L'existence d'un royaume qualifié d'« éthiopien » au sud de l'Égypte est très tôt évoquée dans l'Antiquité par les sources grecques et égyptiennes, sans que sa localisation précise soit clairement identifiée.
Une tradition historiographique ancienne tend à mettre en évidence une continuité entre toutes ces constructions politiques, au-delà des périodes peu ou pas connues qui les séparent et des variations entre les territoires concernés.
Richard Pankhurst[5], historien britannique professeur à l'université d'Addis-Abeba, distingue huit périodes principales dans l'histoire de l'Éthiopie :
Vers 1635, la période gonderienne est inaugurée avec la fondation de la ville deGondar. Cette phase de l'histoire éthiopienne dure un peu plus d'un siècle. Elle se distingue avec l'établissement de cette capitale fixe. Elle s'achève en 1769 avec l'assassinat deYoas Ier parMikael Sehul. Ainsi commence leZemene Mesafent,l'Ère des Princes, un nom qui indique la montée en puissance des pouvoirs locaux par rapport à l'autorité impériale.
En 1853-1855, avec l'avènement deTéwodros II, l'Éthiopie entre dans sa période moderne. Cette délimitation s'appuie notamment sur l'ouvrage deBahru ZewdeA history of modern Ethiopia (1855 - 1991)[9] ; l'année 1855 est également considérée par les autres historiens, Pankhurst et Berhanou Abebe compris, comme le début de l'époque moderne.Enfin, la chute duDerg en 1991 marque le commencement de l'ère contemporaine.
Depuis le début des fouilles entreprises dans le pays dans les années 1960, l'Éthiopie témoigne d'un patrimoinepaléontologique extrêmement riche qui entraîne encore de nos jours de nouvelles découvertes. L'Éthiopie, située sur lavallée du Grand Rift, est ainsi le pays où ont été découverts les plus anciens ossements d'Homo sapiens : ceux d'Hommes de Kibish et ceux d'Hommes de Herto. Elle est également l'un des pays où des restes de très anciens hominidés ont été mis au jour, avec leTchad (Sahelanthropus tchadensis, 6 à 7 millions d'années) et leKenya (Orrorin tugenensis, 6 millions d'années).
L'un des fossiles éthiopiens les plus connus estLucy, appelée localementDinknesh. Elle a été découverte le 30 novembre 1974 àHadar sur les bords de la rivièreAwash dans le cadre de l'International Afar Research Expedition, un projet regroupant une trentaine de chercheurs américains, français et éthiopiens. Daté de 3,2 millions d'années,Dinknesh appartient au genreAustralopithecus afarensis, cousin du genreHomo. Il s'agit du premierfossile relativement complet qui ait été découvert pour une période aussi ancienne. Il a révolutionné par ailleurs notre opinion sur les origines humaines, en démontrant que l'acquisition de la marchebipède remontait à plus de 3 millions d'années[10].
En février 2001, une équipe éthiopienne et américaine dirigée par les paléontologues Yohannes Hailé-Sélassié etTim White annonce la découverte d'unhominidé âgé de 5,2 à 5,8 millions d'années : l'Ardipithecus kadabba (de l'afar, « ancêtre de base de la famille »), considéré comme appartenant au même genre queArdipithecus ramidus (de l'afarardi, « terre », etramid, « racine »)[11]. En janvier 2005, la revueNature présente la découverte de nouveaux représentants de l'espèceArdipithecus kadabba au nord-est de l'Éthiopie par l'équipe de Sileshi Semaw (Université de l'Indiana)[12],[13].
En février 2008, le fossile d'un ancêtre des grands singes africains est découvert dans la région de l'Afar par une équipe japonaise et éthiopienne. Âgé de 10 millions d'années,Chororapithecus abyssinicus pourrait être un gorille primitif ou représenter une branche indépendante proche de celle des gorilles[14]. En février 2005, les restes fossilisés d'un squelette qui pourrait être le plus vieux « bipède exclusif » jamais découvert (âgé de 3,8 à 4 millions d'années) sont mis au jour aux alentours de la localité de Mille, dans la région de l'Afar, par une équipe de paléontologues éthiopiens et américains codirigée parBruce Latimer, directeur du Musée d'Histoire naturelle de Cleveland (États-Unis), et le spécialiste éthiopien Yohannes Hailé-Selassié[15].
Les découvertes les plus importantes restent néanmoins celles des plus anciens représentants de l'homme moderne[2], notamment à travers la datation en février 2005, par Ian McDougal, de deux crânes baptiséesOmo 1 et Omo 2 découverts en 1967 à Kibish, en Éthiopie. À partir des sédiments dans lesquels ont été retrouvés ces crânes, ceux-ci ont été datés d'environ 195 000 ans. Ils constituent ainsi les plus vieux ossements d'Homo sapiens jamais découverts[16],[17].
En juin 2003, une équipe internationale dirigée parTim White,F. Clark Howell (Berkeley, Californie) etBerhane Asfaw (Centre de recherche de la Vallée du Rift, Addis Abeba) met au jour le fossile dénomméHomo sapiens idaltu (idaltu voulant dire « ancien » en langue afar, langue de la région des fouilles)[18]. Daté de 154 000 ans, communément appelé « l'homme de Herto », il constitue alors, avecOmo 1 et Omo 2, le plus vieux représentant de l'espèceHomo sapiens. La découverte est réalisée près du village de Herto, à 225 km au nord-est de la capitale éthiopienneAddis-Abeba. Berhane Asfaw indique qu'« avec l'Homo sapiens idaltu, vous avez maintenant en Éthiopie la séquence entière de l'évolution humaine »[19], et le journalAmerican Scientist titre en décembre 2003 :« Nous sommes tous africains »[3]. En mai 2017, une publication révèle les analyses de trois crânes découverts au Maroc : ils sont plus anciens de 100 000 ans[réf. nécessaire].
Objet en pierre taillée, l'un des plus anciens exemples d'industrie lithique -Melka Kunture, Éthiopie.
Le site de Kada Gona, àHadar, a livré certains des plus anciensoutils taillés connus à ce jour[20]. Ils sont âgés de 2,3 à 2,5 millions d'années[21]. Ces premiers outils sont desgalets aménagés présentant un bord tranchant[22].
À partir d'environ 1,7 million d'années, l'Oldowayen, caractérisé par uneindustrie lithique peu élaborée, laisse place à l'Acheuléen. Celui-ci se caractérise par l'apparition de nouveaux outils, plus grands et plus élaborés, tels que lesbifaces, leshachereaux ou lesbolas. Ces nouveaux outils apparaissent eux aussi pour la première fois en Afrique[22].Melka Kunture[23] et Gadeb sont des sites éthiopiens ayant livré des vestiges de cette période.
Melka Kunture a livré des fossiles d'Homo erectus parmi les plus anciens du continent africain[24]. Plusieurs milliers d'outils travaillés (grattoirs, rabots, pièces à encoches et outils denticulés) y ont été mis au jour. Des milliers de vestiges enobsidienne ont également été retrouvés sur ces sites : le nom de cette roche viendrait de celui d'Obsius, un personnage de laRome antique qui signala le premier sa présence en Éthiopie[25].
Des découvertes archéologiques récentes montrent que les habitants de l'Éthiopie actuelle pratiquaient l'art rupestre vers 10 000 a. J.C[source insuffisante][26]. De nombreuses peintures ont été retrouvées dans les régions d'Hararghe,Gamu-Gofa, duTigré, dans la vallée du Nil Bleu[27] et enÉrythrée. Certaines d'entre elles montrent la traite des vaches, l'utilisation d'arcs et de flèches, de lances et de boucliers. Le bétail, les chèvres, des lions et des éléphants y sont très représentés. L'agriculture, via la culture duteff, des graines deNyjer (graines de niger) issues deGuizotia abyssinica, et de labanane ensete (Edulis edule), qui étaient déjà cultivées avant 5000av. J.-C. Les cultures deblé et d'orge, tout d'abord apparues enAsie Mineure et enIran, sont introduites vers 6000av. J.-C.[28]. Des recherches menées près d'Aksoum montrent que le labourage et l'araire sont utilisés avant le début de l'ère chrétienne. Lespièces axoumites préchrétiennes représentent un épi de blé, accompagné du symbole préchrétien du Soleil et de la Lune.
La date de domestication du bétail est mal définie. Les peintures rupestres suggèrent que les moutons et les chèvres sont domestiqués avant 2000av. J.-C.[29].
Champ de stèles sur le site de TiyaDétail d'un des monuments du champ de Stèle de Tiya
On dénombre dans la région du sud de l'Éthiopie la plus grande concentration demégalithes de tout le continent africain[30].Au nombre d'une centaine dans leHarar, d'autres plus récents (Ier millénaire de notre ère) se comptent par milliers dans leChoa et leSidamo. L'une des régions les plus marquées par cemégalithisme se trouve au sud d'Addis-Abeba, où quelque 160 sites archéologiques ont été découverts jusqu'à présent, celui deTiya[31] est l'un des plus importants. Il comprend 36 monuments, dont 32 stèles présentant une figuration sculptée faite d'épées et de symboles demeurés énigmatiques.
Certaines de cessépultures, oudolmens, sont d'une grand ancienneté puisque plusieurs remontent au dixième millénaire avant notre ère[30]. La taille du monument varie de 1 à 8 mètres[30]. On sait que la plus grande partie de ces mégalithes ont une signification funéraire, et ont vraisemblablement été érigés par un peuple d'agriculteurs[30].
Un des motifs récurrents du site est un symbole « ramifié » que l'on retrouve également sur les sites de Sodo, et sur les monolithes phalloïdes duSidamo, plus au sud. Il semble que l'être humain soit souvent le centre de la représentation, lorsque le monument n'est pas lui-mêmeanthropomorphe. On distingue ainsi selonFrancis Anfray : « des stèles anthropomorphes, des stèles à épées, des stèles à figuration composite, des stèles au masque, des monolithes phalloïdes, des pierres hémisphériques ou coniques, des stèles simples sans nulle figuration »[30].On sait que la plus grande partie de ces mégalithes ont une signification funéraire, vraisemblablement érigés par un peuple d'agriculteurs[30].
Si les sources écrites de la période préaxoumite sont quasi inexistantes, les Grecs anciens font de nombreuses références aux Éthiopiens vivant au Sud de l'Égypte antique[37]. Dans sa traduction littérale, le terme issu du grec ancienΑἰθιοπία /Aithiopía signifie « le pays desvisages brûlés », deαἴθω /aíthô « brûler » etὤψ /ốps, « visage », et désigne donc un ensemble plus vaste, il est par exemple également utilisé pour désigner la région de la haute vallée duNil du sud de l'Égypte[38], également appeléKoush, qui auIVe siècle av. J.-C. est envahie par les Axoumites.
Le terme est issu de la légende dePhaéton tirée de la mythologie grecque, né de l'union d'Apollon et deClymène, épouse de Mérops, roi des Éthiopiens. Dans sa folle course à travers le ciel sur lechar de son père, celui-ci s'approcha trop près du sol terrestre. Les populations qui vivaient dans ces régions, près du royaume d'OcéanὨκεανός /Ôkeanós, furent brûlées et marquées ainsi que leur descendance, ce qui expliquait leur teint foncé et leur dénomination[39].
De nombreuses inscriptions grecques ont par ailleurs été retrouvées en Éthiopie essentiellement autour des villes d'Aksoum etAdoulis, principal port du royaume[42]. Les premières pièces frappées à Axoum porteront par ailleurs des inscriptions grecques témoignant d'échanges commerciaux.
LePériple de la mer Érythrée qui évoque pour la première fois le royaume d'Axoum mentionne par exemple que le roiZoskales était versé dans la littérature grecque[43]. Sur l'inscription d'Ezana, enguèze,sabéen et grec, le roiEzana se décrit lui-même comme « fils de l'invincible dieu Arès ». Sur unestèle de basalte qui se dressait à l'arrière d'un trône de marbre placé à l'entrée de la ville d'Adoulis, on lisait notamment :« Je suis descendu à Adoulis pour offrir des sacrifices à Zeus, à Arès, et à Poséidon en faveur des marins. Puis, après avoir rassemblé mes armées pour n'en faire qu'une seule, j'ai campé en ce lieu et j'ai offert ce trône en ex-voto Arès, en l'an vingt-sept de mon règne. »[37].
La correspondance entre le royaume d'Aksoum et le nom de l'Éthiopie moderne remonte à la première moitié duIVe siècle, où l'inscription de la stèle d'Ezana enGuèze, alphabet sud-arabique et grec, traduisait « Habashat » (la source du nomAbyssiniae) parAethiopia en grec[44].
En 2001, une équipe de chercheurs des universités deMadrid et deSkopje[45], se basant sur desanalyses génétiques du système d'antigènesHLA[46] ont mis en évidence que « les populations grecques ont une forte proximité avec les populations sub-sahariennes éthiopiennes, qui les différencient des autresgroupes méditerranéens »[Note 2].Ils concluent que les liens unissant laGrèce antique et l'Éthiopie sont relativement anciens même si leur origine est mal déterminée[Note 3].
Les informations détaillées sur les relations entretenues entre l'Égypte et l'Éthiopie sont clairsemées, et il existe de nombreuses théories au sujet de la localisation et la nature des relations qu'entretenaient ces deux peuples. Les Égyptiens appelaient le Pays de PountTa Néterou, signifiant la « Terre du Dieu », qu'ils considèrent comme la Terre de leurs origines[47]. Les Égyptiens anciens étaient connaisseurs demyrrhe (originaire duPays de Pount) dès lesIre etIIe dynasties, ce qu'indique selonRichard Pankhurst l'existence d'un commerce entre les deux pays dès les premières heures de l'Égypte antique[48].
Divisions en trois régions de l'Éthiopie connue desanciens égyptiens, consignées sur les pylônes dutemple de Karnak : Berberata (Barbaria au Nord), Tekarerer, Tekrau (Tigré au centre), Arem (l'Amhara au Sud)[49]
Il faut attendre laXVIIIe dynastie et l'an IX du règne de la ReineHatchepsout, vers -1470, pour que l'Égypte renoue avec sa tradition pountite. Le récit de cette expédition est rapporté avec beaucoup de détails sur les murs du deuxième portique du temple funéraire de la ReineHatchepsout, ausanctuaire de Deir el-Bahari deThèbes. Les inscriptions dépeignent un groupe de commerçants rapportant des « encens, myrrhe et cannelle, or, ivoire et ébène, plumes d'autruche, peaux de panthère et bois précieux et quelques babouins,cynocéphales sacrés du dieu Thot »[51].
La conquête de l'Éthiopie par les pharaons de laXVIIIe dynastie est par ailleurs consignée sur les pylônes du temple deKarnak. Parmi les 47 villes éthiopiennes consignées, on retrouve notammentAdoua etAdulis, le futur port duroyaume d'Aksoum, mais aucune mention de la cité d'Aksoum elle-même[49]. Le grecPline l'Ancien, qui constitue la plus ancienne référence à la ville d'Adulis indique que la ville aurait été fondée par des esclaves fugitifs égyptiens[54].
Les traductions deshiéroglyphes deKarnak montrent notamment que l'Éthiopie était à cette époque divisée en trois régions : Berberata, au nord, Tekrau (Tigré) au centre et Arem (Amhrara) au sud, qui sont proches des divisions persistantes de nos jours en Éthiopie[49].
Vers 800-700av. J.-C. le site semble avoir attiré des populationssudarabiques qui s'établissent dans quelques zones de fertilité et qui ont au moins une signification religieuse[56]. Parmi ceux-ci le site le plus connu est celui deYeha[Note 4], à l'est d'Axoum[56]. Le type de relation entre populations est mal connu, le site de Kidane Meret montre en particulier que des populations pratiquant l'agriculture sans connexion avec les pratiques sud-arabiques partageaient la même zone géographique[56].
Une forme de centralisation politique apparait vers leVe siècle av. J.-C. sous le nom deD'mt (Damaat)[56]. Celle-ci incorpore des éléments de langue sudarabique, avec un type local d'agriculture et de technologie[56], combinant pratique du commerce et de l'agriculture[58]. La transition de D'mt auroyaume d'Aksoum reste encore aujourd'hui assez peu comprise[59].
Sur la période qui va du premier millénaire avant l'ère commune jusqu'au milieu du premier millénaire après, des relations suivies entre les deux rives de la mer Rouge sont visibles dans les constructions de cette époque. Elles ont fait l'objet d'une publication en 2015[60].
Les origines du royaume d'Aksoum sont encore aujourd'hui peu connues, et les experts ont à ce sujet différentes interprétations. Même l'identité du premier roi connu est contestée : si C. Conti Rossini propose queZoskales d'Axoum, mentionné dans lePériple de la mer Érythrée, peut être identifié avec un certain Za Haqle identifié parmi la liste des rois éthiopiens (hypothèse reprise par de nombreux historiens ultérieurs tels qu'Yuri M. Kobishchanov[61] et Sergew Hable Sellasie), G.W.B. Huntingford pense que Zoskales était seulement un personnage secondaire dont l'autorité se serait limitée àAdulis, et que l'identification de Conti Rossini ne peut être justifiée[62].
Située dans le nord-est de l'Éthiopie et de l'Érythrée actuelles, le royaume d'Aksoum est fortement impliqué dans le commerce avec l'Inde et lebassin méditerranéen, en particulier l'Empire romain (plus tardbyzantin).
« De cet endroit à la cité du peuple nommé Auxumites, il y a encore 5 jours ; c'est là qu'est apporté tout l'ivoire arrivé d'au-delà du Nil à travers le territoire appelé Cyeneum, puis de là à Adulis. »(Périple de la mer Érythrée, Chapitre 4)
L'importance du marché aksoumite est prouve par de nombreuses attestations archéologiques : despièces axoumites ont été découvertes dans de nombreuses parties du sud-ouest indien, alors que de la monnaiekouchane indienne a été retrouvée aumonastère de Debre Damo dans le nord-ouest de l'Éthiopie[63].
Les contacts à travers l'océan Indien trouveront écho un siècle plus tard, lorsque le prêtre d'Adulis Moses, se rend en Inde en compagnie d'un prêtre copte d'Égypte afin d'étudier la philosophiebrahmane, ou lorsque le roiKaleb fait appel à des navires notamment indiens pour mener sa campagne au Yémen[63].
Sarcophage aksoumite, tombe dite « de Remhai », salle souterraine sous le site des grandes stèles, Axoum[64]
À son apogée, Axoum contrôle le nord de l'Éthiopie actuelle, l'Érythrée, le nord duSoudan, le sudégyptien,Djibouti, la partie occidentale duSomaliland, le Yémen et le sud de l'Arabie saoudite, totalisant un empire de 1 250 000 km2[65].
Ce qui caractérise incontestablement ce royaume est la pratique de l'écriture. Cet alphabet spécifique, appelége'ez, se modifiera par la suite en introduisant des voyelles devenant unalphasyllabaire. D'autre part, les obélisques géants marquant les tombes (chambres souterraines) des rois ou de nobles restent les plus célèbres empreintes du royaume.
Des inscriptions trouvées en Arabie méridionale célèbrent des victoires contreGDRT (« Gadarat »), décrit en tant que « nagashi de Habashat [c.-à-d. Abyssinia] et d'Axum ». D'autres inscriptions ont été employées pour dater GDRT (interprété comme représentant un motge'ez tel que Gadarat, Gedur, Gadurat ou Gedara) autour du début duIIIe siècle. Un sceptre en bronze a été découvert à Atsbi Dera avec une inscription mentionnant l'« GDR d'Axoum ». Des pièces de monnaie à l'effigie du roi ont commencé à être frappées sous le roi Endubis vers la fin duIIIe siècle.
Le christianisme est introduit dans le pays parFrumence, fait premier évêque de l'Éthiopie parAthanase d'Alexandrie vers 330. Frumence convertitEzana, qui a laissé plusieurs inscriptions détaillant son règne avant et après sa conversion. Une inscription trouvée à Axoum, déclare qu'il conquit la nation du Bogos dont il est rentré victorieux, grâce au soutien de son père, le dieu Mars. Des inscriptions postérieures montrent l'attachement grandissant d'Ezana pour le christianisme, confirmé par la modification des pièces de monnaie, passant des motifs du disque solaire et du croissant lunaire au signe de la croix. L'hégémonie qu'exerçait le roi Ezana sur ses voisins, est enregistrée sur une inscription (Inscription d'Ezana).
Des inscriptions en ge'ez découvertes àMéroé attestent d'une campagne menée par le royaume aksoumite soit sous Ezana, ou l'un de ses prédécesseurs commeOusanas. Les expéditions d'Ezana auroyaume de Koush à Méroé au Soudan ont pu être responsables de sa chute, bien qu'il existe des signes indiquant que le royaume était déjà entré dans une période de déclin. À la suite de l'agrandissement du royaume sousEzana, Axoum partageait des frontières avec la province romaine d'Égypte.
Il s'avèrerait au vu des faibles indices à disposition que cette nouvelle religion ne jouissait à ses débuts que d'une influence limitée. Vers la fin duVe siècle un groupe de moines connu sous le nom des « Neuf Saints » s'établit dans le pays. À partir de cette époque le monachisme sera présent parmi la population ce qui ne sera pas sans conséquence par la suite.
En 523, le roi juifDhu Nuwas prend le pouvoir au Yémen et, annonçant sa volonté de persécuter tous les chrétiens, il commence par attaquer une garnison axoumite à Zafar, brûlant les églises de la ville. Il attaque alors le bastion chrétien de Najran, abattant les chrétiens réticents à la conversion. L'EmpereurJustinIer de l'Empire romain d'Orient demande alors l'aide de son ami chrétien, Kaleb d'Axoum, pour combattre le roi yéménite. Vers 525,Kaleb défait Dhu Nuwas, envahit son royaume et désigne alors Sumyafa' Ashwa' vice-roi d'Himyar. L'historienProcope indique qu'après cinq ans,Abraha dépose le vice-roi et se fait couronner roi (histoires 1.20). Malgré plusieurs tentatives d'invasions infructueuses par la mer Rouge, Kaleb ne réussit pas à déposer Abraha, et dut se résigner à la situation ; ce fut la dernière fois que les armées éthiopiennes sortirent d'Afrique jusqu'à la guerre de Corée duXXe siècle à laquelle ont participé plusieurs unités. Par la suite, Kaleb abdique en faveur de son fils Wa'zeb et se retire dans un monastère où il finira ses jours. Abraha conclut alors un traité de paix avec le successeur de Kaleb reconnaissant sa supériorité. En dépit de cet évènement, c'est sous les règnes d'Ezana et de Kaleb que le royaume atteint son apogée, tirant bénéfice d'importantes relations commerciales, se prolongeant alors jusqu'en Inde etCeylan, et en communication constante avec l'empire byzantin.
Il semble que lapeste de Justinien (541-567) ait eu son origine en Éthiopie et en Égypte.
Les informations sur le royaume d'Aksoum deviennent de plus en plus éparses à partir de cette époque. Le dernier roi connu pour avoir fait battre monnaie se nomme "Armah", dont les pièces portent l'effigie des conquêtes persanes deJérusalem en 614. Une tradition musulmane indique que celui-ci, connu sous le nom de nedjaschiAshama ibn Abjar dans la littérature arabe, offrit l'asile au royaume d'Aksoum aux musulmans fuyant les persécutions de la Mecque pendant la vie deMahomet. L'Éthiopie a(urait) ainsi été le tout premier pays d'accueil de l'islam, ce qui apporterait quelque justification auhadîth affirmant que Mahomet recommande aux siens de ne jamais attaquer l'Éthiopie à moins d'être attaqués par celle-ci.
Afrique et Proche-Orient vers +565.
La fin du royaume d'Aksoum est incertaine et pourrait trouver ses racines dans divers facteurs : une période de sécheresse persistante, le déboisement, la peste, une variation dans les routes du commerce réduisant l'importance de lamer Rouge ou une combinaison de ces facteurs. En fait avec l'avènement de l'islam, Aksoum perd à la fois ses possessions yéménites et son commerce extérieur[66].Karl W. Butzer propose que l'environnement ait pu jouer un rôle important à la fin d'Axoum, ou ce serait moins le fait des relations commerciales se réduisant après 700, que l'appauvrissement des sols lié à une agriculture intensive combinée à une diminution des précipitations, qui expliquerait le déplacement du centre du pouvoir vers les terres plus fertiles et humides du centre de l'Éthiopie[67].
Munro-Foin cite l'historien musulman Abu Ja'far al-Khwarazmi/Kharazmi, qui écrit en 833, que la capitale « du royaume de Habash » était alors Jarma.Il est également possible que Jarma ne soit un autre nom d'Axoum tiré du ge'ezgirma (« remarquable »). Pour d'autres, une nouvelle capitale Kubar aurait été fondée plus au sud[68]. Ceci laisserait à penser que la capitale se serait alors déplacée vers un nouvel emplacement, jusqu'alors inconnu[69].Des royaumes chrétiens comme celui deMakurie, dans l'actuel sud Soudan, survivent à la disparition d'Aksoum, devenant un lieu de pèlerinage pour arabes et européens[70].Ce royaume chrétien s'effondre à son tour en 1312[71].
De nouvelles recherches, aidées par l'archéologie, ont permis de combler le vide qui régnait entre la dynastie aksoumite et la dynastie Zgagwé, leMoyen Âge éthiopien s'étend duVIIe siècle (haut Moyen Âge[72]) au début duXVIe siècle.
Une culture païenne émerge auIXe siècle, et perdure jusqu'auXVe siècle, laculture Shay. Auparavant considéré comme étant en marge du royaume chrétien ou des sultanats musulmans, les études archéologiques récentes ont permis de mettre en lumière une culture et une société établie qui possédait une influence territoriale partagée avec les communautés chrétiennes et musulmanes. Cette culture médiévale occupe les hauts plateaux éthiopiens, l'est duRift est-africain ainsi que le sud éthiopien[72].
Les circonstances qui provoque la transition vers laDynastie salomonide sont indéterminées. Cela se produit en 1270 par l'action deYekouno Amlak, issu de l'Amhara, qui s'empare du pouvoir[76].
Selon le contexte ébauché par l'Histoire des patriarches de l'Église d'Alexandrie, sous lepatriarche copte du Caire Côme III (921-933), le métropolite d'Éthiopie Pétros doit intervenir dans la succession duNegusse Negest décédé. Deux moines coptes, venus du monastère Saint-Antoine en Égypte, montent contre lui une imposture ; ils provoquent le renversement de la succession réglée par Pétros et l'un des religieux se fait, au moyen de lettres factices, reconnaître commeAbouna à sa place. Les faits ne sont connus en Égypte que beaucoup plus tard : le Patriarcat lance alors des excommunications et s'abstient, pendant de longues années, d'envoyer un nouvel archevêque en Éthiopie. Le pays, jusque-là prospère, sombre dans les calamités : au milieu duXe siècle, la reineagew,Gudit, souveraine d'une population judaïsée du Damot, brûle les églises, dévaste les terres, détruitAksoum de fond en comble, et pourchasse le souverain, qui voyant un signe de la colère de Dieu, demande au patriarche du Caire Philothée (979 - 1003), par l'intermédiaire des Nubiens, un nouveau métropolite. Il demande de l'aide et la levée de l'interdit contre son pays et contre son peuple. Les traditions disent que les malheurs cessèrent après la venue de ce dernier.
Vers960, la princesse Gudit échafaude un plan d'assassinat des membres de la famille royale afin de s'approprier le pouvoir. Selon certaines légendes, pendant le meurtre, un nouveau-né héritier de la dynastie axoumite est protégé par certains croyants et emmené auChoa où son ascendance est reconnue, alors que Gudit règne pendant 40 ans sur le reste du royaume, et transmet la couronne à ses descendants.
Au siècle suivant, le dernier descendant de Gudit fut renversé par un seigneur Agaw du nom de Mara Takla Haymanot, fondateur de ladynastie Zagwé et mariée à une descendante d'un monarque aksoumite. L'apogée de cette dynastie fut atteint lors du règne du roi Lalibela,Gebre Mesqel, pendant lequel lesonze églises deLalibela furent taillées dans la pierre.
En1270, une nouvelle dynastie s'établit sur les hautes terres éthiopiennes avec le règne de Yekounno Amlak qui déposa le dernier roi Zagwe et épousa l'une de ses filles. Selon certaines légendes, la nouvelle dynastie était alors constituée d'héritiers des monarques aksoumites, reconstituant ainsi la continuité de la dynastie salomonienne (le royaume étant ainsi rendu à la lignée royale biblique).
Sous la dynastie salomonide, on distingue trois grandes provinces enÉthiopie : leTigré (au Nord), l'Amhara (au centre) etChoa (au sud). Le gouvernement, ou plutôt l'autorité suprême, siège généralement dans l'Amhara ou le Choa, dont le dirigeant, prend le titre de Negusse Negest. Ce titre est une extension considérable du titre du dirigeant, basée sur la reconnaissance de son ascendance directe duroi Salomon et de lareine de Saba ; il est inutile de signaler que dans beaucoup, sinon la plupart des cas, cette reconnaissance s'est souvent faite plus par la force que la pureté véritable de la lignée.
Pêro da Covilhã reste dans le pays, mais en 1507 un Arménien du nom de Matthew envoyé par le Negusse Negest au Roi duPortugal vient lui demander son aide pour repousser les musulmans. En 1520 une flotte portugaise entre dans lamer Rouge conformément à cette demande, une ambassade portugaise rend visite au Negusse NegestDawit II et s'établit en Éthiopie pendant environ six ans. Parmi cette délégation se trouve le pèreFrancisco Álvares, qui écrira l'une des premières historiographies éthiopiennes à destination de l'Europe. Cette description s'arrête en 1527, début des campagnes d'Ahmed Gragne.
De 1528 et 1540 une armée musulmane dirigée par l'imam Ahmed ben Ibrahim al-Ghasi, ditAhmed Gragne, « le gaucher », pénètre l'Éthiopie du sud au sud-est du pays. Ahmed, originaire duHarar (voirHistoire de la Somalie) a réussi essentiellement à unir les peuples de l'Ogaden, et s'est doté d'une cavalerie d'Afars, d'Hararis et deSomalis qu'il se lance dans ses conquêtes.
Le 18 mars 1528, Gran remporte la bataille de Chimberra Couré. En deux ans, il contrôle les trois quarts du pays. Après cinq années, devenu sultan deHarar, il achève la conquête de l'Abyssinie, à l'exception de quelques régions montagneuses où s'est réfugié le Negusse Negest.
Dawit II lance, dans ces conditions, un appel à l'intention des Portugais. Jean Bermudes, un des membres de la mission de 1520 demeuré en Éthiopie après le départ de l'ambassade, est envoyé à Lisbonne. Une armée de 600 soldats dirigée parChristophe de Gama débarque en Éthiopie en 1541 et rejoint les troupes éthiopiennes.
Les premières confrontations en 1542 sont victorieuses, mais le 28 août 1542, à la bataille de Wofla, Ahmed Gran, soutenu par les Turcs, remporte la victoire.Christophe de Gama est capturé et décapité. Le 21 février 1543, s'engage la bataille de Wayna Daga à Zantara, Ahmed Gran y trouve la mortarquebusé par le portugais Pédro Léon. Berhanou Abebe, historien éthiopien, écrit notamment à propos de cette période : « Ainsi prend fin le deuxième cycle des grandes migrations que l'on a souvent interprétées comme un affrontement islamo-chrétien. De part et d'autre, les chroniques du temps sont l'œuvre des clercs et des lettrés, frottés de religion. Ils tendent à imposer le schéma explicatif de leur idéologie, alors qu'en vérité, le motif le plus fort qui aura prévalu dans le conflit larvé entre deux systèmes complémentaires (production-circulation) est essentiellement économique »[78].
Au cours de ces évènements, un désaccord commence à apparaître entre le Negusse Negest et Jean Bermudes du Portugal. Celui-ci exige au nom de l'alliance ethio-portugaise, la conversion du Negusse Negest aucatholicisme. Le Negusse Negest refuse, et Bermudes est chassé du pays.
Desjésuites arrivent en Éthiopie dès 1557.Sarsa Dengel tolère la présence des jésuites à Fremona, près d'Adoua. Au début duXVIIe siècle, le pèrePáez arrive à Fremona, profondément religieux et courtois, il gagne la confiance de la cour et du roi.Sousnéyos (1572-1632), couronné àAksoum en1608, décide en1613 de tenir la promesse qu'il considère que ses prédécesseurs ont fait de se rallier à l'Église latine lors de l'intervention portugaise de1541. Malgré les opposants qui tentent de le faire excommunier publiquement par l'Abouna,Sousnéyos persiste et commence par interdire l'observation du sabbat.
En1621,Sousnéyos fait profession decatholicisme. Puis il fait proclamer la religion romaine àAksoum où le grand majordome lit l'édit impérial en présence des grands, dont beaucoup sont déjà convertis.
Lepatriarche latin envoyé par le roi du Portugal, Alfonso Mendes impose des mesures immédiates et intransigeantes : re-baptême des chrétiens éthiopiens, re-consécration des églises dont les Arches (les "tabot"s traditionnels), sont bannies. Il fait abandonner sans transition laliturgieguèze pour la messe en latin que nul ne comprend, et renoncer au culte des saints éthiopiens, dont parfois les restes sont déterrés et jetés hors des sanctuaires. Des sanctions graves frappent ceux qui se rebellent, provoquant en retour une révolte générale.
En1632, la rébellion contre la religion romaine imposée en 1621 devient guerre civile.
Sous les ordres de Mélkas-Christos, une armée, constituée surtout de montagnards duLasta, marche contre les troupes impériales, qui connaissent d'abord un échec : les soldats veulent bien sauver l'empire, mais refusent de défendre la religion étrangère et la décision du roi[79].Sousnéyos cède, et les troupes impériales écrasent les vingt-cinq mille révoltés à Ouaïna-Dega. La bataille fait huit mille victimes. C'est notamment à cette époque troublée et dans ce contexte, que le philosophe éthiopienZara Yaqob écrit dans ses méditations :
« Les Fang nous disent : « Notre foi est la vraie, la vôtre ne l'est pas ». Nous leur disons : « Il n'en est pas ainsi, votre foi est fausse, la nôtre est la vraie. ». Si nous demandons la même chose aux juifs et aux mahométans, ils revendiqueront la même vérité, et qui peut être juge pour ce genre d'argument ? Pas un seul être humain ne peut être juge : car tous les hommes sont demandeurs et défendeurs entre eux - Enquête sur la foi et la prière »[80].
Sousnéyos abdique alors en faveur de son filsFasiladas le et rétablit la religion nationale.Fasiladas expulse les jésuites en 1633.
Jusqu'à cette période, la monarchie vivait de façon itinérante, stratégie parfaitement adaptée à l'attaque et à la défense. La période de troubles durant laquelleFasiladas est porté au pouvoir, qui fait suite aux incursions d'Ahmed Gragne et à la guerre civile qui a suivi, l'amène à rechercher une sécurité renforcée. Dès sa prise de pouvoir,Fasiladas se met à construire une capitale moderne pour l'époque.
À la suite de l'expulsion des jésuites et des Portugais du pays, de nombreux Indiens qui les avaient accompagnés s'établissent en Éthiopie. Un ambassadeur yéménite, Hasan Ibn Ahmad Al Haymi qui visite l'Éthiopie en 1648, rapporte que le plus important des palais, le Fasil Gemb, est « une des constructions les plus prodigieuses, qui vaille admiration, une des plus saisissantes merveilles »[63]. Il ajoute que c'est à « un Indien » queFasiladas a demandé la réalisation de ce palais. Cette affirmation a été confirmée indépendamment par le voyageur James Bruce auXVIIIe siècle qui note que « le palais a été construit par des maçons indiens ». Les relations entre l'Éthiopie et l'Inde à travers l'océan Indien, sont en effet récurrentes dans l'histoire éthiopienne et remontent jusqu'à l'époque axoumite[63]. Néanmoins on retrouve dans la construction de ses palais et autour duGondar une architecture typiquement éthiopienne dans l'édifice asymétrique (à forme de lion) qui se retrouve du palais deFasiladas à l'entrée de l'église Debré Berhan Sélassié. L'architecture duGondar fait donc preuve d'un syncrétisme unique au pays.
Gondar devient un important centre religieux, administratif et commercial dès sa fondation en 1635. Jusqu'en 1855, la ville est un lieu d'enseignement des arts de la peinture, de la danse et de la musique traditionnelles[81].
LesNegusse Negest suivantsFasiladas développent les lieux en y faisant chacun construire de nouveaux édifices ou palais au sein de la même enceinte : son filsYohannesIer y fait construire une bibliothèque à deux étages consacrée à la théologie,IyassouIer son propre palais, Dawit II etBakaffa de nouveaux palais et un centre de documentation historique. Une des plus importantes églises du pays, l'église Debré Berhan Sélassié (Église de la Trinité), est aussi construite à cette époque parIyassouIer à l'extérieur de l'enceinte, dans la ville deGondar.Fasiladas fait construire pour sa retraite, à l'extérieur de l'enceinte, l'édifice connu sous le nom de "bain deFasiladas", palais entouré d'une piscine, où se déroulent encore aujourd'hui les fêtes deTimqet.
LeZemene Mesafent (l'Ère des Princes) correspond à une période d'instabilité durant laquelle le pouvoir impérial perd de son emprise au profit des chefs de guerre locaux. Elle débute en 1769 avec l'assassinat du souverainYoas Ier par lerasMikael Sehul[82]. Les nobles en viennent à abuser de leur position en se désignant commeNegusse Negest et en se perdant en querelles internes dans des luttes de succession.
Le royaume d'Éthiopie et ses voisins vers 1750.
Iyasou II accède au trône alors enfant. Sa mère, l'impératriceMentewab assure la régence, tout comme celle-ci le fera pour son petit-filsYoas Ier. Mentewab se fait couronner elle-même codirigeante en 1730, devenant la première femme à accéder au pouvoir de cette manière dans l'Histoire de l'Éthiopie.Iyasou II donne une priorité absolue à sa mère lui laissant toutes prérogatives en tant que codirigeante couronnée. Mentewab tente de renforcer les liens entre la monarchie et lesOromos en arrangeant le mariage de son fils avec une fille du peupleoromo. Tentative qui se solde par un échec :Iyasou II épouse Wubit (Welete Bersabe), qui sera néanmoins éclipsée du pouvoir par la mère d'Iyasou.
Wubit attend donc l'accession au trône de son fils pour revendiquer sa part du pouvoir détenue par Mentewab et sa famille duQwara.Lorsque celui-ciYoas Ier accède au trône à la suite de la mort accidentelle de son père, les aristocrates duGondar sont stupéfaits de voir que le jeune roi maîtrisait mieux la langueoromo que l'amharique, et qu'il a ainsi tendance à favoriser les parents Yejju de sa mère sur ceuxQwarans de sa grand-mère, Mentewab. De plus, atteint l'âge adulte,Yoas Ier accroit les faveurs accordées auxOromos. À la mort duras Amhara, il tente de désigner son oncle Lubo gouverneur de cette province, mais la contestation populaire qui en résulte conduit son conseiller Walda Nul à le convaincre de changer d'avis.
De son côté, Mentewab tente de garder le pouvoir après la mort de son fils ; cette tentative débouche, en 1755, sur un conflit avec Wubit, qui pense alors qu'il lui revient d'assurer la régence de son propre fils,Yoas Ier.
Le conflit entre les deux reines conduit Mentewab à invoquer lesqwarans et ses forces auGondar pour la soutenir. Wubit répond de manière identique en invoquant les YejjuOromos et les forces du Yejju. Le différend entre laNigiste Negest et la mère duNegusse Negest est sur le point de déboucher en conflit armé.LerasMikael Sehul est convoqué en tant que médiateur entre les deux camps. Il réussit à manœuvrer habilement mettant à l'écart les deux reines et leurs camps respectifs, et se propose lui-même à l'accession au trône.
Mikael se positionne rapidement en tant que leader du camp amharico-tigréen. Le règne d'Yoas Ier devient ainsi celui de la confrontation entre le puissant RasMikael Sehul et les parentsoromos d'Yoas Ier. Au fur et à mesure qu'Yoas Ier favorise des leadersoromos tels que Fasil, ces relations avecMikael Sehul se détériorent.
Celui-ci en vient à déposerYoas Ier le. Une semaine plus tard, il le fait assassiner ; les circonstances de sa mort restent contradictoires. Ainsi, pour la première fois dans l'Histoire de l'Éthiopie, un Negusse Negest quitte le trône par un autre moyen que la mort naturelle, la mort au cours d'une bataille ou une abdication volontaire.Mikael Sehul a ainsi radicalement corrompu la puissance impériale, qui, à partir de ce point, sera de plus en plus aux mains des haut placés parmi la noblesse quand ce ne seront pas des membres de l'armée. Cet événement est le point de départ de ce qui est appelé, l'Ère des princes,Zemene Mesafent.
Un grand-oncle âgé et infirme du prince assassiné est initialement placé sur le trône en tant que Negusse NegestYohannes II. RasMikael le fait rapidement assassiner, et le très jeuneTekle Haymanot II accède ainsi au trône.
Sous les Negusse NegestTéwodros II (1855 - 1868),Yohannes IV (1872 - 1889), etMenelik II (1889 - 1913), l'Empire émerge de son isolement médiéval.
Téwodros II né sous le nom de Lij Kassa auQwara, un petit district de l'Amhara occidentale, en 1818. Son père est un petit chef local, et l'un de ses oncles,Dejazmach Kinfu, est gouverneur des provinces duDambya, Qwara et Chelga, entre leLac Tana et la frontière au nord-ouest.
Kassa perd ses droits de succession à la mort de Kinfu, étant alors un jeune garçon. Après avoir reçu une éducation traditionnelle dans un monastère local, il prend la tête d'un groupe de pillards qui sillonnent le pays dans une existence digne de Robin des Bois. Le récit de ses exploits devient rapidement célèbre, et sa petite bande grandit rapidement en taille jusqu'à former une véritable armée.
Il est alors remarqué par le régent en place, le rasAli Aloula, et sa mère laNigiste Negest Menen Liben Amede (femme duNegusse NegestYohannes III, marionnette du rasAli Aloula). De façon à se rallier Kassa, le rasAli Aloula et l'impératrice arrangent son mariage avec la fille d'Ali, et, à la mort de son oncle Kinfu, il est désigné chef duQwara et de tout leDambya sous le titre dedejazmach.Il s'attache alors à conquérir le reste des divisions du pays, leGodjam, leTigré et leChoa, qui restaient alors insoumises. Les relations avec sa belle-famille (père et grand-mère) se détériorent rapidement, dégénérant en conflit armé contre eux et leurs suivants. Kassa finit par remporter gain de cause.
Le 11 février 1855, Kassa dépose le dernier souveraingondarien, et est couronnéNegusse Negest sous le nom de Téwodros II. Il s'élance alors à la conquête du Choa la tête d'une armée.
Le "Negusse Negest"Téwodros II entouré de ses lions
Au Choa, le roi Haile Melekot, descendant deMeridazmach Asfa Wossen, s'oppose à lui. Des rivalités de pouvoir commencent à émerger au Choa, et après une attaque désespérée et de faible envergure contre Téwodros àDebre Berhan, Haile Melekot décède de maladie (en novembre 1855), désignant dans ses derniers soupirs son fils alors âgé de 11 ans à sa succession, sous le nom deSahle Maryam (le futurNegusse NegestMenelik II).
Darge, frère de Haile Melekot, et Ato Bezabih, un noble du Choa, prennent en charge le jeune prince. Mais après une lutte sévère contre Angeda, le Choa doit se résigner à capituler.Menelik est confié auNegusse Negest, emmené au Gondar, et est élevé au service deTéwodros II, dans une détention confortable à la forteresse de Maqdala.Par la suite, Téwodros s'attache à moderniser et centraliser la structure législative et administrative du royaume, contre l'avis et la résistance de ses gouverneurs. Menelik se marie à la fille de Téwodros, Alitash.
En 1865, Menelik s'échappe deMagdala, abandonnant sa femme, et arrive auChoa, où il est acclamé en tant quenégus.
En 1868, se sentant offensé par le refus de laReine Victoria de répondre à l'une de ses lettres l'invitant à lui fournir de l'aide pour moderniser le pays,Téwodros II fait emprisonner plusieurs résidents britanniques, dont le consul alors en place. L'empire anglais lance alors en 1868 unevéritable expédition de 13 000 soldats (dont 4 000 Européens) sous les ordres deSir Robert Napier, qui est alors envoyé deBombay en Éthiopie.
L'incendie de la forteresse deMagdala par les troupes de Napier (au premier plan), London Illustrated News, 1868
Au cours de la bataille finale du 1868 à Arogué, une pluie diluvienne met hors d'état les fusils à mèche de l'armée éthiopienne[83] comme le signale l'historien britannique McKelvie, tournant ainsi rapidement à l'avantage des Britanniques pourtant épuisés par les conditions de l'expédition jusqu'à la forteresse de Maqdala.
Les Éthiopiens sont vaincus, etMagdala tombe le 13 avril 1868. Lorsque leNegusse Negest apprend que la porte deMagdala est tombée, il préfère se donner la mort, se tirant en pleine bouche, que de se rendre. Sir Robert Napier fou de rage, ordonne de mettre le feu àMagdala et à la bibliothèque impériale.La prise deMagdala fait alors l'objet d'un véritable pillage, au cours duquel des objets d'une valeur historique inestimable, en plus de la bibliothèque incendiée, ainsi que d'autres attributs du clergé, disparaissent[84]. Certains de ces objets n'ont toujours pas, à ce jour, été rendus à l'Éthiopie, malgré les nombreuses réclamations[85].
À la mort deTéwodros II, de nombreux sujets du Choa, parmi lesquels leras Darge, sont libérés, et le jeune Menelik commence à prendre de l'importance après ses victoires lors de quelques brèves campagnes contre les princes du Nord.Son ambition est de courte durée, puisque leras Kassa Mercha du Tigré accède au titre impérial en 1872, se proclamantNegusse Negest sous le nom deYohannes IV. Menelik est alors contraint de reconnaître sa légitimité.
Yohannes IV arrive au pouvoir dans un contexte de grande instabilité à la suite de la mort deTéwodros II. L'ensemble de son règne est marqué par sa volonté de défendre l'empire des multiples agressions extérieures, à une époque où les puissances coloniales s'emparent du reste du continent africain et menacent l'Empire éthiopien. L'ouverture ducanal de Suez rendant le contrôle de la région d'une importance stratégique.
En 1872, lekhédive d'Égypte installe comme gouverneur àMassaoua, un aventurier suisse nommé Werner Münzinger, occupe rapidementAsmara,Kérén et le nord de l'Éthiopie, qu'il proclame province de l'Égypte.
Durant l'année 1875, l'Égypte déclenche laguerre égypto-éthiopienne et lance trois campagnes d'envergure contre l'Empire éthiopien. En septembre, l'ex-colonel danois Ahrendrup accompagné de 4 000 soldats égyptiens lance une offensive au nord d'Adoua : l'opération est un carnage pour l'armée égyptienne. En octobre, Raouf Pacha s'attaque auHarar et s'y installe, il en est chassé en 1884 grâce aux Anglais remettant le pouvoir à l'émir Abdoullahi. En décembre, le suisse Münzinger et ses troupes sont défaits par lesAfars dans le Haoussa.
En mars 1876, a lieu « l'un des combats les plus importants pour la sauvegarde de l'indépendance éthiopienne »[86] : du 7 au 9 mars 1876, les troupes éthiopiennes infligent deux défaites consécutives aux troupes égyptiennes qui comptent 16 000 hommes, près deGura.
En 1878, cherchant à mettre fin aux ambitions de son rival le plus puissant,Menelik II, alorsNégus duChoa,Yohannes IV se dirige vers leChoa. Le conflit armé est évité et le traité de Fitché est signé le 20 mars 1878, où Menelik II renonce au titre de "Negusse Negest".
Sur les bords de la mer Rouge, le port d'Assab est acheté par une compagnie italienne à un sultan local, en 1870. Après avoir acquis de plus en plus de terres entre 1879 et 1880, l'ensemble finit par être acheté par le gouvernement italien en 1882. La même année, le comte Pietro Antonelli est envoyé auChoa de façon à améliorer les prospections de la colonie en concluant de traités avec Menelik, alorsras de la province et le sultan d'Awsa.Le 5 février 1882, les Italiens débarquent à Massaoua, enÉrythrée, et bloquent la côte. Les Britanniques occupent Zeïla et Berbera. La France s'installe àDjibouti et à Tadjourah. L'année suivante, l'Éthiopie conquiert l'Arsi et leWellega.
En janvier 1887, le rasAlula Engeda, chef de l'Asmara, défait les Italiens àDogali ; le rasTekle Haymanot Tessemma remporte la bataille contre les derviches soudanais et incendie Matamma. Six mois plus tard, une armée soudanaise de 60 000 hommes enfonce les troupes deTekle Haymanot Tessemma auGodjam et envahitGondar qu'elle saccage et brûle en massacrant ses habitants. Menelik est victorieux à labataille de Chelenqo le. Ses forces remportent la victoire contre 11 000 soldats et s'emparent de quelques canons Krupp, annexent le Harrar et l'Iloubabor. Menelik y installe son cousin le rasMekonnen Welde Mikaél.
En 1888, Le négusYohannes IV lance une grande offensive contre les mahdistes. Les Éthiopiens remportent labataille de Metemma contre une armée de 70 000 hommes le 9 mars 1889.
Frappé d'une balle au cours de la bataille, Yohannes IV meurt le lendemain de la victoire.
L'Éthiopie connait unefamine particulièrement meurtrière entre 1889 et 1891, tuant environ un tiers de ses habitants[87].
Le 2 mai 1889, Menelik signe letraité de Wouchalé avec lesItaliens, leur accordant une région du nord de l'Éthiopie, connue plus tard sous le nom d'Érythrée et une partie du Tigré, en échange de 30 000 fusils, munitions et canons[88]. Le traité s'avère être un tournant décisif dans les relations entre Menelik et l'Italie. En effet, l'article XVII prête à contestation : selon la versionamharique, l'Éthiopie peut recourir aux autorités italiennes si elle veut entrer en relation avec d'autres pays alors que dans la version italienne, le recours à l'Italie est obligatoire.
De plus s'appuyant sur la version italienne, l'Italie prétend établir un protectorat en Éthiopie. Les Italiens occupent alors la ville d'Adoua pour soutenir leurs prétentions et font savoir au Ras Mangacha, gouverneur de la province du Tigré et fils deYohannes IV qu'ils ne se retireraient pas tant que Menelik II n'aurait pas accepté leur interprétation du traité de Wuchalé[89].
Menelik refuse de céder à la manipulation et dénonça le traité de Wuchalé le 12 février 1893.
L'Érythrée entre en guerre contre l'Italie en décembre 1894. Les Italiens attaquent le ras Mangacha et commencent à s'emparer d'une grande partie de la province du Tigré. Les Éthiopiens reprennent l'avantage, notamment àAmba Alagi, où le fiaourari Guébéyéhou Abba Gora fait remporter la victoire à son armée au prix de sa vie, et à Maqalé, après un siège de la ville occupée par les Italiens.
Le Premier ministre italien M.Crispi, s'en prenant au général, indique qu'il « voulait une victoire authentique, c'est-à-dire sans équivoque ! » ; les Italiens décident de passer à l'offensive àAdoua, le1er mars 1896.
L'Éthiopie en 1891, quelques années avant la bataille d'Adoua.L'Éthiopie vers 1900, à la suite dutraité d'Addis-Abeba après la victoire d'Adoua.
S'engage alors labataille d'Adoua, considérée comme « l'un des évènements les plus importants de l'histoire de Afrique moderne[90] », « une des quatre batailles majeures dont l'histoire de l'Éthiopie se souvienne[91] ».
L'armée italienne compte « 18 000 hommes dont 4 000 auxiliaires recrutés sur les territoires occupés[6] ».Se dirigeant vers les cols de Rebi Arrienni et Kidané-Mehret où ils pensaient trouver l'armée éthiopienne, les Italiens sont pris par surprise par « 40 à 50 000 Éthiopiens (informés de leur déplacement) là où ils les attendaient le moins[6] ». À l'erreur fondamentale de sous-estimer leur adversaire, les troupes italiennes ajoutent une mauvaise connaissance du terrain et des erreurs stratégiques qui leur seront fatales[92].
Carlo Conti Rossini indique que les pertes italiennes s'élèvent à « 289 officiers, 4 600 soldats blancs, un millier d'Érythréens(…) Immense sacrifice pour une armée qui ne comptait que 16 500 hommes »[93]Dès le lendemain, les répercussions sont immenses. La victoire d'Adoua a un sens déterminant aussi bien pour l'Éthiopie elle-même, en faisant, définitivement, l'un des seuls pays non colonisés d'Afrique. Cette victoire a un sens tout aussi important pour le reste du monde. À une époque où toute l'Afrique est aux mains du colonialisme européen, la bataille d'Adoua commence à sonner la fin d'une ère, et un évènement « prémonitoire » comme le dit l'historien Berhanou Abebe. « Pour les peuples qui combattront lecolonialisme et les militants qui se battront pour la liberté en Afrique, dans les Caraïbes et dans le reste duTiers monde,Adoua pose les bases dumouvement panafricaniste et desmouvements pour les droits civiques aux États-Unis »[94] qui y puiseront inspiration.
Untraité de paix est conclu àAddis-Abeba le 26 octobre 1896, qui reconnaîtl'indépendance absolue et sans réservesde l'Éthiopie. Indiquant que l'Éthiopie pouvait étendre ses frontières au sud et à l'est, doublant la superficie de l'Empire. L'Italie de son côté est confortée sur ses possessionsérythréennes qui mènera à l'un des problèmes majeurs pour l'Éthiopie.Les années qui suivent la victoire d'Adoua sont caractérisées par une relative paix de l'Empire. Du point de vue intérieur,Menelik II accorde à la même époque, une première concession à une compagnie ferroviaire française à partir des côtesdjiboutiennes, en 1894. La ligne s'étend jusqu'àDire Dawa, à la fin de l'année 1902. Ce choix fera d'Addis Abeba et de Djibouti un axe central dans l'économie éthiopienne.
La défaite d'Adoua ne met pas entièrement fin aux ambitions des puissances coloniales qui à défaut d'occupation du pays optent pour un choix de pénétration économique. Le 13 décembre 1906 est signé àLondres un accord entre la France, l'Angleterre et l'Italie qui, tout en reconnaissant l'indépendance de l'Éthiopie dans ses premiers articles, traduit de l'autre côté cette nouvelle orientation politique de l'Europe : en cas d'évènements intérieurs à l'Éthiopie, les puissances coloniales s'attribuent elles-mêmes des « sphères d'influences »[95]. Sir John Harrington, représentant anglais en Éthiopie, fait « campagne pour remettre la construction de la voie ferrée entre les mains d'une compagnie internationale », par ailleurs si « le chemin de fer restera français, les intérêts étrangers sont officiellement reconnus dans son administration qui se doit de comprendre un Anglais, un Italien et un représentant de Menelik »[95]. Pour De Marinis, député italien, il s'agit d'enfermer l'Éthiopie dans « un cercle de fer » au moyen d'une « politique pacifique de conquête »[96].
Ménélik est frappé de deux crises d'apoplexie en 1908 et n'est plus en mesure d'assurer le pouvoir.
Entre-temps, conscient de la crise de succession qui se prépare,Menelik II a désigné son petit-filsledj Iyassou (1897-1935) à sa succession, en 1907 ;ItegeTaytu Betul tente, en vain, de s'arroger le pouvoir, dans un contexte d'affaiblissement d'unNegusse Negest devenu malade. Le conseil des ministres met fin à l'incertitude en 1909 en écartant Taytu et Iyassou est porté au pouvoir à la mort de Menelik II en décembre 1913, sans être jamais couronné.
À peine a-t-il accédé au trône que le jeune prince agace rapidement la noblesse éthiopienne, attachée à sa culturechrétienne ; plus encore, son rapprochement avec laTurquie ottomane inquiète Anglais et Français en ce début dePremière Guerre mondiale.En 1915, Iyassou offre un drapeau éthiopien orné d'inscriptionsmusulmanes, symbolisant le serment qu'il fait aux Éthiopiens musulmans d'amener l'égalité religieuse au sein de l'Empire. Plus généralement Iyasou cherche à donner aux musulmans un droit de complète égalité religieuse. Il rompt aussi la tradition en attribuant des responsabilités à de jeunes intellectuels non issus du rang des notables. Ses ambitions, ainsi que son goût pour « le vin, la musique et les femmes » déplaisent aux notables de l'Empire éthiopien. Par ailleurs, les pays de l'Entente (France, Royaume-Uni, Italie), inquiets du positionnement du jeune souverain (notamment son opposition à l'accord tripartite et sa politique anticolonialiste en soutien auxSomalis etAfars) exercent des pressions sur le conseil des ministres.
Ainsi, le 27 septembre 1916, l'évêque d'Éthiopie, l'abuna Mattéwos, cède à la demande des notables conservateurs et autorise la noblesse à rompre le testament de Menelik II : Iyassou est écarté du pouvoir et toute personne le soutenant, menacée d'excommunication.
Une guerre civile s'ensuivit lors de laquelle, avec l'appui français notamment, les partisans du coup d'État repoussent les attaques deRas Mikael, père d'Iyassou, fait prisonnier peu après. Iyassou, en fuite dans le nord-est du pays, est capturé en 1921 seulement.
À la suite du coup d'État,Zewditou, fille de Menelik II, est proclamée Nigiste Negest, etRas Tafari Makonnen comme héritier du trône. En cette période d'occupationcoloniale du reste du continent,Zewditou est ainsi la première femme chef d'État d'un pays indépendant.
Tafari cherche à « moderniser » le pays croyant en la nécessité de s'ouvrir vers lesAlliés pour pouvoir faire survivre le pays. Il est soutenu dans cette voie par les jeunes de la noblesse. Un collège moderne, Tafari Makonnen, une imprimerie et un hebdomadaire diffusant la voie du pouvoir[97] sont créés à cette époque.
Zewditou a, elle, une vision plusconservatrice. Veillant à la mémoire de son père,Menelik II, et croyant en la nécessité de préserver avant tout la tradition éthiopienne, elle reçoit un très fort soutien de l'Église orthodoxe éthiopienne.Zewditou s'occupe ainsi principalement des activités religieuses, en faisant construire de nombreuses églises, et se détourne peu à peu des activités purement politiques, en laissant un pouvoir accru à Tafari sur ces sujets.
L'Éthiopie entre ainsi, sous l'impulsion deTafari Makonnen, à laSociété des Nations le 28 décembre 1923. Tafari s'emploie à consolider les relations internationales afin de préserver l'indépendance du pays. Pour les conservateurs, il s'agit d'une aliénation de l'Empire.Plusieurs tentatives, venant notamment de ces conservateurs, ont lieu pour écarterTafari du pouvoir, mais finissent par échouer :coup d'État éthiopien de 1928.
Deux jours plus tard, le 2 avril,Zewditou s'éteint. Selon la croyance populaire,Zewditou est morte du choc et du chagrin de la mort de son époux, pour d'autres, elle était alors agonisante et il est peu probable qu'elle ait été informée du sort de son époux, pour d'autres enfin elle fut alors empoisonnée par son médecin grec[99]. Les spéculations sur la cause de sa mort continuent encore de nos jours.
La premièreConstitution est introduite le 16 juillet 1931[100] ; elle met en place un système parlementaireà deux chambres. Le Negusse Negest et les notables gardent un contrôle total sur leParlement dont ils désignent les députés, néanmoins une transition vers des principesdémocratiques est envisagée « jusqu'à ce que le peuple soit à même de les élire lui-même » (art. 32)[6]. La succession au trône y est limitée à la succession d'Haïlé Sélassié Ier, ce qui marque un point de controverse avec lesautres dynasties princières, notamment les princes duTigré et le cousin du Negusse Negest, lui-même, lerasKassa Haile Darge.
Le 12 octobre 1931, une nouvellebanque nationale est créée, remplaçant laBank of Abyssinia créée en 1906 parMenelik II, et provoque unecrise économique. Profitant de la contestation, les dignitaires du régime montent un complot autour duras Haïlu, fils deTekle Haïmanot du Godjam, afin de faire évaderIyasou V et le faire remonter sur le trône. Le plan échoue etIyasou V (1897-1935) est capturé. Conscient de la contestation qui l'entoure,Haïlé Sélassié Ier procède à des purges au sein de tous les dirigeants régionaux au profit de personnes de confiance, menant de fait à une véritablecentralisation de l'Empire.
Durant les années qui suivent, une véritable modernisation de l'Empire éthiopien suit son cours, avec apparition de l'aviation (premiers pilotes éthiopiens et un atelier de montage), développement duréseau routier, mise en circulation dupapier-monnaie en 1933, création de nombreuses écoles en province, du cinéma[101].
Les visées de l'Italie sur l'Éthiopie répondent à plusieurs besoins : d'une part développer le faibleempire colonial dont l'Italie dispose alors (Libye, l'Érythrée et laSomalie) qui provoque un retard économique lié au manque de matières premières, mais aussi venger l'humiliation subie àAdoua que l'Italie garde en mémoire. La présence de l'Éthiopie à laSociété des Nations, (Mussolini la juge « indigne de figurer parmi les peuples civilisés »[102]), est considérée comme un affront à sa politique raciale et fasciste.
La succession d'évènements qui mène à l'invasion fasciste est déclenchée par l'incident de Walwal. Ce prétexte est qualifié par Hailé SélassiéIer, en 1936, dans son discours d'« Appel à la Société des Nations » de « provocation évidente »[Note 5] : en novembre 1934, des patrouilles frontières éthiopiennes escortant une commission frontalière anglo-éthiopienne protestent contre l'incursion italienne créée par la construction d'un poste italien en rupture avec le traité éthio-italien de 1928. Début décembre, un conflit éclate où 150 Éthiopiens et 50 Italiens trouvent la mort. L'incident conduit au déclenchement d'une crise à la Société des Nations.
L'Angleterre et la France, soucieux de conserver l'Italie comme allié contre l'Allemagne, décident de ne prendre aucune mesure pour décourager le développement militaire italien. L'Italie commence ainsi à accumuler ses troupes aux frontières éthiopiennes, enÉrythrée et dans leSomaliland italien, et consolide contractuellement le soutien des grandes puissances.
Le, Mussolini prend la direction du ministère des colonies.
Le, l'Éthiopie présente un nouveau recours, faisant appel à l'article XV de l'organisation.
Le, Mussolini annonce la déclaration de guerre à l'Éthiopie. En attaquant ce pays, membre de laSociété des Nations,Mussolini viole l'article XVI de l'organisation.
Alors que le PapePie XI tient des propos ambigus au cours des années de l'invasion de l'Éthiopie par les troupes fascistes, ses prêtres se montrent beaucoup moins équivoques en soutenant ouvertement les forces italiennes. Lefascisme clérical se développe alors en Italie[103].
Le, l'Italie est frappée par les sanctions économiques de laSociété des Nations, en riposte l'Italie met en œuvre des programmes économiquesautarciques. Les sanctions se montrent en fait inefficaces, puisque de nombreux pays les ayant votées officiellement maintiennent de bons rapports avec l'Italie en l'approvisionnant en matières premières. L'Allemagne nazie est un de ceux-ci.
Dès le début des opérations, le 3 octobre, Mussolini prend la direction des opérations et envoie presque quotidiennement des ordres radiotélégraphiés à ses généraux présents sur le champ de bataille. Parmi ses ordres, ceux relatifs à l'emploi des armes chimiques[106],[107].
Le 6 octobre, Adoua, ville symbole de l'humiliation italienne, tombe.
Le 9 janvier, Mussolini autorise la guerre totale avec ces paroles :
« J'autorise Votre Excellence à employer tous les moyens de guerre, je dis tous, qu'ils soient aériens comme de terre. Décision maximum. »
— Télégramme secret de Mussolini à Pietro Badoglio[108]
Les bombardements chimiques d'artillerie et par avions se poursuivent aussi bien sur le front Nord (jusqu'au 1936) que sur le front Sud (jusqu'au), employant un total de 350 tonnes d'armes chimiques. Dans ce contexte, fin janvier, malgré l'emploi massif d'armes chimiques, les armées italiennes du front Nord sont en graves difficultés (harcelées par les troupes du ras Kassa, Badoglio est sur le point d'ordonner l'évacuation deMékélé). La conduite d'une vraie politique d'extermination envers les Éthiopiens ne se limite pas à l'emploi des armes chimiques mais est conduite avec d'autres moyens, comme l'ordre de ne pas respecter les marquages de laCroix rouge ennemie ce qui conduit à la destruction d'au moins 17 hôpitaux (dont un suédois) et installations médicales éthiopiennes ou par l'emploi de troupes askari (libyens de religion musulmane) contre les armées et la population chrétienne d'Éthiopie. Les membres de la Croix Rouge auprès des troupes éthiopiennes rapportent y être délibérément visés par les troupes musoliniennes[109]
De l'autre côté, les troupes du négus, moins nombreuses et moins bien armées, résistèrent parfois héroïquement, comme àMay Chaw ou Amba Alagi.
Le 5 mai 1936, après sept mois de conflit, Addis Abeba tombe ; le 9 mai, la victoire est proclamée parMussolini.
Haïlé Selassié, après une décision majoritaire du Conseil impérial, prend le chemin de l'exil vers l'Angleterre afin de sauvegarder le gouvernement national.
« J'ai décidé de venir en personne, témoin du crime commis à l'encontre de mon peuple, afin de donner à l'Europe un avertissement face au destin qui l'attend, si elle s'incline aujourd'hui devant les actes accomplis »
— Hailé Sélassié, « Appel à la Société des Nations », 27 juin 1936[Note 6]
« Je déclare à la face du monde entier que leNegusse Negest, le gouvernement, et le peuple d'Éthiopie ne s'inclineront pas devant la force, qu'ils maintiennent leur revendication d'utiliser tous les moyens en leur pouvoir afin d'assurer le triomphe de leurs droits et le respect de l'alliance »
— Hailé Sélassié, « Appel à la Société des Nations », 27 juin 1936[110]
Malgré les mises en garde du Negusse Negest devant le dangerfasciste que laisse apparaître cette guerre, laSociété des Nations se contente de décréter des sanctions économiques jamais entrées en application.
La période d'occupation italienne est marquée par la violence de l'occupant et par l'échec de la politique de colonisation. Le développement des mouvements derésistance éthiopiens, ainsi que la violence elle-même qui nourrit en retour la résistance, sont autant d'éléments participant de cet échec
Le 9 mai 1936,Benito Mussolini proclame néanmoins l'Empire italien et le roi d'ItalieVictor-Emmanuel III, nouvel Empereur d'Éthiopie, cette proclamation est, selon les mots de John H. Spence, une « façade vaniteuse »[111] qui tente de masquer la véritable situation puisque, selon Paul B. Henze, « aucune région d'Éthiopie ne fut entièrement sous le contrôle italien »[112].
La violence avec laquelle est menéel'occupation culmine dans plusieurs épisodes tragiques qui symbolisent encore aujourd'hui cette période en faisant chacun l'objet d'un monument commémoratif présent de nos jours àAddis-Abeba.
Lemassacre de Graziani tout d'abord, où à la suite de la tentative d'assassinat du leader de l'occupation par deux jeunes Érythréens, les fascistes procèdent au massacre de civils dans la capitale où près de 30,000 personnes trouve la mort en à peine trois jours[113]. Après cet incident,Graziani est remplacé parAmédée II de Savoie-Aoste le.
Le massacre deDebre-Libanos, le, où plus de 300 prêtres sont fusillés en quelques jours.
Tout au long de cette période, la violence est aggravée lorsqu'il s'agit de lutter contre les mouvements de résistance. Un télégramme de Mussolini daté du, ordonne notamment de « fusiller tous les résistants fait prisonnier »[114]. Legaz moutarde continue d'être employé et les exécutions sommaires de prisonniers se multiplient.
Un mouvement de résistance prend forme dès 1936 et lance durant lasaison humide plusieurs offensives et reprendre la capitale,Addis-Abeba : le 28 juillet, un des jeunes chefs du ChoaDejazmach Abarra Kasa, lance l'assaut du nord-ouest, mais est repoussé par l'artillerie aérienne ; le 26 août,DejazmachBalcha Safo, lance un assaut du sud-ouest, repoussé de la même manière. Après la saison des pluies, les Italiens reprennent l'offensive et continuant de mener des campagnes de bombardement et de gazage de villages, dans le Choa, leLasta, Charchar, Yergalam, entre autres[115].
Les offensives reprennent durant la saison des pluies de l'été1937, dans leLasta dirigé parDejazmach Haïlu Kabada, et dans leGodjam dirigé parDejazmach Mangasha et Belay Zalaka[116]. Tout comme lors de l'invasion du pays, Mussolini ordonne à nouveau àGraziani d'« utiliser tous les moyens possibles, y compris les armes chimiques », cette fois-ci pour écraser la résistance[116].Graziani se révèle malgré tout incapable de mettre fin à l'insurrection dans leChoa, et ouvre des négociations de paix avec le leader, leras Ababa Aragay.Les forces italiennes repartent à l'offensive après les pluies.
Les principaux mouvements de résistance se condensent dans leChoa, leBégemeder et leGodjam. Peu de temps après sa prise de fonction, le généralUgo Cavallero, admet que de « large parties » duChoa et de l'Amhara sont entrées en rébellion, et que des « poches derésistances persistent dans le sud-ouest, en ayant « le soutien complet » de la population qui était prête à les joindre.
Le chef fasciste Arcanovaldo Bonacorsi reconnaît dès 1939 que l'empire se trouve partout dans « un état de rébellion latent », qui peut avoir :
« son dénouement tragique lorsque la guerre éclatera avec nos ennemis. Si un détachement anglais ou français était amené à entrer en un point, il n'aurait besoin que de peu ou d'aucune troupe puisqu'il trouverait alors un vaste nombre d'Abyssins prêts à les rejoindre et à faire battre en retraite nos forces. »
En1939, année du déclenchement de laSeconde Guerre mondiale, la situation d'impasse dans laquelle se trouve l'Italie ne fait que s'accentuer. D'un côté les Italiens échouent à mettre fin à la résistance, de l'autre les Éthiopiens sont eux aussi incapables de pénétrer les lignes ennemies.
Campagne d'Afrique de l'Est et la libération (1941)
Avancée des troupes britanniques lors de la campagne de libération de l'Érythrée en 1941, et du début de la libération de l'Éthiopie
La campagne qui mène à la libération de l'Éthiopie s'inscrit dans le cadre plus général de lacampagne de libération de l'Afrique de l'Est qui débute le. À la finoctobre 1940,Anthony Eden, secrétaire aux Affaires étrangères de Grande-Bretagne, réunit à Khartoum leNegusse Negest Haile Sélassié, le généralsud-africainJan Smuts, Wavell, Platt ainsi que le lieutenant-général Cunningham. Ils adoptèrent le plan général d'attaque, qui faisait également appel aux troupes irrégulières éthiopiennes.
L'Éthiopie est libérée le 5 mai 1941, date célébrée depuis comme leJour de la Victoire, le Negusse Negest Hailé Sélassié revient àAddis-Abeba avec le soutien des Britanniques. À la suite de la signature dutraité de Paris de 1947, l'Italie doit verser 25 millions de dollars de réparation. Les estimations éthiopiennes sont dans les faits 12 fois supérieures[113]On dénombre finalement sur cette période :
300 000 personnes mortes de privations à la suite de la destruction de leurs villages ;
275 000 morts au combat ;
78 500 patriotes tués pendant l'occupation ;
35 000 personnes mortes dans des camps de concentration ;
30 000 civils tués lors du massacre deGraziani en février 1937 ;
24 000 patriotes exécutés par des juridictions sommaires ;
17 800 femmes et enfants tués par les bombardements.
Au total, ces cinq années auront causé la mort de 760 300 personnes[113]
Les premières années de reconstruction voient se succéder de nombreuses réformes conduisant à de nettes améliorations sociales et économiques dans le pays.
Du point de vue législatif, unjournal officiel, laNegarit Gazeta est créé le 30 mars 1942. Une loi sur l'abolition de l'esclavage parait le 27 août 1942. Le parlement rouvre le 2 novembre 1942. Le 30 novembre une loi donne la mainmise du gouvernement sur les revenus de l'Église.
On observe également durant ces années de très nettes améliorations de la santé publique[123] (augmentation du nombre d'hôpitaux, progrès de la médecine), du système éducatif (on compte 36 fois plus d'écoles modernes en 1955 qu'en 1930), des infrastructures (construction de routes, télécommunications).Le Collège Universitaire d'Addis-Abeba ouvre le 27 janvier 1951.
Une nouvelle monnaie, lebirr éthiopien est créée en 1945 et remplace leThaler de Marie-Thérèse. Les exportations passent de 37 millions de birr en 1946 à 169 millions en 1954, essentiellement dues à la production decafé multipliée par 10. Le budget passe de 1 million de dollars avant-guerre à 100 millions en 1955 ; lacirculation monétaire de 80 millions en 1946 à 220 millions en 1954[124].
En 1955, date dujubilé du couronnement deHaïlé Sélassié Ier, une révision de laConstitution de 1931 est adoptée. Les députés sont élus au suffrage universel, mais les partis politiques restent interdits. Dans les faits, cette révision consolide le caractère absolutiste du pouvoir.
Artilleurs éthiopiens des forces onusiennes pendant laguerre de Corée
Haïlé Sélassié Ier entame dès la libération une ouverture du pays à l'international dans l'idée « d'assimiler les nouvelles idées du progrès sans se départir de sa propre culture »[125] ». Cette approche lui offre très vite une stature internationale.
L'ouverture à l'international conduit dès 1951 au soutien de l'Éthiopie à laguerre de Corée en échange d'une assistance militaire américaine. celle-ci conduit à la formation de trois bataillons éthiopiens et à la création d'Ethiopian Airlines. En échange de quoi, la base américaine deQagnew, du nom du contingent éthiopien ayant servi enCorée, est créée enÉrythrée.
Letraité anglo-éthiopien de 1942 arrive à échéance en septembre 1944. L'Éthiopie exige un respect des conditions du traité soit l'évacuation duHaud et duTerritoire Réservé par les Britanniques qui cherchent à retenir ces régions pour des raisons stratégiques. Ceux-ci sont finalement placés sous administration britannique jusqu'en 1948.
Deux mémorandum éthiopiens, l'un à laConférence de Londres de 1945, le second à la Conférence de la Paix à Paris en 1946, exposent les arguments historiques, économiques et stratégiques de la complémentarité de l'Éthiopie avec l'Érythrée[127]. Les grandes puissances de l'époque, incapables d'aboutir à un consensus s'en réfèrent auxNations unies qui adoptent larésolution 289, le 21 novembre 1949, établissant une commission pour l'Érythrée. Celle-ci recommande suivant larésolution 390, la constitution d'une entité séparée rattachée par voie fédérale à l'Éthiopie.
Le 17 octobre 1952 est créée la fédération Éthio-Érythréenne.
Le 14 novembre 1962, l'assemblée érythréenne vote sa dissolution et la réunion de l'Érythrée à l'Éthiopie.
L'accès à la mer dont bénéficie le pays facilite le développement économique dans les années d'après-guerre et l'ouverture internationale[128].
Néanmoins la réunion des deux entités exacerbe les revendications des mouvements séparatistes, le Djabha (Front de Libération Érythréen) et le Cha'abiya (Front populaire de libération de l'Érythrée). L'historien éthiopien Berhanou Abebe note à cet égard que les grandes puissances de l'époque ne se montrent pas non plus favorablement disposées à cette union : « le parti unioniste représentait la force politique organisée le plus efficacement et qu'il ne reçut aucune organisation extérieure d'aucune sorte.(…) Le déploiement de forces extérieures contre les intérêts éthiopiens en Érythrée indique, de surcroît, que les principales puissances occidentales n'étaient pas favorablement disposées à l'égard des revendications unionistes »[129].
Les tensions internes éclipsées par l'euphorie de la libération ne tardent pas à refaire surface. Une première tentative d'assassinat du Negusse Negest a lieu par leblatte Tekkelé. Une autre a lieu le 5 juillet 1951, fomentée par ledejazmach Negache Bezabbeh, petit-fils deTéklé Haymanot.
Le 14 décembre 1960, unputsch est mené par le commandant en chef de la Garde Impériale, le généralMengistu Neway (1919-1961), instigué par son frère Guermamé formé auxÉtats-Unis[130]. Les insurgés emprisonnent les notables au Palais, les exterminent et forment un gouvernement sous l'égide du PrinceAmha Sélassié (né Asfa Wossen Tafari, 1916-1997)[131]. Le Negusse Negest rentre d'urgence d'une visite officielle auBrésil, les auteurs duputsch sont tués ou capturés.
Au début des années 1970, une famine de très large ampleur ravage la région du Wollo. Rapidement, le régime tente de masquer la situation ; un rapport préparé à l'automne 1972 par le ministère de l'Agriculture et laFAO (Commission de l'alimentation et de l'agriculture des Nations unies) sur la situation est même passé sous silence avec la complicité de l'agence[133]. Le 17 avril, les étudiants manifestent et ouvrent les yeux du pays sur l'ampleur de la situation ; une répartition des terres plus juste fait partie des premières revendications. Des heurts violents les opposent à la police. Le 28 avril, un nouveau gouverneur est nommé dans leWello et des ravitaillements sont envisagés. Néanmoins, le gouvernement continue à minimiser l'ampleur de la situation[134].Haïlé Sélassié Ier admet finalement son incapacité à gérer la situation et fait appel à l'aide internationale. Les pertes humaines sont estimées à 200 000 personnes.
Les professeurs, universitaires et intellectuels sont au premier rang de la contestation qui se prépare à la suite de l'annonce d'une réforme du secteur de l'éducation. Celle-ci préconise entre autres de limiter l'éducation aux stricts besoins économiques du pays et de conserver la part infime d'étudiants accédant au cursus secondaire : pour beaucoup ce rapport condamne la jeunesse à l'illettrisme et au statut deprolétaire, par ailleurs les enfants des classes dirigeantes ne sont pas concernés par ces réformes. Le 14 février, les étudiants manifestent et font face à une riposte armée de la police. Le 18 février les professeurs accompagnés des conducteurs de taxis, qui entendent protester contre une hausse de 50 % du prix du carburant, bloquent la capitale. De nombreuses attaques contre les propriétés de la classe dirigeante ont lieu[135].
Le 23 février une diminution du prix du pétrole est décrétée et la réforme de l'éducation reportée indéfiniment ; les associations universitaires refusent néanmoins de mettre fin au mouvement. De nombreuses publications clandestines fleurissent à cette époque à Addis Abeba ; les tracts des étudiants font appel à toutes les classes sociales mais également aux soldats. Simultanément, le gouvernement accorde des augmentations de salaire aux militaires et policiers. Le 27 février le premier ministreAklilu Habte-Wold démissionne ; la haute aristocratie en profite pour reprendre le contrôle etEndalkachew Mekonnen est nommé premier ministre. La première mesure du nouveau cabinet consiste à accroître la solde des soldats et des officiers : en dépit de quelques agitations, la quasi-totalité des soldats prête allégeance au nouveau gouvernement et disperse une manifestation le1er mars 1974.
Néanmoins la grève des professeurs ne faiblit pas. L'Association des professeurs d'Universités Éthiopiens se joint au mouvement et publie un document intégrant les demandes des différents groupes sociaux. La démocratie, une nouvelle constitution, une presse libre, une réforme de la répartition des terres, des libertés civiles font partie des revendications premières. De son côté, l'union des syndicats éthiopiens se joint aux mouvements de protestation et menace le Premier ministre de grève générale. Les syndicats demandent entre autres un salaire minimum et une meilleure sécurité de l'emploi ; en outre, ils se joignent aux demandes des enseignants. La premièregrève générale dans l'Histoire de l'Éthiopie a lieu le 7 mars. Le 22 avril, le ministre de la Défense menace de réprimer toute manifestation et s'autorise à répondre « par tous les moyens nécessaires pour arriver à ses fins »[136].
Face à un mouvement populaire d'ambition révolutionnaire touchant tous les secteurs de la société, le régime ne peut plus compter que sur ses forces armées. Vers la fin du mois d'avril 1974, un comité de représentants élus comprenant tous les échelons de l'armée se met en place sous le nom de Comité de Coordination des Forces armées, plus connu sous le nom deDerg (Comité enamharique). Les ambitions du Derg sont initialement confuses : il rend initialement allégeance auNegusse Negest, effectue les arrestations ordonnées par le régime, et condamne les manifestations populaires progressistes[137]. Le Derg présente sa propre liste de revendications au Premier ministre. Celle-ci ne clarifie pas sa direction qui reste assez confuse à cette époque, une confusion révélatrice, comme le note John Markasis, de l'incertitude du comité sur sa capacité à assumer le pouvoir[138]. Le Derg pousse le Premier ministre à présenter sa démission le 22 juillet, remplacé par Mikael Imru.
Les intellectuels et universitaires éthiopiens continuent parallèlement leur offensive. L'abolition du régime féodal et l'indépendance face au capitalisme étranger sont définis comme les seules bases possibles d'un changement radical[139]. Le Derg, dénoncé comme non représentatif[140], masque initialement sa confusion. En août 1974, il se saisit de la première des demandes des contestataires : le renversement de Haile Sélassié. Le 12 septembre, l'annonce de sa déposition est faite dans tout le pays.
Le 15 septembre, le comité prend officiellement le nom deProvisional Military Administrative Council (PMAC), « Comité militaire administratif provisoire »).
Le Derg assure le rôle de chef d'État, la constitution est suspendue et le parlement dissout. Le nouveau gouvernement interdit toute opposition au principe duEthiopia Tikdem, et se refuse à toute alliance avec aucun autre groupe populaire : la prise de pouvoir est ainsi très vite perçue dans la population et particulièrement chez les intellectuels comme une trahison de la révolution du peuple[141]. La presse attaque très vite les prétentions du Derg à être représentatif du mouvement qui l'a porté[142]. Le Derg inclut les intellectuels radicaux comme des « ennemis au progrès et de la nation »[143] et fait arrêter les étudiants manifestant. Le 23 novembre, 59 personnalités du régime de Haile Selassie sont exécutées, un tournant dans le régime, qualifié par la presse de « fasciste ».
La question érythréenne ouvre un second front contre le régime du Derg opposé à tout compromis avec les deux mouvements séparatistes : le Front de libération érythréen (FLE) et le Front populaire de libération de l'Érythrée (FPLE). Le 23 novembre, le chef d'ÉtatAman Andom, d'origine érythréenne et partisan d'une solution pacifique, est tué par balle. La bataille d'Asmara de février 1975 achève de polariser la population érythréenne à la suite des récits des atrocités commises par les troupes du Derg.
Rapidement, après novembre 1974, le Derg est dominé par deux personnages, ses deux vice-présidents. Le premier d'entre eux,Mengistu Haile Mariam dont les ambitions personnelles l'opposent très vite aux officiers plus éduqués du régime qui rejettent ses solutions radicales[144]. Le second est Atfanu Abate, considéré comme l'un des plus sérieux rivaux, les éliminations brutales qui suivront ne lui laisseront pas l'occasion de le distancer. Malgré le changement de régime, l'aide militaire américaine vers l'Éthiopie ne faiblit pas : Washington réagit très peu à la nationalisation des investissements étrangers dans le pays et considère favorablement les demandes d'assistance militaire de la part du Derg, les experts américains considérant que « cette très longue relation avec le pays vaut la peine d'être préservée »[145].« Nous recevons en même temps des livres marxistes imprimés en Chine, et des armes modernes fabriquées aux États-Unis » cite Le Monde daté du 7 juin 1975[146]
En janvier et février 1975, une première vague de nationalisation est annoncée. Dans la déclaration de politique économique de février 1975 une économie en trois tiers est envisagée : un secteur réservé à l'État, un secteur conjoint État-privé et un secteur privé assez large. Le secteur de l'État s'accroît ainsi de près de 30 000 postes. Sur la question de la répartition des terres, le Derg proclame la réforme le[147] : toutes les terres rurales deviennent les propriétés collectives de l'État ; cette mesure suscite les plus grandes manifestations et les plus enthousiastes de l'histoire du pays[148].
Alors que le régime tente de récupérer la sympathie des paysans, la situation des ouvriers urbains n'est quasiment pas améliorée par la nouvelle législation du travail promulguée en décembre 1975. Celle-ci ne propose ni salaire minimum, ni aucune mesure de sécurité sociale. Le Derg commence alors à s'attaquer à l'existence même des syndicats en développant de nouvelles structures concurrentes appelées « comités de travailleurs » ; les syndiqués sont soumis à une campagne d'intimidation. Le Derg ordonne la suspension de l'union des syndicats jusqu'aux élections du prochain congrès et les dirigeants sont emprisonnés. Le régime décide plus tard de mettre fin à l'activité de l'organisation et retient prisonniers ses représentants. Le 25 septembre 1975, des membres des forces de sécurité ouvrent le feu sur des personnes distribuant des tracts de l'union à l'aéroport d'Addis-Abeba, causant plusieurs morts. L'état d'urgence est déclaré, de larges vagues d'arrestations touchent des ouvriers syndiqués, des intellectuels et des étudiants.
Ayant épuisé les réformes socio-économiques inspirées du mouvement populaire, le Derg se montre non seulement incapable de concevoir de nouvelles mesures dans les mois suivant, mais voit aussi resurgir avec d'autant plus de force l'une des premières revendications du mouvement : celle d'un gouvernement du peuple. Parallèlement le Derg suit une transformation interne clarifiant la nature du régime : la plupart des membres sont décimés au cours de purges violentes ramenant le pouvoir dans les mains d'une clique de plus en plus réduite.
La première des pressions exercées par la junte reste l'opposition populaire dirigée par les intellectuels, les ouvriers et les étudiants. La campagne de propagande basée sur l'envoi massif des étudiants dans les campagnes prend fin au début de1976, du fait de l'hostilité de plus en plus grande des universitaires face au gouvernement militaire. Ils sont remplacés, comme les professeurs, par des militaires et des sympathisants du régime, le Derg prenant des mesures sévères contre leurs prédécesseurs : un nombre indéterminé de ces militants universitaire est tué dans des heurts avec les autorités, beaucoup sont emprisonnés, des centaines traversent les frontières pour se réfugier à l'étranger.
La campagne prend fin officiellement en juillet 1976.
Monument soulignant le rapprochement du régime avec l'Union soviétique
En, une délégation éthiopienne se rend àMoscou et signe un accord d'assistance militaire avec l'Union soviétique. En avril, l'Éthiopie résilie son accord d'assistance militaire avec lesÉtats-Unis et expulse les forces militaires basées en Éthiopie (base deKagnew). En, la Somalie deMohamed Siad Barre attaque l'Éthiopie pour soutenir les indépendantistes de la province de l'Ogaden. Leconflit voit la défaite de la Somalie enmars1978.
Les années sous Mengistu sont marquées par ungouvernement totalitaire et la militarisation du pays financée par l'URSS etCuba. En1977 et1978, des milliers de personnes suspectées d'être des ennemis duDerg sont torturées ou tuées. Lorsque les corps ne sont pas abandonnés auxhyènes, les familles doivent payer la balle qui a servi à l'exécution. Cette période est nommée la « terreur rouge ». Les slogans annoncent : « Pour un révolutionnaire abattu, mille contre-révolutionnaires exécutés ». 30 000 étudiants sont mis en prison et 5 000 sont tués en une seule semaine[149].
La guerre civile provoque l'abandon et la destruction des cultures et détourne une part importante des énergies et crédits vers les opérations militaires.En 1979, une famine importante touche le Nord du pays du Wollo à l'Érythrée. À cette occasion, le régime entame une politique de déplacements forcés, dite de « villagisation ». Cette politique obéit à plusieurs objectifs : les autorités poussent d'une part les paysans à abandonner les zones sinistrées -pour cause de famine ou de guérilla- pour les transférer dans les régions du Sud plus clémentes et plus sures, de l'autre ces déplacement diminuent les capacités de regroupements dans les régions du Nord hostiles au régime. Cette politique est conduite à une plus grande échelle, lors de lafamine de 1984-1986 : d'octobre 1984 à mai 1986, 2 800 000 personnes sont déplacées.
En1984, leParti des travailleurs d'Éthiopie (PTE) est créé, et le, une nouvelle Constitution suivant le style soviétique est soumise à unréférendum. Celle-ci est officiellement approuvée par 81 % des votants, et en suivant la Constitution, le pays est renommé « république démocratique populaire d'Éthiopie » le. Mengistu devient président.
Tank T-55 devant les grilles du palais présidentiel à la chute du régime,Addis-Abeba, 9 juin 1991
La fin des années 1970 et surtout les années 1980 voient la montée en puissance des mouvements nationalistes régionaux. LeFront de libération du peuple du Tigré (FLPT) et le Front populaire de libération de l'Érythrée (FPLE) coordonnent leurs opérations à partir du milieu des années 1980[150] tandis que leFront de libération oromo progresse. En plus des rébellions, le pays est touché par une crise économique, causée par le manque d'investissements privés dans l'économie aux mains de l'État[151]. Lafamine de 1984-1985 porte un coup en plus au régime du Derg qui dans un premier temps ne réagit pas, pour ensuite autoriser l'aide internationale[151]. Mengistou veut répondre à cette crise en relocalisant les paysans vers des terres plus fertiles mais les manières brutales employées, les collectivisations rendent la mesure impopulaire[151]. Une nouvelle réforme visant à déplacer les habitants des villages convainc définitivement les paysans qui soutiennent les mouvements de guérillas à la fin des années 1988[151]. Enfin, « pilule amère » pour la classe dirigeante éthiopienne qui « commence à peine à savourer l'institutionnalisation de l'ordre socialiste »[152], lenouveau pouvoir à Moscou annonce laPerestroïka et laGlasnost. Le régime du Derg perd donc un important soutien au niveau international. En 1988-1990, les quelques annonces d'ouverture de l'économie arrivent trop tard, dans le nord, les guérilléros prennent l'avantage[152].
En mars 1988, le FLPE remporte labataille d'Afabet, un succès décisif dans un bastion du gouvernement central[152]. Les séparatistes érythréens amassent une importante quantité de matériel militaire, déterminant dans la poursuite de la guerre et ouvrent la route versMitsiwa etAsmara[152]. En février 1989, le FLPT, soutenu par la population locale et un contingent du FLPE remporte la bataille d'Endeselassié, une défaite lourde pour Mengisou puisque qu'environ 23 000 soldats gouvernementaux sont faits prisonniers[152]. L'importance de ces succès est rappelée par Bahru : « Afabet et Endeselassie marquent le début de la fin du régime de Mengistou »[153].
Désormais, le FLPT se fixe un nouvel objectif : après la libération régionale, le mouvement doit libérer tout le pays[153]. Telles sont les conditions dans lesquelles leFront démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE) a été créé[153]. Cette coalition comprend alors divers partis dont le Mouvement démocratique du peuple éthiopien, devenu leMouvement national démocratique Amhara et l'Organisation démocratique des peuples Oromo. Néanmoins, la prédominance du FLPT dans la coalition ne fait aucun doute[153]. À la fin de l'année 1989, le FDRPE remporte une bataille décisive au mont Gouna et en février 1990, Mitsiwa tombe aux mains du FLPE[154]. La victoire de Gouna est suivie de celle de Maragngna dans leWello ; le FDRPE organise alors quatre opérations : l'opération Téwodros, Wallelegn et Bilisumaf walqituma qui permettent respectivement la conquête duGodjam, duWello et duWellega[155]. L'encerclement de la capitale étant assuré, le FDRPE se trouve en position de force face à gouvernement qui souhaite négocier. Voyant la défaite arriver, Mengistou quitte le pays le 21 mai 1991, passe par leKenya pour ensuite se réfugier auZimbabwe. L'armée gouvernementale en Érythrée s'effondre et la capitale est laissée aux forces du FDRPE qui pénètrent àAddis-Abeba le 28 mai 1991[156]. La date est depuis devenue jour de fête nationale.
Un officiel explique les procédures de vote lors de l'enregistrement des votants àDembidolo, dans leWelega,Éthiopie, juin 1992
Arrivé au pouvoir le 28 mai 1991, leFront démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien organise une conférence nationale du1er au 5 juillet ; les 24 mouvements ayant participé à la guerre contre le Derg se réunissent[157]. La nature de ces mouvements, nationalistes, autonomistes et régionalistes pour la grande majorité, oriente les débats vers des questions de revendications des différents peuples[157]. La Charte nationale adoptée à l'issue de la conférence, prévoit la mise en place duGouvernement de Transition d'Éthiopie (GTE) qui devra diriger le pays pendant deux ans[157]. Il restera en place jusqu'en 1995. En novembre 1991, la population éthiopienne est « frappée »[158] par la nouvelle division administrative. Le pays est partagé en douzekelels dont les frontières sont basées sur les différences de peuples et de culture en fonction du critère de la langue maternelle dominante[158].
Pour mettre fin au problème érythréen, le FDRPE etFront de libération du peuple érythréen (FLPE) s'accordent sur le droit de faire sécession, un droit théoriquement reconnu aux autres peuples d'Éthiopie[158]. Un référendum est prévu bien quede facto, l'Érythrée soit déjà sous contrôle du FLPE[158]. Le scrutin est organisé du 23 au 25août[Information douteuse] 1993 et les séparatistes le remportent avec un score de 99,79 %. Le 24 mai 1993, l'Érythrée déclare son indépendance ; le gouvernement d'Addis Abeba est le premier à la reconnaître[159]. Divers accords sont signés entre les deux États concernant la coopération et la défense[160].
Le 21 juin 1992, le FDRPE remporte les premières élections multipartites dans un climat national agité[161]. Plusieurs partis politiques se sont retirés de la course, certains opposants affirment avoir subi des pressions et les candidats du FDRPE ont subi des attaques dans des zones contrôlées par le FLO[161]. Le 5 juin 1994, les membres de l'assemblée constituante chargée d'adopter le texte élaboré par le GTE sont élus[162]. 484 des 547 sièges sont remportés par le FDRPE[162]. Une commission de rédaction de la constitution, créée le 18 août 1992 organise au début de l'année 1994 une série de réunions afin de percevoir l'opinion de la population[162]. Le 8 avril 1994, un avant-projet de constitution est présenté, marqué par le fédéralisme à base linguistique[162]. Le 28 octobre 1994, l'assemblée constituante débute le processus d'élaboration de la constitution en se basant sur l'avant-projet[162]. Le 8 décembre 1994, elle vote une rectification et prévoit l'organisation d'élections pour le 7 mai 1995[163]. Le 24 août 1995, leConseil des représentants des peuples nouvellement élu adopte laConstitution, larépublique fédérale démocratique d'Éthiopie est proclamée[164].Negasso Gidada en devient le président, tandis queMeles Zenawi occupe le poste de Premier ministre[164].
La transition de quatre ans a été « tranquille » et « rapide »[165]. La volonté d'introduire les droits de l'Homme et la légalité s'est d'abord heurtée à la réalité politique d'un État disposant de peu d'infrastructures dans lequel la force de la loi est peu effective[166]. Le nouveau régime offre une liberté de mouvement et de circulation des gens et des capitaux ; en outre, les observateurs étrangers peuvent librement visiter le pays[167]. Des médias libres apparaissent et les organisations de masse héritées du Derg disparaissent[167].
Le bilan des réformes économiques est mitigé. Si l'économie éthiopienne reste influencée par le rôle de l'État, jamais dans son histoire, une telle marge de liberté n'a été laissée aux investisseurs privés[168]. Les terres restent une propriété du gouvernement, une mesure qu'il défend affirmant vouloir éviter unexode rural[168]. Les finances publiques ont été contrôlées, la proportion des dépenses militaires a baissé et les ministères coordonnent leurs activités avec les régions. Le gouvernement a lutté avec succès contre l'inflation forte que tous les autres pays anciennement socialistes ont connu[169].
Après quelques années d'entente cordiale, les relations diplomatiques entre l'Éthiopie et l'Érythrée se dégradent progressivement et en 1998, le nouvel État indépendant déclenche uneguerre en raison de différends territoriaux non résolus. Le conflit, qui a coûté la vie à près de 80 000 personnes, s'achève en 2000 par une victoire militaire éthiopienne ; en revanche, d'un point de vue juridique, l'Érythrée parvient à obtenir la ville deBadmé, une des localités à l'origine des tensions. Depuis, uneForce de maintien de la paix des Nations unies est présente sur la frontière commune qui reste fermée ; les relations demeurent tendues.
Le scrutin de 2005 constitue un « changement significatif dans l'histoire politique de l'Éthiopie » puisqu'il s'agit de la « première élection authentiquement disputée »[170] . En effet, les partis politiques de l'opposition, qui ont boycotté les scrutins de 1995 et 2000 décident de participer[170] ; on compte au total 35 partis pour les élections fédérales et régionales[170] . La première surprise, aussi bien pour le pouvoir que pour l'opposition, a été l'annonce des scores et de la participation qui a atteint 90 %[170] . Le changement important est la lourde perte subie par le FDRPE qui passe de 90 % à 60 % de sièges à laChambre des représentants des peuples ; l'opposition, quant à elle, passe de 12 à 174 sièges[170] . Les deux principaux partis d'opposition sont lacoalition pour l'unité et la démocratie (CUD), surnomméeQenejet, créé en 2004 et comprenant quatre partis[170] et lesForces démocratiques éthiopiennes unies (FDEU). La CUD a obtenu un résultat important notamment à Addis Abeba où il a remporté tous les sièges du conseil, moins un, ainsi que la totalité des 23 sièges d'Addis Abeba au Conseil des Représentants[170].
Néanmoins, elle conteste les résultats et accuse le régime d'avoir trafiqué les résultats ;Human Rights Watch a également critiqué le déroulement des élections. La CUD annonce qu'elle refuse de siéger à l'ouverture du parlement afin de protester contre les résultats[171]. Des manifestations éclatent en novembre 2005 et la direction de la CUD a été emprisonné[171]. À cette occasion, l'opposition s'est divisée puisque les FDEU se sont opposés à la décision de la CUD et les membres élus ont siégé à l'ouverture du parlement. Les divisions continuent de marquer les partis politiques de l'opposition[172]. Les troubles et contestations post-électorales ont amené à de nouveaux votes dans 31 circonscriptions[173]. Le 9 août, les résultats officiels sont annoncés et le FDRPE est déclaré vainqueur[173].
Un autre point intéressant est la participation de la diaspora aux élections[171]. Ainsi, le Parti de l'Unité Pan-Éthiopienne a créé en 2003, un comité chargé de récolter des fonds parmi les Éthiopiens installés à l'étranger, plusieurs centaines de milliers de dollars ont été amassés[171]. Par ailleurs, la majorité des partis des FDEU est basée aux États-Unis[171].
Malgré les troubles et les accusations de la CUD, l'élection de 2005 a indiscutablement ouvert le débat politique à la société civile[174]. L'Union Européenne a positivement jugé ces débats et a perçu un « profond changement » dans le processus démocratique éthiopien[174]. Contrairement aux élections de 1995 et 2000, des observateurs internationaux ont été invités[171]. Ainsi, Patrick Gilkes conclut que malgré les « imperfections » des élections de 2005, elles ont prouvé « que le FDRPE a l'intention de continuer à démocratiser son régime, même si cela doit se faire à sa manière et à son rythme »[172].
Après quelques interventions ponctuelles, estimant la sécurité de leur pays menacée, les troupes éthiopiennes pénètrent officiellement enSomalie en décembre2006 avec le soutien desÉtats-Unis. Leur objectif est de combattre les troupes destribunaux islamiques, qui menaceraient l'Éthiopie, et de soutenir le gouvernement fédéral de transition (TFG). La campagne est officiellement achevée en moins d'une semaine, et permet au gouvernement somalien de s'installer à Mogadiscio. Plusieurs milliers de soldats éthiopiens stationnent ensuite en Somalie, engagés dans des combats, en particulier dansMogadiscio. Alors que l'Éthiopie annonce un retrait de son armée au début février 2007[175], elle y reste, confrontée à des attaques et des attentats[176],[177].
Après un accord politique en octobre 2008[178], l'armée éthiopienne quitte officiellement le territoire somalien en décembre 2008, laissant les troupes de l'Union africaine (Amisom) seul soutien du gouvernement[179].
Birtukan Mideksa, dirigeante du principal parti d'opposition, l'Unité pour la démocratie et la justice (UDJ), est arrêtée le 28 décembre 2008. Cette arrestation fait suite à une réunion publique en Suède à laquelle participaitBirtukan Mideksa où elle s'exprimait sur les conditions de sa libération en 2006, et y expliquait notamment que la grâce qu'on lui avait accordée il y a un an était le résultat de tractations politiques et non pas une faveur du gouvernement[180]. Des responsables du gouvernement éthiopien ont considéré que ses propos valait négation de sa demande de grâce. Le ministère de la Justice émet une déclaration annulant la grâce qui lui avait été octroyée et rétablissant la peine de réclusion à perpétuité prononcée à l'origine[181].Elle est incarcérée à la prison de Kaliti, à la périphérie d'Addis Abeba[182].
Le 16 avril 2009, a lieu la première grande manifestation politique depuis la violente répression de 2005[183], limitée à 250 personnes par le gouvernement[Note 7] à Addis Abeba, afin d'obtenir la mise en liberté du leader de l'opposition.
Le 2 avril 2018,Abiy Ahmed, très populaire parmi lesOromos, est nommé Premier ministre[187]. Dès son discours d'investiture, il tend la main à l'Erythrée, en appelant à mettre fin à un conflit qui dure depuis l'indépendance du pays, en 1993. Il qualifie également les partis d'opposition de frères et non d'ennemis. En octobre,Sahle-Work Zewde devient la quatrième présidente de l'Ethiopie, la première femme à occuper cette fonction, désignée à l'unanimité par les parlementaires[186]. Dès son arrivée au pouvoir, le nouveau premier ministre stabilise les relations avec les pays voisins, jouant l'apaisement et la réconciliation avec l'Erythrée, renouant des liens avec la Somalie, lançant des projets logistiques avec le Kenya, Djibouti, le Soudan et le Soudan du Sud, ouvrant le dialogue avec l'Egypte au sujet de la gestion des eaux du Nil[188],[189],[190].
Depuis août 2018, et en 2019, des incidents sont intervenus entre communautés religieuses, chrétiens orthodoxes, musulmans extrémistes et chrétiens protestants[191]. La tension reste très vive en 2020[192].
Depuis janvier et février 2020, la corne de l'Afrique fait face à une invasion decriquets pèlerins. Les insectes s'attaquent aux cultures au Kenya, en Ethiopie, en Somalie et en Ouganda. Ce qui fait craindre une crise humanitaire et environnementale de grande ampleur[193].En pleine période de tension causée par la propagation ducoronavirus, le sommet de l'Union africaine (UA) s'est réuni dans la capitale éthiopienne, les 9 et 10 février 2020[194].
En septembre 2020, le gouvernement Éthiopien a annoncé des poursuites contre plusieurs leaders de l'opposition, dontJawar Mohammed etBekele Gerba, pour terrorisme et incitation à la violence. Les accusations, qui pourraient mener à un emprisonnement à vie, sont liées aux violences qui ont éclaté après le meurtre en juin 2020 deHachalu Hundessa, un très populaire chanteuroromo. Dans les jours qui ont suivi, au moins 178 personnes avaient trouvé la mort au cours de violences interethniques ou policières[195]. C'était le début de laGuerre du Tigré qui a duré jusqu'au 14 décembre 2020 dans la ville deMekele, capitale du Tigré. Mais la guerre se poursuit en janvier 2021 hors de cette ville sans qu'aucune information ne filtre de cette région bouclée. A la mi-décembre 2020, 950 000 déplacés liées à ce conflit sont recensés, dont 50 000réfugiés auSoudan[196]. Plusieurs camps de réfugiés au Tigré proche de la frontière avec l'Érythrée, sont l'objet de destructions matérielles et de violences sur les réfugiés, qui sont forcés de retour en Érythrée, en janvier 2021[197].Unecontre offensive du Front de libération du peuple du Tigré et de l'Armée de libération oromo se déroule depuis juin 2021. Les rebelles tigréens demandent la fin du blocus humanitaire et la restauration des services de base au Tigré. Après avoir pris le contrôle deDessie et Kombolcha, ils se trouvent à 270 km au nord d'Addis Abeba. La tension est telle, en novembre 2021, que les médias occidentaux parlent d'un risque deguerre totale[198],[199],[200].
Le 6 juillet 2023, La chambre haute du parlement éthiopien, la Chambre de la Fédération, a formellement approuvé la formation de l'Éthiopie du Sud,12eétat régional de l'Éthiopie[201].
↑« Les populations grecques et éthiopiennes sont porteuses d'allèles quasi-spécifiques (* 0305,* 0307, * 0411, * 0413, * 0416, * 0417, * 0420, * 1110, * 1112, * 1304 et * 1310.). La proximité génétique des Grecs avec les Éthiopiens est plus forte qu'envers tous les autres groupes méditerranéens », Arnaiz-Villena, Dimitroskiet al. en référence
↑« L'époque à laquelle cette relation s'est fondée est ancienne mais incertaine, et peut être liée au déplacement des Éthiopiens vivant dans l'Égypte ancienne. », Arnaiz-Villena, Dimitroskiet al. en référence
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↑« I decided to come myself to bear witness against the crime perpetrated against my people and give Europe a warning of the doom that awaits it, if it should bow before the accomplished », Hailé Sélassié, « Appel à la Société des Nations », Genève, 1936[lire en ligne]
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