L’histoire de l'Europe, et surtout de l’Europe méridionale, est une des parties les mieux documentées, étudiées et connues de l’histoire mondiale, pour quatre raisons :
lagéologie fait affleurer desroches en de nombreux endroits, ce qui a permis très tôt les constructions en pierre ;
lesclimats permettent la bonne conservation de nombreux sites archéologiques ;
l’écriture s’y est tôt imposée et de nombreux documents écrits se sont conservés ;
Toutefois, l’histoire européenne connait les mêmes grandes « révolutions techniques » que le reste de l’histoire mondiale, chacune d’elles bouleversant profondément les modes de vie antérieurs :
la « révolution néolithique », intervenue selon les aires géographiques il y a 10 000 à 2 000 ans, marquée par l'adoption de l’agriculture ;
Tant l’archéologie que les sources documentaires et artistiques représentent des biais, pour trois raisons :
la conservation de ces sources est différentielle : ce qui est périssable (matières organiques) a statistiquement toutes les chances de disparaître, et par conséquent seule une infime minorité des artéfacts et des supports documentaires ou objets d'art, généralement réalisés en matériaux « nobles » (métal, pierre) se conserve ;
l'utilisation de ces matériaux « nobles », le choix des offrandes dans lessépultures, l'écriture lorsqu'elle apparaît et les monuments témoignent surtout de la vie, des préoccupations, des croyances, de la culture ou des langues des classes dominantes (aristocrates,guerriers,religieux, riches marchands), et il est bien plus difficile de retrouver des témoignages fiables sur la majorité des populations ;
la transmission, elle aussi, est différentielle : au fil des changements culturels, religieux et linguistiques, certains témoignages du passé ont été conservés, beaucoup ont été recyclés, remaniés, récrits, ré-interprétés, mais la majorité a tout simplement été oubliée, négligée ou détruite, ces témoignages ne représentant plus rien pour les nouvelles populations ou générations.
Toutefois, avec la généralisation de laméthode scientifique, tant enarchéologie qu'enpaléographie et enhistoire de l'art, de plus en plus de découvertes, d'études complémentaires et d'analyses apportent des informations nouvelles sur l'histoire européenne, dont la vision ne cesse de se préciser, tandis que d'anciennes légendes ou points de vue cèdent du terrain, ou bien quittent le terrain scientifique pour subsister uniquement sur le terrain mythologique, politique ou idéologique (voir aussi l'articleProtochronisme).
De plus, dessciences naturelles comme l'épidémiologie, lagénétique, lagéologie, lavolcanologie, la paléo-climatologie ou lapalynologie, désormais croisées avec les sciences historiques et sociales, apportent elles aussi des éclaircissements et des informations complémentaires, par rapport aux sources archéologiques et écrites. Ainsi, des études géologiques, volcanologiques et climatologiques[1] ont dévoilé les causes souvent naturelles de déplacements de populations, changements de civilisation ou politiques, dépeuplements, guerres, ou repeuplements.
C'est l'apparition de l'écriture qui marque traditionnellement la limite entrePréhistoire etHistoire. L'écriture apparait tardivement en Europe, d'abord enGrèce puis àRome, et ne se répand vers le reste du continent qu'avec les conquêtes romaines puis la christianisation. Les traces antérieures d'écriture demeurent rares et limitées. Tout ce qui s'est déroulé avant les premiers écrits peut être inclus dans la Préhistoire.
Une étude génétique publiée en 2016 montre deux changements majeurs dans les populations européennes à la fin duPaléolithique supérieur. Lorsque s'amorce la remontée des températures vers 19 000 ansavant le présent (auSolutréen final), l’Europe de l'Ouest commence à être en partie repeuplée par des chasseurs-cueilleurs venus du sud-ouest de l’Europe, notamment d'Espagne[5]. Vers 14 500 ansavant le présent, à l'issue duDryas ancien, une nouvelle migration a lieu « qui semble venir de l'est, et non de l'ouest »[5], et qui aurait notamment entrainé la disparition parmi les populations de chasseurs-cueilleurs de l'haplogroupe M[6].
Au nord du continent, laculture de Hambourg prédomine vers 15 000 ans AP. Elle sera suivie par laculture Federmesser du complexeazilien, qui se manifestera un peu plus tard au centre et à l'ouest. Il en sera de même pour le complexe Lyngby (Ahrensbourgien etBrommien) qui succédera au Hambourgien dans la partie septentrionale et, conséquemment au réchauffement, jusque dans le sud de la Scandinavie. Laculture swidérienne fait son apparition au nord-est à peu près durant la même période (13e millénaire AP).
Le Mésolithique est la période durant laquelle débute une sédentarisation partielle des populations, après la fin de ladernière période glaciaire. Les industriesmicrolithiques se développent lors du Mésolithique, à travers des cultures telles que leSauveterrien en France et d'autres cultures similaires dans le sud de l'Europe, alors qu'en Allemagne et les pays adjacents leBeuronien occupe la majeure partie du territoire. Au nord, on retrouve leMaglemosien qui s'étend d'une partie despays baltes jusqu'auxÎles Britanniques alors encore reliées au continent par leDoggerland.
DuVe auIIIe millénaire avant notre ère la civilisationmégalithique se développe essentiellement de l'ouest vers l'est, d'après la datation des sites. Selon les hypothèses deMarija Gimbutas, au demeurant discutées, cela aurait pu être une civilisation agricole, sédentaire, peu guerrière (les sites ne sont pas fortifiés, il y a peu d'armes et beaucoup d'outils agricoles dans les sépultures), matristique et dont les cultes étaient en relation avec les rythmes de la nature ; les calendriers prédictifs, à la fois lieux de culte et observatoires, les labyrinthes et les parcours initiatiques en étaient les axes[7]. Par la suite, durant le Néolithique final, le continent est marqué par laculture de la céramique cordée et laculture campaniforme.
D'après les travaux de R. Peroni[8], ces civilisations agricoles, dont les sites se multiplient, témoignant d'un accroissement de la population, subissent dans la première moitié duXIIe siècle avant notre ère, unecriseenvironnementale qui conduit à l'abandon de la plupart des sites, mais l'on ignore s'il s'agit d'une criseclimatique, d'uneépidémie ou d'uneépizootie, des suites d'éruptionsvolcaniques, ou de plusieurs de ces causes. La civilisation minoenne pourrait avoir été affaiblie par l'éruption du volcan deSantorin.
Plusieurs études publiées depuis 2012 montrent enfin une migration massive de populations des steppes d'Europe orientale, il y a environ 4 500 ans, qui aurait pu propager, selon ses auteurs, une forme précoce deslangues indo-européennes[11]. Ces populations ont remplacé dans une large mesure les populations d'agriculteurs du Néolithique, dont les traces génétiques subsistent principalement parmi les populations actuelles du sud-ouest de l'Europe et en particulier enSardaigne et enCorse, qui semblent avoir été un refuge pour ces populations[12]. Ainsi, enGrande-Bretagne, cette migration massive survenue il y a environ 4 500 ans depuis le continent introduit laculture campaniforme dans l'île. La propagation du complexe campaniforme est associée au remplacement d'environ 90 % du patrimoine génétique existant en quelques centaines d'années. Cette migration se produit dans le prolongement de l'expansion vers l'ouest qui avait amené les porteurs de gènes de la steppe pontique en Europe centrale et du nord au cours des siècles précédents[13],[14].
Dans l'Antiquité, les auteurs grecs et romains s'accordent pour opposer à leur civilisationméditerranéenne, appeléeimperium à partir d'Auguste, unbarbaricum peuplé deCeltes, deGermains, d'Illyres, deThraces, de divers peuplesiraniens tels que lesScythes ou lesSarmates, et dans l'Antiquité tardive, deSlaves. Les cultures de ces peuples étaient initialement moins urbaines, juridiques et scripturaires que celle desGrecs et desRomains, mais non moins complexes religieusement, socialement et artistiquement.
Au-delà de laGrèce ou de laRome étaient présents des peuples nommésKelt, en latinCeltus (pl.Celti ouCeltae), en grecΚeltoί. Ce nom pourrait provenir de l'indo-européenkeleto, « rapide » car se déplaçant à cheval, ou dekel-kol, « colon, envahisseur »[15]. Le mot Celte est aussi à rapprocher de « sel » (engrec ancienhals,grec modernealáti, latinsal) qui était au centre de l'activité économique de la richecivilisation de Hallstatt. Il n'existe pas d'unanimité entre les spécialistes concernant ces étymologies[16].
Les Celtes occupaient une grande partie de l'Europe, desCarpates à l'Atlantique. Les auteurs latins utilisent le motGalli pour désigner les Celtes installés enGaule, en hommage à leur animal fétiche, lecoq (Gallus enlatin), mais le motGalatoi utilisé par les auteurs grecs pour les celtes, semble plutôt renvoyer à la couleur claire des peuples nordiques (Galaktos signifiant « laiteux » en grec). Plusieursétymologies ont été proposées. Les Celtes, artisans et agriculteurs, savaientfondre et travailler de nombreux métaux et utiliser laroue ; le bois et le fer leur étant plus accessibles que l'argile, ils utilisaient destonneaux à la place dedolia ou d'amphores. Leurs bateaux n'étaient pas moins élaborés que ceux de la Méditerranée, et leur ont permis de peupler lesîles Britanniques.
Lecommerce celtique est prospère et, en temps de paix, les Celtes entretiennent de bonnes relations avec les peuples qui vivent autour dubassin méditerranéen, où ils s'installent à leur tour comme sauniers (lesSalyens par exemple), artisans, jardiniers ou mercenaires.
À la fin de l'âge du bronze survient une période plus sèche, la productivité agricole baisse et les vieux royaumesachéens s'effondrent. Le climat rétabli (et même plus arrosé que de nos jours[17]), la productivité augmente et une brillante civilisation voit le jour : sur le pourtour de laMer Égée, lacivilisation grecque prend la forme de plusieurscités États (les plus importantes étantSparte etAthènes), qui ont des formes de gouvernement et de culture très différentes. L'art, lamusique, laphilosophie, lessciences, lethéâtre se développent. Les cités grecques connaissent un « boom démographique » et grâce au surplus de population, fondent un grand nombre de colonies sur la rive nord de lamer Méditerranée, enCyrénaïque et autour de lamer Noire, notamment enAsie mineure, enSicile et dans le sud de l'Italie. Par exemple, Massalia (Marseille) est fondée vers 600 avant notre ère. AvecClisthène, la cité d'Athènes expérimente les premières formes dedroit du sol et dedémocratie, encore réservées aux seuls hommes libres, citoyens de la ville.
La Grèce antique a légué les principes de ladémocratie athénienne, bien analysée par sesphilosophes, telsSocrate,Platon,Aristote ouHéraclite, qui tentent également d'expliquer l'inconnu par le connu, selon une démarchelogique. À la littérature épique d'Homère s'ajoutent la poésie lyrique avecSappho etPindare, et lethéâtre (qui préexistait rustiquement, mais acquiert ses rites et ses règles). Ainsi émerge l'idée d'un idéalesthétique, que reflètent lesarts de l'architecture et de lasculpture (polychrome à l'origine). Une somme de connaissances enmathématiques est née du contact des Grecs avec les civilisations plus anciennes d'Égypte ou deMésopotamie. En outre, la Grèce a permis l'éclosion de lascience expérimentale et a créé lamonnaie. La Grèce antique était composée de multiples cités-États ayant conscience de leur identité commune, mais constamment rivales.
Art romain : détail de la « mégalographie » de la « villa des mystères »,Pompéi, Italie.
À partir duIIIe siècle av. J.-C., supplantant les Grecs des colonies d'Italie du Sud puis s'opposant àCarthage, Rome conquiert l'Italie puis tout le pourtour de la Méditerranée. À partir duIer siècle, la frontière de l'Empire romain est fixée sur leRhin et leDanube et à la limite de l'Écosse. L'Empire, défendu par un réseau de fortifications appelé leLimes, est divisé enprovinces. Au début de l'Empire, ledroit du sang domine et les habitants ne sont citoyens que de leur cité ou nation d'origine, mais en 212, ledroit du sol est introduit et tous les habitants de l'empire reçoivent la citoyenneté romaine. Le latin devient la langue commune à toutes les régions du nord-ouest de l'empire, le grec restant la langue commune des régions du sud-est.
Sur fond d'émergence progressive desliens entre places commerciales européennes, via le système des villes de la Hanse et les empires maritimes, les différentes périodes du Moyen Âge restent marquées par un relatif émiettement politique et culturel.
La fin de l'Antiquité tardive et le haut Moyen Âge correspondent à une péjoration climatique (forte nébulosité, hivers longs et froids, étés pluvieux[18]) qui met à mal les équilibres économiques, notamment dans le nord et le centre de l'Eurasie dont les peuples, affamés, vont déferler vers le sud et l'ouest, vers le bassin méditerranéen relativement épargné. En envahisseurs, en mercenaires ou en « foederati », les peuples germaniques, slaves et asiatiques bouleversent l'ordre romain : desroyaumes « barbares » s'établissent sur les ruines de l'Empire romain d'Occident, ainsi que dans la partiedanubienne decelui d'Orient. Mais le souvenir impérial subsiste et s'affirme comme un modèle de gouvernement pour les souverains du Moyen Âge. Ainsi,Charlemagne ressuscite le titre impérial en 800 ; lesOttoniens s'en emparent par la suite. Les slaves, eux, créent le titre deTzar (César).
Lapartie orientale de l'Empire romain survit pendant un millénaire et opère une synthèse entre le legs romain et l'hellénisme : depuisHieronymus Wolf, nous l'appelons « Empire byzantin ». Il transmet son héritage scientifique et technologique auxArabes et auxTurcs : par l'intermédiaire des Arabes, l'Occident récupérera progressivement ce savoir.
AuVIIe siècle, les Lombards passent en Italie d'où les Romains (d'Orient) avaient chassé les Ostrogoths, tandis qu'auVIIIe siècle, dans le bassin du bas-Danube, lesBulgares créent un royaume qui intègre leslatins d'Orient ainsi que lesslavons dont la langue devient officielle enBulgarie : une écritureglagolitique, puiscyrillique dérivée du grec est adoptée.
En Occident, le système de vassalité et comtal remplace progressivement la notion romaine deRes Publica. Une des rares institutions antiques qui survit à l'effondrement de l'Empire romain d'Occident est l'Église chrétienne d'obédience romaine et de langue latine, qui préserve une part de l'héritage impérial (notamment la tenue d'archives, la viticulture, l'irrigation). Le Moyen Âge a exagérément été perçu comme une période sombre où beaucoup de connaissances de l'Antiquité ont été perdues. Ce n'est pas le cas, notamment en Orient, où lettrés grecs et arabes ont compilé, étudié et transmis les connaissances de l'Antiquité, et où le système de laRes Publica et du droit (Code deJustinien) ont perduré plus longtemps et se sont transmis aux Arabes et aux Turcs, chez lesquels il n'y avait ni titres ni propriété aristocratique (héritées des coutumes germaniques) mais seulement des offices (révocables) et des domaines alloués au mérite.
AuxIXe et Xe siècles, laScandinavie, qui subit encore la péjoration climatique, voit partir en nombre lesbateaux desVikings dont lesVarèguessuédois. L'Europe occidentale subit les incursions dévastatrices des premiers, le long des côtes de lamer du Nord. Ces invasions sont accompagnées de massacres et de pillages mais le pillage permet la remise en circulation desmétaux précieux que recélaient églises et monastères, et dont la carence pose problème au développement des marchés. À la fin duXe siècle et au début duXIe siècle, leféodalisme se développe d'autant plus vite, que les États ne peuvent guère assurer la protection de leurs populations. En Europe orientale au contraire, lesVarègues commercent pacifiquement avec l'Empire byzantin (dont lasupériorité navale etmilitaire les empêche de s'adonner au pillage) et contribuent à la mise en place de l'État russe.
Le « tournant de l'an mil » : vers le milieu duXe siècle, la population européenne commence à s'accroître du fait d'une amélioration climatique et de quelques progrès techniques qui trouvent leur application dans l'agriculture, comme le collier d'épaule pour le cheval. Commence alors une période de deux siècles, celle des grands défrichements. En même temps qu'« un blanc manteau d'églises » couvre le continent, les pèlerinages versSaint-Jacques-de-Compostelle et versJérusalem sont les expressions de la vive piété médiévale, « qui, du monde extérieur à son lieu de vie, ne connaît que Dieu ».
On observe les premiers signes d'une renaissance de l'économie d'échanges en Europe de l'Ouest quand le commerce reprend en Italie grâce à la croissance économique et culturelle de puissantes cités États commeGênes,Florence ouVenise ainsi qu'enFlandre où les manufactures de draps se développent avecBruges etAnvers. L'économie bénéficie de cesliens entre places commerciales européennes.
À mi-parcours de ces deux pôles économiques médiévaux, lesfoires de Champagne sont à leur apogée vers 1250 jusqu'à leur déclin du fait de l'ouverture de la route duSaint-Gothard et d'une liaison maritime directe entre l'Italie et la Flandre (1298), ce qui permet d'échapper aux taxes mises en place par les capétiens en France. Venise, dont les galères vont elles-mêmes chercher les épices et les marchandises au Levant surpasse ses rivales et domine l'économie européenne de1380 à1500 environ, les musulmans ayant cessé de pratiquer le commerce en Méditerranée occidentale.
À la même époque, des royaumes commencent à prendre forme enFrance, enAngleterre et auPortugal, mais leur formation prend plusieurs décennies à cause des rivalités entre l'Église, la monarchie et les nobles.
La crise est d'abord démographique. La population européenne va passer de 73 à 45 millions d'habitants entre 1300 et 1400, l'espérance de vie recule de 25 ans à 17 ans en Angleterre.
La crise est aussi économique et sociale. Faute de main d'œuvre, l'agriculture est insuffisante, les marchés des manufactures textiles de Flandre sont à un bas niveau mais celles duBrabant se développent. Les villes ont augmenté leur population du fait de l'insécurité des campagnes mais n'offrent guère de travail alors que les prix des loyers et des denrées augmentent, plus vite que les salaires. Les « jacqueries » sont fréquentes, les troubles sont nombreux, d'abord en France puis dans toute l'Europe. Cependant, dès le milieu duXVe siècle, débute un essor généralisé de la population et une reprise économique.
Enfin, la crise est morale. Le grand schisme d'Occident provoque de vives inquiétudes parmi les fidèles. Leconcile de Constance (1414-1418), qui se pose comme au-dessus du pape et de l'antipape, se compose des futures grandesnations européennes qui peuvent examiner séparément les différentes questions. Alors que les hérésies deWyclif en Angleterre et deJean Hus enBohême proposent de rejeter tous les écrits postérieurs à laBible, l'unité de la chrétienté occidentale est menacée. De ceci va naître laRéforme.
Pendant ce temps, de nouvelles puissances émergent en Orient : au nord, laRussie se réunifie et se libère des Tatars et Mongols de laHorde d'or, puis devient un empire ; au centre, l'union de Lublin crée un puissant et vaste royaume dePologne-Lituanie qui accueille lesJuifs chassés d'Occident, tandis queBohême etHongrie prospèrent (y compris culturellement) sousMathias Corvin ; au sud enfin, l'Empire ottoman, musulman , devient à son tour un État européen et accueille de son côté les juifs chassés d'Espagne. Initialement, la tolérance religieuse est de mise dans ces États multi-culturels, et le restera jusqu'au début duXIXe siècle.
La diffusion de laRéforme protestante inspirée par les moinesLuther etCalvin, favorisée par le développement de l’imprimerie, est un bouleversement encore plus important dans l'Europe occidentale. Elle fait éclater l’unité des catholiques, et aboutit à desguerres de religion en Allemagne en France et plus tard en Angleterre.
C'est également à cette époque que les Portugais et les Espagnols commencent à être capables de naviguer sur tous les océans. Ce sont lesGrandes découvertes : installation decomptoirs le long des côtes africaines, route des Indes par le contournement de l'Afrique découverte par les Portugais en1498, et Amérique découverte par les Espagnols en1492. Letraité de Tordesillas (1494) partage le monde, encore largement inconnu, entre un hémisphère portugais et un hémisphère espagnol.
L'Europe de l'Ouest profite à partir de ce moment non seulement du développement du commerce mondial, la « protomondialisation », mais elle commence avec lacolonisation à établir sa domination directe sur d'autres continents, principalement en Amérique et dans l'océan Indien auXVIe siècle. Les Églises d'Europe commencent à répandre les religions chrétiennes parmi les indigènes des colonies. Mais la colonisation s'accompagne de latraite des noirs et de l'utilisation d'esclaves dans les plantations d'Amérique. LesAmérindiens sont décimés par les maladies, le travail forcé, ou exterminés. L'Espagne s'enrichit considérablement auXVIe siècle par la découverte desmétaux précieux d'Amérique (or et argent), dont l'énorme quantité transférée en Europe crée une forte inflation durant leXVIe siècle. La France et la Grande-Bretagne profitent ducommerce triangulaire auXVIIe siècle et surtout auXVIIIe siècle.
LaRussie s'étend en Sibérie et atteint l'océan Pacifique en1641, date de la fondation d'Okhotsk. Elle ne cessera de s'étendre, auxXVIIIe siècle etXIXe siècle, aux dépens de laChine et des émirats musulmans d'Asie centrale. En revanche, contrairement aux occidentaux, elle n'y pratique pas l'esclavage mais favorise le peuplement de son nouvel espace par des trappeurs, éleveurs et agriculteurs slaves. En1799, elle prend pied en Amérique du Nord en s'implantant enAlaska.
La plupart desmonarques européens desXVIIe et XVIIIe siècles sont desrois absolus qui s'affrontent très souvent dans des guerres de prestige, même si les considérations religieuses, économiques et d'équilibre des puissances n'en sont pas absentes. La rivalité entre le roi de France et lesHabsbourgs d'Espagne et d'Autriche est constante. C'estLouis XIV qui parvient à supprimer la menace espagnole en plaçant son petit-filsPhilippe V sur le trône après la mort du dernier Habsbourg d'Espagne. Letraité des Pyrénées (1659) consacre la suprématie de la France sur la scène européenne.
L'Europe centrale est ravagée par laguerre de Trente Ans (1618-1648). Le roi de France Louis XIV, modèle du souverain absolu, provoque quatre guerres. Les renversements d'alliance sont fréquents auXVIIIe siècle, marqué par l'essor de laPrusse comme puissance militaire, et la domination maritime, coloniale et économique duRoyaume-Uni, à la suite dutraité de Paris qui clôt laGuerre de Sept Ans (1756-1763).
La France, où s'est développée auXVIIIe siècle la philosophie desLumières, connaît à son tour uneRévolution en1789, après plusieurs années de mauvaises récoltes (d'où cherté dupain) dues aux « étés pourris » consécutifs aux éruptions duvolcanislandais Lakagigar (ou Laki) en1783[21] : c'est le déclin de l'autorité desnobles et duclergé sur le peuple et, malgré les exactions de laTerreur, c'est un foyer de diffusion des idées dedémocratie et derépublique en Europe.
Représentation de laDéclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 parLe Barbier.
La révolution française (1789-1799) a non seulement mis fin à la monarchie absolue et à l’Ancien Régime en France, mais également provoqué un choc dans toute l'Europe. Les autres monarchies européennes se sont vues menacées, ce qui déclenche une guerre entre laFrance et le reste de l'Europe à partir de1792. Leserment du Jeu de Paume constitue en lui-même une révolution puisqu'il ne tient pas compte de l'avis du roi. Les victoires militaires de la France révolutionnaire, puis deNapoléon (1799-1815) ont pour conséquence la conquête ou la domination d'une grande partie de l’Europe par les Français, qui suppriment l'Ancien régime, confisquent les biens de l’Église, imposent l'usage duCode civil français et dusystème métrique.
L’opposition à la France ne se nourrit pas que des sentimentscontre-révolutionnaires de l'aristocratie. Unnationalisme populaire se développe chez les Allemands humiliés en1806, ou chez les Espagnols qui mènent une longueguerilla pour libérer leur pays (1808-1813) : ce nationalisme sera à la base de l'histoire des relations internationales européennes jusqu'en 1945. L'expansionnismenapoléonien limite l'influence de l'Autriche en Allemagne et raye leSaint-Empire romain germanique de la carte après neuf siècles d'existence. Exsangue, la France impériale est finalement vaincue par toute l'Europe coalisée (1812-1815), perd quasiment toutes ses conquêtes et une nouvelle carte de l'Europe est établie par letraité de Vienne (1815), au profit de laPrusse, de l'Autriche et de laRussie.
En même temps se produit larévolution agricole qui permet de nourrir une population en augmentation rapide (la population européenne double pendant leXIXe siècle, sauf en France). L'exode rural alimente une forte croissance urbaine. Laclasse ouvrière se développe, pendant longtemps misérable et exploitée, et lesidées socialistes apparaissent. Néanmoins, la condition ouvrière s'améliore très lentement, avec les progrès du syndicalisme.
Les progrès de l'hygiène se font également sentir : ils permettent d'éradiquer lapeste (dès1720) puis lecholéra (vers 1900) en Europe. Latuberculose continue ses ravages jusqu'à la fin des années 1940, finalement circonscrite par l'usage de lapénicilline.
LeXIXe siècle, de1815 à1914 est un long siècle sans guerre majeure : les conflits sont localisés.1815 voit le triomphe de la réaction, conduite par laRussie, laPrusse et surtout l'Autriche deMetternich, qui forment la « Sainte-Alliance ». Mais ce triomphe ne parvient pas à empêcher la diffusion des idées issues de laRévolution française qui se répandent parmi les gradés des armées, les lettrés et dans la bourgeoisie, de sorte qu’une profonde mutation affecte, selonGeorges Duby, les identités collectives d’Europe : encore définies par la religion et la sujétion à unmonarque au début du siècle, elles évoluent rapidement en appartenance à un ensemble linguistique, culturel et historique appelé « nation », et l’on s’affirme dès lors comme membre d’une « nation allemande », « italienne » ou « française », plutôt que comme sujets prussiens, bavarois, autrichiens, piémontais, toscans ou du roi de France. D’ailleurs même en1815, lamonarchie absolue n'est pas rétablie partout : lamonarchie constitutionnelle subsiste en Europe de l'Ouest, enScandinavie et dans lesPrincipautés danubiennes. Des mouvements libéraux se manifestent de1820 et1821 àNaples, enAllemagne, enEspagne, enMoldavie et Valachie, mais ils sont écrasés par la « Sainte-Alliance » ; seul lesoulèvement des Grecs aboutit à leur indépendance vis-à-vis de l'Empire ottoman en1829. À la suite de la vague révolutionnaire de1830, lesBelges obtiennent à leur tour leur indépendance, mais les révolutionspolonaise etitalienne sont écrasées par les Russes et les Autrichiens. Le « Printemps des Peuples » de1848 voit les mouvementslibéraux etnationaux soulever les Allemands, les Italiens, lesHongrois et lesRoumains mais dès l'année suivante les armées autrichiennes et russes rétablissent l'ordre ancien. L'intervention française de1859 contre l'Autriche permet de démarrer l'unité italienne autour du roi du Piémont, en grande partie achevée en1870. En1859 également, l'union de laMoldavie et de laValachie crée laRoumanie. L'unité allemande est réalisée par laPrusse par la guerre : ses victoires contre l'Autriche àSadowa (1866) et contre la France (1871) lui permettent de fonder l'Empire allemand. La défaite de Sadowa permet à laHongrie de bénéficier d'un régime de faveur dans cette « prison des peuples » qu'est l'Autriche-Hongrie, née du compromis de1867.
Dès1912, à la suite de laPremière Guerre balkanique, l'Empire ottoman ne conserve que les alentours d'Istanbul en Europe. Les quatre États balkaniques ne peuvent pas faire coïncider leurs frontières avec l'extension de leursnations, car celles-ci se mélangent sur de vastes territoires. De plus ils sont instrumentalisés par les jeux d'influence des grandes puissances. Il en découle laDeuxième Guerre balkanique, qui règle la question, tout en laissant des frustrations qui s'ajoutent à celles des peuples de l'Autriche-Hongrie. La Russie soutient lesSlaves du Sud, que laSerbie souhaite réunir dans un même État. L'Autriche-Hongrie qui est bloquée dans ses ambitions territoriales ne peut que s'étendre vers le Sud : elle occupe laBosnie-Herzégovine (1878), finit par l'annexer (1908), et soutient lesAlbanais et laBulgarie, qui revendique laMacédoine à la Serbie.
Après l'indépendance des États-Unis en 1783 à la suite de la guerre contre l'Angleterre et des colonies espagnoles et portugaises d'Amérique vers 1820, les Européens n'avaient plus beaucoup de colonies sauf les Britanniques qui contrôlent une grande partie desIndes, leCanada, l'Australie et l'Afrique du Sud et les Hollandais qui possèdent lesIndes néerlandaises. LaFrance se lance dans la conquête de l'Algérie en1830, ce qui relance la conquête coloniale.
Ainsi, la fin duXIXe siècle voit l'impérialisme européen se lancer dans l'établissement d'un secondempire colonial, en Afrique, en Asie et en Océanie. En1885, lors de laConférence de Berlin sur la colonisation, « pour le bien être moral et matériel des populations indigènes », des règles sont mises en place par les métropoles. Comme toute nouvelle conquête doit être soumise à l’approbation des autres puissances, la compétition est lancée et la colonisation s’accélère : c'est la « course au clocher » qui provoque des frictions entre les puissances européennes :Fachoda (1898) entre la France et le Royaume-Uni,Tanger (1905) etAgadir (1911) entre la France et l'Allemagne.
En1914, l'Europe à son apogée domine alors le monde et les territoires cumulés que contrôlent les pays européens (y compris la Russie en Sibérie) correspondent à 66 % de l’espace mondial et 60 % de la population mondiale.Lénine écrira que l'impérialisme est le « stade suprême du capitalisme », ce qui fait que les Partis communistes européens se rangeront dans la lutteanticoloniale au moins avant laSeconde Guerre mondiale.
Après laPremière Guerre mondiale alors que les mouvements d'indépendance tentent de se faire reconnaître, la France, le Royaume-Uni et, dans une moindre mesure, laBelgique et leJapon se partagent les colonies allemandes et les territoires arabes de l'Empire ottoman. Seule l'Égypte parvient à une certaine indépendance en1922, comme conséquence de sa révolution de 1919.
Lacrise de 1929 entraîne un repli des Européens sur leurs Empires coloniaux par le système de la « préférence impériale ». Les mouvements d'indépendance sont de plus en plus pressants, notamment aux Indes et au Maghreb.
Lenationalisme et l'impérialisme des grandes puissances européennes les poussent à unecourse aux armements et à la constitution de deux grandes alliances militaires opposées, laTriple-Alliance, formée de l'Allemagne, de l'Autriche-Hongrie et de l'Italie, et laTriple-Entente, constituée de la France, du Royaume-Uni et de la Russie. Si ledésir de revanche de la France, désireuse de récupérer l'Alsace-Lorraine annexée par l'Allemagne en1871, est puissant, c'est une autre question nationale qui déclenche le conflit. À la suite de l'attentat de Sarajevo (), l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à laSerbie, mais la guerre s'étend à presque toute l'Europe par le jeu des alliances. Ce conflit qu'opinions et média imaginaient court est une effroyable boucherie qui dure plus de quatre ans, car laPremière Guerre mondiale est une guerre de position, une guerre des tranchées, qui a provoqué la mort de 9 millions de soldats et profondément traumatisé toute une génération. C'est l'intervention desÉtats-Unis qui permet à l'Entente de finalement vaincre l'Allemagne, affaiblie par le blocus naval des Britanniques, et ses alliés (lesEmpires centraux) en1918, l'Italie ayant entre-temps changé de camp.
Outre les dégâts humains et matériels qu'elle a provoqués, la « Grande Guerre » a radicalisé certains mouvements politiques de droite comme de gauche, et bouleversé l'Europe :
Si ladémocratie progresse d'abord après la disparition des monarchies autoritaires vaincues en1918, desdictatures soit conservatrices, soitsoviétique se mettent ensuite en place dans presque toute l'Europe centrale et orientale (sauf en Roumanie et Tchécoslovaquie, qui succomberont respectivement en février 1938 et en mars 1939). Laxénophobie et l'antisémitisme montent, finissant par être traduits en lois discriminatoires. Le choc créé par lacrise économique mondiale des années 1930, qui apporte misère et insécurité avec un chômage massif, nourrit cette tendance. EnAllemagne, l'intransigeance française sur l'allégement des réparations contribue à fragiliser la démocratie et en1933,Hitler arrive au pouvoir, établit leTroisième Reich, et met également en place unsystème concentrationnaire. En URSS,plusieurs famines font, selon les estimations des historiens, entre 2,6[25] et 5 millions de victimes[26]. Enfin, après unelongue guerre civile (1936-1939),Franco établit sadictature en Espagne.
La défaite de l'Allemagne à la fin de laPremière Guerre mondiale va être instrumentalisée par lenazisme : Adolf Hitler veut effacer le« diktat » de Versailles et conquérir un « espace vital ». Il n'est d'abord qu'un agitateur marginal et pauvre, et fait de la prison après unetentative avortée de coup d'État en 1923. Mais à partir de 1929 il dispose d'appuis et de fonds, et il est élu chancelier en 1933: la démocratie allemande s'effondre en quelques mois, un État totalitaire se met en place[27]. Hitler réalise d'abord une série de coups de force, qui agrandissent l'Allemagne sans qu'elle ait à combattre (annexion de l'Autriche en1938 et de lapartie occidentale de la Tchécoslovaquie en 1938 et1939), du territoire deMemel aussi en 1939, en l'absence de réaction des démocraties occidentales. Puis le1erseptembre1939, l'Allemagne et l'URSS alliées[28] envahissent laPologne : le 3 septembre laFrance et leRoyaume-Uni déclarent laguerre à l'Allemagne.
L'armée allemande remporte d'abord une série de victoires fulgurantes, grâce à la « guerre-éclair » : conquête de laPologne (1939), duDanemark et de laNorvège (avril1940), desPays-Bas, duLuxembourg, de laBelgique et de laFrance (mai-juin 1940), de laYougoslavie et de laGrèce (avril1941). Mais, malgré uneoffensive aérienne d'envergure, laGrande-Bretagne, désormais seule en lice, résiste. Un premier tournant de la guerre se produit lorsqu'Hitler décide d'attaquer son proprepartenaire, l'URSS, le (opération Barbarossa) : l'Angleterre a désormais un puissant allié à l'est, même si l'Allemagne s'empare de vastes territoires en 1941-1942. Un second tournant est pris lorsque les Japonais décident d'attaquer les États-Unis le : aux ressources de l'empire colonial britannique et aux hommes de l'Union soviétique, s'ajoute désormais la productivité des industries américaines[29].
Mais, en attendant que tout cela puisse être coordonné, toute l'Europe sous domination nazie vit sous la terreur : les allemands réquisitionnent récoltes et productions industrielles et font subir à la population civile des représailles terribles, surtout à l'est où laconvention de Genève n'estpas appliquée. Des millions de personnes sont déportées dans lescamps de concentration. Les nazis mettent en œuvre une politique d'extermination des « races » que leur doctrine considère comme « inférieures et nuisibles » :slaves (4 200 000Polonais, 1 280 000Serbes, 7 500 000Biélorusses,Russes etUkrainiens)[30],Roms (entre 50 000 et 220 000)[31] etJuifs (à partir de1942, les nazis mettent en œuvre le seulgénocide industrialisé de l'histoire : la « solution finale » qui fera près de 6 000 000 de victimes). Mais finalement l'Allemagne nazie est vaincue : la marche vers la victoire des alliés est marquée par les triomphes soviétiques deStalingrad (février1943, troisième grand tournant de la guerre) et de Koursk (juillet 1943), et par les débarquements anglo-américains en Afrique du Nord (novembre 1942), Italie (1943) et en France (1944). L'Allemagne capitule le, mais la guerre a causé la mort de millions de personnes (une cinquantaine de millions au total), dont beaucoup de civils, à cause de l'étendue des zones des combats, des bombardements aériens et des déportations.
La grande conséquence politique du second conflit mondial est la partition de l'Europe par le « rideau de fer » : dans toute l'Europe de l'Est occupée par l'Armée rouge les communistes imposent leur dictature (appelée « démocratie populaire »). Symbole de cette division, l'Allemagne elle-même est coupée en deux (naissance de laRFA et de laRDA en1949). Les démocraties pluralistes occidentales s'allient aux États-Unis (OTAN, 1949), face à la menace soviétique (Pacte de Varsovie,1955). Mais paradoxalement, si l'Europe a vécu dans la peur d'un troisième conflit mondial, sous la menace des fusées à tête nucléaire, l'« équilibre de la terreur » entre les deux blocs a duré pendant presque un demi-siècle de stabilité, avant l'effondrement des régimes communistes en Europe de l'Est en1989-1991.
La Seconde Guerre mondiale a ruiné l'Europe, qui a subi des destructions considérables. Mais rapidement l'Europe de l'Ouest se reconstruit grâce à son potentiel industriel et à l'aide économique américaine (plan Marshall,1947) et connaît durant les « Trente Glorieuses » un essor économique marqué par la hausse du niveau de vie et l'entrée des classes moyennes dans la « société de consommation ». Mais ces trois décennies de prospérité et de social-démocratie, durant lesquelles les acquis sociaux furent nombreux, ne concernèrent ni l'Europe du Sud (Italie exceptée), ni surtout celle de l'Est : la première n'accède à la croissance du niveau de vie et à la démocratie qu'à partir de1970, la seconde qu'à partir de1990.
L'Europe a beaucoup perdu de son prestige auprès des peuples colonisés (qui ont participé aux côtés des Britanniques et des Français aux deux guerres mondiales, mais n'en ont guère retiré plus de droits au sein du système colonial). Entre1945 et1965 principalement, ladécolonisation, fortement soutenue par les États-Unis et l'URSS, est surtout politique : sur le plan économique, les anciennes colonies, minées par leurs divisions internes, restent très inféodées à leurs anciennes métropoles, qui continuent à capter l'essentiel des ressources notamment minières et pétrolières[32].
Mais bien avant cette réconciliation franco-allemande, trois autres pays (Belgique, Pays-Bas et Grand-Duché du Luxembourg) avaient déjà élaboré un projet d'association, et ce dès 1946. Le Benelux est la toute première association de pays sur le Vieux Continent. Il a été suivi ensuite par laCECA (1951), avec pour objectif de créer des solidarités de fait, puis par l'intégration économique (CEE, 1957) à la suite de l'échec de l'intégration politique (CED, 1954). La CEE s'élargit par adhésions successives en 1973, 1981, 1986 et 1995.
LaYougoslavie se fragmente dans la violence à partir de1991: lesguerres marquées par l'épuration ethnique voient s'affronter pour leur indépendance et/ou leur unité les peuples qui la composaient, instrumentalisés par des politiciens ex-communistes devenus nationalistes (telsSlobodan Milošević), et parfois par les intérêts divergents des pays occidentaux et de la Russie. LaBosnie-Herzégovine et leKosovo sont les plus lourdement touchés.
En1992, letraité de Maastricht crée l'Union européenne, institue la citoyenneté européenne et décide de l'introduction d'une monnaie unique dans la plupart des États à l'horizon du changement de millénaire, après une longue politique de convergence (serpent monétaire européen (SME)).
L'Union s'élargit en1995 (Autriche, Suède, Finlande), puis une nouvelle fois en2004 et2007 dans une grande vague d'élargissement qui double quasiment le nombre d'États membres. LaTurquie entame également en2004 les négociations d'entrée dans l'Union européenne, gelées en décembre2006.
Parallèlement, le processus de réforme de l'Union, qui visait à simplifier son fonctionnement et à l'orienter vers un mode de gouvernance plus démocratique se heurte à la méfiance des citoyens quant à l'orientation des décisions européennes, jugées soit trop politiques (souverainisme au Royaume-Uni, en Tchéquie, au Danemark ; attachement au libéralisme et à la neutralité militaire en Irlande) soit pas assez (demande d'Europe sociale en France) : le projet deconstitution européenne est rejeté en 2005 par référendum enFrance puis auxPays-Bas, et letraité de Lisbonne, pourtant moins ambitieux, est bloqué par un pays, laTchéquie.
En ce début de millénairemondialisé, les questions identitaires et les souverainismes locaux reprennent de l'ampleur et conduisent à des tensions dans les États les plus fragiles : leMonténégro se détache de laSerbie en 2006 et leKosovo déclare son indépendance en 2008 ; enBelgique les partis politiques flamands se radicalisent et lesélections de 2007 provoquent une crise politique grave ; en Espagne, en Italie et au Royaume-Uni les partis régionalistes (Pays basque,Catalogne,Padanie,Écosse) obtiennent des scores importants aux élections et des concessions de la part du pouvoir central.
Cet Atlas est une synthèse duGrosser Atlas zur Weltgeschichte, Westermann 1985,(ISBN3-14-100919-8), duAtlas zur Weltgeschichte, DTV 1987 traduit chez Perrin,(ISBN2-7242-3596-7), duPutzger historischer Weltatlas, Cornelsen 1990,(ISBN3-464-00176-8), de Georges Duby,Atlas historique, Larousse 1987,(ISBN2-03-503009-9), de la série des « Atlas des Peuples » d'André et Jean Sellier à La Découverte :Europe occidentale, 1995,(ISBN2-7071-2505-9),Europe centrale, 1992,(ISBN2-7071-2032-4),Orient, 1993,(ISBN2-7071-2222-X), avec des détails pris dansTörténelmi atlasz, Académie hongroise 1991,(ISBN963-351-422-3) CM et dansAtlas istorico-geografic, Académie roumaine 1995,(ISBN973-27-0500-0), et dansAtlas des religions, hors-série du « Monde » 2007, 194 pp.
↑Jérôme Gaillardet, Monica Rotaru, Michel Steinberg et Jean Trichet :Les climats passés de la terre, Vuibert 2006,(ISBN2-7117-5394-8) ; Elisa Brune et Monica Rotaru :Séismes et volcans : mais qu'est-ce qui fait palpiter la Terre ?, Le Pommier 2007,(ISBN978-2-7465-0355-7)
↑Jean-Joseph Julaud,L'Histoire de France Pour les Nuls, First Editions,,p. 25
↑Philippe Jouët,L'Aurore celtique dans la mythologie, l'épopée et les traditions, Yoran embanner, Fouesnant, 2007,p. 409(ISBN978-2-914855-33-4)
↑Monica Rotaru, Jerôme Gaillardet, Michel Steinberg, Jean Trichet :Les climats passés de la terre, Vuibert, 2007,(ISBN978-2-7117-5394-9), 195 pp.
↑M. Rotaru, J. Gaillardet, M. Steinberg, J. Trichet :Les climats passés de la terre, op. cit.
↑« Westermann Grosser Atlas zur Weltgeschichte », 1985,(ISBN3-14-100919-8), « DTV Atlas zur Weltgeschichte », 1987 traduit chez Perrin,(ISBN2-7242-3596-7), « Putzger historischer Weltatlas Cornelsen » 1990,(ISBN3-464-00176-8), et « Atlas historique Georges Duby » Larousse 1987,(ISBN2-03-503009-9).
↑Geneviève Esnos, « L'humanisme médiéval dans les littératures romanes du XIIe au XIVe siècle » in : Anthime Fourrier (dir.),Actes du colloque du Centre de Philologie et de Littérature romanes de l'Université de Strasbourg du 29 janvier au 2 février 1962 Klincksieck, 1964, publiés par la Bibliothèque de l'École des chartes, 1967, n° 125-2, pp. 475-478 -[2].
↑Jacques Sintès :Des volcans pour une révolution, Futura-Sciences, 10/07/2006, sur[3]
↑Alexis Troude, "Géopolitique de la Serbie", éditions Ellipses(ISBN2-7298-2749-8) page 32
↑ab etcL'Arménie, l'Azerbaïdjan et laGéorgie sont des pays associés à l'Europe, mais existent aussi dans la portion continentale asiatique duCaucase.
↑LeGroenland est politiquement européen (car faisant partie duDanemark), il est peuplé essentiellement par lesInuits. D'un point de vue géographique, il peut être classé enAmérique du Nord. Le Groenland ne fait plus partie de laCEE depuis1982.