Ne doit pas être confondu avecL'Histoire officielle (film de 1985).
L'histoire officielle est une notion ambivalente qui met en jeu les fondements mêmes de l'historiographie.
L'histoire officielle, en tant que « mémoire collective », « amnésie collective » ou « mémoire nationale », est le récit historique sur lequel une nation « se forge son passé »[2]. Elle est le résultat de l'influence de la société sur lerécit historique au travers des valeurs qu'elle porte. Cette influence est exercée par des rites politiques et par l'enseignement de l'histoire. L'histoire officielle est parfois l'objet de remises en cause dans le contexte de l'« histoire critique », qui « revisite » certains faits dont la mémoire collective se serait éloignée.
L'histoire est une discipline scientifique basée sur l'honnêteté et une rigueur méthodologique[2].A contrario, lamémoire collective est par essence sélective et affective. Elle évolue au cours du temps et est en définitive trompeuse[2]. L'une et l'autre interagissent cependant car si les historiens ont pour mission d'interroger voire de questionner les « représentations spontanées » que l'opinion se fait de l'histoire, ils en sont également des acteurs[2].
SelonPierre Nora, deux vecteurs de l'influence qu'exerce une société sur l'histoire pour donner naissance à une « histoire officielle » sont lesprogrammes d'enseignement (résultant des croyances et des valeurs des historiens ainsi que des courants idéologiques) et lesrites politiques (commémorations, monuments, lieux de mémoire, etc.)[2].
L'histoire officielle contribue également à définir les valeurs communes sur lesquelles une société se fonde et à forger une identité nationale. Elle est aussi une représentation du sens qu'une société veut donner à son avenir[2].
La critique de l'« histoire officielle » est partie intégrante de l'apologétique révisionniste. Ils avancent que le travail de description et d'analyse de laShoah ou dugénocide arménien ne serait que le résultat d'unedoxa fallacieuse, d'une « histoire officielle », qui rapporterait mensongèrement des événements qui ne se seraient jamais produits.
En se réclamant de l'histoire critique et en contestant l'existence des chambres à gaz, affirmant que ce fait est ancré dans l'histoire officielle, les négationnistes s'inscrivent en porte-à-faux avec la plus grande partie des historiens. C'est d'ailleurs en cela que le négationnisme n'utilise pas laméthode scientifique et que l'on peut plus l'associer à une idéologie qu'à uneécole de pensée à proprement parler. En effet, le refus systématique de certitudes historiques sous prétexte qu'elles auraient servi à construire une histoire officielle est contestable en raison du fait que ce n'est pas parce qu'une théorie est validée par l'opinion commune, qu'elle est forcement fausse.
Dans son ouvrageLes Assassins de la mémoire,Pierre Vidal-Naquet, affirme que : « s'il n'est pas question de discuteravec les révisionnistes, on peut et on doit discutersur les révisionnistes : expliquer ce que sont leurs procédés et leurs postulats et rappeler ce qu'est la 'vérité historique' ».
Il existe 4lois mémorielles en France :
La promulgation des deux premières lois n'avait suscité que peu d'inquiétude, à l'exception notable de celles dePierre Vidal-Naquet et deMadeleine Rebérioux sur des dérives possibles[3]. En 2005, par contre, la communauté historienne s’est mobilisée à la suite de la promulgation de la loi sur la « colonisation » ; et à la suite de la poursuite en justice sur la base de laloi Taubira de l'historienOlivier Pétré-Grenouilleau pour un ouvrage sur latraite négrière[3].
SelonPierre Nora, l'opposition à ces lois a été due au fait qu'elles risquaient de « paralyser la recherche » et qu’elles « rappelai[en]t dangereusement les pratiquestotalitaires » et en définitive, étaient « contraire à toute forme d’esprit historique ». Selon lui, ces lois poussent à récrire l’histoire du point de vue exclusif des victimes et manifestent une « tendance fâcheuse à projeter sur le passé des jugements moraux qui n’appartiennent qu’au présent, sans tenir le moindre compte de la différence des temps », pourtant un aspect central de l’histoire[3].
PourEnzo Traverso, ces lois sont discutables car elles « instaurent une norme officielle dans l'interprétation du passé, en transformant la vérité historique en vérité d'État »[4]. De plus, si le négationnisme doit être combattu, s'en protéger en légiférant est dangereux car il revient à créer un « effet pervers » et à transformer les « assassins de la mémoire » en « victimes d'une censure »[5]. PourPierre Nora, il n'est cependant pas souhaitable de remettre en cause la Loi Gayssot « pour la simple raison que cette remise en cause juridique et officielle ne pourrait exprimer en direction de l’opinion qu’une autorisation et même un encouragement à la contestation [de l'existence] du génocide juif »[3].