matériels —,violence symbolique etverbale, rixe,émeute,homicide…) qui sont le reflet de logiques d'opposition sportives, sociales, politiques, culturelles ou territoriales[3].
Selon certains chercheurs, le mothooligan serait mentionné dans des rapports de la police londonienne pendant l'été1898 et repris dans les colonnes du journalDaily News en référence à un ivrogne irlandais notoire, Patrick Hooligan, demeurant àLondres et régulièrement impliqué dans des bagarres[4].
Le terme est popularisé enAngleterre à partir de 1898 à la suite du meurtre d'une personne perpétré par un membre d'un gang de Londres surnommé les Hooligan Boys[7].
En 1899, l’auteur britannique Clarence Rook, spécialiste des bas quartiers de la Ville deLondres et des environs, écrivit un livre intituléThe Hooligan Nights, dans lequel il brosse le portrait de Patrick Hooligan, un immigré irlandais venu deLimerick avec sa famille[8]. Dans son livreRomance of Words, paru en 1912, l’étymologiste Ernest Weekley parle de ce gang en ces termes : « Les Hooligans originaux sont une famille irlandaise dont les actes animent la vie terne et monotone deSouthwark il y a environ 14 ans[9] ».
Après être entré dans le vocabulaire courant et dans le dictionnaire, le terme hooligan fut adopté par la littérature. D’abord avecArthur Conan Doyle, qui le mentionna dès 1904 dans sa nouvelleThe Adventure of the Six Napoleons, puisH. G. Wells, dans son romanTono-Bungay, paru en 1909. Le terme hooliganisme, une fois fixé dans la langue anglaise, se dissémina un peu partout en Europe et jusqu’en Russie, où il devint synonyme d’esprit rebelle à l’ordre établi. Aujourd'hui encore, en Russie et dans plusieurs pays de l'Est de l'ex-bloc soviétique[10], un hooligan est un vaurien, un asocial, un opposant au régime, et le délit de hooliganisme est lié à d’importants troubles sociaux ; il est sévèrement puni[11]. Selon le dictionnaireLe Robert, le mot hooligan est entré dans la langue française par le biais du russe.
Hooligans envahissant un stade de football en 1990.Fresqueromaine représentant la rixe entre les habitants de Pompéi et de Nucérie autour de l'amphithéâtre[12].
Les historiens britanniques ont déjà bien étudié la question, et la lecture deThe Roots of football hooliganism du trioEric Dunning, Patrick Murphy et John Williams, est incontournable. En 1885,Preston North End joue un match contreAston Villa. À l'issue du match, les deux équipes sont bombardées de pierres, attaquées à coup de bâtons et se font cracher dessus. Un des joueurs dePreston North End est si sauvagement agressé qu'il en perd conscience[14]. Très actifs avant laPremière Guerre mondiale, les hooligans sont quasi absents des tribunes très familiales de l'entre-deux-guerres. En revanche, au terme du second conflit mondial, le hooliganisme fait son retour. On note 25 incidents par saison dans lesannées 1960[14] et ce phénomène touche une grande partie des clubs anglais dans lesannées 1970.
Le Royaume-Uni n'est pas seul touché par le fléau de la violence, et en France, Amiens se dote d'un service d'ordre dès 1906 pour endiguer ses supporters les plus indisciplinés… Les incidents dans les stades français sont moins nombreux qu'en Angleterre, mais certains d'entre eux dépassent en violence le « modèle anglais ». Ainsi, en 1967, mécontent d'une décision arbitrale, le public du Red Star mit le feu au stade et commença à démonter les tribunes[réf. nécessaire]. En1932 déjà, les supporters duHavre AC avaient été suspectés d'avoir incendié lestade de la Cavée verte après une défaite 6-1 dans le derby face auFC Rouen[15].
L'intrusion de la politique change un peu la donne au début des années 1980. Les partis d'extrême droite tentent en effet de noyauter ces groupes de supporters. Le phénomène commence en Grande-Bretagne, avec l'entrisme duBritish Movement et duFront national britannique[16]. Aujourd'hui[Quand ?] encore (cf. le dernier[Lequel ?] rapport desRenseignements généraux sur le sujet), le terme même de hooligan est très marqué politiquement.
Le hooliganisme connaît un virage en1985 en raison dudrame du Heysel. Les hooligans anglais sont montrés du doigt mais la gendarmerie belge et l'UEFA sont également condamnées par la justice belge à cause de leur incompétence dans cette affaire. Une partie de la violence des hooligans était provoquée par les conditions déplorables qui étaient alors en usage dans les stades. On entassait en effet, jusqu'à l'étouffement, les supporters afin de gonfler un peu les recettes. Il faudra attendre latragédie de Hillsborough en1989 pour voir la mise en place d'une « vraie » politique globale des supporters en Angleterre, incluant la réfection des stades, bien que cette tragédie ne fût pas lié au hooliganisme. Depuis lors, le hooliganisme n'est plus un problème pesant comme ce fut longtemps le cas.
Si le Royaume-Uni a su gérer le problème hooligan, les autres nations européennes n'ont pas vraiment mis en place de politique globale pour traiter cette question, et les problèmes perdurent. En France, mais aussi en Belgique, Allemagne, Hollande ou Italie[17], pour se concentrer ici sur la seule Europe occidentale, le hooliganisme « à l'anglaise » a connu l'influence italienne du mouvement Ultras et de celles deshools néerlandais, belges et allemands.
L'Espagne et le Portugal sont moins touchés par ce fléau que leurs voisins mais comporte une scène Ultra fortement politisée (voire violente) avec des groupes comme les Ultras Sur 1980 du Real Madrid.
Parmi les plusviolents des hooligans figurent les Headhunters (litt. « Chasseurs de tête »), supporters du club de football deChelsea àLondres. Parallèlement à leurs activités axées autour de la violence, ils revendiquent leur idéologienéo-nazie et leurs liens avec le groupe néo-nazi Combat 18. On constatera cependant que leur influence est en baisse depuis la forte répression de la part des autorités britanniques.
En 1999, le journaliste de laBBC, Donal McIntyre, infiltre les Headhunters en endossant l'identité d'un fervent supporter du club, au point de se faire tatouer le logo duChelsea FC sur le bras. Il a ainsi pu approcher les leaders du groupe, lors du Mondial 1998 en France, des matchs du championnat anglais et des rencontres européennes.
En France, il existe trois grands acteurs chargés de la sécurité des événements sportifs et de la lutte contre le hooliganisme : la division nationale de la lutte contre le hooliganisme, la délégation interministérielle à la gestion des grands événements sportifs et l’unité de coordination des grands événements[18]. La division nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH) est créée en 2009. Elle est rattachée à ladirection nationale de la sécurité publique duministère de l’Intérieur. Elle est actuellement dirigée par le commissaire de police Thibaut Delaunay. Elle coordonne les renseignements sur les supporters à risque via le point national d’information sur le football (PNIF). La DNLH évalue les menaces et participe au maintien de l’ordre public lors des événements sportifs à risques[19]. Elle représente le ministère de l’Intérieur auprès de l’instance nationale du supportérisme. Des policiers physionomistes de la DNLH surveillent notamment les événements sportifs en qualité de spotter. Ils détectent les profils à risque afin de prévenir les violences[20].
La délégation interministérielle aux grands événements sportifs (DIGES) est créée en 2008[21]. Elle est placée sous l’autorité duministère chargé des Sports. Elle est actuellement dirigée par le préfetMichel CADOT. La DIGES anime et coordonne les activités des administrations de l'Etat et des établissements publics nationaux concourant à l'accueil et à l'organisation des grands événements sportifs internationaux organisés sur le territoire français[21]. Elle a également une activité de conseil duGouvernement. La DIGES peut bénéficier du concours de la force publique en faisant appel au ministère de l’Intérieur.
L’unité de coordination des grands événements est également rattachée à ladirection générale de la police nationale duministère de l’Intérieur. Elle est actuellement dirigée par le commissaire de police Sylvain Lledo. Cette unité évalue les risques et la menace liés à un événement et organise le dispositif de sécurité de la police nationale. Elle assure un travail de coordination entre les services de l’État français, les polices étrangères et les entreprises privées.
La commission nationale de sécurité des enceintes sportives, présidée par leministère chargé des Sports, joue un rôle en amont des évènements en émettant un avis sur les demandes d’homologation d’enceintes destinées à recevoir des manifestations sportives[22].
Une instance spécifique a été créée en 2018 en vue desJeux olympiques de Paris 2024 : l’Instance de Coordination Nationale pour la Sécurité des Jeux olympiques 2024 et des grands événements sportifs internationaux[23].
EnFrance, la réglementation sur les manifestations sportives se trouve principalement dans leCode du sport[24]. La lutte contre le hooliganisme passe essentiellement par lesinterdictions de stade (judiciaires, administratives, commerciales), la mise en place d’un fichier national des interdits de stade, la dissolution de groupements et d’associations, l’encadrement et l’interdiction des déplacements de supporters et l’interdiction desfumigènes.
Les grandes lois luttant contre la violence dans le sport sont :
La loi du 6 décembre 1993 relative à la sécurité des manifestations sportives
La loi du 10 mai 2016 renforçant le dialogue avec les supporters et la lutte contre le hooliganisme
L'Assemblée nationale a publié le 22 mai 2020 un Rapport d’information sur les interdictions de stade et le supportérisme où est fait le constat de l’échec des politiques répressives, de la restriction deslibertés fondamentales et sont formulées des propositions pour un modèle français du supportérisme[25].
L'interdiction de stade est créée en 1993. Elle est à la base judiciaire puis administrative en 2006 et commerciale en 2016. La mesure d'interdiction de stade est dite administrative si elle est prise par lepréfet. Elle est dite judiciaire si elle est prise par un tribunal. Elle est dite commerciale si elle est prononcée par l’organisateur privé, c’est-à-dire les clubs sportifs.
L'interdiction judiciaire de stade est prononcée en peine complémentaire d'une sanction pénale en application de l’article L.332-11 du Code du sport. Elle interdit d'entrer ou de se rendre aux abords d'une enceinte où se déroule une manifestation sportive pour une durée maximale de cinq ans. Les individus interdits de stade peuvent également être forcés à se présenter dans des services de police ou de gendarmerie pendant les matchs.
L'interdiction administrative de stade est une décision du préfet sans condamnation pénale préalable en application de l’article L.332-16 du Code du sport. Elle interdit d'entrer ou de se rendre aux abords des enceintes où des manifestations sportives se déroulent ou sont retransmises en public pour une durée maximale d’un ou deux ans selon les individus.
L'interdiction commerciale de stade est une décision des organisateurs privés des manifestations sportives en application de l’article L.332-1 du Code du sport. Les organisateurs peuvent refuser la vente de billet ou les annuler et refuser l’accès au stade aux personnes qui ne respectent pas les conditions générales de vente ou le règlement intérieur relatif à la sécurité.
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Les sociologues et journalistes qui ont enquêté sur les actes de vandalisme lors de compétitions sportives notent que le hooliganisme est un phénomène hétérogène indissociable des différents contextes sociaux et historiques[26]. Principalement juvénile, masculin et groupal, le hooliganisme est cependant favorisé, comme la délinquance ordinaire, par le cumul de désavantages sociaux (faible revenu, habitat et quartier délabrés, famille nombreuse)[27].
↑« Durant leXXe siècle et concernant le seul football, le journalL'Équipe (1997) a dénombré plus de 1 300 morts à travers le monde suite à des actes de hooliganisme ». CfPatrick Bouchet, Philippe Castel, Marie-Françoise Lacassagne, « Comment analyser les relations déviantes potentiellement violentes ou discriminatoires dans le spectacle sportif au stade ? »,Recherches en Communication,vol. 30,,p. 147(DOI10.14428/rec.v30i30.51153).
↑Dominique Bodin,Hooliganisme. Vérités et mensonges, ESF,,p. 32-33 et 65
↑a etbQuinion, Michael, « "Hooligan" », World Wide Words,(consulté le).
↑Mikhaïl W. Ramseier :Les Particules réfractaires : Hooligans, éditions Coups de Tête, Montréal, 2014.
↑Valérie Huet, « La représentation de la rixe de l'amphithéâtre de Pompéi : une préfiguration de l'« hooliganisme » ? »,Histoire urbaine,no 10,,p. 89-112(DOI10.3917/rhu.010.0089).
VivienCouzelas,Dans la tête d'un hooligan : Enquête : football et violences, le témoignage d'un supporter, Le Crest, Les éditions du volcan,, 319 p.(ISBN978-2-9546833-3-1)
Assemblée Nationale,Rapport d'information sur les interdictions de stade et le supportérisme, 2020
Hooligans FC (titre d'origine:The Real Football Factories International(it)) : reportage en plusieurs parties sur les Hooligans de Pologne, de Russie, d'Italie, d'Angleterre, des Pays-Bas, du Brésil, d'Écosse, des Balkans, de Turquie et d'Argentine, 2007.