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Histoire des Juifs en Inde

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Mezuzah auMaharashtra

L'histoire des Juifs enInde recouvre celle de trois communautésjuives historiques totalisant six mille membres (1997), chacune dans une aire géographique très déterminée : la communauté deCochin dans le Sud du sous-continent, lesBene Israël dans les environs deBombay et la communautéJuifs Baghdadi (« ceux de Bagdad ») aux alentours deCalcutta et deBombay. La communauté deCochin est elle-même divisée en deux groupes : les « Juifs noirs », plus anciens, et les « Juifs blancs », d'origine plus récente.

LesJuifs noirs de Cochin et lesBene Israël sont les deux communautés les plus anciennes, et bien que les documents sur leur histoire soient très ténus, leur installation sur la côte ouest de l'Inde en suivant les routes commerciales depuis leMoyen-Orient remonte probablement auIer millénaire de l'ère chrétienne. Au cours de leur histoire et jusqu'auXVIIIe siècle, ces deux communautés sont restées séparées, sans contact l'une avec l'autre. Les contacts avec le reste du monde juif furent également ténus, plus encore pour les Bene Israël de Bombay que pour les Juifs de Cochin, qui conservèrent quelques liens avec l'extérieur. Les Juifs blancs de Cochin et les JuifsBaghdadi ont une origine plus récente, liée à l'expansion occidentale dans la région :XVIe et XVIIe siècles pour les « Juifs blancs » de Cochin, d'origine moyen-orientale et européenne, et début duXIXe siècle pour lesBaghdadi, d'origine moyen-orientale. Ces deux groupes conservèrent toujours d'importants contacts avec le reste du monde juif.

Le caractère non prosélyte de la mentalité traditionnelle indienne a permis une structuration de ces communautés encastes endogames, sans persécution manifeste. L'indianisation des cultures et des apparences physiques est corrélée avec l'ancienneté des communautés et leur isolement : très forte pour les Juifs noirs de Cochin et les Bene Israël de Bombay, partielle pour les Juifs blancs de Cochin (qui ont cependant adopté la langue locale) et très faible pour lesBaghdadi, partagés entre une culture d'origine moyen-orientale et uneanglicisation devenue très forte au cours duXIXe siècle. L'influence indienne peut se lire dans la forte réticence des différents groupes juifs indiens à se marier entre eux, l'endogamie, conformément à la règle indienne régissant lesjāti, restant la règle.

L'irruption de la colonisation occidentale dans la région, d'abord portugaise et néerlandaise, puis britannique, a entraîné des mouvements de population (en particulier l'arrivée des « Juifs blancs » deCochin et desBaghdadi). Elle a entraîné également des interactions croissantes avec les pouvoirs coloniaux, particulièrement avec leraj britannique. Il en est découlé une occidentalisation parfois très forte, ainsi qu'une révolution considérable dans les modes de vie des communautés. Après l'indépendance de l'Inde (en 1947) et la création de l'Etat d'Israël le 14 mai 1948 et malgré l'absence de tensions spécifiques avec le nouvel État indépendant (sauf auPakistan), la majorité des Juifs d'Inde ont émigré vers Israël dans les années 1950 et 1960. En 2020 à Cochin notamment, il ne restait qu'une poignée de Juifs âgés dans la ville (cinq à dix Juifs).

Outre les membres juifs des divers corps diplomatiques, il existe également deux autres groupes se réclamant aujourd'hui du Judaïsme : les "Bnei Menashe", de langueMizo, vivant auManipur et auMizoram. Ils se sont proclamés juifs dans les années 1950, et disent descendre de latribu de Manassé. Les Bene Ephraïm (ou Juifs Telugu), sont un petit groupe parlant leTelugu, dont l'observance du judaïsme date de1981.

En 2016, la population juive indienne est estimée à 5 000 personnes. Ils disposent du statut de « minorité » auBengale-Occidental (43 Juifs) et depuis 2016 auMaharashtra (1000 Juifs). Ce statut facilite les actes d'état civil et la vie culturelle[1].

Carte des communautés indiennes avant leur immigration.

La communauté du Kérala

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Il existait, jusqu'à leur émigration versIsraël, trois groupes juifs vivant àCochin, organisés dans un système de castesendogames inspirées dumodèle indien. L'une de ces castes, les « Juifs blancs » ouparadesi (« étrangers »), s'est installée dans la région auXVIe siècle, venue de lapéninsule Ibérique et duMoyen-Orient. Les deux autres groupes, ou « Juifs noirs », sont présents sur lacôte de Malabar depuis le premier millénaire de l'ère chrétienne, et se sont totalement indianisés, tant en termes d'apparence physique que de culture[réf. nécessaire].

Légendes des origines

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Les origines lointaines des Juifs de Cochin sont mal connues, et ont donné naissance à diverses légendes, les Juifs de Cochin eux-mêmes en ayant présenté des variantes quelque peu différentes selon les époques[réf. nécessaire].

Le compte-rendu de Moses Pereira de Paiva

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En 1685, Moses Pereira de Paiva, un membre d'une délégation de Juifs d'Amsterdam, recueille les traditions des « juifs blancs » sur leurs origines. D'après celles-ci, 70 à 80 Juifs auraient, depuisMajorque, immigré pour une raison non précisée dans leMalabar en 370 de l'ère chrétienne. En 379, le roi Cheran Perumal aurait donné à leur chef Joseph Rabban la ville deCranganore en possession perpétuelle. Le groupe aurait été rejoint en 499 par un grand nombre d'autres Juifs à l'origine imprécise, les deux groupes formant l'origine des « Juifs blancs » du Malabar. Les « Juifs noirs », sensiblement plus nombreux, descendraient de 25 esclaves achetés sur place, convertis puis libérés par leurs maîtres[2]. Cette tradition est manifestement une invention tardive, les premiers « Juifs blancs » étant arrivés auXVIe siècle[3].Joseph Rabban a bien existé, puisque son nom apparait sur un document duXe siècle, mais c'est d'une part un personnage bien plus tardif que leIVe siècle indiqué à de Paiva, et Rabban est d'autre part plus un ancêtre des « Juifs noirs » que desParadesi (Synagogue Paradesi). Quelques « Juifs noirs », dont des descendants revendiqués de rabban, semblent cependant avoir été intégrés aux « Juifs blancs » auXVIe siècle, et lesParadesi des époques postérieures peuvent donc, même partiellement, se réclamer de sa descendance[2].

Ce mythe fondateur montre sans doute la volonté de la petite communautéParadesi (25 familles de « Juifs blancs » contre 465 familles de « Juifs noirs » recensés par de Paiva[2]) tout autant d'affirmer sa légitimité dans le pays par sa supposée ancienneté, que sa domination sur les deux castes desmalabari (comme les nomme de Paiva), renvoyées à une origine servile[réf. nécessaire].

Les peintures de la synagogue desParadesi

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Dans la seconde moitié duXXe siècle,S. S. Koder indique que les Juifs de Cochin pensent être présents dans la région depuis la destruction duSecond Temple de Jérusalem par les armées deTitus Vespasien, en 70. La communauté se serait d'abord concentrée àCranganore (Kodungallur) où, d'après sa tradition, elle aurait même eu une principauté autonome[2]. Pour lesMalabari, ce sont les « Juifs blancs » qui sont les derniers venus, d'où le terme deParadesi (« étrangers ») qu'ils leur attribuent[2]. Preuve du flou entourant les origines, et au contraire de la relation faite à de Paiva en 1685, celle faite authéologien écossais Claudius Buchanan en 1807 admet la venue de « fils d'Israël, qui vinrent du pays d'Ashkénaze [l'Allemagne], d'Égypte, de Tsoba [Syrie] et d'autres lieux » lors du déplacement à Cochin (donc auXVIe siècle), soit l'origine manifeste desparadesi[4].

En1968, pour le quatrième centenaire de la construction de lasynagogue desParadesi, ces derniers ont commandé une série de dix tableaux retraçant l'histoire légendaire de leur communauté. Ces tableaux retraçant les étapes essentielles doivent être pris pour ce qu'ils sont, à savoir« une narration sentimentale [du] passé, créant des légendes. […] La légende des Juifs de Cochin […] insiste sur la continuité avec deux lieux sacrés, l'ancien Israël et leur ancienne résidence locale àCranganore ou, comme connue par la géographie juive médiévale, Shingly[5] ». Faute de documents, la plus grande partie de ces légendes ne peuvent être ni validées ni rejetées, même si certains aspects limités ont pu être confirmés ou infirmés. Chez les Juifs de Cochin, il existe des variantes de l'histoire racontées par ces peintures, qui n'en sont donc qu'une version[5]. Pour l'essentiel, la relation des tableaux ressemble fortement à celle présentée enhébreu à Claudius Buchanan en1807[4].

La première peinture montre unbazar deCranganore à l'époque duroi Salomon (Xe siècle avant notre ère), et le commentaire de la peinture indique que l'Inde exportait déjà ses marchandises vers laPalestine à cette époque[5].

Les seconde et troisième peintures racontent la fuite des Juifs après la destruction dusecond temple de Jérusalem (en 70 de l'ère chrétienne) et leur arrivée à Shingly / Cranganore en 72[5]. On peut noter que la date d'arrivée en Inde a encore reculé par rapport à celle donnée à de Paiva en 1685[5].

Les quatrième et cinquième peintures montrent l'accueil favorable duRâja de Cranganore (en 72), puis la donation à Joseph Rabban du fief de Anjuvannam en 379, ce qui permit qu'« un royaume juif fut établi à Cranganore[5] ».

La sixième peinture montre la discorde entre Juifs lévites et non lévites de Cranganore, ce qui est peut-être le souvenir d'affrontement entre Juifs Paradesi (« blancs ») et JuifsMalabari (« noirs »), ou entre factionsMalabari[5].

La septième peinture montre la construction de la synagogue de Cochin en 1568 (par lesParadesi) après la fuite de Cranganore[5].

La huitième peinture explique la fuite de Cranganore en 1524 à la suite de « la destruction de Cranganore par les Portugais et les Turcs […]. Joseph Azar, le dernier prince juif s'enfuit àCochin avec sa femme […]. Les juifs se placèrent sous la protection dumahârâja de Cochin »[5]. La relation faite à Claudius Buchanan en 1807 ajoute que la population juive à Cranganore avait été très importante, et que ce sont ces massacres et la fuite à Cochin qui ont réduit la communauté « à un petit nombre[4] » (environ deux mille personnes en 1781, donc sans doute un chiffre proche en 1807)[réf. nécessaire].

La neuvième peinture insiste sur les bonnes relations entreJuifs etHindous, en relatant un cadeau fait aux Juifs en 1805 par lemahârâja deTravancore, voisin de Cochin, et où se trouvait une petite communauté[5].

Enfin le dixième tableau relate la réception du mahârâja à la synagogue en 1949, célébrant l'indépendance d'Israël, et annonçant de fait l'émigration vers le nouvel État[5].

Il est notable qu'à l'exception possible et indirecte de la sixième peinture, les différences de communautés, de castes ou d'origine entre JuifsParadesi etMalabari ne soient jamais abordées, au contraire de la relation faite à de Paiva en 1685, qui insistait sur ces différences en les justifiant. Ces peintures datent en effet de 1968, après l'abolition des castes et l'émigration vers Israël[réf. nécessaire].

L'histoire

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Au-delà des légendes locales, les historiens ont cherché à définir l'origine de la communauté[réf. nécessaire].

Traces documentaires

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Les tablettes ditesSâsanam.

La première trace de la présence des Juifs duKérala remonte auXe siècle, lorsqu'unrâja de la dynastieChera, qui dominait leMalabar, accorde une charte aux Juifs de « Ousepp Irabban » (traduit par Joseph Rabban) qui vivent sur son territoire. Cette charte donne à « Ousepp Irabban » la propriété permanente du village de Ansuvannam, près deCranganore[6]. Le document, écrit sur deux plaques de cuivre[2] et connu sous le nom deSâsanam[6], venait probablement en remerciement pour l'aide militaire que les Juifs lui auraient apportée dans sa résistance contre le pouvoir grandissant desChola voisins. Il est toujours conservé dans lasynagogue de Cochin (Anquetil-Duperron, de passage dans la ville, en fera une traduction). Les inscriptions ont été datées entre974 et1020[réf. nécessaire].

Benjamin de Tudèle, dans son compte rendu sur l'Inde (vers1167), déclare qu'il y avait dans cette région environ mille Juifs, « noirs comme les autres habitants[2] », qui observaient laTorah et avaient une petite connaissance de laloi orale juive[réf. nécessaire].

Hypothèses

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Musée de l'histoire des Juifs au Kerala, à la synagogue de Paravur.

LeXe siècle marque donc l'entrée des Juifs duKérala dans l'histoire écrite. Avant cette date, il est impossible de dire précisément à quand remontait leur implantation, et ce que furent leurs vies, mais des théories ont été formulées[réf. nécessaire].

L'arrivée des Juifs dans le Sud de l'Inde au premier millénaire n'est pas un fait isolé. La région faisait déjà du commerce avec l'Occident à l'époque de l'Empire romain[7],[8],[9], et diverses immigrations ou influences extérieures se sont produites au premier millénaire de l'ère chrétienne, en particulier celles desChrétiens de saint Thomas, et celles des Musulmans.

C'est ainsi à Cranganore que l'apôtreThomas est censé avoir accosté en Inde pour l'évangéliser[10]. La légende deschrétiens locaux indique d'ailleurs que leur fondateur aurait commencé par évangéliser une colonie juive. Cranganore est aussi le siège traditionnel de ce qui serait la plus vieillemosquée construite en Inde (construite par Malik Ibn Dinar durant lesannées 640 d'après la tradition)[réf. nécessaire].

Vraies ou fausses, ces traditions présentant le Kérala comme la porte d'entrée en Inde des nouvelles religions juive, chrétienne et musulmane, en disent beaucoup sur la tolérance religieuse qu'a connue et que connaît toujours le Kérala, avec deux grosses minorités musulmane et chrétienne, comptant chacune pour environ 20 % de la population[11]. Elles confirment aussi l'attrait ancien de la région[réf. nécessaire].

Les relations marchandes entre les mondes méditerranéen et indien sont en effet très anciennes. Ce dernier fournissait depuis l'Antiquité aux pays méditerranéens des matières premières et des produits finis. Certaines de ces matières premières étaient plus ou moins des monopoles indiens : lesépices comme lepoivre[5], qui ne prospéraient que sur lacôte de Malabar dans le Sud-Ouest de l'Inde, le bois desantal, le bois deteck apprécié pour la construction navale, et enfin lediamant et les autres pierres précieuses[réf. nécessaire].

Parmi les produits finis dont le monde méditerranéen appréciait la qualité, on peut citer les tissus duGoujerat déjà utilisés dans l'Égypte ancienne, ou l'acier deDamas, dont la technique au moins trouve son origine dans leWootz du Sud de l'Inde[12].

Ce commerce florissant nécessitait un réseau organisé de marchands, et c'est peut-être l'une des raisons de la présence d'une communauté juive très ancienne en Inde du Sud-Ouest, sur la côte de Malabar. Il semble que le Kerala n'ait pas connu à l'époque médiévale« des castesVaiśya (marchand) indigènes […] parallèles aux castes de marchand de l'Inde du Nord. Le commerce resta largement aux mains de groupes d'immigrants venus de l'ouest [Moyen-Orient], et d'autres régions de l'Inde », une situation facilitant l'intégration de marchands Juifs[11].

Mais même les historiens, faute de sources, ne peuvent que spéculer sur la date et les modalités de cette migration, certains évoquant les troubles accompagnant lachute de Jérusalem (en 70), d'autres remontant même aux « dix tribus perdues d'Israël »[2]. Plus généralement, la tendance dominante fait venir les Juifs noirs du Malabar à une date imprécise du premier millénaire de notre ère, par les voies marchandes de l'époque, comme d'ailleurs les premiers chrétiens et musulmans de la région[réf. nécessaire].

Si elle s'est, comme on le pense, fondée sur le commerce, la communauté des Juifs du Kérala va en tout cas finir par ne plus y jouer aucun rôle. C'est la communautémusulmane qui va gagner en importance dans ce domaine par sa maîtrise du commerce maritime. Leshindouistes, eux, abandonnent ou n'investissent pas dans cette activité, car le franchissement des océans est considéré par eux comme source d'impureté[réf. nécessaire].

Un isolement relatif

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Emplacement des villes deCranganore et deCochin sur lacôte de Malabar.

On peut noter que lesmalabari, quoique très isolés des autres communautés juives, ont maintenu des contacts avec leYémen, d'où ils faisaient venir leurs textes juifs. Leur liturgie a donc une base séfarade, avec quelques spécificités comme la proscription du termeJehovah, remplacé parAdonaï[4], l'enlèvement des chaussures avant de pénétrer dans la synagogue[4], ou bien sur les implications religieuses de la pratique des castes, comme l'interdiction pour les « affranchis » (Meshuchrarim) de s'assoir dans la synagogue[réf. nécessaire].

Le contact maintenu avec lacommunauté juive du Yémen est sans doute l'une des deux raisons de la non-assimilation d'un groupe numériquement assez faible, l'autre étantle système des castes indiennes, qui impose une stricteendogamie, ce qui s'oppose fortement à l'assimilation d'une communauté ethnique ou religieuse[réf. nécessaire].

L'arrivée des Occidentaux

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En 1502, les Portugais qui sont en train de s'installer dans la région passent un accord avec le râja de Cochin, jusqu'alors vassal desSamutiri, ouZamorin, accord qui affaiblit ces derniers et dure jusqu'en 1661[réf. nécessaire].

En 1504, au cours de leur guerre contre lesZamorin, les Portugais s'emparent d'une de leurs autres possessions,Cranganore, où vivaient à l'époque les Juifs. S'ensuit une longue guerre entre les « râjas de la mer »Zamorin, appuyés (selon les époques) par des flottes turques et égyptiennes, et les Portugais. Entrecoupée de trêves, la guerre durera jusqu'en 1584, et se traduira par une paix de compromis entre les Portugais et leurs adversaires. Cranganore subit des raids maritimes de musulmans alliés aux Zamorin[réf. nécessaire].

À compter de1604, les Néerlandais, hostiles aux Portugais, pénètrent dans la région et concluent un traité avec lesZamorin, en vertu duquel ils sont autorisés à commercer, et à construire des forts à Kozhikkode et Ponnani (un peu au nord de Cochin et Cranganore) pour leur protection[réf. nécessaire].

En 1661, les Néerlandais lancent un assaut avec leurs alliésZamorin contre les possessions portugaises duKerala. Ceux-ci et leurs alliés sont chassés de Cranganore et de Cochin (après un siège de quatre mois pour cette dernière ville), et un nouveau râja, le prince Mootha Thavazhi, monte sur le trône de Cochin en 1663, porté au pouvoir par les Néerlandais. Cochin passe du statut de protectorat portugais à celui de protectorat néerlandais[13].

L'émigration versCochin

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Nathan Katz fait remarquer qu'il est difficile de définir par des sources indépendantes la date et les raisons précises de la migration des juifs de Cranganore à Cochin. Pour la tradition de la communauté, la fuite aurait eu lieu en1524, détruisant la majorité de la florissante communauté deCranganore. Katz ne conteste pas que l'arrivée des Portugais en1504 et les raids des musulmans alliés aux Zamorin ont sévèrement touché la communauté juive locale. Il n'exclut cependant pas des troubles antérieurs ayant affaibli la communauté, peut-être aussi liés à des querelles internes de successions[14].

Quelles qu'en soient les conditions exactes, la communauté juive émigre deCranganore àCochin au début deXVIe siècle. Les Juifs s'installent donc près de Cochin, à Mattancheri, sur des terres contigües au palais durâja et données par lui[réf. nécessaire].

C'est vers le milieu duXVIe siècle que seraient arrivés les premiersParadesi (en 1566 d'aprèsS. S. Koder[2]), et ce sont eux qui construisent à Cochin unesynagogue en1568, malgré les réticences des Portugais, lesquels ont expulsé les Juifs du Portugal par le décret du 5 décembre1496. Mais si les Portugais sont la puissance de tutelle, ils reconnaissent l'autonomie du gouvernement de Cochin dans les affaires intérieures, ce qui permet aux Juifs de maintenir leur situation. De ce fait, les Juifs montreront la même loyauté envers lerâja de Cochin que celle dont, d'après leurhistoire orale, ils auraient fait preuve vis-à-vis de celui de Cranganore, et ce jusqu'à l'indépendance de l'Inde[réf. nécessaire].

La période moderne

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Femmes juives de Cochin (av. 1905)

En cette fin duXVIe siècle, et après la destruction des anciens cadres politiques, économiques et sociaux de Cranganore, la communauté de Cochin trouve l'équilibre entre castes Juives et avec l'environnement hindou qui sera le sien jusqu'auXXe siècle[réf. nécessaire].

C'est surtout à partir de cette fin duXVIe siècle que des documents commencent à apparaître sur la communauté, permettant de compléter et de contrôler sonhistoire orale. Antérieurement, si on excepte les tablettes duXe siècle, il n'y a quasiment aucune trace documentaire. Il est fort possible que ce manque découle du départ de Cranganore et de la destruction de l'ancien habitat juif de cette région[réf. nécessaire].

Vers 1600, David ben Solomon Ibn Abi Zimra et Rabbi Jacob ben Abraham Castro, d'Alexandrie, font une enquête légale concernant le statut des Juifs blancs et noirs . Ils estiment alors le nombre de Juifs de Cochin à neuf cents familles. Presque un siècle plus tard, en 1685, le rapport de de Paiva parle de vingt-cinq familles de « Juifs blancs » contre quatre cent soixante-cinq familles de « Juifs noirs »[2], soit presque moitié moins, sans qu'on sache si ces variations viennent de l'imprécision des études ou de réelles variations[réf. nécessaire].

En1663, les Portugais sont remplacés dans la région par les Néerlandais. Ceux-ci, protestants, sont très tolérants à l'égard des Juifs : lesPays-Bas servaient d'ailleurs de refuge à beaucoup de Juifsexpulsés d'Espagne ou duPortugal. La situation des Juifs s'améliore donc[réf. nécessaire].

La période néerlandaise est même considérée comme un deuxième âge d'or, après celui, mythique, où la communauté aurait possédé un royaume dans la région deCranganore. En effet, en entrant en contact avec la communauté juive d'Amsterdam, largement originaire d'Espagne et actionnaire jusqu'à hauteur du quart de laCompagnie néerlandaise des Indes orientales, les Juifs de Cochin se lient avec d'importants contacts commerciaux, et facilitent leur approvisionnement en textes religieux[réf. nécessaire].

Ainsi, en1686, la communauté juive d'origine portugaise d'Amsterdam envoie une délégation à Cochin, dirigée par Moses Pereira de Paiva. Le but est de prendre contact avec la communauté juive locale, et de rassembler des données sur son histoire et sa façon de vivre. Les visiteurs ont un impact considérable sur la communauté juive de Cochin, en particulier du fait de la collection de livres enhébreu remis à la communauté. Le jour anniversaire de leur arrivée a longtemps été l'occasion d'un festival commémoratif àCochin. Les contacts resteront réguliers entre les Juifs de Cochin et ceux desPays-Bas jusqu'à la périodebritannique, en 1795[réf. nécessaire].

Vers 1750, et peut-être même un peu avant[15], les Juifs de Cochin, surtoutParadesi, entrent en contact avec une caste de « presseurs d'huile » vivant dans le Nord, dans des villages de la côte, près deBombay. Appelée les « presseurs d'huile du samedi » à cause de son respect duChabbat, ou les Bene Israël (« les fils d'Israël »), cette communauté n'a ni textes juifs, ni connaissance de l'hébreu, mais son nom, sonmonothéisme et ses traditions orales la font identifier comme étant d'origine juive[16]. Dès le milieu duXVIIIe siècle, et pendant plus d'un siècle, les Juifs de Cochin, lesCochini, vont entreprendre la « rejudaïsation » des Bene Israël[15],[17], les formant aujudaïsme orthodoxe et leur servant de cadres religieux (avec lesBaghdadi, voir lesJuifs du Yémen)[réf. nécessaire].

En1781, le Gouverneur néerlandais, A. Moens, mentionne quatre cent vingt-deux familles, soit environ deux mille personnes vivant au sein de la communauté, soit un chiffre proche du recensement de 1685[réf. nécessaire].

Au cours de ce mêmeXVIIIe siècle, des émissaires de la communauté sont même envoyés enterre sainte.

En1795, après la conquête française des Pays-Bas, la région passe sous influencebritannique, et le reste jusqu'à l'indépendance de l'Inde, en1947. Les relations du pouvoir britannique avec les Juifs locaux sont également très correctes.

En 1857, « Un recensement a été effectué […], où le nombre de Juifs dans l'État de Cochin était de 1790. Il est dommage que les nombres des Juifs blancs et noirs ne puissent être séparés »[18].

Juif noir de Cochin, avec de courtespapillotes sur les côtés de la tête, vers 1900.

À la suite de sa visite de 1870, le professeur George Milne Rae les décrit physiquement (tant semble-t-il les Juifs blancs que les Juifs noirs) ainsi :« en habit de ville, ils ne diffèrent guère de leurs frères d'autres endroits. Les dames dit-on ont adopté les modes de Bagdad ; tandis que les hommes portent les longues papillotes ramenées en avant des oreilles, dans le respect delévitiqueXIX, 27, portent un turban, une longue tunique avec de riches couleurs, un gilet boutonné jusqu'au col, et un long pantalon blanc »[4]. Il s'agit sans doute là de l'influence desJuifs Yéménites, de longue date la référence religieuse de la communauté. Ces habits étaient sans doute anciennement utilisés, comme confirmé par la neuvième peinture de la synagogue desParadesi, montant les Juifs habillés en « habit du Moyen-Orient » en 1805[5]. Dans le courant duXXe siècle apparaissent les vêtements occidentaux, comme indiqué par la dixième peinture de la synagogue[5]. Bien que vers 1870 la connexion avec la compagnie des Indes orientales appartienne au passé, certains membres de la communauté ont à cette date toujours une forte ouverture sur l'étranger, et George Milne Rae parle ainsi d'un homme ayant « visitéConstantinople, Amsterdam, Londres, et New York[4] ».

  • Jeunes juives de Cochin (v. 1890)
  • À remarquer leur costume, d'influence kéralais, avec le port du mundu, un bas de vêtement ou jupe du sud-ouest de l'Inde, apparenté au sarong.
    À remarquer leur costume, d'influence kéralais, avec le port dumundu, un bas de vêtement oujupe du sud-ouest de l'Inde, apparenté ausarong.
  • Autre élément kéralais, le chatta, un haut de vêtement ou chemisier propre à la région. Cet ensemble était commun avec les chrétiennes et musulmanes.
    Autre élément kéralais, lechatta, unhaut de vêtement ouchemisier propre à la région. Cet ensemble était commun avec les chrétiennes et musulmanes.

Malgré leurs origines diverses, toutes les communautés de Cochin ont fini par parler lemalayalam, la langue duKerala, comme langue vernaculaire, et l'hébreu comme langue religieuse[4], et par adopter en grande partie les coutumes locales[11]. Il s'agit plus exactement d'un dialecte parfois appelé le judéo-malayalam, « injectant [dans le malayalam] du vocabulairehébreu,tamoul, […]néerlandais etanglais »[14]. Les membres les plus éduqués et les plus occidentalisés, en faible nombre à la fin duXIXe siècle, parlent également l'anglais.

Grille de la cour intérieure de la synagogue de Jew Town à Fort Cochin

À la fin duXIXe siècle, il y a encore un faible investissement, même desParadesi, en faveur d'une éducation « moderne », et la présence des missionnaires est moins importante que chez les Bene Israël. Ainsi, « l'Église d'Écosse a maintenu unemission pour les Juifs de Cochin de 1845 à 1857, mais sans succès »[4]. George Milne Rae indique qu'à son époque il n'y avait qu'une douzaine de garçons suivant les cours de l'école ou du lycée[4]. L'auteur précise qu'il existe une école talmudique en hébreu, mais que« les parents sont contents si les garçons apprennent à lire un peu d'hébreu, puis tournent leur attention vers le commerce ou une autre manière de gagner de l'argent[4] ». George Milne Rae juge suffisamment exceptionnel pour le citer le cas d'un jeune Juif ayant réussi l'examen d'entrée à l'université de Madras en 1884[4].

À Cochin, la première organisationsioniste est fondée en1923.

Les trois castes

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Toutes les communautés juives vivant dans un pays pendant des siècles ont été influencées par la culture de celui-ci.

Les Juifs duKérala n'ont pas fait exception à cette règle. Leurs habitudes de vie connurent une influence des pratiques brahmaniques, comme le fait par exemple de se déchausser en entrant dans lasynagogue. On note aussi une exclusion des femmes de la vie sociale pendant leurs menstruations, plus sévère que celle recommandée par lejudaïsme traditionnel. Mais l'influence la plus marquante est celle dusystème des castes.

Les deux castesmalabari

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Juifs noirs de Cochin, vers 1900.
Un groupe de Juifs de Cochin, vers 1900.

Les Juifs de Cochin parlaient la langue locale, lemalayalam, et s'habillaient à l'indienne. L'apparence physique desMalabari (« ceux duMalabar ») est celle desDravidiens du sud de l'Inde, avec une peau foncée. Les conversions, peut-être dans des buts de mariage, ont donc été importantes dans la formation de la communauté.

Fait le plus marquant pour des Juifs originaires d'autres pays, les Juifs indigènes duKérala étaient divisés à l'indienne, en deuxcastes.

La première est aujourd'hui appelée « Juifs noirs » (au sens étroit du terme), alors même qu'elle n'a pas de spécificité physique. C'était la caste dominante. On la nomme aussi lesMeyuchasim, ce que Nathan Katz traduit par « les Juifs avec un lignage »[3].

La seconde caste était celle desMeshuchrarim (en), « ceux avec un document légal d'émancipation », les affranchis[3]. Ils étaient, semble-t-il, les descendants d'esclaves locaux convertis et affranchis par leur maîtres juifs[2], sans qu'il soit très clair, faute de documents anciens, si ces conversions d'esclaves étaient d'origineParadesi, donc récentes, ou d'originemalabari, donc plus anciennes. Leur statut social était très inférieur, et jusqu'en1932, ils n'avaient pas le droit de s'assoir dans les synagoguesMeyuchasim ouParadesi. Conformément à la pratique indienne des castes, les mariages entre les deux groupesmalabari, eta fortiori entreMeshuchrarim etParadesi, étaient interdits. Un documentParadesi de 1757 prend cependant en compte le cas d'une transgression, puisqu'il précise qu'en cas de mariage entre un« israélite […] et une femme […] desMeshuchrarim, les fils qui seront nés d'eux iront avec la mère, mais l'homme […] restera dans la congrégation de notre communauté[11] ». L'ascension sociale par le mariage était donc exclue, même pour les enfants.

Les deux groupes indigènes sont parfois appelés lesmalabari (85 % de la population auXXe siècle), par opposition aux « Juifs blancs » ouparadesi (oupardeshi, étranger) (15 % de la population juive).

Juif paradesi à Cochin, ayant probablement une origine Baghdadie (v. 1890)

En 1892, George Milne Rae rapporte sa visite à Cochin en 1870, et décrit les relations entreParadesi etMalabari (lesquels lui sont tous présentés par lesParadesi, sans distinctions de castes, comme descendant d'esclaves affranchis, et non comme les Juifs originels) :« Alors que les Juifs blancs sont des négociants et des marchands, les Juifs noirs gagnent leur subsistance en pratiquant diverses activités artisanales, et sont scieurs, forgerons, charpentiers, maçons, relieurs, tailleurs, pêcheurs, domestiques des Juifs blancs, ou vendeurs d'articles ménagers. Les Juifs noirs ont une synagogue séparée, mais si l'un des Juifs blancs y pénètre, le siège principal sera libéré pour lui ; et chaque relation les désigne comme une race inférieure, qui ne s'est jamais élevée au-dessus de la condition servile dont ils semblent être issus[4] ».Les divisions entre les trois castes de Cochin seront formellement abolies entre les deux guerres mondiales, en particulier grâce au combat d'Abraham Barak Salem (1882-1967), le premierMeshuchrar à avoir été diplômé de l'université[19]. Il mènera un combat avec des méthodes de non-violence active (satyagraha) très inspirées de celles de Gandhi[20], boycottant par exemple lasynagogue de Cochin ou lesMeshuchrarim étaient discriminés. Il participera aussi en tant que dirigeant au mouvement pour l'indépendance de l'Inde[21], puis se ralliera progressivement au sionisme[21], surtout après 1933.

Juifs blancs ouparadesi

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Rabbi Salomon Halevi (dernier rabbin de la synagogue de Madras) et son épouse Rebecca Cohen, Juifs paradesi de Madras

Ceux-ci ont commencé à arriver à Cochin auXVIe siècle, en petit nombre, et ont été renforcés par de nouvelles arrivées, auxXVIIe et XVIIIe siècles. Bien que pour des raisons géographiques on les classe dans les Juifs deCochin, ils constituent en fait un quatrième groupe de Juifs en Inde, avec lesmalabari, lesBene Israël et lesbaghdadi.

Inscription du mur externe de lasynagogue des paradesi de Cochin.

Lesparadesi sont à la base surtout des réfugiésséfarades en provenance de lapéninsule Ibérique auXVIe siècle. D'après la plaque qui y est aujourd'hui apposée, leur première synagogue fut construite en 1568[22]. Puis sont venus des Juifs desPays-Bas (eux-mêmes descendants de réfugiés d'Espagne et duPortugal), qui ont été rejoints plus tard par des Juifs d'Allemagne (ashkénazes) ou moyens-orientaux (de rite égalementséfarade).

Malgré ces origines quelque peu mélangées, lesparadesi ont formé un groupe homogène, dont les pratiques religieuses étaient séfarades, avec quelques composants ashkénazes.S. S. Koder a « précisé les […] dates d'arrivées dans le malabar […] entre 1566 et 1778. Ces derniers arrivants [se sont mélangés] avec cinq autres familles venant des colons originels deCranganore »[2]. Les origines familiales analysées par Koder font remonter les premiersParadesi à des « lieux variés, commeJérusalem,Safed,Alep,Damas, l'Espagne, l'Allemagne, laPerse et l'Irak »[2]. Le rapport de de Paiva montre d'ailleurs que sur les 25 familles deParadesi recensées en 1685-1686, 14 sontbrancas (blanches), les autres étant plus brunes de peau[2].

Extérieur de lasynagogue des paradesi de Cochin.
Intérieur de lasynagogue des paradesi de Cochin.

L'arrivée des Néerlandais en1663 a donné un coup de fouet aux « Juifs blancs », renforçant leur petit groupe. LesParadesi ont rapidement constitué une nouvelle caste, supérieure à celle des « noirs »[2]. Ce statut supérieur leur venait d'une plus grande richesse, elle-même liée à une meilleure connexion sur le commerce international. Leur peau beaucoup plus claire et leur culture plus occidentalisée les différenciaient nettement de leurscoreligionnaires de souche indienne.

Les mariages avec lesmalabari étaient interdits, chaque groupe pratiquait son culte dans des synagogues séparées[2]. On remarquera quele castéisme indien, tout en respectant la liberté religieuse, a été adopté par toutes les communautés religieuses qui se sont installées au Kérala de longue date. LesChrétiens de saint Thomas et les musulmans ont reproduit, comme les Juifs,le système des castes. On voit ainsi des chrétiens blancs et noirs, et des musulmansaschraf etajlaf (les premiers subdivisés eux-mêmes enthangals, arabes etmalabari). Ces groupes sont endogames et non commensaux. Aux yeux deshindous, les Juifs, chrétiens et musulmans ne formaient que desjāti de plus. Cette situation de stricte division interne à la communauté sera d'ailleurs maintes fois condamnée par les autorités religieuses juives extérieures à Cochin.

Les communautés de Cochin n'avaient pas derabbin, faute de séminaire religieux pour les former, et elles étaient gouvernées par des anciens, à l'image despanchayats indiens. Un chef traditionnel, lemudaliar faisait la liaison avec lerâja, puis avec les puissances européennes colonisatrices.

La synagogue des « Juifs Blancs » fut jusqu'auXXe siècle interdite aumalabari, qui avait la leur[4].

L'émigration vers Israël

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Comptant 2 500 membres en1945, les communautés deCochin finiront par émigrer en masse enIsraël après la création de l'État en1948, et seules resteront sur place des vieilles personnes refusant de changer d'environnement et de mode de vie. Dès1951, 85 % des Juifs de Cochin avaient émigré.

Leur nombre ne fera plus que décroître, passant de 370 en 1951 à 112 en1971, puis 50 en1982 et à une vingtaine en2005[23].

EnIsraël, ils seraient entre 5 000 et 8 000 en2005.

Les Bene Israël

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Article détaillé :Bene Israel (Inde).

LesBene Israël — lesfils d'Israël — sont un groupe de Juifs qui, jusqu'au milieu duXXe siècle, vivaient principalement àBombay,Kolkata,Karachi,Delhi etAhmadabad. Ils étaient la communauté la plus nombreuse au sein des groupes de Juifs indiens[24]. Leur langue maternelle était lemarâthî, alors que les Juifs de Cochin parlaient lemalayalam.

Origines

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Entrée du vieux cimetière de Naogao des Bene Israël.

Les Bene Israël pensent que leurs ancêtres arrivèrent « du nord »[15] dans le pays deKonkan (la côte au sud deBombay) à la suite d'un naufrage[25]. Sept hommes et sept femmes auraient survécu[16],[25] et seraient à l'origine de l'actuelle population.

Sur cette base ténue, de nombreuses théories, externes ou internes à la communauté, ont été élaborées. L'historien Bene IsraëlH. S. Kehimkar fait ainsi descendre la communauté d'Israélites ayant fui des persécutions syriennes enSamarie auIIe siècle avant Jésus-Christ[26]. Dès leXIXe siècle, certains auteurs affirmaient cependant que la communauté descendait plutôt d'un groupe encore plus ancien issu desdix tribus perdues d'Israël[25],[26], voire d'Hébreux de l'époque duroi Salomon[26], ou plus simplement de Juifs venus auVe ou VIe siècle de l'ère chrétienne en suivant les routes commerciales de l'époque, depuis l'Arabie ou laPerse[26].

L'absence de sources documentaires permettant de savoir depuis quand les Bene Israël vivent enInde[27] a ainsi donné lieu à « différentes théories suggérant qu'ils sont arrivés dePalestine, duYémen, de laPerse, [ou de]Babylone »[25].

La génétique nous donne cependant une ouverture partielle sur l'origine de la communauté. En effet, les analyses montrent que la grande majorité des marqueurs génétiques duchromosome Y (transmis et porté uniquement par les hommes) est d'origine moyen-orientale. L'étude considère d'ailleurs que ce groupe mâle était très petit, peut-être même constitué d'une seule personne, ce qui indique incidemment une entrée d'hommes d'origine indienne au sein de la communauté nulle ou presque.

À l'inverse, la grande majorité des marqueurs génétiques de l'ADN mitochondrial (transmis uniquement par les femmes) sont d'origine locale[28]. La légende des sept hommes et des sept femmes, origine unique de l'actuelle communauté semble donc devoir être rejetée, au profit d'immigrants masculins ayant majoritairement pris femmes localement. Le nombre des femmes ainsi intégrées au groupe juif originel (que ce soit à l'origine ou lors des époques postérieures) fut très restreint. Ainsi, « 41,3 % des Bene Israel […] descendent d'une seule ancêtre féminine »[28], et « 67,6 % remontent à quatre femmes »[29]. Bien que très local, il semblerait que le patrimoine génétique maternel comprenne cependant toujours une lignée maternelle d'origine irakienne/iranienne, voire italienne[29]. Une nouvelle étude, réalisée en 2016, donne des résultats similaires[30].

En toute hypothèse, les Bene Israël sont physiquement semblables auxMarathes (les habitants de la région) non-juifs[31], ce qui confirme qu'ils se sont mêlés aux populations indiennes. Ils ont également quasiment les mêmes coutumes, du moins en dehors de leur religion. Ce fort degré d'assimilation laisse donc penser que la communauté vit en Inde depuis longtemps, mais sans que la date puisse être précisée.

En 1964, l'historien indien George Mark Moraes[32] considérait que des Juifs étaient déjà présents dans lekonkan au début de l'ère chrétienne, parce que, selonEusèbe de Césarée etSaint Jérôme, l'apôtreBarthélémy aurait évangélisé certaines régions indiennes à cette époque[33]. Moraes estimait que la région touchée était la zone côtière près de Bombay (une opinion soutenue par Perimalil[34]). Or les premiers missionnaires chrétiens évangélisaient en priorité les communautés juives, ce qui serait une preuve indirecte de la présence juive dans la région à cette époque, une hypothèse que Benjamin J. Israel juge assez spéculative[35].

En 1199 ou 1200, dans une lettre au rabbi de Lunel (en France),Maïmonide indique « les juifs des Indes ne savent rien de laTorah et des lois, rien sauf leShabbat et lacirconcision »[36],[35]. Maïmonide ne précise pas d'où il tenait ses informations, mais il y a toujours eu un courant commercial entre l'Inde et le Moyen-Orient[35]. Il ne précise pas non plus de quelle communauté il parle. Les Juifs de Cochin peuvent sans doute être exclus, car ils ne semblent jamais avoir perdu leurs livres sacrés[35]. Les Bene Israël semblent correspondre à la description, sauf si Maïmonide parlait d'une autre communauté, aujourd'hui disparue et restée inconnue des historiens.

Des marchands juifs provenant d'Europe voyagèrent jusqu'en Inde au Moyen Âge pour y commercer, mais on ne sait pas avec certitude s'ils installèrent des comptoirs permanents en Asie du sud. AuXIIe siècle, la référence à une communauté juive indienne parAbraham ibn Daoud est malheureusement extrêmement vague, puis restera sans écho durant plusieurs siècles.

La première mention incontestable date seulement de 1738 : dans une lettre du missionnaire danoisJ. A. Sartorius, celui-ci mentionne une communauté de Juifs « qui se dénomment Bene Israël, qui n'ont pas la Bible et ne connaissent pas l'hébreu, et dont la seule formule de prière ou de doctrine est le mot [hébreu]Shema. C'est le premier mot de la plus solennelle profession de foi[35] » du judaïsme, leShema Israël (« Écoute, [Ô] Israël »).

Les Bene Israël furent découverts et identifiés en tant que Juifs auXVIIIe siècle par des marchands juifs venus deCochin.

Coutumes et spécificités

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Le district de Raigad (en bleu), ou vivaient les Bene Israël lors de leur redécouverte auXVIIIe siècle, puis les principales villes où ils se sont installés auxXIXe et XXe siècles.
DesBene Israël en habits traditionnels, auXIXe siècle.

Lors de leur découverte par les communautés juives deCalcutta etCochin, les Bene Israël étaient unecaste (Jāti) de presseurs d'huile (Telis), vivant essentiellement dans « le district deColaba (aujourd'huide Raigad), dans leMaharashtra »[37]. Ils étaient distingués des autres castes de presseurs d'huile sous le nom deShanivari telis, c'est-à-dire les presseurs d'huile du samedi (Shanivar), parce qu'ils respectaient leShabbat du samedi[16]. À l'exception de son particularisme religieux, la communauté était totalement indianisée dans sa langue, sa culture et son apparence physique, rien ne permettant de les distinguer de leur environnement indien, si ce n'est leur appartenance à une caste spécifique.

La pratique indienne des castes, qui interdisait les mariages inter-castes et imposait des quartiers spécifiques à chaqueJāti dans les villages et les villes de résidence, leur a probablement permis de survivre dans un milieu qui les auraient sans cela sans doute assimilés[25],[17].

Comme les Juifs indigènes de Cochin, et sur le modèle traditionnel des castes indiennes, les Bene Israël étaient également divisés en deux sous-castes : lesGora, ou « blancs » (très majoritaires), supposés être de souche « pure », et lesKala (ouKalu), ou « noirs » (moins nombreux), supposés être issus d'adultères[38]. Les couleurs « blanches » et « noirs » n'impliquaient aucune différence dans les apparences physiques. Elle renvoyaient par contre à un statut social supérieur ou inférieur (dans le système des castes indiennes, ouvarna, ou « couleurs », le blanc est la couleur des castes les plus élevées, regroupées dans levarna desBrahmanes, et le noir est la couleur des serviteurs rétribués, lesSudra). On retrouve encore ici la pratique indienne des castes endogames. Même s'ils ne se mariaient pas entre eux et avaient des statuts différents, les membres des deux sous-castes appartenaient bien à une même communauté, et partageaient les mêmes lieux de culte.

Les patronymes étaient fondés sur le nom du village d'origine, avec le suffixe « kar » (Penkar : du village de Pen). Il y 142 noms de villages identifiés grâce à ces patronymes[17], ce qui donne une indication sur la répartition historique de la communauté dans le Colaba (Nord du Konkan, district actuel de Raigad), somme toute très modeste eu égard à la taille de l'Inde. Les prénoms les plus anciennement connus sont purement indiens, comme Bapuji, Rowji, Abaji ou Tanaji, sans spécificité juive[17].

L'analyse de la variante dumarâthî parlée par les Bene Israël montre une influence de termes plus spécifiquement utilisés par les musulmans de la région, et les communautés qui n'avaient pas de cimetières enterraient souvent leurs morts dans les cimetières musulmans[17]. Les musulmans étant dominants dans cette région de l'Inde jusqu'à l'arrivée des Britanniques, cette « très proche harmonie avec les musulmans »[39] favorisait le statut social de la communauté[39]. La bonne qualité de cette relation, peut-être liée à la pratique commune dumonothéisme, ne semble pas avoir entraîné de mauvais rapports particuliers avec l'environnementhindou.

Le caractère juif de leur religion était très partiel[31],[16]. Ils n'utilisaient d'ailleurs pas ce terme, au bénéfice de l'expression Bene Israël (« les enfants d'Israël »). LaJewish Encyclopedia émet l'hypothèse que cet usage visait à une meilleure acceptation par « leurs voisinsmusulmans, préférant le nom de Beni-Israël en référence à l'usage favorable du terme dans leCoran »[16].

De même, ils n'avaient pas derabbins, mais des chefs religieux héréditaires (dans les familles Jhiradkar, Rajpurkar et Shapurkar) appelésKaji ouKazi, sans doute un dérivé de l'arabeKadi (juge)[27]. Reconnus par les autorités locales, lesKazi faisaient aussi fonction de juges pour les affaires internes à la communauté[5].

Enfin, les Bene Israël n'avaient aucun texte religieux spécifique, pas même deTorah[35], et n'avaient aucune pratique de l'hébreu[35]. Des rituels alimentaires juifs aussi essentiels que laShehita (l'abattage rituel des animaux) et labediḳah n'étaient pas pratiqués[16]. « Les seuls animaux considérés comme consommables étaient lespoules, lesmoutons et leschèvres. Les Bene Israël ont sans doute renoncé à la viande bovine afin de ne pas offenser leurs voisinshindous »[16].

Plusieurs éléments expliquent cependant que les marchands juifs entrés en contact avec eux les aient identifiés comme juifs.

D'une part, le nom qu'ils se donnaient correspond au nom dominant donné par laBible hébraïque aux juifs[Note 1] : « les enfants d'Israël ». D'autre part, les Bene Israël pratiquaient certaines traditions identifiées comme hébraïques : ils pratiquaient leShabbat et certaines fêtes juives, ils croyaient en un dieu unique, le Dieu d'Israël, ils pratiquaient la circoncision des enfants mâles, et ils avaient enfin certaines règles alimentaires d'origine juive. Ainsi, par exemple, ils « enlevaient le nerf sciatique d'animaux utilisés pour la nourriture, et ils salaient la viande afin d'en extraire le sang »[16]. Enfin ils utilisaient le motShema, premier mot de la profession de foiShema Israël[35].

Avant l'adoption du judaïsme orthodoxe auXIXe siècle, plusieurs fêtes étaient pratiquées par les Bene Israël, commeNavyacha San (la fête du nouvel an),Khiricha San (la fête duKhir, une sorte de pudding),Darfalnicha San (une période de jeûne et de silence d'une journée). Pour certaines de ces fêtes au moins, une origine juive est plausible[16].

Ces pratiques résiduelles ont permis d'identifier les Bene Israël comme juifs, mais avec certains doutes quant à leur « pureté ».

La prise de contact avec les autres communautés indiennes

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Une familleBene Israël àBombay, vers 1900.

Les premiers contacts identifiés avec d'autres juifs datent duXVIIIe siècle. Benjamin J. Israel considère, en s'appuyant sur la lettre de Sartorius (1738), que des contacts sporadiques avec les Juifs de Cochin sont plausibles vers 1700, voire antérieurement[15]. Cependant, le premier document des Juifs de Cochin à ce sujet est une lettre de 1768 de Ezekiel Rahabi, un cadre de laCompagnie néerlandaise des Indes orientales adressée aux Juifs d'Amsterdam, lettre qui mentionne que des « enseignantscochini sont allés dans leKonkan pour instruire les Bene Israël de la religion juive et de ses pratiques, et que certains membres de la communauté Bene Israël sont allés àCochin se former comme instructeurs en religion juive »[15]. Cette reprise des contacts durait depuis déjà quelque temps, le fils de Rahabi, David Rahabi, ayant travaillé avec les Bene Israël dès le milieu duXVIIIe siècle, alors qu'il était employé par la compagnie des Indes[15]. À compter de 1750, la reprise de contact avec les Juifs de Cochin amène une évolution dans les prénoms, ceux-ci devenant de plus en plus hébraïques, quoique souvent indianisés, comme Samaji (pourSamuel), ou Hasaji (pourÉzéchiel)[17]. Vers cette date, la communauté aurait compté environ 5 000 membres[27].

Après ces premiers contacts avec les Juifs de Cochin (particulièrement les « juifs blancs de Cochin », ouParadesi, très liés à la compagnie des Indes), d'autres contacts seront établis au tournant du siècle avec les marchands juifs du Moyen-Orient, alors en train de créer une nouvelle communauté juive indienne, celle desBaghdadi. À compter duXIXe siècle, s'établissent également des liens avec l'importante communautéjuive sépharade yéménite (qui était de longue date une source importante de textes sacrés pour les Juifs de Cochin).

À compter de 1813, les autorités britanniques autorisent l'action des missionnaires chrétiens en Inde[5]. Dès cette époque, les Bene Israël rentrent en contact avec ceux-ci, qui leur transmettront la Bible traduite enmarâthî, beaucoup plus accessible pour eux que la version hébraïque. Les missionnaires protestants américains et écossais joueront ainsi un rôle important dans l'enseignement et l'explication de l'Ancien Testament, et même dans l'approfondissement de la formation à l'hébreu, initiée par les Juifs de Cochin[26]. Le docteur John Wilson « le plus célébré de ces missionnaires […] par les Bene Israël » produira ainsi une grammaire hébreu-marâthî. Cette démarche permettra aux missionnaires de faire de l'hébreu la seconde langue enseignée aux Bene Israël dans leurs écoles (après l'anglais), même si très peu de membres de la communauté acquéraient à cette époque une vraie maitrise de la langue[17]. Le poids des écoles protestantes dans l'éducation des jeunes est devenu très important dès lesannées 1820[5]. Eu égard à cette forte influence, Orpa Slapak a même écrit que les missionnaires« avaient créé […] une base solide pour l'entrée de la communauté Bene Israël dans le courant dominant du Judaïsme[5] ».

Plus tard, les missionnaires de l'Église d'Angleterre mettront plus d'agressivité que leurs prédécesseurs à condamner les « erreurs du judaïsme rabbinique »[26], sans beaucoup de succès d'après les plaintes de ces missionnaires[26],[5].

C'est sans doute pour contrer l'influence des missionnaires, qu'en 1826, « un groupe […] d'enseignants juifs de Cochin quittèrent leur communauté pour vivre au milieu des Bene Israël […] et leur enseigner l'observance du Judaïsme traditionnel. Un second groupe d'enseignantscochini arriva en 1833[5] ». Vers cette date, les Bene Israël auraient été environ 6 000, soit guère plus que vers 1750, dont déjà un tiers ayant émigré vers Bombay[27].

Enfin, en 1838, Shlomo Salem Shurrabi, un autre Juif de Cochin, s'installa chez les Bene Israël, où il devint l'un des enseignants et leaders religieux les plus importants, dirigeant la prière, enseignant laHalakha et créant plusieurs synagogues : Bombay en 1840, Revdanda en 1842,Alibag en 1848 etPanvel en 1849. D'autres créeront neuf autres synagogues d'ici à la fin duXIXe siècle, instituant ainsi un tissu de lieux de culte[5].

Tous ces contacts vont réformer en profondeur la religion traditionnelle des Bene Israël, en rendant dominantes les pratiques « orthodoxes » dujudaïsme : lois religieuses, fêtes juives,hébreu, usage duTanakh et des règlesTalmudiques. Cette réforme explique la perte progressive de statut deskajis, jusqu'à leur disparition. À partir de la fin duXVIIIe siècle (et surtout de 1826), l'encadrement religieux des Bene Israël a surtout été constitué de JuifsBagdhadi, de Cochin et duYémen[5]. Ces religieux n'étaient pas des rabbins ordonnés (la communauté de Cochin elle-même n'en avait pas), mais deshazzan (chantre), desMohel (circonciseur) et desSofer (scribe)[5]. Parfois, mais de plus en plus rarement au cours duXIXe siècle, jusqu'à leur disparition, deskajis intervenaient dans le culte, en particulier dans les zones sanssynagogue[5].

Bien qu'ils aient été « rejudaïsés », les autres Juifs les regardaient avec une certaine réserve, compte tenu de leur longue ignorance des lois juives. Ainsi par exemple, lesBaghdadi de Calcutta refusaient tout mariage avec eux, compte tenu des doutes quant à leur éventuelle « impureté ancestrale » en tant que Juifs[39].

Sous l'influence des Juifs de Cochin ou desBagdhadi deCalcutta,sépharades, les Bene Israël ont opté pour le riteséfarade, avec certaines particularités propres à la communauté.

La perte de prééminence des anciens responsables (kajis) de la communauté est aussi une perte de l'autonomie sociale et religieuse des Bene Israël, éduqués dans des écoles protestantes, dirigés en tant que militaires ou fonctionnaires par leraj britannique, et en tant que Juifs par des Yéménites, desCochini ou desBaghdadi. Il faudra attendre la fin duXIXe siècle pour qu'une élite Bene Israël occidentalisée apparaisse.

La période moderne

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Lasynagogue Keneseth Eliyahu, à Bombay, vers 1900.
La synagogue Keneseth Eliyahu, à Bombay, en 2006.

Si on sait peu de choses des Bene Israël avant leXVIIIe siècle, leur développement est mieux connu à partir de cette époque.

Partis de leurs villages de la côte (district deColaba, aujourd'huiRaigad[37]), ils s'installent progressivement dans les villes, en particulier àBombay (on les nomme d'ailleurs parfois les « Juifs de Bombay »), où ils se regroupent dans le quartier qui sera appelé Israël Moholla[17]. La première famille connue à s'installer dans cette ville est la famille Divekar (« du village de Dive »), en1746.

Dès la seconde moitié duXVIIIe siècle, des Bene Israël s'engagent en assez grand nombre dans l'armée de laCompagnie anglaise des Indes orientales. Ces engagements militaires n'étaient pas une innovation, certains Bene Israël ayant déjà eu l'habitude de servir dans les marines militaires locales au cours des siècles précédents. Mais l'engagement au sein des troupes de la compagnie permet une ascension sociale plus rapide[26].

En1796 est fondée a BombaySha'ar haRahamim, la premièresynagogue Bene Israël, par Samaji Hasaji (Samuel Esekiel) Divekar, officier (avec son frère) des troupes de laCompagnie anglaise des Indes orientales[26],[5].

À compter de1813, lesmissionnaires britanniques et américains tentent de convertir les Bene Israël, sans grand succès. Mais ils apportent avec eux des modifications culturelles non négligeables, en particulier la Bible en marâthî, et une pratique de l'Anglais[26] qui sera essentielle pour l'amélioration de la situation sociale de la communauté, lui permettant de se lier auRaj britannique. Cette évolution culturelle par l'éducation, avec ses conséquences sociale, est aussi le produit de l'influence des Juifs de Calcutta (Bagdhadi) et de Cochin, très connectés sur le commerce international. Pour l'ancienne, modeste et isolée caste des « presseurs d'huile », il s'agit d'une révolution sociale importante.

Au cours duXIXe siècle, le mouvement d'émigration s'accélère, depuis les villages de la côtes vers les villes de l'intérieur. SiBombay et sa région restent la destination principale, avec à terme les trois quarts de la communauté[17], les Bene Israël s'installent aussi de façon importante dans trois autres villes du nord-ouest :Pune,Karachi (actuellement auPakistan), etAhmadabad[31].

ÀKarachi, par exemple, ils deviennent même rapidement assez nombreux, puisqu'ils sont selon les sources entre 1 000 et 2 500 (sur les 10 000 Bene Israël de l'époque) au début duXXe siècle[40]. À partir deKarachi, certains créeront même une petite communauté, desservie par deux synagogues, àPeshawar, près de la frontière afghane[40].

Dès la fin duXVIIIe siècle, l'activité de presseur d'huile est en voie de disparition, remplacée par de nouvelles activités. La carrière militaire est une des plus importantes depuis la seconde moitié duXVIIIe siècle, mais il en existe d'autres, qui se développent entre la fin duXVIIIe siècle et le milieu duXIXe siècle : entrepreneurs de travaux publics, charpentiers, employés, institutrices, fonctionnaires[17]. Vers le milieu duXIXe siècle, l'engagement militaire des Bene Israël est un grand succès, puisque près de 50 % des officiers indigènes de l'armée deBombay appartiennent à la communauté[26].

Avec le temps et l'amélioration de leur niveau d'éducation, en particulier en anglais, le niveau des emplois occupés tend à s'améliorer[17]. Dans la seconde moitié duXIXe siècle, la proportion de Bene Israël dans l'armée de Bombay décline très fortement, à la suite de modifications dans la politique de promotion et au poids croissant des hautes castes, comme lesRajpoutes. Dès le troisième quart duXIXe siècle, « l'enrôlement avait pratiquement cessé, et à la fin du siècle, seule une poignée d'officiers supérieurs étaient encore en service actif »[26]. De façon anecdotique, on retrouve quelques officiers Bene Israël dans l'armée britannique des Indes, puis dans celle de l'Inde indépendante, avec par exemple unvice-amiral et unmajor-général[17].

En1875, les Bene Israël établissent une « école israélite », en langue anglaise, la première école « moderne » sous leur contrôle. Il s'agit d'une volonté de prendre en main leur propre éducation, mais aussi d'une conséquence du retrait progressif des missionnaires protestants de leur rôle éducatif, lequel se retreint puis disparaît dans le milieu Bene Israël dans la seconde moitié duXIXe siècle[41].

Entre la fin duXIXe siècle et le début duXXe siècle, l'enseignement en anglais se généralise, de moins en moins de jeunes suivant des études enmarathi ou enhébreu[42]. Chez certains, l'anglais est devenu la langue parlée dominante, le marathi n'étant plus qu'une langue secondaire pour communiquer avec l'environnement indien[43].

Autre preuve de l'autonomie sociale grandissante de la communauté, mais aussi de son expansion géographique, la grande synagogue deKarachi, Magen Shalome, est construite en 1893[40].

Indications pour le vieuxcimetière juif de Cochin

À la fin duXIXe siècle, les Bene Israël sont de plus en plus nombreux à devenir de petits fonctionnaires de l'empire britannique, des employés de bureau ou des commerçants[40]. À compter duXXe siècle apparaissent des médecins et des avocats. Cependant, il n'y aura jamais de développement de grandes entreprises détenues par des Bene Israël, semble-t-il par manque de capitaux[17]. Les Bene Israël duXIXe siècle et de la première moitié duXXe siècle restent assez pauvres, mais apparaissent cependant, relativement au niveau de vie de l'Inde, comme ayant un positionnement de classe moyenne.

Preuve de l'occidentalisation de la communauté, des associations communautaires « modernes », apparaissent au début duXXe siècle. LaBene Israel conference est fondée en 1917[5]. Laall india israelite league est créé en 1918[5] par deux Bene Israël, Jacob Bapuji Israel et David S. Erulkar[44], qui entendaient fédérer toutes les communautés de l'Inde. Vers la même époque sont fondés l'association caritativeKarachi Bene Israel Relief Fund et leKarachi Jewish Syndicate[44]. Le docteur E. Moses, un Bene Israel, est élu maire de Bombay en 1937[45].

On estime que les Bene Israël étaient au nombre de 6 000 dans lesannées 1830, 10 000 au tournant duXXe siècle, et en1948, lorsque leur communauté était la plus nombreuse en Inde, on comptait 20 000[31] à 25 000 individus[5]. Depuis, leur population n'a cessé de diminuer (enInde), principalement du fait de l'émigration versIsraël, mais aussi vers lesÉtats-Unis, leCanada et leRoyaume-Uni. Depuis les années 1970 et jusqu'en ce début duXXIe siècle, la population en Inde est restée assez stable, aux alentours de 5 000 personnes[5].

L'émigration vers Israël

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En1897, les Bene Israël avaient été invités à participer au Premier congrès sioniste deBâle, mais avaient décliné l'invitation.

Au cours de la première moitié duXXe siècle, la communauté reste prudemment neutre et à l'écart de la lutte pour l'indépendance, à l'exception de quelques individualités, comme David Erulkar. Mais avant même la création d'Israël, la situation des Bene Israël a commencé à changer, du fait de l'indépendance et de la partition (entre l'Inde et le Pakistan) de l'ancienEmpire des Indes britanniques, en 1947. Les Bene Israël étaient assez liés au commerce ou à l'administration coloniale, et l'indépendance remet dans une certaine mesure en cause cette situation[43].

En Inde, la situation institutionnelle de la communauté n'a pas été directement atteinte, mais les affrontements violents entrehindous etmusulmans qui ont touché la région deBombay, les interrogations nées de la fin de l'empire et l'intérêt pour la création d'un État juif ont entraîné dès 1948 un courant d'émigration versIsraël, courant qui se poursuivra au cours des années 1950 et 1960. Quelques centaines de personnes émigreront également vers d'autres pays, principalement anglo-saxons :Royaume-Uni,Canada,Australie ouÉtats-Unis[24]. Après 1971, date à laquelle il ne restait plus que 5 500 Bene Israël en Inde, le taux d'émigration chuta considérablement[24], et la population Bene Israël de l'Union indienne en 2008 compte toujours environ 5 000 personnes[46].

AuPakistan, où vivaient environ 2 000[40] à 2 500 Bene Israël[47], « la création d'un État islamique […] [solidaire des Palestiniens] a créé un sentiment croissant d'insécurité au sein de la communauté pakistanaise […]. Après qu'Israël a proclamé son indépendance en1948, des incidents violents sont survenus au Pakistan contre la communauté […]. Lasynagogue deKarachi a été incendiée et lesJuifs ont été attaqués. Le sort des Juifs est devenu [encore] plus précaire à la suite des troubles et des manifestations dirigés contre les Juifs pendant les guerres israélo-arabes en 1948, 1956 et 1967. La persécution des Juifs a entraîné une émigration massive, principalement vers l'Inde, mais aussi vers Israël et le Royaume-Uni. La petite communauté dePeshawar a cessé d'exister, et les synagogues ont été fermées. En 1968, le nombre de Juifs au Pakistan était tombé à 250, la quasi-totalité d'entre eux étaient concentrés àKarachi, où il y avait une synagogue, une organisation sociale, et un organisme de loisirs. […] Magen Shalome […]. La dernière synagogue deKarachi a été démolie dans les années 1980 »[40]. En 2007, il ne restait qu'environ 200 Bene Israël au Pakistan[47].

Le premier ministre israélienLevi Eshkol, soutien des Bene Israël en1964 contre le rabbinat.

EnIsraël, l'immigration a suscité une controverse. L'origine juive des Bene Israël ne faisait pas débat, et l'État acceptait leur immigration. Mais en 1961[37], le rabbinat posa la question de savoir si les membres de la communauté étaient encore pleinement Juifs. Plus spécifiquement, une analyse généalogique était demandée aux rabbins avant tout mariage d'un Bene Israël, et ce « en remontant aussi loin que possible »[39]. Une conversion rituelle avant mariage, visant à lever tout doute était également demandée[39].

En effet, pendant des siècles, les Bene Israël avaient vécu sansrabbin ni connaissance de la loi juive (Halakha). Leurs mariages, leurs conversions d'Indiens (considérées comme probables compte tenu de leur apparence physique) étaient donc suspects. EnIsraël, les rabbins ont le monopole sur le mariage des Juifs, et du fait des doutes du rabbinat sur la judaïté des Bene Israël, ces derniers eurent soudain des difficultés à se marier enIsraël. Ces problèmes ont freiné leur émigration et entrainé des mouvements de protestation des Bene Israël vivant dans l'État juif.

Il est possible que cette question ait été une exportation des anciennes divisions communautaires indiennes, dans la mesure où legrand rabbin séfarade d'Israël de l'époque, Yitzhak Nissim (1896-1981) était originaire deBagdad, enIrak, une communauté ayant donné naissance à celle desBaghdadi indiens. La question de la judaïté des Bene Israël avait été plusieurs fois posée par lesBaghdadi de Bombay aux rabbins deBagdad, et le sujet leur était donc connu[27]. Joan G. Roland note que beaucoup de Bene Israël israéliens ont à l'époque considéré qu'on retrouvait dans ces soupçons la trace de l'attitude méfiante desBaghdadi indiens sur la pleine judaïté des Bene Israël[39].

À la suite de ces mouvements de protestation, « le Grand Rabbinat orthodoxe d'Israël décrète en1962 que le mariage avec les Bene Israël était autorisé. Le Premier ministre israélien a publié une déclaration en1964 selon laquelle le gouvernement d'Israël les considérait comme des Juifs à tous les égards »[25]. Cette dernière déclaration faisait suite à des manifestations. En effet la décision du rabbinat de 1962 n'avait pas totalement réglé la question. Celui-ci, sans rejeter par principe les Bene Israël, avait maintenu une demande d'enquête au cas par cas avant les mariages. Deux semaines après la déclaration de soutien deLevi Eshkol, le grand rabbinat annule l'exigence de ces enquêtes[39], décision qui règle définitivement les problèmes de statuts personnels, et facilite l'immigration.

La fin de l'émigration de masse se produit au début des années 1970, quand les dernières populations villageoises sont touchées[5].

Les Bene Israë seraient 50 à 60 000 en Israël (en 2005), 5 000 en Inde (en 2008)[46], 200 au Pakistan (en 2007)[47] et 2 000 dans divers pays anglophones (Royaume-Uni,Canada,États-Unis…).

Les principales villes israéliennes où vivent les Bene Israël sontAshdod,Lod,Ramleh etBeersheba[25] ». « La plupart des Juifs de Karachi vivent ainsi aujourd'hui àRamleh, […] et y ont construit unesynagogue qu'ils ont nommée Magen Shalome[40] », du nom de l'ancienne synagogue deKarachi.

En 1984, Benjamin J. Israel note une résistance à l'assimilation culturelle en Israël, à l'exception de ceux qui étaient déjà les plus occidentalisés avant leurimmigration[24]. En 2007, Shalva Weil indique que « les membres plus âgés parlent encore l'ourdou ou lemarâthî. « Ils ne sont pas la plus intégrée de toutes les communautés d'Israël », note leDr Shalva Weil de l'Université hébraïque, un expert des Juifs dusous-continent »[47]. Le niveau d'éducation a cependant augmenté, et les mariages avec les membres d'autres communautés juives se sont fortement développés[5].

La communauté baghdadi

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Article détaillé :Juifs Baghdadi.
David Sassoon.

La communautéBaghdadi est une communauté de Juifsarabophones, surtout originaire d'Irak, fondée sur le commerce international. Elle a amorcé sa constitution auXVIIIe siècle autour du port deSurat (dans leGoudjerate, au nord de Bombay), avant de se développer auXIXe siècle àBombay puis àCalcutta. Elle disparaît quasiment dans le troisième quart duXXe siècle par émigration vers les pays anglo-saxons etIsraël.

Origine

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Garcia de Orta (1501-1568) rejoint en 1534Martim Afonso de Sousa (1500-1564), gouverneur des Indes (1534-1539, Capitão-mor do mar). Son long séjour a pu contribuer à favoriser aussi les commerçants d'origine juive portugaise, à Surate à partir de 1534 puis à Bombay dès 1554.

À compter duXVIIe siècle, des commerçants Juifs européens (souvent descendants de réfugiésséfarades d'Espagne) sont présents en Inde, en particulier àSurat[27], un peu au nord deBombay. Puis, au début duXVIIIe siècle, quelques commerçants juifs moyen-orientaux les rejoignent. Vers 1730, Joseph Semah, récemment installé à Surat est le premier commerçant juif arabophone connu à s'installer à Bombay[27].

À partir de 1760, le port deBassorah, dans le sud de l'actuelIrak, devient un centre important pour le commerce de laCompagnie anglaise des Indes orientales. Des Juifs irakiens, déjà impliqués dans les activités commerciales, profitent alors des routes commerciales de la compagnie pour renforcer leurs activités à travers l'océan Indien, et vers l'Inde en particulier[27]. Renouvelant ce qu'on pense avoir été à l'origine des communautés plus anciennes de l'Inde, certains de ces commerçants s'installent alors en Inde sur les traces de leurs quelques prédécesseurs, pour y développer leurs activités économiques.

Tombe de Shalom Aaron Obadiah Cohen, fondateur de la communauté juive baghdadi en Inde.

Dès la fin duXVIIIe siècle, une première communauté de commerçants juifs de langue arabe est installée en Inde. Placée sous la direction de Shalom Obadiah Ha-Cohen, d'Alep, en Syrie, elle regroupe des Juifs arabophones de l'Empire ottoman, venus surtout d'Irak, mais aussi deSyrie voire duYémen. Quelques Juifs non arabophones se joindront même à eux, provenant de Perse (Iran) ou d'Afghanistan[27]. Le terme deBaghdadi (« ceux de Bagdad »), plus rarementIraki, s'impose à cette époque du fait de l'origine dominante de ces marchands. La communauté essaime dans les grands ports marchands des côtes indiennes à partir deSurat, mais reste encore modeste à la fin duXVIIIe siècle. Elle aurait alors compté 95 commerçants (plus leurs proches) à Surat, disposant d'unesynagogue et d'uncimetière juif[27].

Développement

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La tombe de David Sassoon, à Pune.

Les ports qui attirent le plus ces commerçants à partir de Surat sont d'abordBombay puisCalcutta. De ce fait, le poids initial de Surat se restreint rapidement au bénéfice de ces deux nouveaux centres[27]. Dès la fin duXVIIIe siècle, les marchands juifs de Bombay prennent du poids dans le commerce international basé dans la ville, sous l'influence du plus important d'entre eux, Salomon Jacob[27]. Cette ville attire en premier lesBaghdadi, car Calcutta est totalement sous le contrôle des commerçants britanniques. ÀBombay, les circuits économiques sont plus ouverts, et lesBaghdadi vont rapidement prendre un poids important dans le commerce dutabac, dujute, ducoton, voire de l'opium (alors légal)[27].

Vers la fin des années 1820, les persécutions anti-juives de Daud Pacha[27], gouverneur ottoman mais semi-indépendant de Bagdad et d'une bonne partie de l'Irak amènent le départ de nombreux Juifs vers les pays avoisinants et l'Inde, une fuite encore renforcée par les destructions et l'épidémie qui accompagne le renversement de Daud Pacha par lesOttomans, en 1831. C'est dans ce cadre qu'en 1832 arrive à BombayDavid Sassoon[27] (Bagdad, 1792 -Pune (Inde), 1864), issue d'une riche famille de commerçants, qui deviendra le plus riche négociant de la communauté, et son principal dirigeant. La mort en 1834 de Salomon Jacob[27], responsable de la communauté depuis la fin duXVIIIe siècle favorisera l'ascension de lafamille Sassoon. Celle-ci restera la famille dominante de la communautéBaghdadi de Bombay jusqu'auXXe siècle.

Au début des années 1830, la population des Juifs arabes de Bombay est encore modeste, puisqu'elle ne compte que 20 ou 30 familles, très loin des Bene Israël, qui eux aussi sont en train de s'installer à Bombay et comptent déjà environ 2 000 personnes dans la ville[27].

L'arrivée des réfugiés d'Irak puis celle de nouveaux réfugiés persans chassés par lesconversions forcées de Meshed, en 1839[27], vont accélérer son expansion.

La synagogueMagen David, construite à Bombay par David Sassoon.

Commerçants avisés, lesBaghdadi deviennent dès la première moitié duXIXe siècle une des communautés les plus prospères de la ville[48] et y font œuvre de philanthropes. Les membres les plus connus de cette communauté sontDavid Sassoon (Bagdad, 1792 -Pune (Inde), 1864) et son filsAlbert Sassoon (Bagdad, 1818 -Brighton, 1896). La famille va également créer une banque renommée en Asie, et des activités non seulement à Bombay, mais aussi àCalcutta,Rangoon,Shanghai ouSingapour[27]. Les Sassoon sont aussi parmi les premiers à développer des activités industrielles dans la région, dans le domaine du textile[27]. « Comme lesRothschild, David Sassoon place […] ses nombreux fils dans différentes villes et pays »[27]. Preuve du succès de la famille, mais aussi de ses liens étroits avec l'administration britannique en Inde,Albert Sassoon devient chevalier de l'Ordre du Bain en1872 etBaronnet en1890.

L'un des descendants de la famille,Victor Sassoon (1881-1961), vécut àShanghai. De ce fait, il eut un rôle important dans le développement initial de Shanghai. Sa fortune lui permit également d'aider les milliers de Juifs qui purent se réfugier à Shanghai pendant laSeconde Guerre mondiale.

Très croyant, David Sassoon fait construire en 1861 la synagogueMagen David pour la communauté qui s'agrandit. Vers la même époque il multiplie le financement pour les activités religieuse, éducative ou d'aides sociales pour ses coreligionnaires plus défavorisés, surtout à Bombay, mais aussi dans d'autres communautés à travers l'Orient[27].

Dans la seconde moitié duXIXe siècle, lesBaghdadi renforcent leur implantation dans d'autres villes, en particulier Calcutta, qui devient progressivement leur plus grosse implantation, dominée par la famille des Ezra de Calcutta[27], mais aussi par d'autres familles de grands marchands, comme les Musleah, les Gubbay ou les Abraham. Ces grandes familles, qui ne sont d'ailleurs pas les plus nombreuses, beaucoup deBaghdadi restant modestes, sont généralement liées entre elles par les liens du mariage, mais peuvent aussi s'opposer entre elles en fonction des conflits de pouvoir ou de commerce. Avec le développement des Ezra de Calcutta, « une bonne partie de l'histoire de la communauté des JuifsBaghdadi tournera autour de l'acceptation ou du refus de [leur] domination »[27]. Vers la fin duXIXe siècle, lesBaghdadi sont environ 1800 à Calcutta[27]. Ils y ont deux synagogues importantes, la 'Beth-El' et la 'Maghen David', cette dernière étant financée par les Ezra qui sont également à l'origine du 'Ezra Hospital' et de l'école pour filles juives, deux institutions encore en activité. 'Ezra Street', àCalcutta, rappelle la mémoire de cette importante famille.

Avec le développement de leur implantation en Inde, lesBaghdadi apprennent les langues locales, mais de façon limitée, surtout pour le commerce. Au contraire desParadesi de Cochin, également originaires (au moins en partie) du Moyen-Orient, et qui s'acculturent au point d'adopter lemalayalam comme langue natale. Lorsque dans la seconde moitié duXIXe siècle l'arabe régresse chez lesBaghdadi, c'est au profit de l'anglais[27].

Relation avec les Bene Israël

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Lors de l'arrivée desBaghdadi à Bombay, les Bene Israël avaient déjà une synagogue et un cimetière juif, qui furent également utilisés par le petit groupe d'arrivants arabophones[48].

Cependant, les Bene Israël, du fait de la longue et quasi-disparition de toute forme de judaïsme orthodoxe, sont regardés avec une certaine méfiance. Dès que la communautéBaghdadi de Bombay atteint une certaine importance, en1836[27], elle demande donc (David Sassoon fait partie des dix signataires[27]) aux autorités « la permission de construire un mur de division à l'intérieur du cimetière commun, sur la justification qu'ils [lesBaghdadi] avaient des usages différents de ceux des Bene Israël, mais cette requête fut refusée. Plus tard, lesBaghdadi se firent donner un terrain par la municipalité de Bombay pour un cimetière séparé »[48].

Comme lors de l'arrivée des Juifs blancs à Cochin, les différences d'origine, de culture et de statut social encouragent les structurations en communautés séparées, non dénuées d'attitudes dévalorisantes. Ainsi, lesBaghdadi de Bombay n'autorisent pas les mariages entre leurs enfants et ceux de la communauté Bene Israël, ils ne consomment pas de nourriture préparée par un membre de cette communauté et refusent de compter un Bene Israël comme élément duminiane, les dix hommes nécessaires pour commencer une prière. LesBaghdadi considèrent en fait les Bene Israël comme des Juifs impurs.

En 1854, le voyageurIsrael Joseph Benjamin publieUn an de séjour aux Indes orientales (1849-1850)[49], dans lequel il indique que les Juifs « babyloniens » (selon son expression) de Bombay ont mis à la disposition des Bene Israël des responsables religieux, mais qu'ils ne les considèrent pas vraiment comme Juifs, refusant en particulier de se marier avec eux, alors que les Bene Israël souhaiteraient au contraire renforcer leurs liens avec les « Babyloniens »[49],[27]. Malgré les déclarations de I. J. Benjamin, Joan G. Roland considère que lesBaghdadi n'ont jamais officiellement et clairement refusé le judaïsme des Bene Israël, mais ont plutôt entretenu le doute à leur sujet. Elle note ainsi que les questions posées auxrabbins deBagdad etJérusalem sur l'autorisation ou non de se marier avec des Bene Israël furent assez nombreuses, indice que la question ne fut jamais très clairement tranchée de leur point de vue[27].

LesBaghdadi de Bombay influencent cependant la vie de la communauté Bene Israël, favorisant ses contacts avec les communautés juives extérieures à l'Inde ou lui fournissant des cadres religieux ou des livres. En 1859, Rabbi shmuel Abe deSafed note que lesBaghdadi aident les Bene Israël, et leur permettent d'avoir une observance des lois religieuses de bonne facture, et en 1870 les responsables religieuxséfarades etashkénazes des villes saintes deSafed etTibériade reconnaissent que lesB'nai Yisroel sont « Juifs dans tous les sens » du terme, ce qui provoque un débat animé après la publication de l'avis rabbinique dans un journalBaghdadi[27], mais sans lever finalement les préventions.

Émigration vers Israël

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La communautéBaghdadi comptait, à son apogée dans lesannées 1940, quelque 7 000 membres. Cependant, après une forte émigration versIsraël et les pays anglo-saxons dans le troisième quart duXXe siècle, elle est presque éteinte au début duXXIe siècle, avec moins de 50 personnes.

Autres groupes se réclamant du judaïsme

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Si les groupes précédemment cités sont les seuls à avoir eu une vie juive historiquement identifiée en Inde, deux groupes aux origines obscures ont récemment revendiqué leur appartenance au judaïsme.

Bnei Menashe

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Le drapeau des Bnei Menashe.
Unesynagogue Bnei Menashe.
DesBnei Menashe lors des fêtes dePurim, enIsraël.

LesBnei Menashe (en) (« enfants de Menashe », hébreuבני מנשה) sont un groupe deMizo habitant le nord-est de l'Inde, sur la frontièreBirmane, auManipur et auMizoram, qui a commencé à s'intéresser aujudaïsme dans les années 1950. La référence que le groupe fait à latribu de Manassé vient de la proximité avec le nom de « Matmase, un ancêtre que l'on appelait à l'aide, autrefois, dans les situations difficiles ou au cours des cérémonies religieuses »[50].

Cette région du pays a été rattachée à l'empire des Indes par lacouronne britannique, mais ne relève pas historiquement de la culturehindoue. Le rattachement de cette région à l'Inde est donc plus politique que culturel. Dans ces régions de montagne, les populations ont été christianisées dans la première moitié duXXe siècle par les missionnaires britanniques.

C'est dans les années 1950 qu'un groupe du peupleMizo a affirmé trouver des correspondances entre certaines coutumes Mizo et les coutumes juives décrites dans l'Ancien Testament chrétien auquel ils avaient dorénavant accès. La connaissance de laBible chrétienne semble en effet avoir joué un rôle important dans la redéfinition « juive » de l'identité du groupe. « Dans cette région où chacun connaît laBible sur le bout des doigts, la plupart disent en effet avoir abandonné lechristianisme en raison de ses "inconsistances". « L'Église ne suit pas ce que dit la Bible, accuse ainsi Abraham Fanai, propriétaire d'une petite échoppe de trottoir. Le Livre parle d'un seul Dieu, mais à la messe on nous parle de Trinité. Jésus célébraitsabbat, mais les chrétiens prient le dimanche" »[50]. Ainsi « dans les années 1950, un villageois du nord du Mizoram, Chala, a eu un rêve dans lequel Dieu lui aurait promis de ramener les enfants de Matmase enIsraël. Le mythe de la tribu perdue était né »[50]. Ce groupe s'est alors proclamé descendant des Hébreux de latribu de Manassé. « Ce n'est toutefois que dans les années 1970 que de plus en plus de Mizo se sont mis à pratiquer le judaïsme »[50]. Le groupe s'organise alors de façon plus structurée, et apprend les bases duJudaïsme orthodoxe.

À compter du début des années 1990, desrabbins acceptent de convertir des membres du groupe, et les premières émigrations vers Israël commencent en 1994. Entre la fin des années 1990 et 2003, le gouvernement israélien a accepté l'immigration de 100 convertis par année, freinant délibérément l'immigration devant la crainte de voir les conversions devenir un moyen d'immigration économique en Israël.

Les nouveaux immigrants se sont souvent installés dans desimplantations israéliennes, en particulier àGaza, alimentant l'hostilité des mouvements palestiniens et même d'Israéliens défavorables aux implantations juives. Ces derniers ont souvent accusés le campnationaliste religieux de soutenir la conversion desBnei Menashe pour des raisons politiques : le renforcement des implantations juives. Le premier rabbinBnei Menashe régulièrement ordonné est d'ailleurs Yehuda Gin, qui vit au sein de l'implantationsioniste religieuse deHébron depuis le début des années 1990[50].

En 2005, les 146 Bnei Menashe vivant dans labande de Gaza[51] ont dû quitter celle-ci lors de l'évacuation de ses colonies juives[52].

« En 2003, le ministère israélien de l'intérieur a […] interdit toute nouvelle immigration, en attendant de vérifier la filiation juive[50]. »

« En mars 2005, après avoir étudié la question, le grand rabbinséfarade d'Israël,Rabbi Shlomo Amar, a formellement identifié le Bnei Menashe en tant que « descendants d'Israël », confirmant leur revendication à une ascendance juive[53] ». Le gouvernement israélien reste cependant réservé. Ainsi, en août 2005, plusieurs mois après la décision du grand rabbinat (qui en droit ne s'impose pas à l'État d'Israël),« l'ambassade d'Israël de New Delhi, […] continue d'affirmer que “cette histoire n'est pas claire du tout” »[50] ».

Autre cause de l'arrêt de l'immigration, les conversions ont pratiquement cessé devant l'opposition du gouvernement indien à tout prosélytisme religieux venu de l'étranger. En novembre 2005, le gouvernement israélien a d'ailleurs accepté sous la pression du gouvernement indien de retirer ses « missionnaires », et les rabbins israéliens qui convertissaient lesBnei Menashe quittent le pays.

Fin 2006, un groupe de 218 personnes[53] récemment converties lors d'une visite derabbins enInde a cependant pu immigrer.

Environ 1 000 Bnei Mensashe[53] vivent fin 2006 enIsraël, officiellement convertis. Sept mille autres[54] vivent toujours dans leMizoram, attendant une conversion officielle.

Début 2007, la situation desBnei Menashe semble bloquée : le gouvernement israélien refuse en effet leur immigration avant conversion, et le gouvernement indien refuse que des religieux viennent de l'étranger pour les convertir, au nom de la lutte contre leprosélytisme, une question sensible en Inde, même si elle vise généralement plutôt les missionnaires chrétiens. Le refus des rabbins étrangers est d'ailleurs soutenu par les organisations dechrétiens évangéliques Mizo[55], dont certains pasteurs critiquent « le travail des démons qui tentent d'égarer les esprits »[50].

Shavei Israel, une organisation israélienne consacrée à l'aide auBnei Menashe et dirigée par Michaël Freund, éditorialiste auJerusalem Post, fait unlobbying incessant en faveur de l'immigration desBnei Menashe. L'association a ainsi obtenu à l'été 2007 un assouplissement de la position du gouvernement israélien. Celui-ci a accepté de faire venir en août 2007, 118 Bnei Menashe avant leur conversion (à laquelle s'oppose le gouvernement indien), sous simple visa de tourisme. « Ils passeront les mois à venir à étudier l'hébreu et lejudaïsme sous les auspices deShavei Israel, avant de subir une conversion formelle par le grand rabbinat ». Cent treize autres doivent les rejoindre rapidement, ce qui en fait le plus important groupe à immigrer en si peu de temps[56].

Début 2010, le gouvernement israélien a annoncé vouloir favoriser l'émigration de la communauté restée en Inde, soit quelque 7 300 personnes. Près de 1 700 vivaient déjà en Israël à cette date[57]. L'émigration serait précédée d'une conversion officielle par le grand rabbinat israélien, tenue auNépal pour contourner le refus indien des conversions[58]. En pratique, la situation est restée bloquée, jusqu'à une nouvelle décision en octobre 2012, et une reprise progressive de l'immigration début 2013[59].

Les controverses autour de la réalité du judaïsme desBnei Menashe restent vives en Israël, expliquant que les annonces gouvernementales ne soient pas toujours suivi d'effets. De fait, « l'immigration des Bnei Menashe a été entièrement organisée et financée par un organisme privé -Shavei Israël, organisation sans but lucratif, qui vise à rassembler les groupes d'ascendance juive en Israël et à les reconnecter au judaïsme. [Son] fondateur Michael Freund, [...] ancien conseiller du Premier ministreBenjamin Netanyahu, s'est presque à lui seul chargé de ramener leBnei Menashe en Israël. Son organisation leur a fourni une éducation juive en Inde, les a convertis selon les normes orthodoxes et les amènent en Israël, où ils ont d'abord été installés dans les colonies de Cisjordanie »[60]. Mais si Freund et ses soutiens, comme le grand rabbin sépharade, ont une influence certaine, ils rencontrent aussi de fortes oppositions, en particulier, mais pas uniquement, à gauche. La question de l'émigration en Israël de toute la communauté reste donc soumis aux rapports de force politiques du moment.

En 2015, 3 000 Bnei Menashe ont émigré vers Israël[1].

Au printemps 2023, des violences interethniques touchent la communauté des Bnei Menasche restée en inde, dont un membre est tué et dix autres portés disparus[61]. Le 1er janvier 2024, sept membres de la communauté ont été tués lorsque leur synagogue a été touchée par une roquette[62].

En novembre 2025, le gouvernement israélien approuve une proposition du Premier ministreBenyamin Netanyahou Visant à accélérer l’installation en Israël de la communauté des Bnei Menashe, dans un contexte de tensions ethniques dans les régions deManipur et deMizoram. 1 200 membres de cette communauté immigreraient d’ici la fin 2026 et 5 800 autres d’ici 2030. Ainsi, après les précedentes immigrations, ce serait l’ensemble de la communauté des Bnei Menashe en Israël qui serait réunie en Israël[63].

Bene Éphraïm

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LesBene Éphraïm (en) (ou Juifs Télougou), sont un petit groupe parlant letélougou unelangue dravidienne ayant le statut delangue officielle et vivant dans l'Andhra Pradesh unÉtat de l'Inde, dont l'observance dujudaïsme date de1981.

Ils ont été convertis auchristianisme auxXIXe siècle, mais affirment avoir des origines juives.

En 1981, une cinquantaine de familles ont décidé de pratiquer lejudaïsme, et d'apprendre l'hébreu. Ils ne sont pas reconnus comme juifs par Israël ou les autres communautés indiennes[64].

Annexes

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Articles connexes

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Bibliographie

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Liens externes

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Notes

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  1. Le terme « Juif » est assez tardif et peu utilisé par la Bible.

Références

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  1. a etb« Un état indien accorde le statut de minorité aux Juifs », surThe Times of Israel,
  2. abcdefghijklmno etp(en)The Bene Israel of India: some studies [liengoogle book], 1984, par Benjamin J. Israel,pages 30 à 34.
  3. ab etc(en)Who are the Jews of India? [liengoogle book], 2000, Par Nathan Katz, éditionsUniversity of California Press,(ISBN 0520213238),pages 14 et suivantes.
  4. abcdefghijklm etn(en)The Syrian Church in India,chapitreXCochin Jews,pages 131 à 153, George Milne Rae (FELLOW OF THE UNIVERSITY OF MADRAS ; LATE PROFESSOR IN THE MADRAS CHRISTIAN COLLEGE), W. Blackwood, 1892.
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