Ainsi, l'Himalaya abrite dix des quatorzesommets de plus de 8 000 mètres d'altitude, dont le montEverest, le plus haut de tous ; les quatre autres se situent dans leKarakoram. Ces hauts sommets ont donné lieu à de nombreuses expéditions d'alpinistes renommés et ont tous été conquis.
L'Himalaya fait partie d'un ensemble montagneux plus vaste encore que l'on désigne par « Aire Hindou Kouch-Himalaya » (HKH), laquelle comprend les chaînes duKarakoram, de l'Hindou Kouch et duPamir. Ce vaste ensemble chevauche huit pays et abrite plus de 140 millions de personnes.
Image satellite de la chaîne de l'Himalaya. Leplateau tibétain est près du centre, et la plaine deTaklamakan est visible dans la zone claire en haut de l'image.
L'Himalaya s'étend sur plus de 2 400 km, depuis leNanga Parbat, auPakistan, à l'ouest jusqu'auNamche Barwa à l'est. Il comporte trois chaînes parallèles, disposées en ordre d'altitude et d'ère géologique.
La plus jeune des trois chaînes est dite « sub-himalayenne » (collines de Shivalik) et s'élève à environ 1 200 mètres d'altitude. Elle s'est formée par l'érosion depuis la formation de l'Himalaya et constitue sescontreforts méridionaux. Parallèle à cette chaîne, se trouve celle du « Bas Himalaya » dont l'altitude varie de 2 000 à 5 000 mètres. Enfin, la chaîne la plus au nord, le « Grand Himalaya », est la plus ancienne des trois. Elle s'élève à plus de 8 000 mètres d'altitude et comporte un grand nombre des plus hauts sommets du monde, dont les trois premiers sont l'Everest, leK2, et leKangchenjunga. Au total, 164 sommets dépassent l'altitude de l'Aconcagua, le point culminant de lacordillère des Andes et la plus haute montagne en dehors de l'Asie[3].
« Les neiges faibles » en tibétain, à l'aube et au crépuscule, les roches de couleurs cuivre réfléchissent les rayons obliques du soleil, ce qui fait paraître la montagne en flamme.
Les plus hautes régions de l'Himalaya sont recouvertes de neige toute l'année malgré leur proximité avec les tropiques, et les glaciers alimentent de nombreusesrivières qui se divisent en deux grands systèmes :
Cette image montre la limite des glaciers dans le Bhoutan-Himalaya.
Le bassin occidental regroupe la vallée de l'Indus, dont la rivière du même nom est la plus longue. L'Indus commence au Tibet, auconfluent duSengge et duGar, et coule vers le sud-ouest en direction duPakistan jusqu'à lamer d'Arabie (ou mer d'Oman). L'Indus est aussi alimenté par laJhelum, laChenab, leRavi, laBeâs, et leSutlej (parmi les principales).
Le bassin central et oriental, constitué de toutes les rivières ne faisant pas partie du bassin de l'Indus, draine la vaste partie de laplaine indo-gangétique en formant les deux grands fleuvesGange etBrahmapoutre. Le Gange prend source dans leglacier de Gangotri, où il porte le nom deBhagirathi, puis coule vers le sud-est à travers les plaines du nord de l'Inde. Ses principaux affluents himalayens sont l'Alaknanda, laYamuna, laGhaghara, leGandak et leKoshi. Arrivé auBengale, il finit par se diviser en deux défluent, l'Hooghly et laPadma. Le Brahmapoutre prend naissance dans l'ouest du Tibet sous le nom deYarlung Zangbo (ou Tsangpo), et traverse le Tibet d'ouest en est avant d'atteindre le nord-est de l'Inde, où il se dirige vers le sud et crée le canyon le plus profond au monde, lecanyon du Yarlung Tsangpo. Le Brahmapoutre arrive au Bangladesh et finit par rejoindre la Padma (Gange) en façonnant le plus grand delta du monde, ledelta du Gange-Brahmapoutre, le cœur de la région du Bengale. Les deux cours d'eau se jettent dans legolfe du Bengale, en trouvant leur estuaire notamment dans lesSundarbans.
LeSalouen, leMékong, leYangzi et lefleuve Jaune sont tous originaires du plateau tibétain, mais ils ne sont pas considérés comme de vrais fleuves de l'Himalaya. Pour désigner cet ensemble de fleuves, certains géographes parlent de fleuvespéri-himalayens[4].
L'Himalaya et l'Hindou Kouch voisin sont particulièrement touchés par le réchauffement climatique. Sur la base d’images satellitaires de40 ans, les chercheurs ont calculé que les glaciers avaient perdu environ un quart de leur masse au cours des40 dernières années. Entre 2000 et 2016, ils ont perdu en moyenne7,7 milliards de tonnes de glace par an[5]. Les résultats d'une étude de 2019, impliquant plus de 350 chercheurs, montrent que même atteindre l'objectif optimiste de1,5 °C de laConférence de Paris bouleverserait le système climatique de l'aire montagneuse. À la fin de ce siècle, environ un tiers de la surface de glace serait perdu dans cette région. L’approvisionnement en eau de près de deux milliards de personnes est alimenté par les systèmes glaciaires. Par conséquent, on pourrait s'attendre à des conséquences dramatiques pour la population si la protection du climat échouait[6].
Les lacs de montagnes sont connus par les géographes sous le nom delaquets s'ils ont été créés par une activité glaciaire. Les « laquets » se situent principalement proches des sommets de l'Himalaya, à environ 5 000 mètres d'altitude[8].
Il y a80 millions d'années (Ma), auCrétacé supérieur, l'Inde était une île, située à 6 400 km au sud du continent asiatique[11]. Se dirigeant vers le nord à la vitesse de9 mètres par siècle[9], elle a heurté la plaque eurasienne.
Le début de la collision Inde-Asie, essentiel pour comprendre l'évolution de l'orogène himalayen-tibétain, a été largement étudié à travers des approches multidisciplinaires. Une datation précise a été obtenue en 2020 par l'étude stratigraphique, sédimentologique et géochronologique (par datation dezircons et detufs) des sédiments superposés sur la marge passive indienne, qui proviennent d'abord de l'Inde puis de l'Asie : entre 62,7 et 61,0 ± 0,3 Ma[13].
Cette intense activité tectonique rend la région très active du point de vue sismique. D'ailleurs, desséismes historiques de magnitude 8 et plus sont documentés sur le front sud de l'Himalaya.
La chaîne de l'Himalaya a une forte influence sur les climats du sous-continent indien et du plateau tibétain. Comme elle empêche les vents secs et glaciaux qui soufflent vers le sud d'atteindre l'Inde, le climat de tout le sud de l'Asie est bien plus chaud que celui d'autres régions situées à la même latitude. L'Himalaya forme aussi une barrière empêchant les vents de mousson en provenance du golfe du Bengale de progresser vers le nord, ce qui explique que le versant nord de la chaîne est aride tandis que son versant sud est humide parce que plus exposé aux pluies de mousson. Enfin, l'Himalaya serait aussi un des facteurs importants dans la formation des déserts enAsie centrale, tels que lesdéserts deTaklamakan et deGobi.
L'Himalaya arrête les perturbations qui viennent de l'ouest et qui sévissent en Iran durant l'hiver. Ces perturbations ne peuvent pas aller plus loin, ce qui provoque d'importantes chutes de neige dans leCachemire et de fortes pluies dans les régions duPenjab et du Nord de l'Inde. Tout en faisant obstacle aux vents du nord, la vallée du Brahmapoutre est propice à ces vents, ce qui cause une baisse des températures dans le nord-est de l'Inde et auBangladesh. Le Brahmapoutre subit des vents particulièrement violents pendant la mousson.
Lafaune et laflore de l'Himalaya varient selon le climat, les précipitations, l'altitude et le sol. Le climat tropical domine au pied des montagnes, tandis que des neiges éternelles caractérisent les plus hauts sommets. La hauteur des précipitations annuelles augmente d'ouest en est sur le front de la chaîne. Cette variété du climat, de l'altitude, des précipitations et du sol génère des communautés végétales et animales et desécosystèmes tout aussi diversifiés.
Dans laplaine indo-gangétique à la base des montagnes, plaine alluviale drainée par les réseaux fluviaux de l'Indus, du Gange et du Brahmapoutre, la végétation varie d'ouest en est selon les précipitations. La région nord-ouest se distingue par ses forêts xérophiles à épineux qui occupent les plaines du Pakistan et du Pendjab indien. Plus à l'est, les forêts humides de feuillus bordent le cours supérieur du Gange auUttar Pradesh et celles du cours inférieur occupent leBihar et l'ouest duBengale. Ces forêts sont soumises aux moussons, et les feuillus qui s'y trouvent perdent leur feuillage durant la saison sèche. Lesforêts tropicales semi-sempervirentes, en raison du milieu plus humide dans la vallée duBrahmapoutre, occupent les plaines de l'Assam.
Au-dessus des plaines alluviales s'étend leTeraï, zone marécageuse saisonnière composée de sols sableux et argileux. Les pluies y sont plus abondantes qu'elles ne le sont dans les plaines, et le courant des rivières qui descendent de l'Himalaya ralentit dans la zone plane du Teraï où celles-ci débordent, y déposant ainsi un limon fertile pendant la mousson, puis elles baissent en saison sèche. La nappe phréatique du Teraï est élevée, et la partie centrale de la ceinture du Teraï se compose desavane et prairies du Terraï et des Douars, mosaïque deprairies et de steppe, de forêts sempervirentes de feuillus, dont certaines des plus vastes prairies au monde. Les prairies de la ceinture du Teraï constituent l'habitat durhinocéros indien (Rhinoceros unicornis).
Au-dessus de la ceinture du Teraï se trouve une zone sèche connue sous le nom deBhabhar où le sol, poreux et rocheux, est constitué de débris venant des chaînes supérieures. Le Bhabhar et la partie inférieure des chaînes duShivalik se caractérisent par un climat subtropical. Dans cette zone subtropicale, lespinèdes, principalement constituées depin chir(Pinus roxburghii), occupent l'extrémité ouest, et lesforêts de feuillus, où prédomine lesal(Shorea robusta), occupent la partie centrale.
En moyenne altitude, les forêts tropicales laissent place aux forêts de feuillus (à l'ouest) et près de l'Assam et de l'Arunachal Pradesh. Au-dessus, et principalement à l'est, se développent des forêts de conifères et de feuillus.
Au-dessus des prés ouest, nord-ouest et est, sur les plus hauts sommets de l'Himalaya, la toundra prédomine. Les alpages sont l'habitat desléopards des neiges(Uncia uncia), une espèce menacée.
la H3 ou route d'Araniko, qui relie le Népal auTibet, viaKodari, par le col de Tong La (5 160 m) au Tibet ;
laNH 5 ouHindustan-Tibet Road, ancienne voie secondaire de laroute de la soie, qui relie les plaines du nord de l'Inde et le Tibet en franchissant le col deShipki La (3 930 m) ;
la NH 58, relieDelhi etGhaziabad auTibet en empruntant une voie secondaire de la route de la soie. Ce chemin utilisé depuis des millénaires par les commerçants et les pèlerins est réputé pour la traversée ducol de Mana (Uttarakhand) à plus de 5 000 mètres d'altitude. Les portugais connaissent ce chemin depuis leXVIIe siècle (expédition des jésuitesAntónio de Andrade et Manuel Marques) ;
EnInde, l'État central a entrepris et continue à entreprendre la construction de nombreuses routes nationales qui devront permettre aux six territoires himalayens du pays d'être connectés au reste de la nation. L'accessibilité jouant un rôle de moteur économique dans ces régions assez souvent isolées (notamment l'Arunachal Pradesh, leLadakh ou leLahaul et Spiti). Une démarche qui comporte également un aspect stratégique prééminent, les territoires étant mieux contrôlés et les infrastructures jouent aussi un rôle dissuasif vis-à-vis des gouvernements chinois et pakistanais, susceptibles d'« envahir » ces États[16]. Ce qui n'est pas sans poser des problèmes d'ordre environnementaux ou socio-économiques[17],[18],[19].
Edmund Hillary (1919-2008) explorateur néo-zélandais etTenzing Norgay (1914 – 1986)Sherpa népalais qui, faisant équipe, furent les premiers à atteindre le sommet de l'Everest en 1953 ;
Jerzy Kukuczka (1948-1989), grimpeur polonais. Il a gravi les14 sommets de plus de 8 000 mètres d'altitude et a ouvert 10 nouvelles voies ;
Reinhold Messner (né en 1944), alpiniste italien. Il a été le premier à gravir les14 sommets de plus de 8 000 mètres d'altitude ;
Yannick Seigneur (1941-2001), alpiniste et auteur. Premier Français à avoir gravi trois 8 000, il a réalisé de nombreuses premières dans l’Himalaya, dont la face Ouest duMakalu, la première duTawesche etc. ;
La taille gigantesque de l'Himalaya a limité les migrations humaines entre le nord et le sud. Les différences sont notables dès que l'on compare les religions, les coutumes et les langues de la Chine et de l'Inde. Les contacts ayant été peu nombreux, les conflits ont été évités : c'est ainsi que la péninsule indienne a échappé aux conquêtesmongoles deGenghis Khan.
L'Himalaya est présent dans la mythologie hindoue sous la forme personnifiée d'Himavat, qui est notamment le père deParvati (« La Montagnarde » en sanskrit), la parèdre deShiva[20].
De nombreux lieux situés le long de l'Himalaya ou associés à celui-ci ont une signification religieuse dans l'hindouisme, lebouddhisme et de nombreuses autres croyances de la région :
Amarnath (Jammu-et-Cachemire, Inde), grotte où unlinga de glace naturelle se forme quelques semaines chaque été. D'après la mythologie hindoue, c'est dans cette grotte queShiva aurait révélé àParvati le secret de l'immortalité. Des milliers de personnes visitent cette grotte durant ces quelques semaines.
Nanda Devi (Uttarakhand, Inde), montagne sacrée parmi les populations hindouistes des régions duGarhwal et duKumaon, qui la considèrent comme la demeure de la déesse de la félicité Nanda Devi ;
L'Himalaya a inspiré de nombreuses œuvres artistiques :
Shangri-La est un roman dont l'action se déroule quelque part dans l'Himalaya. L'histoire, inspirée de la légende deShambhala, a été reprise dans la nouvelleLost Horizon de l'écrivainanglaisJames Hilton en1933. On retrouve cette légende dans le jeu vidéoUncharted 2 ;
Tintin au Tibet est un classique de la bande dessinée écrit et illustré par l'auteurbelgeHergé en1960. Tintin, jeune reporter, part pour l'Himalaya en vue d'enquêter sur le crash d'un avion à la suite de rêves dans lesquels il voyait son amiTchang parmi les victimes ;
Jirō Taniguchi, proche des thèmes de la nature et de la montagne, illustre l'Himalaya à travers le mangaK, mais surtout parLe Sommet des dieux. À travers l'œil de Fumakachi Makoto souhaitant enquêter sur l'ascension de l'Everest parGeorge Mallory, on suit l'expérience imaginaire de l'alpiniste Habu Jôji ;
Himalaya : L'Enfance d'un chef, film franco-népalais de Éric Valli (1999). L'histoire se déroule auDolpo dans le Nord-ouest du Népal. Quoique quelque peu romancée, elle sert de canevas pour illustrer le mode de vie traditionnel des Bothia vivant dans le haut Himalaya népalais ;
dans2012, les arches où les gens pourront se réfugier pour survivre aux tsunamis se trouvent en plein cœur de l'Himalaya.
↑J. M. Maurer, J. M. Schaefer, S. Rupper, A. Corley, « Acceleration of ice loss across the Himalayas over the past 40 years »,Science Advances, Vol. 5,no 6 (DOI10.1126/sciadv.aav7266)
↑Philippus Wester, Arabinda Mishra, Aditi Mukherji, Arun Bhakta Shrestha,The Hindu Kush Himalaya Assessment: Mountains, Climate Change, Sustainability and People(ISBN978-3-319-92288-1)[lire en ligne]
Louis Vivien de Saint-Martin et Vivien de Saint-Martin (M),Étude sur la géographie grecque et latine de l'Inde, et en particulier sur l'Inde de Ptolémée dans ses rapports avec la géographie sanscrite, Imprimerie impériale,,p. 416
« Chez Ptolémée, le nom d'Imaüs (transcription grecque de la forme usuelle du nom d'Himâlaya) s'applique à la chaîne centrale, depuis la région des sources du Gange [...] jusque au-delà des sources du laxartes. »
Jean-Philippe Avouac et Patrick De Wever,Himalaya-Tibet : Le choc des continents, Paris, CNRS Éditions et Muséum national d'histoire naturelle,, 192 p.(ISBN2-271-05934-8)
Michel Raspaud,L'Aventure himalayenne. Les enjeux des expéditions sur les plus hautes montagnes du monde, 1880-2000, Presses universitaires de Grenoble, 2003.