Movatterモバイル変換


[0]ホーム

URL:


Aller au contenu
Wikipédial'encyclopédie libre
Rechercher

Henri Krasucki

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Henri Krasucki
Fonctions
Secrétaire général de la Confédération générale du travail
-
Directeur
La Nouvelle Vie ouvrière(en)
-
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Henoch KrasuckiVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
française(à partir de)Voir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Activités
Autres informations
A travaillé pour
La Nouvelle Vie ouvrière(en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Parti politique
Membre de
Conflit
Lieux de détention
Distinction

modifier -modifier le code -modifier WikidataDocumentation du modèle

Henri Krasucki, né Henoch Krasucki le àWołomin dans la banlieue deVarsovie enPologne et mort le àParis, est unsyndicalistefrançais, secrétaire général de laConfédération générale du travail de 1982 à 1992. Résistant, il est membre actif de la section juive desFTP-MOI pendant laSeconde Guerre mondiale, déporté àAuschwitz puisBuchenwald.

Biographie

[modifier |modifier le code]

Jeunesse

[modifier |modifier le code]

Son père Isaac (en polonaisIzaak, enyiddishItzik), né le àVarsovie[1], ouvrier tricoteur, avait commencé à travailler à treize ans dans une fabrique de textile. Militant syndical et politique, membre duParti communiste de Pologne dans laPologne deJózef Piłsudski, où l’anticommunisme le dispute à l’antisémitisme, Isaac s’expatrie en 1926. Deux ans plus tard, son épouse, Léa[2] (« Léyelé ») Borszczewska, née le àWołomin[1], ouvrière du textile et militante du Parti communiste polonais comme lui, et son fils quittent à leur tour leshtetl, petit village juif de la banlieue de Varsovie, et le rejoignent àMénilmontant, dans le20e arrondissement de Paris. Isaac et Léa travaillent dans« la maille » (le tricot), tenant un petit atelier de textile deBelleville qui compte alors une importante communautéyiddishophone[3] et reprennent, aussitôt arrivés, le « combat des exploités » dans laCGTU, auParti communiste français et dans des organisations juives révolutionnaires[4].

Pendant son enfance, Henri Krasucki est « l’un des plus célèbres pionniers rouges » de l’une des sections les plus représentatives desJeunesses communistes, celle de Belleville. Il y fait la connaissance de Pierre George, le futurColonel Fabien, de 5 ans son aîné et qui devient son instructeur[3]. Dans un entretien accordé àTélérama en 1999, il évoque le « fraternel patronage communiste » de son quartier ainsi que celui de Ménilmontant[5]. Alors que ses parents souhaitaient le voir poursuivre des études, car il se révèle brillant élève lors de ses classes élémentaires à l’école de larue Levert puis aulycée Voltaire[6], il préfère se faire embaucher chezRenault une fois sonCAP d'ajusteur en poche ; ses qualités de syndicaliste le font vite remarquer[4].

La Résistance et la déportation

[modifier |modifier le code]

En, le PCF est interdit par legouvernement Daladier à la suite de son approbation dupacte germano-soviétique, traité de non-agression entre l'Allemagne nazie et l'Union soviétique. Isaac Krasucki doit plonger dans la clandestinité. Son fils a quitté l’école. En 1940, quand les Allemands entrent à Paris, il travaille dans une usine deLevallois comme ajusteur. Il a quinze ans. À la fin de l’année 1940, Henri Krasucki intègre lesJeunesses communistes dans la section juive de laMain-d'œuvre immigrée (FTP-MOI) du Parti communiste dans le20e arrondissement. Il a d’abord des responsabilités dans son quartier, puis à l’échelon de son arrondissement, et enfin en 1942 au niveau de la région parisienne. À la suite dupremier coup de feu du Colonel Fabien, le, qui marque le début de la Résistance armée des communistes français, Henri Krasucki prend sa part de risques :sabotages, lancement de tracts depuis le métro aérien, actions militaires[4]. En effet, à partir du, Hitler avait entrepris l'invasion de l'URSS, rompant unilatéralement le pacte avec Staline.

Le, le père d'Henri Krasucki est arrêté pour sabotage et interné àDrancy ; il estdéporté par le convoino 47, en date du àBirkenau et gazé dès son arrivée le[7]. Sa dernière adresse est au 107rue des Couronnes, dans le20e arrondissement de Paris[1].

Sous le pseudonyme de « Mésange » (une houppe de cheveux noirs coiffant alors son jeune visage émacié)[8], Henri Krasucki, dit également « Bertrand », s’occupe des cadres et du recrutement des jeunes avec sa compagnePaulette Sliwka[5].

Il est arrêté le, àh 15, à la sortie de son domicile, 8rue Stanislas-MeunierParis 20e.

Les inspecteurs de laBrigade spécialeno 2 desRenseignements généraux feront de lui le portrait suivant[9] :

« Bertrand : 22 ans, 1,70 m, mince, nez long, visage type sémite, cheveux châtain clair rejetés en arrière, retombant sur le côté. Pardessus bleu marine à martingale, pantalon noir, souliers jaunes, chaussettes grises. »

Comme sa mère et sa sœur, il est torturé pendant six semaines, parfois devant sa mère, mais il ne parle pas[10].

Les Français de la Brigade spécialeno 2 le livrent à laGeheime Feldpolizei, qui l’enferme à laprison de Fresnes, où il demeure privé de tout contact, dans le quartier des condamnés à mort avant d'être transféré aucamp de Drancy. Il y retrouve ses camaradesRoger Trugnan etSamuel Razynski, dit « Sam ».

À la mi-juin, c’est la déportation vers l'Allemagne. Les jeunes manifestent dans le camp. Roger Trugnan raconte :« Nous chantionsLa Marseillaise et les gendarmes tapaient sur ceux qui chantaient ». Son convoi quittant Drancy, le numéro 55, du — où se trouvent aussi sa mère Léa et sa compagne Paulette Sliwka[11] — déportait 1 002 juifs, dont160 enfants de moins de18 ans, transportés dans des wagons à bestiaux. Deux jours et une nuit plus tard, ils arrivent àBirkenau, annexe d'Auschwitz. Seules86 personnes de ce convoi ont survécu à laShoah[12].

Henri et ses camarades sont affectés au camp annexe deJawischowitz (de). Ils travaillent à la mine, seize heures par jour, avec la faim, les coups, et la crainte de la maladie, qui signifie la mort. Mais aussi la résistance : aussitôt arrivés, Henri, Roger, leur copain Sam ont cherché le contact. Ils continuent la lutte derrière les barbelés. Ils la continueront jusqu’au bout. Jusqu’àBuchenwald, où ils sont évacués enjanvier 1945 — la terrible « marche de la mort ». Là, épuisés, ils sont pris en charge par l’organisation deMarcel Paul et ducommandant Manhès[4].

Ils participent à l’insurrection du camp : « J’avais un vieuxchassepot, raconte Roger, Henri avait un bazooka ! »[13].

Henri Krasucki en revient le, « juste à temps pour manifester le », comme il dira avec humour. Le lieutenant Krasucki, au titre des FTPF deCharles Tillon, travaille comme ouvrier métallurgiste dans diverses usines de la métallurgie[8].

Henri Krasucki prend en charge Simon Rayman — le frère cadet de son meilleur amiMarcel Rayman, fusillé le par les nazis — qui se retrouve sans famille après que sa mère a été gazée dès son arrivée àAuschwitz, et s'en occupe comme d'un frère.

Engagements syndicaux et politiques

[modifier |modifier le code]

Après la guerre, il devient l'un des dirigeants duParti communiste français, mais son principal engagement reste syndical. Il est naturalisé français en 1947, l'année même où il devient permanent syndical à la CGT[14]. En 1949, il est secrétaire de l’Union départementale de la CGT de laSeine. En 1953, il entre au bureau fédéral de la Seine du PCF, puis, en 1956, au comité central du PCF en tant que membre suppléant. En 1961, il entre au bureau confédéral de la CGT, puis devient directeur deLa Vie ouvrière (la « VO »), le journal du syndicat qu'il dirige pendant dix ans. En 1964, il devient membre du bureau politique du PCF. AvecRoland Leroy etLouis Aragon, il est l’un des « accoucheurs » du comité central d’Argenteuil, tournant historique du Parti dans ses relations à la culture, à la recherche et aux intellectuels. En 1966, grâce aux liens tissés avecMarcel Paul àBuchenwald, il règle le long conflit entre ce dernier et la direction de la fédération de l'éclairage.

QuandBenoît Frachon se retire, en 1967, Henri Krasucki se trouve aux côtés deGeorges Séguy. Il est un temps pressenti pour prendre la direction de laCGT, mais Séguy lui est préféré. Un an plus tard, à l’occasion de laplus grande grève que la France ait jamais connue, Henri Krasucki est l’un des principaux négociateurs desaccords de Grenelle.

Il succède à Georges Séguy en, lors du41e congrès ayant lieu àLille, et va rester dix ans à la tête de la CGT.

Au début de son mandat, alors queFrançois Mitterrand est président de la République depuis un an, Henri Krasucki se place en principal interlocuteur du pouvoir, jusqu’audépart des ministres communistes du gouvernement en juillet 1984, où il redevient le porte-parole du mécontentement social. Jusqu’au début des années 1980, il défend les orientations les plus rigides du PCF, ce qui l’amène à s’opposer de façon feutrée à Georges Séguy. En effet, depuis 1978, ce dernier cherchait à préserver la CGT des conséquences politiques résultant de la rupture de l’Union de la gauche, survenue en. Séguy s’efforçait de ne pas prendre parti sur la responsabilité de la rupture. Krasucki lui succède non sans résistances internes.Internationaliste convaincu, il est élu en 1986 vice-président de laFédération syndicale mondiale (FSM), dont il a du mal à accepter la désaffiliation de la CGT en 1995. Toutefois, il amorce sur la fin de son mandat une prise de distance avec le PCF, qui vaudra au syndicat de beaucoup mieux supporter que le parti les évolutions des années 1990.

Ainsi, silencieux sur l'insurrection de juin 1953 en Allemagne de l'Est, sur l'insurrection de Budapest en 1956 et sur lePrintemps de Prague de 1968, il demande secrètement en 1985 au conseil central des syndicats de l'URSS d'accorder à son syndicat une aide urgente de10 millions defrancs (1 million deroubles convertibles). Cette aide sera attribuée en deux versements, en 1985 et 1986, de 500 000 roubles provenant duComité du tourisme et d'excursion, par leKGB[15].

Il condamne, après le43e congrès en 1989, larépression de la place Tienanmen enChine.

En, lors du44e congrès àMontreuil, il laisse sa place, à68 ans, à la tête du syndicat àLouis Viannet. En dix ans, les effectifs de la CGT auront fondu de moitié, à environ 700 000 adhérents.

Tombe de Henri Krasucki aucimetière du Père-Lachaise (division 97).

Il reste membre dubureau politique du Parti communiste jusqu’en 1996. À sa mort, le à l'âge de78 ans, la secrétaire nationale du parti,Marie-George Buffet, salue « avec émotion et beaucoup de respect » la mémoire du « camarade Henri Krasucki ». Le présidentJacques Chirac rend hommage « au fils d'immigrés polonais dont la jeunesse a été très tôt marquée par le combat pour la liberté et pour la France, et qui a connu le drame de la déportation alors qu'il n'avait pas vingt ans ».

Son inhumation aucimetière du Père-Lachaise le a donné lieu à une importante cérémonie d'obsèques civiles qui réunit autour de sa famille des dirigeants de la CGT, du PCF et de la Fédération des Déportés, ainsi que de nombreux représentants de la classe politique et des syndicats. Il repose désormais auprès de sa mère Léa et de sa sœur « Lili », près du carré des déportés en face dumur des Fédérés[16],[17].

Personnalité et image

[modifier |modifier le code]

Henri Krasucki a subi parfois des attaques personnelles, comme en 1987, lors d’un Club de la presse, lorsqu'une journaliste duFigaro-Magazine lui reproche d’être un« Français de fraîche date » qui,« naturalisé en 1947 », se permet de critiquer la politique de la France. Il réplique en racontant l’histoire de son père. « Mes origines n’ont rien d’extraordinaire » explique-t-il à Jean-Claude Poitou,« il se trouve d’ailleurs qu’elles sont les mêmes que celles du cardinalarchevêque de Paris (il s'agit deJean-Marie Lustiger, comme lui d'origine juive polonaise). Ses parents et les miens ont, à peu d’années d’intervalle, vécu la même histoire, bien qu’avec des idées différentes. Je ne peux m’empêcher d’observer que si, par hypothèse, les circonstances de la vie m’avaient fait archevêque, on évoquerait aujourd'hui mes origines avec tact, sans insinuation perfide. Et si je comptais parmi mes ancêtres quelques grands princes polonais, alors là… »[13] (allusion au princeMichel Poniatowski, ministre français).

Il a été caricaturé à la télévision comme un personnage limité, à la suite d'une déclaration télévisée le où il s'est embrouillé dans des chiffres[18]. En effet, la conversation de sa marionnette (« Crabe Zuki » dans leBébête Show) n'exprime généralement qu'une seule idée, sinon un seul mot :« La grève ! ». Henri Krasucki, qui utilisa largement ce moyen de pression, était aussi un homme cultivé[19], amateur d'opéra[20]. Homme « rigoureux, épris de liberté et de justice »[21], il était reconnu comme un vigoureux négociateur — acteur important des accords sur l’indemnisation duchômage et le droit à la formation, en 1970 —, mais aussi comme un vif partisan de la ligne dure de son parti et de lagrève (sauf après l'arrivée de la gauche au pouvoir entre 1981 et 1983)[19].

Postérité

[modifier |modifier le code]
Plaque de la place Henri-Krasucki.

Uneplace Henri-Krasucki est inaugurée le, dans le20e arrondissement de Paris, au carrefour de larue Levert,rue des Envierges,rue de la Mare,rue des Couronnes etrue des Cascades, près duparc de Belleville. Il avait longtemps habité au 107rue des Couronnes, sur la place qui porte aujourd'hui son nom[5].

En2009,Adrien Jolivet interprète Henri Krasucki dansL'Armée du crime deRobert Guédiguian, retraçant la résistance parisienne desFTP-MOI.

Lors de laguerre civile syrienne, une « brigade Henri Krasucki » est formée par des volontaires français cégétistes engagés aux côtés desUnités de protection du peuple et au sein duBataillon international de libération pour lutter contreDaech[22].

Publications

[modifier |modifier le code]
  • Syndicats et lutte des classes, Éditions sociales (1969)
  • Syndicats et socialisme, Éditions sociales (1972)
  • Syndicats et unité, Éditions sociales (1980)
  • Un syndicat moderne ? Oui !, éditions Messidor (1987)

Notes et références

[modifier |modifier le code]
  1. ab etcVoir, Klarsfeld, 2012.
  2. Elle est listée commeLaja dans Klarsfeld, 2012.
  3. a etbHenri Krasucki sur universalis.fr
  4. abc etdChristian Langeois,« Henri Krasucki et la CGT », émissionLa Marche de l'histoire surFrance Inter, 8 octobre 2012
  5. ab etc« Rendez-vous place Henri-Krasucki », surL'Humanité,.
  6. Le bellevillois Henri Krasucki
  7. « KRASUCKI Isaac », surmaitron.fr.
  8. a etbJean-Paul Cruse, « La Mésange de Belleville », dansLe Monde Réel, 27 mars 2007
  9. Affiche rouge - Mairie de Parisp. 33.
  10. Le film deRobert GuédiguianL'Armée du crime retrace cet épisode de sa vie.
  11. Paulette Szlifke, née le 11 avril 1924 dans le12e arrondissement de Paris et qui habite au 14,rue de Vaucouleurs dans le4e arrondissement de Paris. Voir, Klarsfeld, 2012.
  12. Source :Serge Klarsfeld,Le Calendrier de la persécution des Juifs en France.
  13. a etbBernard Frederick,« Henri Krasucki, passion simple; Résistant, déporté à18 ans, il fut dix ans durant le secrétaire général de la Confédération générale du travail. »,L'Humanité, 27 janvier 2003.
  14. Michel Noblecourt, « Les symphonies d'un syndicaliste », surlemonde.fr,.
  15. VincentJauvert, « http://referentiel.nouvelobs.com/archives_pdf/OBS1509_19931007/OBS1509_19931007_076.pdf »,Le Nouvel Observateur,‎(lire en ligne).
  16. Bernard Frederick,« Henri Krasucki. Le dernier chemin d'un révolutionnaire »,L'Humanité, 30 janvier 2003
  17. PaulBauer,Deux siècles d'histoire au Père Lachaise, Mémoire et Documents,, 867 p.(ISBN 978-2-914611-48-0),p. 445.
  18. [vidéo] « « Henri Krasucki "J'ai fait une erreur dans les chiffres ?" - archive vidéo INA » », surYouTube, téléversé le 23 juillet 2012.
  19. a etbChristian Langlois, « KRASUCKI Henri, [KRASUCKI Hénoch, dit Henri] », surLe Maitron.
  20. « A travers un livre, Henri Krasucki dévoilé à la médiathèque », surOuest-France,.
  21. « Hommage à Henri Krasucki, militant d'une "fidélité absolue" », surLe Monde,.
  22. « Depuis la Syrie, le soutien de la "brigade Krasucki" aux salariés d'Air France »,liberation.fr, 28 septembre 2016.

Voir aussi

[modifier |modifier le code]

Bibliographie

[modifier |modifier le code]

Liens externes

[modifier |modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

v ·m
Secrétaires généraux de laCGT
*De 1945 à 1957, lebureau de la CGT est composé de deux secrétaires généraux (modification de l’article 9 lors du26e congrès, en 1946).
v ·m
Cadre juridique
Rafles
Camps
Assassinats et déportation
Responsables allemands de la mise en œuvre
Responsables français de la mise en œuvre
Spoliation
 v ·m Victimes notables
Victimes notables
A – B
C – F
G – J
K – L
M – R
S – Z
 v ·m Survivants notables
Survivants notables
A – B
C – E
F – H
I – K
L
M – O
P – R
S
T – Z
Documentation
Lieux de mémoire
Justes parmi les nations
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Henri_Krasucki&oldid=230481335 ».
Catégories :
Catégories cachées :

[8]ページ先頭

©2009-2025 Movatter.jp