Pour les articles homonymes, voirHervé.
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| Parentèle | Charles Malo (neveu) |
| Tessiture | Ténor léger(en) |
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Louis-Auguste-Florimond Ronger, ditHervé né le àHoudain et mort le àParis16e[1], est uncompositeur,auteur dramatique,acteur,chanteur,metteur en scène et directeur de troupefrançais.
Il est le rival — et néanmoins ami — deJacques Offenbach. Il est le père d'Emmanuel Ronger, également acteur et auteur dramatique, connu sous le nom deGardel-Hervé (1847-1926).
Orphelin de père à dix ans, Florimond Ronger monte à la capitale où il devientchoriste à l’église Saint-Roch, puis élève du compositeurDaniel-François-Esprit Auber auConservatoire, avant d’être nomméorganiste de Bicêtre puis deSaint-Eustache en 1845. Il arrondit ses fins de mois au théâtre commepianiste et acteur de complément, sous le pseudonyme d’Hervé, comme le fera, quelques années plus tard, le personnage de Célestin-Floridor de son opéretteMam'zelle Nitouche (1883).
En cette même année 1845, le Conseil général des hospices décide, par arrêté du, que« M. Florimond-Ronger, professeur de chant des aliénés à la Vieillesse hommes, donnera également des leçons de chant aux aliénées de la Vieillesse femmes[a]. »
Avec le fantaisisteJoseph Kelm, il compose en 1847 unepochade,Don Quichotte et Sancho Pança, considérée comme la première « opérette ».Chef d’orchestre de l’Odéon puis duthéâtre du Palais-Royal, il reprend en 1854 uncafé-concert duboulevard du Temple, les Folies-Mayer, où il fait construire une petite scène inaugurée le sous le nom de Folies-Concertantes[3]. Il y présente des opérettes à deux personnages de sa composition (Le Compositeur toqué,La Fine Fleur de l’Andalousie,Un drame en 1779...) aux côtés de Kelm, ainsi que des pantomimes écrites et interprétées parPaul Legrand.
Il cède son fauteuil à Louis Huart et Marie-Michel Altaroch quelques mois plus tard, conservant néanmoins la direction artistique de la salle qui rouvre le à l'enseigne desFolies-Nouvelles. Tout en continuant à composer, Hervé programme aussi les œuvres de jeunes musiciens commeJacques Offenbach (Oyayaye ou la Reine des îles) ouLéo Delibes (Deux sous de charbon). La troupe s’étoffe rapidement, avec l’arrivée notable en deJosé Dupuis qu’Hervé débauche duthéâtre du Luxembourg-Bobino.
Un événement le contraint à quitter ses fonctions officielles en (il continuera à composer des partitions sous divers pseudonymes) : le, Hervé comparaît à Paris en cour d’assises[4] pourdétournement de mineur[b]. Il est condamné à trois ans de prison mais n’effectue que la moitié de sa peine, soit dix-huit mois, à laprison de Mazas[6].
Grand voyageur, il se produit en province comme chanteur avant de se réinstaller à Paris (Offenbach ayant obtenu entre-temps l’assouplissement des règles qui régissent les pièces musicales), où il prend la direction musicale desDélassements-Comiques.Les Chevaliers de la Table ronde,opéra-bouffe en 3 actes,livret deChivot etDuru, qu’il donne auxBouffes-Parisiens est la première des grandes opérettes du « compositeur toqué » comme on le surnomme en référence à son œuvre de jeunesse. SuivrontL’Œil crevé (1867),Chilpéric (1868) etLe Petit Faust (1869) qui rencontrent un succès considérable auxFolies-Dramatiques, dont il vient de prendre la direction.
En 1878, il tient le rôle de Jupiter dans une reprise d’Orphée aux enfers sous la direction d’Offenbach lui-même puis commence le cycle qu’il compose pourAnna Judic, l’étoile duthéâtre des Variétés :La Femme à papa (1879),La Roussotte (1881),Lili (1882) et enfinMam'zelle Nitouche (1883) sur des livrets du mari de celle-ci,Albert Millaud.
En 1886, Hervé quitte Paris pourLondres où il se produit régulièrement depuis 1870. De 1887 à 1889, il compose une série de ballets pour l’Empire Theatre (en). Il rentre en France en 1892 où il donne une ultimeBacchanale peu de temps avant sa mort, le.
Le 20 novembre 1983, une plaque commémorative a été apposée sur la maison natale du compositeur (36 rue Roger Salengro àHoudain) en présence de son biographeJacques Rouchouse.
« Ici se place une entrevue[c], un dîner dans lequel Hervé fut présenté àRichard Wagner.
C’était à Paris chez un Allemand nomméAlbert Beckmann, bibliothécaire du prince Louis-Napoléon, et, de plus, vaguement journaliste, vaguement correspondant des théâtres germaniques, vaguement agent diplomatique secret, et officiellement secrétaire de l’obligeant banquier allemandÉmile d'Erlanger dont le cœur généreux s’exerçait sans relâche à protéger, à tirer d’embarras quelques artistes.
Donc chez Albert Beckmann se trouvaient invités ce soir-là :Auguste Nefftzer, qui fut le fondateur du journalLe Temps, Dréolle, un chroniqueur de la presse bordelaise qui s’était fixé à Paris, Gaspérini, le critique musical, long comme un jour sans pain, violent et sectaire, qui ne manquait pas une occasion de manifester sa ferveur pour la « religion » wagnérienne en train de se fonder, et le grand Richard Wagner, sombre, hargneux, digérant mal l’accueil injuste et discourtois deTannhäuser à l’Opéra. Au cours du dîner, Wagner et Hervé, que la maîtresse de maison avait placés l’un à côté de l’autre, étaient entrés en sympathie.
— J’écris mes livrets moi-même, lui avait dit Richard Wagner, car je n’ai trouvé personne qui puisse comprendre mon esthétique : une œuvre dramatique vivante, où l’action ne soit pas un imbroglio, mais le développement d’un caractère, d’une passion.
— Et moi aussi, répliqua Hervé, je procède comme vous : je fais mes livrets moi-même, mais pour des raisons différentes de celles que vous invoquez.
Et Hervé de développer à son interlocuteur, qui y prenait un intérêt marqué, ses théories sur la dose nécessaire d’insanité d’un livret d’opérette, dose qui devait, d’après lui, émaner du même cerveau que la musique, et aussi ses idées sur la prosodie spéciale du genre que bien peu de librettistes étaient à même de connaître et de mettre en pratique.
À la fin du dîner, Hervé et Wagner étaient devenus les meilleurs amis du monde ; partis de points de vue tout différents, de prémisses tout opposées, ils avaient abouti à des conclusions semblables.
Au moment du café, on continua à échanger des vues sur l’art, on fuma, on but. Hervé se mit au piano. Ce fut sur le clavier le défilé de ces musiques abracadabrantes, leHussard persécuté, laFine Fleur de l’Andalousie, peut-être même des esquisses de l’Œil crevé, d’autres encore, qui firent les frais de la soirée. Hervé, qui était timide, s’était enhardi parce qu’il avait trouvé le plus sympathique des auditoires : mieux encore, Richard Wagner riait, s’esclaffait.
Et lorsque, rentré dans son pays, l’auteur deLohengrin, interrogé sur ce qu’il pensait de la musique française, répondit : « Un musicien français m’a étonné, charmé, subjugué : ce musicien c’est Hervé », il ne fit que rendre l’hommage du souvenir à ce compositeur qui lui avait, chez le journaliste Albert Beckmann, fait passer de si joyeux moments[7]. »