L'Histoire ecclésiastique du peuple anglais (Historia ecclesiastica gentis Anglorum enlatin) est un ouvrage deBède le Vénérable écrit vers731. Comme son titre le suggère, il s'agit d'unehistoire de l'Angleterre qui s'intéresse tout particulièrement à sachristianisation.
L'Histoire laisse une large part aux légendes répandues à l'époque au sujet de l'Angleterre. Ce n'en est pas moins une œuvre remarquable et atypique dans son contexte, en raison du travail de recherche entrepris par l'auteur. Plus loin, elle se distingue par sa rigueur, sa précision (en particulier dans le système de datation) et la clarté de sa langue. L'ouvrage, entrehagiographie,martyrologe et histoire nationale, défend la thèse d'unchristianisme fédérateur qui permet de dépasser les différences régionales et qui fonde lanation anglaise. La question dumonachisme celtique et de l'histoire de laNorthumbrie occupe ainsi une grande place.
Inspirée par la méthode d'Eusèbe de Césarée (comme son titre l'indique en référence à l'ouvrage de l'historien d'Orient), cette œuvre d'une grande modernité se montre soucieuse de questions du siècle, des difficultés de l'Église d'Angleterre et de sa relation avec Rome.
L'ouvrage a été écrit à la demande de l'abbéAlbinus, un disciple d'Adrien de Cantorbéry et de l'archevêqueThéodore de Tarse[1][source secondaire souhaitée]. Ce dernier semble avoir fourni à Bède de nombreux matériaux pour mener à bien la rédaction de son ouvrage, notamment de nombreux mémoires écrits par les premiers prédicateurs chrétiens en Angleterre. Il envoya même un prêtre de l'Église deLondres nomméNothelm[1] en voyage à Rome pour y consulter des archives, en particulier des lettres dupapeGrégoire le Grand (qui avait envoyé de nombreux missionnaires sur l'île). Bède reçut également des documents envoyés par l'évêqueDaniel pour les affaires duWessex[1], et par l'abbé Esi pour les affaires d'Est-Anglie.
Saint Petersburg, Bibliothèque Nationale de Russie, lat. Q. v. I. 18. Manuscrit enluminé tardif duVIIIe siècle.
L'Histoire est composée d’une préface à l’adresse du roiCeolwulf de Northumbrie[2] et de cinq livres organisés selon l’ordre chronologique. Bède emploie un système de datation ayant pour origine la naissance du Christ,Anno Domini. C'est un système dont il s'est déjà servi dans son traitéDe temporum ratione(en), rédigé en 725[réf. nécessaire].
Le premier livre (34 chapitres) s’ouvre sur une description de l'île deBretagne et de ses anciens habitants. Il couvre la période s'étendant jusqu’à la fin duVIe siècle. Cette description se rapproche de celle donnée parTacite dansLa Vie d'Agricola, Chapitre X, 7. Bède fait également appel à d'autres sources pour relater l'histoire de l'Angleterre avant l'arrivée de lamission grégorienne, notammentPaul Orose,Pline l'Ancien,Gildas etIsidore de Séville.
Le troisième livre (30 chapitres) couvre la période s’étendant de la mort d’Edwin jusqu’à la campagne de reconversion desSaxons de l’Est organisée parJaruman, l’évêque deMercie dans lesannées 660.
Le quatrième livre (30 chapitres) commence en 664 et se termine dans lesannées 680. Il est agrémenté de nombreux développements :miracles et anecdotes religieuses.
Le cinquième livre (24 chapitres) commence en 687 et s’étend jusqu’en 731. L’ouvrage se conclut par une brève chronologie récapitulative de l’histoire de l’Angleterre depuisJules César, une présentation autobiographique de Bède ainsi qu’un inventaire de sa production littéraire[3].
Bède le Vénérable,Histoire ecclésiastique du peuple anglais, 2 tomes, trad., prés. & notes par Olivier Szerwiniack, Florence Bourgne, Jacques Elfassi, Mathieu Lescuyer et Agnès Molinier. La Roue à livres,Les Belles Lettres, Paris, 1999 :
Bède le Vénérable,Histoire ecclésiastique du peuple anglais, 3 tomes, intro. et notes par André Crépin, texte critique par Michael Lapidge, trad. par Pierre Monat et Philippe Robin. Sources chrétiennes n° 489, 490, 491.Éditions du Cerf, Paris, 2005. — Bilingue latin-français.
Georges Tugène,L’image de la nation anglaise dans l’Histoire ecclésiastique de Bède le Vénérable, Presses universitaires de Strasbourg, Strasbourg, 2001.