Hongre est l'appellation qui désigne uncheval castré, et par extension les autres équidés castrés, comme l'âne, lebardot et lemulet. Lacastration, en éliminant les hormones associées au comportement sexuel ducheval entier (cheval mâle non castré destiné à la reproduction), permet généralement à un mâle d'être plus calme et plus docile, donc plus approprié comme animal de travail au quotidien.
Historiquement, la castration des étalons a été pratiquée par lesScythes et de nombreux autres peuples, son refus pouvant avoir des bases éthiques, culturelles, pratiques ou émotionnelles.
Le terme « hongre », signifiant à l'origine « hongrois », existe au moins depuis les années 1100, dérive dulatin d'Allemagne, et serait d'origineturque[1]. Ce nom aurait été attribué aux chevaux castrés par référence à l'usage hongrois de châtrer les chevaux de monte. Le nom est parfois employé en tant que verbe, « hongrer » faisant référence à la procédure de castration en elle-même, pratiquée par le « hongreur[2] ». Enanglais, le mot désignant le hongre, « gelding », provient duvieux norroisgeldr (« stérile »)[3].
LesScythes sont présumés être le premier peuple ayant châtré des chevaux à grande échelle[4],[5]. La valeur des hongres aurait été remarquéeau combat, grâce à leur tempérament calme et leur absence de tentation à l'accouplement, ils sont moins enclins à appeler d'autres chevaux, plus faciles à maintenir en groupe, et moins susceptibles de se battre entre eux.
Uncheval entier est généralement plus difficile à maîtriser. Si une jument se trouve aux alentours, il peut s'emballer en sentant sa présence et tout faire pour aller la rejoindre. Le cheval mâle est donc généralement castré pour adoucir son comportement et le rendre plus facile à maîtriser. Toutefois, le caractère étant avant tout dépendant de l'éducation et de l'origine de chaque cheval, il est possible de trouver des étalons très dociles (en particulier chez les races rustiques et les races de trait) et des hongres caractériels[6].
Lacastration permet également de supprimer des animaux de qualité inférieure dupool génétique d'un élevage[7]. Idéalement, les éleveurs choisissent de ne conserver que les meilleurs sujets pourla reproduction. Pour autoriser uniquement ces plus beaux animaux à se reproduire tout en préservant unediversité génétique adéquate, seul un faible pourcentage des chevaux mâles doit rester étalon. Traditionnellement, on estime que ce pourcentage d'étalons à conserver avoisine les 10 %[8]. Une vision plus extrême postule que seuls 0,5 % de tous les chevaux mâles devraient être conservés comme étalons reproducteurs[9]. À l'état sauvage, ce ratio de 10 % est atteint puisqu'uneharde compte un seul étalon pour 10 à 12 juments, et peut permettre à un étalon moins dominant et plus jeune de vivre en marge[10].Le nombre de chevaux mâles étant plus élevé que le nombre d'étalons au sein d'une harde, les mâles sans harde se regroupent au sein debachelor herd (en), où, en l'absence de femelles, leur comportement tend à se rapprocher de celui des hongres[11].
Les hongres sont préférés auxétalons pour le travail en raison de leur tempérament plus calme et de la plus grande facilité à les maîtriser[12]. Les hongres ont également la préférence des cavaliers dans bon nombre de pratiques équestres : en raison du danger que représente un étalon, et de l'expérience requise pour le maîtriser, les plus jeunes participants à certaines compétitions équestres et certainsshows de présentation ne sont pas autorisés à concourir avec un étalon dans les catégories qui leur sont réservées[13],[14]. Les hongres ont aussi un avantage sur les juments, certaines d'entre elles devenant caractérielles lorsqu'elles sont enchaleur. L'utilisation de juments peut aussi être limitée durant leurs derniers mois de grossesse, ou lorsqu'elles sont accompagnées d'un jeunepoulain. Dans lescentres équestres, le cheval hongre est souvent préféré aux juments et aux chevaux mâles entiers pour son calme et sa docilité.
Ensport hippique, castrer un étalon peut être profitable si l'animal est distrait par les autres chevaux, difficile à contrôler, ou ne court pas au maximum de ses capacités quelle qu'en soit la raison[12]. L'animal perd alors en valeur d'élevage, mais parallèlement, s'il obtient de meilleurs résultats, cela peut accroître la valeur de l'étalon qui l'a produit.
AuRoyaume-Uni, selon le règlement de laNational Hunt racing (Steeplechase), pour minimiser les risques de santé et de sécurité pour les chevaux, les cavaliers et les spectateurs, presque tous les chevaux participants sont des hongres[15]. Ailleurs en Europe, les hongres sont toutefois exclus de certaines courses de plat parmi les plus prestigieuses, comme lePrix de l'Arc de Triomphe[16]. EnAmérique du Nord, les courses de Pur Sangs hongres, qualifiés par âge, gains ou expérience, sont autorisées dans les courses ouvertes aux mâles entiers.
Parfois, un étalon qui s'est déjà reproduit peut être castré tard dans sa vie en raison d'une stérilité, parce que sa progéniture n'est pas à la hauteur, ou simplement parce qu'il n'est plus utilisé pour se reproduire en raison de changements de mode dans lepedigree ou lephénotype. La castration permet aux chevaux hongres de vivre plus tranquillement en compagnie des autres chevaux en captivité, leur existence s'en trouve facilitée[8].
Une étude suisse montre cependant que même matures, des étalons se comportent généralement pacifiquement avec leurs semblables, à condition que la hiérarchie du troupeau ait été bien établie au préalable[17].

Pour perpétuer certainesraces, en particulier à faibles effectifs, les chevaux mâles doivent rester capables de se reproduire. Ainsi, les animaux considérés comme les meilleurs représentants de la race sont gardés commeétalons et utilisés à la reproduction. Bien que les critères puissent être subjectifs, un étalon doit avoir une apparence ou unphénotype supérieurs, unpedigree ougénotype irréprochable, et idéalement doit avoir réalisé de bonnes performances dans le domaine de spécialité de sa race.
Certaines cultures ont rarement ou pas du tout castré les chevaux mâles, particulièrement lesArabes[18] qui sont réputés pour n'employer que des juments au travail de tous les jours et à la guerre. Parmi ces cultures, la majorité des étalons ne sont pas employés à la reproduction, seuls ceux de meilleure qualité le sont. Utilisés comme de simples animaux de selle, ils sont gardés uniquement avec (ou à proximité) d'autres chevaux mâles dans un groupe du typebachelor herd (en), ce qui tend à les rendre plus calmes et à inhiber leurcomportement d'étalons[19]. D'autres raisons culturelles peuvent l'expliquer, ainsi lesacrifice d'animaux châtrés est interdit par l'Ancien Testament[20].
Selon Päivi Nussbaumer, vétérinaire à l'Institut suisse de médecine équine (ISME), "La castration chirurgicale est astreignante, douloureuse et peut conduire à des complications sévères."[21]Il s'agirait donc d'un acte entraînant une souffrance physique (sinon psychologique) pour l'animal.
Certains propriétaires de chevaux craignent que le processus leur cause des douleurs, ou de quelque façon réduise leur vitalité et nuise à leur caractère. Les procédures chirurgicales modernes entraîneraient cependant beaucoup moins d'inconfort chez l'animal que les méthodes plus primitives[réf. nécessaire].
D'autres critères tout à fait subjectifs peuvent entrer en compte, certains propriétaires de chevaux trouvant les entiers plus « nobles »[6]. Dans leur perception, posséder un cheval castré peut également être perçu comme une perte de virilité pour son ou sa propriétaire[réf. nécessaire].
Enfin, des principes éthiques et moraux peuvent amener certaines personnes à considérer que la castration d'un animal est une mutilation sexuelle inacceptable lorsqu'elle est effectuée dans le seul but de promouvoir l'adéquation de l'animal avec les désirs de ses propriétaires.
Les complications mineures découlant de la castration sont relativement courantes, cependant les complications sérieuses sont rares. Selon une étude approfondie, le taux de complication pour les castrations pratiquées sur un cheval debout est de 22 %, alors qu'il est de 6 % pour les castrations opérées en position couchée sous anesthésie générale (cependant le taux de mortalité est alors de 1 %)[22].Les complications les plus courantes sont:
Il existe des alternatives qui ne présentent pas les inconvénients de la castration physique, les méthodes de castration dites « hormonales » et « immunologiques». Tandis que l’utilisation d’hormones en pratique s’avère insatisfaisante (application fréquente, mauvaise efficacité, effets secondaires, dopage et problématique des résidus), la castration immunologique représente en revanche depuis peu une véritable alternative à l’intervention chirurgicale dans certains cas.
Cette méthode consiste à effectuer une vaccination contre l’hormoneGnRH sécrétée par l’organisme du cheval. La production d’hormones est bloquée, ce qui conduit finalement à une production detestostérone plus faible dans les testicules. Comme pour les autres vaccinations, les anticorps disparaissent progressivement de l’organisme et les fonctions sexuelles reprennent. Cette méthode de castration est ainsi réversible, et elle est possible non seulement chez l’étalon, mais également chez la jument. [21]
Parmi leschevaux de course, on trouve quelques hongres célèbres, dontGiesolo de Lou etGénéral du Lupin.