
L'histoire des Juifs en Birmanie remonte auXIXe siècle et est liée à celle desJuifs en Inde et au développement de l'Empire britannique. À son apogée la communauté de ce pays bouddhiste de l'Asie du sud-est compta jusqu'à 2 500 membres[1]. AuXXIe siècle il ne reste plus qu'un vingtaine de Juifs dans ce pays.
Les Juifs baghdadis étaient solidement implantés àCalcutta dans l'est de l'Inde depuis le début duXIXe siècle. Ils avaient établi en Asie orientale un vaste réseau commercial basé principalement sur le commerce de l'opium étendant ses ramifications jusqu'àSingapour etHong Kong et transitaient souvent àRangoon tombée dans l'orbite britannique après lapremière guerre anglo-birmane (1823-1826)[1]. Dans lesannées 1870 ils fondèrent une communauté qui comprenait aussi desJuifs de Cochin et desBene Israël eux aussi arrivés d'Inde[1].
En 1896 fut édifiée à Rangoon lasynagogueMusmeah Yeshua, encore en service de nos jours[1]. La communauté essaima àMandalay,Maymyo,Moulmein,Bassein,Akyab etToungyi, l'essor démographique rendant même possible la construction d'une seconde synagogue àRangoon, ville qui fut dirigée par un membre de la communauté, David Sophaer durant lesannées 1930[1]. Les Juifs disposaient de tout un tissu communautaire assurant l'autonomie religieuse et culturelle dans cette partie de l'Asie très éloignée des grands centres de ladiaspora juive[1].
LaSeconde Guerre mondiale entraîne un déclin irréversible de la communauté, l'invasion de la Birmanie par le Japon provoque la fuite des 1 200 Juifs Birmans, soupçonnés d'être trop favorables au pouvoir colonial britannique[1]. Ils trouvent refuge àCalcutta, et seuls 500 reviennent en Birmanie à la fin de la guerre[1]. Les conditions politiques sont favorables à leur réinstallation, d'excellentes relations diplomatiques ayant été nouées entre les états birman et israélien nouvellement indépendants[1] : La Birmanie est le premier pays d'Asie à reconnaîtreIsraël, qui ouvre en 1953 sa premièremission diplomatique àRangoon, devenue une ambassade en 1957[2]. Le coup d'État du généralNe Win en 1962 change la situation, l'État devient hostile à ses minorités, se ferme aux étrangers et s'engage dans une politique économique désastreuse, ce qui conduit la très grande majorité des Juifs à partir. Dès 1965 il n'y a plus d'office régulier à la synagogue de Rangoon le jour dushabbat[1].
On estime que de nos jours il reste une vingtaine de Juifs en Birmanie, regroupés àRangoon etMandalay. Lecimetière juif de la capitale, situé en centre-ville, datant d'au moins1876 et comptant 600 tombes, a été fermé par les autorités qui souhaitent le raser afin de procéder à un réaménagement urbain[3]. La venue de touristes juifs et la présence du personnel de l'ambassade israélienne permet d'assurer leminyan (quorum) lors desfêtes juives célébrées dans la synagogue[3]. Lesévénements politiques de 2007 en Birmanie ont provoqué une inquiétude croissante au sein d'une communauté déjà très fragilisée[4].
Le, une célébration interconfessionnelle réunit leMinistre présidentiel du MyanmarU Aung Min, l'ambassadeur américainDerek Mitchell, l'ambassadeur israélienHagay Moshe Behar, le Yangon Religious Council, et d'autres invités, à l'occasion de l'achèvement de la restauration de la synagogue. Ils mettent à l'honneur l'anthropologue Ruth Cernea, qui a écrit une histoire de la communauté juive à Rangoon ; Laura Hudson du Council et Stuart Spencer, un membre de la diaspora de la synagogue, tous les trois en tant que leaders du projet. Le Yangon Heritage Trust a installé une plaque bleue sur la synagogue, pour marquer son importance historique[5].