Un groupe de personnes d'affaires dans les années 1980.
Unepersonnalité du monde des affaires[1], unhomme d'affaires[2] ou unefemme d'affaires est une personne qui a créé une ou plusieurssociétés commerciales, ou qui les administre, profitant des revenus qu'elles produisent. Il peut aussi s'agir d'uninvestisseur prenant et revendant d'importantes participations dans des sociétés (généralement cotées enbourse) ou, de manière plus large, d'une personne réalisant ou supervisant des affaires commerciales pour le compte d'autres personnes.
Unentrepreneur est une personne qui crée une entreprise ou qui entreprend une activité professionnelle.
De manière générale et historiquement l'homme d'affaires est presque toujours associé à l'argent, au commerce et à certainesresponsabilités[3], sociales notamment[4].
Politiquement parlant, il est généralement associé aux milieux ditslibéraux[5]. Il existe des exceptions avec des hommes d'affaires de gauche dont quelques patrons, par exemple créateurs dephalanstères. Il occupe généralement une place particulière dans lahiérarchie sociale.
Certains historiens ou biographes emploient ce qualificatifanachronique pour décrire des personnages du passé, au moins jusqu'auXVIe siècle, a avec par exempleJacob Fugger qualifié de grand homme d'affaires du début duXVIe siècle par Schick en 1957[6]. L'expression est métaphoriquement utilisée pour un passé encore plus lointain (Antiquité) pour le grecZenon par exemple[7] ou pour l'élite des riches romains qui ont financé l'expansion de l'empire, souvent en retirant un important profit[8],[9].
Dans les grandes villes et notamment dans les grandes capitales apparaissent des quartiers d'affaires, souvent autour d'une bourse (par exempleWall Street àNew York ou laCity deLondres) et qui sont aussi les quartiers des sièges de grandes banques ou institutions financières.
Hommes et femmes d'affaires bénéficient de divers privilèges dans certains transports, hôtels, restaurants et institutions, avec par exemple uneclasse affaires dans la plupart des avions de ligne[11] (quand ils n'utilisent pas de jets privés) et letourisme d'affaires ou des conseils ciblés en matière d'optimisation fiscale.
Selon les contextes, les personnes, les pays, les religions[12] et les époques, le personnage de l'homme d'affaires a de nombreuses facettes. Il est plutôt industriel ou plutôt financier, et par exemple présenté comme :
Grand bourgeois,rentier[13], membre d'une élite... ou au contraireself-made men (autodidactes du monde des affaires), éventuellement visionnaire ou chanceux qui, selon le mythe durêve américain serait devenu riche en bâtissant sa réussite professionnelle sanscapitaux propres initiaux, et parfois sans aucune qualification scolaire ; il peut aussi être issu d'une grande école de commerce. Une version plus récente est celle du jeunegolden boy ;
habillé d'une certaine manière, fumant le cigare, pratiquant le golf, buvant du cognac[14], propriétaire de grosses voitures, avec chauffeur éventuellement, se déplaçant avec une serviette en cuir puis unattaché-case, etc. avec des attributs variant selon les époques et son âge ;
audacieux, prêt à prendre des risques, voyageur voire aventurier (depuis l'Antiquité et notamment à la Renaissance où l'Occident se lance à la conquête des richesses du monde en Inde ou dans les Amériques notamment)[15]. Il peut dans ce cas être associé aux contextes de colonisation ou d'appropriation de biens miniers, fonciers plus ou moins lointains[16]. Les actions de ces hommes d'affaires ont des conséquences géopolitiques ;
modèle social, notamment selon le concept de « chevalerie économique » développé parAlfred Marshall qui espérait une moralisation du capitalisme, concept analysé par R. Martinoia en 2012[20] ;
pourvoyeur de ressources pour sa famille étendue, une communauté proche, éventuellement en situation dediaspora[21], investisseur[22] ;
oligarque (en Russie et dans les ex-pays de l'Est) ;
proche du pouvoir politique ou religieux ou d'une grande administration, selon l'époque et le lieu, ce qui pose la question des enjeux dupantouflage et des risques deconflit d'intérêts ;
parfois également politiciens. AuxÉtats-Unis notamment[23] et dans l'actuelle Russie[24] ;
ayant une certaine vision du monde. Ainsi, selon Normand Turgeon (2014),« bon nombre de femmes et d'hommes d'affaires ont une conception de leur monde comme une entité qu'il est possible d'expliquer et même de prédire », conforme à la théorie des affaires et à la plupart des théories économiques[25] ;
cherchent à s'assurer un certain pouvoir (ainsi, de grands hommes d'affaires cherchent à prendre le contrôle (par le rachat notamment) de grands médias (journaux, radio, télévision, presse écrite) ;
manipulateur, profiteur, spéculateur, prédateur, impliqué dans la construction detrusts ou decartels[26] commeWilliam Meinhardt avec lecartel Phœbus (« le cartel des lampes ») ; ouHector Dieudonné etÉmile Mayrisch pour l'ISC ou Louis Marlio, dans les domaines de l'aluminium et dugénie civil) selonDominique Barjot et Harm G. Schröter[27] puis de réseaux delobbying. Il existe une face encore plus sombre de l'homme d'affaires ; il est alors impliqué dans lacorruption et criminel[28], ou mafieux ou indirectement lié aucrime organisé[29],[30]. Dans certaines prisons un quartier leur est réservé (comme dans la Maco qui dispose de quatre quartiers : le quartier des hommes adultes, le quartier des femmes, le quartier des mineurs et le« quartier d'amendement » (réservé aux détenus politiques et aux hommes d'affaires[31]. Pierre Lascoumes et Carla Nagels (2014) notent qu'après une condamnation pour« délinquance économique et financière »« la plupart des hommes d'affaires poursuivis, et même condamnés, conservent la confiance de leurs collègues »[32] ;
un personnage parfois discret voire secret pour certains hommes d'affaires, qui peut se protéger derrière des filiales, lesecret des affaires, deshommes de paille, etc. dont pour échapper aufisc.
Lacaricature le présente souvent très gros, en costume, et fumant le cigare assis derrière un bureau. LePicsou deDisney en est un représentant (maigre car avare) dans la bande dessinée.
On le retrouvesatiriquement ou élogieusement représenté dans le roman[33] et la littérature de fiction (chezJohn Steinbeck par exemple[34]), au théâtre puis dans le dessin animé, au cinéma (Bruce Wayne). Il fait parfois l'objet de documentaires. R. Smith montre en 2013 que les biographies de grands criminels présentent souvent ces derniers comme des entrepreneurs[35].
↑Terme épicène depuis larévision des termes de professions[Quoi ?].
↑L'expression est fréquemment employée pour désigner les personnes de ce milieu, hommes ou femmes, en raison de la prépondérance d'hommes dans ce milieu.
↑Nicolas Tran, « Les hommes d'affaires romains et l'expansion de l'Empire (70 av. J.-C.–73 apr. J.-C.) », inPallas : Revue d'études antiquesno 96, 2014,pp. 111-126.
↑Nicolas Tran, « Les acteurs romains du commerce au long cours : une élite négociante ? Quelques réflexions liminaires », Cahiers Mondes anciens : Marchands romains au long cours, 2015,[lire en ligne].
↑É. Le Roy, « Les appropriations de terres à grande échelle et les politiques foncières au regard de la mondialisation d'un droit en crise », inDroit et sociéténo 1, 2015,pp. 193-206.
↑A. Ferrigno,Le mécénat d'Agostino Chigi : Un homme d'affaires dans la Rome du début duXVIe siècle, dissertation de doctorat, Aix-Marseille), 2013.
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↑S. Hanafi,Entre deux mondes : les hommes d'affaires palestiniens de la diaspora et la construction de l'entité palestinienne, CEDEJ-Égypte/Soudan, 2013.
↑Romain Calvary, « Les investissements saoudiens dans la Corne de l'Afrique : l'exemple de Mohamed Al Amoudi, homme d'affaires saoudien en Éthiopie », inConfluences Méditerranéeno 90, 2014,pp. 61-74,[présentation en ligne]
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↑Pierre Lascoumes et Carla Nagels,Sociologie des élites délinquantes : De la criminalité en col blanc à la corruption politique, Armand Colin, Chapitre 3 :Archéologies des savoirs, 2014(ISBN978-2-2002-7484-9),pp. 129-138.
↑R. Smith, « Rescripting criminal identity: a 'close reading' of contemporary biographies of British criminals as entrepreneurship discourse », inJournal of Enterprising Communities: People and Places in the Global Economy, 7 (4), 2013p. 316-339[lire en ligne][PDF]