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| Frédéric-Henri Sauvage | |
| Présentation | |
|---|---|
| Naissance | Rouen (France) |
| Décès | (à 58 ans) 15e arrondissement de Paris (France) |
| Nationalité | Française |
| Mouvement | Art nouveau,Art déco,Mouvement moderne |
| Activités | Architecte, décorateur, enseignant |
| Formation | ENSBA, atelierPascal |
| Œuvre | |
| Agence | Sauvage (de 1898 à 1902), Sauvage et Sarazin (de 1902 à 1916), Sauvage (à partir de 1919) |
| Réalisations |
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| Distinctions | Chevalier de la Légion d'honneur |
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Frédéric Henri Sauvage ditHenri Sauvage, né le àRouen[1] et mort le à Paris, est unarchitecte et undécorateurfrançais. Il est un disciple d'Eugène Viollet-le-Duc[2].
Concepteur prolifique, partisan de l'œuvre d'art totale définie parHenry Van de Velde, Henri Sauvageest considéré[Par qui ?] commel’un des principaux architectes français du premier tiers duXXe siècle[évasif]. De l’Art nouveau à l’Art déco, Sauvage est l’un des rares créateurs de sa génération à avoir constamment et méthodiquement renouvelé ses repères formels et ses références techniques[3]. Lavilla Majorelle àNancy (1898-1902), les immeubles d'habitation à bon marché construits de 1903 à 1912, lesimmeubles à gradins du 26,rue Vavin (1912-1913) et du 13,rue des Amiraux (1913-1930), enfin lesmagasins 2 et 3 dela Samaritaine à Paris (1925-1930) et lesmagasins Decré àNantes (1931) jalonnent une œuvre très diverse qui commença par les tentures décoratives et le mobilier, pour aboutir aux immeubles à gradins et à lapréfabrication. La rigueur constructive, la hardiesse des partis et la qualité des détails servent un rationalisme pragmatique. Les exigences esthétiques, techniques, urbanistiques et sociales d’Henri Sauvage ont préparé les expériences menées par plusieurs générations d'architectes : en premier lieu ceux qui se firent connaître dans les années 1920, commeLe Corbusier ouRobert Mallet-Stevens, qui considérèrent Sauvage comme un précurseur de l'architecture dite moderne, à l'instar d'Auguste Perret ou deTony Garnier[4].
Henri Sauvage étudie l'architecture à l'École nationale supérieure des beaux-arts de 1892 à 1903, dans l'atelier deJean-Louis Pascal, mais quitte l'École sans en être diplômé et se revendique autodidacte. Fils spirituel de l'architecte rationalisteFrantz Jourdain (1847-1935), admirateur et ami de l'ébéniste nancéienLouis Majorelle (1859-1926), ami du peintre et créateur de meublesFrancis Jourdain (le fils deFrantz Jourdain), de l'architecte-décorateurHector Guimard et de l'architecteAuguste Perret, gendre, enfin, du sculpteur, médailleur et ébénisteAlexandre Charpentier[5], Henri Sauvage a construit sa première célébrité sur les chemins de traverse de l'Art nouveau. Vers 1895, pour le compte de l'entreprise de tentures décoratives de son père Henri-Albert Sauvage et l'associé de celui-ci,Alexandre-Amédée Jolly, il aménage une boutique de décoration 3rue de Rohan, Paris1er (détruite). L'entreprise Jolly fils et H. Sauvage reçoit de nombreuses commandes de tentures décoratives, notamment d'Hector Guimard pour sonCastel Béranger[6], ou deLouis Majorelle. Pour ce travail, il s'inspire directement du livre deViollet-le-DucHistoire d'une Maison[7]. C'est avec cette première activité de créateur depochoirs puis de meubles et d'objets décoratifs que le jeune Henri Sauvage se forme à son métier.
En 1897, Sauvage est àBruxelles où il travaille chez l'architectePaul Saintenoy. Le séjour d'Henri Sauvage à Bruxelles, qui le sensibilise aussi à l'Art nouveau très rationaliste dePaul Hankar, est aussi important pour la maturation artistique de Sauvage (et pour l'éclosion de l'Art nouveau français) que le fut pourHector Guimard la visite que celui-ci fit à l'architecte belgeVictor Horta deux ans plus tôt[8]. En1898, Sauvage épouseMarie-Louise Charpentier, fille d'Alexandre Charpentier. La même année, il fonde son agence et adhère à laSociété nationale des beaux-arts où il expose régulièrement ses créations.

Toujours en 1898, il reçoit deLouis Majorelle la commande d'une villa à construire à proximité des nouveaux ateliers du maître-ébéniste nancéien. Parachevée en 1902, lavilla Majorelle à Nancy vaut une précoce célébrité internationale au jeune architecte parisien[9]. En 1899, Sauvage aménage deux salons au Café de Paris (détruits ; le salon mauve a été reconstitué aumusée Carnavalet, Paris), après les trois salons queLouis Majorelle y a décorés l'année précédente. À l’Exposition universelle de Paris 1900, il réalise le théâtre de la danseuseLoïe Fuller (en collaboration avecPierre Roche,Francis Jourdain etAlexandre Bigot), le Guignol parisien, le stand de Jolly fils et H. Sauvage, une usine pour la production électrique destinée à l’exposition et quelques édicules dans le cadre de l’exposition de L’Art de la rue organisée parFrantz Jourdain. Il signe des projets, non réalisés, de buvette, de mâts décoratifs, de pavillon pour les Établissements Majorelle, pour la revueLa mode pratique[10].

De 1899 à 1901, Sauvage expose des meubles et objets divers aux salons annuels deL’Art dans Tout, ancienGroupe des Cinq (puisSociété des Six) fondé en 1895 à l’initiative d’Alexandre Charpentier. En 1901, il adhère à laSociété des artistes décorateurs (SAD), dès sa fondation. En 1901-1902, il réaménage le magasin du tapissier et décorateurHenri Jansen, 9rue Royale (Paris1er, détruit), où il collabore avec le ferronnier Régius (enseigne du magasin) et, pour la décoration de la salle de bains modèle, avecFrancis Jourdain,Alexandre Charpentier et le céramisteAlexandre Bigot. En 1902, Sauvage réaménage la boutique du marchand de tissuJules Coudyser, 19rue de Cléry (Paris2e, détruite). Il participe la même année à l’Exposition internationale d’art décoratif de Turin. En 1905, il reçoit la commande de la décoration de la maison de l'avocatLéon Losseau (maison Losseau) àMons (Belgique) réaménagée sous la direction dePaul Saintenoy[11]. Seules les mosaïques des vestibules seront réalisées par Sauvage etSarazin, son associé. (NB : une grande partie de la décoration intérieure de la maison deLéon Losseau a été finalement réalisée par le BruxelloisLouis Sauvage, homonymie qui provoque souvent des confusions d'autant moins décelables que certains détails réalisés par Louis Sauvage, en particulier les luminaires moulurés en écoinçons aux angles des murs et du plafond du hall central, reprennent directement des solutions imaginées par Henri Sauvage)[12]. En 1908, il réalise la villa de la veuve du commandant Albert Marcot, 16 avenue Thiers àCompiègne (Oise), ornée de grès flammés deGentil & Bourdet, de ferronneries deRégius et Ruffin (aujourd'hui dégradées), avec du mobilier deLouis Majorelle (disparu).
De1902 à1916, il collabore avec l'architecteCharles Sarazin avec lequel il participe à la fondation en1903 de laSociété des logements hygiéniques à bon marché[13]. Il construit pour cette société six immeubles, en particulier le 7rue de Trétaigne, Paris18e (1903-1904) et le 163boulevard de l'Hôpital, Paris13e (1908), l'un et l'autre bâti au moyen d'une structure enbéton armé apparente, avec remplissages en briques apparentes pour le premier immeuble, intégralement carrelée de grès deGentil & Bourdet pour le second. Il réalise par ailleurs des immeublesHBM moins coûteux car de construction plus conventionnelle en briques porteuses apparentes, comme le 20,rue Severo, Paris14e (1905), le 1rue de la Chine, Paris20e (1907), le 26 rue Jean-Macé auHavre (1911), le 1rue Ferdinand-Flocon, Paris18e (1912). Avec ces HBM, Henri Sauvage intègre avec grande rigueur les principes hygiénistes dans la conception et la construction des logements collectifs, suivant une méthode rationaliste directement nourrie aux écrits deViollet-le-Duc. Sauvage est aussi l'un des premiers en France avecAuguste Perret à avoir utilisé le béton armé dans le domaine de l'architecture domestique, non pas seulement comme un matériau de construction, mais surtout comme un véritable matériau d'architecture : au 7rue de Trétaigne, Sauvage met en œuvre une structure en béton armé d'apparence austère, mais dont la modularité très fonctionnelle crée une puissante scansion monumentale. La solution sera reprise par de nombreux architectes d'HBM, en particulierAuguste Labussière au groupe HBM de larue de la Saïda, ParisXIIIe (1913).
L'association avecCharles Sarazin de 1902 à 1916 l'amène à construire àBiarritz deux audacieuses et élégantes villas mêlant Art nouveau et régionalisme : la villa Océana, construite sur l'avenue de l'Impératrice en 1903-1904 (détruite en 1975), et surtout la villa d'Albert-Guillaume Leuba (appeléevilla Natacha à partir des années 1920), 110 rue d'Espagne (1905-1907), dont l'esthétique générale néo-basque n'est qu'apparente et qui fut l'une des plus grandes réussites d'Henri Sauvage en matière d'Art nouveau (collaborations avec le ferronnierEdgar Brandt, avec le peintreFrank Brangwyn, avec le céramisteAlexandre Bigot). Sauvage y conçoit aussi des vitraux inspirés des réalisations deTiffany, ainsi que le mobilier, proche des réalisations de GustaveSerrurier-Bovy[14].
Sauvage etSarazin réalisent à Paris desimmeubles de rapport d'un rationalisme constructif démonstratif, comme le 17rue Damrémont, Paris18e (1902), la Cité l'Argentine, 111avenue Victor-Hugo, Paris16e (1904) et le 7rue Danville, Paris14e (1904), d'un Art nouveau élégant comme le 22rue Laugier, Paris17e (1904), ou bien d'une esthétique aussi gracieuse qu'académique comme le 29rue La Boétie, Paris8e (1911). L'agence Henri Sauvage et Charles Sarazin travaille beaucoup avec le frère de celui-ci, l'ingénieur et homme d'affairesPaul Sarazin par qui le tandem reçoit de lucratives commandes d'hôtels balnéaires d'esthétique le plus souvent conventionnelle, mais d'une technique constructive parfois très avancée pour l'époque, qu'Henri Sauvage, très soucieux de sa réputation d'architecte novateur, a toujours cachée à ses contemporains. Ainsi Sauvage et Sarazin réalisent l'hôtel Princess, 2,boulevard Sainte-Beuve àBoulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais, 1906), le Trianon Hôtel des Terrasses auTréport (1908-1911, détruit), le Palace Hôtel de Monterrey (Mexique, 1909-1911, aujourd'huiGran Hotel Ancira), la reconstruction de l'Hôtel Frascati au Havre (Seine-Maritime, 1910, détruit), le Golf Hôtel de Beauvallon àGrimaud (Var, 1911, achevé par Julien Flegenheimer[15]), l'hôtel du Parc àBourbonne-les-Bains (Haute-Marne, 1913).
Poursuivant ses réflexions hygiénistes sur l’ensoleillement et l’aération des logements, qu'il avait amorcées avec les immeubles HBM construits pour laSociété des logements hygiéniques à bon marché, Sauvage développe à partir de 1909 un ingénieux système d’immeubles à gradins, dont Charles Sarazin et lui déposent le brevet en 1912[16]. Les seules applications en seront l'immeuble à gradins du 26,rue Vavin, Paris6e, en 1912-1913 (Francis Jourdain y a aménagé son propre appartement), et celui du13, rue des Amiraux (et sa célèbre piscine construite dans le volume central de l'immeuble), en 1913-1930, l'un et l'autre couvert de carrelage « métro » de l'entrepriseHippolyte Boulenger etCie, dont l'effet sensationnel ne contribua pas peu à la célébrité. Un troisième projet d'immeubles HBM à gradins à construire sur labutte Montmartre,rue des Saules (1925-1928), est abandonné.
Plus nombreux seront les projets spectaculaires, conçus pour frapper l'imagination du public : projet de Giant Hotel sur les berges de la Seine (1927), projet d'immeuble Metropolis, sur l'actuelleavenue du Président-Kennedy (1928), projet de gigantesque immeuble cruciforme à gradins sur lecimetière du Montparnasse à Paris (1930), projet pour leconcours Rosenthal d'aménagement de laporte Maillot à Paris (1931).
Dérogeant à la lettre, sinon à l'esprit durèglement de voirie parisien de 1902, le système de construction en gradins imaginé par Sauvage fut, sur le papier, une généreuse réponse à l'insalubrité et à la surdensité des villes[17], et contribua fortement à la célébrité de son inventeur dans l'historiographie, en lui conférant un statut d'annonciateur duMouvement moderne[18]. À l'usage, cependant, les deux immeubles à gradins que réalisa Sauvage se sont avérés peu rentables, notamment en raison de l'obscur volume central dont l'affectation est aléatoire (Sauvage installe son agence dans le volume central du 26, rue Vavin ; une piscine municipale est construite dans celui du 13, rue des Amiraux), et surtout de la perte de surface habitable qu'entraîne le parti en gradins, sans que cette perte puisse être compensée par la plus grande hauteur des immeubles, qu'avait initialement espérée Sauvage, mais que lui interdirent les services préfectoraux de voirie[19]. Malgré leur bilan fonctionnel mitigé, les immeubles à gradins ont eu un impact non négligeable sur les réflexions et réalisations d'importants architectes français des années 1950-1980, concepteurs de mégastructures, commeGeorges Candilis,Jean Balladur,Michel Andrault etPierre Parat, ouJean Renaudie.
Ses recherches fonctionnelles n'excluent nullement un goût prononcé pour le décoratif. En tant que membre duSalon d'automne fondé en 1903 à l'initiative deFrantz Jourdain, Henri Sauvage bénéficie d'un point de vue privilégié sur l'actualité artistique de son époque. Aussi est-il l'un des premiers créateurs de sa génération à percevoir la fin de l'Art nouveau, qu'il abandonne en 1909, et la naissance d'une esthétique nouvelle, plus tard appeléeArt déco, qu'il sera l'un des premiers à pratiquer, en particulier avec l'immeuble qu'il construit pourLouis Majorelle, 124-126rue de Provence, Paris9e, en 1913. À l’Exposition des arts décoratifs de Paris en 1925, Henri Sauvage réalise le Pavillon Primavera (en collaboration avec l'architecteGeorges Wybo et l'entreprisePeyret Frères), le Souk tunisien, le Panorama de l’Afrique du nord, la Galerie des boutiques (appelée aussi Galerie Constantine), ainsi qu'un transformateur électrique conçu avec sa belle-sœur, la sculptriceZette Sauvage[20]. Sa contribution très remarquée à l'exposition des Arts déco lui vaut laLégion d'honneur en 1926.
Durant les années 1920, désormais séparé deCharles Sarazin, Henri Sauvage confirme son statut de protagoniste de l'architecture Art déco. Il signe à Paris deux cinémas : le Sèvres, 80bisrue de Sèvres, Paris7e (1920, détruit en 1975) et le Gambetta-Palace, 6rue Belgrand, Paris20e (1920, intérieur détruit). Il réalise de riches immeubles de rapport qui sont salués par la presse de l'époque comme des réponses aussi élégantes que fonctionnelles à l'évolution des besoins domestiques de l'entre-deux-guerres. Ainsi réalise-t-il le 137boulevard Raspail, Paris6e (1922, mitoyen de l'immeuble à gradins du 26rue Vavin), les 4 et 6avenue Sully-Prudhomme, Paris7e (1923, métopes sommitales deFrançois Pompon), et, en 1924, le 14-16 boulevard Raspail, Paris7e, le 22-24 rue Beaujon, Paris8e, le 42rue de la Pompe, Paris16e et le 50avenue Duquesne-12rue Éblé, Paris7e. En 1926, il construit le 19 boulevard Raspail, Paris7e, et le 8bisboulevard Maillot àNeuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine)[21]. En 1927, il réalise leStudio-Building, luxueux immeuble d'appartements en duplex, situé 65rue La Fontaine, Paris16e, entièrement carrelé de grès deGentil & Bourdet, polychromes côté rue et d'une lumineuse blancheur côté cour. Avec le Studio-Building, Sauvage donne une pragmatique réponse au projet d'immeuble de 120 villas superposées deLe Corbusier (1922). En bon homme d'affaires, il baptise son immeuble du nom du célèbre immeuble d'ateliers d'artistes construit parRichard Morris Hunt àNew York en 1857.De 1927 à 1931, il réalise deux immeubles de bureaux aux 8 et 10rue Saint-Marc, Paris2e. En 1928, il réalise le 28rue Scheffer, Paris16e. En 1929-1932, il réalise l’immeuble de rapport du Vert-Galant au 42quai des Orfèvres (Paris1er) qui lui valut les attaques de défenseurs du patrimoine architectural de laplace Dauphine[22]. Sauvage réfléchit de manière pragmatique au programme de l'immeuble de rapport et aux inflexions que lui impriment les difficultés économiques du temps et l'évolution rapide des techniques constructives[23]. En 1925, Sauvage construit aussi la villa deJean Hallade àCombs-la-Ville (Seine-et-Marne) et, en 1926, deux élégantes demeures, d'esprit très rationaliste : celle qu'il bâtit pour lui-même àSaint-Martin-la-Garenne (Yvelines)[24], et l’hôtel particulier deJulien Reinach, 11villa Madrid à Neuilly-sur-Seine.
Par-delà ces réalisations qui lui valent célébrité, et fortune, la grande affaire des années vingt est, pour Sauvage, celle de lapréfabrication des éléments constructifs et de la rationalisation de la mise en œuvre, ce que l'architecte, qui admire l'organisation scientifique du travail américaine, appelle construction rapide[25]. Pour la reconstruction dans le département de l'Aisne à partir de 1921, il propose des modèles de maisons individuelles visiblement préfabriquées. De 1924 à 1931, il dépose quatorze brevets de système constructifs novateurs ou de préfabrication d'éléments de second œuvre, notamment de systèmes de construction de cellules en acier préfabriquées (une maison à cellules standardisées est présentée ausalon des Arts ménagers de 1926, et reconstruite 20rue Félicien-David, Paris16e ; détruite), ou en tube d'amiante-cimentEternit (deux prototypes réalisés en 1931, dont un àVanves,Hauts-de-Seine, non localisé). En 1925, il fonde la Société de constructions rapides, ancêtre des bureaux d'études techniques, qui seconde son agence d'architecture dans l'élaboration et l'expérimentation de procédés nouveaux. En 1927, il réalise une maison préfabriquée pourMaurice Bunau-Varilla, directeur du quotidienLe Matin, 12 rue de Chevreuse,Orsay (Essonne). De 1928 à 1931, dans le cadre du lotissement du 25-27rue Legendre, Paris17e, où il est l'architecte de quatre autres immeubles de rapport, Sauvage construit un immeuble expérimental au 4square Gabriel-Fauré, où il exploite un brevet de poutres préfabriquées en béton armé, qu'il a déposé en 1928. La préfabrication des composants et l'industrialisation de la mise en œuvre n'excluent pas le souffle poétique, comme en témoigne son projet pour le concours de monument commémoratif de la première victoire de la Marne àMondement (Marne, non réalisé), qu’il étudie avec sa belle-sœurZette Sauvage en 1930. Ces expérimentations restent sans lendemain, faute d'une concentration suffisante des entreprises du secteur du bâtiment susceptibles de lancer des filières techniques et constructives nouvelles, faute d'une volonté gouvernementale comparable à celle qui se manifeste à partir de 1940, en raison aussi du trop grand isolement des expériences de ces brillantes individualités que furent Henri Sauvage,Eugène Beaudouin etMarcel Lods, ouJean Prouvé. Ces expériences annoncent néanmoins les filières d'industrialisation de la construction de logements, mises en place dans la France des années 1940-1970[26].
Ces deux axes de réflexion, sur le renouvellement de l'esthétique architecturale d'une part, sur la construction rapide d'autre part, trouvent leur synthèse avec l'extension dumagasin 2 delaSamaritaine (initialement construit en 1903-1910 parFrantz Jourdain),quai du Louvre, ParisIer (1925-1928), avec la reconstruction dumagasin 3,rue de Rivoli, Paris1er (1930)[27], l'un et l'autre en collaboration avecFrantz Jourdain, et avec la construction du nouveau grandmagasin Decré, rue du Moulin,Nantes (Loire-Inférieure, 1931, avecCharles Friesé ; détruit en 1943, reconstruit en 1949). Sur ces trois chantiers, Sauvage passe progressivement du statut d'observateur des techniques constructives novatrices de son temps, à celui de chef d'orchestre, comme il le souligne dans les articles consacrés à ces chantiers[28]. Lesmagasins 2 et 3 de la Samaritaine sont bâtis sans interruption de leur fonctionnement commercial ; les magasins Decré sont construits et achevés (hors travaux de fondations), en 97 jours.Les façades de la nouvelle Samaritaine permettent à Sauvage de pratiquer l'échelle monumentale à laquelle son statut d'architecte travaillant presque exclusivement pour des clients privés ne lui permettait pasa priori d'atteindre. Les façades-rideau transparentes et lumineuses et la polychromie des magasins Decré sont saluées par Johannes Duiker[29] comme une expression de cetteNouvelle Objectivité architecturale, alors visible surtout enAllemagne, enSuisse et auxPays-Bas. Mort précocement, Sauvage n'eut pas l'occasion de pratiquer plus avant l'expression nouvelle qu'annoncent les magasins Decré et qui sans doute, eut fait de lui, non pas seulement l'annonciateur duMouvement moderne que voit habituellement en lui l'historiographie[30], mais l'un de ses protagonistes[31].
De 1929 à 1931, il dirige l'atelier d'architecture de l'École nationale supérieure des arts décoratifs. Beaucoup de ses réalisations Art nouveau ont été détruites, d'autres, en particulier la villa Marcot àCompiègne, sont en mauvais état. Ses principales réalisations ont été classées ou inscrites au titre desmonuments historiques à partir de 1975[32].
Parmi les réalisations d’Henri Sauvage, on trouve[33] :
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