L’agriculture et l’élevage sont apparues dans la région à partir d’environ 6400 av. J.-C. après s’êtredéveloppées en Anatolie. Laculture de Starčevo a joué un rôle majeur dans lanéolithisation de l’Europe du Sud-Est. Elle s’étendit de la Serbie actuelle à la partie occidentale dubassin des Carpates, englobant les régions actuelles du nord de l’actuelleCroatie et du sud-ouest de l’actuelleHongrie (environ 6000 à 5400 av. J.-C.). Laculture rubanée apparaît au milieu duVIe millénaireav. J.-C. Les recherchesarchéologiques ont révélé une zone d’interaction entre des groupes autochtones de chasseurs-cueilleurs et d’agriculteurs de l’extrême nord de la culture de Starčevo, enTransdanubie, qui ont pu donner naissance à la culture rubanée[1]. Ce courant est présent notamment du nord de la Serbie sur le site deLepenski Vir.
Cette culture archéologique est marquée par une période de croissance démographique dans la région grâce à une pratique plus intense de l'agriculture. On y a trouvé de nombreux villages bien organisés, des poteries, des figurines en argile anthropomorphes ou zoomorphes, et des artefacts présentant dessymboles qui, pour lesprotochronistes (très influents dans les Balkans) pourraient« former la plus ancienneproto-écriture connue ». La métallurgie ducuivre existait déjà dans cette culture[4],[5],[6] bien que les outils soient encore essentiellement en pierre taillée ou polie ou en os. Plus récemment, on y a découvert des objets enbronze : dans l'optiqueprotochroniste cette technique et ces objets sont systématiquement présentés comme« les plus anciens »,« les plus précoces » ou« les premiers au monde »[7]. Cette manière de voir l'histoire n'est pas spécifique à la Serbie, mais à la plupart des États balkaniques, ce qui a fait dire àWinston Churchill :« la région des Balkans a tendance à produire plus d’histoire qu'elle ne peut en consommer »[8].
Fibules, trésor deSečanj, musée de Zrenjanin, Âge du bronze
La culture duMureș, vers 2200 avant J.C., forme une sorte d'enclave régionale de l'âge du bronze danubien située dans le sud-est de l'actuelle Hongrie, le sud-ouest de l'actuelle Roumanie et le nord de l'actuelle Serbie. L'agencement des cimetières, les sépultures et les coutumes funéraires, et la culture matérielle trouvée sur des sites de cette région, dont font partie les premières tombes du cimetière deMokrin, sont dans les phases initiales étonnamment semblables avec celles duBurgenland et de laBasse-Autriche. Ces cimetières apparaissent subitement, sans prédécesseurs régionaux, ce qui est signe d'un changement de population[9].
Cette population donne naissance à ses propres nouvelles colonies. Les maisons construites (6–8 par 4–5 m) avec plancher et foyer sont disposées en ruelles étroites. Une gamme d'objets métalliques a été créée, par exemple des colliers, des poignards courts triangulaires au début et plus tard destutuli, pendentifs en forme de croissant ou de cœur, et enfin des haches plates, de longs poignards, des fers de lance, des haches à marteaux. Des perles de faïence et d'ambre sont également présentes, indiquant une large gamme de contacts à longue distance. Le rite funéraire se compose de squelettes en position accroupie ou assise, avec également l'apparence de sépultures enpithos. Les différences sociales sont observables.
La culture de Vatin développe une stratification sociale au sein de sa population. Elle connaît de grands établissements centraux, qui étaient entourés de petites colonies et de fermes. Les grandes colonies étaient des centres économiques et sociaux, ainsi que les sièges des chefs tribaux. Ces centres fortifiés avaient un caractère défensif. L'épais réseau de grandes colonies fortifiées est caractéristique de la défense collective d'un vaste espace.
Les occupations principales des habitants de la culture de Vatin étaient l'agriculture et l'élevage et on suppose qu'ils produisaient également de la bière. Dans de nombreuses colonies, des restes de jouets pour enfants en céramique ont été découverts, dont de petits chariots tirés par des bovins ou des maquettes de bateaux à rames. Les outils, les armes et les bijoux étaient principalement achetés par le commerce, mais certaines grandes colonies avaient également leurs propres ateliers qui produisaient des objets en bronze. Une fonderie d'objets en bronze a été découverte sur le site de Feudvar, situé près deMošorin au bord du plateau deTitel, et selon les chercheurs, elle a probablement été utilisée pendant plusieurs centaines d'années.
Au cours des siècles précédant l'ère chrétienne, les Proto-Celtes (oupeuple du champ des urnes) descendent le long duDanube, porteurs de laculture de Hallstatt et de la cultureLa Tène. LesScordiques, un des principaux peuples celtes, établirent leur capitale àSingidunum, l'actuelleBelgrade. Les Proto-Celtes pénétrèrent sur l'actuel sol serbe aux environs de -500, soit en s'imposant militairement (là où lesautochtones paléo-balkaniques résistèrent comme à Glasinac), soit pacifiquement par les relations commerciales (comme à Ripač).
Après l'extension de la conquête romaine jusqu'au Danube, sous Auguste, la province romaine d'Illyrie est créée en -9. En 10, cette province est divisée, et le termeIllyrie tombe en désuétude. La région est totalement pacifiée en 27.
Le diocèse romain de Mésie en 300Le nord de la péninsule des Balkans dans l’Antiquité tardive (VIe siècle)Les migrations des Serbes entre l'an 50 et l'an 1000 selon le point de vueprotochroniste qui fait remonter les Serbes à l'Antiquitéiranienne duNord-Caucase en se basant sur l'homophonie relative entre les Serbes et lesSiraques antiques :
L'origine même desSerbes est discutée entre les historiens universitaires et l'écoleprotochroniste (très influente dans tous les pays desBalkans). Selon cette dernière, la racine du nom « Serbi » ne serait passlave mais proviendrait d'un peuple du nord-Caucase mentionné parTacite au tout début de notre ère : lesSiraques, renommés « Serboï » ou « Serbi ». Se basant sur cettehomophonie, les protochronistes avancent que les « Serboï » ou « Serbi » seraient un peuple « proto-serbe » d'origineiranienne qui, mélangé auxSlaves, se serait progressivement assimilé à ceux-ci, pour ne laisser que leur nom à leurs sujets slaves. Sachant que les populations successives des Balkans se sont transmis leurs patrimoinesgénétiques (par exemple lehaplogroupe R1a-M458), les protochronistes s'y réfèrent très volontiers pour affirmer que lesSerbes tels qu'on les connaît depuis leMoyen Âge, auraient déjà vécu dans lesBalkans dès leIVe siècle av. J.-C.[11],[12],[13],[14],[15],[16],[17],[18],[19],[20],[21].
De leur côté, leslinguistes affirment queSrbi dérive de la racine indo-européenneser, qui s'apparente au latinservare (« conserver », « garder », « protéger », « préserver », « respecter »). Selon Heinz Schuster-Šewc, la racine indo-européennesrb, qu’on retrouve dans de nombreuses langues slaves, aurait pour signification initiale « apparenté, appartenant à la tribu »[22].
Le premier centre du peuplement serbe dans les Balkans fut une région située dans la vallée de la rivièreMorava, que leur chef (dont on ne connaît pas le nom) négocia avecHéraclius en reconnaissance de leur importante contribution dans la défaite desAvars. Ultérieurement d'autres échanges de populations eurent lieu : selonJean Skylitzès[23], une partie desSerbes restés au nord vinrent rejoindre ceux déjà installés dans lesBalkans, tandis que desValaques de cette région partaient enMoravie septentrionale, dans la région qui devait s'appeler par la suite « Valaquie morave » (dans l'est de l'actuelleTchéquie)[24]. Pour lesprotochronistes, les Valaques de Moravie descendent en droite ligne desVolques, un peuplecelte qui, selon eux, aurait été d'abordromanisé, ensuiteslavisé sur place. La vallée de la rivière Morava fut ensuite la source même de l’expansion serbe dans la péninsule desBalkans.
Militairement mieux organisés que les tribus slaves de la première vague de migration, les Serbes dominèrent aussi des régions avoisinantes, notamment laDioclée (qui prit plus tard le nom deZeta, et encore bien plus tardMonténégro), laBosnie, les régions côtières dePaganie (également dénomméeNeretva) etZachlumie (correspondant toutes deux, aujourd'hui, à une certaine partie de laDalmatie) ainsi que la Travounie (approximativement le sud-ouest de l'actuelleHerzégovine). Ils passèrent ensuite progressivement de lamythologie slave (fidèles dePéroun,Domovoï, Korochoun et autres dieux slaves) auchristianisme byzantin[25].
Installés principalement dans les plaines et les vallées, les Serbes et les tribus slaves les ayant précédés désignaient lesautochtones romanisés par le terme deValaques (en serbe :Vlah au singulier,Vlaši au pluriel). Essentiellement présents dans les montagnes et sur le littoral, ceux-ci furent progressivement slavisés au cours des siècles qui suivirent, et il n'en reste que très peu à l'heure actuelle, surtout dans la Kraïna orientale (région desPortes de Fer). Le terme deValaque prit chez les Serbes une connotation souvent péjorative, étant utilisé pour désigner les bergers transhumants, qu'ils soient slaves ou réellement valaques. Seuls lesautochtones romanophones du littoral, du fait d'une plus grande imprégnation des traditions romaines, parvinrent à préserver leur autonomie tardivement, jusqu'auMoyen Âge, mais devaient payer un tribut à leurs suzerains slaves.Dalmates etMorlaques (« Valaques de la mer ») finirent toutefois eux aussi par être assimilés par les Slaves de l'arrière-pays.
Isolés par le compartimentage du relief, les différentes tribus slaves étaient organisées enjoupas, chacun dirigés par un hobereau appeléjoupan. Sous autorité byzantine, les Serbes s'affranchirent progressivement de cette dernière, avec plus ou moins de succès selon la région, notamment dans la vallée de laMorava, foyer de peuplement des Serbes, connue plus tard sous l'appellation deRascie. Dans ce fief, le premier souverain serbe attesté fut leknèzeVišeslav, arrière-petit-fils du chef inconnu qui avait mené les Serbes dans les Balkans, auVIIe siècle. Contemporain deCharlemagne, Višeslav régna vers la fin duVIIIe siècle, et réussit à préserver l'autonomie concédée à son ancêtre par l'empereurHéraclius. Du fait de la rupture entreByzance et lesBulgares, ses héritiers connurent plus de difficultés, mais réussirent également à sauvegarder leur indépendance. Dans la première moitié duIXe siècle, Vlastimir, arrière-petit-fils deVišeslav, fonda sa propre dynastie, la Maison desVlastimirović. Et ce fut au cours de la seconde moitié duIXe siècle, sous le règne de son filsMutimir (qui régna jusqu'en 891), que les Serbes reçurent leur premierbaptême officiel. À cette époque, l'empereur byzantin étaitBasileIer le Macédonien, et lepatriarche de Constantinople,PhotiosIer, avait accordé sa bénédiction aux frèresCyrille et Méthode dans leur entreprise de christianisation des Slaves de l'Empire byzantin. Le développement duchristianisme chez les Serbes fut confié aux centres religieux deSirmium (aujourd'hui Sremska Mitrovica) et deSplit. C'est à partir de cette époque que les souverains serbes commencèrent à porter des prénoms chrétiens, commeStefan, le plus jeune fils de Mutimir, ouPetar (Pierre), fils de son frère Gojnik.
De924 à927, les territoires serbes centraux furent soumis auxBulgares, mais furent libérés par un descendant deVlastimir,Časlav Klonimirović, qui tira profit de la mort de l'empereurSiméon pour s'échapper des prisons bulgares. Avec l'aide deByzance, il restaura la principauté serbe, qui engloba, outre la région centrale deRascie, les territoires deBosnie, deTravonie et dePaganie. Seules laDioclée et la Zachoumlie, alliées desBulgares, demeurèrent indépendantes. Les territoires dominés parČaslav Klonimirović, la Serbie proprement dite, résistèrent à l'assaut desHongrois sur la Bosnie, avec l'appui de l'empereur byzantinConstantin VII Porphyrogénète. Après la mort en950 de Časlav Klonimirović au cours d'une bataille, la Serbie ne résista pas aux assauts des Hongrois et des Bulgares. Sa partie occidentale, située à l'ouest de laDrina (la Bosnie), fut réorganisée et placée sous la direction locale d'unban, qui reconnaissait l'autorité des royaumes et principautés alentour (Croatie,Hongrie,Dioclée etEmpire byzantin). La Serbie orientale, autrement dit la Rascie, fut placée sous tutelle byzantine, en tant quethème de Serbie (thema Servia).
Peu de temps après, laDioclée, qui était parvenue à rester plus ou moins autonome du Grand Joupa deRascie, parvint à consolider son indépendance sous le règne de souverains tels queJean Vladimir (960-1016), qui fit deShkodër la capitale de son royaume. Mais l'empereurSamuel de Bulgarie annexa la Dioclée et Jovan Vladimir fut fait prisonnier. Acceptant d'épouser la fille de Samuel, la princesse Kossara, Jean Vladimir fut autorisé à retourner gouverner la Dioclée, mais en tant que vassal de l'empereur bulgare. Après l'assassinat en 1016 de Jean Vladimir, organisé par l'empereur bulgareJean Vladislav, la Dioclée fut incorporée parByzance dans lethème de Serbie. En ce temps, la Dioclée était encore essentiellement dominée par le rite latin, du fait de la subsistance tardive des traditions romaines pratiquées par les autochtones du littoral. Mais progressivement, l'influence de Byzance implanta fortement le rite oriental, jusqu'à ce que les dernières populations pratiquant le rite latin soient subjuguées. Voir aussiDe administrando Imperio (vers 950) :Paganie,Zachlumie (Chelmia),Travonie,Dioclée
Dans le second quart duXIe siècle, le déclin de Byzance permet aux Serbes de mener plusieurs soulèvements successifs, qui aboutissent en1037 à la libération de leurs territoires. LaDioclée est libérée dès1036 par une révolte menée par le prince serbeVojislav, originaire de Travounie, après plusieurs tentatives infructueuses, qui l'amènent à être fait prisonnier àConstantinople, dont il réussit à s'échapper. Vojislav chasse Theophilos Erotikos, le dernierstratège duthème de Serbie, et adopte le surnom deStefan (du grecStephanos, signifiant « couronné »). Libérant ainsi à la fois la Dioclée, laRascie ainsi que des portions de la Travounie et de laZachlumie, il fonde ainsi sa propre lignée : la dynastie des Vojislavjević.
LaDioclée devient alors la principauté serbe la plus puissante, contrant avec succès plusieurs tentatives d'annexion par l'empereur byzantinConstantin IX Monomaque. Stefan Vojislav finit malgré tout par reconnaître l'autorité de l'empereur byzantin. En1052, son filsMihailo Vojislavljević renouvelle sa déclaration de vassalité à Byzance, mais prend le titre de grand joupan deRascie. Désireux d'établir unarchevêché autonome dans ses territoires, il cherche appui auprès de Rome et du papeGrégoire VII, qui le couronne en1077roi des Slaves et de Dioclée, et ses territoires prennent la dénomination de royaume deSerbie. Mihailo Vojislavljević se désigne lui-même par le titre deroi des Serbes et desTribales, et après son annexion de territoirescroates jusqu'à la ville deKnin, il se désigne également par le titre deroi de Dioclée et deDalmatie. Malgré ses relations avec Rome, Mihailo ne souhaite pas que la Dioclée soit contrôlée par les prêtrescatholiques. D'un côté, il consolide ses liens avecRome pour s'affranchir de l'autorité byzantine mais de l'autre, il renforce le rite oriental afin d'éviter toute domination latine.
Le fils de Mihailo,Konstantin Bodin Vojislavjević, est reconnu en tant qu'empereur desBulgares en1072, sous le nom de Pierre III. Après la mort de son père, il est également couronné roi de Serbie en1082. Il étend son royaume à laRascie et à laBosnie. Le papeClément III lui accorde la création d'unarchevêché de Dioclée en1089, qui recouvre également des diocèses deRascie, de Bosnie et de Travounie. Après sa mort en1101, la Dioclée décline du fait de l'absence de souverain puissant.
La Dioclée sur le déclin, laRascie devient le nouveau centre en vue de l'émancipation des Serbes de la tutelle byzantine. Vukan, anciennement courtisan du roi Bodin, devientjoupan de Rascie en1083, alors que ce territoire fait partie du royaume de Serbie dirigé par Bodin. À cette époque, Vukan commence à intégrer à la Rascie des fragments duKosovo et de laMétochie actuelles. Son territoire s'étend progressivement vers le Sud-Est, jusqu'à ce qu'il s'empare de la vieille ville impériale deLipljan en1093. À la fin duXIe siècle, laRascie est sans conteste la principauté serbe de première importance, à tel point qu'après la mort de Bodin en1101, Vukan intervient directement dans les affaires intérieures de laDioclée. Après le décès de Vukan en1115, la Rascie se trouve affaiblie et l'empereur byzantinJean II Comnène reconquiert le pays au début de son règne. Malgré une brève libération de1127 à1129, la Rascie reste sous domination byzantine durant la plus grande partie duXIIe siècle.Constantinople a alors toute latitude pour nommer les joupans à son gré.La Bosnie, que lesHongrois lui ont pris en1138, revient sous sa tutelle après une victoire décisive sur ces derniers, de même que laCroatie, laDalmatie et la Dioclée.
En1163, l'empereur confie le fief de Dubočica àÉtienne Nemanja, seigneur d'un domaine princier de Rascie orientale, des environs de la vallée de laToplica. Il lui octroie par la même occasion le droit de régner comme joupan, ce qui lui confère un avantage certain par rapport à ses trois frères, tous seigneurs d'autres domaines des territoires serbes. Après des bouleversements politiques, le grand joupan de Rascie, Desa, est chassé en 1165, et ce futTihomir, frère de Nemanja, qui lui succède.
Cependant, l'autonomie des territoires de Nemanja lui vaut l'opposition de ses frères, qui le capturent. Ayant réussi à s'enfuir, Nemanja rassemble ses partisans et chasse ses frères en 1166, se proclamant grand joupan de Rascie. Aidé par Byzance, Tihomir tente de reconquérir la Rascie, mais échoue et périt en 1168 au cours d'une bataille. Nemanja essaie alors de s'affranchir de la domination byzantine, mais privé de l'aide de laHongrie, il doit attendre la mort deManuelIer, en 1180, pour progressivement libérer la Rascie et rassembler les autres territoires serbes, en particulier laDalmatie et laDioclée. À la fin duXIIe siècle,Byzance est obligée de reconnaître l'indépendance de la Serbie en1185. Nemanja est alors le premier représentant, de la dynastie desNemanjić, au destin glorieux. Sous son règne, la Serbie accroît son territoire vers le sud, avec Zeta (Monténégro),Pirot et leKosovo. Il abdique en1196 se retire auMont Athos (où il fonde lemonastère de Hilandar avec son filsSaint Sava). Il y meurt trois années plus tard.
Un autre de ses fils,Stefan Ier Nemanjić, lui succède en tant que joupan. En lutte contre lePatriarche de Constantinople, il fait appel au PapeHonorius III qui le reconnaît comme « Roi de Serbie » en1217, et le fait couronner par l'un de seslégats. Son frèreSaint Sava, qui vient de fonder l'église serbe autocéphale en1219, le couronne une seconde fois, selon le riteorthodoxe en1221. Le règne de StefanIer Nemanjić prend fin en1227, et ses successeurs connaissent des fortunes diverses, liées aux guerres intestines.
L'empire serbe à l'époque de Stefan Dušan (vers 1350)
Despotat serbe 1421-1427
Despotat serbe 1433-1439
Despotat serbe 1455-1459
En1371, un des rois de Serbie,Vukašin Mrnjavčević, perd, contre les Turcs, labataille de la Maritsa, ce qui entraîne la vassalisation de ses terres et la soumission de son filsMarko. En1381 a lieu la première bataille opposant sur les terres duPrince Lazar Hrebeljanović les Serbes et les Turcs ; elle se déroule àDubravica et se termine par une victoire serbe. En1386, Lazar lui-même intercepte une seconde armée, conduite par le sultanMouradIer en personne ; les troupes s'affrontent près de la rivièreToplica, non loin dePlocnik. C'est une nouvelle défaite pour les Turcs ottomans. La Serbie de Lazar s'effondre cependant lors de labataille de Kosovo Polje en1389 : le prince Lazar y perd la vie, mais également le sultan Mourad ; les principautés serbes reconnaissent peu après la suzeraineté ottomane.
Ledespotat de Serbie, s'installe ensuite àSmederevo avec encore de grands souverains serbes (voirĐurađ Branković) et de grandes familles nobles comme les Jakšić surnommés par les souverains de Hongrie comme le pilier du Christianisme, tant ils ont montré de courage et de ferveur dans la lutte contre les Turcs. Le pays n'est définitivement annexé par lesOttomans qu'après la chute deSmederevo, en1459.
Les Serbes sous l'Empire ottoman et dans l'empire d'Autriche
Entre1459 et1804, la Serbie subit l'occupation de l'Empire ottoman ainsi que trois invasions autrichiennes infructueuses pour chasser les Turcs de Serbie. En tant que chrétiens, les Serbes avaient le statut dedhimmi, mais dans les faits étaient considérés comme des citoyens de seconde zone, souvent maltraités, si l'on excepte la période de règne deSokollu Mehmet Pacha (unjanissaire devenugrand vizir). Ils sont soumis à l'oppression du pouvoir ottoman qui se donne pour mission de les islamiser ; certains se convertissent (voir articleMusulmans (nationalité)), d'autres émigrent au nord et à l'ouest, cherchant refuge enAutriche-Hongrie. ÀBelgrade, uneassemblée se réunit. Il y est décidé de demander à l'empereurLéopoldIer du Saint-Empire d'assurer la sécurité de ses alliés serbes. L'empereur accepte d'accueillir sur les terres récemment libérées au nord de Belgrade, sur la rive gauche duDanube, « tous les Serbes [...] prêts à se battre contre les Turcs ». Il leur offre des « avantages et des passe-droit importants ».
Ils ont la liberté de culte (les Serbes sont chrétiens maisorthodoxes),
la liberté de justice,
la liberté dans l'éducation de leurs enfants.
Ils reçoivent des armes pour pouvoir défendre l'Empire contre les Ottomans ; ils peuvent attaquer seuls les Ottomans dans une guerre d'usure mais doivent répondre aux ordres de mobilisation de l'empereur. L'empereur, et seulement lui, détient une autorité sur les Serbes qui forment son armée personnelle.
Tous ces avantages accordent quasiment aux Serbes une autonomie au sein même de l'Empire.
Arsenije III Crnojević, le patriarche de l'Église orthodoxe serbe, satisfait des avantages promis par l'empereur, organise l'une des plus grandes migrations de l'histoire serbe, entre 1690 et 1694 de 40 000[26] à plus de 200 000 serbes quittent leKosovo, pour trouver refuge enVoïvodine,Slavonie etKrajina, on appelle ces régions lesfrontières militaires (Vojne Krajine)[27], exode plus que massif compte tenu de la population de l'époque. Sachant que les Turcs ont déjà réprimé durement les Serbes qui se sont alliés aux Autrichiens, ils craignent que le retour des Ottomans auKosovo, le foyer central de la révolte serbe, ne provoque un massacre général de la population.
Unepremière révolte des Serbes a lieu entre 1804 et 1813, dirigée par Georges Petrović - surnommé par les Turcs"Kara-Djordje" (Georges le Noir) -, marchand de porcs. Élu Prince héréditaire des Serbes en 1808, Karageorges fonde la dynastie des Karađorđević (ou Karageorgévitch). Cette première rébellion se conclut par une reprise en main de la Serbie par la Sublime Porte, et Karageorges se réfugie en Autriche en 1813.
De 1815 à 1817, Miloch Obrenovitch, un autre marchand de porcs, dirige, à son tour, la révolte contre les Turcs. Il tue Karadjordje, rentré en Serbie, et envoie sa tête au sultan, ce qui engendre une querelle permanente entre les deux familles tout au long duXIXe siècle.
Principauté de Serbie après le second soulèvement serbe de 1817
Serbie en 1849
Serbie en 1913
Uneseconde révolte a lieu en 1815, sous la conduite deMiloš Obrenović, fondateur de la dynastie des Obrenović (ou Obrénovitch). Cette révolte aboutit à l'autonomie de la Serbie. Miloch Obrenovitch est élu Prince de Serbie en 1818, et reconnu Prince héréditaire par l'Assemblée nationale serbe en 1827.
En 1878, le Congrès de Berlin accorde son indépendance à la Serbie et, en 1882, le prince Milan IV Obrenović devient roi de Serbie sous le nom deMilanIer de Serbie.
Création d'une école publique, en1884, qui offrit à la Serbie ses premiers bacheliers[28],
L'instauration de laLiberté de la presse, d'opinion et d'association : en1909, il existait 79 journaux dont 13 quotidiens[29],
Enfin la mise en place desyndicats dont la confédération générale des ouvriers en 1904 permit à la Serbie de mettre en place des lois sociales avancées[29].
Cette liberté en Serbie favorisa un foisonnement culturel qui fit de Belgrade un phare de liberté pour tous les Serbes des Balkans ainsi que pourCroates et lesSlovènes qui souffraient dans l'empire d'Autriche-Hongrie et qui rêvaient d'une Yougoslavie avec le même régime démocratique à leur tête. Certains milieux réactionnaires à Vienne n'attendait que l'occasion d'écraser le Piémont serbe avant qu'il contamine les esprits de tous les Slaves du sud de l'Empire[29].
En, la Bulgarie, la Serbie, la Grèce et le Monténégro déclarent conjointement la guerre à l'Empire ottoman et remportent la victoire. Le, l'empire demande l'armistice, mais les hostilités reprennent brièvement au printemps 1913. L'hégémonie turque en Macédoine s'achève cependant avec ce conflit.
Mais l'alliance des vainqueurs ayant tourné à l'avantage de la Bulgarie enMacédoine, elle cesse aussitôt et, à l'instigation de la Serbie, éclate bientôt unedeuxième guerre balkanique qui oppose alors la Bulgarie à une nouvelle coalition formée de la Serbie, de la Grèce, de la Roumanie et de la Turquie. Le, la Bulgarie, vaincue, doit déposer les armes et ne conservera qu'une petite partie de la Macédoine, que se partagent la Grèce et la Serbie.
En 1915, le royaume fut envahi par les puissances centrales lors de lacampagne de Serbie. Le pays fut finalement libéré en1918 par les restes de l'armée serbe, fortement soutenus par les forces alliées (dont l'armée française d'Orient), et il récupéra la Macédoine qui avait été entretemps reconquise par la Bulgarie.
Ungouvernement serbe collaborateur est instauré par les Allemands avec, à sa tête, le généralMilan Nedić. Un double mouvement de résistance s'organise ; dès, soit la première résistance armée en Europe, la résistance destchetniks se développe autour de la personnalité deDraža Mihailović, un royaliste serbe, surnommé le« général des Balkans » et représentant le gouvernement royal de Londres. Ils reçoivent rapidement le nom d'« Armée yougoslave dans la patrie ». Chronologiquement, seconde force de résistance, le mouvement despartisans communistes, d'abord présent enBosnie-Herzégovine, se développe sous la direction duCroateJosip Broz Tito, dit Tito. À partir de 1943, les États-Unis et le Royaume-Uni décident d'appuyer essentiellement les partisans de Tito et abandonnent Mihailović[30]. Lestchetniks participent à lalibération de la Serbie en1944, mais après la guerre, ils sont dénigrés comme« fascistes et collaborateurs » par la presse communiste et apparentée. De leur côté, les partisans, jusqu'alors très peu présents en Serbie, participent aussi à la libération du pays avec l'appui des Anglais. Victorieux, ils renversent laMonarchie et font exécuter des milliers de tchetniks, en les accusant de collaboration avec lesNazis.Draža Mihailović est exécuté. Il avait pourtant participé, avec ses hommes, à la libération d'environ 600 pilotes alliés.
La Serbie au sein de la deuxième Yougoslavie (1945-1992)
Entre 1952 et la fin des années 1970, la croissance moyenne du PIB en Yougoslavie est d'environ 6 %, supérieure à celle de l'Union soviétique ou des pays d'Europe de l'Ouest.Belgrade offre un certain niveau de vie.L'éducation et le système de santé sont gratuits, et les logements étudiants bon marché[31].
Après la mort de Tito en1980, les tensions se font jour, caractérisées par la montée dunationalisme dans les différentes républiques fédérées, nationalisme longtemps contenu et canalisé par le pouvoir central.
Slobodan Milošević, alors numéro deux du régime yougoslave, profite de la montée des tensions auKosovo pour se faire élire président de la Serbie en mai1989.Il concentre les pouvoirs en Serbie, en supprimant l'autonomie des provinces autonomes deVoïvodine et duKosovo.
En1990, les premières élections libres et pluralistes se déroulent enBosnie-Herzégovine, enMacédoine, en Serbie, enSlovénie et enCroatie, suivant en cela le mouvement de démocratisation engagé enEurope de l'Est un an auparavant.Hormis la Serbie, où leParti radical serbe deVojislav Šešelj est minoritaire, toutes les autres républiques choisissent des présidents ouvertement nationalistes ou indépendantistes.
La Yougoslavie a été placée sous embargo de l'ONU d'avril 1992 à octobre 1995. Dès 1998, elle est à nouveau sanctionnée par lesÉtats-Unis, l'Union européenne et l'ONU en raison de la guerre au Kosovo. La Serbie a été durement touchée par ces sanctions. Le PIB par habitant est tombé de 3 240 dollars en 1989 à 1 450 dollars en 1999. Le taux de chômage a beaucoup augmenté, passant de 14 % en 1991 à 39 % en 1993. Des restrictions ont été appliquées à l'essence, à l'électricité, au chauffage, aux médicaments et aux aliments[31].
Le, le Parlement accepta la création d'une fédération aux liens très lâches, limitée aux deux états restants, sous le nom deSerbie-et-Monténégro. Celle-ci disparut à la suite duréférendum du, où leMonténégro décida de proclamer son indépendance, que la Serbie dut reconnaître non sans difficulté.
La république de Serbie indépendante (depuis 2006)
Le le Kosovo a déclaré son indépendance, 111 pays membres de l'ONU l'ont reconnu tandis que 37 s'y sont opposés. La Serbie jusqu'à ce jour ne le reconnaît pas.
Depuis cette date le Kosovo n'est pas reconnu par l'ONU ni même l'UNESCO, et reste donc une région appartenant à la Serbie.
Le,Boris Tadić, candidat duParti démocratique (DS), pro-européen, est réélu président de la République. Il l'emporte avec 51 % des voix sur le candidat duParti radical serbe (PRS), nationaliste et pro-russe[32]. Cette élection marque le début du rapprochement de la Serbie avec l'Union européenne.
Le, leParti démocratique du présidentBoris Tadić, pro-européen, remporte les élections législatives. Il obtient 39 % des suffrages[34], soit 103 sièges sur 250[35], contre 28,6 % pour son principal adversaire, leParti radical nationaliste. Cette victoire intervient alors même que leKosovo vient de proclamer son indépendance. Le nouveau gouvernement s'engage à intensifier ses efforts pour se rapprocher de l'Europe.
Le, dix jours après la formation du nouveau gouvernement, le criminel de guerre de l'ex-YougoslavieRadovan Karadžić est arrêté par les services secrets serbes et livré à la justice internationale après treize ans de fuite[36]. Lecommissaire européen à l’ElargissementOlli Rehn déclare qu'il s'agit d'une étape importante pour l'adhésion de la Serbie à l'Union européenne : « Cela montre la détermination du nouveau gouvernement serbe à coopérer pleinement avec leTPIY. »[37] La presse européenne souligne que cette arrestation aurait été possible auparavant et qu'elle marque surtout une volonté du nouveau gouvernement serbe de coopérer activement avec la justice internationale[38].
Les efforts réalisés par le gouvernement pro-européen pour remplir les conditions fixées par l'Union européenne sont encouragés par celle-ci. Plusieurs étapes préalables à l'adhésion sont ainsi franchies :
Le, l'Union européenne annonce que lasuppression des visas pour l'entrée des citoyens serbes dans l'espace Schengen : pour un séjour de moins de trois mois, seul un passeport biométrique sera demandé. Cette décision prend effet le[39].
Le, leConseil des ministres fait franchir une première étape vers l'adhésion en annonçant la transmission de la candidature à laCommission européenne. Cette décision fait suite à la volonté d'apaisement des relations avec le Kosovo, que la Serbie a manifestée en signant à l'ONU une résolution appelant au « dialogue »[42].
↑Orbini, Mavro.,Kraljevstvo Slavena, Golden marketing,(ISBN953-6168-53-7)
↑Éloïse Adde-Vomáčka,La Chronique de Dalimil, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Publications de la Sorbonne,, 461 p.(ISBN978-2-85944-945-2)
↑Nestor Kiovensis.,Chronique dite de Nestor : (Nestorova ili pervonačalʹnaja lětopis), Leroux,(OCLC728265319)
↑Zeuss, Kaspar, 1806-1956.,Die Deutschen und die nachbarstaemme(OCLC1160254657)
↑stanisław bohusz siestrzeńcewicz,Précis des recherches historiques sur l'origine des Slaves ou Esclavons et des Sarmates, et sur les époques de la conversion de ces peuples au Christianisme,(ISBN978-0-259-09815-7)
↑C'est l'hypothèse de T.J. Winnifruth :Romanized Illyrians & Thracians, ancestors of the modern Vlachs, Badlands-Borderland 2003, page 44,(ISBN0-7156-3201-9), mais sur place, en Moravie, il n'y a ni mention écrite, ni preuve archéologique de cet épisode, et sur le planlinguistique le dialecte aujourd'hui slave des Valaques de Moravie, également influencé par les languesslovaque ettchèque, comprend un lexique latin d'originedaco-roumaine et surtoutpastorale comme dansbača (roum. „baci”: berger),brynza (roum. „brânză” : fromage, mot passé aussi en slovaque et en tchèque),cap (roum. „țap”: bouc),domikát (roum. „dumicat”: produit laitier),galeta/geleta (roum. „găleată” : baratte),pirt’a (roum. „pârtie”, chemin de transhumance),kurnota (roum. „cornută”: cornue) oumurgaňa/murgaša (roum. „murgașă” : brebis noire). C'est pourquoi les spécialistes tchèques supposent que des groupes debergersroumains partis de l'actuelleRoumanie (Transylvanie, Banat) ou de l'actuelle Serbie orientale, se seraient installés en Moravie orientale plus tard, duXVe siècle auXVIIe siècle : cf.: Jan Pavelka, Jiří Trezner (dir.):Příroda Valašska, Vsetín 2001,(ISBN80-238-7892-1).
↑Constantin Porphyrogénète, “Les cités désertées“ inDe administrando imperio, cité dans Stelian Brezeanu :Toponymie et réalités ethniques sur le bas-Danube auXe siècle ; Vladislav Popović, “La descente des Koutrigours, des Slaves et des Avars vers la mer Égée : le témoignage de l'archéologie“, in|Comptes-rendus des séances de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, volume 12, 1978, pp. 596-648 sur[6] etJordanès,Getica : “…Sclavini a civitate nova et Sclavino Rumunense et lacu qui appellantur Mursianus…“ sur :De rebus Geticis citant le manuscrit deVienne.