Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant lesréférences utiles à savérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références ».
Lebouddhisme, qu'il s'agisse d'unereligion, d'unephilosophie ou d'une pratique, souvent centrée sur laméditation, fut fondé parSiddhartha Gautama. Celui-ci naît environ en-556 ducalendrier julien enInde du Nord-Est et sa doctrine se diffusera plus largement, d'abord enInde, puis enAsie. Le bouddhisme est une des plus anciennes religions encore largement pratiquées de nos jours. S'étendant développant progressivement hors de sa région d'origine, il a touché à une époque ou à une autre la quasi-totalité du continent asiatique, s'enrichissant d'éléments issus des cultures d'Asie centrale, d'Extrême-Orient, d'Asie du Sud-Est, ainsi que des cultures hellénistique et himalayenne. Au fil du temps, de nombreuses écoles sont apparues en Inde puis en Asie; mais le bouddhisme actuel peut être divisé en trois grands courants :Theravāda,Mahāyāna etVajrayāna.
Malgré des premiers contacts avec l'Europe à l'époque dugréco-bouddhisme, ce n'est qu'auXIXe siècle que les lettrés européens ont commencé à s'y intéresser sérieusement, mais en relayant une vision parfois biaisée dubouddhisme en Occident. AuXXIe siècle, bien que la grande majorité des bouddhistes résident toujours en Asie, on en trouve sur tous les continents, qu'ils soient autochtones ou issus de l'émigration asiatique.
Missions bouddhistes à l'époque d'Ashoka.Expansion du bouddhisme.
Statue de Bouddha faisant le geste -mudrā - de l'apaisement de la crainte.
Le bouddhisme naît dans le contexte de l'Indevédique : lesVédas sont les textes principaux de la société indienne qui est organisée en système decastes. Différents maîtres développent leur vision de lamoksha (libération), et proposent différentes voies pour atteindre cet état.
Différentes notions de l'hindouisme se verront remaniées dans le bouddhisme : c'est le cas desréincarnation, dekarma, lesdhyānas, du statut de dieux commeBrahmā. Le bouddhisme ancien est contemporain de différentes écoles qui sont nées à la même époque, dont l'Ajivika et lejaïnisme, seule de ces écoles existant encore aujourd'hui.
LeBrahmājālasutta énumère différentes vues contemporaines du bouddhisme.
Le prince Siddharta fut influencé par les concepts de son époque. Il eut pour maître lebrahmaneArada Kalama, mais ce qu'il apprit — maîtriser le septième dhyana, la sphère du néant — ne lui sembla pas suffisant. Il se rendit àRajagrha et prit comme second maîtreUddaka Ramaputra, qui lui enseigna le huitième dhyana, la sphère de « ni perception ni non-perception ». Là encore, le prince estima ne pas avoir trouvé la voie vers le Nirvana.
Alors, pendant six ans, il pratiqua les austérités avec cinq autres ascètes méditants. Il faillit mourir et décida de trouver une autre voie ; ses amis pensèrent qu'il délaissait la pratique.
Le prince Siddharta atteignit cependant l'éveil àBodhgaya — devenant ainsi Bouddha, c'est-à-dire « éveillé » — et sut convaincre les cinq méditants (qu'il avait croisé après son éveil) de sa réalisation, en leur donnant, àSarnath, son premier enseignement, leDhammacakkappavattana Sutta (ou « sutra de la mise en mouvement de la roue duDharma »), qui contient l'enseignement desQuatre nobles vérités. Ces cinq ascètes furent les premiers membres duSangha (la communauté desmoines et desnonnes), etAjnata Kaundinya fut le premier à atteindre l'Éveil, en entendant ce sermon. Par la suite, le Bouddha attira de très nombreuses personnes qui rejoignirent le Sangha .
Le Bouddha n'a rien écrit lui-même, mais il a tenu de très nombreux discours et sermons. Au moment de sa mort, son enseignement connaît déjà une grande popularité, et l'enterrement du Bouddha sera l'occasion d'un partage dereliques, conservées ensuite dans desstūpas.
L'histoire du courant bouddhiste avant l'époque d'Ashoka (auIIIe siècleAEC) est assez obscure. Il semble n'avoir occupé qu'une place mineure dans le paysage philosophique et religieux avant que le patronage du grand roi ne propulse le bouddhisme sur le devant de la scène. Troisconciles auraient eu lieu entre la mort de Gautama et la fin du règne d'Ashoka, mais les informations les concernant, nettement postérieures aux événements, sont sujettes à caution.
C'est alors que se sont constituées les « trois corbeilles » : leVinaya Pitaka, qui regroupe les règles monastiques ; leSutta Pitaka, qui regroupe les discours attribués au Bouddha ; l'Abhidhamma, une somme importante de développement philosophiques et de commentaires. Selon le bouddhisme,Ánanda restitua de mémoire leSutta pitaka,Upali, leVinaya pitaka etMahākāshyapa, l'Abhidhamma. Ces recueils sont transmis de manière orale pendant plusieurs siècles avant d'être mis par écrit au Sri Lanka au cours duIer siècle av. J.-C..
Ashoka (IAST : Aśoka) devint empereur en 268 av. J.-C. Après avoir mené une guerre contre lesKalinga coûtant la vie de 100 000 hommes, il se convertit au bouddhisme et fit graver un édit sur une pierre, en 260 av. J.-C. Ashoka passa un an avec la communauté des moines et fit construire de nombreuxstūpas. Cet empereur fut à l'origine de la large diffusion du bouddhisme enInde et auSri Lanka.
Le roiAshoka (274-236), par ses conquêtes et son influence, contribua à l'extension du bouddhisme vers leCachemire, l'Afghanistan,Ceylan et laBirmanie. L'hellénisme au contact de l'Inde subit une influence de cette religion, tant au niveau artistique, qu'intellectuel (entretiens deMénandre avec le moineNâgasena).
Emblème de l'Inde, symbole du premier Empire de l'Inde entière, celui d'Ashoka
La Roue de la Loi, symbole bouddhiste sur le drapeau indien
Mais les moines bouddhistes deviendront trop riches, leur message perdra de sa cohérence[1].
Lorsque la contre-réformehindouiste réussit vers leXIIe siècle à assimiler lebouddhisme en terre indienne, lesbrahmanes parachevèrent cette renaissance de l'hindouisme en considérant le Bouddha comme étant le neuvièmeavatar deVishnou (voir àBouddha dans l'hindouisme). Au vingtième siècle, les publications de textes et les incitations d'étrangers, surtout de SirEdwin Arnold, aboutiront au choix par les autorités indiennes de la Roue de la Loi comme emblème national. Ainsi donc, le symbole de compassion du Bouddha pour tous les êtres vivants rappelle la pureté de son premier message[1].
En Inde, tous les lieux associés à la vie du Bouddha sont toujours des centres de pèlerinage, non seulement pour les bouddhistes, mais aussi pour les hindous de tous les milieux, car, en tant qu'avatar deVishnou, on le considère comme un grandgoûroû (« maître » spirituel)[2].
En1973, l'Inde ne comprend plus que 0,6 % de bouddhistes, la plupart dans leBengale du nord.
Le bouddhisme apparaît au Sri Lanka en250 av. J.-C., àAnurâdhapura, à la suite d'une mission envoyée par l'empereurAshoka.Un premier monastère, leMahavihara fut construit. LeTheravāda se développa rapidement.Au premier siècle de notre ère furent fixés par écrit de nombreux textespalis.AuVe siècle arriva au Sri LankaBuddhaghosa afin de recueillir et de traduire des commentaires. Il rédigea leVisuddhimagga, commentaire le plus respecté par leTheravāda.
Un premier contact entre laBirmanie et le bouddhisme a lieu sous le règne de l'empereurAshoka. Entre leIIIe etVe siècles, le bouddhisme pénètre dans ce pays sous différentes formes. Après avoir soutenu levajrayâna, le roiAnawrahta adopte lebouddhisme theravāda, puis en 1091, est construit àBagan un grand temple, par le roiKyanzittha. Peu après 1260, leSangha éclate en plusieurs groupes. Son harmonie est rétablie à la fin duXIVe siècle, sous l'orthodoxie duMahavihara.
Entre 1868 et 1871 se déroule un concile pour la préservation duCanon pali theravada àMandalay, et en 1956 se déroule le sixième concile, en l'honneur des 2 500 ans duparinirvana du Bouddha. Les textes du Canon pali, existant sous différentes versions, sont révisés et publiés enbirman.
La cité-État deSriwijaya (aujourd'huiPalembang) dans le sud deSumatra était un important centre d'études bouddhiques mahayana. Le voyageur et moine bouddhiste chinoisYi Jing, en route pour l'université bouddhique deNâlandâ dans le sud de l'Inde, y fait escale en 673 et y constate la présence de milliers de coreligionnaires venus y étudier le sanscrit et les textes sacrés du bouddhisme. Le maître de religion bouddhisteAtisha (982-1054apr. J.-C.) y vient en 1011, accompagné de plus de 100 disciples, pour devenir le disciple du maîtreDharmarakshita (en tibétain de Serlingpa), auprès de qui il restera 12 ans. Le déclin de la puissance de Sriwijaya se traduit également par celui de bouddhisme à Sumatra.
Dans le centre de l'île de Java, un roi de la dynastieSailendra construit auVIIIe siècle le temple deBorobudur, le plus grandstūpa du monde. À Java, le culte et le clergé bouddhistes coexistaient avec leurs homologues de l'hindouisme. En particulier, les rois deMajapahit àJava oriental étaient considérés comme l'incarnation, à la fois de Bouddha etShiva. Le bouddhisme disparaît progressivement de Java avec l'essor des principautés portuaires musulmanes auXVe siècle.
Il existe toujours une minorité bouddhiste en Indonésie, constituée surtout d'Indonésiens d'origine chinoise qui ont adopté le bouddhisme lorsque le régime deSoeharto a rendu obligatoire la déclaration d'appartenance à une des cinq religions reconnues (islam, protestantisme, catholicisme, hindouisme, bouddhisme) mais aussi de Javanais.
Le gréco-bouddhisme influença le développement artistique (et peut-être conceptuel) du bouddhisme, en particulier de la branchemahāyāna, avant son expansion à partir duIer siècle enAsie centrale et enAsie du Nord-Est, puis enChine, enCorée et auJapon.
En Chine, si des premiers textes sont traduits dès leIer siècle, la diffusion ne commencera réellement qu'auIVe siècle, après la traduction de l'œuvre deNāgārjuna, si on en croit les sources bouddhiques, à la suite du rêve qu'aurait fait l'empereur Mingdi (r. 58-78 EC) de la dynastieHan, rêve qui n'est cependant mentionné dans aucune source impériale[3]. L'empereur aurait rêvé d'un homme en or, en qui un de ses ministres vit le Bouddha. L’empereur aurait alors envoyé une mission chercher des textes et des représentations du Bouddha. La délégation serait revenue avec une peinture et leSoutra en 42 chapitres.
C'est en Chine que les grands courants dumahāyāna à l'origine des écoles japonaises et des bouddhismescoréen et vietnamien ont pris leur essor :Amidisme,Chan /Zen,Tiantai /Tendai. C'est également en Chine queKobo Daishi a été initié au courantShingon. L'influence du bouddhisme n'a cessé de fluctuer suivant les dynasties souveraines : plutôt favorisée par lesmongols et lesmandchous et plutôt combattue par lesMing. Comme toutes les religions, il a subi une vive opposition de la part de la Chine communiste jusqu’à la fin des années 1970, avant d'être réadmis dans la société, dûment encadré.
D'après la légende, l'introduction du bouddhisme au pays du soleil levant aurait eu lieu en552, lorsqu'un souverain deCorée envoya au souverain duYamato une statue de bouddha en bronze doré accompagnée de textes bouddhistes. En592, après des luttes d'influence avec leShintoïsme, le bouddhisme fut déclaré religion d'État.
Le bouddhisme japonais comprend 12 écoles principales, que l'on classe d'après leur époque d'apparition :
Pendant l'époque de Nara, naissance des écoles bouddhiquesKusha (fondée sur l'Abhidharma-koça deVasubandhu),Jojitsu (fondé sur le satyasiddhi-çastra deHarivarman),Ritsu (fondée sur l'observance de la discipline "vinaya" du petit véhicule),Hosso (Dharmalaksana "Vijnanavada"),Sanron (sur les trois sastras fondamentaux de l'école de la vacuité "Madhyâmika"),Kegon (fondée sur l'Avatamsaka sutra) . Les quatre premières appartiennent à la tradition indienne du bouddhisme ; Kusha suit de façon tout à fait nette la tradition dupetit véhicule ; Jojitsu s'inscrit dans une zone de transition entre petit etgrand véhicule ; Hosso et Sanron, tout comme Kégon qui trouve ses origines en Sérinde et enChine, appartiennent au grand véhicule.
Durant l'époque de Heian, on assiste à la fondation de deux nouveaux courants par des moines revenus de Chine : leTendai (Tien Taï, "terrasse céleste", nom du lieu où est née l'école chinoiseTiantai), basé sur leSaddharma pundarika sutra ouSūtra du Lotus, à la suite du voyage de SaichōKogyo Daishi, et leShingon, courantvajrayāna fondé par KūkaïKobo Daïshi qui s'était rendu en Chine en804 et en rapporta leVajrasekhara sutra qu'il associa auTantra de Vairochana,Mahavairocanabhisambodhi tantra, pour en faire la base de son enseignement.
L'époque de Kamakura est celle de l'introduction duZen en provenance de Chine à partir de deux écoles : leRinzai par le moineEisai et leSōtō parDōgen. Deux courant inspirés par l'Amidisme chinois naissent, leJōdo shū sous l'impulsion d'Hōnen et leJōdo shinshū parShinran. À la même époque se développe une école portant le nom de son fondateur,Nichiren, qui désire revenir à une pratique uniquement centrée sur leSūtra du Lotus, déjà popularisé à l'époque Heian par le Tendaï. Toujours à la même période, leShugendō, voie des ascètes des montagnes, les Yamabushis, connaît un important développement.
Pour que le tableau soit complet, il faut encore mentionner une école particulière deZen, qui s'est développée au Japon auXVIIe siècle pendant l'époque d'Edo : l'Obaku. Elle fut fondée par un maître Chan chinois renommé, Yinyuan Longqi (Ingen), et son disciple Muyan qui avaient fui la Chine à la chute desMing devant lesmandchous.Obaku est la transcription du nom dumont Huangbo dans leFujian où Yinyuan avait été abbé, mais aussi le nom du maître de Linji (fondateur du Rinzai),Huangbo Xiyun, qui s'y était installé. Les pratiquants de l'Obaku se considéraient comme des disciples de Linji, tout en incluant dans leur pratique l'amidisme et des éléments tirés du Mi Zong, bouddhisme ésotérique chinois.
Depuis quelques années, leJapon, inspiré en cela par la constitution américaine, a vu un développement important de nouveaux mouvements religieux. En règle générale on peut les classer en trois catégories : ceux d'inspiration shintoïste, comme Mahikari ou Tenrikyo, avec à leur tête une personne inspirée par un dieu ou un kami particulier, et ceux d'inspiration bouddhiste basés sur leSutra du Lotus comme le bouddhismeReiyukai ou laSōka Gakkai, ceux se réclamant dubouddhisme ésotérique commeShinnyo-En. Les syncrétiques mélangeant divers aspects se retrouvent autour d'une figure emblématique comme ce fut le cas pourAum Shinrikyō. La situation est encore compliquée par le fait que les grandes écoles, en raison du système des lignées, sont elles-mêmes subdivisées en une multitude d'écoles et de courants, ce qui fait qu'il y a actuellement plus de 184 000 groupes religieux répertoriés auJapon.
dans leMouzi li huo lun 眸子理惑论 dont l'authenticité est controversée et que l'on trouve également dans l'ouvrage de Seng You
il en est également fait mention dans leHuahujing 化胡经 de Wang Fu 王浮 présumément rédigé vers 300 et mentionné pour la première fois dans leXiaodaolun 笑道论 deZhen Luan 甄鸾 (570)
leHouhanji 后汉记 de Yuan Hong 袁宏 et leHouhanshu 后汉书 de Fan Ye 范晔, transmis tous deux directement de la fin duIVe siècle
leMingxiangji de Wang Yan 王琰 supposé écrit après 479 et trouvé dans leJishenzhousanbaogantonglu 集神州三宝感通录 de Dao Xuan (596-667)
leGaosengzhuan de Hui Jiao 慧皎 transmis directement et supposé écrit vers 519.
CécileBecker,Le bouddhisme : Retracer l'histoire, comprendre les fondements et découvrir les pratiques de la religion bouddhique, Paris, Eyrolles,(ISBN978-2-212-56362-7)