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Histoire de la Corse

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Histoire de la Corse
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte de la Corse parPiri Reis, datée duXVIe siècle.
Préhistoire
1,6 million d'années av. J.-C.Paléolithique
5 700 ans av. J.-C.Néolithique
Antiquité
Fondation d'Alalia (Aléria)
Bataille navale d'Alalia
Fondation dePorto-Vecchio (Portus Syracusanus)
264 àPremière guerre punique
259 av. J.-C.Fondation d'Aléria
237 à225 av. J.-C.Conquête romaine de laCorse
231 àProvince romaine de Corse
227 av. à6 ap. J.-C.Province romaine de Corse-Sardaigne
218 àDeuxième guerre punique
6-476Province romaine de Corse
IIIe siècleTrésor de Lava
455Invasions vandales
DuMoyen Âge à la fin de l'Époque moderne
534Conquête de la Corse parJustinien
VIe au VIIIe siècleExarchat de Carthage
725-751Conquête lombarde de la Corse
754Donation de Pépin
1077-1284Domination pisane en Corse
1230Cession de la souveraineté de la Corse par la papauté à Pise
1284Bataille navale de la Meloria
1284-1768Domination génoise en Corse
1297Donation de Boniface VIII
1351-1356Guerre entre le royaume d'Aragon et Gênes
1494-1559Guerres d'Italie
1553Conquête française de la Corse
1559Traité de Cateau-Cambrésis
1559-1569Guérilla deSampiero Corso
1676Exode des Grecs en Corse
1736-1740Royaume de Corse
1755-1769République corse
1756Premier traité de Compiègne entre Gênes et le royaume de France
1764Second traité de Compiègne entre Gênes et le royaume de France
1768Traité de Versailles
Époque contemporaine
1789-1799Révolution française
Réunion de la Corse à la France
1792-1804Première République
1794-1796Royaume anglo-corse
1804-1814/1815Premier Empire
1814/1815-1830Restauration
1830-1848Monarchie de Juillet
1848-1852Deuxième République
1852-1870Second Empire
1870-1871Guerre franco-allemande
1870-1940Troisième République
1878-1919Expansion coloniale
1914-1918Première Guerre mondiale
1939-1945Seconde Guerre mondiale
1946-1958Quatrième République
1954-1962Décolonisation
1958Cinquième République
1975Événements d'Aléria
1998Assassinat de Claude Érignac

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L'histoire de laCorse commence avec les premières occupations humaines du territoire. Laposition géographique de la Corse enmer Méditerranée a suscité les convoitises depuis l'Antiquité. LesPhéniciens et lesSardes commercent avec l'île, mais seuls les seconds prennent pied sur l'île. LesPhocéens fondentAléria (appelée alorsAlilia) en -565 et sont chassés par lesÉtrusques, eux-mêmes chassés par lesSyracusains. Vers -280, lesCarthaginois contraignent les Syracusains au départ, avant de devoir quitter l'île après les défaites lors desguerres puniques. LaRépublique romaine prend pied sur l'île et organise le territoire, tout en ayant une politique très dure à l'égard des peuples présents sur l'île, notamment à Aléria. La Corse et laSardaigne sont alors rattachées au sein d'unemême province, et l'île devient unecolonie de peuplement.Auguste fait de l'île uneprovince impériale, qui connaît peu de troubles jusqu'à la chute de l'Empire romain d'Occident en 476. À partir de là, la Corse ne va cesser de connaître des attaques armées, des administrations d'autres États ou des occupations jusqu'à sa cession par Gênes à la France en 1769.

DuXIe siècle auXVIIIe siècle, l'île est sous l'administration de larépublique de Pise puis de larépublique de Gênes, hormis l'intermède de la présence française de 1553 à 1559. À partir duXVIe siècle, l'Angleterre, l'Empire espagnol et leroyaume de France commencent à s'intéresser à l'île en raison de sa position stratégique. Laguerre de succession de Pologne puis laguerre de succession d'Autriche renforcent la rivalité entre les trois puissances européennes, d'autant plus que la Corse connaît deux indépendances éphémères avec leroyaume de Corse en 1736 puis laRépublique corse à partir de 1755. Néanmoins, le royaume de France négocie deux traités à Compiègne avec Gênes, en1756 et1764 et reprend pied sur l'île dans les places fortifiées pour la première fois depuis 1559. L'impossibilité pour Gênes de respecter les conditions dutraité de Versailles et la volonté de revanche du royaume de France sur laGrande-Bretagne depuis laguerre de Sept Ans facilitent la stratégie deÉtienne-François de Choiseul, le principal ministre deLouis XV, qui projetait dès 1764 l'annexion de l'île. Labataille de Ponte-Novo met fin à l'indépendance de la Corse, qui devient unPays d'états. Laréunion de la Corse à la France est actée au début de laRévolution française le. Les puissances étrangères reconnaissent la réunion de la Corse à la France par letraité de Paris de 1814, après la fin desguerres napoléoniennes et l'éphémèreRoyaume anglo-corse.

L'île connaît un développement important auXIXe siècle, notamment durant leSecond Empire et au début de laTroisième République. Après laPremière Guerre mondiale où la mobilisation fut très importante en Corse, l'île connaît un déclin démographique et économique considérable, y compris dans les principales villes. Néanmoins, elle réaffirme son attachement à la France face à la montée de l'irrédentisme italien à travers le serment de Bastia prononcé le. Placée dans laZone libre par l'armistice du 22 et du24 juin 1940, l'île est occupée par l'armée royale italienne à partir de novembre 1942 puis par des troupes de laHeer et desWaffen-SS en juin 1943. L'armistice de Cassibile fait passer l'Italie dans le camp des Alliés, et la Corse se soulève contre l'occupant. Elle est totalementlibérée le, étant le premier territoire libre deFrance métropolitaine. L'île devient une base aérienne pour lesAlliés, sa position étant centrale notamment pour ledébarquement de Provence.Antoine de Saint-Exupéry est d'ailleurs parti deBorgo pour sa dernière mission d'où il n'est jamais revenu, son avion ayant été abattu en Méditerranée. L'État réalise de nombreux investissements et aménagements sous laQuatrième République pour tenter d'enrayer le déclin de l'île. Néanmoins, lenationalisme corse renaît à la fin des années 1960, pourtant en plein dans la période desTrente Glorieuses. Lesévénements d'Aléria de 1975 amorcent une recrudescence de la violence et des conflits internes au sein de l'île, et de là naît la question de l'autonomie. Plusieurs statuts sont adoptés à partir de 1982, mais cela ne change pas la position de la frange radicale des nationalistes. En 1998, l'assassinat de Claude Érignac par un commando armé dissident duFLNC (qui se divise en deux branches qui s'entre-tuent à partir de 1990, l'Etat français, notamment le ministre de l'intérieur Charles Pasqua via ses réseaux en Corse comme l'inspecteur des RG, Daniel Léandri, joue un rôle majeur dans cette guerre fratricide meurtrière, qui déclenche trois nouvelles dissidences à partir de 1995) constitue le point d'orgue des violences dans l'île et l'atteinte la plus grave à l'autorité de l'État depuis l'assassinat de Paul Doumer en 1932. Depuis 2018, l'île est unecollectivité territoriale unique.

Préhistoire

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Site archéologique deMacinaggio (Haute-Corse), photographié en 1998.

La préhistoire de la Corse commence auVIIe millénaire av. J.-C.[1]. Une présence humaine à l'époque dupaléolithique est établie, mais sa datation n'a pas pu l'être avec certitude par les fouilles archéologiques et les études anthropologiques[2]. Des traces de possibles foyers ainsi que des éclats decalcaire ont été trouvés, en particulier dans leCap Corse sur le site deMacinaggio — découvert en 1954 par legéologue François Ottman — situé dans le village deRogliano[2].

En, la plus ancienne sépulture complète mise au jour reste laDame de Bonifacio, un squelette féminin dumésolithique retrouvé dans l'abri sous roche d'Araguina-Sennola près deBonifacio.

Antiquité

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Dès l'Antiquité, la Corse devient objet de convoitises de la part des peuples ou États qui dominent lebassin méditerranéen[3]. Tous poseront le pied sur l'île et s'y installeront à plus ou moins long terme[4]. Elle devient assez vite unecolonie de peuplement, mais aussi constituait une réserve importante de main d'œuvre pour les puissances méditerranéennes, en particulier pour lesCarthaginois ou lesRomains[5].

Le premier peuple qui domina le Bassin méditerranéen est celui desPhéniciens. Ils ne pratiquent pas decolonisation des territoires qu'ils découvrent, se contentant d'établir des comptoirs commerciaux. Contrairement aux autres peuples et civilisations qui domineront le Bassin méditerranéen, ils préfèrent jouer le rôle d'intermédiaire. La présence phénicienne enSardaigne voisine est attestée par l'archéologie, contrairement à la Corse[6]. Cependant, étant donné la proximité entre les deux îles, il est possible que les Phéniciens soient venus en Corse. La présence desGrecs avant leVIe siècle av. J.-C. est hypothétique, en particulier pour les Phéniciens.

D'aprèsHérodote, c'est vers565 av. J.-C. que lesPhocéens — qui ont fondéMassilia à la même période — s'installent sur l'île et fondent la cité d'Alalia, site de l'actuelleAléria sur laPlaine orientale. Ils auraient été chassés dePhocée (Ionie) par unsiège mené parHarpage pour fonder la cité là où l'oracle de Delphes leur aurait indiqué[7],[8]. Comme les Phéniciens, les Phocéens sont des commerçants et des marins. Ils n'hésitent pas à recourir à lapiraterie pour préserver leurs intérêts en Méditerranée[7], profitant de leur présence àMassilia et àAlalia[9]. En545 av. J.-C., lesPerses envahissent l'Ionie et lesPhocéens préfèrent quitter leur île. La plupart se rendent àAlalia ou àMassilia[9],[10].Alalia devient alors une cité prospère et participe à la diffusion de l'hellénisme en Méditerranée. Sa position est d'ailleurs idéale, la cité se situant en face de l'Étrurie et se trouvant sur la route de l'Ibérie qui passait parBonifacio ouMarseille[9]. L'agriculture se développe, tout comme l'exploitation forestière etminière qui favorisent la construction de navires. Dans le même temps, certaines formes d'artisanat se développent tout comme les arts[11]. Ainsi, la Corse passe les différents stades de l'âge du fer sans retard sur d'autres régions d'Europe[12]. Cependant, hormis pourAlalia, les signes de présence des Grecs sur l'île sont quasi inexistants[13]. Cela s'explique sans doute par le fait que la Corse était la seule île où ses habitants vivaient à l'intérieur des terres contrairement aux autres îles plutôt tournées vers l'extérieur et dont les habitants vivaient plutôt sur lelittoral. Vers540 av. J.-C., les Phocéens sont défaits par lesÉtrusques et lesCarthaginois — qui voyaient tous deux d'un mauvais œil les actes de piraterie des Phocéens — lors de labataille navale d'Alalia[14],[15]. Après la bataille, la Corse et les territoires de laMer Tyrrhénienne reviennent auxÉtrusques[14]. Cependant, les Étrusques ne s'implantent pas sur l'île contrairement aux Phocéens. Les seules traces de leur présence sont sur le littoral[16]. Vers474 av. J.-C., lesÉtrusques perdent leur hégémonie enMer Tyrrhénienne au profit deSyracuse après labataille navale de Cumes[14],[15]. La présence de Syracuse en Corse semble s'être limitée à la création d'unport vers453 av. J.-C. qu'ils baptisentPortus Syracusanus et qui serait situé dans legolfe de Porto-Vecchio[17]. Progressivement, à partir de396 av. J.-C., les Étrusques sont dépassés par laRépublique romaine qui étend progressivement son influence au détriment de l'Étrurie[18],[19]. Vers280 av. J.-C., laligue étrusque est presque entièrement sous le contrôle deRome[20].

Situation en Méditerranée avant laPremière guerre punique. Carthage et ses territoires sont en bleu.

À partir duIIIe siècle av. J.-C., la Corse devient un territoire d'émigration[16]. Progressivement,Carthage prend possession de l'île et chasse les Étrusques. En271 av. J.-C., Carthage renforce sa présence àAlalia. L'épisode du départ des Étrusques de l'île aurait fait dire aupoèteCallimaque de Cyrène que la Corse est une« terre phénicienne »[20]. Cependant, la domination de Carthage en Méditerranée et dans la Tyrrhénienne ne dure pas. Lapremière guerre punique commence vers264 av. J.-C. avec pour objectif des belligérants le contrôle de laSicile[21]. Première de trois guerres qui opposeront Rome à Carthage jusqu'en146 av. J.-C., elles se nomment puniques car les Carthaginois sont appelésPoeni enlatin, qui signifie« Puniques » enfrançais[22],[23]. Pourtant, Rome et Carthage ont longtemps été alliés, notamment contre le roiPyrrhusIer qui répondait en280 av. J.-C. à l'appel deTarente qui cherchait à éviter d'être annexée par Rome[24]. Plusieurs auteurs anciens, notammentPolybe,Diodore de Sicile ouTite-Live font mention de plusieurs traités liant les deux cités[21]. Le premier traité, mentionné parPolybe, date de509 av. J.-C. et délimite les zones d'influence de Rome et de Carthage. Selon les clauses du traité, les Romains n'ont pas le droit de franchir leCap Bon — ou« Beau Promontoire »[10] — et ne pouvaient accéder qu'à une partie de la Sicile. C'est pendant laguerre de Pyrrhus que Carthage achève la conquête de l'île[25].

En260 av. J.-C.,Rome remporte une victoire écrasante lors de labataille navale de Mylae, au nord deMessine. C'est d'ailleurs la première victoire navale pour la flotte romaine, créée peu de temps avant la bataille[26]. Les Carthaginois, qui harcelaient les troupes romaines grâce à leur flotte, subissent une défaite historique, perdant la moitié de leur flotte[27]. La défaite est d'autant plus symbolique que Carthage n'avait aucune rivale sur le plan naval[28]. L'année suivante, leconsulLucius Cornelius Scipio prend possession d'Alalia et rebaptise la citéAléria[20],[29]. Les Romains conquièrent toute l'île mais ne dominent réellement que le littoral[29]. Jusqu'en160 av. J.-C., Rome lance dix expéditions pour conquérir la Corse[29].

Différentes étapes de laconquête romaine de l'Italie jusqu'à laDeuxième guerre punique.

La guerre s'enlise, notamment en Sicile[27]. La guerre se termine en241 av. J.-C. par une victoire romaine lors de labataille navale des îles Égades[30],[31] : la flotte carthaginoise est détruite[27]. Carthage perd alors toute possibilité de recevoir des renforts venus d'Afrique — ce qui lui permettait de contenir la progression romaine — et doit alors capituler. La Sicile et lesîles Éoliennes passent alors sous domination romaine[30],[31]. Cependant, Rome profite du retrait des Carthaginois pour s'étendre en Méditerranée[31]. En 238 et237 av. J.-C., Rome conquiert la Sardaigne — à la suite d'une révolte de mercenaires où Carthage est contrainte de céder l'île à Rome — puis la Corse[27],[32]. Elle craint la puissance deHamilcar Barca — le père d'Hannibal Barca — qui vient de prendre le pouvoir à Carthage après avoir réprimé une révolte menée par des mercenaires dont Carthage n'a pu payer la solde durant la guerre[33]. Les deux îles deviennent uneprovince romaine en227 av. J.-C. après que Rome a réprimé plusieurs révoltes, notamment en Corse[20]. La même année est fondée la cité deCarthagène en Espagne[31],[33]. La conquête définitive de la Corse à lieu en225 av. J.-C.[34]. Les romains chassent des navires puniques qui circulaient au large de l'île. Cependant, d'autres révoltes surviennent jusqu'en219 av. J.-C.[20]. L'île pacifiée devient unecolonie de peuplement. Les insulaires sont intégrés dans l'organisation sociale romaine et aux responsabilités. Cependant, Rome poursuit ses conquêtes et la Corse ne reste plus une priorité, d'autant qu'elle n'est pas aussi riche que la Sardaigne, la Sicile ou l'Hispanie romaine[35]. Ladeuxième guerre punique commence d'ailleurs par la marche d'Hannibal depuis l'Espagne méridionale jusqu'en Italie[32].

Depuis que Carthage a cédé la Sardaigne et la Corse à Rome, la cité opère un redressement spectaculaire qui inquiète Rome au point qu'un traité (traité de l'Iber) est négocié en226 av. J.-C. pour fixer la limite de l'expansion carthaginoise en Espagne[33].Cependant, Hannibal franchit la limite fixée par le traité en219 av. J.-C., ce qui constitue lecasus belli de ladeuxième guerre punique[32],[36]. Jusqu'en212 av. J.-C., Carthage domine Rome malgré une infériorité numérique importante, notamment sur le plan naval. La guerre d'usure menée par l'armée romaine ne permis pas de stopper la progression de Carthage[36].Cette année-là, Hannibal se trouve aux portes de Rome. Les Romains sont en bien mauvaise posture, accumulant les revers — notamment labataille de Cannes en216 av. J.-C. — au point que plusieurs consuls meurent au combat. Rien qu'à Cannes, 70 000 soldats meurent au combat selonPolybe.Tite-Live estime quant à lui les pertes à 48 000 soldats. En 212 av. J.-C., leSénat organise desJeux apollinaires en l'honneur d'Apollon afin de chasser les Puniques d'Italie[37]. Les deux sièges deCapoue, en212 puis en211 av. J.-C., permettent aux Romains de faire un exemple pour empêcher toute nouvelle trahison — ce qui revenait à s'allier àCarthage — en faisant exécuter tous les partisans du ralliement àHannibal[38].Rome envoie également quatre convois jusqu'en210 av. J.-C. en Corse pour réprimer plusieurs rébellions sans doute encouragées par Carthage dans l'espoir de reprendre pied sur l'île[39]. C'est à cette occasion que Rome fait enrôler des insulaires pour intégrer les légions. En plus de cela, les Numides alliés de Carthage changent de camp et s'allient à Rome[40].La guerre finit par s'enliser, Rome interceptant notamment une flotte de quatre-vingts navires au large de l'île, jusqu'à la défaite finale des troupes d'Hannibal face àScipion l'Africain lors de labataille de Zama en202 av. J.-C.[39],[40].Carthage doit alors céder la quasi-totalité de sa flotte et toutes ses conquêtes en Hispanie et renonçait à déclarer la guerre sans obtenir l'aval de Rome.Carthage n'est définitivement vaincue que lors de latroisième guerre punique[41].Néanmoins, à partir de201 av. J.-C., Rome devient une puissance mondiale, c'est-à-dire dominante sur le monde méditerranéen[42].

Carte de lavoie romaine en Corse datant de 1641.

La présence romaine permet à la Corse de connaître plusieurs siècles de calme et de prospérité[43].Néanmoins, durant leIIe siècle av. J.-C., l'île connaît plusieurs rébellions qui sont toutes réprimées par Rome, la dernière datant de111 av. J.-C.[39].La Corse n'est pas du tout impliquée dans latroisième guerre punique[39].Les diverses fouilles d'Aléria ont permis de démontrer que les Romains ont tout fait pour s'implanter de manière durable sur l'île. La cité — la plus grande de l'île — compte près de 20 000 habitants à son apogée, et elle est aménagée comme la plupart des cités romaines.Jules César aurait même visité la cité en46 av. J.-C.[43].En plus de l'agriculture, l'île connaît un essor important ducommerce maritime grâce à son ouverture sur la Méditerranée.Les infrastructures se développent, à l'image de lavoie romaine, ainsi qu'une administration efficace — même si lacorruption existe — et une armée stationnée sur l'île.Auguste en fait même une province autonome détachée de la Sardaigne en6 ap. J.-C.[44].Cependant, jusqu'à la chute de l'Empire romain d'Occident, une incompréhension subsiste entre les Corses et les Romains[45].L'île est aussi un lieu où sont envoyés les exilés de la cour impériale, à l'image deSénèque qui y est exilé de41 à49 ap. J.-C. sur ordre deClaude[44].L'île connaît lachristianisation comme tout l'Empire, mais aucun évènement important ne s'y produit jusqu'à la chute finale de l'Empire.

Haut Moyen-Âge

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À partir du déclin final de l'Empire romain vers457, la Corse traverse une période d'instabilité. La dislocation de l'Empire ne permet plus à l'île d'être défendue contre lesinvasions barbares[46]. LesVandales sont les premiers à débarquer sur l'île au milieu duVe siècle vers455 peu de temps après ledeuxième sac de Rome mené par les Barbares. Ils détruisent la plupart des cités, notamment Aléria, et rasent de nombreux bâtiments chrétiens. Il semble qu'ils ne se livrent pas à des persécutions envers les insulaires[47]. La Corse devient alors partie intégrante duRoyaume vandale[48]. Les Vandales contribuent à ancrer lechristianisme arien en Corse alors qu'ils combattent lechristianisme nicéen partout où ils ont remplacé les Romains. L'occupation vandale de l'île prend fin grâce à la reconquête de l'empereur romain d'OrientJustinienIer tandis que les Vandales sont déportés enAsie mineure[49]. Au milieu duVIe siècle, la Corse intègre avec la Sardaigne et l'Afrique la province romaine d'Orient dite « exarchat de Carthage »[50]. Ainsi, jusqu'auVIIe siècle, la Corse est sous domination byzantine, mais la lourdeur des taxes romaine d'Orient est telle que les Corses finissent par faire appel auxGoths pour se délivrer de l'emprise byzantine : les Goths réinvestissent l'île de546 à549[51]. LesLombards, quant à eux, commencent à s'installer en Corse à partir de la fin duVIe siècle[52],[53]. Concernant les affaires religieuses, la Corse dépend directement dudiocèse de Rome, c'est-à-dire dupape en personne[54]. C'estGrégoireIer, dit« le Grand » (590-604), qui affirme la souveraineté spirituelle sur l'île.Nicéen, il combat l'hérésie arienne que les Vandales et les Goths avaient importée dans l'île[55]. Ce pape laisse un si bon souvenir sur l'île que les Corses choisissent de se placer sous sa protection après sa mort.

De630 à756, la Corse est sous dominationlombarde[56]. LesSarrasins (Arabes,Maures ouBerbères) auraient fait quelques débarquements et incursions dans l'île auVIIIe siècle, se livrant aux mêmes violences et pillages que les Vandales à la différence qu'ils se livrèrent également à des persécutions et des massacres de civils. C'est à cette époque que le littoral est abandonné de ses habitants car lamalaria s'y développe. La présence sarrasine sur l'île se manifeste notamment par latoponymie[57]. En754, ladonation de Pépin place la Corse sous la protection pontificale en reconnaissant la souveraineté du pape sur lesÉtats pontificaux[58]. Les Lombards sont vaincus par lesFrancs en756.[56] Les clauses de la donation de Pépin ne sont officiellement appliquées que lorsqueCharlemagne devientroi des Lombards en774. Mais en réalité, la Corse passe sous dominationcarolingienne : les Corses vivent sous l'autorité de Charlemagne et de ses représentants[59]. En806, lesMaures envahissent la Corse. Charlemagne envoie alors une importante flotte. Les Maures sont battus et doivent livrer treize navires aux Francs[60]. De828 à838, lemarquis de ToscaneBoniface II estpréfet de Corse.[61] Leféodalisme apparaît en Corse auIXe siècle lorsque les anciens juges carolingiens deviennentseigneurs. Il s'agit des Biancolacci au sud et desCinarchesi à l'ouest[62]. Ces premiers seigneurs sont probablement d'origine lombarde. Ce processus de féodalisation se poursuit ensuite avec l'arrivée des marquis de Toscane, puis desvicomtes deLigurie[63].

La période pisane

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En1016,Gênes etPise supplantent les musulmans en Corse et enSardaigne et deviennent maîtres de lamer Tyrrhénienne[64]. Plusieurs grandes familles dominent l'île et se partagent les territoires entre leDeçà et leDelà des Monts[65]. C'est à cette époque qu'apparaît cette limite, qui sera utilisée pendant laRévolution française pour créer les départements duLiamone et duGolo. À partir duXIIe siècle, de nouvelles familles arrivent sur l'île, notamment venant deLigurie. Ces familles sont très liées à larépublique de Gênes[66], ce qui facilita la prise en main de l'île par Gênes à la fin duXIIIe siècle. L'île connaît une instabilité importante du fait de cette féodalité naissante, et ne retrouva une certaine stabilité que lorsqu'elle passa sous la domination de larépublique de Pise[66].

La rivalité entre les différentes familles oblige les féodaux toscans à demander au papeGrégoire VII son aide et sa protection. Le pape accepte leur requête mais en profite pour réaffirmer les droits de la papauté sur l'île. Il revendique les terres que les féodaux auraient usurpées à la papauté en vertu de ladonation de Pépin. Pour cela, le pape fait appel à la république de Pise qui était son allié depuis peu[67]. À partir de1077, Pise s'implante progressivement sur l'île, d'abord en menant une mission pour réorganiser le clergé puis en s'y implantant militairement. À la fin duXIe siècle, la Corse est inféodée à Pise[68].

La Corse sous domination pisane

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Carte de l'expansion pisane.

En1091, le papeUrbain II cède à Pise la souveraineté de la Corse moyennant uneredevance annuelle payée par l'archidiocèse de Pise. L'archevêque de Pise prend alors le titre de« primat de Sardaigne et de Corse »[69]. Symbole de cette décision, toute l'élite pisane est présente lorsque la basilique reconstruite deMariana (actuelleLucciana enHaute-Corse) est inaugurée en1114[70].

Durant la domination pisane, la Corse connaît à nouveau une période de stabilité et de prospérité. L'île profite de la suprématie pisane en Méditerranée pour à nouveau s'ouvrir sur l'extérieur grâce au commerce. De nouvelles voies de communication sont construites tout comme les bâtiments publics, sans compter les édifices endommagés par les invasions barbares et sarrasines. Parmi ces signes de prospérités, Pise fait construire plus de 3 000 edifices religieux, des simples églises aux cathédrales[70].

Néanmoins, la Corse n'est pas entièrement pacifiée ou stabilisée. Les Sarrasins opèrent plusieurs attaques et débarquements sur l'île, tandis que certains seigneurs profitent de la rivalité naissante avec larépublique de Gênes pour mettre en place leur propre système fiscal et féodal[71]. De plus, le papeInnocent II revient en partie sur les décisions prises parUrbain II concernant la Corse, et accorde une partie des évêchés à Gênes en1133[71].

La rivalité naissante entre Pise et Gênes

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La Corse se trouve impliquée malgré elle dans le conflit entre l'empereur duSaint-Empire et le pape qui revendiquent la souveraineté sur lapéninsule italienne. Le conflit prend de l'ampleur lors des règnes respectifs de l'empereurFrédéric II et du papeGrégoire IX[72]. Or, le pape était soutenu par lesGuelfes — soutenus par Gênes — et l´empereur par lesGibelins — soutenus par Pise — ce qui rendait la situation de la Corse très incertaine d'autant que le partage des évêchés avait aggravé la situation[73],[74]. Gênes et Pise s'affrontent à partir de1119, le conflit n'étant réglé que par le partage d'Urbain II en 1133[74]. Le conflit reprend cependant en1140, se terminant une dizaine d'années plus tard. La paix est rompue à nouveau en1162 lorsque Gênes apprend que Pise aurait participé au sac du quartier génois deConstantinople[74].

Au début duXIIe siècle, Pise est au sommet de sa puissance[75]. Elle est parvenue à chasser les Sarrasins de Corse, mais aussi de Sardaigne et de Sicile. Pendant une courte période, elle s'est même alliée à Gênes pour y parvenir, mais l'alliance n'a pas résisté à ce succès[76]. Elle est l'une des cités italiennes les plus prospères et domine la mer Tyrrhénienne. Pise finit même par changer d'alliance et se rapprocher de l'empereur. Cependant, la cité commence à décliner à la fin du siècle[77]. Ayant les mêmes visées territoriales que Gênes, le conflit devient inévitable[78]. La fragile paix entre les deux cités portuaires fut obtenue après la chute deJérusalem en1187, vécue comme un choc par les chrétiens[74].

Déclin et défaite pisane

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Le partage des évêchés parInnocent II en 1133 fait que Gênes est solidement implanté dans leDeçà des Monts. Tout en aidant Pise à chasser les Sarrasins de l'île, Gênes conquiertBonifacio en1195. À l'époque, avoir la maîtrise desbouches de Bonifacio est essentiel pour le commerce maritime[79]. Grâce à la conquête de Bonifacio, Gênes lance plusieurs expéditions pour s'implanter en Corse. Elle fonde deux autres villes fortifiées, l'un près de la ville cité d'Ajaccio et l'autre àCalvi. Son implantation dans leDelà des Monts inquiéta Pise qui ne pouvait rivaliser face aux expéditions génoises[80]. En1253, l'évêque l'Aléria demanda aux autorités pisanes de repeupler la cité, expliquant qu'elle n'était plus capable de se défendre en cas d'invasion[81].

Pise est finalement vaincue en1284 lors de labataille navale de la Meloria où sa flotte est totalement détruite par la flotte génoise. La Corse passe alors sous domination génoise[82].

La domination génoise

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Article détaillé :République de Gênes.
Carte de l'expansion génoise.

Malgré l'acquisition de la Corse, Gênes est dans une situation compliquée à la fin duXIIIe siècle. Bien qu'elle ait triomphé de Pise et annexéLivourne[78], elle était toujours sous la menace de larépublique de Venise — que Gênes avait combattu en tant qu'allié de l'Empire byzantin pour reconquérir les territoires perdus en1204 lors de laquatrième croisade[78] — mais aussi de son allié, leroyaume d'Aragon[83].

L'intérêt pour l'île étant essentiellement stratégique, Gênes ne prend pas le temps de mettre sur pied une administration efficace. Cet état de fait va perdurer jusqu'auXVe siècle, mais Gênes ne prendra jamais au sérieux la possibilité de s'implanter durablement sur l'île[84].

Le conflit entre Gênes et le royaume d'Aragon

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L'origine du conflit entre Gênes et le royaume d'Aragon est liée au conflit persistant entre l'empereur et le pape, qui a commencé auXIe siècle. Entre1049 et1075, les partisans du pape et les partisans de l'empereur, y compris au sein de l'Église catholique, se disputent sur la question des investitures des dignitaires[85]. L'élection du papeGrégoire VII en1073 marque un tournant. LesÉtats pontificaux s'opposent directement auSaint-Empire romain germanique à travers un certain nombre de mesures, parmi lesquelles l'interdiction de la nomination des évêques par des laïcs[86]. Dans lesDictatus papæ, le pape affirme la supériorité de son pouvoir sur tout autre, y compris celui de l'empereur[86].

En janvier 1077, l'empereurHenri IV est humilié par le pape qui le fait attendre pendant trois jours dans la neige et le froid àCanossa avant de lui accorder l'absolution, Grégoire VII l'ayant excommunié l'année précédente[87],[88]. L'empereur, décidé à se venger, fait élire un antipape par les archevêques allemands qui prend le nom deGrégoire III[87]. En1084, Henri IV envahit les États pontificaux et parvient à déposer le pape Grégoire VII. Le pape déchu meurt enexil àSalerne un an plus tard[89]. Il se fait couronner empereur par Grégoire III. Le pontificat d'Urbain II permet à la papauté de restaurer son prestige et laPremière croisade est lancée en1095. Leconcordat de Worms en1122 permet de régler en partie le conflit entre l'empereur et la papauté[89]. Ce n'est que sous le pontificat d'Innocent III que la situation semble être définitivement fixée. Cependant, la mort d'Innocent III libère l'empereur Frédéric II de son serment d'allégeance et de sa promesse de garantir l'indépendance duroyaume de Sicile[90]. À sa mort, son fils lui succède sous le nom deManfredIer. Le Saint-Empire commence alors à décliner[91]. Désireux de restaurer leur influence dans leroyaume de Naples, les papesUrbain IV etClément IV chargent le frère deLouis IX,Charles d'Anjou, de reconquérir le royaume aux mains de lamaison de Hohenstaufen[92]. Il s'empare du royaume en1266 après avoir tué le roi ManfredIer, par ailleursenfant naturel de l'empereurFrédéric II. Il règne sans difficultés majeures jusqu'à ce que le roiPierre III d'Aragon, qui avait épousé la fille du roi Manfred, ne déclenche ce qui sera connu sous le nom desVêpres siciliennes. La Sicile est gagnée par la révolte de ses habitants, ce qui aboutit au départ des Français[91],[93].

La Corse est de nouveau impliquée directement dans un conflit entre deux puissances régionales par la donation du papeBoniface VIII au roiJacques II d'Aragon en1297. Par la concession à perpétuité de la Sardaigne et de la Corse, le roi d'Aragon s'engageait à être un vassal du pape et à le servir en toutes circonstances. La concession prévoit des sanctions en cas de non-respect de l'accord[94]. Or, Boniface VIII doit faire face aux divisions entre les grandes familles d'Italie. Il jouit d'un prestige moindre par rapport à ses prédécesseurs tout en devant faire face aux ambitions dePhilippe le Bel dans la péninsule italienne. Lesfranciscains le considèrent même commehérétique. En1302, il tente de reprendre leroyaume de Sicile au roiFrédéric II. Cette tentative, conduite par le frère du roiCharles de Valois, échoue. Philippe le Bel doit signer l'humiliantepaix de Caltabellotta[95]. Philippe le Bel profite alors de la faiblesse du pape pour se débarrasser de lui. Il fait organiser par son représentantGuillaume de Nogaret l'attentat d'Anagni en septembre 1303[96]. Boniface VIII meurt un mois plus tard. Le papeBenoît XI lui succède mais son pontificat dure moins d'un an. Au même moment, un autre pape est élu. Il s'agit deClément V, qui devient en1305 le premierpape d'Avignon[97]. Le royaume d'Aragon bénéficie alors d'avantages financiers qui permettront l'occupation de laSardaigne[94]. En1325, le roi Jacques II renonce à ses prétentions sur la Corse et s'installe en Sardaigne[98]. Néanmoins, Gênes commençait à s'inquiéter de l'expansion du royaume d'Aragon, d'autant qu'ils furent alliés contre Charles d'Anjou[99].

Jusqu'en 1346, les différents rois d'Aragon font tout pour ne pas avoir à respecter les clauses de la donation faite par Boniface VIII et confirmée par Clément V. Plusieurs fois, Gênes fait valoir à la papauté ses prétentions sur l'île et plusieurs tentatives de conciliation sont organisées. Le papeJean XXII critiqua à plusieurs reprises le clergé corse, l'accusant decorruption et cherchant à supplanter les Corses par des étrangers. Ainsi, il demanda à Gênes et à Pise de nommer des prédicateurs pour une durée de dix ans[100]. Tout changea avec le débarquement des troupes royales àBonifacio en1346[93]. L'année suivante, ledoge de GênesGiovanni da Murta organise une expédition organisée par son fils Tommaso qui aboutit à la conquête de la totalité de l'île. Cependant, la Corse est frappée à partir de1348 par lapeste noire venue de Chine[99],[101].

Malgré la victoire des Génois dans le conflit contre l'Aragon, l'île n'est pas entièrement contrôlée par Gênes. De plus, Gênes perd définitivement la suprématie en Méditerranée ainsi qu'enmer Noire au profit de Venise après sa défaite lors de laguerre de Chioggia[102]. À ce moment-là, hormis ses comptoirs, la Corse reste la seule possession de Gênes qui continue de s'en désintéresser car l'île contribue faiblement à la richesse génoise, Gênes ne faisant quasiment rien pour mettre l'île en valeur[103]. Ainsi, le royaume d'Aragon parvient à se maintenir dans leDelà des Monts, notamment grâce àArrigo della Rocca qui domine cette partie de l'île jusqu'à sa mort en1401[104]. D'une façon générale, Gênes ne parvient pas à se réformer, ce qui contribuera grandement à son déclin[105].

En1404,Vincentello d'Istria et ses hommes débarquent en Corse avec le soutien du roiMartinIer d'Aragon. Il dirige la Corse pendant trois ans, jusqu'à ce que les Génois parviennent à reconquérir l'île grâce à Francesco della Rocca[106]. L'île connaît alors une forte instabilité jusqu'en1419, lorsque Vincentello parvient à reprendre le pouvoir. Il ordonna la construction de lacitadelle de Corte pour assurer la défense de la ville en cas d'attaque. En1421, le roiAlphonse V d'Aragon le nomme vice-roi de Corse et se rend personnellement sur l'île pour lui prêter main-forte[107]. HormisBonifacio etCalvi, toute la Corse est sous le contrôle de l'Aragon[108]. Cependant, le roi Alphonse V quitte l'île après l'échec du siège de Bonifacio. Vincentello parvient à gouverner la Corse grâce à l'appui du papeMartin V jusqu'en1434, où il doit quitter l'île à la suite de multiples trahisons[109]. Il est capturé par Gênes, condamné à mort et décapité le[110].

La délégation à l'Office de Saint Georges

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Article connexe :Office de Saint Georges.
Tour génoise dePorto.

En1453, la Corse passe sous le contrôle de l'Office de Saint Georges, une banque privée génoise[111]. Gênes lui confie deux objectifs : parvenir à pacifier et mettre sur pied un statut spécifique pour île ainsi que neutraliser les seigneurs duDelà des Monts qui faisaient fi de la présence génoise. C'est à partir de cette période que Gênes, par le biais de l'Office de Saint-Georges ou de sa propre initiative, se livra à de nombreuses exactions, persécutions et exécutions sommaires pour tenter d'imposer sa domination sur l'île[112]. C'est ainsi que la féodalité est écrasée en Corse, seuls cinq fiefs subsistant au début duXVIe siècle. Pendant quarante ans, l'île connaît une paix relative. L'Office de Saint-Georges favorise son développement, faisant deBastia et deCalvi des ports importants ouverts sur la péninsule italienne.

En1492,Ajaccio est refondée autour de l'ancienne citadelle mais la cité est dans un premier temps interdite d'accès aux Corses[113]. C'est également à cette époque que lestours génoises sont créées, dans le but de surveiller la mer et empêcher les invasions. En1539, Gênes refondePorto-Vecchio avec pour objectif de mettre en valeur les terres de laPlaine orientale. Dans un premier temps, les Corses sont écartés du projet[114]. L'île profite faiblement de la prospérité génoise et de l'Office de Saint-Georges, au point que le phénomène devendetta se renforce tandis que l'émigration s'intensifie[115].

La Corse dans les guerres d'Italie

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Article détaillé :Guerres d'Italie.
Situation avant le début desguerres d'Italie, vers 1494.

À partir duXVIe siècle, Gênes doit faire face à un nouvel adversaire en Méditerranée. Alors que leroyaume d'Aragon et leroyaume de Castille s'unissent en 1469 par le mariage d'Isabelle de Castille etFerdinand II d'Aragon, leroyaume de France prend pied en Méditerranée par la réunion ducomté de Provence au royaume en1481[116]. À partir du règne deLouis XI, la France cherche à étendre son influence en Méditerranée aux dépens de l'Espagne et desRépubliques maritimes. L'objectif commun des Habsbourg et des Valois est alors le contrôle de l'Europe continentale. Lesguerres d'Italie commencent en1494 et aboutissent à la conquête duroyaume de Naples puis duduché de Milan parLouis XII puisFrançoisIer. L'élection deCharles Quint comme empereur du Saint-Empire en 1519 place le royaume de France en étau entre les possessions des Habsbourg qui encerclent la France[117].

En1536, FrançoisIer négocie descapitulations avecSoliman le Magnifique. Alliance stratégique jugéehérétique par une partie de l'Église, elle permet au royaume de France de mener des actions contre les intérêts de Charles Quint, en particulier dans les territoires du Saint-Empire[116]. La Corse se trouve à nouveau confrontée à un conflit entre deux puissances, tandis que Gênes ne fait rien pour le développement de l'île, qui ne connaîtra guère laRenaissance[117]. En1547,Henri II succède à son père FrançoisIer et poursuit sa politique. Il rompt en1551 latrêve de Crépy-en-Laonnois qui liait le royaume au Saint-Empire quand des troupes impériales envahirent leduché de Parme et Plaisance[118]. En août 1553, répondant à l'appel des Corses qui se révoltent contre Gênes, les troupes françaises menées par lemaréchalPaul de La Barthe de Thermes débarquent — après l'indécision de Henri II qui hésitait à se lancer dans une expédition[119] — sur l'île avec l'aide de la flotte ottomane[116],[120]. Le, toute l'île — à l'exception deCalvi — passe sous domination française[121].

L'intermède français

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Article connexe :Conquête de la Corse (1553).

L'intermède de la présence française en Corse fut facilité par la présence dans l'armée française deSampiero Corso, un des personnages historiques les plus emblématiques de l'île. Comme beaucoup de corses au début duXVIe siècle, il participe auxguerres d'Italie en s'engageant dans l'armée royale française durant le règne de FrançoisIer. Démobilisé, il passe au service ducardinal du Bellay alors ambassadeur du roi àRome. Il propose d'assassiner Charles Quint mais FrançoisIer refuse son offre[122]. Il réintègre par la suite l'armée royale et effectue plusieurs voyages en Corse, où il se marie en1545. Lors de l'un de ses voyages, il est arrêté et emprisonné par Gênes qui craint une nouvelle révolte sur l'île. Libéré sur intervention de Henri II, Sampiero gardera jusqu'à sa mort une haine féroce à l'égard des Génois et reprend du service[123]. Il joue ainsi un rôle important dans l'expédition qui aboutit à la conquête de l'île en 1553.

L'île est conquise sans difficultés, hormis pourBonifacio qui résiste à un siège pendant un mois. Le maréchal de Thermes fait alors fortifier un certain nombre de villes, notammentAjaccio etSaint-Florent[124]. La chute de Bonifacio, que Gênes pensait imprenable, oblige la république maritime à solliciter l'aide de Charles Quint, duc de ToscaneCosmeIer et du duc de Milan pour parvenir à reconquérir l'île[125]. Dès1554, les Français perdent du terrain, notamment dans leDeçà des Monts. Cependant, aucun camp ne prend l'ascendant et la guerre s'enlise. Sampiero est alors rappelé en France par Henri II et le maréchal de Thermes remplacé par un officier italien,Giordano Orsini.Gênes nomme un gouverneur modéré et change de stratégie militaire. Les pillages et les persécutions cessent et le parti français perd la main.En février 1556, latrêve de Vaucelles met entre parenthèses le conflit entre le royaume de France et le Saint-Empire[126]. Quelques mois plus tôt, Charles Quint venait d'abdiquer en faveur de son fils, qui devint roi d'Espagne. Ainsi, Henri II est désormais opposé àPhilippe II dans la lutte en Méditerranée.La trêve est interrompue de nombreuses fois, tandis que Sampiero bénéficie de l'intervention deCatherine de Médicis pour revenir sur l'île dès septembre 1555. Malgré l'enlisement, une partie des Corses demandent le rattachement de l'île à la France.

Deux ans après le retour de Sampiero, lors d'une assemblée réunissant les représentants des différentes communautés de l'île àVescovato, Giordano Orsini déclare la chose suivante à l'assemblée[127] :

« Le roi pour vous donner une pleine assurance et pour donner une pleine assurance aux Génois, a incorporé l’île à la couronne de France, ce qu’il n’a jamais voulu faire pour d’autres provinces qui sont à lui. Cette incorporation à la couronne vous a étroitement unis au royaume de France ; elle implique pour le roi l’obligation de ne pouvoir vous abandonner qu’en abandonnant sa propre couronne. »

Le lieutenant général assure ainsi de son soutien et de celui du roi aux habitants, mais les choses se compliquent. Finalement, letraité de Cateau-Cambrésis met fin au conflit entre Henri II et Philippe II, mais aussi auxguerres d'Italie et à la présence française sur l'île. La France renonce du même coup à toutes ses conquêtes en Italie[128]. La nouvelle du traité et de la rétrocession de l'île à Gênes arrive sur l'île en juillet 1559[129], alors même que Henri II vient de mourir des suites de ses blessures lors d'untournoi[130]. Les Corses envoient une ambassade auprès du nouveau roiFrançoisII mais le roi n'accède pas à leurs demandes. Le, les dernières troupes françaises quittent l'île. Gênes elle, renoue avec les pratiques d'avant guerre et fait même venir sur l'île un bourreau et ses aides. De nombreuses exécutions sont organisées contre des partisans français[130].

La guérilla de Sampiero

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Si Gênes avait retrouvé sa domination sur la Corse, elle continuait de se méfier de Sampiero. À plusieurs reprises, elle envoya des hommes àAix-en-Provence où il dirigeait lecomté de Provence au nom du roi[131]. Sampiero entreprend alors des démarches diplomatiques jusqu'à l'Empire ottoman pour tenter de libérer la Corse de la domination génoise. Entre-temps, son épouse se rend à Gênes pour des raisons toujours inconnues aujourd'hui, mais il considère son voyage comme une trahison et la fait exécuter àMarseille. Sampiero poursuit les préparatifs de sa future campagne de libération. Il écrit notamment[132] :« Car plutôt que d'être sujets des Génois, les Corses sont décidés à se donner au Turc ou au diable, s'ils peuvent nous aider ».

Le, Sampiero et ses hommes débarquent dans legolfe de Valinco. Rapidement, il parvient à rallier une bonne partie de l'île à sa cause. Il explique son combat contre Gênes dans une lettre à destination des insulaires[133] :

« Frères, je n'ai pu supporter de vous voir encore une fois réduits à la servitude, de voir les Génois, n'écoutant que leur rancune, égorger chaque jour quelques-uns d'entre vous sous de vains prétextes et se gêner si peu pour nous faire sentir notre propre lâcheté... »

Cependant, les Corses sont encore marqués par la trahison de Henri II et peu s'engagent dans la lutte armée. Gênes, malgré des défaites notamment àVescovato, bénéficie de l'avantage du temps et se sert de sa fortune et de ses espions pour retourner la situation. Le, Sampiero tombe dans un guet-apens fomenté par Gênes près deCauro[133]. Gênes pense en avoir fini avec laguérilla mais le fils de Sampiero,Alphonse d'Ornano, continue la lutte pendant deux ans avant de rejoindre la France.

Déclin de la domination génoise

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Carte des juridictions et provinces de Corse en 1756.

Après la fin de la guérilla, Gênes reprend à nouveau ses mauvaises habitudes vis-à-vis des Corses. Cependant, la République se rend compte que sa possession se vide de ses habitants. L'émigration, phénomène fréquent depuis leIIIe siècle, s'est intensifiée à partir duXVIe siècle. Gênes met alors sur pied une police chargée de lutter contre l'émigration massive[134]. Cependant, rien n'est fait pour résorber la misère et la pauvreté qui règne sur l'île. C'est l'une des principales raisons qui expliquent le déclenchement de la révolte de1729[135]. Pendant des années, les Corses ne peuvent plus accéder à certaines professions civiles ou militaires. Même la garde des tours génoises leur est interdite en1636. À partir de1671, ils ne peuvent plus accéder à la moindre responsabilité dans les villes. Gênes n'arrange rien en ne choisissant pas des éléments modérés pour gouverner l'île. Le soulèvement de la Corse devenait alors presque inévitable[136]. Pendant deux siècles, la Corse connaît une vague devendetta sans précédent. À partir des années 1660, chaque gouverneur de l'île doit faire parvenir à Gênes un rapport détaillé des crimes de sang commis dans sa juridiction[137]. Pendant toute cette période, la justice génoise — organisée par les Statuts civils et criminels de la Corse adoptés en 1571[138] — est incapable de rendre la justice dans de nombreuses affaires, au point que nombre décident de se faire justice eux-mêmes[139]. Entre1683 et1715, date de l'interdiction du port d'arme, 28 715 meurtres sont recensés sur l'île, soit 897 chaque année en moyenne[139]. Parfois, Gênes intervient directement dans certains réglements de compte en envoyant des hommes armés[140]. Ce phénomène dure jusqu'à l'annexion de l'île par leroyaume de France[141].

Les villes se développent modestement, notammentAjaccio,Bastia ouCalvi. À la fin duXVIIe siècle, Bastia comptait entre 8 000 et 10 000 habitants. L'île est toujours autant pauvre et doit importer une très grande part des produits consommés par les insulaires ou nécessaires à l'agriculture et à la proto-industrie. Signe du modeste développement de l'île,Porto-Vecchio ne parvient pas à connaître le même essor que les autres villes portuaires fortifiées, que ce soit par manque d'investisseurs privés ou bien parce que lamalaria réduit fortement sa population[142]. Cependant, le développement des ports fut l'une des raisons majeures qui expliquent la perte de la mainmise génoise[143]. À partir de la seconde moitié duXVIIe siècle, les Corses sont majoritaires par rapport aux Ligures ou aux Génois[144]. Une nouvelle politique économique est mise en place à partir de1637, mais les Corses en sont en partie voire totalement exclus selon les provinces[145]. Malgré tout, les inégalités continuent de se renforcer, y compris au début duXVIIIe siècle. Le sentiment de mépris et de mal-être des Corses est renforcé par la difficile cohabitation avec les Grecs qui se sontexilés sur l'île à partir de1676, en particulier àCargèse, car chassés par les Ottomans. Les Grecs de Cargèse bénéficient d'une partie des terres aux alentours, ainsi que d'avantages accordés par Gênes[146]. Tout au long de cette période, l'économie de la Corse est presque exclusivement d'origine agricole, en particulier dans leDelà des Monts[144],[145]. Dans leDeçà des Monts, les premiers éléments de proto-industrie se développent, principalement dans leCap Corse[144],[147].Bastia devient le cœur du pouvoir génois en Corse, tandis que leDelà des Monts est beaucoup plus éloigné et délaissé[147]. Gênes ne fait néanmoins rien pour préserver sa position dominante sur l'île, sans se douter que sa domination pourrait prendre fin.

La quête d'indépendance

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À partir de1729, la Corse entre en rébellion contre l'autorité de Gênes. Deux tentatives d'indépendance ont lieu jusqu'à l'annexion de l'île au royaume de France, la plus connue étant celle de 1755. Gênes, en déclin depuis la fin duXVIIe siècle, ne parvient pas à restaurer son autorité malgré plusieurs interventions étrangères. Laguerre de Succession de Pologne (1733-1738) puis laguerre de succession d'Autriche (1740-1748) empêchent Gênes de maintenir ses positions. À partir de1748, elle ne contrôle presque plus rien, au point qu'elle finira par faire appel au royaume de France, qui reconsidéra sa position concernant le statut de l'île à l'issue de laguerre de Sept Ans.

La révolte de 1729

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Ce n'est qu'en1715 que Gênes consent à mettre fin à l'autorisation du port d'arme qui avait favorisé le phénomène devendetta sur l'île[139],[140]. Celle-ci était pourtant demandée depuis plusieurs années, en particulier dans leDeçà des Monts[148]. Pendant longtemps, Gênes avait tiré profit de cette autorisation, les bénéficiaires de port d'arme devant payer une taxe. Une nouvelle taxe, connue sous le nom deDue Seini, est instaurée pour remplacer la taxe sur le port d'arme[140]. La taxe, censée être instaurée pour dix ans, n'est pas supprimée en1725 et continue d'être appliquée. La Sérénissime république ne comptait toujours pas réaliser d'effort financier pour mettre en valeur la Corse et mettre un terme à la misère régnant sur l'île[149].

Entre 1728 et 1729, la Corse connaît une« crise des subsistances » où leDelà des Monts est beaucoup plus affecté, car dépendant des importations, que leDeçà des Monts[150]. Cependant, l'administration génoise est de plus en plus médiocre et corrompue. Le gouverneur lui-même détournant sans doute une partie des impôts à son profit. À la fin de l'année1729, un événement déclenche le début de la rébellion contre Gênes. En décembre 1729 dans la piève duBozio, un collecteur d'impôts demande à un villageois deBustanico le paiement de laDue Seini[151],[152]. Celui-ci se trouve dans l'incapacité de payer, mais le collecteur d'impôts se montre intransigeant. Spontanément, les autres villageois prennent la défense du villageois et refusent de payer l'impôt. Des émeutes spontanées éclatent, obligeant le collecteur et ses hommes à se replier surCorte[151],[153]. En réponse à cet événement, le gouverneur de l'île décide de lever une expédition punitive[153]. Cependant, la révolte s'étend dans l'île. La piève deTavagna est gagnée par les émeutes en janvier 1730[151]. Lorsqu'un autre collecteur d'impôts, Domenico Carbuccia, arrive dans le village dePoggio, les villageois sonnent la cloche et l'injurient. Le frère du collecteur, Antonio, venu deBastia arrive en renfort avec 50 soldats, mais ils sont repoussés et Antonio est emprisonné quelque temps avant d'être relâché. La nouvelle gagne les autres pièves duDeçà des Monts[151]. Toute laPlaine orientale est gagnée par la révolte. En février 1730, les insurgés, qui sont parvenus à lever une armée de 5 000 hommes, parviennent à s'emparer deBastia[153],[154]. La ville est alors pillée et saccagée. Les insurgés attaquent ensuite les domaines des riches propriétaires génois de laPlaine orientale[154]. À la suite de cela,Saint-Florent,Algajola etBonifacio sont attaqués et livrés aux émeutiers tandis qu'Ajaccio parvient à résister à l'assaut[153]. Algajola était un lieu important, la ville étant l'un des principaux entrepôts pour les exportations des produits régionaux et l'un des lieux de résidence des collecteurs d'impôts de l'île[155]. En décembre 1730, Bastia est attaquée une deuxième fois, obligeant certaines riches familles génoises à se réfugier sur l'île de Capraia ou dans les villes dePortoferraio,Livourne ou bien à Gênes même[156]. Une partie des fortifications est détruite[157]. Les représentants de Gênes ne parviennent pas à identifier les meneurs de la révolte[158]. Au même moment, les notables de l'île se réunissent àFuriani. La consulte de Saint-Pancrace où se rassemblent 5 000 insurgés (San Pancraziu encorse) choisit de se rallier à la rébellion et élit trois représentants pour tenter de structurer le mouvement[159]. Elle élit trois généraux :Luigi Giafferi qui incarne les notables d'origine populaire, Andrea Ceccaldi pour lesnobles et Marc Aurèle Raffaelli pour leclergé. Ils sont rejoints l'année suivante parHyacinthe Paoli, le père dePascal, qui jusqu'alors entretenait de bons rapports avec Gênes[160]. La consulte rédige des cahiers de doléances qu'elle adresse au nouveau gouverneur[161]. Les doléances sont confuses car elles intègrent à la fois des revendications populaires mais aussi des revendications propres à la noblesse et aux notables corses. De plus, elles rendent compte de façon imparfaite de la situation réelle de l'île à l'époque[140],[161].

Durant les six premiers mois de1731, l'insurrection se répand dans toute l'île[157]. Algajola, déjà attaquée trois fois entre février et septembre 1730 par des insurgés de la piève duNiolo, est à nouveau attaquée au printemps 1731 par des insurgés venus de toute laBalagne mais aussi des pièves d'Orezza et deTavagna[155].Calvi, deuxième entrepôt pour les exportations et l'un des principaux ports, est menacée tout commeAjaccio. Les insurgés proposent à Calvi de rompre avec Gênes, mais les Calvais refusent et apostrophent les insurgés[162]. Des insurgés de la piève deSorroingiù dans laprovince de Vico s'en prennent aux Grecs installés àCargèse, qui doivent se replier sur Ajaccio où ils vivront jusqu'en1774.Sartène est également attaquée[157]. Dans le même temps, les représentants élus lors de la consulte de Saint-Pancrace et des théologiens tentent de rallier à la cause insulaire le pape et le roi d'EspagnePhilippe V. Ces contacts demeureront infructueux, tandis que Gênes fait appel à sonsuzerain, en l'occurrence l'empereurCharles VI. Un corps expéditionnaire de 8 000 hommes est envoyé pour mâter la révolte. Si les villes côtières se rendent, les insurgés continuent de tenir les zones montagneuses. Les Autrichiens reprochent aux Génois de détruire des villes et des villages et proposent de négocier unarmistice[163]. Après la défaite autrichienne lors de labataille de Calenzana en, le commandement autrichien est réorganisé. Promettant de faire plier Gênes afin qu'elle cesse ses exactions et occupant laBalagne et leNebbio, les Autrichiens parviennent à faire déposer les armes par les insurgés. Gênes, contrainte et forcée, consent finalement à accéder à une partie des demandes formulées dans les cahiers de doléances de1730[164].

En janvier 1733, les Génois publient lesConcessions Gracieuses. L'empereur Charles VI donne sa parole que celles-ci seront respectées. Néanmoins, Gênes n'avait nulle intention d'agir de la sorte. Il n'empêche que la nouvelle arrive auchâteau de Versailles, oùLouis XV vit dans cette intervention une mainmise indirecte de l'empire d'Autriche sur l'île[164]. Dès le départ des troupes autrichiennes, Gênes renoue avec sa politique répressive, entraînant la reprise de la révolte[165],[166]. Les quatre chefs des insurgés sont arrêtés et ne sont libérés que sur intervention de l'empereur. Ils doivent en échange accepter de s'exiler[165]. Gênes aggrave la situation en augmentant encore les impôts et en rappelant sur l'île le gouverneur qui était en place lorsque la révolte débuta en1729. La révolte reprend d'abord dans la piève deRostino, puis s'étend dans tout leDeçà des Monts. Les insurgés s'organisent et nommentHyacinthe Paoli généralissime. La révolte s'étend à nouveau sur l'ensemble de l'île. Gênes ne peut plus faire face, d'autant que laguerre de succession de Pologne monopolise l'attention de Charles VI qui engage l'empire d'Autriche dans la guerre[165]. Les insurgés bénéficient du soutien indirect de l'Espagne et de la France. D'ailleurs, le« parti français » né auXVIe siècle était toujours actif, notamment dans leDelà des Monts[167]. Il est d'ailleurs encouragé en sous-main par la France, notamment parGermain-Louis Chauvelin, le secrétaire aux Affaires étrangères deLouis XV qui fait passer des consignes à ses espions[168].

La consulte de 1735 et l'éphémère royaume de Corse (1736)

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Article connexe :Royaume de Corse (1736-1740).

En1735, une consulte se réunit àOrezza. La consulte décide de la rupture définitive avec Gênes. Les insurgés se dotent d'un gouvernement provisoire, où Giafferi, Paoli et Ceccaldi dominent. Tous les membres du gouvernement se dotent de titres extravagants et lapeine de mort est prévue contre toute personne offensant l'un des membres du gouvernement. C'est à cette occasion que le chantDio vi salvi Regina devient l'hymne de la Corse indépendante[169]. Gênes répondit à cela en intensifiant la répression et en orchestrant unblocus de l'île. Voyant qu'aucune puissance ne venait à leurs secours, les insurgés furent proches d'abdiquer. Cependant, un événement inattendu changea le cours des événements[170].

Le, des navires accostent àAléria. La flotte est menée parThéodore de Neuhoff, unmilitaire etaventurier originaire deWestphalie sensibilisé aux problèmes que connaît l'île. Il rencontre en Italie les chefs des insurgés et réussit à les convaincre qu'il dispose d'appuis pour aider la Corse dans sa quête d'indépendance. Un mois plus tard, le, il est élu roi de Corse au couvent d'Alesani par les partisans corses. C'est le début de l'éphémèreroyaume de Corse. Une Constitution est adoptée, un gouvernement de trois membres institué avec Luigi Giafferi, Hyacinthe Paoli et Sébastien Costa. Théodore décide de créer une monnaie nationale et même une décoration qu'il intitule l'Ordre de la Délivrance[171]. Théodore cherche à prendre toutes les places fortes côtières, mais il n'y parvient pas. Les appuis qu'il avait promis sont inexistants et les insurgés manquent toujours de troupes. Pire, ils n'ont aucuneartillerie pour appuyer leurs offensives. Sept mois plus tard, Théodore quitte l'île depuisSolenzara avec Costa pourLivourne en quête d'appuis. À deux reprises, Théodore tente de revenir sur l'île, en1738 puis en1743, à chaque fois sans succès[172].

Premières interventions françaises

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Après le départ précipité de Théodore, les insurgés proposent un armistice à Gênes, qui le refuse. La Sérénissime République compte bien reprendre la main sur l'île. Cependant, elle ne peut compter que sur le soutien des villes côtières, dont la majorité des habitants sont d'origine ligure[173]. Ces habitants prennent spontanément le parti de Gênes et n'ont que du mépris pour les paysans (paisani encorse). La situation n'est favorable que dans leDeçà des Monts, tandis que leDelà des Monts a toujours été résolument hostile à Gênes[174]. Les insurgés bénéficient de l'appui des Corses habitant en dehors de l'île, qui permettent notamment de ravitailler et de fournir des armes. En1737, Gênes ne sait plus comment mâter la révolte. Depuis plusieurs années, le royaume de France manifestait beaucoup d'intérêt pour l'île. L'ambassadeur français à GênesJacques de Campredon applique à la lettre la dépêche du du ministre Chauvelin[168]. Gênes finit par accepter l'aide du royaume de France[175], et l'ambassadeur parvient même à obtenir le soutien de l'empereur Charles VI[176]. Le, une convention est négociée entre Gênes et la France. En échange du versement de700 000 livres, les Français s'engagent à envoyer un corps expéditionnaire de 3 000 hommes, celui-ci pouvant être porté jusqu'à 8 000. Gênes sort perdante des négociations, confiant le règlement de la rébellion à la France et à l'Autriche. La ratification de la convention marquait le début de la fin de la domination génoise sur l'île[176].

Carte de la Corse en 1737.

Le, le corps expéditionnaire débarque àBastia mené par le comte de Boissieu[176]. Celui-ci prend sa mission très au sérieux et n'exerce aucune violence contre les insulaires. Trois mois plus tard, les insurgés s'adressent directement aucardinal Fleury, principal ministre de Louis XV, pour lui demander de délivrer la Corse de l'emprise génoise[177]. Fleury refuse et met en avant la légitimité de la présence génoise sur l'île. Les insurgés sont heurtés par la réponse du ministre et jurent de poursuivre la lutte. Le comte de Boissieu de son côté, est tiraillé entre les instructions prudentes données par Versailles et les demandes excessives des Génois. Au même moment, l'ancien roi Théodore tente son premier retour sur l'île. Boissieu craint qu'il ne soit soutenu par l'Espagne, mais il n'en fut rien. Il ordonne le désarmement des Corses à la demande de Gênes. Malgré lui, il est à l'origine d'unebataille rangée à Borgo dont les insurgés sortent vainqueurs le[177]. Fragilisé et malade, le comte de Boissieu est relevé de ses fonctions à sa demande et meurt en février 1739 à Bastia. Il est remplacé par lemarquis de Maillebois qui débarque en mars 1739 àCalvi avec des renforts. Sa mission est de pacifier l'île, ce qu'il fait sans difficulté hormis une rébellion fomentée par le neveu de Théodore de Neuhoff, Frédéric, dans la région deZicavo[178]. Les chefs des insurgés doivent alors de nouveau partir pour l'exil tandis que le marquis de Maillebois s'efforce de renforcer le« parti français ». En août 1739, il propose dans un mémoire adressé à Gênes de se substituer à elle dans l'administration de l'île. Gênes refusa la proposition du marquis. La mission française s'achève deux ans plus tard, en mai 1741[179]. Gênes comprend alors enfin que la solution aux problèmes de la Corse est politique. Des mesures libérales sont prises et de nombreuses concessions sont accordées aux Corses. Cependant, nostalgiques des Français, ils décident d'aller plus loin[180].

En août 1745, les insurgés se réunissent en consulte dans la piève d'Orezza. Ils cherchent des protecteurs pour mettre fin à lavendetta qui a repris une ampleur importante. Trois généraux sont élus :Jean-Pierre Gaffory, Alérius Matra et un abbé, Venturini. Apprenant la tenue de la consulte, Gênes renoue avec ses mauvaises pratiques. Il n'y aura plus de retour en arrière[181]. Entre-temps, laguerre de succession d'Autriche vient interférer dans le problème corse. La rivalité entre la France, l'Espagne et l'Angleterre est ranimée par la négociation d'un traité entre la France et l'Espagne dans lequel les deux royaumes s'engageaient à garantir l'intégrité territoriale de Gênes, Corse comprise. C'est ainsi que l'Angleterre mis sur pied une coalition avec leroyaume de Sardaigne et l'empire d'Autriche pour tenter de conquérir l'île. La situation s'enlise après que les Anglais ne changent de position pendant la tentative de conquête de l'île après la mort dePhilippe V. Gênes mène à nouveau une répression terrible à l'encontre des partisans corses. Malgré cela, elle doit de nouveau faire appel à la France[182].

En mai 1748, un nouveau corps expéditionnaire arrive sur l'île, mené par le marquis de Cursay. Il négocie avec les chefs des insurgés, en particulier Gaffory, et devient le véritable administrateur de l'île, ce que Louis XV voyait d'un bon œil. La fiscalité est totalement remaniée et de grands travaux sont entrepris. Cursay cherche même à séduire les Corses[183], sans avoir reçu de consignes claires du roi[175]. Néanmoins, Gênes compris le sens et l'objectif de sa politique et lui causa bien des difficultés. Louis XV reçoit des rapports très négatifs sur la situation, si bien que Cursay est déchargé de ses fonctions et un temps emprisonné auFort Carré. En février 1753, les Français quittent l'île pour la seconde fois[175]. Gênes s'empresse de renouer avec ses mauvaises habitudes et parvient à faire assassiner Gaffory dans un guet-apens le[184]. Une fois de plus, l'événement produit l'effet inverse de celui qui était recherché. La cohésion chez les insurgés était encore renforcée[185]. Cependant, une fois de plus, les insurgés ne bénéficiaient d'aucun appui, l'Ordre de Malte se rétractant peu de temps après avoir accordé sa bénédiction[186]. Pendant deux ans, Clément, le fils aîné de Hyacinthe Paoli, reste le chef des insurgés. En1755, il rappelle son frèrePascal alors enexil àNaples. Alors que son accession à la tête de l'insurrection se prépare, il se met à réfléchir à de nombreux projets dans divers domaines qui seront le point de départ de son administration[187].

La Corse indépendante

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Article connexe :République corse.

Le, une consulte se réunit aucouvent Saint-Antoine de Casabianca dans la piève d'Ampugnani. Des représentants de seize des soixante-six pièves que comptait l'île sont présents. Le lendemain, elle désigne Pascal Paoli« Général de la Nation et de l'Immaculée Conception en son royaume de Corse ». La Corse devient indépendantede facto, mais restaitde jure une possession génoise. D'ailleurs, durant toute son administration, Paoli dû faire face aux partisans des Génois et à des ennemis intérieurs[187],[188]. Il ne parviendra pas à conquérir les villes côtières, que les Génois continuent d'administrer[188],[189]. Dans leDelà des Monts, le« parti français » s'oppose à sa politique. Pendant deux ans, il doit lutter contre un propriétaire terrien d'Aléria, Marie-Emmanuel Matra, qui est tué lors d'un combat en mars 1757[184],[190].

Hormis les villes côtières, Paoli et son gouvernement exercent leur autorité sur le reste de l'île à partir de1764. Des institutions sont très vite mises sur pied. Le, laConstitution corse, presque intégralement écrite par Paoli, est adoptée. Paoli s'efforce de mettre fin au phénomène devendetta et instaure la peine de mort contre quiconque se rendrait coupable d'un assassinat[191],[192]. Les familles d'auteurs d'actes devendetta étaient pourchassées et leurs biens détruits[192]. En1757, il fondeL'Île-Rousse pour mettre fin au monopole génois sur les villes côtières fortifiées. Il tente de favoriser la proto-industrie et de diversifier la production agricole. Une modeste marine marchande commence à s'organiser[193]. Souhaitant former une élite administrative, il fonde une université àCorte en1765 et créé un Journal officiel. La Corse dispose de sa propre monnaie et ledrapeau devient l'emblème de l'île. Il ne parvient pas à conquérir les places fortes tenues par les Français en vertu des deux traités signés à Compiègne avec Gênes en1756 et1764[194]. En1767, il parvient à conquérir l'île de Capraia à la grande stupéfaction des Génois[195], mais aussi des Français[196]. Six ans plus tôt, une consulte réunie dans la piève deCasinca avait adopté un manifeste dans lequel les Corses refusaient d'entrer en contact avec les autorités génoises[189]. En1763, la Corse résiste ausiège de Furiani alors que Gênes cherchait à reprendre ses positions.

Les problèmes de la Corse se font connaître dans toutes les cours d'Europe par les écrits deJames Boswell, un Écossais qui voyagea dans l'île en1765 et qui rencontra Paoli et qui publie en1768État de la Corse (Journal of a Tour of Corsica enanglais) qui rend compte de son voyage et de ses observations[197]. En plus de Boswell,Jean-Jacques Rousseau etVoltaire sont sensibilisés aux problèmes rencontrés par l'île. La même année que le livre de Boswell, Rousseau publie unProjet de constitution pour la Corse qu'il soumet à Paoli avec lequel il entretenait une correspondance[197]. Voltaire lui, commenta en termes élogieux la résistance corse à Ponte-Novo. Auparavant, il avait publié une pièce de théâtre consacrée au roi Théodore et s'inspira de lui pour un personnage dansCandide[198]. Pendant larévolution américaine, la ville dePhiladelphie nomme une rue en l'honneur de Paoli[199].

Ultimes interventions françaises et conquête

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Carte militaire de la Corse en 1768 avec les pièves existant en 1740.

En1756, les Français sont à nouveau de retour sur l'île, seulement àAjaccio,Calvi etSaint-Florent[200]. En échange, Louis XV s'est engagé à verser chaque année 1,5 million de livres à Gênes, mais seuls trois versements furent effectués jusqu'en1763[189]. Les troupes sont dirigées par lemarquis de Castries puis par lecomte de Vaux. Néanmoins, les Français se retirent en1759, les troupes étant mobilisées pour laguerre de Sept Ans. Ils reviennent en1764 et obtiennent les places fortes d'Algajola et deBastia[189],[200]. Les troupes sont alors dirigées par lecomte de Marbeuf, qui est à la tête d'une armée de 4 000 hommes[201]. Une fois de plus, le rôle des Français est d'être des médiateurs entre Corses et Génois, tout en séduisant les Corses[200]. Par deux fois, les Français proposent une forme de suzeraineté à Paoli qui refuse à chaque fois[195]. Cependant, à partir de1765, il entretient une correspondance avec leduc de Choiseul, principal ministre de Louis XV. Cependant, Choiseul et Paoli ne se comprennent pas. Choiseul reprend les propositions faites précédemment et juge excessives les demandes de Paoli tandis que le général corse refuse toute suzeraineté, qu'elle soit française ou génoise[195]. Paoli reste attaché au manifeste de la consulte de 1761[202]. Choiseul cherchait à préparer la revanche sur l'Angleterre après la défaite lors de laguerre de Sept Ans en mettant à mal ses ambitions en Méditerranée[201]. Finalement, la correspondance est interrompue et Gênes, craignant un départ des Français dont la présence en Corse était censée prendre fin le[203], négocie un nouveau traité : c'est letraité de Versailles signé le, qui marque la fin de la domination génoise sur l'île[204],[205]. Dans sonPrécis du siècle de Louis XV, Voltaire commente la cession de la Corse par Gênes à la France en ces termes[206] :

« En cédant la vaine et fatale souveraineté d'un pays qui lui était à sa charge, Gênes faisait en effet un bon marché ; et le roi de France [Louis XV] faisait un malheur... Il restait à savoir si les hommes ont le droit de vendre d'autres hommes ; mais c'est une question qu'on n'examinera jamais dans aucun traité. »

Photographie du pont où s'est déroulée labataille de Ponte-Novo. Le pont est détruit par les troupes allemandes lors de lalibération de la Corse.

En juillet 1768, à la suite dutraité de Versailles, laFrance rachète àGênes ses droits sur l'île. En fait, au départ, il s'agit seulement d'une délégation : la France est chargée d'administrer la Corse durant dix ans et de la pacifier[207]. Gênes étant dans l'incapacité de rembourser à la France ses frais, l'île devient propriété de la France au bout de dix ans. Le,Louis XV proclame officiellement la réunion de la Corse à la France et, mésestimant la résistance corse, s'imagine qu'en envoyant un corps expéditionnaire mené par lemarquis de Chauvelin, il pourra conquérir son acquisition et avoir raison de Paoli. À l'époque, la Corse n'est distante de la France que de deux jours en bateau[208]. Le corps expéditionnaire débarque àBastia où il est bien accueilli. Des opérations sont lancées dans deux pièves, leNebbio et laCasinca[209]. Cependant, les insurgés résistent en vertu de la résolution adoptée lors de la consulte deCorte le[210]. Les troupes françaises sont vaincues lors de labataille de Borgo en octobre 1768[209]. À partir de là, Choiseul décide l'annexion de la Corse au royaume et met en œuvre tous les moyens pour y parvenir[211]. Au printemps 1769, lecomte de Vaux débarque sur l'île à la tête d'un corps expéditionnaire bien plus important. Le, les troupes corses sont vaincues lors de labataille de Ponte-Novo par les troupes françaises[188],[209]. La déroute est telle que les mercenaires allemands qui combattaient aux côtés des Corses ont tiré sur les leurs. Pascal Paoli parvient à fuir avec plusieurs centaines de partisans[209]. Paradoxalement, aucune opération miliaire n'eut lieu dans leDelà des Monts[211]. Les pièves finissent par se rallier au royaume de France les unes derrière les autres. Le, Paoli embarque àPorto-Vecchio pourLivourne avec 300 partisans et part enexil àLondres[212]. La quête d'indépendance de la Corse était désormais terminée, hormis l'intermède duRoyaume anglo-corse entre1794 et1796 pendant laRévolution française[213].

La Corse avant la Révolution française

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Article connexe :Corse (province).

La Corse est annexée par le royaume de France à la fin du règne de Louis XV. Le comte de Vaux devient gouverneur de l'île. Il constate que le phénomène devendetta, que l'île connaissait depuis des siècles, ne cesse guère. Il suggère, dans une lettre envoyée à Choiseul, de prendre des mesures punitives pour y mettre fin. Cependant, le ministre refuse[214]. Le comte de Vaux démissionne face à ce refus et est remplacé en mai 1770 par le comte de Marbeuf, présent sur l'île depuis1764. Cependant, contrairement à ce qu'espérait Choiseul, le comte mène une politique semblable à celle que le comte de Vaux suggérait dans sa lettre. L'épisode le plus connu est sans doute la révolte durement réprimée dans la piève duNiolo en1774[215].

Les gouverneurs successifs de l'île et Choiseul cherchent avant tout à mettre sur pied une administration pour gouverner l'île et d'assimiler ses habitants au royaume[216]. Dès juillet 1769, Choiseul suggère au comte de Vaux de supprimer les provinces et les pièves qui formaient l'organisation administrative de l'île depuis le temps de la domination pisane[217]. Dans un mémoire adressé à Choiseul,Matteo Buttafoco — qui joua les intermédiaires entre Paoli et Choiseul entre1765 et1768 — suggérait de faire de la Corse unpays d'états[217] :

« Le système d'administration le plus avantageux, le plus désiré, le plus analogue à l'ancien gouvernement de cette nation, serait à peu près celui du pays d'États, avec les modifications conciliables aux anciens usages du pays et relatives à la position, à la constitution, à la disposition actuelle de la Corse. »

Différent dupays d'élection, il tenait compte des spécificités de l'île. De plus, Choiseul est conscient que des partisans de Paoli sont toujours présents sur l'île[216]. Le comte de Vaux partageait l'avis de Buttafoco[217]. Cependant, il y a peu de changements dans l'organisation territoriale de l'île[216]. En septembre 1770, une consulte est réunie àBastia. Les travaux sont suivis avec attention par le comte de Marbeuf et à la cour de Versailles. Les commissaires du roi dirigent les débats de façon que les oppositions ne puissent appuyer leurs arguments. Tous les projets présentés sont adoptés avec le soutien des notables, notamment lafamille Bonaparte, qui estiment qu'il y a des avantages à tirer de la présence française sur l'île[218]. Elle est d'ailleurs officiellement reconnue par le royaume à cette période[216]. Le, Choiseul est écarté du pouvoir par Louis XV, qui avait appris ses projets de provoquer une guerre avec l'Espagne contre la Grande-Bretagne.

Dans un premier temps, c'est l'administration des communes qui est organisée. En mai 1771, un édit sur l'organisation municipale des villes est rédigé par lemarquis de Monteynard et lechancelier Maupeou. L'édit est adopté après plusieurs mois de travaux[219]. L'adoption de l'édit n'empêcha pas certaines irrégularités dans l'élection des officiers municipaux[220]. Les assemblées d'états se réunissent tous les ans, le comte de Marbeuf étant présent à chaque fois. De nouvelles rivalités naissent, obligeant le gouverneur à trancher[221]. Après1781, ils en sont plus convoqués qu'une seule fois, en1785[222]. En1772, l'administration de la Corse passe duministère de la Guerre auministère des Finances[211].

Sur le plan judiciaire, rien ne subsiste de l'organisation génoise ou paolienne. Des juridictions royales sont créées ainsi qu'uneCour souveraine pour juger les affaires en appel. Un code judiciaire est publié tous les ans à partir de1778 et remplace progressivement les coutumes anciennes[216]. Marbeuf reprend la politique répressive de Paoli pour lutter contre le phénomène devendetta[191]. Ce qui pose le plus de difficultés est l'adhésion des différents évêchés à laDéclaration des Quatre articles adoptée en1682 et qui provoqua des remous àRome. De plus, le clergé, suspecté de sympathie pour les partisans de Paoli, est étroitement surveillé[216]. Des collèges sont ouverts àAjaccio,Bastia,Calvi etCervione. Le projet d'université n'ira pas jusqu'à son terme[223]. Enfin, une réforme fiscale d'envergure permet enfin d'adapter les besoins fiscaux à la situation spécifique de l'île, tandis que des mesures pour stimuler la production agricole[223]. Jusqu'à la fin duXVIIIe siècle, la Corse regagne de la population, en partie grâce à l'introduction de nouveaux principes et de nouvelles pratiques sur le plan médical[224]. Néanmoins, si la Corse commence à sortir de la misère en cette fin de siècle, elle connaît toujours d'importants problèmes à la veille de laRévolution française.

La Révolution française

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Articles détaillés :Révolution française etGuerres de la Révolution française.

Premières années

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Article détaillé :Convention nationale.
Cahier des doléances, demandes et représentations de l’ordre du Tiers-État de l’Isle de Corse, Arrêté par l’assemblée générale de cet ordre. Convoquée à Bastia le (Archives nationales).

Les cahiers de doléances des Corses présentés lors desÉtats généraux de 1789, presque intégralement rédigés parCharles André Pozzo di Borgo[225], font des demandes très modestes. Les représentants corses rendent hommage à la France et demandent simplement d'obtenir les mêmes droits et libertés que dans le reste du royaume. Cependant, les notables et les nobles sont les plus véhéments pour rejeter les événements de lanuit du 4 août 1789. La création de laGarde nationale s'accompagne de violences àAjaccio et àBastia. À Bastia, deux enfants et deux soldats sont tués dans les affrontements[226]. De nouvelles divisions se font jour, mais la rumeur que Gênes pourrait revendiquer de nouveau ses droits sur l'île soudent les habitants[227]. Gênes, de son côté, est très bien informé de la situation et des intentions françaises. Depuis1772, Christophe Vincent Spinola est l'ambassadeur de la République à Versailles. Il s'inquiète des demandes des Corses[228]. Il sait au moins une semaine auparavant que les députés de Corse vont présenter une demande deréunion de la Corse à la France à l'Assemblée constituante. Une pétition rédigée à Bastia donne des consignes aux députés[229] :

« Vous avez pour mandat de réclamer que la Corse soit déclarée partie intégrante de la monarchie française [...]. Afin que nous soyons toujours français, et c'est le vœu des Corses, il faut un décret de la nation sur la demande faite par vous. »

Cela est également évoqué dans les cahiers de doléances[229]. Le décret est présenté le sur proposition deChristophe Saliceti[230] :

« L'Assemblée nationale déclare que la Corse fait partie de l'Empire français, que ses habitants doivent être régis par la même constitution que les autres Français... »

Le décret est adopté, maisLouis XVI hésite quant à la marche à suivre, d'autant que Gênes proteste contre l'adoption du décret[231]. Elle envoie même un mémoire à l'attention du roi pour lui rappeler les clauses du traité de Versailles[232]. Un article proposé parMirabeau autorise le retour des immigrés dontPascal Paoli. Louis XVI finit par sanctionner le décret parlettres patentes en janvier 1790[233],[234]. L'Assemblée constituante traite avec dédain les protestations génoises, qui envoie un mémoire qui est lu en séance le[232].

La réorganisation territoriale se poursuit. Le, la Corse devient undépartement unique avecBastia commechef-lieu. Paoli débarque en France le et effectue une tournée triomphale jusqu'à son arrivée en Corse le, jour de lafête de la Fédération. Il arrive à Bastia trois jours plus tard[235]. Il adhère aux idéaux révolutionnaires, jure obéissance et fidélité au peuple et est nommé parLouis XVI commandant de l'île avec le grade delieutenant général[235]. Il souhaite la reconnaissance d'un statut spécifique à la Corse[231]. Cependant, la situation se tend dans l'île lorsque laConstitution civile du clergé entre en application[236]. Les partisans du clergé se battent contre les laïcs, ce qui entraîne l'île dans une quasi guerre civile[236],[237]. Paoli réprime l'émeute et décide de transférer lechef-lieu de Bastia àCorte, qui fut la capitale de la Corse indépendante. Cette décision fut très mal perçue par les partisans desJacobins et les partisans de la révolution[238]. Progressivement, Paoli prend ses distances avec les Jacobins[239]. Entre-temps, lafuite de Varennes fait que les révolutionnaires ont de moins en moins confiance enLouis XVI. LesGirondins, qui viennent d'entrer au gouvernement, cherchent à faire diversion et parviennent à faire adopter ladéclaration de guerre de la France au roi de Bohême et de Hongrie le. Autrement dit, la France est désormais enétat de guerre contre l'empire d'Autriche. Cela contribue à renforcer le mouvement révolutionnaire. De nouveaux affrontements ont lieu, àBastia en juin et juillet 1791 où des soldats se livrent à des actes de pillage pendant un mois[240]. En avril 1792, le jour dePâques, des troubles éclatent àAjaccio[240]. Dans les premiers mois desguerres révolutionnaires, les troupes françaises perdent toutes les batailles. Lajournée du 10 août 1792 aboutit à la chute de la monarchie. Trois jours plus tard, Louis XVI etMarie-Antoinette sont emprisonnés à laprison du Temple avec toute la famille royale . Les événements font qu'une partie de la noblesse corse et les prêtres réfractaires choisissent de prendre le chemin de l'exil[238]. Le, les troupes françaises remportent leur premier succès lors de labataille de Valmy. Le lendemain, laPremière République est instaurée, marquant définitivement la fin de l'expérience demonarchie constitutionnelle amorcée par laConstitution de 1791. LaConvention nationale élue lors desélections législatives de septembre commence à siéger. Pendant la campagne, Paoli est malade et ne peut empêcher l'élection de députés favorables aux Jacobins, notamment Saliceti[241]. Le, la Convention décide l'organisation d'uneexpédition contre la Sardaigne. Un contingent de 6 000 hommes est demandé, mais Paoli n'est pas favorable à l'expédition. Seuls 2 000 hommes du2e bataillon de volontaires de la Corse participent à l'expédition sous le commandement dePierre-Paul Colonna de Cesari Rocca. Parmi ces hommes figure le jeuneNapoléon Bonaparte. L'expédition est un fiasco. Paoli est accusé de l'avoir volontairement fait échouer.

Le, la Convention envoie trois délégués en Corse. Parmi eux, Christophe Saliceti, l'un de ses plus farouches opposants. Paoli parvient à écarter les Jacobins, leur chef étant Saliceti. Lafamille Bonaparte est également proche, notamment Napoléon[242].Lucien Bonaparte, jeune frère de Napoléon, avait dénoncé les agissements de Pascal Paoli et Charles André Pozzo di Borgo àToulon et les accusait dedespotisme[243]. Paoli est également accusé d'être à la solde de la Grande-Bretagne[241]. Le, la Convention décide alors de les convoquer[243],[244]. La Convention vote ensuite un décret d'arrestation que les commissaires hésitent à appliquer. Elle finit d'ailleurs par se rétracter mais il est déjà trop tard. Paoli prend les devants et convoque une consulte à Corte le[243],[244],[245]. Il entre en contact avec les Anglais qui ont rejoint laPremière coalition après l'exécution de Louis XVI[246]. Ses partisans pourchassent les révolutionnaires, en particulier les Bonaparte qui furent parmi les premiers à rallier les Français en1769. Ils pillent et incendient la maison des Bonaparte[245]. Napoléon et sa mèreLaetitia parviennent à fuir l'île en s'embarquant àCalvi pour rejoindreToulon. À partir du mois de juin, la Convention nationale n'a plus aucune autorité sur l'île[247]. Malgré tout, le, elle décide, sur proposition de Saliceti, labi-départementalisation de l'île pour mieux la contrôler. C'est ainsi que se forment leLiamone, qui correspond auDelà des Monts (plus la piève duNiolo) et dontAjaccio devient lechef-lieu, ainsi que leGolo qui correspond auDeçà des Monts dontBastia est lechef-lieu[245]. La bi-départementalisation ne devient effective qu'en1796[248]. Six jours plus tard, Paoli et Pozzo di Borgo sont décrétéshors-la-loi par la Convention[244]. La sécession devenait presque inévitable.

La sécession et l'éphémère royaume anglo-corse

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Article détaillé :Royaume de Corse (1794-1796).
Carte anglaise de la Corse, 1794.

La consulte du réunit 1 009 députés venus de toute l'île[243],[244]. Nombreux sont ceux qui portent des armes. Malgré une volonté de ne pas rompre avec la Convention, un certain nombre de décisions sont prises, notamment de mettre un terme au mandat des députés de l'île à la Convention. Pourtant, jusqu'à sa mise hors-la-loi, Paoli continue d'affirmer son attachement à l'union avec la France[249]. Jusqu'à la mise en accusation d'avril 1793, il n'y avait d'ailleurs pas de parti hostile à laRévolution française[250]. À partir de là, Paoli décide d'entrer directement en contact avec la Grande-Bretagne[251]. Il décide alors de mettre sur pied une armée et envoie des délégués auprès des représentants britanniques présents en Italie[237],[252]. Les troupes fidèles à la Convention sont repoussées et cantonnées dans les places fortes deBastia,Calvi etSaint-Florent[240],[253]. Après plusieurs mois de négociations,Gilbert Elliot débarque àSaint-Florent le avec les instructions deSamuel Hood et l'accord deWilliam Pitt le Jeune[253]. Entre-temps, les Britanniques ont perdu leur base arrière de Toulon, reprise par les républicains lors dusiège de la ville[246],[254]. C'est à partir de là que Hood s'intéresse à la Corse, cherchant une base arrière dans lamer Ligurienne[255]. William Pitt le Jeune cherchait à empêcher la flotte française de s'étendre en Méditerranée, de façon à conserver l'hégémonie britannique[256]. Gilbert Elliot, très imprégné des principes d'Edmund Burke et détestant la France, y voit dans ce débarquement« la perspective d'un Empire universel » pour la première fois depuis l'Empire romain. L'objectif était de libérer les ports deBastia, deCalvi et deSaint-Florent, points d'appuis de la marine française[240],[253]. Elliot reste une semaine sur l'île avant de rejoindre Hood àHyères. Son rapport de ses entrevues avec Paoli convainc Hood de débarquer sur l'île le à Saint-Florent[253],[255]. Durant la traversée, les troupes britanniques font lesiège de la ville qui prend fin moins de deux semaines après le débarquement de Hood[253].

Resté sur l'île, Gilbert Elliot reçoit des instructions très précises du secrétaire à l'IntérieurHenry Dundas[253]. Ainsi, tout accord ou tout compromis signé avec Paoli doit être à l'avantage de la Grande-Bretagne, de façon à annexer l'île commedominion et que toute décision prise relève du ressort du roiGeorge III[257]. Le, Pascal Paoli fait diffuser une proclamation où il appelle ses concitoyens à discuter d'une union personnelle avec la Grande-Bretagne. Le, lesiège de Bastia prend fin et la ville tombe dans l'escarcelle britannique[257]. Deux jours plus tard, l'amiral Hood est remplacé par l'amiralCharles Stuart[258]. Le général Paoli réunit une assemblée àCorte le, qui vote l'union personnelle avec la Grande-Bretagne le suivant[257]. Très vite, la rédaction d'une constitution est évoquée[259]. Le, laconstitution est adoptée et George III est acclamé comme roi de Corse[257],[260]. LeRoyaume anglo-corse était né[254]. Jusqu'en octobre 1794, un gouvernement provisoire, dirigé par Paoli, s'occupe des affaires de l'île[261]. Le, lesiège de Calvi prend fin, après une résistance acharnée des troupes républicaines. Il ne restait plus de 400 soldats britanniques pour défendre la ville[262]. C'est durant le siège qu'Horatio Nelson perd son œil droit[254].Raphaël de Cabasianca négocie lareddition de ses troupes et obtient une amnistie générale[263]. Des partisans des Français purent rejoindre la métropole sans être inquiétés, suscitant les remontrances duroyaume de Sardaigne et de l'empire d'Autriche, alliés de la Grande-Bretagne en Méditerranée[263]. Concernant le futur statut le l'île, Paoli n'obtient pas entièrement satisfaction. De plus, Gilbert Elliot lui est préféré au poste de vice-roi[264].Charles André Pozzo di Borgo devient président du conseil d'État, soit lechef du gouvernement[261],[264],[265]. Elliot comprend néanmoins l'importance du général s'il veut imposer son pouvoir. Malgré les bonnes intentions d'Elliot, William Pitt le Jeune et Henry Dundas continuent de planifier l'annexion future de l'île et comptent proposer à Paoli tous les honneurs possibles ainsi qu'une généreuse pension. Elliot se rapproche de Charles André Pozzo di Borgo, qui devient président du conseil d'État et l'aide à éloigner le général des affaires[264],[266]. Elliot, lui, commet un premier impair en déplaçant la capitale deCorte àBastia[266]. Entre-temps, laPremière coalition connaît ses premières difficultés contre la France. Elle perd de nombreuses batailles depuis la victoire française lors de labataille de Fleurus[267],[268]. L'île n'est pas en capacité d'être défendue en cas d'attaque française, les troupes britanniques n'étant pas assez nombreuses sur place. Or, le gouvernement de Londres refuse d'envoyer trop de troupes[267]. L'île ne semble déjà plus être une priorité pour William Pitt le Jeune, d'autant que Gênes lorgnait toujours sur son ancienne possession[269]. Le, la session parlementaire s'ouvrait àBastia, ayant été reportée plusieurs fois à cause du mauvais temps. Elliot connaît un camouflet quand Paoli est triomphalement élu président du Parlement. La menace du retrait des troupes britanniques obligea Paoli à renoncer à sa charge, citant l'âge et l'état de santé comme principales raisons de son retrait[269].

Rapidement, Elliot rencontre des difficultés. Il cherche à se débarrasser de Paoli qui gêne son entreprise[270]. De plus, l'échec dudébarquement de Quiberon fait queWilliam Pitt le Jeune ouvrit des négociations avec leDirectoire. Progressivement, les Paolistes perdent du terrain sur les républicains favorables aux Français. En octobre, Elliot obtient enfin satisfaction, le départ de Paoli étant acté le 6[271]. Le, le général embarque àSaint-Florent pourLivourne et part pour un nouvelexil définitif[264],[265]. Il meurt àLondres en 1807[264].

Situation militaire de laguerre de la première coalition en mars 1796.

La situation s'apaise quelque peu et la session parlementaire se réunit à nouveau à partir du. Néanmoins, les Paolistes renoncent à s'y rendre. Elliot prend la décision symbolique de rouvrir l'université de Corte[272]. Cependant, elle reste sans effet sur les Paolistes. La situation change lorsque l'armée d'Italie part pour lacampagne d'Italie. Le général Napoléon Bonaparte cherche à ramener la Corse dans le giron français. En mars 1796, le village deBocognano au centre de l'île est le cadre d'un soulèvement armé, obligeant Elliot à envoyer des troupes[273]. La révolte est écrasée, mais toute l'île, à l'exception deSartène, s'embrase. Elle gagne Sartène un peu plus tard. Elliot cherche à parlementer avec les insurgés mais la situation continue de se dégrader[274]. Dans le même temps, leroyaume de Sardaigne signe letraité de Paris le et fait la paix avec la France[264]. Le, Horatio Nelson fait un constat désespéré de la situation[275] :

« Our affairs in Corsica are gloomy; there is a very strong Republican party in that Island, and they are well supported from France; the first favorable moment they will certainly act against us. »

« Nos affaires de Corse sont bien sombres ; il y a un parti républicain très fort dans cette île, et ils sont bien soutenus par la France ; au premier moment favorable, ils agiront certainement contre nous. »

Elliot aura beau affirmer que l'opinion était toujours favorable à la Grande-Bretagne, les troupes françaises continuaient de gagner du terrain. Le jour même où Nelson faisait ce constat, la France signait avec l'Espagne letraité de San Ildefonso, les deux pays s'engageant mutuellement à attaquer la Grande-Bretagne. L'Espagne comptait déclarer la guerre un mois après la signature du traité[276]. Le, des ordres d'évacuation sont envoyés à Elliot, William Pitt le Jeune ayant dans le même temps entamé des négociations secrètes avec leDirectoire[277]. Elliot reçoit les instructions le[276], qui informa le Parlement de la décision de retrait le suivant[278]. Huit jours plus tard, Elliot et Nelson quittent l'île tandis que des troupes françaises débarquent dans lecap Corse[279]. Elles entrent dansBastia, actant le retour de la Corse dans le giron français[278],[280]. Le jour même, le gouvernement britannique se rapproche deCatherine II de Russie, lui proposant la souveraineté sur la Corse à condition que l'île revienne dans le giron britannique une fois la paix revenue[278]. Cependant, il renonce deux jours plus tard après une nouvelle victoire de la Prusse, d'autant que les instructions parviennent trop tard à Gilbert Elliot[278]. C'est la fin d'une éphémère indépendance pour les Corses[281].

Le Directoire

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Article détaillé :Directoire.

La reconquête de la Corse achevée, Napoléon confie la responsabilité de l'île à Saliceti ainsi qu'àAndré-François Miot de Mélito. Celui-ci reste de décembre 1796 à mars 1802. En avril 1797, Napoléon rédige un rapport détaillé dans lequel il préconise plusieurs mesures pour que la Corse devienne définitivement française[282]. Néanmoins, le Directoire commet plusieurs maladresses, notamment lors des élections pour leConseil des Cinq-Cents et leConseil des Anciens[280]. La répression ducoup d'État du 18 fructidor an V par Napoléon est mal perçue. En1798, la révolte dite« de la Crocetta » — petite croix en palme fixée sur le vêtement, notamment à Pâques — commence dans leGolo. Le clergé y prend part, mais elle est violemment réprimée par le généralClaude-Henri Belgrand de Vaubois[283].

Le Consulat et le Premier Empire

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Articles détaillés :Consulat (histoire de France),Premier Empire etDéportés guadeloupéens et haïtiens en Corse.

En octobre 1800, un soulèvement royaliste mené par Pierre-Paul Colonna de Cesari Rocca — ancien de l'expédition de Sardaigne — est orchestré par le tsarPaulIer. Les insurgés débarquent àSolenzara et parviennent à gagner quelques régions, notamment leFiumorbo[283],[284]. Cependant, la contre-attaque orchestrée par Saliceti et trois généraux (Joachim Ambert,Jean-Baptiste Cervoni etAntoine Jean-Baptiste Aubugeois de La Borde) et près de 5 000 hommes brise la tentative de coup d'État[282],[284]. Deux mois plus tard, Napoléon décide de suspendre laConstitution de l'an VIII en Corse[284],[285]. Jusqu'à la chute de Napoléon, les préfets de l'île n'auront que peu de pouvoirs[286]. En 1801, l'île compte environ 160 000 habitants[287].

Miot de Melito devient administrateur général et se voit attribuer des pouvoirs dignes d'un proconsul[284],[285]. Il met en œuvre une politique libérale, cherchant à encourager la production agricole ou à favoriser l'aménagement des villes. Surtout, il allège la fiscalité par les arrêtés Miot qui sont adoptés le[285]. Miot de Melito quitte ses fonctions le, et la Constitution est rétablie après la signature de lapaix d'Amiens[288]. En juillet 1801, le généralJoseph Morand est nommé comme second administrateur avec pour mission de rétablir l'ordre dans l'île. À partir de 1803, il dispose de pouvoirs presque illimités et dirige l'île avec une fermeté extrême. Les préfets dépendent directement de lui[288]. Morand finit par indisposer Napoléon qui le fait remplacer par le frère du futur maréchalLouis-Alexandre Berthier, César, en 1811[289]. L'action de Morand fait l'objet d'une enquête approfondie de 1809 à son remplacement[288]. Après lerétablissement de l'esclavage en 1802, Napoléon faitdéporter des Antillais en Corse[290]. Lebagne de Brest étant déjà rempli de déportés, il faut en ouvrir d'autres. Napoléon cherche à en déporter vers lesÉtats-Unis qui refusent[291]. C'est ainsi qu'un bagne est construit àAjaccio. La déportation des Antillais est décidée dès décembre 1800[292]. Le part le premier bateau, nomméLa Noyage, part deBrest pour faire halte àToulon, avant d'accoster àAjaccio[293]. Le premier convoi arrive fin octobre 1802 à Ajaccio[294]. À partir de 1803, Morand contraint les déportés aux travaux forcés[208]. Après 1803, les convois sont de moins en moins nombreux, d'autant queHaïti vient de prendre son indépendance[295].

Contrairement aux idées reçues, Napoléon n'a jamais délaissé son île natale. Cependant, lesguerres napoléoniennes l'occupent énormément. Sa décision la plus importante est de mettre fin à la départementalisation en avril 1811. La Corse redevient un département unique, maisAjaccio est préférée àBastia commechef-lieu[289]. Malgré sa proximité avecGênes,Livourne ouNice, Bastia paye son passé paoliste. La ville se manifeste à nouveau lors de lapremière abdication de NapoléonIer en tentant de négocier une nouvelle union personnelle avec la Grande-Bretagne. Untraité est même signé. Cependant, le reste de l'île ne suit pas. Par letraité de Paris, les puissances étrangères reconnaissent officiellement la réunion de la Corse à la France[289].

La Restauration

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Article détaillé :Restauration (France).
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En février 1816, des partisans bonapartistes tentent un soulèvement dans la région duFiumorbo, la même où un soulèvement royaliste avait commencé à l'époque duConsulat. Mené par le commandant Bernard Poli, qui était parvenu à cacher le trésor deJoachim Murat, il résiste aux contre-offensives menées par lemarquis de Rivière queLouis XVIII avait envoyé pour pacifier l'île[296]. Le généralAmédée Willot succède au marquis de Rivière et propose de mettre fin au conflit en accordant une amnistie générale. Les partisans bonapartistes, assurés des intentions du roi, quittent un temps la Corse. Le commandant Poli finit même par se lier d'amitié avec le général Willot qui devient le parrain de son fils[297].

La monarchie de Juillet

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Article détaillé :Monarchie de Juillet.
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En1842, deshauts fourneaux sont ouverts àSolenzara etBastia dans le quartier de Toga. Bastia devient le poumon industriel de l'île[298].

La Deuxième République

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Article détaillé :Deuxième République (France).
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Le,Louis-Napoléon Bonaparte — neveu de l'empereurNapoléonIer — est triomphalement élu lors de l'élection présidentielle. Il remporte plus de 77 % des voix enCorse.

Le, le président Louis-Napoléon Bonaparte demande un rapport sur la situation de la Corse àJacques Pierre Abbatucci, député du Loiret à l'Assemblée nationale législative. Le président le charge également du suivi de tous les dossiers relatifs à la Corse.

Lors ducoup d'État du 2 décembre 1851, la Corse est l'un des quatre départements où il n'y a eu aucune arrestation. Au moment de la proclamation duSecond Empire,Napoléon III déclare[299] :« La Corse n'est pas pour moi un département comme un autre, c'est une famille ».

Le Second Empire

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Article détaillé :Second Empire.
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La Troisième République

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Article détaillé :Troisième République (France).

La fin du bonapartisme

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La chute du Second Empire ne marque pas la fin dubonapartisme sur l'île, tandis qu'à l'échelle nationale l'anti-bonapartisme et un sentiment corsophobe conduisent à une réaction anti-corse comme la presse en témoigne[300],[301]. En Corse, des clans se forment progressivement autour de quelques familles, comme lesAbbatucci, lesGavini, lesGiacobbi, lesRocca Serra ou lesZucarelli. Jusqu'à lacrise du 16 mai 1877, la Corse reste un solide bastion bonapartiste[302]. Dans un premier temps, les comités républicains locaux manquent de structures[303]. À partir desélections législatives de 1881, les républicains dépassent les bonapartistes en nombre de sièges à laChambre des députés. Les familles bonapartistes finissent par se rallier à la République en1892[304]. L'encycliqueRerum novarum du papeLéon XIII joua un rôle important dans ce ralliement. SeulAjaccio semble résister. Un Comité napoléonien est créé en réponse au ralliement[305]. Après1895, tous les anciens bastions bonapartistes ont été pénétrés par les comités républicains[306]. En1908, le Comité napoléonien devient leComité central bonapartiste, toujours existant aujourd'hui[305]. Malgré tout, des députés républicains commeEmmanuel Arène sont également compromis dans certaines affaires, en particulier lescandale de Panama[305]. Jusqu'à la fin duXXe siècle, la vie politique insulaire est dominée par quelques familles qui accaparent tous les postes politiques[307]. Entre1870 et1900, une trentaine de préfets se succèdent, ce qui ne permet pas la stabilité[308].

Retard économique

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Tout au long duXIXe siècle et au début duXXe siècle, la Corse subit les conséquences duclientélisme. L'île connaît un développement relatif sous le Second Empire, mais celui-ci s'enraye à partir de1875. L'activité industrielle dans la région d'Ajaccio, en particulier lesfilatures, font faillite. En1885, les hauts fourneaux de Solenzara et Bastia cessent leurs activités. Les quelquesgisements miniers ne sont pas jugés suffisamment rentables et l'artisanat insulaire est victime de la concurrence de la métropole. Pire, la production agricole dégringole par rapport au début duXIXe siècle[298]. Lamalaria joue un rôle important dans cette baisse massive de la production agricole, notamment dans laPlaine orientale et enBalagne. Néanmoins, les autorités ne prennent pas la mesure du problème. Une commission d'enquête est mise sur pied et une loi adoptée en1911, mais elle n'est pas appliquée. Ce n'est qu'à la fin de laSeconde Guerre mondiale, grâce aux Américains, que la malaria est éradiquée sur l'île[309]. À partir de la fin duXIXe siècle, les villes deviennent le foyer nourricier des campagnes. Letourisme est encore embryonnaire, limité à la région d'Ajaccio et aux régions montagneuses. Seul point positif, la ligne dechemins de fer finit par relierAjaccio àBastia. Néanmoins, l'extension vers laPlaine orientale n'a lieu que dans les années 1930 et celle versSartène est abandonnée[310]. En1908,Georges Clemenceau, alorsprésident du Conseil, dresse un constat sans appel de la situation de l'île[310] :

« Il n'y a ni industrie, ni commerce, ni agriculture... Ni la Bretagne, ni les Hautes-Alpes, ni peut-être aucun pays d'Europe ne peuvent donner une idée de la misère et du dénuement actuels de la Corse. »

À partir de1880, le phénomène d'émigration se renforce. Beaucoup de Corses entrent dans l'administration coloniale, notamment dans lesdépartements d'Algérie et enIndochine française[188]. D'autres, en particulier dans lecap Corse, quittent l'île pour l'Amérique, en particulier àPorto Rico et auVenezuela[311]. En1901, l'île compte environ 295 000 habitants. À partir de là, ce chiffre connaît une baisse constante jusqu'aux années 1950[287]. Entre1900 et1956, la Corse perd environ 40 % de sa population. C'est d'ailleurs la seule île de Méditerranée à connaître un déclin démographique[312]. Pour faire face, l'État fait appel à une immigration de travail. C'est ainsi que beaucoup d'Italiens arrivent sur l'île, en particulier après1922. Chaque année, entre 15 000 et 20 000 Italiens arrivent sur l'île[311].

Première Guerre mondiale

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Article détaillé :Première Guerre mondiale.
Borne de la Terre sacrée sur la plage desîles Sanguinaires àAjaccio.

Il est difficile de déterminer avec exactitude le nombre de soldats mobilisés en Corse. Lors d'une cérémonie àBastia le, le généralMaxime Weygand évoque le chiffre de 50 000 hommes[313]. Ce chiffre est ensuite repris dans la plupart des rapports et des ouvrages. Le nombre de morts est également difficile à estimer, d'autant que la Corse connaît un élan patriotique inédit dans les années 1920. Pour faire face à la montée de l'irrédentisme italien et pour montrer leur attachement à la France, certains auteurs n'hésitent pas à donner des estimations excessivement élevés quant au nombre de soldats morts au combat[313]. L'estimation chiffrée la plus précise est de 9 769 morts en2005. D'autres estimations oscillent entre 10 000 morts pour les plus équilibrées et 40 000 morts pour les plus orientées politiquement[314]. Dans son discours de1935, Weygand mentionne le chiffre de 10 000 morts[313]. Le rôle de l'État est également ambigu dans cette affaire[314]. Depuis la fin de laSeconde Guerre mondiale, une querelle de chiffres fait rage entre partisans du maintien de la Corse dans la République et les autonomistes[315]. En1933, uneBorne de la Terre sacrée est inaugurée àAjaccio.

En1915, la Corse accueille 4 000 réfugiés serbes et près de 1 000 réfugiés syriens chassés par l'Empire ottoman[311].

La poussée patriotique de l'entre-deux-guerres

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Revendications de l'irrédentisme italien en Méditerranée.

Dans les années 1920, la Corse connaît une poussée patriotique sans précédent. Dans le même temps, les autonomistes et les nationalistes, menés parPetru Rocca, épousent la cause de l'irrédentisme italien[316]. La propagande deBenito Mussolini est très efficace en Italie, diverses revues voyant le jour, mais elle a peu d'échos sur l'île[317]. Les autonomistes perdent toute crédibilité dans les années 1930[316]. Pourtant, le maire d'Ajaccio Dominique Paoli croit bon de féliciter Mussolini après sa victoire lors de laseconde guerre italo-éthiopienne[317].

Le, l'Italie fasciste manifeste sa volonté d'annexer les ancienscomté de Nice et deSavoie ainsi que la Corse[317]. Immédiatement, un Comité d'action et de défense de la Corse française se met en place. Le, devant 20 000 personnes brandissant drapeaux corse et français, est prononcé parJean-Baptiste Ferracci le« serment de Bastia »[318],[319] :« Face au monde, de toute notre âme, sur nos gloires, sur nos tombes, sur nos berceaux, nous jurons de vivre et de mourir Français ». À la fin de l'année, le comteGaleazzo Ciano ne pouvait que constater l'échec de l'entreprise italienne[316]. Le président du ConseilÉdouard Daladier effectue une tournée triomphale sur l'île[318].

Le régime de Vichy et l'occupation italienne

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Articles détaillés :Seconde Guerre mondiale,Armistice du 22 juin 1940,Armistice du 24 juin 1940,Régime de Vichy etFrance libre.

La Corse pendant le régime de Vichy

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Après la défaite française lors de labataille de France, la Corse est placée par les armistices du22 et du24 juin 1940 dans laZone libre. La propagande irrédentiste reprend après une interruption de deux ans[318]. Les Italiens demandent aux Allemands de transférer les prisonniers de guerre corses dans une unité spéciale, leStalag V-B proche de laSuisse.

La réussite de l'opérationTorch qui aboutit au débarquement enAfrique du Nord fait que laZone libre est envahie le. Près de 80 000 soldats italiens débarquent àBastia. Sur les quais, un vers deDante est écrit à la hâte :Lasciate ogni speranza, voi che'ntrate ! (ou« Laissez toute espérance, vous qui entrez ! » enfrançais)[318]. Rapidement, la Résistance s'organise. Lamission secrète Pearl Harbour est lancée en décembre 1942 depuisAlger. Le sous-marinCasabianca, qui est parvenu à s'échapper pendant lesabordage de la flotte à Toulon, fait débarquer les premiers agents de liaison. Le, l'ancien préfetFred Scamaroni, capturé et torturé par la police secrète fasciste (OVRA), se suicide à lacitadelle d'Ajaccio pour ne pas avoir à dénoncer ses camarades. Il est remplacé par le colonelPaulin Colonna d'Istria qui mène à bien l'unification des réseaux de résistance sur l'île[320]. Deux mois plus tard,Danielle Casanova meurt dutyphus àAuschwitz. Le, une semaine avant l'armistice de Cassibile,Jean Nicoli et Michel Bozzi sont fusillés àBastia par des soldats italiens[319]. Entre-temps, Mussolini a été renversé le[321],[322]. L'opération Husky permit aux Alliés de débarquer enSicile, fragilisant considérablement les positions italiennes[323].

La Libération

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Articles détaillés :Libération de la Corse etLibération de la France.

Le, le maréchalPietro Badoglio conclut l'armistice de Cassibile avec lesAlliés[322]. Rendu public cinq jours plus tard, il provoque un soulèvement général sur l'île[321]. Le colonel d'Istria envoie unultimatum au généralGiovanni Magli le sommant de choisir son camp. Le commandant des troupes d'occupation italiennes choisit le camp des Alliés le 11. Dès le,Ajaccio est libérée. Le généralHenri Giraud envoie le régiment du1er bataillon parachutiste de choc pour appuyer les insurgés tandis que les Italiens fournissent armes et matériel. Les troupes allemandes cherchent à rejoindre la métropole et remontent deBonifacio jusqu'àBastia. La ville est bombardée par laLuftwaffe et par l'aviation alliée. Lalibération de la Corse s'achève par la libération de Bastia le. Legénéral de Gaulle, en visite sur l'île, prononce un discours célèbre[320] :

« La Corse a la fortune et l'honneur d'être le premier morceau libéré de la France. La Corse n'a jamais cru à la défaite... Chaque fois que la France entame une période nouvelle de sa vie et de sa grandeur, il faut que les Corses en soient les artisans et les témoins. »

Après le départ des Allemands, l'île devient une base aérienne de premier plan pour les Alliés, notamment pour ledébarquement de Provence. Le,Antoine de Saint-Exupéry effectue sa dernière mission en partant de la base deBorgo. Son avion est abattu en Méditerranée par l'aviation allemande et des morceaux de l'épave sont retrouvés en 2000 au large descalanques de Marseille.

La Quatrième République

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Article détaillé :Quatrième République (France).

Le désenclavement

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Les gouvernements successifs de laQuatrième République cherchent à réduire l'écart de niveau de vie entreParis et laProvince. En 1949, un rapport indiquait prendre en compte de« légitimes inquiétudes » sur la situation de l'île[324]. La situation démographique et économique de l'île est enfin prise en compte, une longue enquête sur plusieurs années permettant de mesurer l'ampleur du phénomène[324]. En 1954, la population de l'île est encore à 68 % rurale[325]. La Corse, toujours rattachée administrativement à laProvence, bénéficie d'un Plan d'action régional particulier en 1957. Les objectifs du plan sont très ambitieux. Letourisme et la production agricole sont les deux principaux axes de développement du plan. Deuxsociétés d'économie mixte sont créés : laSociété d'aménagement pour la mise en valeur de la Corse (SOMIVAC) et la Société pour l'équipement touristique de la Corse (SETCO). Cependant, les Corses se montrent sceptiques face aux chances de réussite du Plan[326].

La guerre d'Algérie et le coup d'État du 13 mai 1958

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Articles détaillés :Guerre d'Algérie etPutsch d'Alger (1958).

La Corse est particulièrement affectée par ladécolonisation, beaucoup de Corses ayant bénéficié d'un emploi dans l'administration coloniale ou dans l'armée depuis près d'un siècle, y compris grâce au clientélisme électoral[327].

Du 24 au, le1er bataillon parachutiste de choc basé àCalvi enclenche la première phase de l'opération Résurrection, une des étapes ducoup d'État du 13 mai 1958, qui consiste à s'emparer du pouvoir civil et militaire dans toute l'île. La Corse approuve largement le retour au pouvoir du général de Gaulle et vote largement pour le oui lors duréférendum du 28 septembre 1958, malgré une abstention supérieure à 35 %.

Depuis 1958 : le paradoxe insulaire

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Article détaillé :Cinquième République (France).

Décollage économique

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À partir de la fin des années 1950, la Corse connaît enfin son décollage économique. À partir de 1956, la démographie est de nouveau en hausse. En 1960, l'île compte près de 270 000 habitants[328]. Entre 1957 et 1965, elle accueille environ 17 000 rapatriés d'Afrique du Nord et d'Algérie[327].Ajaccio accueille 6 000 rapatriés alors qu'elle ne comptait à l'époque que 40 000 habitants[328]. Dans le même temps, les premiers effets du Plan d'action régional particulier se font sentir. Entre 1955 et 1960, leréseau téléphonique commuté augmente de 82 % sur l'île, contre 40 % pour le reste de laFrance métropolitaine[328]. LaPlaine orientale et laBalagne, débarrassés de la malaria, redeviennent des foyers agricoles. La production de vin se développe de façon très importante, et beaucoup de rapatriés — notamment despieds-noirs — se verront attribuer des terres agricoles par le gouvernement, notamment autour d'Aléria. Les exploitations viticoles ne tarderont pas à poser des problèmes[329].

Entre 1960 et 1990, le nombre de touristes passe de 100 000 visiteurs à 1,5 million[325]. Progressivement, la Corse rattrape son retard et n'est plus considérée comme le territoire le plus pauvre de France métropolitaine[325]. Néanmoins, une partie de l'économie de l'île reste ancrée sur des pratiques archaïques. Labalance commerciale de la Corse demeure déficitaire avec la métropole[330]. À partir des années 1960, un mouvement autonomiste se structure dans l'île tandis que lenationalisme corse reprend vie après une quarantaine d'années d'isolement[331]. Les premières protestations ont lieu, notamment contre le transfert du site d'essais nucléaires deReggane dans leSahara occidental au sud deCalvi. Finalement, le site est déplacé enPolynésie française[332].

Dans le cadre du bicentenaire de la naissance de Napoléon,Georges Pompidou pose une première pierre en étant le premier à parler d'autonomie pour la Corse depuisAlexandre Millerand en 1922[333]. En 1970, la Corse devient unerégion. L'île, en particulier le nord, est touchée par une importante pollution marine. À l'origine, les rejets dans la mer Méditerranée de déchets toxiques par une entreprise italienne de chimie,Montedison. C'est le début de l'affaire des boues rouges. Les Corses ne comprennent pas l'inaction des gouvernements français et italiens. Les mouvements autonomistes se renforcent. Face à l'engouement pour ces mouvements,Valéry Giscard d'Estaing etJacques Chirac décident une secondebidépartementalisation[333]. Les départements deCorse-du-Sud et deHaute-Corse (avec le territoire de l'ancienne piève duNiolo) sont créés le. Cependant, le plan initial proposé par la mission interministérielle sur l'aménagement et l'équipement de la Corse est drastiquement revu à la baisse[334]. C'est en partie à cause de cela que se produisent lesévénements d'Aléria en.

Événements d'Aléria

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Article détaillé :Événements d'Aléria.

Au cours du mois d', lors du congrès de l'Action régionaliste corse (ARC) à Corte,Edmond Simeoni déclare à la tribune[335] :

« Êtes-vous prêts à déclencher des grèves et des manifestations de soutien si l’on nous emprisonne ? Êtes-vous prêts à continuer la lutte sans merci si l’on nous tue ? »

Le préfet de Corse prévient le sa hiérarchie d'une prochaine action d'éclat du mouvement, après avoir eu vent des propos de Simeoni, par ailleurs leader de l'ARC[334],[335]. Le choix des responsables politiques du mouvement se porte sur un site agricole, dans un contexte de soupçons d'escroquerie sur la fabrication et la commercialisation du vin par les rapatriés d'Algérie[335].

Quelques jours plus tard, Simeoni et une poignée de militants occupent àAléria le domaine viticole d'un certain Henri Depeille, d'origine pied-noir. Edmond etMax Simeoni dénoncent le régime fiscal dont bénéficient les expatriés et les expropriations dont les Corses seraient victimes[335]. L'occupation se passe dans le calme, jusqu'à l'annonce par le ministre de l'IntérieurMichel Poniatowski qu'un commando armé va être envoyé sur place pour déloger les militants autonomistes. L'assaut fait deux morts parmi les gendarmes mobiles. Un militant a le pied arraché par l'explosion d'une grenade[335]. Simeoni et certains de ses hommes se rendent[334], tandis que d'autres parviennent à prendre la fuite[335]. L'ARC et les autres mouvements autonomistes sont dissouts par le gouvernement[334],[335]. Paradoxalement, ce sont les événements d'Aléria qui font prendre conscience aux autorités de la nécessité d'un statut d'autonomie pour l'île.

Depuis 1975

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Peu de temps après les événements d'Aléria, des indépendantistes — parmi lesquels des militants présents à Aléria — annoncent la création duFront de libération nationale corse (FLNC)[335]. À partir de 1976, les attentats se multiplient et sont quasi-quotidiens jusqu’à la fin des années 2000. C'est le début de ce que les militants du FLNC appellent« laNuit bleue ». Les premiers attentats ont lieu sur l'île, mais aussiMarseille etNice[335]. Le, pendant l'élection présidentielle, le FLNC organise un attentat à l'aéroport d'Ajaccio qui doit accueillirValéry Giscard d'Estaing. Au total, l'attentat fait un mort et huit blessés. L'élection deFrançois Mitterrand modifie quelque peu les choses. Les nationalistes obtiennent satisfaction sur certaines revendications. LaCour de sûreté de l'État est supprimée, une université ouvre àCorte et prend le nom deuniversité de Corse-Pascal-Paoli[336]. Une loi d'amnistie permet la libération d'Edmond Simeoni[337].

Le premier statut de la Corse est adopté le, donnant à la Corse un statut avancé avec une assemblée régionale[338]. La Corse cessa d’être une région en 1991, lorsque la loi a créé la collectivité territoriale de Corse (CTC), dotée d'un statut particulier en lieu et place de la région[339], accentuant ladécentralisation sur l'île. LeConseil exécutif de Corse est créé par le statut Joxe en 1992[340]. Néanmoins, le FLNC n'accepte pas cette ouverture. L'élection de la premièreassemblée de Corse s'accompagne de cent attentats[336]. Le FLNC finit d'ailleurs par se diviser entre modérés et radicaux. Plusieurs mouvements parallèles sont créés par la suite.

Les années 1990 sont marquées par les violences, qui culminent le par l'assassinat de Claude Érignac alorspréfet de l'île[340]. En réponse, 20 000 personnes manifestent contre la violence à Ajaccio et Bastia. Les nationalistes perdent du terrain dans un premier temps. L'année suivante, le préfetBernard Bonnet est arrêté pour avoir ordonné la destruction d'une paillote construite illégalement sur une plage dugolfe d'Ajaccio[340].

Le, le gouvernement français adopte la loi sur le statut, rendant la faculté pour l’Assemblée de Corse de présenter des propositions tendant à modifier ou à adapter des dispositions réglementaires en vigueur ou en cours d’élaboration concernant les compétences, l’organisation et le fonctionnement de l’ensemble des collectivités territoriales de Corse, ainsi que toutes dispositions réglementaires concernant le développement économique, social et culturel de la Corse[339].

En 2003, une première tentative de modification du statut territorial de la Corse est organisée mais elle échoue. Les Corses rejettent la proposition lors d'unréférendum local. Le maire de Bastia et ancien ministreÉmile Zuccarelli joua un grand rôle dans le rejet de la proposition. La même année, l'île est fortement affectée par unépisode caniculaire. À partir de la fin des années 2000 les actions violentes d’origine nationaliste diminuent très fortement sans disparaître totalement.

Finalement, un projet decollectivité territoriale unique est présenté et adopté en 2015. Lors desélections territoriales de décembre 2015, les autonomistes et les nationalistes s'allient et remportent les élections[341]. Ils remportent également lesélections territoriales de 2017 qui sont les premières pour la collectivité territoriale unique. La Corse est placée sous ce statut le[342].

Après l'assassinat d'Yvan Colonna, emprisonné à lamaison centrale d'Arles à la suite de sa condamnation pour le meurtre de Claude Érignac en 1998, la Corse connaît destroubles violents. Quelques mois plus tard, l'île connaît un épisode orageux exceptionnel avec des vents proches de200 km/h. L'épisode cause de nombreux dégâts et plusieurs personnes sont décédées.

En, l'Assemblée créée une mission d'information sur l’avenir institutionnel de la corse[343]. La mission d'information, pourra laisser place, à un vrai pouvoir législatif, si au terme d'un délai de cinq ans, le statut d'adaptation s'avère insuffisant[344].

Le, le conseil des ministres adopte le projet de loi constitutionnelle portant sur le statut d’autonomie de la Corse au sein de la République française. Pour être adoptée, cette réforme constitutionnelle doit être votée par l’Assemblée nationale, puis le Sénat, puis par les deux réunis en Congrès[345].

Notes et références

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Bibliographie

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