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Histoire des Juifs en France

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Juifs en France
`
Synagogue de la Victoire ou Grande Synagogue de la Victoire,rue de la Victoire.
Données clés
ReligionJudaïsme
PaysDrapeau de la FranceFrance
Date (1er contact)voirhistoire des Juifs en Gaule jusqu'à l'époque carolingienne
ReprésentationConsistoire central israélite de France
Président de la représentationÉlie Korchia
Autre représentationConseil représentatif des institutions juives de France
Grand rabbinHaïm Korsia
Langue traditionnelleHébreu,yiddish,ladino et d'autreslangues juives (les plus menacées et certaines maintenant disparues)
Langue liturgiqueHébreu etaraméen
Langue parléeFrançais,hébreu,judéo-arabe,yiddish etrusse
Nombre de synagogues500 (environ)
Population juive450 000 - 650 000
(2012)
Localité significativeParis,Marseille,Lyon,Strasbourg,Toulouse
GroupesSéfarade,Mizrahim,Ashkénaze et autres
CourantsHarédis,Loubavitch,orthodoxes,consistoriaux,massorti,libéraux,Juifs athées, autres
Histoire
17 septembre1394Expulsion des Juifs du royaume de France
28 septembre1791La citoyenneté est accordée aux Juifs de France
1860Création de l'Alliance israélite universelle
24 octobre1870Décret Crémieux
1894 à1906Affaire Dreyfus
1940 à1945Shoah en France
1948 à1967environ 235 000 Juifs d'Afrique du nord s'établissent en France.
etAttentats de Toulouse etAttentat de l'Hypercacher

Voir aussi

v ·m
Type dereligions
Histoire
Avant 1789
Après 1789
Voir aussi
Histoire du judaïsme parpays
 
Asie
 
 
Amérique
 
Océanie
 
Données clés

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L’histoire des Juifs en France, ou sur le territoire lui correspondant actuellement, semble remonter auIer siècle et se poursuit jusqu’à nos jours, ce qui en fait l’une des plus anciennes présences juives d’Europe occidentale.

Arrivés enGaule peu après sa conquête parRome, des Juifs s’y maintiennent sous lesMérovingiens et connaissent une période de prospérité sous lesCarolingiens. AuXIe siècle, la France est un lieu de la culture juive, abritant dans la moitié nord des communautésashkénazes parmi lesquelles fleurissent en Champagne l'école deRachi et de sescontinuateurs, et, au sud, lesJuifs de Provence et du Languedoc. La situation se détériore fortement après lescroisades auxquelles font suite lesprocès du Talmud et les expulsions, temporaires puis définitives. Un millénaire après leur établissement, il ne reste plus de Juifs dans leroyaume de France. Seuls subsistent alors comme communautés importantes, hors les frontières du royaume, lesJuifs des États papaux et lesJuifs alsaciens.

Environ un siècle après l’expulsion des Juifs de la péninsule ibérique, descrypto-Juifs originaires du Portugal s’installent àBordeaux etBayonne. AuXVIIe siècle, les Juifs d’Alsace et de la Lorraine des Trois Évêchés se retrouvent eux aussi sous la juridiction de la France, à la suite destraités de Westphalie.

Les Juifs de France sont les premiers à jouir del’émancipation que la France leur accorde au début de laRévolution française, tant dans la métropole que dans les colonies. Cependant, au « franco-judaïsme » s'inscrivant dans le cadre de lalaïcité en France répond un« antisémitisme à la française » qui s’exacerbe notamment lors de l’affaire Dreyfus, puis dans lesannées 1930, pour ensuite s’institutionnaliser sous lerégime de Vichy. Brutalement isolés du reste de la population et poursuivis avec un zèle particulier par laPolice aux questions juives et laMilice, 75 000 Juifs meurent au cours de l’Occupation, majoritairement des réfugiés d’Europe de l’Est ou d’Allemagne, mais aussi 24 000 Juifs français[1] (~10 % des Juifs français de Métropole).

La France demeure cependant le choix naturel pour nombre de Juifs contraints de quitter l’Égypte et l’Afrique du Nord dans lesannées 1950 et1960. La communauté juive de France, jusqu’alors essentiellementashkénaze et assimilée, devient majoritairementséfarade et attachée aux traditions. Elle est, de nos jours, la plus importante d’Europe et comprend entre 450 000[2] et 550 000 personnes, dont environ 70 % sont originaires dumonde arabe[3], qui habitent principalementParis et la région parisienne (275 000),Marseille (70 000),Lyon (25 000),Toulouse (23 000),Nice (20 000) etStrasbourg (16 000)[4]. Tous les types de relation avec la religion juive s’y rencontrent, depuis lesJuifs ultra-orthodoxes jusqu’auxJuifs assimilés, qui n'entretiennent aucun rapport avec la Synagogue.

Toutefois, dans lesannées 2010, la communauté juive doit faire face à une nouvelle vague d'antisémitisme qui prend sa source dans l'islam radical et se traduit par des actions meurtrières, dont les plus marquantes sont latuerie de Toulouse en et laprise d'otages du magasin cachère de la porte de Vincennes en. Lors de l'élection présidentielle de 2017,« la montée des extrêmes », confirmée en2022, exacerbée à partir du7 octobre 2023, y suscite une forte inquiétude.

Premier millénaire

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Article détaillé :histoire des Juifs en Gaule jusqu'à l'époque carolingienne.

Époques gallo-romaine et mérovingienne

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Lampe à huile d'Orgon (Ier siècle), le plus vieilartefact juif connu en France[N 1].

Le premier Juif célèbre ayant vécu en Gaule seraitHérode Archélaos, fils d’Hérode le Grand, exilé parAuguste àVienne en l’an 6[5]. Divers vestiges, retrouvés pour la plupart dans lavallée du Rhône, attestent de la présence juive auIer siècle, parmi lesquels une lampe à huile ornée du chandelier à sept branches découverte en 1967 àOrgon[6],[7].

Le a été découvert dans le quartier deTrinquetaille à Arles le sarcophage de Pompeia Iudea daté duIIIe siècle qui constitue la plus ancienne attestation archéologique connue d'une présence juive sur le territoire de la France actuelle[8],[9].

La destruction duSecond Temple de Jérusalem en 70 favorise ladiaspora de Juifs hellénisés autour dubassin méditerranéen, notamment dans les cités deGrèce, d'Égypte, deCarthage, d'Anatolie mais aussi deRome. Les juifs romains deviennent des citoyens à part entière depuis la promulgation de l'édit de Caracalla en 212 et peuvent désormais s'installer où bon il leur semble. C'est ainsi qu'ils empruntent probablement la voie maritime et fluviale (notamment lavallée du Rhône) pour s'établir dans le Sud de laGaule sous administration romaine[10]. Ils jouissent, en vertu de la loi romaine et de cet édit, du même statut que leurs concitoyens et semblent avoir entretenu des relations cordiales avec ceux-ci, même après l’établissement duchristianisme en Gaule[11].

Inscription funéraire juive àNarbonne (689), qui indique : « Ici reposent en paix les bienheureux trois enfants du seigneur Paragorius, fils de feu Sapaudus ; c’est-à-dire Justus, Matrona et Dulciorella, qui vécurent : Justus 30 ans, Matrona 20 ans, Dulciorella 9 ans. Paix sur Israël [Ps. 125,5 et 128,6]. Ils moururent la deuxième année du seigneurEgica roi » [roi wisigoth, soit entre le et le][12].

LaVita Sancti Hilarii rapporte que des Juifs assistent en 449 aux obsèques de l'archevêque d'ArlesSaint-Hilaire, y récitant en pleurant desélégies hébraïques. Lorsque la ville d'Arles, possession desWisigoths, est assiégée en 508 par lesFrancs et lesBurgondes, une partie des murailles est confiée aux Juifs selon laVita Cesarii Episcopi[13].

Les interdits prescrits auconcile de Clermont en 535 (exclusion des Juifs des emplois publics) et auconcile d'Orléans en 538 (interdiction desmariages mixtes) restent inégalement appliqués[14], comme le montrent la multiplication desconciles à ce sujet.

Les mesures de ségrégation et de protection contre leprosélytisme juif n'empêche pas qu'auVIe siècle, les communautés juives ont édifié dessynagogues dans les centres administratifs romains situés sur de grandes routes commerciales, tels que Marseille,Arles,Uzès,Narbonne,Clermont,Orléans, Paris et Bordeaux.

À la fin duVIe siècle, les Juifs peuvent connaître des situations très diverses :Grégoire de Tours en fait deshérétiques aux multiples défauts[15] ; il raconte qu'en576, une émeute détruit lasynagogue de Clermont de fond en comble, à la suite de quoi les Juifs de la ville acceptent lebaptême[16]. Inversement, le Juif de Paris Priscus, conseiller du roiChilpéricIer (525 ? -584), refuse laconversion, sans dommage pour lui mais ensuite le roi exige la conversion de tous les Juifs parisiens[17],[18] et plus tard, d'autres de son royaume, afin de « garantir leurSalut »[19]. Auhaut Moyen Âge, ainsi que le montreBernhard Blumenkranz, la population chrétienne paraît généralement coexister avec les Juifs sans grand problème. Parfois même, elle les soutient. Lorsque le Juif Priscus est tué à Paris, en582, par Pathir, devenu chrétien depuis peu et parrainé par Chilpéric, Pathir doit se réfugier avec ses esclaves ou domestiques dans l'église Saint-Julien-le-Pauvre. Il réussit à s'enfuir mais l'un de ses serviteurs est sauvagement tué par la foule[20].

L'évêque de Tours rapporte dans sonHistoire des Francs qu'ils sont bateliers, médecins, prêteurs d'argent, gestionnaires (notamment pour le compte d'abbayes)[21], fabricants desavon de Marseille ou commerçants decorail ouvré, devin casher, de draps, d'huiles et fruits secs provençaux[22].

Période carolingienne

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Les Juifs disposent d'un statut relativement favorable sous le règne deCharlemagne. Ils accèdent à de hautes fonctions. Charlemagne emploie par exemple un Juif pour rapporter dePalestine des marchandises précieuses.Un autre Juif du nom d'Isaac est envoyé par Charlemagne en797 avec deux ambassadeurs chezHâroun ar-Rachîd[23]. C'est lui qui, de retour en 802 àAix-la-Chapelle, remet à l'empereur les cadeaux reçus d'Haroun ar-Rachid, parmi lesquels un éléphant[16].

L'Empire carolingien comptait de nombreuses communautés juives, qui disposaient de leurs propres écoles et jouissaient de la protection de l'empereur[24].Alcuin etRaban Maur consultent des savants juifs dans le cadre de leurs travaux exégétiques et le médecin deCharlesII le Chauve, Sdéchias, était juif[25].Louis le Pieux (814-833) est fidèle aux principes de son père et accorde une stricte protection aux Juifs en raison de leurs activités de négociants[26].

AuVIIIe siècle, le commerce entre l'Occident et l'Orient ne se fait plus que par les négociants juifs, seuls liens entre l'islam et la chrétienté après la conquête de l'Espagne par les Arabes[27]. Il est permis de penser que les marchands juifs sont ces Juifs ditsradhanites, grands voyageurs, hommes de profonde culture et parlant de nombreuses langues, qui maintiennent le contact entre l'Orient et l'Occident[16],[28].

Néanmoins, à partir du milieu duIXe siècle, plusieurs conciles tendent à restreindre la liberté des Juifs et à diffuser l'idée que les Juifs sont toujours susceptibles de trahir : tandis qu'à Bordeaux on soupçonne les Juifs d'avoir livré la ville aux Vikings en 848,Hincmar de Reims accuse le médecin juif deCharlesII le Chauve de l'avoir empoisonné[29].

Premiers Capétiens (987-1096)

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Premières persécutions

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Articles détaillés :Histoire des Juifs en Alsace etHistoire des Juifs en Provence et au Languedoc.

La vie relativement paisible des Juifs sous les Carolingiens entraîne le développement de nouvelles communautés notamment àToulouse,Carcassonne,Chalon-sur-Saône,Sens etMetz[30]. Mais le pouvoir des Carolingiens s'effrite vite et le sort des Juifs devient complètement dépendant du bon vouloir du pouvoir local. En 987,Hugues Capet est le premierCapétien à monter sur le trône de France. LeXIe siècle voit les premières persécutions antijuives en France et dans tout l'Occident[31].

En1010, Alduin,évêque deLimoges[32], offre aux Juifs de son diocèse le choix entre lebaptême et l'exil. Puis, en Normandie, le ducRobertIer se serait concerté avec sesvassaux pour que tout Juif qui n'accepterait pas le baptême sur leurs terres soit éliminé. La menace est mise à exécution tandis que de nombreux Juifs se suicident[32]. Selon les chroniqueursAdémar de Chabannes puisRaoul Glaber, qui accréditent de faux courriers entre juifs et musulmans, les Juifs d'Occident auraient prévenu les musulmans d'expéditions chrétiennes contre eux puis les auraient incités à détruire leSaint-Sépulcre. Glaber ajoute qu'à la découverte de ce « crime », l'expulsion des Juifs fut partout décrétée. De nouveaux troubles se produisent aux alentours de1065. Puis lescombats contre les Maures en Espagne fournissent un nouveau prétexte au massacre de Juifs, bien que lepapeAlexandreII condamne ces tueries[32].

D'autres régions de la France actuelle restent cependant plus accueillantes pour les Juifs : sous les comtes deChampagne, dont la province n'est rattachée au domaine royal qu'à la mort dePhilippe le Bel, une communauté juive intellectuellement brillante prospère àTroyes. C'est aussi aux alentours de l'an mil que se constitue la communauté juive alsacienne[33]. Quant au Midi, de 1000 à 1300, il connaît un véritable « âge d'or » dans des villes commeNarbonne,Lunel ouMontpellier[34]. Les Juifs habitent dans un quartier séparé àNîmes,Montpellier,Narbonne,Toulouse et durant lasemaine de Pâques, les habitants peuvent leur jeter des pierres dans les rues de Béziers. Dans cette dernière ville ou à Toulouse notamment, ils doivent subir chaque année depuis leXIe siècle lacolaphisation (soufflet) à l'église[31],[34],[35],[N 2].

Littérature juive en France et Rachi

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Rachi selon une gravure hollandaise duXVIe siècle.
Articles détaillés :Rachi,Synagogue Rachi de Troyes etTossafistes.

La tranquillité qui règne encore en Champagne permet l'essor d'une littérature juive française, particulièrement de lapoésie liturgique où sont évoqués les souffrances d'Israël et son espoir invincible. Puis vient l'exégèse biblique, l'interprétation simple du texte, reflétant une foi complète dans l'interprétation traditionnelle, et fondée de préférence sur leMidrash. Mais c'est surtout leTalmud et ses commentaires qui sont les plus étudiés. Ce texte ainsi que les écrits desGueonim, en particulier leurresponsa, ont été révisés et copiés puis traités comme un code de droit, commentés et étudiés, autant pour faire un exercice de dialectique que pour réfléchir à leurs conséquences pratiques[36].

Le plus fameux savant du début duXIe siècle,Rabbenou Guershom (960-1028), vit entreMetz etMayence. C'est un des premiers docteurs de la loi ashkénazes. Il interdit lapolygamie et la répudiation de l'épouse sans son consentement. Bien qu'il ait enseigné à de nombreux élèves dontEliahou du Mans, son véritable successeur est l'illustreRachi, né 12 ans après la mort de Guershom. À la même époque,Joseph Bonfils, rabbin dans le Limousin et en Anjou, crée la première union régionale de communautés juives[37].

La grande figure qui domine la deuxième moitié duXIe siècle et tout le judaïsme français est Salomon ben Isaac, ditRachi deTroyes (1040-1106)[N 3]. Il incarne le « génie » dujudaïsme de la France du Nord, son attachement à la tradition, sa foi tranquille, sa piété, ardente mais sansmysticisme, reflet de sa fonction de rabbin à Troyes et de son métier de vigneron. Son commentaire de la Bible (particulièrement duPentateuque) est une exégèse simple et naturelle[36]. Ses commentaires du Talmud, souvent ponctués de mots français transcrits en caractères hébreux, sont une source majeure d'information sur le français duXIe siècle, à tel point que Rachi a été qualifié de« tout premier intellectuel français »[38].

L'école talmudique qu'il fonde àTroyes, après avoir suivi les enseignements des rabbins deWorms et deMayence, devient immédiatement célèbre. Il enseigne àRashbam et à Rivam, ses petits-fils, et àSimha ben Samuel de Vitry, le compilateur du plus ancienMahzor encore conservé, leMahzor Vitry[39] ; il est à l'origine de l'école destossafistes qui fait jusqu'auXIVe siècle la réputation du judaïsme français.

Après avoir citéRachi, le président de la République,Emmanuel Macron, rend hommage aux rabbins français du Moyen Âge en citant quelques-uns dans son discours du auConseil représentatif des institutions juives de France (CRIF)[N 4].

Première croisade et leXIIe siècle

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Stèles funéraires juives médiévales -Musée Carnavalet (Paris)

AuXIe siècle, le récit du chroniqueur Raoul Glaber, qui accrédite l'idée d'uncomplot des Juifs d'Orléans pour faire détruire leSaint-Sépulcre, a des conséquences graves pour les Juifs malgré son« invraisemblance »[55]. Même si les Juifs de France semblent avoir un peu moins souffert des croisades que leurs coreligionnaires allemands, lapremière croisade prêchée parPierre l'Ermite est un désastre pour eux[30]. Les croisés enferment les Juifs deRouen dans une église et exterminent, sans distinction d'âge ou de sexe, tous ceux qui refusent lebaptême. Ces massacres sont rappelés dans laliturgie juive commeGzeirot Tatnav (גזירות תתנו). Les Juifs d'Orléans et de Limoges sont également chassés de leur ville[56].

Les massacres les plus importants ont lieu dans lavallée du Rhin : des milliers de Juifs sont tués par les croisés et des communautés entières disparaissent alors. À Strasbourg, les Juifs sont attaqués en 1146 après le prêche de la croisade par un moine appeléRadulph[57].

LaSynagogue aux yeux bandés, portant une lance et les Tables de la Loi brisées (cathédrale de Strasbourg) –XIIIe siècle.
Article détaillé :Persécution des juifs pendant la première croisade.

À l'époque des croisades (1096-1099 pour lapremière, 1147-1149 pour ladeuxième) se développent deux desallégations les plus courantes de l'antisémitisme chrétien, à savoir que les Juifs se livreraient à des « meurtres rituels » et pratiqueraient couramment l'usure[58]. L'accusation de meurtre rituel est liée à la volonté prêtée aux Juifs de répéter lacrucifixion en tuant des chrétiens. De telles accusations deviennent fréquentes à la fin duXIIe siècle et aboutissent en 1171, àBlois, à l'envoi au bûcher de 31 Juifs[59].

Quant à l'accusation d'usure, elle vient de ce que leprêt à intérêt, assimilé à l'usure, est interdit aux chrétiens mais pas aux Juifs (ni auxLombards) et donc que les Juifs deviennent souvent les banquiers des riches comme des pauvres. L'accusation d'usure permet aux emprunteurs de s'affranchir de leurs dettes[60]. À ce propos, le philosopheAbélard dans sonDialogue d'un philosophe avec un juif et un chrétien, fait dire au Juif qu'il fait parler dans cet ouvrage, qu'il ne peut posséder ni champ ni vigne ni aucune terre, et que c'est pour cette seule raison qu'il est contraint de pratiquer l'usure[61].

Malgré l'hostilité qui les entoure, les Juifs duXIIe siècle ont une vie spirituelle active. L'école destossafistes se développe enChampagne, notamment àRamerupt autour deRabbenou Tam, un des petits-fils de Rachi, mais aussi enBourgogne, à Paris et enNormandie. Des réunions de rabbins venant de France ou des bords du Rhin sont même organisées à Troyes, où il y a deux synagogues[30], par Rabbenou Tam[62].

De même, leSud de la France connaît une vie juive florissante, illustrée par lesTibbonides, et ce malgré quelques manifestations antisémites[63].

Article détaillé :Histoire des Juifs en Provence et au Languedoc.
La Synagogue vaincue, les yeux bandés par un serpent menaçant, àNotre-Dame de Paris.

EnAlsace, siBenjamin de Tudèle parle de plusieurs Israélites « sages et riches » à Strasbourg, l'Église propage une image dévalorisante des Juifs comme en témoigne un peu plus tard la célèbre statue de la Synagogue aux yeux bandés et à la lance brisée, au portail sud de lacathédrale de Strasbourg[64].

Article détaillé :Histoire des Juifs en Alsace.

Cette image est similaire à celle qu'ont les Parisiens : le portail central de la façade principale de lacathédrale Notre-Dame de Paris est entouré de deux statues, l'une représentant l'Église triomphante et l'autre la Synagogue vaincue — reconstituée parViollet-le-Duc après sa destruction à la Révolution —, aux yeux voilés par un serpent (en guise de bandeau)[N 5], à la lance brisée, à la couronne tombée au sol et auxTables de la Loi abaissées[65],[66],[67].Ecclesia et Sinagoga aveuglée est un thème récurrent de lathéologie de la substitution (supercessionisme) où le christianisme, « véritable Israël », remplace le judaïsme, et où laNouvelle alliance marque sa supériorité sur l'Ancienne, et utilise divers supports iconographiques pour le montrer[68]. Au fil du temps, l'image de la Synagogue devient de plus en plus dévalorisante, jusqu'à se confondre avec celle dudiable auXVe siècle[69]. La présence dans le parallélisme qui existe entre cetteallégorie et celle opposée de la digne Église indique toutefois l'importance de la communauté juive parisienne auXIIIe siècle lors de l'édification de la cathédrale[70],[N 6].

D'autres versions de même acabit sont présentes dans les cathédrales deReims, deBordeaux, deMetz, ou encore, en Angleterre et en Allemagne, des villes où vivent de nombreux Juifs[71],[68].

Article détaillé :Ecclesia et Synagoga.

Expulsions et retours

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Expulsion et rappel par Philippe Auguste

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Expulsion des Juifs (portantrouelle) en 1182. Miniature desGrandes Chroniques de France.

À la fin duXIIe siècle, l'activité économique se développe et Paris connaît un grand essor auquel les Juifs participent. La population chrétienne en vient vite à les jalouser etPhilippe Auguste, roi à 15 ans en 1180, entend ces plaintes. Il voit en eux des ennemis de la foi et des concurrents dangereux pour la toute nouvelle bourgeoisie commerçante. Le, un édit du souverain dépouille les Juifs de tous leurs biens et les contraint à quitter le domaine royal. Les synagogues du domaine royal sont détruites ou transformées en églises, comme celle de Paris située dans la Cité dont il ne reste aucune trace[72],[N 7], les biens des Juifs redistribués à des nobles ou à des corporations. Philippe Auguste inaugure alors un modèle d'expulsion-spoliation des Juifs qui va se répéter à de nombreuses reprises dans l'histoire. Les Juifs émigrent au plus près, hors du domaine royal, en Champagne ou enBourgogne, mais aussi plus au sud en Provence. Cette première expulsion apprend à la communauté à ne pas investir en biens immobiliers mais à se contenter de numéraire et de bijoux négociables et transportables[30].

Édit du roiLouisVII le Jeune, bannissant du royaume les juifsrelaps sous peine de mutilation ou de mort, Paris (1144-45)

En 1198, Philippe Auguste rappelle les Juifs. Il ne prend pas cette décision par une compassion tardive mais par un intérêt bien compris car les Juifs, par leur métier de prêteurs, contribuent à l'essor économique du Royaume[73]. De plus, un impôt spécial frappe chacune de leurs transactions[30]. Ce rappel des Juifs dans le Royaume s'accompagne d'un accord réciproque d'extradition des Juifs avec le comteThibautIII de Champagne[74]. Enfin, le roi fait des Juifs desserfs de la Couronne[75], les privant ainsi de la protection de l'Église. Ils sont désormais soumis complètement à l'arbitraire du roi et de ses seigneurs[75].

Vers 1204, trente-neuf juifs s’engagent à habiter au Petit-Châtelet aux abords duPetit-Pont (aujourd'hui dit « Petit-Pont-Cardinal-Lustiger »), en dehors de la Cité de Paris, sur larive gauche de laSeine, peu urbanisée à l'époque[76]. Il est en effet attesté l'existence d'au moins unejuiverie sise dans le bas de larue de la Harpe, et de trois cimetières juifs parisiens dont un plus au sud de cette même rue (voir carte ci-référencée[77]). Entre le début du siècle et l’expulsion de 1252, les sources mentionnent aussi plusieurs boucheries, synagogues et écoles juives à Paris dont une au coin des rues de la Harpe etde la Bouclerie (actuellement : du Poirier)[77].

Cependant, au début duXIIIe siècle, l'Église devient plus dure avec les Juifs que le roi et, en 1205, le papeInnocentIII proteste contre la protection que celui-ci leur accorde. Le pape est même d'avis d'annuler les dettes envers les Juifs des seigneurs qui secroisent, ce que n'accepte pas le roi[78].

Sort des Juifs du Languedoc

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Article détaillé :Histoire des Juifs en Provence et au Languedoc.

À la fin duXIIe siècle, les Juifs duLanguedoc et ducomté de Toulouse connaissent la paix[63] et la vie intellectuelle y est brillante[63].

Aussi le légat du pape qui lance lacroisade des albigeois ne reproche-t-il pas seulement aucomte de Toulouse d'avoir laissé se développer lecatharisme mais aussi d'avoir favorisé les Juifs. Ceux-ci ne sont pas massacrés comme les cathares après la défaite mais le comté de Toulouse passe, après la mort deRaymondVII, sous la possession d'Alphonse de Poitiers, frère deSaint Louis. Dès lors, les Juifs y souffrent d'un arbitraire semblable à celui qui règne à leur égard dans le royaume deLouisIX : imposition forcée et menaces d'expulsion, port de larouelle. Les Juifs émigrent alors vers la Provence, sous la domination de la maison d'Anjou[30],[79].

SousLouisVIII et Saint Louis

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AvecLouisVIII (1223-1226) et surtoutLouisIX (1226-1270), le statut des Juifs est marqué par l'influence croissante de l'Église sans que l'intérêt de la Couronne ne soit oublié.LouisVIII, dans une ordonnance de1223, interdit l'intérêt sur les prêts consentis par les Juifs et demande aux seigneurs de percevoir en trois ans le remboursement du capital pour le compte des Juifs[80].

Saint Louis poursuit cette politique en conjuguant hostilité au prêt à intérêt, et au judaïsme[81]. Très pieux, il condamne sans réserve les prêts àintérêt et est moins sensible aux considérations fiscales que son grand-père Philippe Auguste. En, il oblige plusieurs seigneurs à interdire aux Juifs de faire des prêts. Mais à la même époque, l'ordonnance de1223 interdisant le prêt à intérêt est republiée, ce qui montre qu'elle n'est pas appliquée. En1234, le roi va plus loin et libère ses sujets du tiers de leurs dettes envers les Juifs. Puis, il ordonne que ce tiers soit restitué à ceux qui l'auraient déjà remboursé. Enfin, il interdit d'emprisonner des chrétiens ou de vendre leurs biens immobiliers afin de rembourser des dettes dues aux Juifs[80].

Procès du Talmud

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Rabbins de France auXIIIe siècle.

Des Juifs convertis au christianisme répandent l'idée que les livres saints juifs outragent celui-ci. L'un d'eux,Nicolas Donin, originaire deLa Rochelle, a étudié auprès deYehiel de Paris avant de se faire abbé. Il obtient du papeGrégoireIX, en 1239, une bulle condamnant le Talmud. S'ensuit leprocès du Talmud qui aboutit à ce que le Talmud soit déclaré un livre infâme et solennellement brûlé enplace de Grève en présence duprévôt des marchands de Paris et du clergé[30]. De nombreuses autres controverses ont lieu durant le règne de Saint Louis, chaque fois aux risques et périls des Juifs[82].

Croisade des pastoureaux

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Article détailléCroisade des pastoureaux de 1251.

Sous l'influence d'un moine et avec l'aval de la mère du roi,Blanche de Castille, des milliers de bergers ou pastoureaux prennent les armes en tant que croisés avec l'intention d'aller libérerLouisIX, fait prisonnier lors de laseptième croisade. Cette nouvelle croisade échoue après s'être heurtée au clergé mais non sans avoir massacré les Juifs deBourges[83].

Port de la rouelle

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Juif allemand portant larouelle.
Manuscrit médiéval (v. 1476).

En 1269,LouisIX impose aux Juifs le port de larouelle qui avait été décidé par leIVe concile du Latran en 1215. La rouelle est un morceau d'étoffe portant une roue, symbole des « 30deniers deJudas », que les Juifs doivent apposer sur leur vêtement[84].

PourJacques le Goff dans son ouvrageSaint Louis,« ces conceptions et cette pratique, cette politique antijuive, ont fait le lit de l'antisémitisme ultérieur. Saint Louis est un jalon sur la route de l'antisémitisme chrétien, occidental et français »[85].

Sous Philippe le Hardi (1270-1285)

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L'avènement dePhilippe le Hardi ne change pas le sort des Juifs du Royaume. Ils restent soumis à de nombreuses discriminations renforcées par diverses ordonnances[86]. À Paris en 1273 notamment, le monarque réduit le nombre d'établissements juifs : un seul cimetière reste en fonction sur les trois initialement connus[77].

C'est sur le plan politique que deux événements importants se produisent : à la mort de son oncleAlphonse de Poitiers, en 1271, les terres de celui-ci reviennent au roi[79]. Les Juifs de Toulouse et d'Aquitaine partagent alors complètement le destin des Juifs du Royaume. Par contre, en 1274, Philippe le Hardi cède leComtat Venaissin au Pape, dont le gouvernement permet aux Juifs de rester dans sesÉtats jusqu'à la Révolution française[87]. C'est aussi sous Philippe le Hardi que les Juifs du Royaume commencent à subir l'Inquisition introduite en France pour lutter contre les albigeois. En effet, en 1267, le papeClémentIV, dans sa bulleTurbato corde (en), déclare hérétiques lesJuifs convertis au christianisme puis revenus aujudaïsme[88]. Ils sont mis sous l'autorité des inquisiteurs. En 1278, les Juifs de Toulouse enterrent un chrétien converti au judaïsme dans leur cimetière. Pour cet acte perçu comme duprosélytisme, leur rabbin Isaac Malès est condamné par l'Inquisition au bûcher[89].

Lettre dePhilippe le Bel par laquelle il reconnaît devoir à son frèreCharles de Valois 20 000 livres tournois pour les Juifs de tous ses comtés qu’il a vendus ().

Sous Philippe le Bel (1285-1314) : persécutions, spoliations et expulsion

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Philippe le Bel est certainement le roi de France le plus dur envers les Juifs et jamais autant de Juifs n'ont dépendu du roi que sous son règne. De plus, safemme Jeanne de Navarre est comtesse de Champagne, région où est établie une riche communauté juive, longtemps protégée par lescomtes de Champagne. Dès 1288,treize Juifs sont condamnés par l'Inquisition au bûcher à Troyes pour une prétendue affaire de meurtre[86]. Deux ans plus tard, c'est le « miracle des Billettes », uneaffaire de profanation d'hostie imputée à un Juif[N 8].

En fait, avant même son accession au trône, Philippe le Bel a compris l'intérêt qu'il peut tirer des Juifs. Lorsque sa femme prend possession de la Champagne en 1284, il obtient des Juifs un paiement de25 000 livres pour confirmer leur droit d'établissement dans la province. Les années suivantes, il les protège contre l'Église, de façon à se conserver une source de revenus[90].

Le recensement des Juifs de Paris (1 500 pour 150 000 habitants) permet d'évaluer qu'à l'époque de Philippe le Bel, les Juifs représentent 1 % de la population française, pourcentage qui va en s'amenuisant jusqu'à l'exil définitif de 1394[91].Gérard Nahon estime la population juive française de l'époque à 100 000 personnes, principalement en Île-de-France, en Champagne, en Normandie, dans les pays de la Loire et le Bas-Languedoc[92].

Les juifs au Moyen Âge,K. Ooms, (1890).

En 1292, une nouvelle taxe est levée sur les Juifs. En 1295, ils sont arrêtés, voient leurs biens saisis et disposent de huit jours pour les racheter, sinon ils sont vendus au bénéfice du Trésor royal. De nouvelles taxes sont encore levées en 1299 et 1303[86].

Enfin, en 1306, le Trésor étant vide, le roi décide de« tuerla poule aux œufs d'or », selon l'expression de laJewish Encyclopedia. Il fait arrêter les Juifs, leur fait signifier leur exil et saisit leurs propriétés y compris leurs créances[93], ne rendant même pas le service à ses autres sujets de les libérer de leurs dettes. Le quartier juif (dit « Clos aux juifs ») de Rouen étant détruit après l'expulsion de plus de 5 000 Juifs de la ville, c'est l'actuelPalais de justice de style gothique qui est érigé sur ses vestiges (« laMaison sublime »[94]) découverts en 1976, dont uneyeshivah romane, la seule conservée en France[95],[94],[96].

Hanoukkia, France (XIVe siècle)
Article détaillé :Maison sublime.

On a pu estimer le nombre de Juifs exilés à plus de cent mille[97],[98]. C'est un événement « bouleversant » pour la plupart des communautés juives du royaume. Le poèteGeoffroi de Paris déplore cet exil dans saChronique rimée et regrette que les prêteurs juifs aient été plus débonnaires que les chrétiens en de telles affaires. L'exil se fait dans des conditions très dures. Le chroniqueurJean de Saint-Victor raconte que les Juifs doivent payer pour pouvoir quitter le Royaume et que beaucoup meurent en chemin d’épuisement et de détresse[99]. Le Royaume s'étant agrandi depuis la première expulsion sous Philippe Auguste, les Juifs doivent se réfugier plus loin cette fois-ci, dans les pays alentour, en Alsace, en Savoie et en Provence (hors du royaume de France à cette époque), en Italie, en Allemagne et en Espagne. Il en reste aujourd'hui des familles Tsarfati (qui signifie « Français » enhébreu), Narboni, Bedersi (de Béziers), etc., suivant l'habitude répandue de nommer les personnes du nom de la ville ou du pays d'où ils sont originaires[99].

Même si les Juifs sont rappelés en 1315, cette expulsion marque la fin du judaïsme français au Moyen Âge. Comme la révocation de l'Edit de Nantes qui condamne lesprotestants à l'exil en 1685, cette décision est pour l'historienSiméon Luce, un désastre pour la France et sa vie économique[100].

Du rappel de 1315 par Louis le Hutin à l'expulsion finale de 1394

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Le rappel de 1315

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Chose exceptionnelle, le rappel de 1315 se fait sous la pression de la « clameur du peuple », selon les termes de l'ordonnance[101] mais fait aussi suite à l'abolition de l'esclavage au sein du royaume de France et la mise en place de la réforme du servage par le roi qui peine à en soutirer autant qu'il le souhaite. Aussi,LouisX le Hutin les rappelle-t-il mais pour douze ans seulement, probablement pour pouvoir de nouveau les spolier comme l'avait fait son père[102]. Louis prend soin de justifier sa décision en se référant à la politique de son ancêtre saint Louis et à la position du pape.

Mais dans ces conditions, il est probable que peu nombreux sont les Juifs qui tentent de nouveau leur chance dans le royaume de France. Ce rappel est une opération d'autant plus profitable pour le roi que les Juifs sont lourdement taxés sur les créances d'avant 1306 qu'ils arrivent à recouvrer. Ce retour des Juifs rapporte au trésor royal122 500 livres[102].

Seconde croisade des pastoureaux et l'expulsion de 1323

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Articles détaillésCroisade des pastoureaux de 1320 etHistoire des Juifs en Provence et au Languedoc.

Il ne faut pas attendre les 12 ans concédés parLouisX le Hutin pour que les Juifs soient de nouveau frappés par le malheur. En 1320, larévolte des pastoureaux suscite son cortège de massacres de Juifs dans le Sud-Ouest de la France[30].

La conséquence de cette révolte est paradoxale mais se retrouve, par la suite, souvent dans l'histoire des persécutions anti-juives : le pouvoir reproche aux Juifs d'avoir suscité ces troubles par leur seule présence. Selon cette logique, c'est eux qui doivent être punis et ils sont donc à nouveau expulsés en vertu d'une ordonnance du, exécutée en 1323. Le prétexte en est donné après coup : les Juifs et lesMaures se seraientconjurés avec les lépreux pour empoisonner les puits[97],[103].

En 1326, sousJeanXXII, leconcile d'Avignon, rappelant celui de Latran de 1215, impose à nouveau le port de larouelle aux Juifs de plus de quatorze ans et les « cornailles » (chapeau à cornes) aux Juives de plus de douze ans[104].

Persécutions en Alsace : massacre de la Saint-Valentin

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Articles détaillés :Histoire des Juifs en Alsace,Pogrom de Strasbourg etAccusation d'empoisonnement des puits contre les Juifs.

Les communautés juives se multiplient en Alsace au début duXIVe siècle, sans doute à cause de l'expulsion des Juifs du royaume de France[97]. Mais, dès 1336, un mouvement insurrectionnel menace les Juifs qui ne doivent leur salut àColmar en 1337 qu'à la protection des autorités impériales et épiscopales[105].

L'époque la plus terrible est celle de lapeste noire qui sévit en Europe de 1347 à 1349. Les Juifs en semblant épargnés, les chrétiens de France et même d'Europe se chargent de s'en venger[106]. En Alsace et ailleurs, les Juifs sont accusés d'avoir empoisonné les puits et les rivières. À Strasbourg, en, les Juifs sont jetés au bûcher[107] et, à la même époque, ceux de Colmar sont aussi brûlés vifs au lieu-dit Judenloch (la fosse aux Juifs)[105].

Même si, après les émeutes, les Juifs survivants réfugiés dans les campagnes alentour peuvent revenir quelque temps en ville, ces événements marquent la transformation du judaïsme alsacien qui devient rural pour les quatre siècles suivants[107].

Rappel de 1360

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En 1356, le roi de FranceJean le Bon est fait prisonnier à labataille de Poitiers par les Anglais qui exigent une rançon de 3 millions d'écus pour le libérer. Le dauphinCharles voulant renflouer quelque peu les finances royales, a alors l'idée de négocier le retour pour vingt ans des Juifs dans le Royaume moyennant quelques taxes :« une taxe d’entrée de quatorze florins par chef de famille et d’un florin pour chaque membre, et, de plus, sept florins par an et par feu et un florin pour chaque membre de la famille »[108]. En fait, les conditions négociées par le dauphin ne sont pas trop défavorables aux Juifs et le roiJeanII, plus hostile aux Juifs que son fils, réinstaure le port de la rouelle (rouge et blanche pour ce roi)[109]. Il semble bien, en tout cas, que très peu de Juifs aient tenu à revenir dans le Royaume[110].

Expulsion finale de 1394 – bilan de plus d'un millénaire de présence juive en France

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Article détaillé :Liste des toponymes juifs en France.
Carte de France montrant les principales villes où résidaient les Juifs avant l'expulsion de 1394

CharlesV le Sage protège les Juifs durant tout son règne et prolonge leur droit de séjour.

Son successeur du roi en 1380 estCharlesVI le Fol, beaucoup plus influençable. Leprévôt,Hugues Aubriot, estembastillé en 1381 notamment pourimpiété : avoir rendu à leur famille les enfants juifs enlevés en 1380 pour êtreconvertis au christianisme[111]. Sous le prétexte du retour au judaïsme d'un Juif converti au christianisme, le souverain signe, le, un arrêt interdisant aux Juifs de séjourner dans le Royaume[112]. L'édit prononcé parCharlesVI précise :« Comme les juifs sont responsables de la famine, avec leur départ nous ne souffrirons plus jamais »[113]. Il leur permet juste de réaliser leurs créances et de vendre leurs biens puis les fait protéger le long de leur trajet jusqu'aux frontières du royaume[108] durant l'hiver 1395[97].

La communauté juive de France est estimée au temps deLouisIX de 50 000 à 100 000 personnes réparties dans l'ensemble du Royaume[114]. SelonGérard Nahon, s'il subsiste alors un certain habitat rural juif, une tendance à l'urbanisation apparaît nettement, l'habitat juif correspondant souvent à la proximité d'un siège administratif[115].

Il reste peu de choses sur le plan matériel des quatorze siècles de présence des Juifs en France jusqu'auXIVe siècle : un bâtiment juif (laMaison sublime) enfoui sous le palais de justice deRouen[116],[117],[118], une maison qui fut une synagogue auXIIIe siècle àRouffach[119], unmikveh de la même époque àStrasbourg (au 19 de larue des Juifs), un autre àMontpellier[120] et des stèles juives visibles notamment aumusée de Cluny à Paris[121].

Rues des Juifs en France
Alençon
Alençon
Alet-les-Bains
Alet-les-Bains
Apt
Apt
Avignon
Avignon
Bagnols-sur-Cèze
Bagnols-sur-Cèze
Beaupréau
Beaupréau
Bernis (Gard)
Bernis (Gard)
Béziers
Béziers
Bué
Bué
Cangey
Cangey
Carpentras
Carpentras
La Celle-Guenand
La Celle-Guenand
Chalabre (impasse)
Chalabre (impasse)
Châlons-en-Champagne
Châlons-en-Champagne
Chambéry
Chambéry
Changé
Changé
Châteauneuf-de-Gadagne
Châteauneuf-de-Gadagne
Châteauneuf-du-Rhône
Châteauneuf-du-Rhône
Châtillon-sur-Seine
Châtillon-sur-Seine
Courgains
Courgains
Crémieu
Crémieu
Dieulefit
Dieulefit
Digne-les-Bains
Digne-les-Bains
Donzère
Donzère
Draguignan
Draguignan
Épernay
Épernay
Étampes
Étampes
Fanjeaux
Fanjeaux
La Flèche
La Flèche
Fontenay (Eure)
Fontenay (Eure)
Fréjus
Fréjus
Grazay
Grazay
Guérande
Guérande
La Haie-Fouassière
La Haie-Fouassière
L'Isle-sur-la-Sorgue
L'Isle-sur-la-Sorgue
Istres
Istres
Le Croisic
Le Croisic
Lignières-la-Carelle
Lignières-la-Carelle
Lignol-Le-Château
Lignol-Le-Château
Lorgues
Lorgues
Lourmarin
Lourmarin
Lyon
Lyon
Malaucène
Malaucène
Le Mans
Le Mans
Marigny-le-Châtel
Marigny-le-Châtel
Marvejols
Marvejols
Le Mesnil-Aubert
Le Mesnil-Aubert
Merlieux-et-Fouquerolles
Merlieux-et-Fouquerolles
Montaigu (Vendée)
Montaigu (Vendée)
Montélimar
Montélimar
Montmirail (Marne)
Montmirail (Marne)
Mortagne-sur-Sèvre
Mortagne-sur-Sèvre
Nantes
Nantes
Nice : Carriera de la Judaria
Nice : Carriera de la Judaria
Niort
Niort
Nyons
Nyons
Parthenay
Parthenay
Pélissanne
Pélissanne
Pernes-les-Fontaines
Pernes-les-Fontaines
La Perrière (Orne)
La Perrière (Orne)
Peyruis
Peyruis
Pézenas
Pézenas
Pignans
Pignans
Le Pin-en-Mauges
Le Pin-en-Mauges
Pontlevoy
Pontlevoy
Le Puy-en-Velay
Le Puy-en-Velay
Richebourg
Richebourg
Riez
Riez
Robion
Robion
Saint-Fulgent-des-Ormes
Saint-Fulgent-des-Ormes
Saint-Georges-du-Bois (Maine-et-Loire)
Saint-Georges-du-Bois (Maine-et-Loire)
Saint-Gilles (Gard)
Saint-Gilles (Gard)
Saint-Herblain
Saint-Herblain
Saint-Paul-Trois-Châteaux
Saint-Paul-Trois-Châteaux
Sancerre
Sancerre
Sens
Sens
Sézanne
Sézanne
Valence
Valence
Valensole
Valensole
Vallon-sur-Gée
Vallon-sur-Gée
Vienne (Isère)
Vienne (Isère)
Viens
Viens
Villeneuve-en-Perseigne
Villeneuve-en-Perseigne
Vitry-en-Perthois
Vitry-en-Perthois
Agen
Aix-en-Provence (rue du puits juif)
Argentan
Argoules
Armaucourt
Arnaville
Arquèves
Argentan
Arnaville
Aubencheul-aux-Bois
Augny
Aumale
Aups
Authumes
Autrécourt-sur-Aire
Bacqueville-en-Caux
Ballots
Barembach
Baigneux-les-Juifs
Baugé
Baume-les-Dames
Bavay
Bazoches-sur-Vesles
Behonne
Beaufort-en-Vallée
Bellegarde (Loiret
Bergheim
Berlaimont
Bermonville
Bernaville
Billy-sous-Mangiennes
Blevaincourt
Blois
Bogny-sur-Meuse
Boisbergues
Boncourt-sur-Meuse
Boulay-Moselle
Bourges
Bouxwiller (Bas-Rhin)
Boncourt-sur-Meuse
Boulay-Moselle
Bourges
Bouxwiller (Bas-Rhin)
Brezolles
Brie-Comte-Robert
Brognon (Ardennes)
Brumath
Bruyères-le-Châtel
Bruys
Buchy (Seine-Maritime)
Bué
Bugnicourt
Buis-les-Baronnies
Buxy
Caen
Cambrai
La Carneille
Castilly (Hamel aux Juifs)
Cerisy-la-Salle
Chablis (Yonne)
Chaillon
Châlons-en-Champagne
La Chapelle-Gaceline
Charny (Côte-d'Or)
Charny-sur-Meuse
Chartres
Chaumont-Porcien
Chéhéry
Chevillon (Haute-Marne)
Chuisnes
Cires-lès-Mello
Clermont-Ferrand
Commercy
Corny-Machéroménil
Coullemont
Courtenay (Loiret)
Cousolre
Crasville
Darnétal
Daubeuf-la-Campagne
Dominois
Dompierre-sur-Helpe
Douai
Drachenbronn-Birlenbach
Dury (Somme)
Écardenville-la-Campagne
Échenoz-la-Méline
Épernon
Escarmain
Esquéhéries
Estrun
Étréaupont
Étrepy
Fenétrange
Ferreux-Quincey
Flavy-le-Martel
Florent-en-Argonne
La Folie
Fontaine-Guérin
Foucaucourt-sur-Thabas
Fraillicourt
Francourville
Fresnois-la-Montagne
Froeningen
Gaillefontaine
Gamaches-en-Vexin
Gauville (Somme)
Gennes (Maine-et-Loire)
Gerstheim
Gespunsart
Giverny
Gondrecourt-le-Château
Gonnelieu
Gorron
Gourdon (Lot)
Les Grandes-Ventes
Granville
Gray
Hagenbach
Hannogne-Saint-Rémy
Haute-Amance
Hautmont
Havrincourt
Hohengoeft
Honnecourt-sur-Escaut
Huppy
Ingersheim
Jeanménil
Joigny
Joigny-sur-Meuse
Kingersheim
Krautergersheim
Laferté-sur-Aube
Lagnieu
Joigny
Joigny-sur-Meuse
Kingersheim
Krautergersheim
Laferté-sur-Aube
Lafresguimont-Saint-Martin
Lagnieu
Lametz
Landifay-et-Bertaignemont
Landouzy-la-Ville
Laperrière-sur-Saône
Lays-sur-le-Doubs
Ligny-le-Châtel
Lingolsheim
Livry-sur-Seine
Longueville (Calvados)
Loye-sur-Arnon
Marigny-le-Châtel
Maroilles (Nord)
Marolles-sous-Lignières
Matougues
Maulévrier
Mécrun
Méré (Yonne)
Merlieux-et-Fouquerolles
Mervent
Mézangers
Mignères
Mignières
Milly-la-Forêt
Mommenheim
Mons (Charente) (Prairie des Juifs)
Montcenis
Montebourg
Montgenost
Monthermé
Montmartin-sur-Mer
Montmorency-Beaufort
Montreuil (Pas-de-Calais)
Montreuil-l'Argillé
Moyen
Mulhouse
Mutzig
Mussy-sur-Seine
Nettancourt
Neuillé-Pont-Pierre
La Neuville-à-Maire
La Neuville-au-Pont
Niedermodern
Niedervisse
Nogent-le-Roi (rue du pont aux Juifs)
Norrey-en-Auge
Noyal-Muzillac
Nyoiseau
Obernai
Ollé
Orléans
Pagny-la-Ville
Palinges
Péronne
Péroy-les-Gombries
Pertuis (Vaucluse)
Pierregot
Pipriac (la Noë aux Juifs)
Piseux (la Noé juive)
Pissotte
Plainfaing
Plomion
Poix-du-Nord
Pompierre-sur-Doubs
Pourcy
Préaux
Prisces
Provins
Quiévy
Quincampoix
Regnauville
Reguisheim
Reichshoffen
Remilly-sur-Lozon
Résigny
Ribeauvillé
Richwiller
Riquewihr
Rothonay
Rouen
Rougemont (Côte-d'Or)
Rougemont (Doubs)
Rue (Somme)
Rumaucourt
Ry
Sablé-sur-Sarthe
Sains-Richaumont
Saint-Alexandre (Gard) (Pas des Juifs)
Saint-Blimont
Saint-Denis-d'Anjou
Saint-Denis-de-l'Hôtel
Saint-Dié-des-Vosges
Saint-Florentin (Yonne)
Saint-Genix-sur-Guiers
Saint-Gondon
Saint-Lambert-des-Levées (rue juive)
Saint-Laurent-Nouan
Saint-Martin-d'Ablois
Saint-Maurice-sur-Aveyron
Saint-Nicolas-de-Port
Saint-Pierre-de-Bailleul
Saint-Pierre-Tarentaine
Saint-Rémy (Côte-d'Or)
Saint-Souplet
Sainte-Marguerite-sur-Mer
Sarre-Union
Sarrey
Schalbach
Schirrhoffen
Schweighouse-sur-Moder
Schwenheim
Senaide
Senonches
Seppois-le-Bas
Sommevoire
Soppe-le-Bas
Soufflenheim
Senaide
Seppois-le-Bas
Sommevoire
Soppe-le-Bas
Soufflenheim
Souvigny
Strasbourg
Suèvres
Tarascon
Théméricourt
Thenelles
Thezey-Saint-Martin
Thièvres (Pas-de-Calais)
Le Titre
Trannes
Trois-Fontaines-l'Abbaye
Tronville
Valmy
Varennes-en-Argonne
Vaudrey
Vauvert
Vaux-lès-Rubigny
Vecqueville
Velet
Vertrieu
Vertus
Villebon (Eure-et-Loir)
Villenave d'Ornon (Île des Juifs)
Villers-lès-Mangiennes
Villers-l'Hôpital
Villiers-Fossard
Vironchaux
Vittonville
Volmunster
Le Vrétot
Walschbronn
Westhoffen
Wissembourg
Bellegarde (Loiret)
Bourges
Grussenheim
Ingwiller
Lurcy
Méré (Yonne)
Pont-de-Veyle
La Réole
Rouffach
Schwindratzheim
Vaudelnay
Bazouges-sur-le-Loir
Bazouges-sur-le-Loir
Bonnefontaine
Bonnefontaine
Chaudenay
Chaudenay
Faugères
Faugères
Les Rosiers-sur-Loire
Les Rosiers-sur-Loire
Saumur
Saumur
Bar-le-Duc (rue du cimetière israélite)
Bar-le-Duc (rue du cimetière israélite)
Bordeaux (rue judaïque)
Bordeaux (rue judaïque)
La Canourgue (Montjézieu)
La Canourgue (Montjézieu)
Cavaillon (rue hébraïque)
Cavaillon (rue hébraïque)
Clermont-Ferrand (rue Fontgiève)
Clermont-Ferrand (rue Fontgiève)
Courtemaux (la Mort aux Juifs)
Courtemaux (la Mort aux Juifs)
Conteville (Eure) (la Judée)
Conteville (Eure) (la Judée)
Équeurdreville-Hainneville (la Judée)
Équeurdreville-Hainneville (la Judée)
Fermanville (la Judée)
Fermanville (la Judée)
Le Guislain (la Judée)
Le Guislain (la Judée)
Lavaur (rue Joux-Aygues)
Lavaur (rue Joux-Aygues)
Marseille (traverse du cimetière des Juifs)
Metz (En Jurue)
Metz (En Jurue)
Périgueux (rue judaïque)
Périgueux (rue judaïque)
Planquery (la Judée)
Planquery (la Judée)
Remiremont (chemin des Israélites)
Remiremont (chemin des Israélites)
Rions (rue judaïque)
Rions (rue judaïque)
Toulouse (rue Joutx-Aigues)
Toulouse (rue Joutx-Aigues)

indique l'utilisation du termejuif
indique l'utilisation des termesrue juive
indique l'utilisation du termejuiverie
indique l'utilisation d'un autre terme désignant les Juifs

Camille Enlart pouvait écrire en 1929 :« Beaucoup de synagogues ont existé en France au Moyen Âge. Elles furent plus ou moins importantes suivant le nombre et la fortune des diverses communautés juives […]. Au cours des persécutions dont les Juifs ont été l'objet au Moyen Âge, toutes les synagogues ont été détruites ainsi que les cimetières qui les avoisinaient »[122]. Mais dans plus de 400 villes ou villages de France, on trouve une rue de laJuiverie ou une rue des Juifs qui rappellent l'implantation de cette France juive rurale qui disparut auXIVe siècle, à l'exception des communautés d'Alsace et desÉtats pontificaux.

La carte ci-contre représente ces rues des Juifs et donne un aperçu de l'implantation des Juifs au Moyen Âge. On y repère les communautés alsaciennes et provençales ainsi qu'une implantation significative dans toute la France du nord particulièrement en Champagne et en Normandie jusqu'à la Haute-Bretagne.

Sur le plan spirituel, le patrimoine est incommensurable grâce à Rachi dont les commentaires de laTorah et duTalmud ainsi que ceux destossafistes font encore aujourd'hui eux-mêmes l'objet de multiples commentaires. Quant à la science profane, elle a beaucoup profité des médecins juifs installés àMontpellier ouLunel avec lesTibbonides particulièrement qui traduisirent les traités de médecine antiques ou arabes. La langue française elle-même a été enrichie par la présence juive et doit une partie de sa préservation aux travaux deRachi (1040-1105)[N 9].

Les derniers siècles duMoyen Âge ont aussi légué quelques thèmes de l'antijudaïsme chrétien repris plus tard tels laprofanation d'hostie, lemeurtre rituel, l'empoisonnement des puits, l'usure[60]. Une représentation de cette haine des Juifs est encore visible sur lacathédrale de Strasbourg, avec la statue de la synagogue aux yeux bandés, ou à la collégiale Saint-Martin de Colmar avec uneJudensau (une gargouille montre une truie allaitant ses porcelets et des Juifs). C'est le papeJeanXXIII et le concileVaticanII puisJean-PaulII qui mettent fin à ce queJules Isaac appelle« l'enseignement du mépris »[123].

Vie sociale des Juifs au Moyen Âge

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Linteau inférieur du portail Sainte-Anne de Notre-Dame de Paris
Vêtements et noms
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Jusqu'auXIIIe siècle, les Juifs sont bien insérés dans la société française. Leur habit ne porte pas de signe distinctif, sauf en Alsace où les Juifs portentpapillottes etchapeau pointu, mais c'est une terre d'Empire et pas une province française. Leur parler est celui de la population environnante comme l'attestent quelques traductions connues de textes de prière. Leurs noms, qui à cette époque se réduisait en France à nos actuelsprénoms suivis en hébreu de la mention de leur père puis parfois d'unsobriquet personnel[124], sont ceux de laBible hébraïque, tandis que les chrétiens portent ceux duNouveau Testament et dessaints. Les expulsions devenant le lot des Juifs à partir duXIIe siècle, ils ajoutent de plus en plus souvent à leur nom celui de leur ville d'origine[125].

Quartiers
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On constate très tôt, en France, l'habitude qu'ont les Juifs de se rassembler dans desquartiers spécifiques, ce qui leur facilite la vie synagogale, l'éducation des enfants et le respect de lacacheroute, avec l'abattage rituel. Dès leIXe siècle, un tel quartier existe àVienne. Mais, quelques siècles plus tard, ce qui était une volonté des Juifs devient une obligation et, en 1294, les Juifs de Paris doivent s'établir dans quatre rues[126].

Un juif àchapeau pointu est présent au couronnement de Pharamond Childéric et lareine Basine de Thuringe, (Ve siècle)

Les Juifs disposent de nombreusessynagogues, souvent plusieurs par ville comme en témoignent les ventes auxenchères à la suite de l'expulsion de 1306[97]. L'école élémentaire pouvait être gratuite comme le montrent des actes notariés de 1407 àArles. Quant aux écoles juives, Benjamin de Tudèle en cite de nombreuses dans le Sud de la France, àNarbonne,Montpellier ouMarseille[127] et Rachi et ses continuateurs forment des« dynasties de savants »[128]. Le linteau inférieur du portail Sainte-Anne de la cathédrale Notre-Dame de Paris, qui représente les mariages desainte Anne et de sa filleMarie montre les Juifs et la synagogue tels que les voyait le sculpteur : les Juifs portent unchapeau pointu, le rabbin unchâle de prière et la synagogue est représentée avec salampe éternelle, lerouleau de la Loi et d'autres livres[129].

Professions
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Auhaut Moyen Âge, les Juifs ne paraissent pas connaître de limitations dans leur vie professionnelle. Charlemagne avait même employé des Juifs dans certaines de ses ambassades. Jusqu'auXIIe siècle, beaucoup sont vignerons. Cependant, à partir de cette époque, les nombreuses restrictions ne laissent guère d'autres activités aux Juifs que le commerce, le crédit et la médecine.

En 1415, unebulle deBenoîtXIII n'autorise qu'une synagogue par ville - si elle n'a pas été précédemment une église - s'efforce d'isoler les Juifs, les limite dans leurs « ghettos », leur impose au moins troissermons par an, où leurs « erreurs » seraient combattues, par desprédicateurs qu'ils doivent en outre payer[34].

Crédit et commerce
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Prêteurs juifs en France, manuscritenluminé (XIIIe siècle)

Faisant suite au quasi-monopole du commerce international détenu auhaut Moyen Âge par lesRadhanites, évoqués plus haut, le crédit devient aubas Moyen Âge l'une des activités courantes des Juifs, car leprêt à intérêt est indispensable à toute entreprise et, théoriquement, interdit aux chrétiens[N 10]. Les emprunteurs sont aussi bien les riches que les humbles.

DepuisPhilippe-Auguste, le prêt est très réglementé par la loi qui peut fixer des taux allant jusqu'à 46 %[97]. Cependant, il ne s'agit souvent que d'une activité parmi d'autres, comme le montrent les livres de comptes deHéliot de Vesoul : au début duXIVe siècle, ce banquier fait crédit aux pauvres, pour des prêts de quelquessols, comme aux riches pour plusieurs centaines delivres, mais sa fortune provient surtout du commerce au gros ou au détail de diverses denrées et de tissus. LesHéliot s'associaient par ailleurs à des chrétiens pour transporter les marchandises ou les vins de leurs vignes.

Article détaillé :Histoire des Juifs à Vesoul.
Médecine
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Si les Juifs ne sont pas à l'origine de la fondation de lafaculté de médecine de Montpellier, comme certains ont pu le dire, les médecins juifs sont nombreux, particulièrement dans leSud de la France. On a vu la contribution desTibbonides à la connaissance desmédecines arabe etantique.

À Paris, en 1292, on compte quatre Juifs sur trente-sept médecins et, plus surprenant, àManosque, il y a aussi quatre médecins juifs. Ces médecins soignent Juifs et chrétiens. Lesconciles d'Avignon de 1337 et 1341 restreignent cette pratique en imposant des émoluments deux fois inférieurs aux médecins juifs qu'aux chrétiens[97].

De 1394 à la Révolution française

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« Médecin juif »

Après 1394, leroyaume de France ne devrait plus compter de Juifs mais l'édit d'expulsion épargne les Juifs duDauphiné, récemment annexé. Hors du Royaume, des communautés sont toujours présentes sur le territoire de la France actuelle : enAlsace puis enLorraine, enSavoie, enProvence et auComtat Venaissin. LaFranche-Comté devient aussi provisoirement un refuge pour des Juifs expulsés du Royaume[130]. Ces communautés soumises à des régimes légaux différents les uns des autres connaissent des destins séparés pendant les quatre siècles qui précèdent laRévolution.

Départ des Juifs du Dauphiné

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En 1349, letraité deRomans, par lequel leDauphiné est rattaché à la France, détermine expressément qu'il ne doit pas y avoir de changement dans le gouvernement des Juifs. À ce titre, les Juifs du Dauphiné ne sont pas expulsés en 1394. La population juive, qui se limite à quelques dizaines de familles, quitte cependant peu à peu la province à cause desdiscriminations, notamment de la pression fiscale et desaccusations de crimes rituels, et ce, malgré les mesures prises par le futurLouisXI pour les maintenir en Dauphiné[131].

Persécution et émigration des Juifs de Savoie

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La Savoie ne fait pas partie du Royaume. Elle n'est annexée qu'auXIXe siècle. AuXVe siècle, lespersécutions y sont d'origine religieuse et viennent plus particulièrement deJuifs convertis comme l'inquisiteur Ponce Feugerons[97].

En1416, le ducAmédéeVIII de Savoie fait confisquer les livres des Juifs pour qu'ils soient examinés par des censeurs chrétiens. Le, les livres de prières, les Bibles et les ouvrages scientifiques (livres de physique et de médecine) sont restitués à leurs propriétaires pendant que les livres saisis sont examinés par deux médecins juifsconvertis au christianisme, Pierre de Mâon et Guillaume Saffon, dans le monastèrefranciscain deChambéry. De nombreux Juifs sont emprisonnés et torturés. Parmi les prisonniers, on compte le grand-rabbinYohanan Trèves, réfugié en Savoie à la suite de l'expulsion des Juifs de France de 1394 et qui est nommé ensuite, en 1426, à la tête des Juifs de l'Empire germanique. Sous la torture, unmaître de la loi des Juifs confirme le caractèrehérétique et injurieux duTalmud envers les chrétiens. L'« enquête » conduit à la condamnation du Talmud. Le, les livres juifs sont brûlés et les Juifs doivent acheter au duc le droit de rester en Savoie. Les Juifs libérés doivent s'engager à ne plus étudier le Talmud[132].

Dans lesannées 1460, les Juifs poursuivis pour avortements, meurtres, pratique de la magie et injures contre le duc de Savoie ne sont condamnés qu'à une énorme amende. À partir de là, on ne trouve plus trace de Juifs dans l'histoire savoyarde, sauf à Chambéry où une petite communauté aurait existé jusqu'auXVIIIe siècle[97].

ÀNice, qui appartenait à la Savoie et qui fut rattachée à la France à la même époque que celle-ci, une communauté juive subsiste comme dans beaucoup de villes italiennes. En 1733, les Juifs doivent résider dans leghetto (223 personnes en 1736)[133]. Celui-ci est rappelé par la rue Benoît Bunico (enniçard,Carriera de la juderia) du nom du député niçois au parlement deTurin (1848-1850) qui fit abolir en 1848 l'obligation de résidence des Juifs dans le ghetto[134] (déjà seulement partiellement respectée depuis l'occupation de Nice par les Français sous la Révolution et l'Empire)[135].

Provence, Avignon et Comtat Venaissin

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Synagogue de Cavaillon (XVIIIe siècle).
Lasynagogue de Carpentras (XVIIIe siècle), la plus vieille synagogue de France en service aujourd'hui.
Articles détaillés :Histoire des Juifs en Provence et au Languedoc etJuifs du Pape.

En 1481, par le jeu des successions, laProvence tombe dans le domaine royal. Après des désordres antijuifs imputés aux Juifs, l'ordre d'expulsion est donné parLouisXII le[136]. De nombreux Juifs préfèrent lebaptême chrétien à l'exil mais une nouvelle taxe de6 000 livres touche, en 1512, 122 chefs de famille dans 16 localités. Cesnouveaux chrétiens sont discriminés pendant près de trois siècles[136].

Avignon et leComtat Venaissin, sous administration papale, sont le plus proche refuge pour les Juifs quittant la Provence. Mais, dès la fin duXVIe siècle, ils sont confinés dans les quatrecarrières d'Avignon, del'Isle-sur-la-Sorgue, deCarpentras et deCavaillon, fermées et gardées chaque soir par des chrétiens qu'ils doivent payer[34], mais vivent librement enprincipauté d'Orange jusqu'en 1732[137],[138].

Avec une relative libéralisation de leur régime auXVIIIe siècle, l'amélioration de leur situation permet auxJuifs du Pape d'aménager de belles salles de prière à Cavaillon[139] et à Carpentras[140], cette dernière étant aujourd'hui laplus vieille synagogue de France en service[141].

Juifs à Metz et en Lorraine

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Article détaillé :Histoire des Juifs en Lorraine.
Les juifs enchainés et vendus, Hospice deReims enChampagne, peinture sur toile, v. 1500

EnLorraine, dont l'annexion commence en 1552 avec la prise desTrois-Évêchés, les autorités françaises permettent à quatre Juifs et à leurs familles de s'installer àMetz[142]. Ce nombre augmente ensuite peu à peu, malgré l'opposition des notables. Une synagogue est construite en 1618 et est même visitée parLouisXIV en 1657[143].

Malgré la lourde « taxeBrancas », instituée initialement pour protéger les Juifs contre les exactions mais payée malgré les demandes d'abolition jusqu'à la Révolution, la communauté juive de Metz se développe auXVIIe siècle, même si la vie y reste extrêmement règlementée et soumise à la bienveillance ou à l'arbitraire des pouvoirs locaux et royaux. C'est environ 400 ménages qui y vivent à la veille de la Révolution[144].

ÀNancy, dans le duché de Lorraine encore indépendant, les Juifs sont officiellement acceptés à partir de 1721 et deviennent sujets du roi de France lors de l'annexion de la Lorraine en 1766, à la mort deStanisław Leszczyński. On peut estimer à 500 le nombre de familles juives établies en Lorraine (hors lagénéralité de Metz) en 1789[145].

Juifs alsaciens

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Article détaillé :Histoire des Juifs en Alsace.

Jusqu'à l'annexion de l'Alsace par la France en 1648, les Juifs alsaciens partagent le sort commun des Juifs duSaint-Empire romain germanique, c'est-à-dire qu'ils dépendent en fait des pouvoirs locaux, très morcelés en Alsace. Les Juifs sont interdits de séjour dans les villes comme Strasbourg et Colmar, où la bourgeoisie commerçante craint leur présence. Ils sont par contre tolérés dans les campagnes, où ils sont seuls à pouvoir prêter de l'argent. Cependant, ils n'ont pas le droit d'y posséder de la terre[146].

L'annexion de l'Alsace par la France ne change pas grand-chose pour la communauté, même si on peut considérer comme un progrès que le pouvoir royal ne cherche pas à expulser les Juifs. Ils sont toujours soumis au « Leibzoll » (péage corporel) qui n'est aboli que grâce à l'obstination deCerf Berr en 1784[147]. Cependant, la même année, leslettres patentes limitent encore considérablement les droits des Juifs[148]. De façon générale, gouverneurs et intendants appliquent loyalement les ordonnances royales[149].

Juifs portugais du Sud-Ouest de la France

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Article détaillé :Histoire des Juifs dits Portugais.

De l'expulsion des Juifs d'Espagne à la publication des lettres patentes de 1723

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Du Rappel des Juifs parIsaac La Peyrere, Paris, 1643
l’écrivain et philosopheMichel de Montaigne, descendant de Séfarades convertis qui préféreront cependant demeurer dans leur nouvelle appartenance[150]

L'expulsion des Juifs d'Espagne en1492 provoque l'exil de milliers de Juifs. Ceux qui choisissent lePortugal sontde nouveau expulsés en 1497 par le roi du Portugal. On appelle dès lors « Juifs portugais » tous les Juifs de lapéninsule Ibérique qui vont émigrer vers le nord, souvent laHollande (Provinces-Unies) ou l'Angleterre et même l'Amérique.

Certains choisissent la France et s'établissent dans leSud-Ouest tout en cachant leurjudaïsme. En1550, le roiHenriII leur accorde des lettres patentes sous le nom de « nouveaux chrétiens ». En 1600, est organisée la communauté deLabastide-Clairence puis ce sont celles dePeyrehorade, deSaint-Esprit dans les faubourgs deBayonne et enfin deBordeaux[151]. En 1685 (année de larévocation de l'Edit de Nantes), est découverte à Toulouse une cryto-communauté juive dont les membres (le rabbin Roques de Leon, Emmanuel (probablement ManuelGradis), Mirande, Loppes, Vandale, Cadoze, Sylve Morena) sont condamnés par leParlement à être brûlés vifs, leurs cendres jetées et leurs biens confisqués - sentence exécutéepar contumace en 1686[152]. L'enregistrement des lettres patentes d'HenriII permettent aux Juifs convertis de Bordeaux de recouvrer leurs biens et aux Portugais deToulouse de mourir en « bons catholiques »[152].

En 1723, les Portugais obtiennent, moyennant une taxe de cent dix millelivres, de nouvelles lettres patentes. Officiellement et légalement, 230 ans après l'expulsion des Juifs d'Espagne, lesmarranes de France sont reconnus comme Juifs[153]. Les Juifs portugais forment alors la communauté juive la plus florissante du Royaume. Leurs exploitations agricoles sont limitées aux vignes produisant levincasher. L'industrie et surtout la transformation des denrées coloniales sont la spécialité juive. LesGradis sont spécialisés dans lesucre et autres produits coloniaux, les Dacosta dans lechocolat qui a été introduit en France par les Juifs deBayonne[154],[155]. D'autres sont médecins, notamment à Labastide-Clairence[156].

De 1723 à la Révolution

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ÀBordeaux, le commerce de gros international est largement l'affaire des Juifs, où lafamille Gradis se distingue. Leurs activités incluent lacourse, la banque, l'armement des vaisseaux, les assurances, latraite des esclaves[157] et lefret pour lescolonies d'Amérique et particulièrement leCanada encore français[158]. En 1744, les députés de laChambre de commerce de Toulouse déclarent : « Cette nation juive ne semble ramper que pour mieux s'élever et s'enrichir »[152].

À la veille de la Révolution, 2 400 Juifs habitent Bordeaux : c'est moins qu'àSaint-Esprit, mais ils y sont beaucoup plus influents.Jacob Rodrigue Pereire est reçu en 1774 à l'Académie des arts de Bordeaux. À la même époque, les Juifs restent interdits àBayonne et doivent séjourner à Saint-Esprit, où la communauté décline. Elle avait atteint 3 500 personnes en 1750 mais ne compte plus que 2 500 personnes en 1785[158].

Juifs aux Antilles françaises

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Article connexe :Histoire des Juifs aux Caraïbes.

Un certain nombre deJuifs hollandais avaient émigré àPernambouc, auBrésil,sous domination hollandaise de 1630 à 1654[159] et durent quitter ce pays quand les Portugais en reprirent le contrôle et y rétablirent l'Inquisition. Certains s'établissent alors auxAntilles françaises et il est dit que la capitale de laGuadeloupe,Pointe-à-Pitre, devrait son nom à un Juif hollandais, appelé Peter ou Pitre selon la transcription en français[160]. Toutefois, les Juifs quittent laMartinique quand ils en sont expulsés en 1683[161], expulsion élargie à toutes les Antilles françaises par leCode noir en 1685, dont le premier article enjoint à« tous nos officiers de chasser de nos dites îles tous les Juifs qui y ont établi leur résidence, auxquels, comme aux ennemis déclarés du nom chrétien, nous commandons d'en sortir dans trois mois à compter du jour de la publication des présentes »[162].

AuXVIIIe siècle, des Juifs reviennent en Martinique où ils ne sont que tolérés jusqu'à la Révolution. Ils sont souvent les correspondants commerciaux des entrepreneurs bordelais comme lafamille Gradis[163].

Juifs pendant la Révolution et l'Empire

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Assiette dePessah enfaïence décorée, France, v. 1800

Quand éclate laRévolution française, il y a 40 000 Juifs dans le royaume[164]. Près de la moitié viventen Alsace, où les intendants les décrivent comme « pauvres ». Ils sont victimes de nombreusesdiscriminations fiscales et dans les droits de résidence et de propriété. Ils sont aussi en butte à l'hostilité des populations qui les environnent car une de leurs principales activités est leprêt sur gages. LesJuifs de Lorraine ont vu leur situation s'améliorer auXVIIIe siècle et les synagogues deLunéville et deNancy témoignent encore aujourd'hui de la récente amélioration de leur condition. De même, lesJuifs du Pape sont de moins en moins confinés entre les murs descarrières. Quant aux Juifsbordelais, ils bénéficient de toutes les libertés des sujets du roi. Ils participent à la vie communale, votent aux élections pour lesÉtats généraux et viennent d'obtenir le droit de se déplacer librement et de résider à Paris[165].

Grâce à une lente évolution des idées, la Révolution française permet une transformation capitale de la situation des Juifs de France.

Chemin vers l'émancipation des Juifs

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Article détaillé :Émancipation des Juifs.

La condition des Juifs s'était déjà fortement améliorée dans lesProvinces-Unies depuis la fin duXVIe siècle et enAngleterre depuis la fin duXVIIe siècle. Mais c'est surtout grâce aux progrès de laphilosophie des Lumières que l'opinion prit conscience de l'absurdité de la condition faite aux Juifs. Chez les Juifs eux-mêmes, les Lumières donnent naissance enAllemagne à laHaskalah, la conception du judaïsme que développeMoïse Mendelssohn. La conjonction de ces deux mouvements externe et interne au judaïsme précipite les événements. Deux personnalités qui jouent un rôle de premier plan durant la première partie de la Révolution,Mirabeau et l'abbé Grégoire, publient en 1787 des textes fondamentaux[166].

Édit de tolérance signé en 1787 parLouisXVI, accordant l'état civil aux non catholiques.

Mirabeau a voyagé en Allemagne et apprécie l'œuvre deMoses Mendelssohn, qu'il fait connaître dans son ouvrageSur Moses Mendelssohn, sur la réforme politique des Juifs[167]. Quant à l'abbé Grégoire, il publie sonEssai sur la régénération physique, morale et politique des Juifs[168] en réponse à unconcours organisé parla Société royale des sciences et des arts de Metz qui le prime en 1788 et dont la question était : « Est-il des moyens de rendre les Juifs plus utiles et plus heureux en France ? »[165]. Un autre lauréat à ce concours,Zalkind Hourwitz, primé pour son mémoire « Apologie des juifs »[169] devait jouer un rôle, modeste, mais remarqué, dans la Révolution française.

Sur le plan politique, le principe de tolérance progresse à l'époque deLouisXVI, avec quelques étapes clés comme l'édit de tolérance deJosephII d'Autriche (1781) qui accorde la liberté de culte aux protestants comme aux Juifs, la suppression du péage corporel en Alsace (1784) et l'édit de tolérance deLouisXVI (1787), publié sous l'influence deMalesherbes (ministre qui se préoccupe desminorités religieuses), qui accorde l'État-civil aux non-catholiques de France. Cependant, plusieursparlements, à l'exemple decelui de Metz, y ajoutent une clause qui exclut les Juifs[166].

À la veille de la Révolution, 50 000 Juifsashkénazes ni intégrés ni assimilés vivent en Alsace et en Lorraine et 10 000 séfarades sont établis dans le Sud-Ouest (Bordeaux et Bayonne principalement) et à Avignon[170]. Si les Juifs sont exclus des charges publiques malgré leur qualité derégnicoles, quelques-uns, riches, habitant Bordeaux ou Metz ont exceptionnellement obtenu lacitoyenneté française[171].

Convocation aux États généraux et cahiers de doléances

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Cerf Berr (1726-1793)

Les Juifs participent à l'élection des délégués auxÉtats généraux comme les autres sujets deLouisXVI à Bordeaux et à Bayonne. Mais, ailleurs, en Alsace, en Lorraine et à Paris, ce droit leur est dénié.Cerf Berr s'adresse àNecker et obtient, au moment de l'ouverture des états généraux, le droit pour les Juifs de l'Est de désigner des délégués. Au nombre de 6, ils arrivent à Paris et transmettent des cahiers de doléances le, après le vote de laDéclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Parmi les délégués, on trouve le rabbinDavid Sintzheim qui devient, sous l'Empire, le premiergrand-rabbin de France[165],[172].

Lescahiers de doléances juifs demandent naturellement l'application du droit commun aux Juifs et la suppression desimpôts spéciaux auxquels ils sont soumis comme la lourde et inique taxeBrancas à Metz[173]. Quant aux cahiers de doléances des chrétiens, ils mentionnent parfois les Juifs pour dénoncer l'usure qu'ils pratiquent ou pour limiter leur droit aumariage. Il y a aussi quelques cahiers plus en avance sur leur époque comme celui de lanoblesse deTroyes qui remarque que« la différence des opinions en matière religieuse ne doit pas désunir les citoyens » et demande que les« états généraux s'occupent de donner à la loi en faveur des non-catholiques toute l'extension qu'ils jugeront convenable »[165].

Émancipation au début de la Révolution

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Décret royal proclamant l'émancipation des Juifs en France, 1791

Laprise de laBastille est le signal de désordres partout dans le pays. Ces troubles, connus sous le nom de laGrande Peur, prennent une tournure anti-juive enAlsace. L'abbé Grégoire relate ces faits durant la séance du de l'Assemblée nationale et demande la complèteémancipation des Juifs :« Rendons les juifs citoyens, régénérés tant au physique qu’au moral ils acquerront un tempérament plus sain, plus robuste, des Lumières et de la probité »[174]. L'Assemblée nationale partage l'indignation du prélat mais ne prend pas de décision quant à l'émancipation. À la demande de Théodore Cerf Berr, représentant desJuifs d'Alsace et fils deCerf Berr, l'Assemblée accorde toutefois la protection des pouvoirs publics aux Juifs dans sa séance du. Le,Berr Isaac Berr s'adresse à l'Assemblée nationale et présente les revendications des Juifs[175].

Du 21 au, la « question juive » est à nouveau débattue à l'Assemblée.Mirabeau, l'abbé Grégoire,Robespierre,Duport,Barnave et le comte deClermont-Tonnerre mettent en œuvre toute leur éloquence pour faire décider l'émancipation[175],[176]. Ce dernier prononce alors les propos qui caractérisent l'assimilation des Juifs en France pendant les siècles suivants :« Il faut tout refuser aux Juifs comme nation et tout accorder aux Juifs comme individus. Il faut qu'ils ne fassent dans l'État ni un corps politique ni un ordre. Il faut qu'ils soient individuellement citoyens. » Cette visionassimilationniste dans l'espace public de Clermont-Tonnerre ne doit pas cacher satolérance des pratiques juives dans l'espace privé, cette phrase de son discours décisif étant précédée de« Quant à leur insociabilité, on l'exagère… Y a-t-il une loi qui m'oblige à manger du lièvre et à en manger avec vous ? »[174]. Les Juifs espagnols, portugais et avignonnais, qui avaient depuis 1787 joui de tous les droits civils comme Français naturalisés, sont déclarés citoyens à part entière par une majorité de 150 voix ()[177]. Mais le décret ne concerne pas les Juifs d'Alsace et de Lorraine, à cause des désordres répétés en Alsace et la forte opposition des députés de cette province et du clergé qui entraînent un ajournement de la décision[178],[179].

Après l'échec, en, d'une nouvelle tentative en faveur de l’émancipation de tous les Juifs, le, quelques jours avant la dissolution de l'Assemblée nationale,Adrien Duport, membre duClub des jacobins, monte de façon impromptue à la tribune et déclare :« Je crois que la liberté de culte ne permet aucune distinction dans les droits politiques des citoyens en raison de leur croyance. La question de l'existence politique [des Juifs] a été ajournée. Cependant, les Turcs, les musulmans, les hommes de toutes les sectes, sont admis à jouir en France des droits politiques. Je demande que l’ajournement soit révoqué et qu’en conséquence il soit décrété que les Juifs jouiront en France des droits de citoyen actif. » Cette proposition est acceptée. L’Assemblée adopte la loi le lendemain et se sépare deux jours plus tard. Le,LouisXVI ratifie la loi déclarant les Juifs citoyens français[175].

Pendant la Terreur

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Article connexe :Terreur (Révolution française).

Pendant laTerreur, lejudaïsme comme les autres religions présentes en France subit l'hostilité du pouvoir en place. À Bordeaux, les riches commerçants juifs sont lourdement taxés comme leurs confrères chrétiens. En Alsace, les Juifs sont à nouveau victimes de discriminations et des synagogues sont pillées[165].

Juifs de France sous le Consulat et l'Empire

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Article détaillé :Histoire des Juifs en France sous le Consulat et le Premier Empire.
Gravure célébrant l'action de Napoléon.

Bonaparte ne sait pas grand-chose des Juifs quand il prend le pouvoir, même si en tant que général en chef de l'armée d'Italie, il a émancipé les Juifs desghettos de Venise[180] etd'Ancône[181]. Sous leConsulat, lespréfets nouvellement institués sont chargés de rapporter l'état de l'opinion dans leur département et évoquent le sort des Juifs. C'est enLorraine et enAlsace que les rapports sont les plus détaillés. Il en ressort que les Juifs sont généralement pauvres et suscitent dans la population une certaine hostilité liée à leurs activités mercantiles, alors que toute autre carrière leur est toujours ferméede facto[165].

L'organisation du culte catholique est fixée en 1801 grâce auConcordat et celle du culte protestant par lesarticles organiques du18 germinal anX. Cependant, rien n'est établi pour le culte israélite. Cette situation satisfait les Juifs bordelais bien intégrés mais, en Alsace, des désordres apparaissent. Des synagogues dissidentes sont créées et, surtout, le prêt à intérêt suscite de multiples conflits. Certains dans l'entourage de Napoléon, telsLouis de Bonald ouMathieu Molé, prônent des mesures d'exception contre les Juifs, alors que les libéraux demandent seulement l'application de la loi existante. Finalement, le, un décret duConseil d'État convoque une « Assemblée des notables » juifs choisis par les préfets[182].

Médaille d'honneur du Grand Sanhedrin

Assemblée des Notables et grand Sanhédrin

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Article connexe :Grand Sanhédrin.
Prières des membres du Sanhedrin, 1807

Les 111 membres de l'Assemblée viennent de tout l'Empire et du royaume d'Italie Elle est présidée parAbraham Furtado[183]. La première séance se tient le. Le gouvernement a délégué trois commissaires :Molé,Portalis fils etPasquier. Ils adressent 12 questions à l'assemblée mais seule celle sur lesmariages mixtes est délicate et la réponse en paraît assez naturelle :« Les rabbins ne seraient pas plus disposés à bénir les mariages d'une chrétienne avec un Juif ou d'une Juive avec un chrétien que les prêtres catholiques ne consentiraient à bénir de pareilles unions »[184].

Les réponses satisfont Napoléon qui décide de les faire avaliser par une assemblée plus représentative du point de vue religieux. Aussi fait-il convoquer unGrand Sanhédrin formé de 71 membres, commeautrefois à Jérusalem. Le rabbinDavid Sintzheim en est le président. Le Sanhédrin ne siège qu'un mois du au et ratifie solennellement les réponses de l'Assemblée des notables. Cette dernière se sépare le sans avoir défini l'organisation du culte. C'est le gouvernement qui tranche[185].

Décrets de 1808

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Le, l'Empereur promulgue trois décrets. Les deux premiers concernent l'organisation du culte et les institutions qu'ils ont établies existent toujours. Le troisième, connu sous le nom de « décret infâme », rétablit des discriminations similaires à celles de l'Ancien Régime.

Création des Consistoires
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Décret autorisant la constitution d'un consistoire Juif àBesançon (Doubs), 1881

Napoléon place l'administration du culte israélite sous la responsabilité duConsistoire central israélite de France relayé par des Consistoires régionaux dans les départements où se trouvent plus de 2 000 fidèles[186].

Cette organisation centralisée et hiérarchique va à l'encontre de la tradition juive où les communautés s'administrent elles-mêmes, sans référence à un pouvoir central. Elle est toutefois acceptée par les Juifs de France et est longtemps demeurée l'interlocuteur unique de la communauté juive auprès des autorités[187]. D'un côté, elle favorise l'unité du judaïsme français mais, de l'autre, elle freine l'essor de mouvements prônant un judaïsme pluslibéral ou plusorthodoxe[188].

« Décret infâme »
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Article détaillé :Décret infâme.

Alors qu'en, le crédit avait été réglementé et les taux d'intérêt limités à 5 %, Napoléon fait passer, le, un décret envers les Juifs et particulièrement les Juifs alsaciens[189] qui prévoit toute une série de cas arbitraires d'annulation de créances et ordonne aux commerçants juifs de se faire délivrer par les préfets unepatente annuelle et révocable. De plus, les Juifs doivent satisfaire en personne à laconscription et n'ont plus la possibilité de payer un remplaçant comme les autres citoyens. Enfin, les Juifs n'ont plus le droit d'immigrer en Alsace. Ce décret ne s'applique pas aux Juifs de Bordeaux, de la Gironde et des Landes« n'ayant donné lieu à aucune plainte, et ne se livrant pas à un trafic illicite ». Il n'est valable que pour 10 ans[189].

Synagogue rurale deStruth (Bas-Rhin) (1836).

Ce décret suscite une vive émotion et les Juifs de Paris et de Bayonne parviennent aussi à en être exemptés. Surtout, il appauvrit considérablement les Juifs[190].

Régularisation de l'état-civil des Juifs
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Le, Napoléon promulgue ledécret de Bayonne qui oblige les Juifs à porter un nom de famille. Certains maintenaient encore la tradition de s'appeler Untel fils d'Untel, en utilisant seulement des noms bibliques[191].

Pérennité de l'œuvre de la Révolution et de l'Empire

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La chute de Napoléon n'entraîne pas de conséquence importante pour les Juifs de France. Les lois et décrets de la Révolution et de l'Empire restent en vigueur.

Il n'en va pas de même dans beaucoup d'autres pays européens, particulièrement dans les ghettos européens où la réaction à sa mort ramène les Juifs à leur condition antérieure[192].

Sous la Restauration et la monarchie de Juillet

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L'inauguration en grande pompe d'un rouleau de la Torah à la synagogue deReichshoffen le, atteste de l'intégration des Juifs, leur religion étant considérée comme les autres religions depuis lamonarchie de Juillet[193].

LaRestauration n'apporte pas de changement dans le statut des Juifs et, en 1818, ledécret infâme de 1808 n'est pas renouvelé parLouisXVIII, malgré les plaintes des conseils généraux alsaciens. Ne reste plus alors dans le droit français qu'une seule mesure tant soit peu vexatoire pour les Juifs, leSermentmore judaico. Les témoins et prévenus juifs devaient en effet prêter serment hors du prétoire, à la synagogue, avec letalith sur les épaules et lestéfilines sur le front et au bras. En 1839,Lazare Isidor, rabbin de Phalsbourg, s'oppose à ce mode de serment discriminatoire, ce qui lui vaut un procès durant lequel il est défendu parAdolphe Crémieux. En 1846, celui-ci obtient l'abolition du serment par laCour de cassation[194].

Un événement plus fondateur avait eu lieu plus tôt pendant le règne deLouis-Philippe, le vote de la loi sur le financement du culte, suite logique de la nouvelle constitution qui avait établi que le catholicisme était la religion de la majorité des Français et non plus la religion d'État. Le, un projet de loi rapporté parAugustin Perier est adopté. Il détermine :« À compter du1er janvier 1831, les ministres du culte israélite recevront des traitements du Trésor public ». La loi du précise l'égalité des ministres du culte des différentes religions[195].

Les référents pèresAlphonse etThéodore Ratisbonne.

Cette loi qui établit l'égalité entre les 3 cultes catholique, protestant et israélite est exceptionnelle. Les Juifs sont alors en France moins de cent mille et leurs rabbins sont des fonctionnaires payés par l'État. Cette situation unique au monde va permettre un développement remarquable de la communauté juive auXIXe siècle et la construction de nombreusessynagogues. C'est l'époque où lesJuifs d'Allemagne et d'Europe centrale peuvent dire :« Heureux comme Dieu en France »[N 11]. L'historienJoseph Salvador[196] (1796-1873) se fait le théoricien de ce « franco-judaïsme » qui veut « réinterpréter le judaïsme comme une religion, parallèle aux religions chrétiennes »[197].

Vent de conversion

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À cette époque, souffle un ventprosélyte venu de certains protestants (Société des Amis d'Israël fondée à Strasbourg en 1835[198],[199]) et particulièrement de Juifs sincèrementconvertis au catholicisme[200] qui œuvrent de toute la puissance de leur conviction et de leurs antécédents pour convertir avec un certain succès leurs anciens coreligionnaires, tels le rabbinDavid-Paul Drach[201], Isidore Goschler[202],Jules Level et sa famille, lesfrèresRatisbonne, lesfrères Lémann ou les frèresLibermann[203]. À ces volontés personnelles, s'ajoutent celles, connues, des « prêtres et des sœurs zélés » qui convertissent les enfants, les malades et les mourants en milieu hospitalier et carcéral[204]. Pour endiguer l'épidémie d'apostasie, les autorités consistoriales juives deviennent plus attentives, dépêchent desaumôniers et un hôpital israélite est inauguré dans la capitale en 1852. Après 1870, l'Église devient moins influente dans ce domaine et les conversions concernent plutôt des adultes libres et en bonne santé[200]. En définitive, de 1807 à 1914, sur les 10 820 convertis au catholicisme apostolique et romain seulement à Paris, près de 877 sont des Juifs[200].

Juifs sous la Seconde République et le Second Empire

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Synagogue de la Victoire.

Larévolution de 1848 donne lieu à quelques violences antijuives enAlsace vite apaisées, qui sont les derniers soubresauts de l'antijudaïsme dans cette région[205].

De nouvelles synagogues sont érigées là où existent des communautés juives anciennes ou nouvelles. Les grandes synagogues deLyon et deMarseille sont construites vers 1864 ;celle de Paris, rue de la Victoire, à partir de 1867. Les Juifs sont reconnaissants au gouvernement de leur avoir apporté la paix et l'égalité des droits[206].

L'ascension sociale de nombreuses familles juives se traduit par une forte émigration des Juifs de leur habitat traditionnel vers les grandes villes[207]. Les Juifs alsaciens commencent à quitter les bourgs pour Strasbourg. Les petites villes duComtat Venaissin voient disparaître ou beaucoup diminuer leur population juive au profit de Marseille. De même, les populations juives du Sud-Ouest émigrent vers les grandes villes commeBordeaux. Des Juifs de toutes les communautés françaises convergent vers Paris[208]. L'égalité juridique entraîne l'assimilation de nombreux Juifs qui peuvent oublier en peu de générations toute pratique du judaïsme. Elle permet aussi à quelques-uns d'entre eux d'atteindre une pleine réussite sociale, aussi bien dans la banque avec lesPereire et lesRothschild, que dans la politique avecAdolphe Crémieux etAchille Fould ou que dans les arts avecRachel,Offenbach ouWaldteufel[209]. On ne parle plus de Juifs mais d'« Israélites »

La communauté juive française commence à s'intéresser à ses coréligionnaires moins favorisés. Elle se tourne vers les Juifs de l'empire colonial français naissant enAlgérie et plus généralement vers ceux du bassin méditerranéen[210].

Vers l'intégration des Juifs d'Algérie

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Articles détaillés :Histoire des Juifs en Algérie etDécret Crémieux.

La première préoccupation des Juifs français est de travailler à l'amélioration du sort desJuifs de l'Algérie récemment conquise qui avaient subi jusqu'alors le statut vexatoire dedhimmis. Sous lerègne de Louis-Philippe et grâce à l'implication d'Adolphe Crémieux et deMax Théodore Cerf-Berr, le gouvernement crée trois consistoires àAlger,Oran etConstantine, qui sont rattachés au Consistoire central de France en 1862[211]. Parallèlement, Crémieux milite pour l'octroi de la nationalité française à tous les Algériens, Arabes et Juifs[212], proposition à laquelle s'opposent colons et militaires français. Ce n'est qu'à son retour au gouvernement après la chute deNapoléonIII qu'il obtient, le, un décret signé deLéon Gambetta qui fait des Juifs algériens des citoyens français. Les colons s'opposent à son application aux Arabes[212]. Les Juifs y perdent leur statut civil et y gagnent la citoyenneté, le droit à l'éducation, le droit de vote et l'obligation de faire leur service militaire. Ce décret leur ouvre la société française malgré l'hostilité de certains colons[212].

Création de l'Alliance israélite universelle

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Sceau de l'AIU Paris sur un livre, av. 1944
Article détaillé :Alliance israélite universelle.

En 1860, à la suite de l'affaire Mortara, est créée l'Alliance israélite universelle. Les fondateurs en sont des notables juifs dontAdolphe Crémieux, qui apporte« à cette Société le concours de son éloquence et l’appui de sa fermeté et de son courage »[213].

Le but de l’Alliance israélite universelle est nettement indiqué, dès l’origine, dans l’exposé qui accompagne le premier appel :« Défendre l’honneur du nom israélite toutes les fois qu’il est attaqué ; encourager par tous les moyens l’exercice des professions laborieuses et utiles ; … travailler, par la puissance de la persuasion et par l’influence morale qu’il lui sera permis d’exercer, à l’émancipation de nos frères qui gémissent encore sous le poids d’une législation exceptionnelle »[213]. Avec ses écoles qui donnent une éducation juive et profane, l'Alliance israélite universelle donne, pendant plus d'un siècle, une culture juive et française à des milliers de jeunes Juifs du bassin méditerranéen et du Moyen-Orient[214].

Libéraux, conservateurs et orthodoxes

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Article détaillé :Courants du judaïsme.
Juifs étudiant le Talmud. Inscription : « Paris ». FinXIXe-débutXXe

Le judaïsme français n'a pas connu les luttes de doctrine vues en Allemagne où les Juifs étaient beaucoup plus nombreux et les points de vue plus tranchés[215]. Les libéraux s'organisent autour deSamuel Cahen, traducteur et éditeur d'une bible bilingue français-hébreu. Il fonde en 1840 les « Archives israélites » où, avec quelques autres, il encourage la réforme de la liturgie pour permettre à la synagogue de rivaliser avec l'Église. Il préconise le remplacement des longs textes en hébreu tels lespiyoutim par des prières ou des prédications en français ainsi que l'introduction de l'orgue et des chœurs dans les offices synagogaux. En 1856, les grands-rabbins acceptent effectivement la réduction despiyoutim, la prédication en français et l'orgue[215]. Les rabbins, eux, sont en général conservateurs, c'est-à-dire qu'ils sont partisans de solutions moyennes de conciliation[215].

Lesorthodoxes manquent de dirigeants reconnus en France. Ils se regroupent derrière Simon Bloch, fondateur du journal « l'Univers israélite »[215]. Le grand-rabbin de Colmar, Salomon Klein, compte aussi parmi eux et s'indigne des résolutions de 1856. Mais, sous l'impulsion du grand-rabbin de FranceSalomon Ulmann et du président du Consistoire central, les passions s'apaisent peu à peu[215].

Sous laIIIe République

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Synagogue Buffault (1877).

Selon le recensement de 1866, la France compte 90 000 Juifs (soit environ le double de ce qu'ils étaient au début du siècle) dont 36 000 en Alsace[N 12]. La perte de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine est une catastrophe pour le judaïsme français : le recensement de 1872 ne compte plus que 49 000 Juifs. Toutefois, beaucoup des Juifs d'Alsace et de Lorraine (15 000 soit près de 40 %), très reconnaissants à la France de leur avoir apporté liberté et égalité des droits choisissent de quitter l'Alsace ou la Lorraine allemandes et d'émigrer vers la France. Les estimations du Consistoire indiquent 60 000 Juifs en France en 1882 et 71 000 en 1897. Ces estimations sont peut-être sous-évaluées car des familles partiellement déjudaïsées n'avaient plus de contact avec le Consistoire et les nouveaux immigrants fuyant les persécutions d'Europe orientale ne se déclaraient pas nécessairement au Consistoire. Parallèlement, la population juive d'Alsace et de Lorraine annexée par l'Allemagne décroît de 41 000 à 32 000 en 1900[216].

La perte de l'Alsace et de la Lorraine accentue l'évolution du judaïsme français. Les Juifs de l'Est mais aussi ceux des autres régions quittent les petits bourgs pour les grandes villes et Paris, en même temps qu'ils abandonnent leurs activités traditionnelles comme le colportage en Alsace pour devenir des commerçants bien établis ou pour exercer des professions libérales. La pratique de la religion diminue et, parmi les Juifs célèbres de l'époque particulièrement dans la finance, rares sont les familles comme lesRothschild qui pratiquent le judaïsme et contribuent à l'édification et à l'entretien de ses écoles et synagogues[217].

Pourtant, alors que le siècle n'avait pas été défavorable aux Français juifs, ceux-ci doivent faire face à une nouvelle vague d'antisémitisme[218].

Développement de l'antisémitisme

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Adolphe Willette, candidat antisémite aux élections législatives de 1889.
Article détaillé :Antisémitisme sous la Troisième République.

L'antisémitisme se distingue de l'antijudaïsme en ce sens qu'il se fonde sur l'hostilité non à la religion juive mais à la supposée race juive. SiRichard Wagner avait justifié son hostilité aux Juifs, et particulièrement àMeyerbeer, sur de pseudo théories raciales, c'est un journaliste allemand,Wilhelm Marr, qui invente le concept d'antisémitisme vers 1879[219].

En France, le krach de l'Union générale, banque catholique fondée par un ancien employé des Rothschild, semble être un des facteurs déclenchants de la vague d'antisémitisme. En 1886,Édouard Drumont publieLa France juive, un pamphlet dont François Delpech peut dire[220] :« La première partie … est une longue divagation sur l'opposition Aryen-Sémite. Les quatre parties suivantes sont un recueil de ragots sur les Juifs de France… » En 1890,La Croix se proclame« le journal le plus antisémite de France »[221]. En 1892, Drumont lance un journal antisémite,La Libre Parole qui n'a guère de succès[220]. Alors éclate l'affaire Dreyfus.

Affaire Dreyfus et ses conséquences

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Article détaillé :Affaire Dreyfus.

En 1894,Alfred Dreyfus, officier d'état-major juif, est faussement accusé de haute trahison et condamné par un conseil de guerre à une dégradation humiliante et à la déportation perpétuelle enGuyane. Seuls ses plus proches sont alors persuadés de son innocence, dont les preuves ne sont rassemblées qu'en 1896. Le vrai coupable, le commandantEsterhazy, est alors identifié. Malgré cela et les nombreux soutiens que reçoit Dreyfus, dont ceux deZola et deGeorges Clemenceau, la révision du procès à Rennes en 1899 n'amène qu'une condamnation atténuée. Dreyfus est gracié par le président de la République et en 1906, l'officier est pleinement réhabilité par laCour de cassation[222].

Une duPetit Journal du.

À l'occasion de cette longue affaire, les Juifs de France ont découvert le nouveau visage de l'antisémitisme. La presse et la foule déchaînées ont proféré les pires slogans antisémites, entendus par le journaliste viennoisThéodore Herzl, qui écrit ensuite le texte fondateur dusionisme,L'État des Juifs. Des émeutes antisémites ont même lieu lors du procès de Zola et lors du procès de Rennes en 1899[223]. La même année, Drumont, l'auteur deLa France juive, est élu député d'Alger etMax Régis emporte la mairie d'Alger à la tête d'une liste antisémite[224]. Cependant, le, après la réhabilitation de Dreyfus, les « Archives israélites » écrivent :« Quoi qu'il en soit, l'affaire Dreyfus est finie pour les Israélites et sa conclusion nous en ferait encore plus aimer, s'il était possible, notre cher pays »[225]. Et pourtant, en 1908, Dreyfus est encore victime de l'antisémitisme quand il est blessé dans un attentat lors du transfert des cendres de Zola auPanthéon. Son agresseur est acquitté lors du procès qui s'ensuit[226].

Les Juifs ne se sont pas levés en masse pour défendre Dreyfus.Léon Blum écrit dans ses souvenirs : « Le sentiment dominant se traduisait par une formule comme celle-ci :C'est quelque chose dont les Juifs ne doivent pas se mêler.[227] » Les institutions juives ne s'impliquent guère dans l'Affaire et seul le grand-rabbin de FranceZadoc Kahn proteste[228]. Quelques Juifs soutiennent toutefois Dreyfus et parmi eux,Bernard Lazare, dont la brochure « Une erreur judiciaire. La vérité sur l'Affaire Dreyfus », parue en 1896, a un grand retentissement, etJoseph Reinach[229].

Juifs de France et sionisme

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Si l'affaire Dreyfus inspire à Herzl son livreL'État des Juifs, les Juifs français ne sont pas restés absents du développement dusionisme. Dès 1870, l'Alliance israélite universelle, sous l'impulsion deCharles Netter et avec le financement d'Edmond de Rothschild, crée l'école d'agriculture deMikvé-Israël[230], aujourd'hui encore collège-lycée franco-israélien. Edmond de Rothschild va s'engager résolument dans la création d'établissements juifs enPalestine en achetant des terres cultivables et en finançant les premières fermes[231]. C'est ainsi que naissent les villes deRishon LeZion aujourd'hui proche deTel-Aviv et deZihron Yaakov sur lemont Carmel[232].

Ce rôle fondamental joué par Edmond de Rothschild (dont les cendres furent transférées en Israël à Zihron Yaakov par le gouvernement israélien en 1954) ne doit pas faire oublier l'indifférence du judaïsme français d'alors au sionisme. Seul le grand-rabbin de France, Zadoc Kahn, envoie un message de sympathie au premier congrès sioniste[230].

Immigration d'Europe centrale et orientale

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Malgré l'affaire Dreyfus, la France reste très attractive pour les Juifs d'Europe centrale et orientale toujours victimes de persécution et de discrimination dans leurs pays. Depuis les années 1880, une vague d'immigrants juifs fuyant lespogroms d'Europe de l'Est arrive ainsi en France. Ces immigrants parlentyiddish et sont pour la plupart ouvriers ou artisans. Ils s'établissent souvent dans le quartier duMarais, à Paris, par exemple dans larue Ferdinand-Duval, l'ancienne rue des Juifs rebaptisée en 1900 après l'affaire Dreyfus. Les rapports avec les Juifs locaux sont tendus : les nouveaux arrivants considèrent leurs coreligionnaires comme « peu juifs », tandis que ceux-ci voient d'un mauvais œil ces Juifs évoquant bien plus qu'eux-mêmes certains préjugés antisémites ; l'inauguration de la synagogue russo-polonaise de larue Pavée en 1914 se fait ainsi hors la présence du Consistoire ou du rabbinat[233].

C'est pourtant du rang de ces immigrés que sortent certaines grandes figures, qui vont participer au rayonnement artistique de la France dans le monde :Pascin arrive en France en 1905,Lipchitz etZadkine en 1909,Chagall en 1910,Soutine en 1912,Mané-Katz en 1913[233]. Ils sont, avec d'autres immigrés commeModigliani, arrivé d'Italie en 1906, parmi les membres les plus éminents, voire fondateurs, de l'École de Paris.

Cette immigration contribue à la croissance du nombre de Juifs en France qui sont estimés en 1914, à la veille de la guerre, à 120 000 dont un tiers d'étrangers. 30 000 autres vivent en Alsace-Lorraine où ils sont souvent restés très francophiles et 70 000 en Algérie[224].

Première Guerre mondiale

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Article détaillé :Rabbins français morts au champ d'honneur durant la Première Guerre mondiale.
Volontaires juifs se rendant aux Invalides, en1914.

Les Juifs de France et d'Algérie sont mobilisés durant laPremière Guerre mondiale où 6 500 d'entre eux meurent pour la France[233]. En plus des nationaux mobilisés, les Juifs étrangers sont nombreux à s'engager pour le pays qui leur avait donné asile[233].

L'Union sacrée qui marque le début de la Première Guerre mondiale est symbolisée sur le plan religieux par la mort au champ d'honneur du rabbinAbraham Bloch[234], tué par un obus allemand en tendant un crucifix à un soldat français moribond[235].

La victoire française permet la réintégration de l'Alsace-Lorraine au sein de la République française. 30 000 Juifs retrouvent la nationalité française et on estime à 150 000 la population juive de France à la fin de la guerre, sans y inclure les Juifs d'Algérie[236].

Entre-deux guerres

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Plaque commémorative pour les Juifs orientaux engagés volontaires morts pour la France en 1914-18, apposée sur un mur de lasociété de secours Oel Moshé fondée en 1924 par des anciens combattants juifs ottomans, 68 rue de Sedaine,Paris.

Après la Première Guerre mondiale, les Juifs français pensent enfin avoir atteint le but qu'ils se sont donné : ils se sont complètement fondus à la nation dont ils sont une composante comme les catholiques ou les protestants[237]. Ils ont donné leur sang comme eux et ont de hautes positions dans tous les domaines de la société. L’Alsace retrouvée donne un nouvel allant à la communauté juive de France. L’Alsace et la Moselle restent sousrégime concordataire car laloi de séparation des Églises et de l'État, votée en 1905, c'est-à-dire pendant l'occupation allemande, ne s'y applique pas. Les rabbins y sont donc rémunérés par l'État[238].

Irène Némirovsky, dont la famille arrive en France après la révolution russe.
Leprésident du ConseilLéon Blum.

Durant l'entre-deux guerres, la communauté juive de France se transforme rapidement. Larévolution russe, la recrudescence de l'antisémitisme en Europe centrale et orientale, le succès même de l'Alliance israélite universelle, qui donne une culture française aux Juifs de Grèce ou de Turquie, entraînent à nouveau une forte immigration juive vers la France, si bien qu'on estime à 200 000 le nombre de Juifs en 1930. La montée dunazisme en Allemagne accélère ce mouvement et on évalue aujourd'hui à 300 000 le nombre de Juifs en France à la veille de laSeconde Guerre mondiale auxquels s'ajoutent les 110 000 Juifs d'Algérie[238].

Les Juifs nés en France sont alors minoritaires : beaucoup, parmi les immigrés, sont artisans et si certains réussissent vite, la plupart forment unprolétariat vivant dans les quartiers est de Paris comme leMarais ou laBastille. La plupart des immigrés ne se reconnaissent pas dans le judaïsme consistorial, éloigné des traditions religieuses d'Europe orientale, et les Juifs français sont souvent très réticents envers ces coreligionnaires au fort accent qui demandent régulièrement leur secours[239].

Les Juifs de France occupent pourtant une place privilégiée au cours de cette période dans la culture, les arts, l'industrie et la politique. Outre les membres juifs de l'École de Paris, on distingue en littératureMarcel Proust (dont la mère est juive),Max Jacob,Henri Bergson,Julien Benda,Tristan Bernard,André Maurois,Simone Weil ouIrène Némirovsky, pendant queLa Revue juive d'Albert Cohen rassemble nombre d'écrivains et de scientifiques[240].André Citroën, né à Paris de parents juifs immigrés, révolutionne l'industrie automobile avec laTraction. La France est également un des premiers pays où un Juif,Léon Blum, est nomméPrésident du Conseil en 1936[N 13]. Ce dernier est à ce titre la cible désignée des attaques antisémites, qui se sont renforcées parallèlement à l'ascension des Juifs, pratiquants, assimilés et convertis confondus[241].

Montée des périls

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Article détaillé :Antisémitisme sous la Troisième République.

En 1920, sont publiés en France après l'Allemagne et la Grande-Bretagne lesProtocoles des Sages de Sion, pamphlet antisémite forgé par la police tsariste vers 1905 et préfacé parRoger Lambelin. Malgré l'enquête duTimes de Londres, qui a conclu à la supercherie en 1921, ce pamphlet est réédité à de multiples reprises et connaît de nombreuses variantes, dontLe Péril Juif. L'antisémitisme, ancré à l'extrême-droite, prend alors la figure de la dénonciation du complot « judéo-bolchévique »[241].

Si en 1927Samuel Schwartzbard, qui a assassiné l'ataman d'UkrainePetliura est acquitté en assises, des manifestations antisémites accueillent une pièce deJean Richepin sur l'affaire Dreyfus en 1931 et en 1933, alors que le nazisme triomphe en Allemagne. Les frèresJérome etJean Tharaud écrivent dans un livre au titre significatif,Quand Israël n'est plus roi :« Ce qui étonne davantage, c'est que soixante-cinq millions d'Allemands se soient laissé dominer de la sorte par six cent mille Juifs »[242].

L'antisémitisme se durcit avec l'affaire Stavisky, lacrise du 6 février 1934, la traduction intégrale deMein Kampf en français en 1934 puis la victoire duFront populaire[243].

L'arrivée au pouvoir deLéon Blum, que la ligueSolidarité française avait désigné comme« l'ennemi public numéro un »[244], déclenche les foudres de l'extrême droite parlementaire et des ligues qui lui sont affiliées[245].Xavier Vallat déclare à la tribune de la Chambre des députés : « Pour la première fois, ce vieux pays gallo-romain sera gouverné par un Juif[242] ». L'antisémitisme gangrène alors la vie politique, en particulier dans les rangs de laFédération républicaine (droite), dont le groupe parlementaire est vice-présidé par Vallat[246].

En 1937, paraîtBagatelles pour un massacre deCéline, où l'auteur devient prophète de l'antisémitisme :« Qu'ils crèvent, eux, tous d'abord, après on verra ». En, l'assassinat d'un conseiller de l'ambassade d'Allemagne à Paris par l'Allemand juifHerschel Grynszpan fournit un prétexte àHitler pour déclencher lanuit de Cristal, mais ces événements avivent l'inquiétude et l'embarras des Juifs de France et de leurs dirigeants[247].

Les Juifs de France réagissent faiblement à cette situation. Un comité national de secours aux victimes de l'antisémitisme de l'Allemagne se crée mais est vite dépassé. La communauté est déchirée entre ceux qui veulent garder un profil bas face au nazisme et à l'antisémitisme, tels le jeuneEdgar Morin[248], et ceux qui appellent à la résistance au nazisme commeJulien Benda[249].

Seconde Guerre mondiale

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Article principal :Shoah en France.

À la déclaration deguerre, les Juifs français sont mobilisés comme tous leurs compatriotes et, comme en 1914, de nombreux Juifs étrangers s'engagent dans les régiments de volontaires étrangers. Si on estime à 40 000 le nombre de volontaires juifs incorporés, des Juifs allemands réfugiés en France sont aussi incarcérés comme ressortissants ennemis[250]. En règle générale, les Juifs sont confiants dans la capacité de la France à les protéger des Nazis. Mais un bon nombre de Juifs, particulièrement ceux d'Alsace et de Moselle chassés de chez eux par les Allemands, se réfugient en zone non occupée dès[251].

La convention d'armistice du 22 juin 1940 signé entre le représentant duTroisième Reich d'Hitler et celui du gouvernement français dePétain, s'il ne comprend aucune disposition relative aux Juifs, prévoit deux clauses qui vont lier leur sort à la politique antisémite de l'Allemagne :

  • l'article 3 prévoit que dans les régions que le Reich allemand occupe, le gouvernement et l'administration français doivent« faciliter par tous les moyens les réglementations relatives » à l'exercice des droits du Reich ;
  • les articles 16 et 19 prévoient que le gouvernement français doit procéder au rapatriement de la population dans les territoires occupés, que« le gouvernement français est tenu de livrer sur demande tous les ressortissants allemands désignés par le gouvernement du Reich et qui se trouvent en France, de même que dans les possessions françaises, les colonies, les territoires sous protectorat et sous mandat. »[252]

De l'armistice à l'invasion de la zone libre

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Les biens juifs spoliés étaient vendus à l'hôtel Drouot par les autorités sous l'Occupation allemande. Ici une page de catalogue intitulée « Biens israélites ».

Dès l'été 1940,Otto Abetz, l'ambassadeur d'Allemagne à Paris, organise l'expropriation de riches familles juives[253].Le, le commandement militaire allemand enjoint aux Juifs de la zone Nord (français ou étrangers) de se faire recenser avant le. Le gouvernement Laval prend alors cette politique à son compte et prescrit que les déclarations des Juifs soient reçues, à Paris et dans le département de la Seine, par les commissaires de police. Le préfet de police rend compte à l'autorité allemande le : « Ont été inscrits 85 664 sujets français, 64 070 sujets étrangers, soit au total 149 734 Juifs »[254].

Le régime de Vichy adopte alors lestatut des Juifs du qui interdit aux Juifs français d'exercer certaines professions (enseignant, journaliste, avocat, etc.), et l'acte ditloi du qui prévoit d'enfermer les étrangers juifs dans des camps d'internement au sud du pays commecelui de Gurs, où ils sont rejoints par des convois de Juifs déportés par les Allemands depuis des régions que le Reich annexe de fait : Alsace, parties de la Lorraine et de la Belgique.

Affiche diffusée à Marseille en ordonnant le recensement des Juifs.

LeCommissariat général aux questions juives créé en organise laspoliation des biens juifs[255] et orchestre la propagande antisémite[réf. nécessaire]. Le ministère de l'Intérieur, dirigé parMarcel Peyrouton établit, d'abord en zone occupée, des fichiers recensant les Juifs, que lesecond statut des Juifs du achève de systématiser sur l'ensemble du territoire[réf. nécessaire].

Pour contrôler au plus près la communauté juive, les Allemands créent le l'Union générale des israélites de France (UGIF) chargée de fédérer l'ensemble des œuvres juives caritatives. Les Allemands peuvent connaître ainsi les domiciles des Juifs. Les dirigeants de l'UGIF prennent trop tard la mesure du risque qu'il y a à dialoguer avec les Nazis et disparaissent en déportation, telsRaymond-Raoul Lambert etAndré Baur[256].

Article détaillé :Union générale des israélites de France.

Une ordonnance allemande ordonne le port de l'étoile jaune à tous les Juifs âgés de plus de 6 ans le[257].

Les arrestations de Juifs en France commencent dès 1940 pour des personnes individuelles, et massivement en 1941. Lapremière rafle a lieu le. Les Juifs arrêtés, hommes et étrangers, sont internés dans les premiers camps de transit : lecamp de Pithiviers et celui deBeaune-la-Rolande dans le Loiret (3 747 hommes). Ladeuxième rafle, les 20-, concerne 4 232 hommes français et étrangers, qui sont conduits aucamp de Drancy[258],[259].

La déportation des Juifs commence le, date de départ de Paris pourAuschwitz du premier convoi[260]. Elle vise également les femmes et les enfants à compter de larafle du Vel' d'Hiv' des 16 et, durant laquelle 13 000 Juifs sont arrêtés par lapolice française. En zone occupée, l'administration et la police françaises sont en effet sous l'autorité allemande. Elles appliquent donc les ordonnances allemandes prises contre les Juifs[261] et livrent en1942 aux Allemands les Juifs étrangers des camps d'internement. Elles contribuent également à envoyer plusieurs dizaines de milliers d'entre eux à la mort dans lescamps d'extermination via lecamp de Drancy[262].

Article connexe :Convois de la déportation des Juifs de France.

Enzone non occupée, à partir d', les Juifs étrangers ou apatrides qui avaient été déportés après l'armistice dans les camps de réfugiés du Sud-Ouest de la France, comme celui de Gurs, sont à nouveau arrêtés et déportés dans des convois à destination de lazone occupée, puis des camps d'extermination en Allemagne et en Pologne[263].

De l'invasion de la zone libre à la capitulation de l'Allemagne le

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En, l'ensemble du territoire est sous contrôle allemand, à l'exception de lazone d'occupation italienne où les Juifs sont plutôt épargnés, ceci jusqu'à la chute du régime deMussolini et au remplacement des troupes italiennes par les Allemands en[N 14].

Les autorités allemandes prennent de plus en plus en charge la traque des Juifs, alors que Vichy doit composer avec une opinion rendue progressivement sensible aux persécutions et que laRésistance juive se structure. Cependant, laMilice constituée de Français acquis à l'idéologie nazie, redouble d'activité pour livrer aux Allemands les familles juives dont elle connaît l'existence. C'est ainsi que le rythme des convois vers l'Allemagne s'amplifie. Les derniers, en provenance du camp de Drancy, quittent lagare de Bobigny le[264].

Wagon du camp de Drancy.

EnAlgérie, legénéral Giraud puis le généralde Gaulle tardent à rétablir la légalité républicaine : les Juifs ne retrouvent ainsi la citoyenneté française que le[265].

Article détaillé :Situation politique en Afrique française libérée.

Entre 1942 et 1943, dans la clandestinité, des groupes de résistants favorisent la création du SERE (Service d'évacuation et de regroupement d'enfants — qui devient en 1944 l'OPEJ). Sa mission essentielle consiste alors à sauver des enfants juifs dont les parents ont été déportés ou ont disparu. Ces enfants, menacés d'arrestation et de déportation, sont mis à l'abri dans des familles et institutions non juives. Dès, l'OPEJ regroupe les enfants dans des maisons d'enfants de déportés, créées à leur intention[266].

Grâce à l'existence d'une zone non occupée permettant de se soustraire aux mesures d'extermination prises par les Allemands, grâce aussi à l'aide denombreux Français souvent restés anonymes, les trois quarts[N 15] des Juifs vivant alors en France survivent (90 % si l'on fait référence aux Juifs de nationalité française, 60 % si l'on se réfère uniquement aux Juifs étrangers), un taux important comparés à d'autres pays occupés d'Europe, tel laBelgique qui n’a compté que 55 % de survivants et les Pays-Bas 20 %[267]. Malgré cela, 74 182 des 330 000 Juifs présents en France sont déportés, dont 11 000 enfants et 55 000 étrangers. Seulement 3 % des déportés juifs de France vers lescamps de la mort survivent[268]. À ces chiffres, il faut ajouter les 1 200 Juifs assassinés par la police allemande ou ses complices français, et les 3 000 autres Juifs morts d'épuisement ou de maladie dans les camps français. On arrive ainsi à plus de 76 000 victimes juives[269].

Article détaillé :Liste des rabbins français victimes du nazisme.

Survie des Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale

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Face aux périls qui pèsent sur eux, les Juifs de France qui n'ont pas pu fuir à l'étranger n'ont d'autre choix que de se cacher ou de combattre.

Se cacher pour survivre

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Pour les Juifs, il s'agit tout d'abord de survivre. Survivre, cela signifie éviter l'arrestation qui conduit dans les camps d'internement en France (comme ceux de Gurs et desMilles en zone sud et ceux deBeaune-la-Rolande etPithiviers en zone occupée) puis aucamp de Drancy, avant le transfert en Allemagne dans les camps de la mort depuis principalement lagare du Bourget (1942-1943) et lagare de Bobigny (1943-1944). Pour éviter la dénonciation ou l'arrestation, se faire le plus discret possible[N 16] est indispensable et, en cas d'une mauvaise rencontre avec la police française ou allemande, mieux vaut avoir des faux-papiers qui ne mentionnent plus de noms juifs ou de lieux de naissance en Europe centrale ou orientale. Encore faut-il bien choisir ce nom de façon à garder les mêmes initiales et à ne pas trop contrefaire sa signature et être convaincant en déclinant son identité sans accent étranger[270].

S'approvisionner en aliments en portant une étoile jaune sur la poitrine, Paris, (Deutsches Bundesarchiv)

Survivre signifie aussi avoir de quoi nourrir et loger sa famille. De par le statut des Juifs, beaucoup d'entre eux perdent leur droit d'exercer leur métier s'ils sont médecins, professeurs ou officiers par exemple. Tous les entrepreneurs, du patron desGaleries Lafayette aux petits boutiquiers, perdent aussi leur entreprise de par une ordonnance allemande du qui organise « l'aryanisation » des entreprises appartenant à des Juifs. Il leur faut donc exercer des métiers ne nécessitant guère d'investissements ni de protections comme représentant de commerce. Avant l'invasion par les Allemands de lazone libre, les grandes villes du Sud comme Marseille peuvent encore fournir abri et emploi[271].

Après et l'occupation allemande de presque tout le territoire, Marseille ou Toulouse deviennent aussi dangereuses pour les Juifs que Paris. Beaucoup de Juifs se réfugient alors à la campagne. De nombreux Français non juifs leur fournissent asile et protection ou leur évitent l'arrestation en les prévenant à temps. Un des actes les plus héroïques est à l'actif de policiers qui font échouer larafle de Nancy jumelle de celle du Veld'Hiv. Certains de ces Français ont été nommésJustes parmi les nations par l'institutYad Vashem. L'histoire duChambon-sur-Lignon et du pasteurAndré Trocmé a souvent été célébrée mais des milliers d'autres Juifs ont dû leur survie à des inconnus[N 17]. D'autres petites villes s'illustrent aussi par la protection qu'elles fournissent aux enfants ou aux familles juifs, commeDieulefit etMoissac. EnCorse, seul un Juif sur 6 à 800 semble avoir été déporté[272].

Des milliers de familles doivent confier leurs enfants à des familles non juives pour qu'elles les abritent sous un faux nom le temps de la guerre. Ces enfants sont généralement épargnés mais tous ne retrouvent pas leurs parents et quelques-uns y perdent la connaissance de leurs racines juives[273].

Article connexe :Affaire Finaly.

S'organiser

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Survivre, c'est enfin s'organiser pour s'entraider.« Nous étions si seuls » a écritWladimir Rabi[256]. Lors de leurs proclamations, les mesures anti-juives ne créent guère de remous. Les Juifs sont chassés du professorat ou de l'exercice de la médecine sans que cela émeuve ces professions.André Neher, professeur d'allemand en a témoigné. L'Église catholique attend les rafles de l’été 1942[274] et les prises de position des cardinauxPierre Gerlier etJules Saliège pour exprimer sa compassion et parfois protéger des Juifs cherchant un asile[275], la hiérarchie ecclésiastiquepétainiste étant indifférente à de rares exceptions près au sort de la population juive alors que certains fidèles catholiques agissent dans l'ombre, à leur faible niveau[276], mais de manière efficace dès la proclamation des mesures anti-juives[277]. En 1942, des Juifs séfarades dontSalim Halali trouvent aussi refuge à laGrande mosquée de Paris[278].

Les organisations juives comme lesÉclaireurs israélites de France (EEIF) et l'OSE réussissent à sauver de nombreux enfants en organisant l'évasion vers la Suisse. Le Consistoire central de France, sous l'impulsion de son président Jacques Heilbronner et du grand-rabbinIsaïe Schwartz avec son adjointJacob Kaplan, crée des caisses de secours et multiplie les démarches auprès des autorités de Vichy et de l'Église de France pour obtenir des soutiens. Pour éviter le désastre total, il est nécessaire de coordonner les efforts de tous. En, des négociations permettent de créer le Comité général de défense juive. Un accord conclu avec le Consistoire central aboutit à la création clandestine duConseil représentatif des israélites de France (CRIF) dont la charte est définitivement élaborée en 1944. Sa première tâche est d'unifier les actions de sauvetage[279].

Combattre

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L'affiche rouge.
Articles détaillés :Résistance juive en France etRabbins français dans la Résistance.

Des Juifs ou personnes d'origine juive (puisque les nazis leur promettaient le même sort) choisissent de lutter contre l'Allemagne nazie et leur engagement dans laRésistance intérieure ou laFrance libre est parfois précoce. Ainsi, le premier civil à rejoindre le général de Gaulle est un Juif,René Cassin[280],[281]. Beaucoup d'autres suivent, dontFrançois Jacob,Maurice Schumann,Pierre Mendès France,Pierre Dac,Pierre Laroque ouJean-Pierre Lévy, chef national du mouvementFranc-Tireur, dont fait aussi partie l'historienMarc Bloch. On peut également citer le cas deMichel Debré, haut fonctionnaire de Vichy entré dans le réseauCDLR en, dont legrand-père paternel était rabbin[282]. Les spécificités de la menace qui planait sur tous les Juifs ont incité certains d'entre eux à se regrouper pour secourir les internés dans les camps français (Beaune-la-Rolande, lecamp des Millesetc.), favoriser les filières d'évasion, la confection de faux papiers et lutter pour la libération. Les premiers réseaux clandestins se sont formés autour desÉclaireurs israélites de France dès 1941 avecRobert Gamzon[283] et de l'Œuvre de secours aux enfants (OSE) avec le docteurJoseph Weill[283] etGeorges Loinger[283].

Une résistance militaire s'organise aussi avecJacques Lazarus[283] autour de l'Armée juive (qui devient à laLibération l'Organisation juive de combat ou OJC) qui prend le maquis dans laMontagne Noire, près deCastres[284].

Isaac Schneersohn crée en 1943 leCentre de documentation juive contemporaine (CDJC), destiné à recueillir les preuves documentaires de la Shoah, dontLéon Poliakov prend la direction dès la Libération[285]. Le CDJC est à l'origine dumémorial de la Shoah.

Le régime de Vichy donne particulièrement d'ampleur au procès de laMain-d'œuvre immigrée (MOI), une organisation communiste en marge des organisations juives mais composée principalement de Juifs[286]. L'Affiche rouge, un placard de propagande publié par le régime de Vichy, où apparaissent plusieurs résistants juifs, témoigne de leur courage célébré parLouis Aragon[286] etLéo Ferré[287].

Bilan

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Lerégime de Vichy a délibérément discriminé les Juifs étrangers, qui furent en grande majorité internés et déportés (environ 55 000 étrangers parmi les 76 000 Juifs déportés), tandis que lesJuifs français déportés représentaient environ 24 000 déportés sur un total de 320 000 Juifs vivant en France avant la guerre.. Cela place la France parmi les pays européens ayant connu un bilan relatif plus favorable aux Israélites nationaux comparé à d'autres pays comme les Pays-Bas ou la Pologne, Même si les Juifs français avaient beaucoup plus de facilité à échapper à la police française ou allemande, cela souligne une discrimination fondée sur la nationalité dans la politique antisémite menée en France entre 1940 et 1944[288],[289],[290],[291].

De 1945 à nos jours

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A la mémoire desJuifs orientaux engagés volontaires et morts pour la France en 1914-18 et 1939-45, sur lasynagogueDon Isaac Abravanel,Paris.

Après la Seconde Guerre mondiale, le judaïsme français est exsangue. Un quart des Juifs présents en France au début de la guerre ont disparu et des milliers d'enfants n'ont plus de famille et sont abrités dans des foyers. Ce sinistre tableau peut être précisé en notant que 87 à 88 % des Juifs français généralement bien intégrés (les Françaisisraélites) ont survécu alors que seuls 56 à 60 % des Juifs étrangers immigrés de fraîche date, parlant mal le français survivent à la guerre[292].

Beaucoup de Juifs, particulièrement ceux des provinces de l'Est, sont déplacés dans le centre de la France. De nombreuses synagogues sont détruites, particulièrement dans l'Est de la France. 23 rabbins et 35 ministres officiants sont morts[293]. Peut-être pire, les certitudes qui animaient les Juifs de France ont été démenties par les faits, les structures issues de la République n'ayant pas su les protéger contre le nazisme et ayant parfois contribué à leur persécution[N 18]. Même si on ne peut pas parler de divorce, on peut parler de fêlure dans la relation des Juifs avec la France, illustrée par le départ d'une centaine de jeunes vers Israël en 1948, notamment derrière le résistantRobert Gamzon[216].

Reconstruction

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La structure traditionnelle de la communauté fondée sur le Consistoire central ne peut suffire à couvrir les besoins immenses et à affronter le monde nouveau. En 1949 est créé, un peu à l'image de l’American Jewish Joint Distribution Committee (ou JOINT), leFonds social juif unifié (FSJU), responsable de la collecte à l'intention des œuvres caritatives juives. Sous la direction d'Élie de Rothschild, le FSJU se charge aussi de la redistribution de l'aide qui vient d'abord du JOINT puis, à partir de 1954, des réparations allemandes. Le FSJU subventionne toute l'aide à la jeunesse (colonies de vacances, patronages, matériel scolaire…). Avec le Consistoire, il aide à la reconstruction des synagogues ou à la construction de centres communautaires, nouveau concept en France illustré par lasynagogue de la Paix à Strasbourg inaugurée en 1958[294].

La Synagogue de la Paix, à Strasbourg.

La reconstruction n'est pas seulement matérielle, elle est aussi politique. Deux personnalités jouent alors un rôle majeur.Jacob Kaplan, le futur grand-rabbin de France, se bat avec persévérance pour résoudre ce qu'on appelle l'affaire Finaly, durant laquelle la tutrice des deux frères Finaly refuse de remettre à leur famille les enfants qui lui ont été confiés pendant la guerre, sous prétexte qu'elle les a fait baptiser ; elle reçoit alors de nombreux soutiens dans l'Église. Toute la diplomatie de Jacob Kaplan et l'obstination d'un proche des Finaly, Moïse Keller, contribuent à ce que ces deux enfants retrouvent leur famille en 1953, 8 ans après la fin de la guerre. La bonne résolution de cette affaire permet la refondation en France des relations judéo-chrétiennes[N 19].

Mais c'est àJules Isaac que revient le mérite d'analyser les causes de l'antisémitisme des chrétiens et surtout de les faire partager par ceux-ci lors de laconférence de Seelisberg, en 1947. Son combat continue par la publication deJésus et Israël et deL'Enseignement du mépris. Il est reçu en audience privée parJeanXXIII le mais c'est après la mort de Jules Isaac et deJeanXXIII que la déclarationNostra Ætate sur l'Église et les religions non chrétiennes du concileVaticanII, publiée parPaulVI en 1965, consacre la victoire de ses idées[123].

La reconstruction est aussi spirituelle et le judaïsme français a alors la chance de voir trois grandes personnalités le faire rayonner intellectuellement :Emmanuel Levinas, qui réinstalle le judaïsme comme objet philosophique,André Neher, qui s'attache à sortir le judaïsme de l'angoisse existentielle qui a suivi la Shoah et fait reconnaître l'hébreu comme une langue vivante enseignée comme telle par l'université française, etLéon Ashkénazi, dit Manitou, qui forme une génération d'étudiants juifs et leur transmet le message du ravKook tout en s'impliquant dans le dialogue inter-religieux[295].

La reconstruction pose également desproblématiques identitaires : après la guerre, 5 % des juifs français (soit environ dix mille personnes)[296] ont demandé à changer de nom, souvent poussés par les autorités françaises, l’État reconnaissant la consonance israélite comme raison légitime. Le désir de garder leur nom adopté pendant la guerre, de se prémunir contre tout regain d'antisémitisme, de favoriser une intégration ou de simplifier des noms difficiles à prononcer ou à écrire, ont motivé la démarche de ces familles. Certains héritiers de noms changés souhaitent reprendre leurs patronymes d'origine mais la jurisprudence duConseil d'État l'interdit au motif de « l’immutabilité du nom » (l'article 61 duCode civil dispose la nécessaire continuité du patronyme auprès de l’état civil) et de« l’impossibilité d’adopter un nom à consonance étrangère ». En 2010 se crée un collectif,La Force du Nom[297], qui présente ses requêtes au Conseil d’État devant traiter au cas par cas les demandes de ces requérants de retrouver leur nom originel[298].

Arrivée des Juifs d'Afrique du Nord

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Synagogue Don Isaac Abravanel, rue de la Roquette à Paris (1962).

De 1948 à 1975, des centaines de milliers de Juifs de rite séfaradequittent les pays arabes nouvellement indépendants en raison de la montée dunationalisme arabe et du développement dusionisme qui pousse certains Juifs à s'installer enIsraël par idéal politique et/ou religieux et motivations sécuritaires et économiques[299].

De 1948 à 1967, environ 235 000 Juifs d'Afrique du Nord[300] se réfugient en France, principalement quand ils sont citoyens français (comme enAlgérie, indépendante en 1962) ou francophones (dans les autres pays d'Afrique du Nord comme leMaroc et laTunisie, indépendants en 1956, ou l'Égypte, pays qui compte une importante population juive francophone). Ces Juifs nord-africains forment une part importante des « pieds-noirs ». De ce fait, la population juive en France bondit, entre 1950 et 1976, de 225 000 à 650 000 personnes environ[301].

Le choix d'installation des « Séfarades » répond à plusieurs critères : présence d'un bassin d'emploi, existence d'une communauté juive leur permettant de pratiquer le judaïsme, climat méridional proche de celui de l'Afrique du Nord. On les voit donc s'établir surtout en région parisienne, notamment dans les nouvelles villes deSarcelles etCréteil, à Marseille, Nice, Toulouse, Lyon et aussi à Strasbourg[302].

Le Consistoire lance, dès les années 1950, l'opération des chantiers du Consistoire[303] sous l'impulsion d'Alain de Rothschild. Les besoins sont énormes à partir de 1962, avec l'arrivée des rapatriés d'Algérie, et les constructions, souvent plus fonctionnelles qu'esthétiques, se multiplient. À Paris, rue de la Roquette, àVilliers-le-Bel,Massy,Sarcelles etFontainebleau, des synagogues sont bâties avant 1965. Peu à peu, le modèle traditionnel dédié au culte cède la place aux centres communautaires où toutes les activités culturelles de la communauté juive peuvent se dérouler et particulièrement les réceptions familiales. En 1982, 36 nouvelles synagogues avaient été construites[304].

La communauté juive française, jusqu'alors presque exclusivement ashkénaze, devient majoritairement séfarade. Moins assimilés que leurs coreligionnaires établis depuis plus longtemps en France, les Juifs de rite séfarade vont contribuer à relancer la pratique religieuse et notamment le respect de lacacherouth, ce qui se traduit par l'apparition de commerces cachères dans les grandes villes où l'implantation juive les justifie. À cause du mécontentement lié aux offices communs entre ashkénazes et séfarades qui heurtaient les traditions des deux communautés, les dirigeants rabbiniques et consistoriaux s'efforcent de nommer des rabbins et de créer de nouvelles structures communautaires adaptées aux nouveaux fidèles[305]. En 1980, pour la première fois, un Juif d'Afrique du Nord,René-Samuel Sirat, est élu grand-rabbin de France[306].

L'immigration d'Afrique du Nord approfondit les liens de la communauté juive avec Israël. En effet, jusqu'alors, les Juifs de France n'avaient guère de parenté en Israël. Or, les familles qui arrivent d'Afrique du Nord se sont souvent séparées en plusieurs destinations dont Israël. Les Juifs de France deviennent plus proches sur le plan familial des Juifs d'Israël et cela augmente d'autant l'émotion produite par laguerre des Six Jours[307].

Années Mitterrand

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Les deux septennats deFrançois Mitterrand sont marqués par l'ambiguïté. D'un côté, Mitterrand est le premier président français à se rendre en Israël et à y prononcer un discours à laKnesset[308], discours que certains jugent trop pro-palestinien car favorable à la création d'un État palestinien[309]. En outre, c'est sous sa présidence que la France peut organiser les procès deKlaus Barbie puis dePaul Touvier, grâce à l'obstination deSerge etBeate Klarsfeld. Mais, d'un autre côté, on apprend aussi la longue amitié de Mitterrand et du secrétaire général de la police de VichyRené Bousquet, qui est assassiné alors que son procès se prépare. Surtout, sur la fin de sa présidence, le livre dePierre PéanUne jeunesse française. François Mitterrand. 1934-1947 révèle les détails de sa carrière à Vichy et son attitude vis-à-vis de l'antisémitisme du régime de Vichy :« Je ne pensais pas à l'antisémitisme de Vichy. Je savais qu'il y avait malheureusement des antisémites qui avaient pris une place importante auprès du Maréchal mais je ne suivais pas la législation du moment et les mesures prises »[310]

Juifs de France et Israël

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Jusqu'en 1967, les Juifs de France n'ont guère marqué leur intérêt pour Israël : ni le combat pour l'indépendance en 1948, ni lacrise de Suez où la France fut impliquée au côté d'Israël n'ont suscité de passion. En 1967, il en va différemment à la suite des menaces du chef d'État égyptienGamal Abdel Nasser qui, en, obtient du secrétaire général de l'ONU le retrait des forces d'interposition dans le Sinaï puis ferme ledétroit de Tiran. Pendant un mois, on redoute la guerre et l'opinion craint pour l'existence même d'Israël.

Aussi, la communauté juive est ébranlée lorsque legénéral de Gaulle décrète l'embargo sur les armes à destination de tous les protagonistes, alors qu'Israël dépend principalement du matériel militaire français. Des manifestations importantes de soutien à Israël se déroulent à Paris et en province, rassemblant des dizaines de milliers de personnes[311]. Elles se poursuivent après le déclenchement de la guerre le.

Lavictoire d'Israël qui en six jours défait les armées égyptiennes, jordaniennes et syriennes est vécue avec euphorie, en particulier à la suite de la conquête deJérusalem par Israël avec tout le symbolisme que représente cette prise. L'événement marque dans le monde entier le début d'un soutien quasi systématique des communautés juives à l'État d'Israël (mais pas nécessairement aux gouvernements israéliens), au moment même où le gouvernement français se rapproche des pays arabes.

La déclaration du Général de Gaulle, lors de laconférence de presse du 27 novembre 1967, sur« les Juifs… peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur » est très mal perçue, même si le grand-rabbin de France Jacob Kaplan obtient du président de la République des paroles d'apaisement lors des visites traditionnelles du Nouvel An[312].Raymond Aron traduit l'émotion des Juifs, même très éloignés de leur communauté, en écrivant :« Le général de Gaulle a sciemment, volontairement ouvert une nouvelle période de l'histoire juive et peut-être de l'antisémitisme. Tout devient possible, tout recommence. Pas question, certes, de persécutions : seulement de la « malveillance ». Pas le temps du mépris, le temps du soupçon[293]. » Le dessinateurTim répond à sa manière à de Gaulle par un dessin représentant un déporté avec l'étoile jaune sur sa tenue rayée, piétinant un barbelé de camp de concentration avec l'attitude de Napoléon[313]. Ce malaise se traduit notamment par de nouveaux départs vers Israël dont ceux de deux des personnalités les plus connues du monde juif français,André Néher[314] etLéon Ashkénazi[315].

Surtout, cette déclaration relance ce qu'il est convenu d'appeler la « politique arabe de la France », marquée par la contestation des positions américaines dans les pays arabes et notamment du soutien que les États-Unis apportent à l'État d'Israël[316]. La réaffirmation continue de cette position suscite l'amertume des Juifs de France[317].

L'attentat de la rue Copernic à Paris en, qui fait quatre morts, aggrave cette incompréhension, à la suite du célèbre « lapsus » du Premier ministreRaymond Barre :« Cet attentat odieux a voulu frapper les israélites qui se rendaient à la synagogue, il a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic ». Lafusillade de la rue des Rosiers fait six morts en 1982. Comme pour l'attentat de la rue Copernic, les autorités sont incapables d'en retrouver les auteurs même si l'organisation d'Abou Nidal en est le principal suspect[318].

L'intervention militaire israélienne au Liban de 1982, laPremière et laSeconde Intifada, leconflit israélo-libanais de 2006 et lesguerres de Gaza mettent successivement à l'épreuve les relations de la France et du peuple juif, tandis que lesaccords de Camp David puis lesaccords d'Oslo suscitent des moments d'espoir et d'apaisement. Les déclarations récurrentes du président iranienAhmadinejad niant la Shoah et appelant à la destruction d'Israël génèrent une angoisse et contribuent à renouveler le soutien des Juifs de France à l'État d'Israël[319].

Au début 2009, la guerre de Gaza voit les Juifs de France dans leur majorité unis dans leur soutien à Israël comme en témoigne le grand-rabbin de FranceGilles Bernheim :

« Je voudrais évoquer les Français juifs qui, dans leur immense majorité, ont marqué leur attachement indéfectible à Israël avec beaucoup de dignité face aux diverses formes de violences dont cet État est victime. Les institutions, Conseil représentatif des institutions juives de France, Consistoire central…, ont rappelé qu'il ne s'agissait pas d'un conflit contre un autre peuple ou une autre religion, mais d'un conflit entre Israël et le Hamas, et qu'il ne fallait pas le transférer en France. J'ai dit ma compassion pour les victimes civiles israéliennes et celles, palestiniennes, prises en otage par le Hamas dans la bande de Gaza. […] Quand on parle de soutien indéfectible, on ne peut oublier que la très grande majorité des Israéliens accepte l'idée qu'il puisse y avoir un État palestinien aux côtés d'Israël. Le Hamas a, quant à lui, la volonté de faire disparaître Israël de la carte[320]. »

Toutefois, en avril-, une polémique naît entre les partisans d'une pétition, inspirée parJ Street, dénonçant « la poursuite ininterrompue desimplantations en Cisjordanie et dans les quartiers arabes de Jérusalem Est »[321], et ceux d'une contre-pétition qui reproche à la première« de contribuer auxtentatives de boycott et de délégitimation qui visent l’État d’Israël »[322]. Les Juifs de France affichent des positions très diverses vis-à-vis du conflit israélo-palestinien, qui vont du soutien plus ou moins critique à l'État d'Israël au soutien à la cause palestinienne :La paix maintenant est proche de la gauche israélienne, l'Union juive française pour la paix ou Olivia Zemor, fondatrice duCAPJPO sont proches des organisations palestiniennes.

En, quandRichard Prasquier, président du CRIF, rencontreMahmoud Abbas en visite à Paris[323] et évoque devant lui« la centralité de Jérusalem, la reconnaissance d'Israël comme État du peuple juif, et le remplacement de la culture de la haine par une éducation au respect », cette rencontre est vivement critiquée parShmuel Trigano[324] :« On ne peut qu’être accablé par la visite rendue par certaines personnalités juives, et avant tout le président du CRIF, au chef de l’Autorité palestinienne où siège le cerveau du boycott mondial d’Israël. »

À l'hiver 2010-2011, les Juifs de France suivent lePrintemps arabe. Audîner du CRIF, le, son président Richard Prasquier se dit « admiratif » mais « vigilant » face aux aspirations démocratiques dans le monde arabe, craignant qu'elles ne portent au pouvoir des mouvements qui sont dans une« rhétorique de guerre contre Israël »[325].

Le, Benyamin Netanyahou rencontre à Paris le présidentFrançois Hollande et tient avec lui une conférence de presse commune[326].

Le, le vote par la France d'une résolution de l'Unesco sur la « Palestine occupée », qui vise à« sauvegarder le patrimoine culturel palestinien et le caractère distinctif de Jérusalem-Est »[327] trouble fortement la communauté juive : le grand-rabbin de FranceHaïm Korsia déplore une résolution« ignorant le lien entre les juifs, leMur occidental et lemont du Temple à Jérusalem » et exprime sa désapprobation dans une entrevue avec le ministre des Affaires étrangèresJean-Marc Ayrault[327] ; le président duConsistoire central israélite de France,Joël Mergui, en éprouve un sentiment d'injustice[328] ; le président duCRIF,Roger Cukierman, proteste auprès du président de la République François Hollande et de la directrice générale de l'UnescoIrina Bokova[329]. Le grand-rabbin de FranceHaïm Korsia exprime à nouveau son indignation quelques jours plus tard dans un article duFigaro[330], parce que le« principe de laïcité […] aurait dû interdire de prendre aussi ouvertement parti pour des tenants extrémistes » et pour obéir à l'injonction biblique« Pour Jérusalem, je ne me tairai point »[331]. Le, l'abstention de la France dans le vote d'une résolution similaire[332] suscite les regrets duConsistoire[333] et duCRIF[334].

Si les Juifs de France se sont très majoritairement montrés solidaires de l'État d'Israël tout en évitant de se prononcer sur sa politique intérieure jusqu'à 2023, le débat à laKnesset, le parlement israélien, sur la réforme judiciaire amène des représentants du judaïsme français à manifester leur inquiétude quant à l'adoption de cette réforme. Ainsi, le CRIF en mars 2023, appelle « à suspendre la réforme » judiciaire[335] puis en juillet 2023, après l'adoption par la Knesset d'un premier volet de la réforme diminuant l'autorité de laCour suprême d'Israël, des représentants éminents dujudaïsme conservateur et dujudaïsme libéral témoignent de leur soutien aux manifestations contre la réforme judiciaire[336].

Juifs de France, aujourd'hui

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Comme une bonne partie du corps électoral français, l'électorat juif bascule majoritairement à droite au second tour de l'élection présidentielle de 1995[337].

Malgré les procès contreKlaus Barbie ouPaul Touvier, le malaise[338] entre les Juifs et la France refusant d'assumer le régime de Vichy n'est dissipé que lorsqueJacques Chirac, nouvellement élu président de la République,déclare le, à l'occasion de l'anniversaire de larafle du Veld'hiv :« Ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'État français. Il y a cinquante-trois ans, le, 450 policiers et gendarmes français, sous l'autorité de leurs chefs, répondaient aux exigences des nazis. Ce jour-là, dans la capitale et en région parisienne, près de dix mille hommes, femmes et enfants juifs furent arrêtés à leur domicile, au petit matin, et rassemblés dans les commissariats de police. (…) La France, patrie des Lumières et des Droits de l'Homme, terre d'accueil et d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux. » Cette déclaration est confirmée le par la plus haute autorité judiciaire française, leConseil d'État, qui estime que la« responsabilité » de l'État était« engagée en raison des dommages causés par les agissements qui, ne résultant pas d'une contrainte directe de l'occupant, ont permis ou facilité la déportation à partir de la France de personnes victimes de persécutions antisémites »[339]. Les propos du président de laSNCF,Guillaume Pepy, vont dans le même sens quand il affirme, le, que la SNCF fut un« rouage de la machine nazie »[340].

Le bicentenaire du Consistoire en 2008 est l'occasion de célébrer officiellement les relations apaisées entre la communauté juive et la République[341]. Cette situation est confortée par lavisite d'État du présidentNicolas Sarkozy en Israël en, pendant laquelle ce dernier commence son discours devant laKnesset par ces mots :« Il y a entre Israël et la France une amitié profonde »[342].

Dans ce contexte, le PrésidentFrançois Hollande, nouvellement élu, donne un lustre particulier à la commémoration du70e anniversaire de larafle du Vel' d'Hiv' le, et déclare« L'antisémitisme n'est pas une opinion, c'est une abjection. Pour cela, il doit d'abord être regardé en face. Il doit être nommé et reconnu pour ce qu'il est. Partout où il se déploie, il sera démasqué et puni. »[343] Deux mois plus tard, le, il inaugure àDrancy le mémorial complétant lemémorial de la Shoah[344],[345].

En, la communauté juive française vit fort mal les aveux du grand-rabbin de FranceGilles Bernheim sur les plagiats commis dans plusieurs de ses ouvrages et sur l'usurpation du titre d'agrégé de philosophie[346], ce dernier annonçant sa « mise en congés » forcée à l'issue du conseil exceptionnel duConsistoire central israélite de France[347].

Selon Haïm Musicant, directeur général duConseil représentatif des institutions juives de France[348], les sondages puis le résultat du premier tour de l'élection présidentielle de 2017, marqués par« la montée des extrêmes » (que ce soit celle duFront national deMarine Le Pen ou dela France insoumise deJean-Luc Mélenchon), suscitent« beaucoup d’inquiétudes parmi les Juifs français »[349],[350]. À ce propos, leCRIF, appelant à voter au second tour pour le candidatcentristeEmmanuel Macron, dit dans un communiqué constater« avec inquiétude » que« les candidats des extrêmes représentent plus de 40 % des suffrages exprimés »[351].

Le, le grand-rabbin de France Haïm Korsia annonce, en raison de l'épidémie deCOVID-19, la fermeture temporaire des synagogues et demande aux fidèles de ne pas organiser d'office à domicile même en mémoire d'un défunt[352].

Avant l'élection présidentielle de 2022, le président du CRIFFrancis Kalifat tient une position semblable à celle tenue en 2017 en annonçant en que« pas une voix juive ne doit aller au candidat potentielÉric Zemmour »[353], puis en février 2022 que niJean-Luc Mélenchon, niMarine Le Pen, ni Éric Zemmour ne seront invités audîner du CRIF[354].

Évolution démographique, émigration et assimilation

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La population juive en France atteint en 2016 les 460 000 personnes et est en déclin. Le bulletinWorld Jewish Population 2016 attribue ce déclin à une émigration principalement vers Israël qui a atteint plus de 6 000 personnes par an en 2014 et en 2015 et qui est liée à un sentiment de malaise face à l'antisémitisme, en partie dû aufondamentalisme islamique et auterrorisme[2].

Une autre évolution importante de la communauté est liée au taux de mariages mixtes estimé parmi les moins de 30 ans à environ 40 %[355]. Ni les Juifs orthodoxes ni leConsistoire n'admettent les conversions au judaïsme dans le but du mariage (juif). Cette règle explique que là où les communautés juives sont peu nombreuses et peu concentrées, leurassimilation complète à terme est probable, sauf apport migratoire notable. Les Juifs de France ont donc tendance à se regrouper dans quelques grandes villes (la région parisienne tout d'abord, Marseille, Lyon, Strasbourg, Nice[citation nécessaire]), d'autant plus que la cacheroute exige que les Juifs pratiquants disposent de magasins cachères, dont l'exploitation n'est possible que là où existent de grandes communautés.

Ceux assimilés, gardent pour certains une attache culturelle ou solidaire avec le judaïsme, comme le prix Nobel de littératurePatrick Modiano[356], le sociologueRaymond Aron produit de la «politique de l'assimilation»[357], ou le philosopheJacques Derrida[358].

En 2013 puis en 2014[N 20], l'émigration de Juifs français vers Israël connaît une forte hausse.Natan Sharansky, président de l'Agence juive (chargé d'aider les Juifs dans cette démarche, l'aliyah), note que« l'aliyah en provenance de l'Hexagone a pour la première fois dépassé celle des États-Unis, où la communauté juive est pourtant dix fois plus importante ». En cause notamment, la montée d'un sentiment d'antisémitisme et des opportunités professionnelles plus importantes en Israël, liées à son dynamisme[360]. Parallèlement, on constate que beaucoup de Juifs tendent à abandonner les banlieues populaires pour les quartiers plus résidentiels de l'ouest parisien[361]. LeConsistoire central s'adapte à cette nouvelle géographie en construisant de nouveaux lieux de culte ou centres culturels àCourbevoie, àBoulogne-Billancourt et dans leXVIIe arrondissement de Paris où le nouveauCentre européen du judaïsme offre à la fois synagogues, salles de spectacle, d'exposition, d'étude et de conférence[362].

Selon l'Agence juive, l'augmentation de l'émigration française vers Israël continue en 2015, après l'attentat contre l'Hyper Cacher pour atteindre 7 900 personnes après avoir été de 7 200 en 2014. La France devient alors le premier pays contributeur à l'alya[363]. L'émigration revient toutefois à 5 000 personnes en 2016[364] pour tomber à environ 3500 en 2017 et 2600 en 2018[365]. De plus, il semblerait qu'un tiers des immigrants français récents ne restent pas en Israël et reviennent en France, notamment à cause de difficultés d'intégration[366]. En 2021, 3 500 personnes ont immigré en Israël depuis la France, puis 2 000 en 2022[367].

Évolution du vote juif entre 1981 et 2014
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Selon une étude menée par Jérôme Fourquet, directeur à l'IFOP[337],[N 21], l'électorat juif aurait basculé de la gauche vers la droite entre 1981 et 2014. En 1981 et 1988, la gauche était majoritaire parmi l'électorat juif. Depuis cette époque, on observe une croissance régulière du vote à droite et en 2012, liée aux tensions intercommunautaires et à des positions plus pro-israéliennes de candidats de droite commeAlain Madelin en 2002. En 2012,Nicolas Sarkozy obtient 45 % des voix de l'électorat juif dès le premier tour. De plus, alors que l'électorat juif a toujours voté de façon marginale pour l'extrême droite,Marine Le Pen recueille 13,5 % de ses voix. Jérôme Fourquet explique cette progression par trois facteurs :

  • « l’effet conjugué d’un climat d’insécurité lancinant, consécutif à la montée de l’islamisme radical (affaire Merah en mars 2012) et aux tensions intercommunautaires » ;
  • « la stratégie dedédiabolisation conduite par Marine Le Pen a permis de faire sauter des verrous jusqu’à présent très solides » ;
  • « dans l’électorat juif comme dans l’ensemble du corps électoral, la frange la plus droitière a été déçue par Nicolas Sarkozy, qui n’a pas tenu toutes ses promesses, en matière de lutte contre l’insécurité notamment »[337].

Nouvel antisémitisme et temps des drames

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Manifestation parisienne en hommage àIlan Halimi et contre l'antisémitisme ().
Article détaillé :Antisémitisme en France.

L'antisémitisme d'extrême droite a toujours existé depuis la guerre.Pierre Poujade, qui s'en est particulièrement pris àPierre Mendès France[368],Jean-Marie Le Pen qui a défrayé la chronique avec l'affaire du « détail »[369] », et lesnégationnistes autour deRobert Faurisson l'ont illustré. En, laprofanation de tombes juives à Carpentras suscite une profonde émotion et provoque àParis une manifestation d'environ 250 000 personnes[370] à laquelle participe le président de la République François Mitterrand[371].

Toutefois, en plus de l'antisémitisme « traditionnel », de nombreux auteurs dénoncent ce qu'ils perçoivent être unenouvelle sorte d'antisémitisme née avec Israël. Certains, commeSylvain Attal, le lient à l'antisionisme[372]. D'autres, commeElie Wiesel[373] ou comme l'universitaire israélien Roni Stauber[374] le lient à la sympathie de plus en plus grande à la cause palestinienne notamment à la suite de l'Intifada. L'ensemble suscite des réactions d'hostilité envers lesJuifs qui sont assimilés auxIsraéliens.

Les conséquences sont réelles sur la communauté juive de France qui se sent visée par une recrudescence d'actes antisémites, particulièrement en banlieue parisienne et àParis[375]. Ce sentiment est renforcé par le rapt d'Ilan Halimi en janvier- et qui sera torturé à mort sur la seule base de clichés antisémites à son égard. La communauté juive réagit massivement en organisant de grandes manifestations à Paris, le ou en en hommage àIlan Halimi. Le sentiment grandit encore avec la guerre de Gaza au début 2009 et l'hostilité envers Israël qui l'accompagne[376],[377]. Dans ce contexte, les affairesDieudonné suscitent la colère et l'indignation dans la communauté. Ses sketches polémiques sont perçus comme une expression d'antisémitisme ainsi que l'annonce de sa candidature auxélections européennes de, à la tête d'une liste « anticommunautariste etantisioniste »[378] même s'il en rejette tout idée d'antisémitisme[379].

Dans ce climat, l'émigration des Juifs français versIsraël augmente jusqu'à 2 000 personnes par an dans les années 2000[380]. La crainte de l'antisémitisme cause aussi l'abandon de certains quartiers par les Juifs[381],[382].

Le, latuerie de Toulouse à l'écoleOzar Hatorah, en pleine campagne présidentielle, crée un état de choc. Le professeur assassiné avec ses deux fils, Jonathan Sandler, est le fils du président de lacommunauté de Versailles. Les corps des quatre victimes, qui ont la double nationalité française et israélienne, sont transportés en Israël pour être inhumés àJérusalem en présence d'Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, qui déclare« Chaque fois qu’un Juif est injurié, frappé, assassiné sur le territoire de notre République, c’est la nation qui est visée et doit réagir. L’agression d’un Juif en France n’est pas l’affaire des Juifs seulement, c’est l’affaire de 65 millions de Français qui ne le tolèrent pas. L’antisémitisme est contraire à toutes les valeurs de la France. Il est insupportable. »[383]

Après cet attentat, les actes antisémites flambent, particulièrement à Paris, en Île-de-France, en banlieue lyonnaise et à Marseille. PourLe Nouvel Observateur,« si [cet] antisémitisme aujourd’hui est souvent le fait de jeunes issus du Maghreb ou d'Afrique noire et se disant musulmans, il n’est pas éloigné de l’antisémitisme occidental, si banal et florissant dans les années 1930. S’y ajoute la mélasse politico-religieuse transposée du conflit israélo-palestinien et de l’antiaméricanisme[384]. ». Le, le ministre de l'Intérieur,Manuel Valls, s'inquiète de cet« « antisémitisme nouveau » depuis plusieurs années, « né dans nos quartiers, dans nos banlieues » »[385]. En, l'enquête sur un attentat le contre une épicerie juive deSarcelles[386] débouche sur le démantèlement d'une cellule terroriste islamiste. Cela coûte la vie à l'auteur supposé de l'attentat de Sarcelles[387].

Une pancarte de la marche républicaine de Paris, le.

Le, une cérémonie d'hommage aux victimes de latuerie de est organisée à Toulouse en présence du président de la RépubliqueFrançois Hollande et du premier ministre israélienBenyamin Netanyahou qui y déclare : « Lemeurtrier de Toulouse n’a pas seulement tué des Juifs mais aussi des soldats français, musulmans et chrétiens, sans aucune distinction. La haine barbare de ces assassins ne menace pas seulement les juifs mais la civilisation tout entière. »[388] Le président français assure que l'antisémitisme« sera pourfendu dans toutes ses manifestations, les actes mais aussi les mots. Il sera pourchassé partout y compris derrière toutes les causes qui lui servent de masque (…). Il sera poursuivi par tous les moyens partout où il se diffuse, en particulier sur les réseaux sociaux qui accordent l’anonymat à la haine. […] Aucun enfant ne doit avoir peur en allant étudier, aucun parent ne doit avoir peur en laissant ses enfants partir en classe. »[389]

Latuerie du musée juif de Belgique, le, aggrave encore le sentiment d'insécurité de la communauté juive.

En, l'enlèvement de trois adolescents israéliens, retrouvés morts le, soulève une grande émotion dans la communauté juive française. À la suite de l'arrestation en Cisjordanie de 400 sympathisants ou membres duHamas parIsraël, leHamas intensifie les tirs de roquettes versIsraël[390]. Le,Israël attaque en riposte les sites duHamas àGaza, c'est l'opérationBordure protectrice. Le, des manifestations pro-palestiniennes ont lieu dans plusieurs villes françaises. ÀParis, la manifestation dégénère en tentative d'intrusion dans deux synagogues[391],rue des Tournelles etrue de la Roquette.

Le,Amedy Coulibaly, un terroriste qui dit être lié à l'État islamique et s'être synchronisé avec les auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo[392], a déjà tué une policière la veille à Montrouge lorsqu'ilprend en otages les clients d'un supermarchécachère de laporte de Vincennes à Paris. Il en assassine quatre avant d'être abattu lors de l'assaut libérateur de la police.

L'agence France-Presse souligne le« sentiment d'abandon » lié à la« répétition des drames » depuis le rapt d'Ilan Halimi, qui apparaît dans la communauté juive, même si lesdéfilés du[393] puis le discours du Premier ministre devant l'Assemblée nationale le[394], peuvent redonner une lueur d'espoir. Quoi qu'il en soit, l'Agence juive rapporte une augmentation significative des demandes de renseignements de Juifs voulant faire leur alyah[395] au point que le journalLe Monde titre sur cinq colonnes à la une le : « Juifs de France : la tentation du départ »[396].

La prise d'otages de la porte de Vincennes marque un tournant dans la vie quotidienne des Juifs fréquentant les synagogues, les écoles ou les manifestations culturelles de la communauté : alors qu'ils étaient certes habitués depuis de nombreuses années à des synagogues ou à des bâtiments protégés par des barrières et à la présence de forces de police ou de gendarmerie, ils croisent maintenant des militaires en armes assurant leur protection dans le cadre duplanVigipirate. Parfois, les membres de la communauté, pour marquer leur reconnaissance, prennent soin des soldats en leur fournissant des repas[397].

Un nouveau malaise saisit la communauté juive lorsque leJDD publie une tribune de personnalités françaises musulmanes[398] qui, pour les dénoncer, mentionnait les attentats qui ont ensanglanté la France, tout en omettantceux de Toulouse et de l'hypercacher. LeCRIF, leConsistoire central, le grand-rabbin de France,Haïm Korsia dénoncent cet « oubli »[399].

Dans les années 2000 et 2010, les profanations de cimetières juifs se multiplient particulièrement en Alsace :Brumath en 2004[400],Wolfisheim en 2010[401],Cronenbourg en 2002 et 2010[402],Sarre-Union en 2015,Herrlisheim en 2018[403],Quatzenheim[404] etWesthoffen en 2019[405].

L'adoption par l'Assemblée nationale le d'une résolution[406] reprenant la définition de l'antisémitisme par l'Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA)[407] essaye d'apporter une réponse à cette recrudescence de manifestations d'antisémitisme.

Après le meurtre de Sarah Halimi, le, et le silence médiatique qui s'ensuit, un nouveau trouble saisit la communauté juive redoublé par le meurtre de Mireille Knoll le[408].

Articles détaillés :Affaire Sarah Halimi etMeurtre de Mireille Knoll.
Manifestation rassemblant environ 20 000 personnes demandant justice pour Sarah Halimi le,place du Trocadéro à Paris.

L'arrêt du de laCour de cassation confirmant à la fois l'aspect antisémite du crime et surtout l'irresponsabilité pénale du meurtrier de Sarah Halimi et par là l'absence de procès plonge la communauté juive dans l'émotion, la sidération et le désarroi. Le grand rabbin de France, les présidents du Crif, du Consistoire et du Fonds social juif unifié et de nombreuses autres organisations juives appellent à un rassemblement sur leParvis des droits de l'homme, à Paris le[409], manifestation qui réunit plus de 20 000 personnes[410].

Lapandémie de COVID-19 en France est une autre tragédie pour la communauté juive française qui aurait été très durement touchée par la maladie au début de l'épidémie[411].

L'attaque du Hamas du 7 octobre 2023, la guerre et la montée de l'antisémitisme
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Article connexe :Antisémitisme lié à la guerre de Gaza.

L'attaque du d'Israël par le Hamas provoque la sidération dans la communauté juive de France et la crainte des répercussions du conflit dans l'Hexagone. Le président duCRIF,Yonathan Arfi — qui appelle à un rassemblement de solidarité avec Israël à Paris le —, évoque« une corrélation très claire entre l'embrasement au Proche-Orient et les actes antisémites en France »[412]. La complaisance de leaders deLa France insoumise devant les auteurs du massacre qualifiés de« forces palestiniennes »[413], les propos deJean-Luc Mélenchon disant de la présidente de l'Assemblée nationaleYaël Braun-Pivet à propos de son déplacement en Israël qu'elle« campe àTel-Aviv » contribue au grand malaise de la communauté juive[414],[415],[416]. Deux semaines après l'attaque du Hamas, le ministère de l'Intérieur constate une multiplication des actes antisémites en France malgré la fermeté affichée par les ministres de l'Intérieur, de la Justice et de l'Enseignement supérieur[417]. Cette montée de l'antisémitisme consécutive à l'attaque du 7 octobre fait écrire à l'historienMichel Abitbol que ce carnage« a été accompagné par une flambée incompréhensible d'actes de haine antijuive insoutenable en France et dans le monde »[418].

Le, laCommission européenne, dans un communiqué, estime que« les Juifs d'Europe vivent de nouveau dans la peur » à la suite de la recrudescence des incidents antisémites à travers l'Europe[419].

Un mois après l'attaque du, le gouvernement français recense plus de 1 000 nouveaux actes d'antisémites, ce qui inquiète les Français juifs[420]. Le président du Consistoire centralÉlie Korchia et legrand rabbin de FranceHaïm Korsia déplorent le manque de parole forte et d'empathie de la société française[421]. Les Juifs se sentent isolés d'autant qu'ils en viennent à douter de la capacité de l'État d'Israël à constituer un« État refuge », comme le décrit le journalLe Monde dans l'article de une du[422].

La manifestation pour la République et contre l'antisémitisme du passe devant lePalais Bourbon à Paris.

Le, les présidents duSénat et de l'Assemblée nationale,Gérard Larcher etYaël Braun-Pivet lancent un appel à« une marche pour la République et contre l’antisémitisme », le. La volonté d'y participer duRassemblement national et deReconquête crée immédiatement la polémique, plusieurs organisations refusant de manifester au côté de ces partis[423], de même que la non-participation du président de la République[424]. Dans un communiqué, La France insoumise justifie son absence au rassemblement par un refus de marcher avec le RN en expliquant ainsi que Jean-Marie Le Pen avait été condamné pour des propos antisémites, et que« ce parti compte parmi ses députés un ancien vendeur d’ouvrages antisémites »[425],[426].

182 000 personnes marchent le pour la République et contre l’antisémitisme dans toute la France dont 105 000 à Paris[427].

La campagne électorale et le résultat desélections européennes du conduisent 92% des Juifs français, selon une étude de l'IFOP, à considérer que le parti deJean-Luc Mélenchon contribue à faire monter l'antisémitisme mais montrent aussi un relatif succès de l'effort deMarine Le Pen pour« dédiaboliser » le Rassemblement National[428]. Ladissolution de l'Assemblée nationale qui s'ensuit et la recomposition du paysage politique avec la montée duRN et deLFI répandent un sentiment d'isolement parmi les Juifs français[429], encore accru par le viol antisémite d'une jeune fille de 12 ans àCourbevoie le[430].

Le sentiment de malaise des Juifs français monte après les propos du président de la République demandant le de« cesser de livrer les armes pour mener les combats sur Gaza »[431] puis après qu'il est rapporté qu'en conseil des ministres, Emmanuel Macron aurait déclaré« M. Nétanyahou ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l’ONU »[432]. Le président du CRIF,Yonathan Arfi considère que« les propos attribués au président de la République, s’ils sont confirmés, sont une faute à la fois historique et politique ».« Laisser penser que la création de l’État d’Israël est le fruit d’une décision politique de l’ONU, c’est méconnaître à la fois l’histoire centenaire du sionisme, l’aspiration millénaire des Juifs au retour à Sion et le sacrifice de milliers d’entre eux pour établir l’État d’Israël » ; et la députée macroniste des Français de l'étrangerCaroline Yadan déclare que« Réduire Israël à une seule décision de l’ONU c’est nier l’histoire du peuple juif et son lien légitime et historique à cette terre. (…) Je suis scandalisée par tant d’inconséquence, de capitulation et d’absence de hauteur de vue »[433].

Le, le rabbin d'Orléans, Arié Engelberg, est agressé en pleine rue alors qu'il revenait chez lui avec son fils de 9 ans de l'office duchabbat. L'interposition d'un témoin permet de faire fuir l'agresseur mineur de nationalité palestinienne ou marocaine (selon ses diverses déclarations) arrêté deux jours plus tard[434],[435],[436].

L'absence de perspectives claires quant à une solution à deux États dans le conflit à Gaza amène plusieurs puissances dont la France, l'Arabie saoudite, le Royaume-Uni et le Canada à annoncer leur volonté de reconnaître l'État de Palestine[437],[438]. Cette reconnaissance serait faite sans imposer de conditions à l'État de Palestine et suscite une très forte émotion dans la communauté juive française.Yonathan Arfi, le président duCrif et d'autres personnalités de la communauté juive signent une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron où ils l'appellent à ne pas reconnaître l'État de Palestine « sans conditions préalables » comme la libération des otages et le démantèlement du Hamas[439]. La reconnaissance se concrétise le 22 septembre 2025 par un discours d'Emmanuel Macron à lAssemblée générale des Nations unies[440].

Développement de l'école juive

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Les écoles juives mêlant les deux cursus profanes et religieux sont apparues en France auXIXe siècle mais sont restées très marginales, les Juifs de France choisissant en général de se fondre dans la république et de limiter l'enseignement religieux à quelques heures par semaine à la synagogue. L'exception est l'école normale fondée, en 1868, par l'Alliance israélite universelle et appelée, à partir de 1880,École normale israélite orientale (ENIO), dont la mission est de former les maîtres des écoles de l'Alliance, dans tout le bassin méditerranéen[441].

Après la seconde guerre mondiale, une école juive secondaire, l'École Aquiba, est créée àStrasbourg pour former de nouveaux cadres pour la communauté juive éprouvée par la Shoah[442]. La même année l'École Yabné est fondée à Paris. En 1954, le rabbinDavid Feuerwerker introduit l'hébreu comme option aubaccalauréat[443].

C'est surtout après l'arrivée des Juifs rapatriés d'Afrique du Nord et laguerre des Six Jours, à partir des années 1970, que l'école juive se développe en France. On peut y voir deux raisons : un renouveau identitaire lié à un plus grand respect de la religion par les Juifs d'Afrique du Nord que par lesAshkénazes et aussi un début d'antisémitisme dans certains lycées. Dans les années 2000,on estime à 30 000 le nombre d'élèves dans les écoles juives[réf. souhaitée]. Les principaux réseaux d'éducation sont ceux historiques comme les écoles de l'Alliance israélite universelle ou de l'ORT (Organisation Reconstruction Travail)[444], le réseauOzar Hatorah, les écoles orthodoxes comme celles desLoubavitch. On trouve aussi un grand nombre d'écoles indépendantes (école Yabné à Paris, lycéeÉcole Maïmonide deBoulogne-Billancourt…). La grande majorité de ces écoles est sous contrat d'association avec l'État[445].

Il existe aussi quelquesyechivot comme layechiva d'Aix-les-Bains[446],[447] et la yeshiva Hazon Baroukh au Raincy. Enfin, leSéminaire israélite de France est chargé de la formation des rabbins.

Différents courants du judaïsme en France

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Les Juifs de France sont répartis en de multiples groupes reflétant la diversité du judaïsme actuel. On peut citer les juifsharédis, représentés dans quelquesyechivot, lesLoubavitch, qui revivifient la pratique religieuse en mettant en place un grand nombre d'institutions éducatives, lesorthodoxes (synagogues de la rue Montevideo, de larue pavée,Adath Israel, à Paris…), les Juifsconsistoriaux peut-être les plus nombreux parmi ceux qui sont membres d'une communauté et dont le rabbinat est proche de l'orthodoxie après avoir été beaucoup plus attiré par la réforme au début duXXe siècle, leMouvement Massorti, dont la figure marquante est le rabbinRivon Krygier et qui dispose de synagogues à Paris[448],Aix-en-Provence, Marseille et Nice, et leslibéraux divisés en différentes congrégations. Des Juifs noirs appellent également à la création d'une synagogue destinée plus spécialement aux Noirs[449]. De nombreuses autres associations culturelles ou caritatives existent[450]. Surtout, plus nombreux encore sont ceux qui ne pratiquent qu'épisodiquement le judaïsme et ne se réclament d'aucune obédience. Par exemple le Consistoire de Paris regroupe environ 30 000 membres, alors que la population juive de la région parisienne est estimée à 300 000 personnes[451]. Même en tenant compte des fidèles des communautés orthodoxes ou libérales, cela illustre un important degré d'assimilation dans une partie notable de la communauté, dont un autre symptôme est l'augmentation des taux de mariages mixtes (40 % parmi les moins de 30 ans) et de non-fréquentation des synagogues (49 %)[452].

Sur le plan organisationnel, si le grand-rabbin de France représente le judaïsme vis-à-vis des autorités en ce qui concerne la religion, c'est leCRIF, présidé depuis 2022 parYonathan Arfi, qui est l'interlocuteur des autorités sur le plan politique, comme en témoigne ledîner annuel du CRIF où la République se fait représenter ces dernières années par le Premier ministre ou même par le président de la République en 2008[453].

Le,Gilles Bernheim est élu grand-rabbin de France, après une campagne l'opposant à son prédécesseurJoseph Sitruk. Il prend ses fonctions le[454] mais doit se« mettre en congé » en[346],[347].

Le,Haïm Korsia est élugrand-rabbin de France pour sept ans.

Le est annoncée la création de l'associationJudaïsme en mouvement (JEM) regroupant dans une« maison commune », l'Union libérale israélite de France et leMouvement juif libéral de France[455].

Quelques rabbins de France

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Depuis le Moyen Âge, de nombreux rabbins français marquent leur temps et pour beaucoup, continuent d'être honorés de nos jours[456].

Date

naissance

NomSurnomLieux
v.Xe siècleRabbeinou Gershon ben YehudaMehor haGolaMetz (Moselle)
v.XIe siècleRabbi Chlomo ben Itzhak HaTzarfati (Rabbi Salomon fils d'Isaac le Français)RachiTroyes (Aube)
R'Simha ben Shmuel de VitryVitry-en-Perthois (Marne)
R'Meir ben Samuel de Ramerupt(en) (Rabbi Meir "HaYashish" ben Samuel Klonymos)RaMRamerupt (Champagne)
R' Samuel ben MeirRashbamRamerupt
R'Moshe HaDarshan (Rabbi Moïse le Prédicateur)Narbonne (Aude)
R' Yitzhak (Isaac) ben MeirRivamRamerupt
v.XIIe siècleYaaqov [Jacob] ben MeïrRabbénou TamRamerupt, Troyes
Samson ben Joseph de FalaiseFalaise
Joseph ben Isaac Kimhi (provençal/shuadit :Maistre Petit)leRIQaMNarbonne,Provence
Moïse ben Joseph KimhileReMaQNarbonne, Provence
David ben Yossef Kimhi (provençal/shuadit :Maistre Petit)leRaDaQNarbonne,Lunel
R'Abraham ben Isaac de NarbonneRaavad IIMontpellier, Narbonne
R' Eliezer ben Shmuel de MetzYereimMetz
R'Abraham ben David de PosquièresRaavad IIIPosquières (Gard)
R' Zerachyah ben Isaac Halevi de LunelBaal HamaorLunel
R'Isaac ben Samuel de DampierreLe Ri ouRi HazakenRamerupt,Dampierre (Aube)
R' Isaac bar Abba Mari de MarseilleProvence,Marseille (Bouches-du-Rhône)
v.XIIIe siècleR' Isaac ben AbrahamRitzbaDampierre
R' Shimshon ben Abraham de SensRashSens
R'Moshe ben Yaakov de Couchy (Moïse fils de Jacob de Couchy)SMAGCoucy-le-Château (Aisne)
R' Isaac ben Yossef de CorbeilSMAKCorbeil
R' Menahem ben Shlomo HameriMeiriCarcassonne (Aude),Perpignan (Pyrénées-Orientales)
R' Perez ben Eliahou de CorbeilRabbeinou PeretzCorbeil
v.XIVe siècleR'Levi ben Guershon (dit Guersonide)RalbagBagnols-sur-Sèze (Gard)
v.XVe siècle
v.XVIe siècle
v.XVIIe siècle
v.XVIIIe siècleGRFDavid SintzheimPremiergrand rabbin de FranceParis
GRFAbraham Vita de ColognaG-R FBischheim (Bas-Rhin), Alsace,Strasbourg
GRFEmmanuel (Menahem) DeutzG-R FParis
v.XIXe siècleGRFSalomon UlmannG-R FSaverne (Bas-Rhin),Lauterbourg (Bas-Rhin),Nancy (Meurthe-et-Moselle), Paris
GRFMarchand EnneryG-R FNancy, Paris
GRFLazare IsidorG-R FLixheim (Moselle),Monmorency (Val d'Oise)
GRFZadoc KahnG-R FMommenheim (Bas-Rhin),Metz, Paris
GRFIsrael LéviG-R FParis
GRFAlfred LevyG-R FLuneville (Meurthe-et-Moselle),Dijon (Côte d'Or),Lyon,Pau (Pyrénées-Atlantiques)
GRFIsaïe SchwartzG-R FTraenheim (Bas-Rhin), Marseille, Bayonne, Alsace, Paris
Abraham BlochParis,Remiremont (Vosges), Lyon
v.XXe siècleLouis-Germain LévyPremier rabbinlibéralParis
Salomon PoliakofLunéville,Lille (Nord)
David FeuerwerkerBrive-la-Gaillarde (Corrèze),Creuse,Lot, Lyon,Neuilly-sur-Seine
GRFJacob KaplanG-R FParis,Mulhouse (Haut-Rhin),Vichy (Allier), Lyon
GRFRené-Samuel SiratG-R FClermont-Ferrand (Puy-de-Dôme),Toulouse (Haute-Garonne)
GRFJoseph Haïm SitrukG-R FStrasbourg, Marseille, Neuilly-sur-Seine, Paris
GRFGilles BernheimG-R FAix-les-Bains (Savoie), Paris
René GutmanReims,Besançon,Strasbourg etBas-Rhin
Jean (Yehochoua) KlingStrasbourg,La Varenne (Val-de-Marne), Lyon, Nice
Richard WertenschlagMetz, Lyon,Rhône-Alpes,Auvergne-Rhône Alpes, SudBourgogne
Rivon KrygierrabbinmassortiParis
Pauline BebePremière femme rabbin française (Judaïsme libéral)Paris
v.XXIe siècleGRFHaïm KorsiaG-R FLyon,Le Mans (Sarthe), aumonier des Armées, Paris
Delphine HorvilleurJudaïsme libéralParis
R' :Rabbi,Rav

GRF :grand-rabbin de France

Voir aussi

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Sources primaires

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Bibliographie

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Presse juive française

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Articles connexes

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Liens externes

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Notes et références

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Notes

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  1. Exposée au musée judéo-comtadin deCavaillon, cette lampe« corroborerait une vieille légende juive médiévale selon laquelle des bateaux chargés d'exilés juifs palestiniens lors de la destruction duTemple et le sac de laVille sainte parTitus en 70 après Jésus-Christ, auraient abordé des ports méditerranéens dont Arles ».cf.Danièle Iancu,Carol Iancu,Les juifs du Midi : une histoire millénaire, Barthélemy,,p. 21.
  2. Le moineAdhémar de Chabannes (XIe siècle) rapporte qu'à Toulouse, Hugues, chapelain du vicomte Aimeri de Rochechouart, appliqua au juif le soufflet si fortement avec son gantelet de fer… qu'il lui fit sauter la cervelle et les yeux. Blumenkrantz,p. 251-252,lire en ligne
  3. On peut trouver le commentaire de laTorah par Rachi sur le siteSefarim.
  4. Extrait du discours du président Macron du 20 février 2019[40] :« Mais ce qu’ignorent encore trop de nos concitoyens, dans notre pays, c’est que depuis des siècles et des siècles, de grands Juifs, de grands commentateurs des textes sacrés, ont été en France, qui ont dit tant de ces textes, et sont connus à travers le monde, que les plus grands commentateurs de la Bible et du Talmud, juifs, ont été dans tous nos villages, et ont rendu parfois ces villages célèbres à ceux qui n’ont jamais mis le pied en France.Eliezer de Touques,Samuel ben Solomon (en) deFalaise[41],Simha deVitry enMoselle[42],Samson ben Isaac (en) deChinon[43],Moïse d'Évreux,Peretz ben Elia (en) deCorbeil[44],Moïse de Coucy,Isaac ben Samuel de Dampierre,Samson ben Abraham (en) deSens[45], Eliakim deChalon[46],Jacob dePont-Audemer[47],Matatia d’Avallon[48],Salomon de Château-Landon[49],Meshoullam ben Nathan deMelun,Eleazar ben Samuel (en) deMetz[50],Joseph Tobelem Bonfils deLimoges,Ayim Ben Isaac deLa Rochelle[51],Menahem Ben Salomon Meri dePerpignan[52],Jacob ben Makir deMontpellier,Aaron ben Perez (en) d’Avignon[53],Abraham ben David deNarbonne, tant et tant de noms connus à travers le monde, parce qu’ils ont dit quelque chose de la Bible, parce qu’ils ont apporté à la connaissance universelle. Ils étaient de ces villages et de ces villes qui sont notre pays. »[54]
  5. Dans sa description de Notre-Dame, Viollet-le-Duc évoque sur la statue d'origine, un bandeau qu'il a donc remplacé par un serpent. VoirFerdinand de Guilhermy et Eugène Emmanuel Viollet-le-Duc,Description de Notre-Dame, cathédrale de Paris, Bance,(présentation en ligne).
  6. L'historien français de l'architecture duXIXe siècle Daniel Ramée écrit dans lesannées 1840 que s'il connaissait personnellement des « Juifs bons et charitables », néanmoins des cathédrales françaises construites dans lesannées 1200, telles que Notre-Dame de Paris, ne sont « pas chrétiennes » en raison de « l'élémentphénicien-sémitique, connu sous le nom dejuif en Europe ».Pour cet historien de l'art de l'époque deVictor Hugo, la cathédrale Notre-Dame de Paris n'était que trop juive dans son imagerie. VoirThe Gargoyles of Notre-Dame: Medievalism and the Monsters of Modernity, par lemédiéviste de l'art Michael Camille, University of Chicago Press; 1st edition (June 15, 2009)(ISBN 978-0226092454). Citéen ligne
  7. Ledictionnaire de Viollet-le-Duc précise que dans des lettres datées de 1183, Philippe-Auguste permet à l'évêque de Paris de convertir la célèbre synagogue de la Cité en une église baptisée Sainte-Magdeleine.
  8. Le jour de Pâques 1290, le Juif Jonathas aurait exigé une hostie pour rendre les vêtements qu'une vieille femme avait mis en gage. Jonathas taillade alors l'hostie qui laisse échapper un sang abondant. Il la jette ensuite dans de l'eau bouillante qui devient rouge sang. La vieille femme ayant ameuté le public, Jonathas est arrêté et condamné à être brûlé vif et ses biens saisis par Philippe le Bel qui fait construire la chapelle du Miracle. (cf :Jacques Hillairet,Dictionnaire historique des rues de Paris, article « Rue des Archives »no 22 à 26, Éditions de Minuit, 1985).
  9. On peut en avoir une idée en cherchant sur le site duCentre national de ressources textuelles et lexicales les mots français dont on fait remonter la première trace aujudéo-français ou à l'œuvre de RachiMots utilisés en judéo-français etMots utilisés par Rachi.
  10. À partir duXIIIe siècle, il devient l'une des activités essentielles de l'ordre desFranciscains, nouvellement créé, ce qui entraîne des massacres de Juifs en Italie et en Allemagne selonBernard Lazare.
  11. SelonAlain Finkielkraut,Saul Bellow donne « l'exégèse délicieusement laïque » de l'expression « heureux comme Dieu en France » naguère employée par les Juifs d'Allemagne et d'Europe de l'Est : « Dieu serait parfaitement heureux en France parce qu'il n'y serait pas dérangé par les prières, rites, bénédictions et demandes d'interprétation de délicates questions diététiques. ». Voir« L'Institut d'études lévinassiennes ».
  12. Les chiffres sont précis car les recensements de 1851 à 1872 demandent aux Français de déclarer leur religion, pratique qui est abandonnée ensuite par la République.
  13. L'Italie avait déjà connu un Juif comme président du Conseil,Luigi Luzzatti, de 1910 à 1911. Le Premier ministre britanniqueBenjamin Disraeli était également d'origine juive mais il s'était converti au christianisme en 1817.
  14. Le banquier juif italienAngelo Donati et le Comité d'aide aux réfugiés (Comité Dubouchage) tentent ainsi de sauver les Juifs de la déportation par la police française entre et. Donati réussit à convaincre les autorités d'occupation italienne de protéger les Juifs. Après la chute de Mussolini, il cherche en à organiser le transport de milliers de Juifs en Afrique du Nord avec l'aide du Vatican, de l'Italie et des Alliés mais l'armistice du le fait échouer.
  15. Environ 50 000 ont pu quitter le territoire français, souvent par l’Espagne ou laSuisse, un tiers ont vécu en situation régulière, notamment 15 000 prisonniers de guerre non déportables. Source : Renée Poznanski,Être juif en France pendant la Seconde Guerre mondiale, Hachette, 1994,p. 451.
  16. - et, en particulier,ne pas se faire "recenser" comme juif -
  17. Ainsi, maître Maurice Méjean, avoué àLargentière, fournit faux papiers et travail au père de l'auteur de ces lignes, lui permettant de nourrir sa famille.
  18. À la Libération et pendant plusieurs dizaines d'années, l'attitude officielle consiste, comme le ditBernard-Henri Lévy dansCe grand cadavre à la renverse, à « effacer de notre histoire » la France de Vichy, ce qui est antinomique avec l'obligation juive de mémoire (zakhor זכור).
  19. L’accord final (entre le cardinal Gerlier et le grand-rabbin Kaplan) se borne à stipuler que « l’émotion d’événements douloureux sera oubliée ». VoirCatherine Poujol, « Positions divergentes des prélats catholiques sur le baptême des enfants Finaly (1945-1953) », Bulletin du Centre de recherche français à Jérusalem,.
  20. Selon l'Agence juive, l'émigration vers Israël (l'Alyah) se monterait en 2014 à 7 000 personnes[359].
  21. Jérome Fourquet fait remarquer que travailler sur le vote selon la confession religieuse constitue une tâche ardue du fait de l’absence de statistiques ethniques et religieuses et du faible poids des communautés juives et musulmanes dans les échantillons des sondages «classiques». Les chiffres sur la présidentielle 2012 ont été produits à partir d'un échantillon obtenu sur des enquêtes menées entre 2012 et 2014, de 510 sondés se déclarant de confession juive.

Références

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  124. Le sobriquet qui permettait de distinguer plusieurs personnes du même nom par une caractéristique physique ou morale, un lieu d'origine, une profession (Le Jeune, Le Riche, Couturier, Dupont) devient auXIIe siècle un nom héréditaire, c'est-à-dire le nom de famille qui se généralise à partir duXIIIe siècle.
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