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Lacommunauté juiveafghane est l'une des plus anciennes de l'Asie centrale, lesJuifs y ayant vécu pendant au moins 1500 ans. L'évaluation exacte de son ancienneté est incertaine, la date la plus ancienne avancée étant de720 AEC, c'est-à-dire lors de la déportation desIsraélites par lesAssyriens, ou de586 AEC, c'est-à-dire lors de l'exil des Judéens par les Babyloniens. Cependant, les traces d'une communauté abondante n'apparaissent qu'auVIIIe siècle de l'ère commune. C'est également à cette époque que leur présence est documentée par desexégètes bibliques ou des auteurskaraïtes, établis en Perse.
Cette communauté maintint à cette époque de nombreux contacts avec lacommunauté juive de Babylone. Plus tard, elle aura également des contacts avec lesJuifs de Perse,du Pakistan, etde Cochin.
La communauté a complètement disparu par émigration, principalement en Israël et auxÉtats-Unis[1]. On ne recensait dernièrement plus qu'un seul Juif,Zebulon Simentov, résidant àKaboul, et qui s'occupait du maintien d'unesynagogue en ruines, aidé par des sympathisantsmusulmans locaux[2],[3]. En 2021, lors de la prise par les Talibans de l'Afghanistan, Simentov décide de migrer vers Israël, citant la menace le visant, non pas par les Talibans, mais par d'autres groupes davantage extrémistes tels que l'EI-K[4].
« Il existe une quantité fascinante d'écrits sur la théorie selon laquelle lesPachtounes descendent d'unetribu perdue d'Israël. Kaboul est mentionné dans l'Ancien Testament »[5].
La première mention d'une population juive en Afghanistan date duVIIe siècle: leTabqat-i-Nasiri mentionne un peuple appeléBani Israël installé àGhor. Cependant, ce nom est également revendiqué par le groupe ethnique le plus large d'Afghanistan, lesPachtounes, qui descendent, selon leur tradition, de latribu de Naphtali, l'une desDix tribus perdues, et ne se considèrent pas Juifs. Ils affirment que le nomKaboul dérive de « Caïn etAbel », et le nom de l'Afghanistan lui-même viendrait, selonNimatullah, un auteur duXVIIe siècle, d'Afghana, un petit-fils duroi Saül. Toutefois, ces assertions, encore relayées jusqu'il y a peu parYitzhak Ben-Zvi, n'ont pu être confirmées ni par letestinggénétique, ni par l'analyse de l'idiome pachtoune, une forme orientale d'iranien qui ne comprend pas davantage de sémitismes.
Il est possible que ces prétentions soient nées du besoin, après la conquête de l'islam, de faire remonter son lignage à des peuples mentionnés dans leCoran, comme les Juifs, lesGrecs et lesArabes. Cependant, si ces peuples sont bien passés par la région, ils semblent n'avoir que peu influé sur leprofil génétique de la population locale.
De plus, cette hypothèse est contredite par des comptes-rendus anciens comme lesVedas[6] etHérodote[7] (aux alentours de 450 AEC) qui font référence aux seuls Pachtounes, aux « Aparitai » (Afridis).

AuXe siècle,Saadia Gaon rédige une polémique contre les écrits d’un juif sceptique nomméHiwi al-Balkhi[8] et en1080,Moïse ibn Ezra fait mention de 40 000 Juifs payant un tribut (djizia) àGhazni.Benjamin de Tudèle décompte 80 000 Juifs en Afghanistan auXIIe siècle.
En 2013, laBibliothèque nationale d'Israël acquiert d'anciens manuscrits encaractères hébraïques sauvés de grottes dans un bastiontaliban du nord de l'Afghanistan, qui fournit la première preuve physique d'une communauté juive qui y a prospéré dans le passé. Cettecollection afghane donne un aperçu sans précédent de la vie et de la culture des Juifs, en tant que « minorité tolérée », dans l'ancienne Perse duXIIIe siècle[5].
Au cours des invasions mongoles de1222, les communautés juives sont réduites à des poches isolées. Ce n'est qu'en1839 que la population augmente, par afflux de réfugiés juifs persans, atteignant 40 000 âmes, et ce, après avoir fui laconversion forcée à l'islam[5].
En1948, il y avait encore environ 5 000 Juifs en Afghanistan, mais à la suite de leur émigration massive versIsraël, qui leur fut permise en 1951[1], il n'en reste que 300 en1969. La plupart de ceux-ci fuient après l'invasion soviétique de1979, laissant seulement quelques dizaines de Juifs en Afghanistan, tous résidant à Kaboul[9].

À la fin de2004, il n'en reste que deux,Zebulon Simentov (né en 1959) et Isaac Levy (né aux environs de 1920). Levy vivait de la charité, tandis que Simentov tenait un magasin de carpettes et bijoux jusqu'en 2001. Ils vivaient aux deux extrémités de la synagogue en ruines deKaboul, tous deux prétendant être responsables de la synagogue, propriétaires légitimes de sonSefer Torah, et s'accusant mutuellement de vol et d'imposture. Ils se dénonçaient continuellement aux autorités, et furent tous deux emprisonnés quelque temps dans les prisonstalibanes. Les Talibans ont également confisqué le Sefer Torah. Récemment[Quand ?], une connaissance de Simentov a déclaré que celui-ci serait aux anges si on lui apportait une bouteille dewhiskey[2].
Les relations entre Simentov et Levy, fortement publicisées dans les médias à la suite de l'invasion américaine de l'Afghanistan pour démanteler le régime taliban, ont inspiré une pièce de théâtre, « The Last Two Jews of Kabul, » écrite parJosh Greenfeld et jouée à New York en 2002.
Levy étant mort en de cause naturelle, Simentov est le dernier Juif recensé en Afghanistan. Il tente de récupérer le Sefer Torah confisqué, affirmant que l'homme ayant confisqué le rouleau serait actuellement interné aucamp de Guantánamo. Bien que sa femme et ses enfants vivent enIsraël, Simentov, qui ne parle pas l'hébreu, n'envisage pas de s'y rendre et dit n'y avoir rien à faire[2].
En 2021, à la suite du retour des talibans au pouvoir, Zebulon Simentov comptait rester en Afghanistan[9]. Cependant, divers groupes plus extrémistes tels queEI-K, obligent Simentov à fuir l'Afghanistan pour migrer vers Israël[4],[10].
Plus de 10 000 Juifs émigrés d'Afghanistan ou leurs descendants vivent actuellement enIsraël.
Le second foyer de Juifs afghans est àNew York, avec 200 familles vivant pour la plupart dans les quartiers deFlushing,Forest Hills etJamaica, tous situés dans leQueens[1]. La seule synagogue afghane auxÉtats-Unis,Anshei Shalom, est derite orthodoxe et a pourrabbinJacob Nasirov. Les membres de la congrégation ne viennent pas seulement d'Afghanistan, mais dumonde mizrahi en général.