Pour les articles homonymes, voirCoston.
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| Enfant | Micheline Vallée(d) |
| Parti politique | Action française(jusqu'en) |
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Henri Coston, ditHenry Coston, est unjournaliste,éditeur etessayistefrançaiscollaborationniste etantisémite, né àParis (15e arrondissement) le et mort àCaen le[1].
Pendant l'entre-deux-guerres, il se fait connaître en tant que journaliste etmilitant d'extrême droite,antisémite etantimaçon.Collaborationniste durant l'occupation allemande, il est condamné à la Libération. Après sa sortie de prison, il reprend sa carrière de journaliste et d'éditeur, qu'il mène jusqu'à la fin de sa vie en se spécialisant dans l'étude de lapolitique française et desréseaux d'influence : cela lui vaut d'être considéré, dans une partie des milieux d'extrême droite, comme un auteur de référence. Il a notamment publié unDictionnaire de la politique française en cinq volumes. Son épouseGilberte Borie a géréLa Librairie française.
Né à Paris de Jean Pierre Coston et Catherine Vizade (tous deux originaires de laMargeride enAuvergne), le jeune Henry vit dans la capitale jusqu'à ses 10 ans. Son père, charcutier au 131rue Saint-Charles, qui avait été gazé pendant laPremière Guerre mondiale, est malade et doit renoncer à y vivre.
Coston entre au collège deVilleneuve-sur-Lot où il a pour camaradePaul Guth et le futur ministreJacques Bordeneuve[2], il voit à 16 ans sa famille ruinée par lacrise économique de1926[réf. nécessaire] : il travaille alors comme employé de banque à laSociété générale, tout en animant la section locale de l'Action française à Villeneuve-sur-Lot, dont il est le très jeune secrétaire. Il quitte l'Action française en 1932. Des clients importants de la banque où il travaille se plaignent auprès de la direction au sujet des articles qu'il écrit dans le journal toulousain, monarchiste et catholique,L'Express du Midi[3], étant responsable de la chronique de l'arrondissement, ce qui l'incite à quitter Villeneuve-sur-Lot et à partir vivre à Paris.
En1928, le jeune journaliste fondeLa Contre-Révolution, revueantisémite,anticommuniste,antimaçonnique et opposée auxsociétés secrètes en général, mais qui ne connut que deux numéros. En1930, il crée lesJeunesses anti-juives, puis le journalLa Révolte ouvrière avec notammentHenry Charbonneau[3].
Antisémite doctrinaire, Coston se réclame d'Édouard Drumont au point de relancerLa Libre Parole, le journal créé par le pamphlétaire anti-juif durant lesannées 1890. Avec la collaboration deJacques Ploncard d'Assac, d'Albert Monniot, duDocteur Molle et deJean Drault, il fonde en1930 leParti national populaire, puis soutient leFrancisme deMarcel Bucard en1933, auquel il propose d'intégrerLa Libre Parole.
Il épouse àBrunoy le Maria Rosaria Teresina Dupont, dite del Rosario.
Bucard refusant son antisémitisme virulent[4], Coston participe à la création duFront national ouvrier paysan, également appelé « Les Francistes » (par opposition aux francistes de Bucard), parti d'inspiration fasciste[5], « proche dunational-socialisme allemand[6] » quant à sa doctrine et dissous en1934.
Coston est à partir de 1934 le correspondant français de laWeltdienst, centre allemand de propagande antijuive basé àErfurt et dirigé par Ulrich Fleischhauer, qui l'aurait considéré comme l'un des siens[7],[8]. Un an plus tard, il est reçu par legauleiter de Franconie,Julius Streicher[9], lors duReichsparteitag de 1935. Ces relations avec l'Allemagne nazie lui valent de violentes attaques dansL'Action française[10], germanophobe depuis ses débuts.
Il devient membre duParti populaire français (PPF) deJacques Doriot, où il est chargé des services de renseignement.
En 1936, il part enAlgérie pour tenter de se faire élire député d'Alger à l'occasion desélections législatives — sous l'étiquette « candidat anti-juif d'Union latine » —, mais il est battu[11]. Il revient en métropole en 1937 où il crée plusieurs petites maisons d'édition antisémites et antimaçonniques, publie quelques romans policiers (portant pour la plupart sur la franc-maçonnerie, commeL'Affaire Dargence), puis rompt avec son collaborateurHenri-Robert Petit, qu'il accuse d'avoir mal géré son fonds documentaire durant son séjour en Algérie et de lui avoir volé de l'argent[9]. De 1937 à 1938, il fonde et dirigeLe Siècle nouveau.
La Libre Parole est interdite par le décret dePaul Marchandeau du[12] (paradoxalement, durant l'Occupation, les autorités allemandes lui refuseront, en, l'autorisation de faire reparaîtreLa Libre Parole, demande qu'il avait faite par l'intermédiaire deBernard Faÿ, désigné par l'ambassadeur allemandOtto Abetz comme un de ces« grands bourgeois réactionnaires [qui] voulaient imposer à la France la dictature du sabre et du goupillon[13] »).
Le, Coston épouse en secondes noces à Clichy Denise Hélène Pilloud[14] dont il divorcera en 1948.
Pendant laSeconde Guerre mondiale, il est vice-président de l'Association des journalistes anti-juifs. Appelé parJean Drault, il devient secrétaire de rédaction du quotidien collaborationnisteLa France au travail, qui atteint 180 000 exemplaires en[3]. En1940, son nom figure parmi ceux des quelques membres du Parti national-socialiste français deChristian Message[15].
Il est chargé par lemaréchal Pétain de travailler sur la franc-maçonnerie avec Bernard Faÿ. En1941,s'écartant du Maréchal[réf. nécessaire], il fonde le Centre d'action et de documentation, qui s'occupe des problèmes raciaux, de propagande antisémite et d'information antimaçonnique[11], leBulletin d'information anti-maçonnique, hebdomadaire qu'il dirige jusqu'à sa disparition en 1944, puis leBulletin d'information sur la question juive, autre hebdomadaire édité de mars à juillet 1944. En 1942, il compte parmi les fondateurs de la Commission d'études judéo-maçonniques dulieutenant[réf. nécessaire]SS Moritz[16] et est le président des admissions au Cercle aryen. Il publie, la même année, chez l’éditeur Jean-Renard, « La finance juive et les trust ». Il a collaboré au journalDocuments maçonniques[17].
En 1943, Coston est décoré de l’ordre de la Francisque et publie avecGeorge Montandon la brochure duCahier Jaune intituléeJe vous hais[18], dont le titre est une allusion à une réplique attribuée àLéon Blum lors d’une intervention à laChambre des députés[19] et dans laquelle on peut lire une apologie descamps de concentration[20]. L'année suivante, il publie avecAlbert SimoninLe Bourrage de crâne[21].
À la Libération, Coston s'enfuit enAllemagne, puis àPrague ; arrêté enAutriche en1946, il est poursuivi en1947 pour faits decollaboration, puis condamné l'année suivante aux travaux forcés à perpétuité ; sa troisième femme, Gilberte, est également incarcérée plusieurs mois. Il épouse Gilberte Elisa Bories le àSaint-Martin-de-Ré.
À l'infirmerie de la prison de l'île de Ré, il écritL'ABC du journalisme. Il bénéficie en1951 d'une grâce médicale puis est gracié définitivement en1955.
En1952, sa femme Gilberte fonde laLibrairie française, qui, à partir de1954, se transforme peu à peu, sous l'impulsion de son époux, en maison d'édition et de diffusion[22]. Il en devient le directeur littéraire (l'entreprise sera revendue en 1976 àJean-Gilles Malliarakis).
En1957, Coston fonde avecMichel de Mauny etPierre-Antoine Cousteau la revueLectures françaises. Il reprend ses activités éditoriales antimaçonniques et antisémites en modifiant leur forme, mais sans renier ses convictions antérieures[23]. Il écrit également dansJeune Nation,Défense de l'Occident,Carrefour,L'Écho de la presse et de la publicité,Europe-Action[24] et, plus tard, dansPrésent etNational-Hebdo. Il utilise de multiples pseudonymes — dont « Diogène », « Gygès », « Georges Virebeau » (du nom de la propriété où il a passé son enfance), « Saint-Pastour » ou l'« Archiviste Jérôme ».
Grâce à sa fille, Micheline[25], il fait la connaissance d'Alain de Benoist, ce qui permet à celui-ci de publier un peu plus tard ses premiers articles politiques dansLectures françaises sous le pseudonyme de Cédric de Gentissard[26].
Henry Coston y publie aussi plusieurs articles dePaul Rassinier[27], son ami intime, qu'il aurait perçu, avecMaurice Bardèche, comme une « double caution politique et historique[27] ». LaLibrairie française rééditeLe Mensonge d'Ulysse (1955) et réalise en1961 la première édition d'Ulysse trahi par les siens. Henry Coston ne produit pas lui-même de textesnégationnistes[28], mais en assure la promotion dans ses publications et comme éditeur[29],[30].
Dans lesannées 1960, il continue à justifier l'antisémitisme en considérant que« les excès abominables survenus pendant la guerre ont transformé l'antisémitisme en bourreau, et c'est cette signification qui est aujourd'hui seule retenue[31]. » En 1960, Coston distingue un « bon » antisémitisme français de l'antisémitisme de type nazi :
« Cet antisémitisme, écrit-il, que l'on confond aujourd'hui avec les monstrueuses hécatombes de juifs dans les dernières années duIIIe Reich, a des racines profondes dans le peuple français.
Au Moyen Âge, les rois de France ont bien souvent édicté des mesures contre les juifs. À la fin duXIXe siècle, le catholique Édouard Drumont avait donné une vigueur nouvelle à ce sentiment. La guerre, dont les fascistes rendaient les juifs responsables, et la défaite qu'ils attribuaient à la désorganisation du pays par le gouvernement de Léon Blum, avaient exacerbé leur antisémitisme. Mais aucun d'eux “ne pouvait soupçonner — écritPaul Sérant dansLe Romantisme fasciste,p. 77) — les massacres scientifiquement conçus et organisés par certains dirigeants du régime hitlérien”[32]. »
Ses écrits concernent notamment ce qui formerait la mainmise desfrancs-maçons et de la « haute finance » sur lapolitique et lapressefrançaises. À la sortie duRetour des 200 familles[33],Le Canard enchaîné écrit que« le de-cujus [Coston] est presque toujours remarquablement informé, ses dossiers sont presque toujours sérieux et il a le mérite de ne pas faire parler de lui. Pour cause que la grande presse, de droite et de gauche, n'accepte jamais, pour ainsi dire, de mentionner l'existence de ses bouquins[34] » ; admettant peu après avoir« un peu forcé sur la nuance », l'hebdomadaire le présente ensuite comme« un tantinet fasciste sur les bords, fortement pétainiste, un soupçon antisémite[35]. »
DansInfiltrations ennemies dans la droite nationale et populaire, publié en1999, Coston prétend qu'une infiltration de la franc-maçonnerie, notamment de laGrande Loge nationale française (GLNF), constitue la cause de la scission duFront national.
Il a appartenu à l’association des amis de Robert Brasillach[36].
Coston est l'auteur d'unDictionnaire de la politique française en plusieurs volumes qui présente les principaux acteurs (revues, mouvements, partis,idéologies, clubs, loges maçonniques) desdroites et desgauches françaises auXXe siècle. Souvent cité, mais parfois critiqué[37], il l'est par exemple par l'historienJean-Pierre Rioux comme exemple de« nomenclatures dénonciatrices » produite par les milieux d'extrême droite à partir desannées 1950[38].
Pierre Assouline le décrit, quant à lui, comme« un ouvrage indispensable à l'historien, à condition de l'utiliser avec précaution […]. Parfois cité, souvent pillé, leDictionnaire de la politique française est en effet une mine d'informations sur la presse et les mouvements politiques, les journalistes et les politiciens de l'entre-deux-guerres et l'Occupation[39]. »
Pour l'historienSimon Epstein,« son style, certes, a évolué. Il houspillait les juifs avant 1939 ; s'il traque furieusement les "youtres" entre 1940 et 1944, il s'attache désormais, d'une plume affligée, à épingler et recenser les "israélites". Les quatre volumes de sonDictionnaire de la Politique Française n'en constituent pas moins — pourvu qu'on prenne soin d'en vérifier les références, lesquelles d'ailleurs sont assez souvent exactes — une source non négligeable de renseignements[40]. »
Coston meurt en, après avoir commencé à écrire ses mémoires (en trois tomes[41]), et lancé une nouvelle publication,Nous les Françaises. Il est inhumé aucimetière parisien deBagneux, dans lesHauts-de-Seine. Son décès est mentionné aussi bien dans les médias proches de l'extrême droite[42] que dans la presse internationale[43].
Yann Moncomble[44] etEmmanuel Ratier[45] ont pu être considérés comme les « successeurs » de Coston, de par leur activité d'archivistes de la politique et leurs écritsconspirationnistes.
(Liste non-exhaustive.)
« Europe-Action adopte dès ses origines un corps idéologique limpide : apologie du nazisme et de l'antisémitisme. […] Les négationnistes de la première génération participent à l'épopée du groupuscule d'extrême droite.Henry Coston prend une part active à Europe-Action : à chaque livraison du journal, il y joint une série de fiches de documentation détaillées.
Son mensuelLectures françaises ne manque pas de faire de nombreuses publicités pour le groupuscule. »
Par ailleurs,Nadine Fresco note :« Henry Coston, lui, avait d'abord été le diffuseur dès 1955, du deuxième livre de Rassinier,Le Mensonge d'Ulysse, avec ce commentaire : “Enfin la vérité sur les camps de concentration, par un ancien déporté de Buchenwald et de Dora”. »
La note 70 précise :« Comme l'indique la quatrième de couverture du livre de Coston lui-même,Les Financiers qui mènent le monde, 365 pages, La Librairie française, 1955 » (Fabrication d'un antisémite :Paul Rassinier,Éditions du Seuil, La Librairie duXXe siècle, 1999(ISBN 2-02-021532-2),p. 28).
« Ce seraitEmmanuel Ratier dans ce cas-là. Il peut être considéré comme mon héritier moral… Nous n’avons pas travaillé ensemble, mais il a repris ma formule qui consiste à publier des petites nouvelles. Il fait d’ailleurs une lettre qui est remarquablement réalisée. »
— Faits & Documents. Lettre d'informations confidentielles d'Emmanuel Ratier,no 116, 1er-,p. 10
Dans leno 4818 du quotidienPrésent, daté du samedi 5 mai 2001, Coston déclare, dans un entretien avecFrancis Bergeron (page 7) :« Emmanuel Ratier est certainement celui qui est le plus fidèle à l'esprit qui a guidé mes travaux. Et l'on voit qu'il travaille sur des sources maçonniques et cosmopolites, ce qui est loin d'être le cas de tous ceux — dans notre famille de pensée — qui écrivent sur le sujet. »
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