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Henri Langlois, né le àSmyrne (aujourd'huiIzmir) enTurquie et mort le dans le14e arrondissement de Paris[2], est un pionnier de la conservation et de la restauration defilms. Il est l'un des artisans fondateurs de laCinémathèque française.
Il commence ses archives avec des fonds privés et seulement une dizaine de films. Au cours des décennies suivantes, la collection s'accroît jusqu'à atteindre plusieurs milliers de titres.
Henri Langlois naît le àSmyrne de parents français. Son père, Gustave Langlois, est journaliste. Sa mère, Annie Braggiotti, compte des artistes dans sa famille américaine àBoston[3]. La ville de Smyrne étant détruite par un incendie en 1922, ses parents rentrent en France[4],[5].
Il fait ses études àParis, aulycée Condorcet[4]. Sa mère l'emmène dans les musées, les salles de concert, les théâtres et les cinémas[3].
En1933, pour protester contre la décision de son père qui veut l'inscrire à la faculté de droit, il échoue volontairement à sonbac, en rendant page blanche, puis en allant aucinéma. Lui ne veut s'occuper que de cinéma.« Moi je suis la brebis galeuse de la famille. J'aimais trop le cinéma » dira-t-il. Après cet échec, son père lui trouve un emploi chez un imprimeur. C'est grâce à cet emploi qu'il rencontreGeorges Franju, son aîné de deux ans. Ils deviennent amis. Franju dira :« C'est grâce à lui que j'ai vraiment appris ce qu'était le cinéma muet. »
Ensemble ils essayeront de faire un filmLe Métro (retrouvé en1985, il se trouve aujourd'hui à la Cinémathèque). Seul Franju, toutefois, poursuivra un parcours de cinéaste.
En 1935, Henri Langlois arrive à faire paraître des articles dans un hebdomadaire intituléLa Cinématographie française, dont le propriétaire s'appellePaul-Auguste Harlé. Langlois a compris qu'avec l'arrivée du cinéma parlant, les films du cinéma muets allaient disparaître, et qu'il fallait les sauver. Cette même année au mois d'octobre, il fait la connaissance deJean Mitry au Cercle du Cinéma qui donnait des projections au-dessus du grand cinéma Marignan aux Champs-Élysées, par l'intermédiaire de Madeleine Malthête-Méliès (la petite fille deGeorges Méliès)[6]. Celui-ci âgé de 35 ans est historien du cinéma. Il les encourage dans leur idée à monter unciné-club voué aux films muets.
Ce ciné-club voit le jour en et porte le nom de Cercle du cinéma :« Il s'agit avant tout de montrer des films et non de discuter après. Les débats ne servent à rien » dira Langlois. Les recettes servent à rassembler une première collection de films.Paul-Auguste Harlé leur ouvre un crédit de dix mille francs, avec lesquels Langlois et Franju achètent des copies de 35 mm d'une dizaine de films. Les mois qui suivent créent le climat favorable qui va rendre possible la création de laCinémathèque.
À vingt ans, Henri Langlois devient un spécialiste ducinéma et possède dans ce domaine une connaissanceencyclopédique.
En1936, Henri Langlois,Georges Franju etJean Mitry fondent officiellement laCinémathèque française. Elle est conçue comme une salle et un musée du cinéma. Son siège social est situé à Paris, 29,rue Marsoulan dans le12e arrondissement.Paul-Auguste Harlé en est le premier président, Henri Langlois etGeorges Franju les secrétaires généraux,Mary Meerson le principal contributeur financier grâce à la vente de ses toiles de grands peintres[7] etJean Mitry en est l'archiviste. LaFrance de 1936 venait de voir naître saCinémathèque. Dès1937, la Cinémathèque peut se recommander de noms aussi illustres que ceux deLumière,Kamenka,Pathé ouGaumont et possède déjà une importante collection. De dix films en1936, le fond atteint plus de 60 000 films en1970. Bien plus qu'un simple archiviste, Langlois sauve, reconstitue et montre beaucoup de films en danger de désintégration. La plupart des films stockés sont encelluloïd, un matériau fragile qui exige pour une conservation durable un environnement (température, hygrométrie) fortement contrôlé.
Pendant laSeconde Guerre mondiale, Langlois, apolitique, continue à projeter ses films salle Jules Ferry à la Cinémathèque française[8],lui et ses collègues aident à sauver beaucoup de films contre l'occupation nazie en France[réf. souhaitée].
En 1937, il se lie d'amitié avecLotte Eisner, historienne du cinéma, qui a fui les persécutions nazies en Allemagne. Cette dernière deviendra conservatrice en chef de la Cinémathèque française jusqu'à sa retraite en 1975.
En 1945, la photographeDenise Bellon, belle sœur du cinéaste surréalisteJacques Brunius réalise un reportage unique sur La Cinémathèque française et immortalise la célèbre baignoire pleine de bobines de films, mais aussi Henri Langlois dans la rue poussant un landau rempli de bobines.
En plus des films, Langlois aide également à préserver d'autres objets liés au cinéma, tels que caméras, machines de projection, costumes et programmes de salles.
Langlois contribue à la fondation de la Cinémathèque de Cuba. En 1950, un photographe et cinéaste amateurHerman Puig se rend à Paris où il rencontre Langlois. Cette réunion est brève mais décisive puisque Langlois accepte d'envoyer des films français au Ciné-club de La Havane (antécédent de la Cinémathèque de Cuba), mais à la condition que ce petit ciné-club soit institutionnalisé, puisque la Cinémathèque française ne peut effectuer d'échange de films qu'avec un organisme analogue.
Langlois a un impact important sur les réalisateurs français de laNouvelle Vague pendant lesannées 1960, entre autres :François Truffaut,Jean-Luc Godard,Claude Chabrol etAlain Resnais. Certains de ces réalisateurs de film se sont eux-mêmes appelés « les enfants de la Cinémathèque ».
C'est en 1962 que Henri Langlois expose ses idées sur la conservation, la restauration et la philosophie qui l'anime dans une interview deMichel Mardore etÉric Rohmer dans lesCahiers du cinéma[9]. Cette publication fera date dans l'histoire des cinémathèques.
En1968, le ministre français de la CultureAndré Malraux qui, depuis1958, a mis à la disposition de Langlois d'importants moyens financiers, décide de le priver de la direction administrative de la cinémathèque, tout en lui offrant la direction artistique. Au ministère de la Culture, on reproche à Langlois de négliger complètement l'administration, la comptabilité et la gestion, d'être incapable de donner les informations établissant le droit de propriété de la cinémathèque sur certaines bobines, et d'être si peu soucieux des conditions matérielles de conservation que des milliers de films se détériorent dans des blockhaus dont il refuse l'accès aux techniciens et à certains chercheurs[10]. Langlois est finalement remplacé parPierre Barbin, choisi et nommé par le ministère.
C'est le début de ce qu'on appellera l’« affaire Langlois ». Le limogeage du fondateur de laCinémathèque française provoque une avalanche de protestations dans le milieu du cinéma et au-delà, à l'étranger, avec la participation entre autres deCharles Chaplin,Stanley Kubrick,Orson Welles,Luis Buñuel, et, en France, avecFrançois Truffaut,Jean-Pierre Léaud,Claude Jade,Alain Resnais,Jean-Luc Godard,Jean Marais, etc. Un très actifComité de défense de la Cinémathèque française est créé le pour soutenir Langlois. Son trésorier est Truffaut, qui fait partie des fondateurs du comité, avec notamment Godard etJacques Rivette[11]. L'opposition politique au gouvernement s'émeut.Daniel Cohn-Bendit, alors encore inconnu, participe à une manifestation en faveur de Langlois,rue de Courcelles, où se trouve le siège de la Cinémathèque[12]. Le, à l'Assemblée nationale,François Mitterrand qualifie l'éviction de Langlois de choquante[10].
Malraux fait marche arrière et Langlois est réintégré dans ses fonctions le[12]. Hostile aux soutiens de Langlois dans cette affaire,Raymond Borde estime que la gauche s'est reniée à cette occasion, en défendant« le droit d'un individu sur un patrimoine qui appartient à la Nation[12] »,[13].
Il fonde leMusée du cinéma qui ouvre le aupalais de Chaillot.
Le, Langlois reçoit unOscar pour l'ensemble de son travail consacré à la réalisation de la Cinémathèque.
En 1977, il lance àTours un Festival international des écoles de cinéma.
Jusqu'à sa mort à Paris le, Langlois s'efforce d'étendre le principe d'une cinémathèque à d'autres pays, tels que lesÉtats-Unis.
Il est inhumé en bordure de la6e division ducimetière du Montparnasse, àParis.
Souhaitant organiser une exposition sur le décorateurLazare Meerson il rencontra la veuve de ce dernier, en 1938,Mary Meerson. De 12 ans son aînée, elle devint sa compagne de vie (malgré le fait que Henri Langlois était homosexuel[14]) mais surtout l'une de ses plus efficaces collaboratrices.
Le Festival international des écoles de cinéma, que Langlois a initié à Tours quelques semaines avant sa mort, a été baptisé en son honneurRencontres Henri Langlois. Ce festival se tient à présent, et depuis1990, àPoitiers.
En 2005, à l'initiative de Jean-Louis Langlois (son neveu) et de Frédéric Vidal, sont créées lesRencontres internationales du cinéma de patrimoine au cours desquelles sont décernés lesprix Henri-Langlois (à partir de 2006). Ces deux manifestations sont parrainées par un comité d'honneur présidé parClaudia Cardinale. Leur objectif est d’interpeller cinéphiles, élèves et étudiants, professionnels du7e art et pouvoirs publics, sur le devenir des œuvres cinématographiques.
Les Rencontres prennent en compte des travaux récents des organismes qui œuvrent à la conservation et à la restauration des films, l'actualité des comédiens et des réalisateurs (distingués dans la catégorie Coups de cœur sur le cinéma actuel) et la carrière des personnalités du cinéma relevant du cinéma d'auteurs et d’œuvres de patrimoine.
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