
Cet articlene cite pas suffisamment ses sources().
Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant lesréférences utiles à savérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références ».
En pratique :Quelles sources sont attendues ?Comment ajouter mes sources ?
L'histoire de la ville deRome est ancienne et complexe. Le présent article traite principalement des origines de la ville, du développement de laRépublique romaine, de la naissance et du déclin de l'Empire romain.
Stratégiquement bien placée, Rome n'est pas née de rien. L'apparition de la ville de Rome est le résultat de la lente agrégation de peuples voisins tantôt ennemis, tantôt alliés commerciaux. Globalement, la civilisationétrusque occupait le territoire à une époque dont on date les plus anciennes tracesitaliques. Le déclin des Étrusques ira de pair avec l'affirmation de la culture latine, elle-même étant la synthèse de toutes les influences que le Latium aura vu se croiser.
Les premières implantations dans la zone duLatium par des populationsitaliquesindo-européennes, lesLatins, remontent à l'âge du bronze (2400av. J.-C. -800av. J.-C.).
À l’origine, les Latins occupaient seulement une zone très limitée, ditelatius vetus, tandis que dans les environs vivaient de nombreux groupes ethniques, dont le plus influent était celui desÉtrusques. Quand commença la phase « historique » des peuples installés dans la péninsule, alors que lesFalisques occupaient la vallée duTibre entre les monts Cimini et les Sabatini, les Latins occupaient seulement une petite zone, qui allait de la rive droite de la partie finale du cours du Tibre, desmonts Albains jusqu’à la côte de lamer Tyrrhénienne.
Leur territoire était limitrophe de celui desÉtrusques dont la zone d'influence commençait immédiatement sur la rive septentrionale du Tibre. LesVolsques, d’origineosque, occupaient la partie méridionale du Latium et lesmonts Lépins ; lesAurunces la côte tyrrhénienne à cheval sur l’actuelle limite entre le Latium et laCampanie ; au nord, sur lesmonts Apennins, se trouvaient lesSabins ; à l’est les Aequiens. Dans la vallée du Trero, les Herniciens contrôlaient la route commerciale vers la Campanie, et entreArdea etAnzio étaient installés lesRutules.
Les premiers campements latins s'installèrent sur lemont Palatin vers leXe siècle av. J.-C. mais s'étendirent rapidement dans les zones voisines, sur l'Esquilin et sur leQuirinal. Le choix initial n’était certainement pas le plus salubre ; la zone était couverte de marais et d’étangs, même s’il était cultivable grâce à la grande disponibilité en eau. Il fut probablement choisi pour sa position à proximité de l’île tibérine et par la possibilité de franchissement à gué duTibre à cet endroit, une situation qui, par la suite, se révéla précieuse en raison de sa bonne situation sur les routes commerciales de l’époque.L'île, qui constituait le dernier gué avant l'embouchure du fleuve, était devenue le point d’intersection de deux axes commerciaux importants : l’un, fluvial, reliant la côte à l’intérieur de la Sabine, était utilisé pour le commerce du sel qui représentait dans l’Antiquité un aliment fondamental pour la vie humaine. L’autre, routier, reliant l’Étrurie aux comptoirs et aux villes grecques deCampanie, servait aux échanges commerciaux entre ces deux populations. Contrôler l'île signifiait maîtriser les échanges qui y transitaient et c’est très probablement de là que vient l'importance de Rome à ses débuts.

La fondation de Rome est légendaire ; elle est attribuée à Romulus, descendant d'Enée. Romulus aurait été élevé par une louve, avec son frère Rémus. La tradition populaire généralement admise – et reprise aussi parVarron (qui dans leDe lingua latina jeta les bases de l'étude linguistique du peuple latin) – veut qu'elle ait été fondée parRomulus le753 av. J.-C. ; après avoir tué son frère. Dans sesAnnales,Ennius situe la fondation en875 av. J.-C., tandis que Fabius Quintus se rapproche de la position de Varron la situant en748 av. J.-C. Déterminer la date exacte de la naissance de Rome n'a jamais été une tâche facile pour les historiographes,Lucius Cincius Alimentus (auteur d'écrits en forme d'annales) et l’historien grecTimée de Tauroménion (qui vécut environ au troisième siècle av. J.-C.) plaçaient respectivement en729 av. J.-C. et en814 av. J.-C. la fondation de la future « ville éternelle » (pour Timée, donc, elle est presque contemporaine de celle deCarthage).
D'un point de vue scientifique, on admet que Rome est née de l'association des tribus de la région (et de la réunion des villages qui occupaient le sommet des collines) vers leVIIIe siècle av. J.-C. ; il faut y voir une décision stratégique et politique plutôt que la construction d'une citéex nihilo. Ainsi commença la période de la « Rome carrée », ainsi nommée d'après la forme carrée dumont Palatin, même si on ne peut pas encore parler d'une véritable ville. Le développement de cette implantation commence sous la domination étrusque. Les fouilles menées autour duForum Boarium (Marché aux bœufs) et duForum Romanum (Forum de Rome) démontrent une occupation d'abord relativement fruste, puis une influence reliée à la culture étrusque, notamment de nombreux fragments de céramique architectonique, contemporaine d'une évolution dans les modes funéraires. Au cours duVIIIe siècle av. J.-C., l'urbanisation gagne les grands centres italiens, formant un chapelet de cités commerciales, unies par les échanges mais non fédérées. L'enjeu stratégique de la future Rome explique en grande partie la domination progressive de la culture étrusque dans cet embryon de ville. Rapidement, la société se diversifie, la population croît, et la monarchie s'impose.

Romulus sera le premier roi de Rome et six autres monarques lui succéderont, eux aussi probablement d’origineétrusque. À chaque souverain, on attribue généralement une contribution particulière dans la naissance et la création des institutions romaines et dans le développement socio-politique de la cité : Romulus est considéré comme le fondateur de la ville, à laquelle il donna ses principales institutions civiles et le Sénat,Numa Pompilius créa les principales institutions religieuses (parmi lesquelles le temple de Janus, le culte desvestales, la charge deGrand Pontife -pontifex maximus - la subdivision de l’année en douze mois avec, précisément réglementées, toutes les fêtes et célébrations religieuses),Tullus Hostilius, en battant les Sabins et en conquérantAlba Longa, amorça l'expansion territoriale dans le Latium, àAncus Marcius on doit la fondation du port de Rome par excellence,Ostie,Tarquin l'Ancien érigea le temple de Jupiter et construisit lecloaca maxima,Servius Tullius divisa la population citadine en cinq classes decens et construisit la première enceinte fortifiée (les murailles serviennes dont on peut observer quelques vestiges à l'intérieur duForum Termini) ; le dernier roi futTarquin le Superbe qui, à cause de son comportement arrogant et de son mépris envers les citoyens et les institutions romaines, sera chassé par le peuple en509 av. J.-C.
La déposition du dernier roi de Rome coïncida avec une période de fort déclin des Étrusques : ceux-ci en effet, dans leur expansion vers le sud, arrivèrent au contact des Grecs. À la suite d'un premier conflit avec les colons commença la décadence. Rome réussit ainsi à se libérer du joug étrusque, après avoir chasséTarquin le Superbe. Les Étrusques laissèrent une influence durable sur Rome. Les Romains apprirent d'eux à construire des temples, et leur doivent l'introduction du culte d’une triade de dieux (Junon,Minerve etJupiter) :Uni,Menrva etTinia. Ils transformèrent Rome d'une communauté de bergers en une ville. Ils servirent encore d'intermédiaires dans la transmission d'éléments empruntés à la culture grecque, notamment une version occidentale de l’alphabet grec.
Le pivot de l’organisation sociale était constitué par la famille, qui n'était pas fondée seulement sur les liens du sang, mais aussi sur un rapport juridique depatria potestas. Le chef en était lepater familias, auquel faisaient allégeance les fils, l’épouse, les filles, les petits enfants, leurs épouses, les esclaves, lesliberti et lesclients.
Les diverses familles, selon les liens du sang, constituaient lesgentes.
Ledroit romain attribuait seulement à cesgentes la personnalité juridique. Très vite, Rome se peupla d’autres personnes, qui n'étaient ni esclaves, ni membres desgentes : ce n'étaient pas despatriciens et ils furent donc appelésplébéiens. Lesplébéiens étaient des hommes libres, mais ils ne pouvaient pas fonder à leur tour unegens.
L'autorité dupater familias sur sa famille était illimitée, tant endroit civil qu'en droit pénal. L'autorité du roi était circonscrite aux devoirs militaires, à la politique étrangère et à arbitrer les conflits entregentes.
Le peuple de Rome était à l'origine divisé en trois tribus (Ramnenses, Titientes, Luceres), principalement dans l'objectif du recrutement militaire, organisé en centuries.
Les rois tentèrent d’affaiblir le pouvoir du patriciat, dans le but de reconnaître desgens d’origine étrangère, lesgenti minori.
Après l'an509 av. J.-C., Rome s'allia avec d'autres villes latines pour leur défense commune contre les incursions desSabins, tandis qu’entre-temps, avant400 av. J.-C., la puissance étrusque était confinée à l'intérieur de l'Étrurie. Rome commençait à émerger comme la ville dominante duLatium, mais en387 av. J.-C. (ou en 390 ?) elle fut mise àsac par des envahisseursgaulois conduits parBrennos qui avait déjà envahi l'Étrurie. Par la suite et durant toute l'époque républicaine, l’État romain reprit l'offensive et mena une longue série de guerres : il conquit l'Étrurie, prit des territoires aux Gaulois dans le nord et soumit les autres Latins et lespopulations samnites au sud. En290 av. J.-C. plus de la moitié de la péninsule était dominée par Rome. Au milieu duIIIe siècle av. J.-C. même les cités grecques furent soumises.
Les guerres contre les diverses cités italiennes, celles contre les Gaulois, lesguerres puniques et celle contre la Macédoine, permirent de consolider la domination sur l'Italie et d'entamer l'expansion enEspagne et enMacédoine. La date marquante de cette expansion en Méditerranée est l'an146 av. J.-C., année au cours de laquelle, après un siège de trois ans et trois guerres menées pendant un siècle contre Rome,Carthage tomba définitivement et fut complètement rasée par les légions romaines deScipion Émilien ;Corinthe, ville symbole de la résistance grecque à la politique d’expansion romaine, fut également conquise et détruite ; par ces deux grandes victoires, Rome transforma son rôle de puissance régionale en Méditerranée occidentale en celui de superpuissance incontestée dans l'ensemble du bassin méditerranéen, qui depuis lors prit le nom demare nostrum. Les classes dirigeantes s’ouvrirent à l'influence de la culture grecque et des œuvres d'art et d'artisanat artistique furent importées en grand nombre de Grèce et des provinces orientales de culture hellénique. Les grandes puissances hellénistiques en Orient (Empire séleucide, royaume de Macédoine, royaume d'Égypte ptolémaïque) sont battues ou vassalisées et l'Armée macédonienne qui domine depuis deux siècles les champs de bataille méditerranéens surclassée par les légions romaines, moins meurtrières mais bien plus mobiles et flexibles.
Les problèmes induits par une expansion aussi importante que soudaine que dut affronter la République furent énormes et de plusieurs sortes : les institutions romaines étaient jusqu'alors conçues pour administrer une cité-État ; désormais lesprovinces (comparables aux colonies des États modernes, à ne pas confondre avec les colonies romaines proprement dites, lesquelles étaient des implantations de citoyens romains à plein titre,cives optimo iure, hors du territoire public de la République mais relevant de l'administration directe de l'État romain) s'étendaient de l'Ibérie, à l'Afrique, à laGrèce et à l'Asie.
Les guerres continuelles, à l'intérieur et à l'extérieur, mirent en outre sur le « marché » un très grand nombre d’esclaves, lesquels furent usuellement employés dans les exploitations agricoles despatriciens romains, avec des répercussions importantes sur le tissu social. En effet, les petits propriétaires terriens furent rapidement en crise à cause de la concurrence accrue deslatifundia esclavagistes (qui produisaient pratiquement à coût zéro), ce qui entraîna la concentration des terres cultivables en peu de mains et l'afflux d'une grande quantité de marchandises à bas prix, et engendra la naissance d'un sous-prolétariat urbain : les familles obligées de quitter les campagnes se réfugiaient dans l'Urbs, où elles ne trouvaient ni travail, ni logement, ni de quoi se nourrir, ce qui provoqua de dangereuses tensions sociales habilement exploitées par les politiciens les plus madrés. La structure originelle de la famille, des relations sociales et de la culture romaine en fut profondément bouleversée.
Le contact avec une civilisationgrecque plus évoluée et l'arrivée dans la ville de très nombreux esclaves helléniques (souvent plus cultivés et instruits que leurs maîtres) causèrent chez le peuple romain, en particulier dans la classe dirigeante, des sentiments et des passions ambivalents : d'une part on voulait (et réussi en grande partie à la fin) rajeunir, rénover, les mœurs rurales romaines -mos maiorum- en introduisant des usages et des connaissances en provenance de l'Orient, ce qui permit d'accroître de façon significative le niveau culturel des Romains, au moins chez les patriciens - introduction de laphilosophie, de larhétorique, de lalittérature et de lascience grecques - mais cela engendra aussi une « décadence » des valeurs morales traditionnelles, dont témoigne la diffusion de coutumes et d'habitudes nouvelles. Tout cela provoqua une vive résistance de la part des milieux les plus conservateurs de la communauté romaine. Ceux-ci se liguèrent contre les cultures étrangères accusées d'être responsable de la corruption des coutumes, d'indécence, d'immoralité, de sacrilège envers les rites religieux romains.
Ces deux camps opposés furent représentés par deux groupes aux visions radicalement contraires : le cercle culturel des Scipions, qui donna à Rome quelques-uns de ses chefs militaires les plus doués (Scipion l'Africain en premier), et le cercle deCaton l'Ancien, lequel lutta de façon acharnée contre l'hellénisation de l'art de vivre romain avec une ténacité et une vigueur légendaires (ou décriée selon les points de vue), pour la restauration dumos maiorum le plus ancien, authentique et originel, cet ensemble de coutumes et d'usages typiques de la Rome archaïque qui, selon Caton, avaient permis au peuple romain de rester uni face à l'adversité, de vaincre toutes sortes d’ennemis, de soumettre le monde à sa volonté. Ce conflit entre nouveaux et anciens ne s'apaisa pas jusqu'à la fin de la République ; au contraire, cette opposition entre « conservatisme » et « progressisme » perdura dans l’histoire romaine, même à l'époqueimpériale.
La petite propriété terrienne mise en état de crise par les exploitations agricoles patriciennes (qui exploitaient le travail des esclaves), et les nouvelles influences culturelles provoquèrent de fortes tensions sociales à l'intérieur de la société romaine.
AuIer siècle av. J.-C., laRépublique commença à se fissurer, les personnages les plus influents, affirmant fortement leur pouvoir personnel et se faisant les interprètes des besoins des masses défavorisées ou de la nécessité de maintenir le pouvoir aux mains desgentes les plus importantes et les plus riches, conduisirent à la guerre civile. La République dut également affronter une révolte des esclaves menée parSpartacus. Celle-ci est écrasée au prix de plusieurs massacres :Pompée exterminera cinq mille esclaves en Étrurie etCrassus en fera crucifier six mille autres, tout au long de la Via Appia[1].
D'autres conquêtes suivirent, laGaule parJules César, et les Romains allèrent jusqu'enSyrie et enArménie.

La chute de l'Empire romain d'Occident ne changea pas beaucoup les choses pour Rome.Odoacre et donc lesOstrogoths continuèrent, comme les autres empereurs, à gouverner l'Italie depuisRavenne. Entre-temps, le Sénat, bien que privé depuis longtemps de ses pouvoirs, continuait seul à administrer Rome, et le Pape était généralement issu d'une famille sénatoriale. Cette situation perdura jusqu'à ce que l'Empire romain d'Orient, sous le règne deJustinienIer, prit la ville en536.
Cependant la confrontation entre les Ostrogoths et les Byzantins s'exacerba, entraînant une série de guerres qui dévastèrent Rome et les territoires environnants.
En546 les Ostrogoths deTotila reprirent et saccagèrent la ville. Le général byzantinBélisaire reprit Rome, mais encore une fois les Ostrogoths l'occupèrent en549. Bélisaire fut remplacé parNarsès, qui arracha une fois pour toutes Rome des mains des Ostrogoths en552. Comme résultat de la guerre permanente autour de Rome entre 530 et 550, la ville tomba en décadence, abandonnée et désolée.
L'empereur byzantinJustinienIer (527-565) garantit des subsides à Rome pour entretenir les bâtiments publics, les aqueducs et les ponts. Ceux-ci dans le contexte d'une Italie appauvrie par les guerres récentes, n'étaient pas toujours suffisants. Justinien parraina également des savants, orateurs, médecins et législateurs publics dans l'espoir que très vite davantage de jeunes auraient recherché une meilleure éducation. Après les pierres, le Sénat fut rétabli sur le papier, mais sous l'autorité d'unpréfet et d'autres officiers nommés par les autorités byzantines àRavenne.
De toute façon, le pape était devenu l'une des principales figures religieuses de tout l'empire byzantin, et en réalité plus puissant à Rome que les sénateurs restants, ou que les officiers byzantins. En pratique, le pouvoir local à Rome était dans les mains du pape, et au cours des décennies suivantes, beaucoup des possessions de l’aristocratie sénatoriale et de l’administration byzantine furent absorbées par l’Église.
Le règne du neveu de Justinien, son successeur,Justin II (565-578) verra les invasions desLombards conduits parAlboïn (568), qui s'emparèrent des régions deLombardie,Piémont,Toscane,Spolète etBénévent, réduisant le pouvoir impérial à de petits territoires essentiellement côtiers, comme ceux deRavenne,Naples etRome. La seule ville de l’intérieur restée sous le contrôle byzantin étaitPérouse, chef-lieu de la dernière bande de terre qui reliait Rome à Ravenne. En578 et en580, le Sénat, dans l'un de ses derniers actes enregistrés, dut solliciter le soutien deTibère II Constantin de Byzance (578-582), contre les menaces voisines, le ducFaroaldIer de Spolète et le ducZotton de Bénévent.
L'empereurMaurice (582-602) donna un nouveau cours au conflit en s'alliant avecChildebert II d'Austrasie (579-595). Les armées duroi franc envahirent les territoires des Lombards en584,585,588 et590. Entre-temps Rome souffrit beaucoup d'une désastreuse inondation duTibre en589, suivie de la peste en590. À noter la légende de l’apparition, alors que le papeGrégoireIer (590-604) à peine élu passait en procession près du tombeau d'Hadrien, d'un ange planant sur les constructions et dégainant son épée flamboyante comme signe que la peste allait cesser. Au moins la ville fut sauvée de la conquête des Barbares.
Agilulf, le nouveau roi lombard (591-616) réussit à établir la paix avec Childebert, réorganisa ses territoires et reprit les hostilités contreNaples et Rome à partir de592. Avec l'empereur préoccupé par les guerres sur les frontières orientales et l'incapacité desexarques successifs à protéger Rome des invasions, Grégoire prit une initiative personnelle pour commencer les négociations d'un traité de paix. Conclu à l'automne598 ce dernier n'obtint qu'ensuite la reconnaissance de MauriceIer, mais il dura jusqu'à la fin de son règne.
La position dupatriarche de Rome se renforça sous le règne de l'usurpateurPhocas (602-610). Phocas reconnut sa primauté sur lepatriarche de Constantinople et proclama le papeBoniface III (607) comme le « chef de toutes les Églises ».
Durant leVIIe siècle, un afflux d'officiers et de clercs byzantins venus d'autres régions de l’empire renforça l'influence de lalangue grecque dans les hautes sphères de l’Église. Cette forte influence culturelle byzantine n'amena toutefois pas toujours l'harmonie entre Rome et Constantinople. Dans la controverse sur lemonothélisme les papes étaient soumis à de fortes pressions (parfois contraints par la force) dès qu'ils ne s'alignaient pas sur les positions théologiques changeantes de Constantinople. En653, le papeMartinIer fut déporté à Constantinople et, après un jugement, exilé enCrimée où il est mort.
En663, Rome reçut la visite deConstant II, première visite impériale depuis deux siècles. Mais le profond fossé culturel (l'empereur parlait grec) ainsi que le peu d'aide concrète apportée firent de ce voyage un fiasco. Pendant le demi-siècle qui suivit, à part quelques tensions, Rome et la papauté préférèrent continuer à suivre le gouvernement byzantin, en partie parce que l'alternative était le gouvernement lombard, et en partie parce que l'approvisionnement des Romains venait pour l'essentiel de domaines de la papauté situés dans d'autres régions de l’Empire, en particulier enSicile.
En727, le papeGrégoire II refusa d'accepter le décret de l’empereurLéon III qui établissait l'iconoclasme. Léon tenta, sans succès, d'imposer l'iconoclasme à Rome par la force des armes. Il confisqua les domaines du pape en Sicile et transféra les terres précédemment ecclésiastiques de l’empire aupatriarche de Constantinople. En pratique, Rome était expulsée de l'Empire byzantin.
Cela laissa Rome complètement aux mains des forces locales pour sa protection contre les invasions des Lombards, désormais encouragées même par les Byzantins. De nouvelles protections étaient nécessaires, et finalement, en753, le papeÉtienne II poussaPépin le Bref, roi desFrancs à attaquer les Lombards avec la bénédiction de la papauté.
Le lundi 23 août 846, une flottebarbaresque accoste à l'embouchure du Tibre, met à sac la ville d'Ostie, puis lance un raid terrestre qui pille labasilique Saint-Pierre de Rome et labasilique Saint-Paul-hors-les-Murs (voirSac de Rome (846)), situées alors hors des murs de la Ville.
Le papeLéon IV commanda alors la construction d'un mur défensif partant dumausolée d'Hadrien, contournant la basilique Saint-Pierre, puis revenant au Tibre. Financé par l'empereurLothaireIer qui ordonna un impôt spécial dans tout son empire, l'ensemble de cette fortification reçut le nom decité léonine.
En 849 une flotte musulmane s'approcha de nouveau du port d'Ostie, avec les mêmes buts que précédemment, mais fut durement éprouvée par une tempête, puis détruite par une flotte chrétienne[2].

Les historiens parlent d’une sorte d'échange entre les milieux pontificaux et les Francs, les premiers concédant aux seconds, à Pépin le Bref d’abord et à Charlemagne ensuite, le charisme impérial, qui devait les rattacher à l'Empire romain « d'Occident » pour la défense de la chrétienté, et recevant en retour la reconnaissance d'une prétendue « donation de Constantin » en faveur du pouvoir temporel de l’Église sur la ville de Rome et les territoires avoisinants.
Le pouvoir croissant du pape l'amena inévitablement à affronter l'Empire byzantin, irrité du rôle politique toujours plus ouvertement et librement assumé par l'Église, le conflit culmina dans la controverse sur l’iconoclastie, refusée par le papeGrégoire II. L'empereur byzantinLéon III, finit par exclure Rome de l'Empire, si bien que Rome ne put alors compter que sur son alliance avec les Francs, grâce auxquels la ville ne tomba pas aux mains des nombreux ennemis qui l'entouraient.
C’est à cette époque que furent effectivement constitués lesÉtats pontificaux, dont Rome était la capitale, qui devint rapidement le centre mondial du christianisme de rite latin. Le pouvoir du pape ne lui permettait pas encore de gouverner ni de défendre l'État, mais il devait rapidement s'accroître et les expériences républicaines perdirent de l'importance, jusqu'à leur disparition complète.
QuandPépin III défit lesLombards en 756, Rome devint la capitale desÉtats pontificaux, une entité territoriale au moins nominalement gouvernée par la papauté. En pratique, le gouvernement de la ville était disputé par de nombreuses factions de la noblesse romaine, le pape, leSaint-Empire romain germanique et, occasionnellement, des insurrections républicaines.
Après la suppression de la République de 1434, la papauté soumit le gouvernement de Rome à la bureaucratie ecclésiastique. À cette époque, Rome devint le centre mondial duchristianisme et joua un rôle politique qui en fit une des villes les plus importantes du vieux continent. À l'époque de laRenaissance, Rome devint également un très important foyer culturel, qui disputait àFlorence et àVenise les innovations artistiques les plus significatives. Dans les arts, si Florence était le berceau de l’humanisme et de laRenaissance, Rome le fut aussi à partir duXVe siècle, et, par la suite auXVIIe siècle, elle allait devenir le centre dubaroque, dont l'architecture influença beaucoup ses quartiers.
Durant leXVIe siècle, suivantJean Delumeau, et en dépit du sac de 1527,« c'est proprement une ville nouvelle qui s'est élevée […] :54 églises, dontSaint-Pierre ; une soixantaine de palais, dont leVatican ;20 villas aristocratiques ; des logements pour 50 000 nouveaux habitants ;2 quartiers nouveaux ; plus de30 rues neuves ;3 aqueducs […] ; au moins35 fontaines »[3]. De 55 000 habitants vivant dans « 9 285 case » vivant à Rome en 1526, la population passe àenviron 45 000 en 1555[4] — conséquence du sac de 1527 et de l'épidémie de peste qui s'ensuivit — mais croît ensuite pouratteindre 100 000 à la fin du siècle[5].
En, le pape Paul IV révoque les droits concédés auxJuifs et ordonne la création dughetto de Rome dans une partie du centre de la ville délimitée par lePortico di Ottavia. La population juive y sera regroupée et vivra dans des conditions très pénibles[6]. En 1360, les hommes et femmes de confession israélite devaient porter à Rome dessurcots rouges[7].

À la fin duXVIIIe et auXIXe siècle, les mouvements révolutionnaires caractérisant cette époque n'ont pas exclu Rome. Le gouvernement des papes fut interrompu par la courte existence de laRépublique romaine (1798) instituée par des envoyés duDirectoire. L'organisation politique était inspirée du modèle de laRévolution française. La ville de Rome fut également le chef-lieu du département de Rome durantl'Empire français, de 1809 à 1814.
Uneautre République romaine surgit en1849, dans le courant desrévolutions de 1848. Deux des plus influentes figures de l’unification italienne,Giuseppe Mazzini etGiuseppe Garibaldi, combattirent pour l'éphémère république. Mazzini fut nommé triumvir avecCarlo Armellini etAurelio Saffi.
Le pape s’opposa au processus d’unification de l’Italie qui allait conduire à la réunification de toute la péninsule sous le contrôle desSavoie. Le retour du papePie IX à Rome, avec l'aide des troupes françaises en 1850, exclut Rome du processus d’unification qui se traduisit par ladeuxième guerre d'indépendance italienne et par l’expédition des Mille, à la suite de laquelle toute la péninsule italienne, excepté Rome et Venise, fut réunifiée sous le règne desSavoie.

En1870 à la suite de la défaite française devant laPrusse, la France n'était plus en mesure de protéger lesÉtats pontificaux. L'armée italienne entra dans Rome (prise de Rome) par laPorte Pie le, après trois heures de canonnade. Rome et le Latium furent annexés au royaume d'Italie.
À l'origine, le gouvernement italien avait offert à Pie IX de conserver la Ville léonine, mais le pape refusa l'offre parce qu'y souscrire aurait signifié accepter la souveraineté de l’Italie sur son domaine. Pie IX se déclara prisonnier au Vatican, même si en réalité il n’était pas empêché d’entrer ni de sortir. La capitale du royaume fut officiellement transférée de Florence à Rome seulement en1871.

La ville que les Savoie choisirent comme capitale de l'Italie en 1871 était bien loin de posséder les qualités d’une capitale européenne. Histoire, ruines et pittoresque à volonté - mais aucune trace de bourgeoisie libérale, une noblesse bigote et ignorante, une foule de prêtres et de sœurs qui vivaient des rentes des biens ecclésiastiques, un peuple ignorant et miséreux (celui-là même à quiGiuseppe Gioacchino Belli avait érigé le monument de ses Sonnets) – moins de 250 000 habitants, analphabètes à 70 %,malaria et des brigands aux abords à peine franchie laporte San Paolo, aucune industrie au sens moderne du terme.
En1874, la municipalité de Rome porte un coup majeur à l'encontre duCarnaval de Rome qui était une grande fête populaire. Elle interdit son événement final et principal revenant chaque année : la course de chevaux libresvia del Corso[8]. Cette interdiction contribuera à faire disparaître cette fête. Elle est aujourd'hui oubliée du grand public.
En trente ans, jusqu’en1900, la population a doublé, ainsi que la ville bâtie et Rome entre dans la civilisation moderne et reprend sa croissance.
La Rome d’aujourd’hui reflète les stratifications des époques de sa longue histoire, mais c'est aussi une grande métropole moderne. Le vaste centre historique contient de nombreux vestiges de la Rome antique, quelques vestiges de l'époque médiévale, de nombreux trésors artistiques de laRenaissance, nombre d’églises et de palaisbaroques, avec beaucoup d'exemples de l’Art nouveau, dunéoclassicisme, dumodernisme, durationalisme et d’autres styles artistiques desXIXe etXXe siècle, la ville peut être considérée comme une sorte d’encyclopédie vivante de 3 000 ans d’art occidental.
Le centre historique s’identifie avec les limites des antiques ousmoutou impériales. Certaines zones ont été restructurées à la suite de la réunification (1880-1910 Rome Umbertina), et quelques adjonctions et adaptations furent réalisées pendant lapériode fasciste, avec la création de laVia dei Fori Imperiali etVia della Conciliazione face auVatican (pour la construction de laquelle une grande partie duBorgo adjacent fut détruite ; et la fondation de nouveaux quartiers (parmi lesquelsEur (construit en vue de l’Exposition universelle de1942),San Basilio,Garbatella,Cineville,Trullo,Quarticciolo, et, sur la côte, la restructuration d'Ostie) et l'annexion des villages limitrophes (Labaro,Osteria del Curato,Quarto Miglio,Capannelle,Pisana,Torrevecchia,Ottavia,Casalotti). Cela a entraîné une extension vers le sud-est, le long des voies Tiburtine, Prenestine, Casiline, Appia Nouvelle. La ville a dépassé le cours de l’Aniene d'un côté et s'est étendue vers la mer de l'autre, au nord-ouest elle a englobé Monte Mario. Ces extensions étaient nécessaires pour faire face à la grande croissance démographique due à la centralisation de l’État italien.
Durant laSeconde Guerre mondiale, Rome a souffert de lourds bombardements (notamment àSan Lorenzo) et de batailles (Porta San Paolo,La Storta) et fut déclarée « ville ouverte ». Cependant, Rome évita une destruction totale comme àBerlin ouVarsovie. La ville tomba aux mains desAlliés le. Ce fut la première capitale d’unepuissance de l’Axe à tomber.
Après la guerre, Rome continua à s'étendre du fait de l'administration croissante et de l'industrie italienne, avec la création de nouveaux quartiers et faubourgs. La population actuelle est officiellement d'environ 2,8 millions d'habitants, mais les jours ouvrables, on estime qu'elle dépasse 3,5 millions. C'est une croissance notable comparée au passé, en effet le nombre d'habitants était de 138 000 en1825, de 244 000 en1871, de 692 000 en1921 et de 1 600 000 en1961. Tout autour de la ville, s’est créé un réseau de quartiers périphériques en continuelle expansion, ce qui a engendré une série de problèmes sociaux et économique.
Rome accueillit lesJeux olympiques d'été de 1960, utilisant de nombreux sites antiques comme lavilla Borghèse et lesthermes de Caracalla pour les accueillir. Pour ces Jeux olympiques de nouvelles structures ont été créées, comme leStadio Olimpico, le grand stade olympique (qui fut par la suite encore rénové et agrandi pour accueillir les qualifications et la finale de la Coupe du Monde de football de 1990 de laFIFA), levillage olympique (créé pour héberger les athlètes et transformé après les jeux en un quartier résidentiel).
Beaucoup de monuments de Rome ont été restructurés par l’État italien et par leVatican à l'occasion duJubilé de 2000.
Capitale de l’Italie, Rome accueille les principales institutions de la nation, comme la présidence de la République, le gouvernement et les ministères, le parlement, les principales cours judiciaires, et les délégations diplomatiques de toutes les nations auprès de l’État italien et du Vatican (curieusement, Rome accueille dans la partie italienne de son territoire, l’ambassade italienne auprès du Vatican, cas unique d’une ambassade installée à l’intérieur des frontières de son propre pays). De nombreuses institutions internationales ont leur siège à Rome, institutions culturelles, scientifiques ou humanitaires comme laFAO.
Auxélections municipales du 19 juin 2016, pour la première fois de leur Histoire pluri-millénaires, les Romains élisent une femme à la tête de leur ville :Virginia Raggi (duMouvement 5 étoiles)[9].
Aujourd’hui, Rome est l’une des plus importantes destinations touristiques du monde, grâce à son immense patrimoine archéologique et à ses trésors artistiques, mais aussi pour ses traditions uniques et la beauté de ses vues et de ses villas. Parmi les curiosités les plus intéressantes, il y a de nombreux musées (musées Capitolins,musée du Vatican,Galerie Borghèse, et beaucoup d’autres), des églises, des constructions historiques, les monuments et les ruines duForum romain et desCatacombes.
Parmi les centaines d’églises, Rome héberge les quatre principales basiliques de l’Église catholique :
L’évêque de Rome est lePape, assisté d’un vicaire (normalement uncardinal) pour ses activités pastorales. Rome est l'unique ville au monde qui contienne un État (leVatican) dans ses limites communales.
Sur les autres projets Wikimedia :
Histoire de l'Italie (régions, villes) | |
|---|---|
| Histoire régionale | |
| Histoire des villes | |