• Actuel détenteur desrecords du monde en plein air du 1 500 m (3 min 26 s 00) et du mile (3 min 43 s 13) • Ex-détenteur du record du monde en salle du mile (3 min 48 s 45) • Ex-détenteur du record du monde en salle du 1 500 m (3 min 31 s 18) • Ex-détenteur du record du monde en plein air du 2 000 m
Détenteur de quatre titres dechampion du monde sur1 500 m de 1997 à 2003 et de trois autres titres mondiaux en salle, il remporte aussi les médailles d'or du1 500 m et du5 000 mètres lors desJeux olympiques de 2004, àAthènes, devenant le second athlète de l'histoire après le FinlandaisPaavo Nurmi à réussir le doublé dans ces deux disciplines.
Hicham El Guerrouj naît le 14 septembre 1974 àBerkane, dans la région de l'Oriental, au nord-est duMaroc[2]. Issu d'une famille modeste de six enfants, son père Ayachi est vendeur ambulant[3]. Il commence le sport par lefootball en tant que gardien de but d'une équipe de jeunes de Berkane[1]. Au début de son adolescence, alors qu’il faisait l’école buissonnière, il répond à un de ses camarades qui s’inquiétait de leur avenir pendant que les autres étudiaient : « si je réussis dans la vie ce sera grâce à mes jambes »[réf. souhaitée]. Repéré en 1988 à l'âge de quatorze ans parAziz Daouda, directeur technique national de l'athlétisme marocain, à l'occasion des championnats du Maroc de cross-country, il intègre deux ans plus tard l'Institut national d'athlétisme deRabat, dont sont issus de nombreux médaillés olympiques marocains[3]. Abandonnant ses études, il se consacre désormais pleinement à la course à pied, suivant les traces de l'idole de sa jeunesse, son compatrioteSaïd Aouita, premier champion olympique marocain et détenteur de nombreux records du monde sur les courses defond etdemi-fond dans les années 1980. Entraîné par Abdelkader Kada[3], il accomplit très tôt sa percée, en 1992, à l'âge de dix-huit ans, en se classant troisième du5 000 mètres desChampionnats du monde juniors àSéoul, derrière l'ÉthiopienHaile Gebrselassie et le KényanIsmael Kirui, futurs champions du monde de la discipline[4]. En 1994, àLitochoro, il fait partie de l'équipe du Maroc qui bat le record du monde durelais ekiden en1 h 57 min 56 s[5],[6]. Il s'entraîne à Rabat mais effectue chaque année plusieurs stages de préparation et d'oxygénation en altitude, àIfrane[7].
Il dispute sa première compétition internationale en catégorie senior en début d'année 1995 à l'occasion desChampionnats du monde en salle de Barcelone. Le Marocain s'adjuge le titre mondial du1 500 mètres en3 min 44 s 54, devant l'EspagnolMateo Cañellas et l'AméricainErik Nedeau[8]. Durant l'été, il porte son record personnel sur 1 500 m à3 min 33 s 88, avant de se classer deuxième desBislett Games d'Oslo, en3 min 31 s 53, juste derrière le BurundaisVénuste Niyongabo. Lors desChampionnats du monde de Göteborg, Hicham El Guerrouj est dominé par l'AlgérienNoureddine Morceli, invaincu sur la distance depuis la saison 1992, qui remporte son troisième succès mondial d'affilée. Le Marocain termine deuxième de la course, à près de deux secondes de Morceli, en3 min 35 s 28, devançant au sprint Venuste Niyongabo[9].
Hicham El Guerrouj s'installe au sommet de la hiérarchie mondiale à partir de 1996 en signant cinq victoires lors de ses cinq premières courses. Le 8 juillet, auDN Galan de Stockholm, il descend pour la première fois de sa carrière sous les3 min 30 s au 1 500 m en établissant le temps de3 min 29 s 59. Figurant parmi les favoris à la victoire finale lors desJeux olympiques de 1996, au même titre queNoureddine Morceli, il se qualifie pour la finale en remportant aisément ses deux premiers tours. Le 3 août, auCentennial Olympic Stadium d'Atlanta, El Guerrouj est placé dans le groupe de tête à l'entame du dernier tour, mais se retrouve à terre après avoir involontairement heurté le talon de Morceli[10]. Se relevant trop tard, il laisse à l'Algérien son premier titre olympique, et ne se classe que douzième et dernier de la course en3 min 40 s 75[11]. Le Marocain termine néanmoins la saison 1996 comme il l'avait commencée en s'imposant lors des meetings de Zurich et de Cologne, et en établissant le 23 août la meilleure performance mondiale de l'année lors duMémorial Van Damme de Bruxelles en3 min 29 s 05[12]. Il s'impose lors de lafinale du Grand Prix 1996, à Milan, en devançant largement Noureddine Morceli et le KényanLaban Rotich.
Hicham El Guerrouj et son entraîneur Abdelkader Kada décident d'alléger le programme de la saison 2000 en se focalisant sur l'évènement principal de l'année que constituent lesJeux olympiques de Sydney, seule grande compétition internationale manquant encore à son palmarès après son échec d'Atlanta quatre ans plus tôt. Le Marocain, qui ne dispute que sept meetings avant les Jeux, remporte toutes ses courses et s'impose notamment lors du 1 500 m dumeeting Gaz de France de Paris-Saint-Denis en3 min 30 s 72, devant le KényanBernard Lagat, puis sur le mile du Grand prix de Londres en3 min 45 s 96. Le 11 août, à Zurich, il signe pour la cinquième fois consécutive la meilleure performance mondiale de l'année sur 1 500 m avec le temps de3 min 27 s 21, devançant de plus d'une secondeNoah Ngeny[30]. Vainqueur par la suite des meetings de Bruxelles (3 min 47 s 91 sur le mile) et de Berlin (3 min 30 s 90 sur 1 500 m), il s'impose sur cinq des sept meetings au programme de laGolden League 2000 et se partage comme en 1998 le million de dollars promis aux vainqueurs en compagnie de quatre autres athlètes dontGail Devers,Maurice Greene,Trine Hattestad etTatyana Kotova. Favori logique de la finale olympique, fin septembre àSydney, le Marocain concède sa première défaite depuis 1997 en s'inclinant logiquement face à Noah Ngeny au sprint. Contraint d'attaquer dans l'avant-dernier tour après un net ralentissement du peloton à la mi-course, El Guerrouj ne parvient pas à lâcher ses adversaires et se fait déborder par Ngeny à l'entame de la dernière ligne droite[31],[32]. Ngeny signe un nouveau record olympique en3 min 32 s 07 ; El Guerrouj remporte la médaille d'argent en3 min 32 s 32, en parvenant à conserver un faible avantage sur Bernard Lagat, troisième de la course en3 min 32 s 44[33].
L'ex-Kényan Bernard Lagat se classe deuxième desChampionnats du monde 2001, derrière Hicham El Guerrouj, titré pour la troisième fois de sa carrière.
Hicham El Guerrouj décide d'ajouter l'épreuve du5 000 mètres à son programme personnel dont les objectifs fixés sont les mondiaux de 2003 et les Jeux olympiques de 2004. Après une première victoire sur2 miles, lors du meeting indoor de Liévin, en février 2003, le Marocain se mesure aux grands spécialistes dufond à l'occasion d'un 5 000 m disputé début juin àOstrava, dans le cadre du meetingGolden Spike. Pour ses grands débuts sur cette distance, hormis une première expérience effectuée lors desChampionnats du monde juniors de 1992, il établit le temps de12 min 50 s 24[43], se classant deuxième de la course à près de deux secondes du QatariSaif Saaeed Shaheen, futur détenteur du record mondial du3 000 m steeple[44]. En dépit de cette première défaite concédée depuis les Jeux olympiques de 2000, El Guerrouj se distingue sur sa distance de prédilection en remportant, sur 1 500 m, les meetings de Rome et de Zurich en respectivement3 min 29 s 76[45] et3 min 29 s 13[46]. Souffrant d'arthrose au dos, il déclare forfait pour le Grand Prix de Londres[47].
Le Marocain peine à retrouver sa forme optimale en début de saison 2004 dont les objectifs fixés sont constitués du doublé 1 500 m/5 000 m desJeux olympiques d'Athènes. Gêné par des problèmes respiratoires liés à une dizaine d'allergies[56], il ne se classe que huitième du meeting de Rome (3 min 32 s 64) et connaît son premier revers sur demi-fond depuis la finale des Jeux olympiques de 2000, soit pas moins de vingt-neuf succès consécutifs[57]. Inquiet, Hicham El Guerrouj remet en cause sa participation olympique :« Je n'irai pas aux JO si je ne cours pas en moins de3 min 30 s d'ici Zurich […] Mais je ne peux aller aux JO avec le5e ou le6e temps »[58]. Il se rassure le 31 juillet 2003 en établissant la meilleure performance mondiale de l'année sur 1 500 m en3 min 29 s 18, à l'occasion dumeeting d'Heusden-Zolder, en Belgique[59]. Mais, moins d'une semaine plus tard, lors du meeting de Zurich, ultime répétition avant les Jeux olympiques, il concède une nouvelle défaite sur 1 500 m en s'inclinant au sprint face au néo-Américain Bernard Lagat au terme d'une course rapide (3 min 27 s 64 contre3 min 27 s 40)[60].
Nommé membre duComité international olympique en 2004[68], Hicham El Guerrouj siège au sein de l'institution aux côtés de sa compatrioteNawal El Moutawakel. Il est notamment responsable de la commission des athlètes depuis 2004, de la culture et de l'éducation olympique depuis 2005, et du dossier des candidatures depuis 2010[69]. Il est également membre de l'Association internationale des fédérations d'athlétisme (IAAF). En2010, il est choisi comme « athlète modèle » par la Commission des athlètes du CIO à l'occasion des premiersJeux olympiques de la Jeunesse d'été à Singapour, ayant pour rôle de guider les jeunes athlètes en restant avec eux au village, en assistant aux compétitions et en participant à l'activité « Discussion avec les champions »[70]. Par ailleurs, il est le président du meeting Moulay El Hassan deTanger[71].
Hicham El Guerrouj poursuit des études en management et marketing sportif à partir de 2009 à l'Université de l'Oregon, àEugene, aux États-Unis. En 2011, il devient distributeur exclusif de la marque américaineNike au Maroc, en collaboration avec l'entreprise Hudson Group[72].
Depuis 1999, il estambassadeur de l'UNICEF au Maroc[73]. En 2007, il est nommé ambassadeur de bonne volonté deSpecial Olympics Maroc, qui a pour objectif de promouvoir les conditions des jeunes athlètes handicapés mentaux et de favoriser leur intégration sociale[74],[75]. Président de l'association caritativeBéni-Snassen des Œuvres sociales, il participe chaque année, depuis 2003, à l'organisation des « Foulées internationales de Berkane »[76].En août 2011, il est élu1er Vice-président de laFondation Mohammed VI des Champions Sportifs[77].
En janvier 2017, Hicham El Guerrouj est le détenteur de deuxrecords mondiaux en plein air : Le1 500 m avec3 min 26 s 00, établi le 14 juillet 1998 lors du meetingGolden Gala deRome[78] et lemile qu'il bat le 7 juillet 1999, toujours à Rome, avec le temps de3 min 43 s 13[79]
Il détenait le record mondial en salle du mile (3 min 48 s 45) depuis le 12 février 1997 se faisant détrôner par l'ÉthiopienYomif Kejelcha le 3 mars 2019 qui a bouclé la course en3 min 47 s 01[80].Il détenait également le record du monde en salle du 1 500 m (3 min 31 s 18) du 2 février 1997 (àStuttgart)[81] au 16 février 2019 se faisant battre par l'ÉthiopienSamuel Tefera (3 min 31 s 04)[82].Le, Hicham El Guerrouj se fait déposséder du record mondial en plein air du 2 000 m par leNorvègienJakob Ingebrigtsen (4 min 43 s 13). Le Marocain le détenait pendant 24 ans avec un temps de4 min 44 s 79[83].
Hicham El Guerrouj détient la meilleure performance mondiale de l'année sur1 500 m huit années consécutivement de 1996 à 2003. Il figure par ailleurs en tête des bilans mondiaux de fin d'année sur la distance dumile à six reprises, de 1997 à 2002. Au 31 décembre 2011, il détient sur piste extérieure sept des dix (et douze des vingt) meilleures performances de tous les temps sur 1 500 m[19], ainsi que sept des dix meilleurs temps sur lemile[85].
Bien que les informations sur les revenus issus du sponsoring et des primes de Hicham El Guerrouj ne soient pas révélées au grand public, le montant de sa prime d'engagement aux prestigieux meetings internationaux, tels ceux de la Golden League, est estimé vers la fin de sa carrière sportive entre 80 000 et 100 000 dollars[92], rémunération le situant à titre d'exemple au même niveau queMichael Johnson,Maurice Greene ouAsafa Powell[93]. À cela s'ajoutent les salaires versés par laFédération marocaine d'athlétisme, et surtout les primes payées par ses principaux sponsors, parmi lesquels figure la firme américaineNike. En 1998, année de son record du monde établi sur 1 500 m, le montant total des primes issues des courses et du sponsoring est estimé à plus d'un million de dollars[94]. El Guerrouj dispose en outre de son propre « sparring-partner » rémunéré par la fédération marocaine, qui l'accompagne dans tous ses entraînements, sans jamais concourir dans la moindre épreuve[95].
Hicham El Guerrouj reçoit différents prix pendant et après sa carrière. Lauréat en 2001 et 2002, il devient en 2003 le premier athlète masculin à recevoir pour la troisième fois letrophée de l'athlète de l'année de la part de l'IAAF[96]. Les autres athlètes récompensés de la sorte sontMarion Jones,Yelena Isinbayeva et, depuis 2011,Usain Bolt. Il est également désignéathlète de l'année par le magazine américainTrack and Field News en 1999, 2001 et 2002[97]. En 2004, il est sacréChampion des champions mondiaux par le journalL'Équipe[98]. Sur le plan national, El Guerrouj est élu meilleur athlète de l'année au Maroc neuf fois consécutivement de 1996 à 2004. En 2010, le quotidien britanniqueThe Times le fait figurer à la huitième place des meilleurs sportifs africains de tous les temps[99].
La version du 22 janvier 2012 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.