L'historiographie juive du Nouveau Testament s'inscrit dans un courant d'études né au début duXXe siècle mais essentiellement ultérieur à laSeconde Guerre mondiale : ainsi différents chercheursjuifs ont-ils contribué à réinsérerJésus dans son milieu d'origine, prenant part à laQuête du Jésus historique[1].
Depuis lesLumières, nombre de chercheurs et théologiens, tant juifs quechrétiens, ont analysé les attitudes chrétiennes envers lejudaïsme. En sens inverse, lesattitudes juives face auchristianisme, sans être totalement ignorées, ont reçu moins d'attention[2].
L'explication de cette indifférence réside dans le fait que lesrelations entre Juifs et chrétiens ont été tragiques parce que les chrétiens furent longtemps lesoppresseurs des Juifs.
Cette prise de conscience résulte du désir exprimé par les deux parties d'étudier le passé afin d'en tirer des leçons morales, religieuses, sociales et politiques, comme on le voit notamment chezMarc Bloch ouJules Isaac.
La controverse théologique sur l'identité et l'importance de Jésus s'enracine dès le début dans l'histoire et lareligion juives. Cette communauté spirituelle espère une libérationmessianique, une attente fondée dans la révélation prophétique deYHWH. Des communautés juives duIer siècle se divisent sur le rôle messianique de Jésus[3]. Lesévangiles et lesActes des Apôtres détaillent le conflit entre les contemporains religieux de Jésus sur le point de recevoir ou rejeter comme lemessie promis leNazaréen et le conflit entre les composantes du mouvement de Jésus. De même, les penseurs juifs ont toujours discuté le concept de « Nouvelle Alliance » supposéese substituer à une plus ancienne, l'accusation denier la « messianité duChrist »[4] et quelques autres thèmes oppressifs comme les diverses campagnes deconversion[5] plus ou moinsforcées au cours des siècles.
Le séisme de laShoah conduit à reconsidérer toutes ces questions et à faire émerger unehistoire du christianisme post-holocauste.
LaNew Standard Jewish Encyclopedia regroupe la « question de Jésus » en un commentaire général : « certaines sections [des évangiles] semblent refléter des idées et des situations du développement des Églises duchristianisme ancien plutôt que celles deJésus en son temps. »
Sous un aspect plus historique, des relations se tissent entre les chercheurs du domaineNouveau Testament, les historiens de la période duSecond Temple (de -516 à +70) et dujudaïsme rabbinique (duIIe au VIe siècle), ceux traitant duchristianisme des premiers temps et encore les spécialistes des relations entre Juifs et chrétiens.
La place dePaul de Tarse dans le Nouveau Testament et son rôle dans les origines du christianisme font l'objet d'études spécifiques[9].
On a adopté le classement chronologique, sachant que tous les auteurs se réfèrent àYosef Klausner comme étant le père du genre[10]
Yosef Klausner considère le texte reçu comme undocument historique ou proche d'un document historique. Il considère queJésus développe unjudaïsme pharisien dont les enseignements s'enracinent chezHillel ouRabbi Akiva (né après la mort de Jésus). Après un travail intense sur les textes évangéliques, Klausner montre que Jésus n'a aucune idée de l'Incarnation non plus que de safiliation divine. Il pense que lesmalédictions sur les pharisiens sont dues à une transcription tardive datant d'une époque où lesjudéo-chrétiens étaient exclus de la synagogue (début duIIe siècle).
Il relève en outre quelques divergences entre les pratiques religieuses de Jésus et les pratiques pharisiennes et considère quePaul est le fondateur duchristianisme.
En 1970,David Flusser ne prend pas les évangiles pour ce qu'ils ne sont pas[C'est-à-dire ?]. Il replace donc Jésus dans le contexte historique qui fut le sien, i.e. la société juive duIer siècle, et définit sa relation à laLoi. Relisant les textes à la lumière du corpustalmudique, il déclare Jésus fidèle à la Loi même dans le froissement des épis un jour deShabbat, pratique tolérée dans la traditionhalakhiquegaliléenne (mais pas ailleurs).
La critique des pharisiens (voirSotah 22b quand leTalmud est une production éminemment pharisienne) est replacée dans les luttes d'influences entre divers courants dujudaïsme du2d Temple au premier siècle. Flusser note que Jésus assume des positions pharisiennes dans l'histoire du bœuf et du puits (Luc 14:5), l'opposition, prêtée dans le texte « aux scribes et aux pharisiens », est en fait la positionessénienne classique.
Pour Flusser, Jésus est un réformateur du judaïsme qui ne s'intéresse pas vraiment auxpaïens bien que rien dans leTalmud n'interdise de soigner unnon-juif.
Géza Vermes, auteur deJesus the Jew (Londres,1973) est un ancienprêtre catholique etthéologien, qui « prit conscience de ses propres racines » [juives] et décida d'y retourner.
Il classe Jésus parmi leshassidim, le rapprochant d'autres faiseurs demiracles commeHoni le traceur de cercle ouHanina ben Dossa.
son concept (dans le complot de Pâques qui ouvrit une fameuse controverse)
Le Complot de Pâques est l'œuvre très controversée de ce chercheur dans le domaine du Nouveau Testament, qui le fit classer dans le courant radical.Hugh J. Schonfield[14] expose que Jésus était un candidatmessie innocent qui convint « d'accomplir les prophéties » pour soutenir sa proclamation[15].
Dans ce complot « pour la foi », Jésus, en secrète connivence avec un jeune homme Lazare etJoseph d'Arimathie, feint de mourir surla croix, derevivre dans la tombe, et démontre ainsi à sesdisciples (restés ignorants ducomplot) qu'il est le messie[16]. Cependant, le plan tourne mal quand lesoldat romain perce le flanc de Jésus qui meurt. Toutefois, les disciples en reconnurent d'autres[Quoi ?] pour lui et, quelques jours plus tard, crurent que Jésus était ressuscité[17]. C'est une adaptation de la thèse de l'évanouissement deBardht (1780), qu'on retrouve dans lachristologie desahmadiyya.
En écho à l'historiographie juive du Nouveau Testament, plusieurs spécialistes du christianisme ancien, commeCharles Perrot (Institut catholique de Paris) ouJames Charlesworth (Enoch Seminar), replacent Jésus de Nazareth dans le contexte du judaïsme auIer siècle e.c.