Représentation approximative des territoires occupés par lesdifférents dynasties et États chinois au fil des siècles.
L'histoire de la Chine commence peu après l'invention de l'écriture, soit vers1300 av. J.-C., avec l'émergence des premièrescités. Les écrits sont d'abord rares et ne se répandent qu'au cours duIer millénaire av. J.-C. La civilisation chinoise s'est développée au fil des siècles, en passant progressivement de rites ancestraux de typechamanique autaoïsme et aubouddhisme, tout en intégrant la philosophieconfucéenne.L'écriture chinoise non phonétique, partagée par des langues diverses qui utilisent les mêmes signes en les prononçant différemment, a permis de créer une intercompréhension écrite entre locuteurs instruits parlant différentes langues. Lorsque laChine fut conquise à plusieurs reprises par des tribusnomades venues du Nord ou de l'Ouest, comme lesMongols auXIIIe siècle, les envahisseurs adoptèrent les coutumes chinoises et utilisèrent le système administratif en place pour gouverner à leur profit l'empire de Chine.
Dès la fin duPaléolithique supérieur, lors duTardiglaciaire, vers 15 000 ansavant le présent, les hommes pilaient ou broyaient des céréales sauvages dans la vallée dufleuve Jaune[2], parmi lesquelles des graines demillet sauvage[3],[4]. Ces chasseurs-cueilleurs connaissaient déjà la céramique. Les premières consommations de riz sauvage sont datées du début de l'Holocène (9000-7000 avant l'ère commune) au sein de populations semi-sédentaires, qui, vers 9400-6600 avant l'ère commune, auMésolithique, consommaient aussi des glands et deschâtaignes d'eau. Ils possédaient des jarres en céramique, à fond plat, et des outils en pierre polie. Mais c'est plus tard, durant l'Holocène moyen (vers 6000-5000 avant l'ère commune), que la Chine est passée d'une économie de prédation à une économie de production agricole reposant sur lemillet, leporc et lepoulet. Cueillette et chasse assuraient néanmoins un complément plus ou moins important, au sein de nombreuses cultures néolithiques répandues sur toute la partie orientale du territoire chinois actuel, la région cultivée située alors le plus à l'Ouest étant le bassin duSichuan.
La culturenéolithique la plus connue est celle deYangshao[5] (« Néolithique moyen » en Chine), au confluent de la rivièreWei et du fleuve Jaune. Elle est datée de 4500 à 3000 avant l'ère commune et s'est développée dans la plaine centrale, auHenan, auShanxi et auShaanxi, avant de s'étendre au sud vers leYangzi Jiang et à l'ouest vers leGansu et leQinghai. Le site du Yangshao ancien le plus connu est celui du village deBanpo, près deXi'an dans le Shaanxi. Plus à l'est, auShandong, se trouvait la culture à peu près contemporaine deDawenkou, surtout connue grâce à ses sépultures. L'économie de ces deux cultures reposait sur le millet. Plus au Sud, dans les provinces maritimes duJiangsu et duZhejiang, leriz a été cultivé dès5000 avant l'ère commune, probablement par des populationsaustronésiennes.
AuShandong, laculture de Longshan succède à celle de Dawenkou durant la première moitié duIIIe millénaire avant l'ère commune. Elle est caractérisée par unepoterie noire très fine, une hiérarchisation sociale poussée et des villages souvent protégés par des enceintes en terre damée. Des principautés dirigées par une élite commencent à se former. L'élevage dumouton et dubœuf fait son apparition, ainsi que la culture dublé et de l'orge. Cette culture s'étend sur la plaine centrale et correspond peut-être[6] à la période des « Dix mille royaumes » (wan guo) dont parlent les textes chinois. Cependant, les premiers bronzes apparaissent bien plus à l'Ouest au sein de laculture de Qijia (2400-1900 avant l'ère commune). Laculture d'Erlitou (1900-1500 avant l'ère commune), de l'Âge du bronze, fait suite à la culture de Longshan.
Les historiens chinois ont traditionnellement commencé leurs récits de l'histoire chinoise avec l'empereur Jaune (黄帝 ; pinyin : Huáng Dì), souverain civilisateur mythique, puis la fondation de ladynastie Xia (夏朝 ; pinyin : Xià Cháo) parYu le Grand (大禹 ; pinyin : Da Yu), auXXIe siècle av. J.-C. Cette dynastie est considérée comme mythique, même si certains historiens chinois se basent sur la découverte d'un site archéologique àErlitou ( 二里頭; pinyin : Er Litou) daté de 1900-1350 av. J.-C. pour soutenir son caractère historique. C'est de cette période que date le début de lamétallurgie, donc le début de l'âge de bronze chinois. C'est aussi à cette période que remontent les plus anciennes écailles detortues marquées de signes et des poteries décorées.
Carte du territoire de la dynastie Shang.
Elle est suivie de ladynastie Shang (商朝 ; pinyin : Shang Cháo ; environXVIe siècle av. J.-C. – 1045av. J.-C.), qui occupait la moyenne vallée dufleuve Jaune (黃河 ; pinyin : Huáng Hé). Les découvertes archéologiques prouvent au moins l'existence de ladynastie Shang. La Chine des Shang possédait une culture avancée, quelque peu différente de la civilisation chinoise postérieure, avec des cités-palais, une écriture, des pratiquesdivinatoires, la métallurgie dubronze (notamment dans la fabrication devaisselle desacrifice) et l'utilisation dechars. Les fouilles archéologiques et les inscriptions sur les objets en bronze donnent une idée de la société Shang. Une famille royale occupait le sommet d'une hiérarchie socialeclanique, avec des chefs de lignée qui perpétuaient le culte familial.
Au centre de la ville shang se trouvent les palais et les temples consacrés à la famille royale, avec une orientation nord-sud et est-ouest, dont subsistent les fondations en terre damée. Cet espace est protégé par une enceinte.
Les Shang pratiquaient la divination à l'aide d'os d'animaux brûlés ouscapulomancie (le plus souvent avec des carapaces de tortue), dont on interprétait les craquelures, et qui portaient des inscriptions divinatoires. Cette écriture archaïque, l'écriture ossécaille, témoigne d'une continuité jusqu'auxcaractères chinois actuels.
Il est maintenant établi que les Shang étaient en contact avec un peupleindo-européen, lesTokhariens, que lesChinois appelaient les Quanrong (soitrong-chiens). De caractère guerrier, ces derniers effectuaient de fréquentes incursions en Chine. Ce sont eux qui auraient introduit le char en Chine. Lamythologie chinoise, telle qu'elle est racontée dans les textes de ladynastie Han, aurait été influencée par la mythologie tokharienne.
Carte du territoire de la dynastie Zhou.
À la fin duIIe millénaire av. J.-C., une seconde culture commence à émerger dans la vallée de larivière Wei (渭河 ; pinyin : Wei Hé), celle desZhou (周朝 ; pinyin : Zhōu Cháo). Au cours duXIIe siècle av. J.-C.[7], les Zhou renversent les Shang-Yin. Leur dynastie est la première pour laquelle il existe une tradition historique fiable. Elle semble avoir commencé à gouverner par un système debureaucratie centralisée. Les rois portent le nom detianzi (« fils du Ciel »), qui légitime leur pouvoir par un mandat céleste. Cette conception perdurera jusqu'à la fin de l'Empire chinois au début duXXe siècle. Les souverains zhou confient l'administration de certains territoires à des familles liées à la maison royale. Ces principautés portent le nom deguo, qu'on traduit par « fief ». Quelques historiens[Lesquels ?] ont qualifié ce système deféodal, tandis que d'autres[Lesquels ?] s'opposent à cette dénomination qui étend trop le sens de féodal et qui implique avec le système féodaleuropéen des similitudes qui n'existent pas.
L'époque des Zhou est traditionnellement divisée en deux périodes : celle desZhou occidentaux (1045-770 av. J.-C.) et celle des Zhou orientaux (770-256 av. J.-C.), selon l'emplacement de leur capitale.
Des attaques barbares du Nord et de l'Ouest, qui vont jusqu'à piller la capitale occidentale des Zhou, obligent la famille royale à se replier en 771 av. J.-C. à Luoyang, la capitale orientale (période des Zhou orientaux).
Cette dernière période, caractérisée par le déclin du pouvoir royal, correspond plus ou moins à deux périodes que l'on appelle « Printemps et Automnes » (春秋时代 ; pinyin : chūn qīu shí daì) et « Royaumes combattants » (戰國 / 战国 ; pinyin : zhàn guó).
Le pouvoir se fragmente au cours de la période des Zhou orientaux, époque que les annales compilées parConfucius nommentpériode des Printemps et Automnes. On considère généralement qu'elle s'étend de 770 à 453 av. J.-C. À cette époque, le souverain ne dispose guère plus que d'une autorité morale. Les principautés deviennent héréditaires et des conflits militaires font émerger de grands États qui absorbent les plus petits. On peut distinguer les principautés du centre (par exemple leJin ou leQi) des principautés périphériques (leQin ou leChu). Dans un premier temps, les principautés du centre jouent un rôle de chef deconfédération, face à la menace de tribusbarbares. À partir duVIe siècle av. J.-C. les royaumes périphériques, tels que le Chu dans la vallée duYangzi Jiang, prennent l'ascendant.
C'est à cette époque que fleurissent les « cent écoles » (ce nombre est symbolique). Dans un monde en bouleversement éclot une série de mouvementsphilosophiques tels que leconfucianisme, letaoïsme, lelégisme, lemoïsme, qui cherchent à donner des solutions à la crise politique et économique.
Comme la consolidation politique continue, il ne reste que sept États principaux. La période durant laquelle ces quelques États se combattent les uns les autres est connue sous le nom depériode des Royaumes combattants, dont on considère généralement qu'elle s'étend de 453 à 221 av. J.-C. C'est effectivement une période d'affrontements, tant à l'intérieur des États, entre le pouvoir central et les grandes familles, qu'à l'extérieur, entre États.
Les conflits opposent des armées defantassins, tandis que le rôle des chars diminue. Une nouvelle arme apparaît (l'arbalète) et les Chinois adoptent lacavalerie des nomades du Nord.
Le système économique est également profondément modifié. La mise en culture de nouvelles terres procure au gouvernement central des revenus qui lui permettent de se dégager de l'influence des grandes familles. Les progrès techniques sont aussi remarquables : par exemple, lafonte remplace progressivement le bronze.
Bien qu'il y ait un roi Zhou jusqu'en256 av. J.-C., il ne dispose plus d'aucun pouvoir. Cependant, dans les textes qui nous sont parvenus, l'idée de préserver les valeurs de la maison des Zhou apparaît très souvent : les Zhou conservent une autorité morale mais sans l'autorité politique et militaire qui devrait l'appuyer.
Paradoxalement, cette période de guerre quasi ininterrompue va donner naissance aux plus grands courants philosophiques de la Chine :
c'est désolé de la perte du sens moral de ses contemporains qu'un certain Kongfuzi (plus connu sous son nom latinConfucius) répand son enseignement pour résister activement au délitement des valeurs morales et rituelles dans la société, mais son action n'enrayera pas l'émergence des royaumes combattants ;
Mengzi (plus connu sous son nom latiniséMencius), dit-on élève deConfucius, critique la société aristocratique qu'il tient pour responsable des gâchis occasionnés par ces guerres et des nombreuses inégalités sociales ;
le philosopheZhuangzi, considéré ultérieurement commetaoïste, écrit aussi à cette période que l'homme doit vivre en adéquation avec la nature et la Voie. Il s'oppose à la conduite rituelle deConfucius, qu'il utilise pourtant comme un personnage fictif et légendaire de ses contes philosophiques au sein duZhuangzi, souvent en binôme avecLaozi (Lao-Tseu).
Vers220 av. J.-C., le prince Yin Zheng de la principauté Qin parvient à conquérir les autres États et se proclame lui-même premier empereur de ladynastie Qin, avec le titre deQin Shi Huangdi, en référence auxTrois Augustes. Bien que son règne ne dure que onze ans, il réussit à soumettre de grandes parties de ce qui constitue le territoire actuel desHan et à l'unifier sous un gouvernement étroitement centralisé basé àXianyang (près deXi'an). Il continue également la construction de laGrande Muraille entreprise par divers royaumes lors de la période des royaumes combattants comme le Yan ou le Zhao pour entre autres, se protéger des autres royaumes ou des nomades du nord.
Les fonctionnaires sont recrutés au niveau central et une grille des salaires est établie pour créer un système qui perdure encore de nos jours. Les Qin entreprennent l'unification de la monnaie, des poids et mesures ainsi que de l'écriture : lestyle petit sceau. Qin Shi Huandi parvient ainsi à imposer une culture commune à l'empire malgré une évolution différente de l'écriture dans les différentes principautés.
Qin Er Shi, successeur de Qin Shi Huangdi, n'est pas en mesure de poursuivre l'œuvre de ce dernier. La dynastie des Qin s'effondre et ladynastie Han lui succède après une période de guerres civiles.
C'est la première dynastie à adopter leconfucianisme, qui devient le soutien idéologique de toutes les dynasties jusqu'à la fin de la Chine impériale. Sous ladynastie Han, l'histoire et lesarts s'épanouissent, de nouvellesinventions améliorent la vie et des empereurs commeWudi renforcent et étendent l'Empire chinois enrepoussant lesXiongnu (quelquefois assimilés avec lesHuns), en soumettant des territoires à l'ouest, dans lebassin du Tarim, etau sud, auViêt Nam. Avec l'établissement de laroute de la soie, on observe pour la première fois l'apparition d'un commerce entre la Chine et l'Occident. C'est également sous les Hans et par la route de la soie quele bouddhisme arrive en Chine.
Puis il y eut encore une période de troubles durant laquelle trois États essayèrent de se partager le territoire de la Chine. Ce fut la période dite desTrois Royaumes.
Carte des territoires de la dynastie Jin
Empire unifié des Jin (280-316), puis période du Nord et du Sud (316-581)
La Chine est dirigée par deux dynasties indépendantes, l'une au Nord et l'autre au Sud. L'éphémèredynastie Sui réussit à unifier le pays en589 après presque trois cents ans de séparation. C'est de cette époque que datent les premiersdictionnaires chinois indiquant laprononciation. La langue de cette époque est lechinois médiéval.
En618, ladynastie Tang prend le pouvoir et une nouvelle ère de prospérité commence. Lebouddhisme qui s'est lentement introduit en Chine auIer siècle, devient la religion prédominante et est largement adopté par la famille royale. Chang'an (l'actuelleXi'an), la capitale de l'époque, est sensée être la plus grande ville du monde. Cependant, les Tang finissent aussi par décliner et une autre période de chaos politique suit, lapériode des Cinq Dynasties et des Dix Royaumes.
Carte des territoires de la dynastie Song.
Empire Liao(916~1125), Empire Song (960-1279) et l'empire Jin
En960, ladynastie Song prend le pouvoir sur une grande partie de la Chine et établit sa capitale àKaifeng tandis que ladynastie Liao gouverne laMandchourie actuelle et une partie de laMongolie. En1115, ladeuxième dynastie Jin arrive sur le devant de la scène. Elle annihile ladynastie Liao en dix ans et ladynastie Song elle-même perd la Chine du Nord et déplace sa capitale àHangzhou. La dynastie Song doit aussi s'humilier en reconnaissant la suzeraineté de la dynastie Jin.
Carte des territoires de la dynastie Song, de la dynastie Jin et du Xia occidental
Dans les années qui suivent, la Chine est divisée entre la dynastie Song, la dynastie Jin et leXia occidental, gouverné par lesTangoutes. Cette période permet de grandes avancéestechnologiques en Chine du Sud, en partie à cause de la pression militaire au Nord.
Carte des territoires de la dynastie YuanKubilai Khan.
Au cours de cette période, la dynastie Yuan (1279-1368) puis la dynastie Ming (1368-1644) gouvernent la Chine.
LesMongols vainquent la dynastie Jin, puis lesSong du Sud après une longue guerre sanglante, la première où lesarmes à feu jouent un rôle important. S'ensuit une période de paix dans à peu près toute l'Asie, appeléePax Mongolica. Des Occidentaux aventureux, commeMarco Polo, peuvent alors voyager dans toute la Chine et en rapporter les premiers récits à leurs compatriotes incrédules. En Chine, les Mongols se partagent entre ceux qui veulent rester dans lessteppes et ceux qui veulent adopter les coutumes du peuple conquis.Kubilai Khan appartient au dernier groupe. En 1271, il établit ladynastie Yuan, la première qui dirige tout le pays, avecPékin comme capitale (à l'instar de la dynastie Jin).
Le ressentiment de la population se traduit finalement par une révolte qui marque le début de ladynastie Ming en1368. Cette dynastie arrive au pouvoir lors d'une période de renaissanceculturelle etéconomique. L'armée régulière compte un million d'hommes. La Chine du Nord produit plus de cent mille tonnes defer par an. Beaucoup delivres sont imprimés grâce à des caractères mobiles. La Chine peut à ce moment prétendre au statut de pays le plus avancé du monde.
Hongwu, le fondateur de la dynastie, pose les bases d'un État plus intéressé par les revenus du domaineagricole que par lecommerce. Peut-être à cause du passé de Hongwu, ancien paysan, le système économique des Ming met l'accent sur l'agriculture. Au contraire, ladynastie Song se fiait aux marchands et aux négociants pour ses revenus. Le système foncier féodal (latenure) des Yuan et de la fin des Song s'arrête avec l'établissement de la dynastie Ming. De grands territoires sont confisqués, fragmentés et loués ; l'esclavage privé est interdit. Par conséquent, après la mort de l'empereurYongle en1424, le petit paysan propriétaire prédomine dans l'agriculture chinoise. On peut estimer que ces lois ont ouvert la voie de l'harmonie sociale et supprimé le pire de lapauvreté de l'ère mongole. Les lois contre les marchands et les restrictions sous lesquelles lesartisans travaillent restent essentiellement les mêmes que sous les Song, mais dorénavant, les marchands étrangers de l'époque mongole tombent aussi sous le coup de ces lois et leur influence diminue rapidement.
Le rôle de l'empereur devient encore plus autocratique, bien que Hongwu conserve par nécessité l'aide de grands secrétaires pour traiter l'immense paperasserie de la bureaucratie. Celle-ci inclut des demandes (pétitions et recommandations pour le trône), lesédits impériaux en réponse, divers rapports et les enregistrements detaxes.
L'EmpereurXuande jouant à un jeu ressemblant auGolf.
Sous les Mongols, la population a baissé de 40 %, pour atteindre environ soixante millions d'individus. Deux siècles plus tard, elle a doublé. L'urbanisation progresse donc, à petite échelle, comme la population grandit et que la division du travail devient plus compliquée. De grands centres urbains, commeNankin etPékin, contribuent aussi à la progression de l'industrie privée. En particulier, les petitesentreprises se spécialisent souvent dans lepapier, lasoie, lecoton et laporcelaine. Dans nombre de régions, cependant, on assiste à la prolifération de petits centres urbains avec desmarchés, plutôt qu'à la croissance de quelques cités importantes. Les marchés des villes vendent principalement de la nourriture avec quelques produits essentiels comme de l'huile ou desépingles.
Cette période correspond à une extension de la zone d'influence des Ming. Sous le règne de l'empereur Yongle, des expéditions chinoises explorent des terres et surtout des mers inconnues. L'apogée de cette période exploratrice est l'épopée deZheng He,eunuque chinois qui va jusqu'enAfrique. Sa flotte, selon l'auteurbritanniqueGavin Menzies, aurait entrepris d'explorer la totalité du globe, atteignant l'Australie et lesAmériques. Les Chinois, en encourageant lesambassadeurs des autres pays à leur payer des tributs et en se montrant eux-mêmes extrêmement généreux avec tous les États de leur zone d'influence, ne cherchent pas à retirer de bénéfices matériels de ces voyages, contrairement auxEuropéens qui commencent à explorer les côtes ouest de l'Afrique quelques décennies plus tard.
À la fin duXVe siècle, la Chine impériale interdit à ses sujets de construire des navires de haute mer et de quitter le pays. Les historiens contemporains s'accordent à voir cette mesure comme une réponse à lapiraterie. Lesrestrictions sur l'émigration et la construction de navires sont largement levées au milieu duXVIIe siècle.
Carte des territoires de la dynastie Qing.Carte de l'Empire Chinois et du Japon, 1833, Conrad Malte-Brun, 1837.Portrait de l'EmpereurYongzheng.Portrait de l'EmpereurQianlong.
La dernière dynastie fut établie en1644 quand les nomadesmandchous incorporés dans l'armée renversèrent la dynastie nationale des Ming, et fondèrent ladynastie Qing, avecPékin pour capitale. Au cours du demi-siècle suivant, les Mandchous étendirent leur pouvoir à des régions auparavant sous contrôle Ming, telles que leYunnan et au-delà en s'emparant duXinjiang (Turkestan chinois), duTibet, deTaïwan et de laMongolie, au prix de beaucoup d'or et de sang. Les premiers Qing durent ces succès à la combinaison des performances militaires des Mandchous et de l'efficacité de l'administration chinoise.
Pour certains historiens, le déclin commencé sous les Ming se poursuivit sous les Qing, alors que pour d'autres, lesXVIIe et XVIIIe siècles Qing furent une période de progrès, le déclin ne venant qu'ensuite. L'empereurKangxi fit rédiger le plus complet desdictionnaires descaractères chinois jamais réalisé et sous l'empereurQianlong, on compila le catalogue de toutes les œuvres importantes de la culture chinoise. La période Qing vit aussi se continuer le développement de lalittérature populaire, avec des œuvres telles quele Rêve dans le pavillon rouge (hóng lóu mèng 红楼梦), un des plus grandsromans chinois, et surtout des progrès agricoles, comme la triplerécolte annuelle deriz qui permit à la population de passer au cours duXVIIIe siècle de cent quatre-vingts à quatre cents millions. En revanche, elle ne réagit pas à la supériorité technique de plus en plus évidente des Européens qui venaient commercer àCanton, notamment dans les domaines desarmes ou des navires, ni à leur implantation de plus en plus forte dans l'océan Indien. Il est vrai que les Européens ne pensaient pas encore pouvoir se mesurer à la Chine.
Au cours duXIXe siècle, le pouvoir des Qing s'affaiblit et la prospérité diminua. La Chine subit une forte agitation sociale, une stagnation économique, une croissance démographique explosive, et des ingérences de plus en plus marquées de la part des puissances occidentales. La volontébritannique d'ouvrir le commerce et notamment de poursuivre sesexportations d'opium, que des édits impériaux rendaient illégales, aboutit à lapremière guerre de l'opium (1839-1842), et à la défaite chinoise. Le Royaume-Uni obtint la cession deHong Kong autraité de Nankin en1842, ainsi que l'ouverture d'autresports au commerce européen. Par la suite, le Royaume-Uni et d'autres puissances occidentales, y compris lesÉtats-Unis et plus tard leJapon, obtinrent des « concessions », c'est-à-dire des petits territoires souvent côtiers sous leur contrôle, ainsi qu'une influence dans de vastes régions voisines, et des privilèges commerciaux. Pendant laseconde guerre de l'opium (1856-1860), les troupes franco-britanniques marchèrent sur Pékin, puis pillèrent et incendièrent lePalais d'Été en[9].
Larévolte des Taiping (1851-1864) fut l'une des plus grandes guerres civiles de l'histoire de l'humanité : elle causa la mort de 20 à 30 millions de personnes et dépeupla des provinces entières[10]. Elle ne fut vaincue qu'avec l'appui des Occidentaux, celle desNian, l'agitation entretenue par laRussie dans les provinces frontalières,Xinjiang etMongolie, achevèrent d'appauvrir la Chine et faillirent mettre fin à la dynastie.
Larévolte des Taiping fut la conséquence des souffrances subies par la paysannerie du fait de la décadence de l'empire mandchou et accentuées par les ingérences étrangères. Les conditions devinrent intolérables, en particulier dans les régions montagneuses et peu fertiles des frontières entre provinces. Les paysans rejoignirent des groupes religieux et se soulevèrent contre leurs maitres. Le mouvement prêchait une stricte égalité entre les humains, le partage de la terre et l'abolition des distinctions sociales, y compris de la soumission des femmes aux hommes. Ses disciples avaient un sens du devoir et de la discipline qui leur permit de gagner en popularité et de vaincre les armées impériales venues les écraser. En 1853, l'ancienne capitale,Nankin, est prise ; 40 % de la Chine sont alors sous l'autorité des rebelles. Les conditions de vie ne s'améliorent toutefois guère dans des régions toujours frappées de disette et les idéaux égalitaires ne sont que modérément appliqués. Une armée impériale réorganisée, financée par des négociants chinois, équipée d'armes modernes par laGrande-Bretagne et laFrance et assistée par des troupes étrangères sous les ordres du major Gordon, se dirigea vers Nankin. Celle-ci est reconquise à l'issue d'une bataille qui fit 100 000 morts[11].
Affiche publié en1904 enChine. Au début duXXe siècle, lesrichesses de la Chine attirent fortement les puissances coloniales désireuses de se les partager.
Les sphères du pouvoir étaient peu désireuses d'admettre le commerce occidental, particulièrement celui de l'opium. L'Occident a donc pu se contenter d'y établir des « sphères d'influence ». Au contraire par exemple de l'Afrique subsaharienne, il était possible d'accéder au marché chinois sans établir un contrôle politique formel. À la suite de la première guerre de l'opium, le commerce britannique et plus tard lescapitaux investis par d'autres pays industrialisés étaient possibles avec moins de contrôle occidental direct qu'en Afrique, enAsie du Sud-Est, ou dans lePacifique. Par bien des aspects, la Chine était unecolonie et la destination de très importantsinvestissements occidentaux (la première au tournant du siècle). Les puissances occidentales (en y incluant parfois le Japon) intervinrent militairement pour maintenir l'ordre, notamment en mettant fin à la révolte des Taiping où à celle desboxers. Le général britanniqueCharles Gordon, plus tard défenseur malheureux deKhartoum, est souvent crédité d'avoir sauvé la dynastie mandchoue de l'insurrection des Taiping.
À partir desannées 1860, les Qing, contrôlés par une impératricedouairière conservatrice (Cixi, qui assuma le pouvoir de1860 à1908), l'ayant emporté au cours de la guerre civile avec les Taiping grâce à l'appui des milices organisées par l'aristocratie, entamèrent la modernisation du pays. Mais les nouvelles armées furent défaites par la France (guerre franco-chinoise pour le contrôle de l'Indochine,1881-1885) puis par le Japon (première guerre sino-japonaise pour le contrôle de laCorée,1894-1895). Des réformes plus profondes s'imposaient.
Au début duXXe siècle, la dynastie Qing faisait face à un dilemme : poursuivre les réformes et mécontenter une aristocratie oisive ou y mettre un terme et conforter les révolutionnaires qui prédisaient la fin de ce régime. Elle s'en tint à un moyen terme et s'aliéna tout le monde, en soutenant notamment larévolte des Boxers.
Carte des territoires contrôlés par le Japon en Chine en 1940
Frustrés par les résistances de la cour impériale aux réformes, de jeunes fonctionnaires, officiers et étudiants, inspirés par les idées révolutionnaires deSun Yat-sen (孫逸仙 ;pinyin :Sūn Yìxiān ; aussi appelé 孫中山 / 孙中山 ; pinyin :Sūn Zhōngshān), commencent à envisager le renversement de la dynastie Qing au profit d'unerépublique. Une révolte militaire, lesoulèvement de Wuchang, le àWuhan, déclenche larévolution Xinhai, qui entraîne l'abdication du dernier empereur Qing,Aixinjueluo Puyi. Un gouvernement provisoire est formé àNankin le, présidé par Sun Yat-sen. Larépublique de Chine (中华民国 ;pinyin :Zhōnghuá Míngúo) est proclamée. Sun doit céder le pouvoir au généralYuan Shikai, commandant de l'armée de Beiyang. Du fait du poids des factions militaires, le nouveau pouvoir chinois fut surnommégouvernement de Beiyang. En quelques années, Yuan Shikai abolit les assemblées nationales et provinciales. Les chefs républicains durent s'exiler, Sun se réfugiant auJapon. Yuan Shikaise fit proclamer empereur à la fin 1915. Ses prétentions impériales rencontrèrent une opposition déterminée de ses subordonnés militaires et, risquant une rébellion, il dut y renoncer. Il mourut peu après, en juin1916, laissant le pouvoir vacant. Le gouvernement républicain se décomposa et une ère de « seigneurs de la guerre » s'ouvrit, pendant laquelle la Chine fut ravagée par les luttes entre des coalitions mouvantes de chefs militaires provinciaux.
En mai1917, à la suite d'un désaccord entre le premier ministre chinoisDuan Qirui et le présidentLi Yuanhong pour savoir qui soutenir lors de la Première Guerre Mondiale, le généralZhang Xun en profite pour lancer une offensive surPékin, aboutissant à larestauration mandchoue de 1917, laquelle ne durera que 12 jours avant d'être renversée par les forces républicaines.
La Chine rompt finalement ses relations avec l'Allemagne le et lui déclare la guerre en août de la même année. Sa participation relève surtout de l'effort de guerre : envoi de matières premières, de vivres et de travailleurs volontaires. Ces derniers seront près de 140 000[12],[13].
En 1919, le Japon obtint autraité de Versailles l'annexion des anciennes colonies allemandes en Chine. Le Royaume-Uni, la France et le Japon contrôlaient déjà le réseau ferroviaire, les ports, les fleuves, les canaux et des « concessions » dans les grandes villes, s'octroyant également la plus grande partie des revenus fiscaux et douaniers. En conséquence, les courants nationalistes ou d'influences marxistes gagnèrent en puissance. En 1922, une série de grèves toucha le pays. Une grève initiée par 2 000 marins à Hong Kong se transforma, malgré la proclamation de la loi martiale, en une grève générale mobilisant 120 000 personnes qui obtint des concessions du patronat. Dans le Nord de la Chine, une grève de 50 000 mineurs de l'entreprise britannique KMAS fut réprimée avec violence par la police privée de la mine et des troupes obéissant à des seigneurs de la guerre. Dans la ville deHankou, des affrontements entre la police britannique et des ouvriers atteignirent leur paroxysme lors de l'intervention d'un seigneur de la guerre, qui tua 35 cheminots en grève et fit exécuter un secrétaire syndical qui refusait d'appeler à la reprise du travail[14]
Carte des divisions administratives de la République de Chine
Dans lesannées 1920, Sun Yat-sen établit une base révolutionnaire dans le Sud, et commença à réunifier la nation. Recevant l'assistance desSoviétiques, il s'allia au petitParti communiste chinois (PCC). Les Volontaires marchands (Merchants Volunteers), une milice composée de 100 000 combattants et financée par des commerçants dont les intérêts étaient liés à ceux des Britanniques, tentèrent de liquider le gouvernement de Sun Yat-sen. La conférence des délégués ouvriers, dirigée par les communistes, vint à son aide et son Armée des organisations du travail contribua à briser l'emprise desMerchants Volunteers[14].
Après la mort de Sun en1925, un de ses lieutenantsTchang Kaï-chek (蔣介石 / 蒋介石 ; pinyin :Ji etǎng Jièshi) prit le contrôle de son parti, leKuomintang (國民黨 / 国民党 pinyin :Gúomíndáng, « parti national du peuple », Kuomintang, KMT) et réussit à contrôler l'essentiel de la Chine du Sud et du Centre, grâce à une campagne militaire appeléeexpédition du Nord. Ayant vaincu les seigneurs de la guerre du Sud et du Centre, il obtint l'allégeance formelle de ceux du Nord. À partir de1927, il se retourna contre les communistes, s'attaquant à leurs chefs comme à leurs troupes dans leurs bases du Sud et de l'Est, ce qui déclencha laguerre civile chinoise. En1931, un nouveau front s'ouvrit en Chine avec l'invasion japonaise de la Mandchourie. En1934, défaits par les nationalistes et chassés de leurs bases dans les montagnes, les communistes entreprirent laLongue Marche, à travers les régions les plus désolées du pays, vers le Nord-Ouest. Ils établirent leur nouvelle base de guérilla àYan'an, dans la province duShaanxi.
Au cours de la Longue Marche, les communistes se réorganisèrent autour deMao Zedong. Leurs progrès s'accompagnent d'une redistribution des terres. La lutte acharnée entre le KMT et le PCC se poursuivit, tantôt au grand jour, tantôt secrètement pendant les quatorze longues années de l'invasion japonaise, de1931 à1945, bien que les deux se soientformellement alliés contre les envahisseurs au cours de laseconde guerre sino-japonaise. Le nouveau conflit contre les Japonais, déclenché en1937 par l'incursion de l'Armée impériale japonaise sur le reste du territoire chinois, s'intégra à partir de1941 auvolet asiatique de laSeconde Guerre mondiale.
La guerre civile reprit après la défaite japonaise de1945. En1949, le PCC occupait l'essentiel du pays. Tchang Kaï-chek se réfugia dans l'île deTaïwan avec les restes du gouvernement et des forces armées du Guomindang, et proclamaTaipei capitale provisoire de larépublique de Chine, en attendant de pouvoir reconquérir le continent.
Pour le continent, la période1949-1954 est celle de la mise en place d'un État communiste. LeParti communiste chinois, vainqueur, monopolise les postes-clefs, tandis qu'il offre une apparence demultipartisme. L'assemblée vote laConstitution chinoise de1954. Parmi les premières lois adoptées, celle sur le mariage datée de juin 1950 entend supprimer le modèle patriarcal de la famille, autorise ledivorce et établit l'égalité juridique entre hommes et femmes. L'interdiction dubandage des pieds, mesure qui avait été adoptée en 1912, devient réellement effective. Laréforme agraire entraine la répartition de 47 millions d'hectares, divisés en parcelles trop exiguës du fait de la pression démographique, aux paysans pauvres[16].
Un premierplan quinquennal est lancé, qui semble une réussite et encourageMao Zedong à lancer sonGrand Bond en avant en1958. Mais les efforts forcenés dans lasidérurgie par des paysans s'avèrent finalement un désastre. L'idée doit être abandonnée officieusement vers1960, officiellement en1962. Vingt à trente millions de Chinois sont morts de lafamine qui s'est ensuivie. De1960 à1966, la Chine continentale est dans un calme relatif, agité de quelques chasses aux dérives. Le système de production est en convalescence, et reprend peu à peu. En1966 débute larévolution culturelle. Les étudiants sont agités afin de nettoyer la Chine des « nouveauxcapitalistes » et deviennent lesgardes rouges de la révolution, défendant les idéaux communistes, et organisant des expéditions punitives partout en Chine.Jiang Qing, la femme de Mao Zedong, et labande des Quatre agitent le mouvement contre les chaînes culturelles du passé : de nombreuses œuvres anciennes,livres,sculptures, bâtiments, etc. sont détruits. Les intellectuels sont attaqués. La Chine est terrorisée face à l'arbitraire et la précipitation de ces gardes rouges. L'armée et son chefLin Biao, fidèle à Mao Zedong, redeviennent un élément clef. En août1966,Liu Shaoqi,Deng Xiaoping etPeng Zhen, modérés, sont rétrogradés. Fin1967, l'armée se décide enfin à réprimer le mouvement. L'armée, Lin Biao et Mao Zedong en sortent renforcés, avec les gardes rouges, ils ont court-circuité l'appareil de l'État. Le parti est ébranlé pour en construire un nouveau selon les souhaits de Mao Zedong.
Mais la mort de Mao Zedong, le, ouvre la lutte pour la succession. La bande des Quatre est arrêtée en octobre.Hua Guofeng mène désormais la Chine avec davantage de pragmatisme, mais c'est surtout l'arrivée deDeng Xiaoping qui lance la phase de réformes. Il légitime la quête de biens matériels comme étant une phase transitoire avant le communisme, il ouvre la Chine aux investissements étrangers, crée des « zones économiques spéciales » et propose l'idée d'« un pays, deux systèmes » (socialiste et capitaliste) comme pouvant parfaitement coexister.
République populaire de Chine à l'époque du « socialisme de marché »
À partir de1979, l'économie de la république populaire de Chine se définit désormais comme uneéconomie socialiste de marché. La Chine connaît alors progressivement une phase de forte croissance. En1984, les régions chinoises acquièrent davantage d'autonomie et peuvent être libres de leurs investissements. En1989, les étudiants dePékin s'agitent, etoccupent la place Tian'anmen pour manifester en faveur de réformes démocratiques. Mais le mouvement est réprimé, des chars roulent finalement sur les étudiants faisant plus de dix mille morts. Depuis lesannées 1990 et2000, l'économie de la Chine connaît unecroissance de plus en plus rapide, supérieure à 8-9 % par an, en raison du bas coût de la main-d'œuvre et des possibilités d'échange offertes par les technologies. En 2010, laChine devient ainsi la seconde puissance économique mondiale et profite de la crise économique pour investir à l'étranger via saGo Out policy.
Avec la proclamation de larépublique populaire de Chine àPékin le, la Chine se retrouva avec deux gouvernements, la république populaire de Chine sur lecontinent et larépublique de Chine sur l'île de Taïwan, chacun se considérant comme le gouvernement chinois légitime. Depuis le début desannées 1990, des relations pacifiées ont été établies entre les deux parties, bien qu'elles demeurent tendues. Certains partis taïwanais souhaitent déclarer l'indépendance de l'île, c'est-à-dire passer de la situation de gouvernement chinois « rebelle » contrôlant seulement Taïwan, à celle de gouvernement d'un Taïwan indépendant. Cette option n'a encore été retenue par aucun gouvernement taïwanais, car Pékin a fait clairement savoir qu'une déclaration d'indépendance serait pour lui un motif d'une intervention armée.
Chen Shui-bian, président de Taïwan de2000 à2008, a défendu la souveraineté de la république de Chine vis-à-vis de Pékin.
En mai2005, le KMT (Guomindang), alors parti d'opposition, signe des accords avec le PCC, reconnaissant la souveraineté de ce dernier sur la Chine, et accordant aux partis taïwanais le pouvoir sur la province de Taïwan. Cet accord n'avait de valeur que symbolique dans la mesure où le Guomindang, dans l'opposition à Taïwan, n'avait aucun mandat pour signer un traité avec le gouvernement de Pékin.
Le Guomindang est revenu au pouvoir à Taïwan en 2008 avec l'élection comme président de la république deMa Ying-jeou, qui déclare vouloir améliorer les rapports avec la Chine populaire, tout en promettant lestatu quo, sans indépendance formelle de Taïwan, ni ré-unification[17].
Cependant il lui est reproché de trop s'incliner devant les demandes de la Chine populaire et il est remplacé en 2016 par Tsai Ing-wen duParti démocrate progressiste, qui sans prôner l'indépendance promet plus de fermeté à l'égard de la politique de réunification de Pékin[18].
Les dynastiesShang et particulièrementZhou, premières entités géopolitiques à l'origine du futur empire chinois fondé parQin Shi Huangdi, étaient situées dans la région dufleuve Jaune. Depuis, le territoire s'est étendu dans toutes les directions, avec des périodes de rétrécissement ou de divisions, atteignant son apogée durant ladynastie Han, puis ladynastie Tang — qui œuvra grandement pour l'expansion vers l'ouest de la Chine, avec le développement de laroute de la soie — et avec ladynastie Qing. La Chine des Qing incluait des territoires situés actuellement enExtrême-Orient russe, en Asie centrale et enMongolie.
En 822, letraité de paix sino-tibétain fut signé entre l'empereur du Tibet,Tri Ralpachen et l'empereur chinoisMuzong (820-824) de ladynastie Tang. Le traité permit de stabiliser les relations politiques, militaires et commerciales entre le Tibet et la Chine. Ainsi le traité délimita la frontière entre les deux empires[19].
L'empereur de Chine se considérait en général comme lesuzerain des régions environnantes. Beaucoup d'ethnies dites « barbares » étaient soumises au tribut. Les ambassades et cadeaux envoyés par les souverains étrangers étaient parfois également interprétés comme des signes d'allégeance.
L'importance territoriale de laGrande Muraille de Chine a été réduite avec l'accession au pouvoir de la dynastie Qing, qui inclut laMandchourie, située au nord de la muraille, dans son territoire. En1683, avec la reddition du bref Royaume de Tungning établi parKoxinga àTaïwan où l'implantationHan venait de débuter, l'île devint une partie de l'empire Qing, l'archipel des Pescadores inclus.
La Chine en 1820.
En 1820, la Chine atteint son expansion territoriale maximale, avec une superficie d'environ douze millions de kilomètres carrés. La Chine d'alors correspond au territoire actuel, augmenté de laMongolie, deTaïwan, mais aussi de toute la partie méridionale dudistrict d'extrême-Orient russe, d'une partie duTurkestan jusqu'auLac Balkhach, ainsi que duLadakh[20].
Siège d'une, puis deux préfectures provinciales, Taïwan fut cédé au Japon après lapremière guerre sino-japonaise en1895. En1945, à la fin de laseconde guerre sino-japonaise, le Japon abandonna ses prétentions sur l'île par le traité de Paix de San Francisco, et larépublique de Chine en prit le contrôle, avant de s'y réfugier en1949 après la prise du pouvoir par leParti communiste chinois. Depuis, la souveraineté du territoire est l'objet d'un conflit non résolu entre larépublique populaire de Chine et larépublique de Chine (Taïwan), la première considérant Taïwan comme une province à statut spécial dirigée par un pseudo "gouvernement" (les guillemets sont de rigueur dans la presse officielle)[style à revoir], et la seconde continuant de s'affirmer gouvernement légitime de l'ensemble de la Chine. La montée du mouvement indépendantiste taïwanais, qui ne conteste pas seulement l'autorité de la république populaire de Chine, mais le principe même du rattachement de Taïwan à la Chine, rend le problème encore plus complexe.
Le découpage administratif de la Chine a varié au gré des changements d'administrations. Le premier niveau de division était les provinces, puis les préfectures, sous-préfectures, départements, commanderies, districts et enfin cantons. Les divisions les plus récentes ont ajouté le statut de ville-préfecture, ville-canton, villes et zones urbaines.
Historiquement, la plupart des dynasties chinoises ont pris leur essor dans le cœur de la Chine, à partir d'un des deux fleuves principaux, lefleuve Jaune et leYangzi Jiang. Plusieurs dynasties ont eu des volontés expansionnistes, s'engageant dans des régions telles que laMongolie-Intérieure, laMandchourie, leXinjiang, et leTibet. La dynastie mandchoue desQing et ses successeurs, la république de Chine et la république populaire de Chine, ont cimenté les incorporations de ces territoires. Ces territoires étaient délimités par deslimes plutôt que des frontières rigides, bien connues alors dans les pays industrialisés. Ce problème de délimitation a donné lieu à une série de critiques sur l'intégration de certains territoires en RPC, notamment celle du Tibet et duXinjiang (新疆, pinyinXīnjiāng, qui signifie « nouvelle frontière » ou « nouveau territoire » en chinois).
Les cinq principaux processus de fabrication du papier des Chinois auIIe siècle.
On estime que la Chine a été la première puissance économique mondiale durant la majeure partie des vingt derniers siècles[21],[22],[23],[24]. Jusqu'auXVIIIe siècle et larévolution industrielle, c'est également en Chine qu'on trouvait le niveau de vie le plus élevé de la planète[25].
La Chine, première civilisation à utiliser lepapier monnaie, a une longue histoire de relations économiques internationales. On retiendra quelques points de repères utiles :
Ladynastie des Yuan a organisé un système de routes et de poste efficaces, contribuant à la modernisation de l'économie chinoise.
Au début del'ère Ming, les flottes de l'amiralZheng He ont renforcé les liens existant déjà sur la route des épices, entre l'Inde, la côte africaine orientale, l'Indonésie et supposément l'Australie.
Le règne deMao Zedong a été synonyme d'une nouvelle période de quasi-autarcie économique, en dehors de certains échanges avec les pays de la sphère communiste.
Deng Xiaoping a entériné à partir de décembre1978 une ouverture économique progressive, qui correspond aujourd'hui à une « économie socialiste de marché », associant une économie ouverte sur le monde et à l'économie de marché, avec une volonté de financement du développement social.
La Chine etTaiwan sont membres de l'Organisation mondiale du commerce depuis respectivement2001 et2002, leur permettant de profiter pleinement des opportunités offertes par la mondialisation de l'économie. La Chine cherche d'ailleurs à gérer son insertion dans l'OMC au mieux de ses propres intérêts, et latransparence et l'évolution de sa législation sont surveillées de près par lesÉtats-Unis et l'Union européenne[26].
Sous l'influence de la pensée confucéenne, la Chine a très tôt cherché à se doter de la meilleure administration possible, choisie sur la base de critères de compétence. C'est le système desmandarins, sélectionnés au travers desexamens impériaux.
« Mandarin » est le terme occidental utilisé pour désigner un haut fonctionnaire lettré et éduqué dans la tradition de Confucius, mis au service de l'Empereur de Chine, à l'issue d'une sélection rigoureuse et très limitative des meilleurs candidats.
Pendant 1300 ans, entre les années 605 et 1905, la haute administration impériale, tant centrale que provinciale, mais également l'administration du Viêt Nam sous occupation chinoise, est tenue par une caste recrutée sur la base de concours extrêmement difficiles : lesexamens impériaux. Les mandarins et le modèle qu'ils ont fait naître, le mandarinat, apparaissent comme le parangon de tous les systèmes de bureaucraties d'État, à la tête desquels sont des hauts fonctionnaires de carrière, recrutés au mérite intellectuel et littéraire, formés techniquement à l'administration et constitués en élites étatiques reproduites et fermées. Le régime actuel a remplacé le mandarinat par les cadres du parti communiste chinois. Si le nom diffère, le contenu y garde une certaine continuité.
Danielle Elisseeff,Art et archéologie : la Chine du néolithique à la fin des Cinq Dynasties (960 de notre ère), Paris, École du Louvre, Éditions de la Réunion des musées nationaux (Manuels de l'École du Louvre),, 381 p.(ISBN978-2-7118-5269-7)
Danielle Elisseeff,Histoire de l'art : De la Chine des Song (960) à la fin de l'Empire (1912), Paris, École du Louvre, Éditions de la Réunion des musées nationaux (Manuels de l'École du Louvre),, 381 p.(ISBN978-2-7118-5520-9)
↑Sophie A. deBeaune,Pour une archéologie du geste: broyer, moudre, piler des premiers chasseurs aux premiers agriculteurs, CNRS éd,(ISBN978-2-271-05810-2).
↑Paolo Farah, « L'accession de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce : les règles internationales et les barrières culturelles internes » dansLettre de l'Antenne franco-chinoise, janvier 2006,p. 1–12,[lire en ligne] ; Paolo Farah, « Five Years of China's WTO Membership. EU and US Perspectives about China's Compliance with Transparency Commitments and the Transitional Review Mechanism» dansLegal Issues of Economic Integration, Kluwer Law International, Volume 33, Number 3,p. 263-304, août 2006,[lire en ligne]