D'origine modeste et orphelin très jeune, Herbert Hoover est l'incarnation durêve américain. Diplômé engéologie en1895, il parcourt le monde et fait fortune dans l'industrie minière. Lors de laPremière Guerre mondiale, il met sa carrière de côté et se consacre à l'aide humanitaire. Son activité le conduit à prendre la tête de l'aide alimentaire aux États-Unis lorsque le pays s'engage dans le conflit. Engagé auParti républicain, il soutientWarren G. Harding lors de l'élection présidentielle de 1920. Progressivement, il gravit les échelons au sein du parti et exerce les fonctions desecrétaire au Commerce pendant sept ans. Très populaire et artisan du boom économique du pays durant la décennie, il est logiquement élu président lors de l'élection présidentielle de 1928.
Son mandat est marqué par laGrande Dépression et la dégradation des relations internationales des États-Unis avec l'Europe. Incapable de résorber les effets de la crise, il est vaincu parFranklin Delano Roosevelt lors de l'élection présidentielle de 1932. Il passe les trente-deux années suivantes à restaurer son image, dégradée par sa gestion de la crise. Internationaliste de raison, il estisolationniste de1930 à1941. Après la mort de Roosevelt, il parvient à revenir sur le devant de la scène, étant à la tête de deux commissions chargées d'améliorer l'efficacité du gouvernement fédéral. Hoover est considéré comme un président moyen, étant généralement classé dans la troisième tranche dans lesclassements réalisés par les historiens et la presse.
Maison natale d'Herbert Hoover àWest Branch.Herbert Hoover, âgé de trois ans, en1877.
Herbert Clark Hoover (/ˈhɝbɚtklɑɹkˈhuvɚ/[e]) naît le àWest Branch, une petite ville située à cheval entre les comtés deCedar etJohnson dans l'Iowa. Il est le fils de Hulda Randall Minthorn et de Jesse Hoover,maréchal-ferrant[1]. Sa mère a grandi àNorwich enOntario auCanada avant de déménager dans l'Iowa en1859. Il a des origines anglaises et irlandaises par sa mère ; allemandes, anglaises et suisses par son père[1],[2]. Comme la plupart des habitants deWest Branch, ses parents étaient desQuakers[1],[3],[4].
À l'âge de deux ans, il contracte ce qu'on appelle lecroup, uneaffection respiratoire, dont il ne réchappa que grâce à l'intervention de son onclemédecin ethomme d'affaires, John Minthorn[5]. Son père meurt en1880 à 34 ans, alors qu'il n'a que six ans[6]. Sa mère meurt quatre ans plus tard, le laissantorphelin avec son frère aîné Theodore et sa petite sœur May[7],[8]. En1885, il quitte l'Iowa avec son frère et sa sœur pour rejoindreNewberg enOregon, où habite son oncle John[1]. Comme àWest Branch, une importante communautéQuakers habitait àNewberg[9]. Quittant très tôt l'école, il apprit les mathématiques en autodidacte[1],[10].
En1891, après plusieurs échecs, il parvint à intégrer l'université Stanford, principalement grâce à sa réussite à l'examen de mathématiques[1],[11]. Il s'inscrit d'abord engénie mécanique puis engéologie et obtient son diplôme en1895[1]. Il y rencontre sa future épouse,Lou Henry, en1893. C'est elle qui le convainc de s'expatrier enAustralie pour trouver du travail comme ingénieur des mines etgéologue[1]. Son côté autodidacte et son obsession de la réussite le poussèrent à s'opposer à l'introduction dusalaire minimum et à uneassurance en cas d'accident au sein de son entreprise qui exploitait desmines d'or[1]. Il demandaLou en mariage en1898 en lui envoyant untélégramme, après avoir appris qu'elle avait obtenu son diplôme engéologie. Ils se marièrent le. La même année, son entrepriseBewick, Moreing & Co. lui proposa un nouveau poste enChine, à la suite d'un conflit avec son patron, Ernest Williams[12]. Il dut gérer de nombreuses mines d'or dans la région deTianjin et apprit lemandarin, tout comme son épouse Lou Henry[1]. Il déplorait un manque d'efficacité des ouvriers chinois et les considérait comme étant d'une race inférieure[13]. Néanmoins, il tenta d'introduire de nouvelles méthodes de travail ainsi que de récompenser les ouvriers les plus méritants[14]. Larévolte des Boxers et labataille de Tien-Tsin abrégèrent le séjour des Hoover enChine, qui retournèrent enAustralie. Herbert aida même les troupes américaines présentes sur place pour mater la rébellion[1].
En1905, il fonda sa propre compagnie, laZinc Corporation Limited, près deBroken Hill enNouvelle-Galles du Sud et mis au point de nouvelles méthodes d'extraction[1],[15]. Dans le même temps, il commença à s'éloigner deBewick, Moreing & Co. après que le gouvernement britannique a lancé des enquêtes sur les pratiques et les actions financières de l'entreprise. Il récupéra ses parts en1908.
Durant ses rares moments de temps libre, Hoover écrivait des essais techniques sur la gestion desmines ou sur d'autres choses. Son essaiPrinciples of Mining, publié en1909, fut longtemps un classique. Dans son ouvrage, il défendit le principe de lajournée de huit heures ainsi que la possibilité pour les travailleurs de fonder un syndicat. En1912, il traduisit avec son épouse Lou Henry leDe re metallica[16] du savant allemandGeorgius Agricola[1],[17]. La traduction est encore une référence actuellement. Il rejoignit également le conseil d'administration de l'université Stanford, et parvint à faire élire l'ancien titulaire de la chaire d'archéologie de l'université,John Casper Branner(en)[18].
Investissement dans l'humanitaire en Europe (1914-1920)
Herbert Hoover enune du quotidienLe Petit Journal, le. On peut lire en titre« L'homme qui a nourri l'Europe ».
En1914, les Hoover se trouvent àLondres. Ils y vivent plutôt bien, la fortune personnelle d'Herbert étant estimée à 4 millions dedollars (soit l'équivalent de 102,1 millions de dollars en2019)[4],[19],[20]. L'Europe continentale est menacée d'un nouveau conflit armé, quarante ans à peine après laguerre franco-prussienne. Les crises deTanger puis d'Agadir ont ravivé les tensions entre laTriplice et laTriple Entente, tout comme lesguerres balkaniques. 100 000 Américains vivaient alors enEurope. L'attentat de Sarajevo le fut le détonateur qui mit fin à la paix fragile qui existait. LaPremière Guerre mondiale venait de commencer, et déjà le présidentWoodrow Wilson était inquiet de la situation des Américains expatriés. Pour autant, il signa dès le une déclaration de neutralité et invitait deux semaines plus tard ses concitoyens à rester neutres« en actes comme en pensées »[21]. Avec d'autres Américains basés à Londres, Hoover organisa le rapatriement de 20 000 de ses compatriotes auxÉtats-Unis[8],[22]. En plus de cela, il fonda laCommission for Relief in Belgium pour fournir nourriture à laBelgique,occupée par l'Empire allemand[22]. Rapidement, le pays connut une situation alimentaire chaotique. Entre les pillages menés par l'armée impériale allemande, le blocus décidé par laTriple Entente, la dépendance au blé importé et les mauvaises récoltes (liées à l'entrée en guerre), la Belgique connut dèsseptembre 1914 une situation de pénurie, à laquelle les forces d'occupation n'étaient pas préparées[22]. Rapidement, les organisations caritatives locales se trouvèrent dépourvues de ressources pour subvenir aux besoins de la population. Le baronColmar von der Goltz, chef des forces d'occupation en Belgique, donna son accord pour qu'une commission neutre prenne en main la logistique pour ravitailler le pays en vivres. Ainsi, un Américain nommé Millard K. Shaler, résidant àBruxelles, fut envoyé à Londres pour acheter des denrées alimentaires pour quelques milliers de dollars[22]. Une fois sur place, il rencontra Hoover, qui avait fait parler de lui en organisant le rapatriement de ses compatriotes bloqués en Europe. L'attitude négative de laGrande-Bretagne renforça la relation entre Shaler et Hoover, qui conseilla à Shaler de passer par l'ambassade américaine[22]. L'ambassadeur américainWalter Hines Page joua alors un rôle décisif dans le ravitaillement de la Belgique. LaCommission for Relief in Belgium fut ainsi fondée le. Elle avait pour mission de favoriser le transport de nourriture dans les territoires occupés de Belgique et du Nord de la France[22]. C'est à la suite d'une requête dugouvernement de René Viviani que la commission commença en1915 à acheminer des vivres dans le Nord de la France[23]. Elle fut active jusqu'en1919 et permit de livrer 5,1 millions de tonnes de vivres pour 9 millions de personnes (dont 2 millions de Français). Le montant total des vivres acheminées est estimé à 812 millions dedollars[22]. Il déclara bien plus tard, à propos de son engagement humanitaire :
« Je ne m'en suis pas rendu compte sur le moment, mais le 3 août 1914 j'ai mis un terme à ma carrière d'ingénieur pour me lancer sur la pente glissante de la vie publique. »
En plus de ses activités d'aide humanitaire pendant laPremière Guerre mondiale, Hoover fut chargé par le président Wilson d'assurer les approvisionnements alimentaires desÉtats-Unis après l'entrée en guerre du pays[3],[19]. Hoover organisa le rationnement en imposant une journée sans viande (le mardi), puis une journée sans blé (le mercredi) et enfin une journée sans porc, tandis que la consommation de sucre fut ramenée à troislivres par personne et par mois[24]. À propos de ces restrictions, il déclarait :
« Dans cette urgence, seul le mode de vie le plus simple est patriotique[24]. »
Récompensé par son soutien àWarren G. Harding lors deélection présidentielle de 1920, il fut nommésecrétaire au Commerce[25]. Il parvint alors à faire de ce poste de second rang au sein ducabinet un des rouages essentiels de la politique économique des États-Unis. Après la mort de Harding, il prit encore plus d'importance, au point qu'il faisait de l'ombre àCalvin Coolidge, qui avait cependant tendance à beaucoup déléguer[25]. Étant donné le boom économique des États-Unis durant lesAnnées folles, Hoover fut unanimement salué dans son rôle de secrétaire au Commerce[3],[25]. Il fut l'un des rares à ne pas être inquiété par des enquêtes menées pour des soupçons de corruption impliquant de nombreux membres de l'administration Harding ainsi que des collaborateurs du président défunt[26],[27].
Enaoût 1927, le président Coolidge surprit la plupart de ses concitoyens en annonçant sa décision de renoncer à se présenter pour un nouveau mandat[28],[29]. Hoover faisait partie des favoris pour remporter la nomination duParti républicain pour l'élection présidentielle de 1928, tant son travail était reconnu de ses concitoyens et de la presse américaine. Cependant, Coolidge ne l'aimait guère, déclarant :
« Pendant six ans, cet homme m’a prodigué des conseils que je n’avais d’ailleurs guère sollicités et qui manquaient tous de pertinence.[30],[31]. »
« Le chômage, avec son corollaire la détresse, est en grande partie en train de disparaître […] Nous sommes aujourd'hui, en Amérique, plus près du triomphe final sur la pauvreté qu'aucun autre pays ne l'a jamais été[33]. »
Signe de la confiance duParti républicain, un slogan se développe pendant la campagne[34] :
« A chicken in every pot, a car in every garage. »
« Un poulet dans chaque casserole, une voiture dans chaque garage. »
La situation de l'économie américaine était fragile au moment de l'investiture de Hoover, bien que leproduit national brut ait augmenté de 50 % entre1922 et1929[38]. Déjà entre1920 et1921, le pays avait dû faire face à unedépression[39]. La création ducrédit à la consommation a entraîné une frénésie d'achats, notamment en voitures, en meubles, en phonogrammes, en machines à laver et en postes de radio[40]. Une grande partie de ces achats se faisaient à crédit, tout comme les achats de titres boursiers dont près de 80 % des transactions se font à crédit ou sur dépôt d'autres titres, ceux-ci faisant office de garantie[39]. Entreaoût 1918 etaoût 1929, l'économie américaine a connu 52 mois derécession sur la durée des 132 mois, la spéculation masquant en partie cette fragilité[4],[41]. Or, depuis l'été 1928, la spéculation battait son plein àWall Street. Lescours boursiers connaissent une hausse exponentielle entre le et le[39]. Un mois plus tard, la bourse de New York connaît un importantkrach boursier. Dès le, de très nombreuses ventes sont enregistrées et les cours baissent de 10 %. Deux jours plus tard, 19 millions de titres sont mis en vente, pour seulement un peu plus de 12 millions de titres achetés tandis que les prix se mettent à dégringoler. Le 29, 30 millions de titres sont mis en vente en une seule journée, avec à peine plus de 50 % de titres vendus. Ces évènements marquent le début de laGrande Dépression, qui ne prit fin qu'en1941 avec l'entrée en guerre des États-Unis durant laSeconde Guerre mondiale[42].
Contrairement aux idées reçues, Hoover prend très vite la mesure de la gravité des évènements[43]. Cependant, sa vision hiérarchique et sa conviction profonde de la solidité de l'économie américaine vont l'empêcher de résorber la crise[34],[43],[44]. Le président s'attache à rester optimiste dans ses déclarations, même si certaines d'entre-elles furent utilisées contre lui lors de l'élection présidentielle de 1932. Dans le même temps, il limita l'accès au crédit pour les ménages tout en tentant de maintenir les salaires à leurs niveaux actuels et de préserver les emplois, convoquant notamment les principaux industriels du pays à laMaison-Blanche dès le[45]. Pourtant, dès la fin de l'année1929, la fragilité de l'économie américaine est révélée : 659 banques se retrouvent en faillite et la valeur globale des actions a baissé de moitié entre septembre et le[46],[47]. Malgré sa demande auprès des industriels, ceux-ci refusent de prendre le risque d'investir. Les investissements chutent de 35 % en1930 puis en1931 et connaissent une chute encore plus brutale en1932[45]. Pire, laGrande Dépression ne se limite bientôt plus aux États-Unis, mais s'exporte enEurope. Les banques américaines, qui ont beaucoup prêté pendant les années 1920 notamment à larépublique de Weimar, continuent de perdre de l'argent – que les États ne peuvent rembourser (seule laFinlande continua de rembourser[48]). Si près de 22 700 banques sont recensées en1930, nombreuses sont celles à faire faillite jusqu'en1933[46],[49]. Mais Hoover continue d'afficher son optimisme. En mai 1930, il déclare :
« Nous avons franchi maintenant le plus grave et nous allons rapidement nous en sortir[39]. »
Il se persuade que le plus dur est passé, et le pays connaît même une légère reprise début1931. Le président n'y est pas étranger, avec son plan de 915 millions dedollars pour de gigantesques plans detravaux publics[44]. Cependant, Hoover se renferme, et se montre beaucoup moins disponible envers les médias que lors des premiers mois de sa présidence[34]. Alors que le président pensait le pire passé, la crise s'intensifia aux États-Unis en touchant l'Europe. La faillite de laKreditanstalt Bank et l'abandon de l'étalon-or par leRoyaume-Uni en1931 viennent contrecarrer l'une des décisions phares prises par Hoover, à savoir la promulgation de laloi Hawley-Smoot le qui avait considérablement augmenté lesdroits de douane afin de protéger le marché intérieur américain. La signature de cette loi eut en plus pour conséquence de lui aliéner le soutien de l'aile progressiste duParti républicain[50]. Or, l'adoption de ce nouveau texte eut pour conséquence d'aggraver la crise, l'Europe mettant à son tour en place des politiques protectionnistes qui diminuèrent les exportations américaines[39],[51]. Hoover continue de penser que« la prospérité est au coin de la rue », comme il l'avait déclaré en mars 1930, et refuse d'augmenter la masse monétaire en circulation[52],[53]. Mais l'U.S. Steel, l'une des principales entreprises du pays, donna le coup de grâce au président, en annonçant le une baisse des salaires de 10 %[45]. Letaux de chômage, lui, ne cesse d'augmenter. Le nombre de chômeurs passe de 6 millions en1930 à 13 millions deux ans plus tard[54]. Que ce soit àChicago,New York ouPhiladelphie, le taux de chômage dépasse les 40 % des actifs[54],[55]. Il n'aide guère les agriculteurs, auxquels il avait toujours fait bénéficier de prix attractifs, et pour lesquels il avait promulgué en juin 1929 une autre loi avantageuse pour eux, leAgricultural Marketing Act(en)[56],[57]. Tout au plus, le Congrès accorde un plan de 45 millions de dollars pour les éleveurs pour pouvoir nourrir le bétail[55].
Ce n'est qu'à la fin de l'année 1931 que le président se résout à changer de stratégie[37],[52],[58]. En décembre, il préconise la création d'uneReconstruction Finance Corporation, actée le[59]. Son rôle est de renflouer les banques, afin que celles-ci soutiennent l'industrie et les agriculteurs. Mais le maintien de l'étalon-or et le manque de confiance des investisseurs ne permit pas de produire les effets escomptés par ce changement de stratégie. Au moment de son départ de laMaison-Blanche, le nombre de chômeurs est proche des 16 millions d'actifs[54].
En juin 1932, des milliers d'anciens combattants de la Première Guerre mondiale se rendent à Washington. Ils réclament la prime que le Congrès leur avait promis à l'époque[61]. Or, ils n'étaient censés la toucher qu'en 1945[55],[62]. Certains d'entre eux avaient emmené leurs épouses et leurs enfants, installant des campements devant le Congrès pour protester après que le Sénat eut refusé de voter l'anticipation du versement de la prime[62]. Le, sans avertir le président, le généralDouglas McArthur, appuyé dumajorDwight D. Eisenhower, dispersa la foule avec la police locale et laGarde nationale[51],[55],[62],[63]. Hoover, plutôt que de congédier McArthur, entérina la décision, ce qui allait lui être préjudiciable lors de la campagne pour l'élection présidentielle de 1932[64].
Du fait de son expérience pendant la Première Guerre mondiale, Hoover est beaucoup plus internationaliste que ses prédécesseurs républicains. Il s'attache à maintenir des relations cordiales avec les pays d'Amérique latine. Pour autant, il menace à deux reprises laRépublique dominicaine d'une intervention armée et envoya des troupes auSalvador en soutien au gouvernement en place, en proie à une révolte menée par l'extrême gauche[65]. Il mit fin à laguerre des Bananes, retirant les troupes stationnées auNicaragua et àHaïti[48],[66]. Malgré sa bonne volonté, Hoover ne peut que constater le déclin de l'ordre international qui avait été établi en1919, en particulier en Europe[67].
Sa priorité fut celle du désarmement, en particulier naval, afin que les États-Unis consacrent davantage de moyens aux affaires intérieures[68]. Avec lesecrétaire d'ÉtatHenry Stimson, Hoover souhaitait renforcer letraité naval de Washington qui datait déjà de1922[69]. Grâce à ses efforts et ceux de plusieurs pays dont leJapon, leRoyaume-Uni et laFrance, les principales puissances navales signèrent letraité naval de Londres en avril 1930[70]. Pour la première fois, des puissances navales s'engageaient à plafonner le tonnage de leurs navires, y compris des navires auxiliaires, les précédents traités se limitant auxcapital ships[71].
LaGrande Dépression conduisit à une dégradation des relations diplomatiques entre les États-Unis et l'Europe. Le fait que les banques américaines cessent de prêter, notamment à larépublique de Weimar, entraîne une extension de la crise à l'Europe. Entre1929 et1932, les échanges extérieurs entre les États-Unis et l'Europe sont divisés par 3[72]. En juin 1931, Hoover propose un moratoire d'un an sur lesréparations de la Première Guerre mondiale, mais il se refuse à les annuler, alors même que la République de Weimar et l'Autriche subissent de plein fouet les effets de la crise[48]. Laconférence de Lausanne en1932 entérine la décision, mais en réponse, la France cesse de rembourser sa dette, mécontente que la République de Weimar ait obtenu gain de cause[73]. En plus de cela, laConférence mondiale pour le désarmement qui se tient àGenève ne donne aucun résultat[48]. Le Japonvenait d'envahir la Mandchourie quelques mois plus tôt, et Hoover n'avait pu obtenir du Congrès qu'une condamnation morale et la non-reconnaissance de sa conquête et de la création duMandchoukouo. L'ordre mondial, que les États-Unis avaient contribué à bâtir, se délitait. Pire, deux mois avant le départ de Hoover,Adolf Hitler prenait le pouvoir en Allemagne[54].
À l'approche de l'élection présidentielle de 1932, les cadres duParti républicain sont très pessimistes[34],[74]. Peu d'observateurs pensent que le président sortant peut être reconduit pour un second mandat par les électeurs, notamment à cause de la persistance de la crise économique[75]. Hoover est reconduit commecandidat à la présidence lors de laConvention nationale républicaine(en) àChicago le à la quasi-unanimité, tandis queCharles Curtis fut reconduit beaucoup plus difficilement. Cela intervient à peine un mois avant l'incident dit du« Bonus Army », qui ternira encore davantage la campagne de Hoover[62],[63],[76],[77]. D'ailleurs, les promesses du président sortant sont vagues :allocations chômage, crédits fédéraux supplémentaires pour les fermiers, maintien et accroissement du protectionnisme, maintien de l'étalon-or[78]. Or, la seule proposition originale concerne les allocations chômage. Autrement, Hoover perpétue les recettes républicaines[79]. Hoover tente de se faire discret, mais est contraint de défendre son bilan. De nombreux livres publiés depuis1930 sont de véritables pamphlets contre le président et sa politique[34]. Lors de ses raresmeetings, il est hué par la foule[80]. Hoover prononça neuf discours clés durant la campagne, au cours desquels il passa beaucoup de temps à défendre le bilan de sonadministration et sa vision de ce que devait être le gouvernement[34]. À l'opposé, la campagne de son adversaire, legouverneur de l'État de New YorkFranklin Delano Roosevelt est beaucoup plus dynamique. Lecandidat démocrate à la présidence propose une« nouvelle donne » au pays lors de son discours d'acceptation àChicago le[81],[82]. Il déclare :
« Je vous promets, je me promets une nouvelle donne pour le peuple américain. […] C'est plus qu'une campagne politique. C'est un appel aux armes[83]. »
LeNew Deal qu'il propose ne repose sur aucuneidéologie précise pour l'époque (il est aujourd'hui admis que leNew Deal était de sensibilitékeynésienne etsocial-démocrate). Son programme n'est guère plus précis que celui de Hoover, et s'attarde surtout sur les questions économiques[84],[85],[86],[87]. Parmi les propositions du programme de Roosevelt, la suppression duXVIIIe amendement qui a instauré laprohibition, réduction des dépenses fédérales et des emprunts, abandon des interventions économiques du gouvernement fédéral, abaissement des droits de douane et liquidation des surplus agricoles. La plupart de ces propositions sont imprécises, et parfois même contradictoires[83]. Hoover qualifie d'ailleurs son adversaire de« caméléon posé sur de l'écossais »[84]. Mais la campagne de Roosevelt est dynamique, d'autant que le gouverneur est un bien meilleurorateur que Hoover[88]. Le candidat parcourt près de 50 000 kilomètres à travers le pays pour faire connaître ses idées et son programme[89].
Herbert Hoover et Franklin Delano Roosevelt dans la limousine présidentielle, le.
Deux semaines après l'investiture de Franklin Roosevelt, Hoover manifesta pour la première fois son opposition auNew Deal, dans une lettre à l'un de ses amis où il écrivait[91] :
« Our fight is going to be to stop this move to gigantic Socialism in America. That is what is being done under the demagogic terms of 'planned industry', etc. Correction of abuse has ever been a principle of Republicanism. But socialism never has been. »
« Notre combat sera désormais de stopper cette marche en avant vers le socialisme en Amérique. C'est ce qui risque d'arriver sous couvert de cette politique démagogique de« planification industrielle ». L'un des principes des républicains a toujours été de corriger les inégalités, mais le socialisme jamais. »
Hoover jugea même« faciste » deux des principales lois adoptées par leCongrès, celles créant laNational Recovery Administration et l'Agricultural Adjustment Act. Sa critique duBanking Act(en) allait dans le même sens, y voyant« un pas gigantesque vers le socialisme »[97]. En étant aussi actif, Hoover espérait que sa réputation serait restaurée et qu'il pourrait obtenir un second mandat. Malgré sa défaite écrasante, il pensait pouvoir décrocher facilement l'investiture duParti républicain pour l'élection présidentielle de 1936. Cependant, sa rhétorique était centrée uniquement contre le New Deal et leParti démocrate[91]. Entre février 1935 et laConvention nationale républicaine de 1936(en), il fit un discours chaque mois, au point que la presse parlait d'un« Hoover nouveau ». Il visita 28 États durant cette période[91].
Pour Hoover, les deux thèmes majeurs de l'élection présidentielle de 1936 seraient l'économie et la destruction des libertés individuelles, imputables selon lui au New Deal. Sa rhétorique incluait une forte dimension morale et spirituelle[91]. Hoover était vu comme un prophète, mais pas comme un candidat crédible. Ainsi, c'est augouverneur du KansasAlf Landon que revint la tâche d'être lecandidat à la présidence duParti républicain pour affronter Roosevelt[98]. Landon fut écrasé par Roosevelt, tandis que Hoover amplifia ses critiques contre le New Deal[99]. De plus en plus, l'ancien président s'identifie lui-même comme étantconservateur[100].
En1938, il entreprit un voyage enEurope. Le, il rencontraAdolf Hitler àBerlin, peu de temps avant l'Anschluss[101]. Au cours de son séjour enAllemagne, il séjourna au pavillon de chasse d'Hermann Göring[102]. À son retour de son voyage en Europe, il alerta sur les persécutions menées contre les juifs en Allemagne. En privé, il pensait qu'Hitler était un homme fou et dangereux. Cependant, Hoover admirait la réussite économique de l'Allemagne. D'ailleurs, comme beaucoup d'étrangers ayant visité le pays et rencontré des dignitaires nazis durant la période, l'ancien président avait été en partie dupé. Il fut l'un des opposants les plus virulents à lapolitique d'apaisement menée par leRoyaume-Uni et suivie par laFrance.
Après l'invasion de la Pologne, Hoover s'opposa à l'entrée en guerre des États-Unis, y compris au programme deprêt-bail[103]. Il rejeta la proposition de Roosevelt de coordonner le programme d'aides aux pays occupés, mais avec d'anciens camarades de la Commission for Relief of Belgium, il parvient à mettre sur pied une organisation semblable pour la Pologne[104],[105]. Après l'invasion de laBelgique par l'Allemagne nazie, Hoover fournit également des aides pour les populations civiles, que la propagande allemande niait. Il en fit de même pour laFinlande, envahie par l'Union soviétique lors de laguerre d'Hiver. Hoover continue de refuser l'entrée en guerre des États-Unis, y compris après le déclenchement de l'opération Barbarossa par Hitler. Le, il exprime directement son opposition durant un entretien radiodiffusé :
« Si nous entrons en guerre et que Staline venait à l'emporter, nous l'aiderions à imposer encore davantage le communisme en Europe et dans le monde. Faire la guerre aux côtés de Staline est plus qu'une parodie. C'est une tragédie. »
Après l'entrée en guerre, Hoover ne fut guère appelé par Roosevelt pour servir pendant le conflit, à son grand regret, mais son impopularité persistante et son inimitié avec Roosevelt rendit la chose presque impossible[106]. Il renonça d'ailleurs à se présenter à l'élection présidentielle de 1944 et, à la demande ducandidat républicain à la présidenceThomas Dewey, il ne fut guère actif durant la campagne[107]. La même année, il perdit sa femme et quitta sa résidence dePalo Alto pour s'installer auWaldorf-Astoria deNew York[106].
Après laSeconde Guerre mondiale, il devint ami avec le nouveau présidentHarry Truman, et cela malgré le fait qu'ils n'appartenaient pas au même parti[108]. Le président le nomma d'ailleurs parmi les membres d'une commission pour réformer les administrations[8]. Cette commission l'élira comme son président, et la commission prit le nom deCommission Hoover(en). La commission rendit ses conclusions, en suggérant de nombreux changements pour faciliter la mainmise du président sur les administrations. D'ailleurs, Hoover se rangea à l'idée d'une présidence forte à l'heure de laguerre froide, alors qu'il s'y était opposé tout au long de la présidence de Roosevelt[109]. Tout en soutenant activement la candidature deThomas Dewey à l'élection présidentielle de 1948, il resta en bons termes avec Truman[110]. Il apporta un soutien actif à l'Organisation des nations unies et à la campagne anti-communiste qui se menait auCongrès, notamment parRichard Nixon etJoseph McCarthy[111]. En1949, il déclina la proposition deThomas Dewey, alorsgouverneur de l'État de New York, de siéger auSénat au siège laissé vacant par la démission deRobert F. Wagner.
Durant les deux dernières années de sa vie, Hoover fut victime de nombreux soucis de santé. En août 1962, il dut se faire opérer à cause d'une excroissance de songros intestin[114]. En août 1964, il devient le deuxième président à atteindre 90 ans[8],[115]. Il meurt dans son appartement au31e étage duWaldorf-Astoria le entouré de ses enfants, des suites d'unehémorragie interne et d'uncancer du côlon[8],[116]. En son honneur, le présidentLyndon B. Johnson décréta 30 jours de deuil national[8].
↑(la + en)Georg Agricola, Herbert Hoover et Lou Henry Hoover,De re metallica, Translated from the First Latin Edition of 1556, New York, Dover Publications,, surarchive.org(lire en ligne).