Histoire des Francs | |
![]() Grégoire de Tours,Histoire des Francs, livres 1 à 6, page de frontispice. Luxeuil ou Corbie, fin duVIIe siècle.BnF, Manuscrits, Latin 17655 fol. 2. | |
Auteur | Grégoire de Tours |
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Pays | ![]() |
Genre | Histoire |
Date de parution | VIe siècle |
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L'Histoire des Francs est une œuvre deGrégoire de Tours,évêque de Tours et historien, auVIe siècle. Le titre originel de l'ouvrage estDix livres d’histoire (Decem libros historiarum). Il s'agit d'une histoire universelle du monde et de l'Église, écrite dans une perspectiveeschatologique, de la Genèse aux règnes des rois francs, en572, à laquelle s'ajoute un ensemble de récits de vies de saints gaulois, composés de574 à la mort de Grégoire et réunis sous le nom deLivre(s) des miracles.
Le récit accorde une large place à laGaule mérovingienne, que Grégoire connaît mieux que le reste du monde : cinq des dix livres et leLivre des miracles concernent l'époque de l'auteur. Ce dernier en donne une image plutôt sombre, mettant l'accent sur les conséquences désastreuses du comportement de certains rois, par opposition au comportement de leurs aïeux chrétiens, à commencer parClovis. C'est à travers l'Histoire des Francs de Grégoire de Tours que nous est parvenue l'histoire duvase de Soissons ou du baptême deClovis.
Pour cette raison, l'œuvre a pu être ultérieurement rebaptiséeHistoire des Francs (Historia Francorum) ouGeste des Francs (Gesta Francorum) ou plus simplementChroniques (Chronicae). Elle fait en tous cas de Grégoire de Tours le père d'une « histoire nationale » des Francs, le principal historien desMérovingiens et la source majeure dont nous disposons sur leurs règnes.
L'œuvre de cet éducateur était destinée au peuple chrétien à l'époque, de sorte que soit encore améliorée leur connaissance de l'histoire au regard de la conversion d'un peuple barbare, Francs, à la vraie foi, notamment celle de Clovis. C'est la raison pour laquelle il l'écrivit en latin mi-littéraire mi-parlé[1], de telle façon qu'Erich Auerbach peut écrire que « la langue vernaculaire fait partout et indubitablement sentir sa présence dans cette œuvre »[2]. Dans cette optique, Grégoire de Tours y citait un grand nombre de dialogues, discours, discussions, et cette caractéristique est surtout visible dans lanumérisation achevée par Fournier, conversations indiquées en bleu.
Par la suite, l’Histoire des Francs a pu servir d'inspiration à d'autres chroniqueurs, notamment àBède le Vénérable dans sonHistoire ecclésiastique du peuple anglais (Historia ecclesiastica gentis Anglorum). C'est peut-être à cause du livre de Bède, un des plus populaires en Europe durant leMoyen Âge, que celui de Grégoire a reçu en retour l'appellation d'Histoire ecclésiastique des Francs (Historia ecclesiastica Francorum).
L’Histoire des Francs a été continuée durant les siècles suivants par des auteurs inconnus, auxquels ont été donnés les noms deFrédégaire et Pseudo-Frédégaire.
À l'exception du début du Livre I, Grégoire de Tours utilisait principalement un certain nombre de matériaux écrits. Donc, il pouvait profiter des archives ecclésiastiques au regard des histoires des églises alors que sa connaissance par rapport aux guerres n'était pas suffisante, faute de documents[3]. Ainsi, concernant la vie deClovis, il bénéficiait d'une biographie de saintRemi de Reims, écrite peu de temps après la mort de ce saint et meilleure que celle qui remplaça cette écriture sous le nom de l'évêqueVenance Fortunat, mais sans valeur historique[4],[3]. De plus, lorsque l'œuvre fut écrite, il pouvait profiter des témoins encore vivants, notamment ceux de l'ancienne reineClotilde qui avait demeuré dans la ville deTours, de laquelle Grégoire était évêque, plus précisément dans l'abbaye Saint-Martin[1].
Étant donné que la mentalité auVIe siècle était différente de celle de nos jours, il faut certes que soient scientifiquement vérifiés tous les renseignements dans cette œuvre. De plus, son édition doit êtrecritique. À savoir, encore faut-il une ou des conditions suffisantes. Nonobstant, il s'agit de meilleurs documents ou témoignages de l'époque, grâce à « son esprit de recherche, une connaissance approfondie de la Gaule duVIe siècle[3] » ainsi qu'à sa haute fonction publique et à celle de sa famille. Par exemple, le roi deBourgogneGontran conservait son amitié avec cet auteur[5].
En sortant son œuvreClovis en 1896,Godefroid Kurth écrivit : « L'Histoire des Francs de Grégoire de Tours est de loin le plus important de tous les documents historiques relatifs à Clovis. À elle seule, elle dépasse en importance et en intérêt tous les autres réunis. Si nous ne la possédions pas, c'est à peine si nous saurions de ce roi autre chose que son existence, et çà et là un trait curieux. Sans elle, ce livre n'aurait pu être écrit. Il est indispensable de connaître la valeur d'un témoignage si précieux[3]. » Donc, il s'agit de l'une des meilleures sources du haut Moyen Âge qui nous donne de nombreusesconditions nécessaires. Cependant, si l'historienOtto Gerhard Oexle (de) voit en Grégoire un chroniqueur consciencieux, il considère que sa volonté de produire des récits qui démontrent et confirment la foi chrétienne, rend son œuvre« objectivement fausse »[6].
Selon Rémi Brague, expert de la pensée chrétienne médiévale à l'Université Paris I - Sorbonne, cette œuvre est l'une des plus difficiles qui soient à analyser par les étudiants débutants, car l'enchevêtrement de données historiques, métahistoriques, religieuses et personnelles rend l'usage d'un esprit historique critique absolument nécessaire, et donc requiert une formation d'Histoire et d'Archives conséquente.
Voir aussi :publications depuis leXIXe siècle dans la référence Wikipédia
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Édition en latin publiée par laSociété de l'histoire de France
Édition bilangue latin-français (traduction parJoseph Guadet ainsi que Taranne) et publiée par la Société de l'histoire de France
Traduction parJoseph Guadet
Traduction parFrançois Guizot