Quatrième fils du roiHenriII et de la reineCatherine de Médicis, Henri n'est pas destiné à la couronne. Sous le règne de son frèreCharlesIX, il s'illustre comme chef de l'armée royale en remportant sur lesprotestants les batailles deJarnac et deMoncontour. À l'âge de21 ans, il se porte candidat pour le trône de la nouvellerépublique des Deux Nations et estélu. Son règne est bref, puisqu'à l'annonce de la mort de son frère, sans descendant mâle, il abandonne son royaume pour lui succéder sur le trône de France.
L'emblème d'Henri III est constitué de troiscouronnes, symbolisant les royaumes de France et de Pologne ainsi qu'unedevise enlatin qui explique la troisième couronne :« Manet ultima cælo » (« La dernière se trouve au ciel »).
Henri, duc d'Anjou. Le jeune prince se fait remarquer par son élégance[n 2] et l'entretien de son apparence. Portrait au crayon parJean Decourt, Paris,BnF,département des estampes, vers 1570.
Jusqu'à la mort de son père, Henri grandit avec ses frères et sœurs aux châteaux deBlois et d'Amboise. Au sortir de la petite enfance, il est confié à deux précepteurs connus pour leurhumanisme,Jacques Amyot etFrançois de Carnavalet. C'est auprès d'eux qu'il apprend à aimer leslettres et les discussions intellectuelles[4].
Il exerce très tôt son rôle de prince royal. À9 ans, il siège à côté de son frère le roiCharlesIX auxétats généraux de 1560. Il l'accompagne ensuite dans songrand tour de France et en 1565, à l'âge de 14 ans, il se voit chargé, à l'occasion de l'entrevue de Bayonne, d'aller en Espagne chercher sa sœur la reineÉlisabeth.
En grandissant, il devient l'enfant préféré de sa mèreCatherine de Médicis, qui désire qu'Henri devienne le plus ferme appui de la royauté. Le, jour de la mort duconnétableAnne de Montmorency, le jeune prince est nommélieutenant général du Royaume, haute charge militaire qui fait de lui le chef des armées royales. À 16 ans, le duc d'Anjou devient ainsi« une sorte d’alter ego du monarque », destinataire des doubles de toutes les dépêches. Bien qu'Henri commande officiellement l'armée, l'autorité effective reste toutefois assumée parGaspard de Saulx-Tavannes,lieutenant général de Bourgogne et seigneur catholique rompu à l'art de la guerre[5]. Cette nomination contrarie les ambitions politiques du princeLouis de Condé, qui convoitait également cette charge. Leur mauvaise entente pousse Condé, également chef desprotestants, à quitter la cour et à rouvrir les hostilités.
Henri s'investit alors personnellement durant les deuxième et troisièmeguerres de Religion. Conseillé par Gaspard de Saulx-Tavannes, il s'illustre en remportant labataille de Jarnac, au cours de laquelle Condé est assassiné en 1569 parJoseph-François de Montesquiou, capitaine de ses gardes, puiscelle de Moncontour. Henri laisse la dépouille princière être tournée en ridicule par le peuple et promenée pendant deux jours sur une ânesse, s'attirant ainsi la rancœur d'HenriIer de Bourbon-Condé, le fils et successeur de Louis.
Les hauts faits militaires d'Henri durant la guerre développent sa réputation en Europe tout en attisant la jalousie du roi son frère, à peine plus âgé que lui. Sa grâce et sa popularité, ainsi que sa pratique de l'ingérence politique, irritentCharlesIX, avec qui Henri s'entend de plus en plus mal.
Très tôt, le duc d'Anjou est confronté à la politique. Plus proche desGuise que desMontmorency, il prône au sein du conseil royal — où sa mère l'a introduit — une politique de rigueur contre les protestants. Son ambition de gouverner et ses aptitudes à le faire font de lui, aux yeux de ses contemporains, un successeur potentiel très attendu. Catherine de Médicis nourrit l'ambition de lui faire épouser une haute princesse, mais Henri n'a d'yeux que pour la belleMarie de Clèves. Tandis que la reine mère persiste à vouloir donner à son fils une couronne royale enEurope, les tractations avecÉlisabethIre,reine d'Angleterre, échouent à cause des exigences religieuses du prince.
Durant les épisodes de laSaint-Barthélemy, Henri prend parti pour une action contre les chefs protestants : s'il n'est pas possible de prouver sa présence dans les rues au moment du massacre, il est en revanche certain que ses hommes participent activement au meurtre des militaires protestants[n 3],[6],[7].
En, le roi lui confie le commandement de l'armée pour s'emparer de la ville deLa Rochelle, capitale du protestantisme français. Malgré les moyens utilisés et huit tentatives d’assaut meurtrières, lesiège s'avère un échec. Les pertes du côté catholique sont importantes (environ 4 000 hommes) et Henri lui-même est blessé. La trêve est sonnée quand Henri apprend de sa mère qu'il a été éluroi de Pologne.
La reine Catherine envoie l'évêque deValence,Jean de Monluc, accompagné de son secrétaire Jean Choisnin, conseiller du roi, en ambassade extraordinaire pour soutenir devant laDiète la candidature de son fils au trône polonais, lors de l'élection libre de 1573. Grâce à son talent de diplomate, l'évêqueiréniste Monluc réussit à convaincre les 40 000 nobles électeurs (catholiques et calvinistes, malgré la nouvelle dumassacre de la Saint-Barthélemy qui compromet les chances d'Henri)[8]. Le, Henri est élu roi de laRzeczpospolita de Pologne-Lituanie sous le nom d'Henri de Valois (Henryk Walezy). Le, une grande délégation polonaise composée de10 ambassadeurs et250 gentilshommes est expédiée enFrance pour aller le chercher. Le nouveau roi est obligé de signer la premièrePacta Conventa etles Articles du Roi Henry (Artykuły Henrykowskie), que tous les souverains polono-lituaniens de l’avenir auront à respecter. Selon ces documents Henri doit arrêter les persécutions contre les protestants en France et estimer la tolérance religieuse en Pologne conforme à laConfédération de Varsovie (Konfederacja Warszawska, 1573). Henri, aucunement pressé de quitter la France, fait traîner son départ mais doit s'exécuter devant les exigences du roi son frère, à qui il fait ses adieux en.
Il apprend par une lettre le la mort de son frère Charles, et songe alors à quitter la Pologne. Un roi de Pologne ne jouit pas d'autant de pouvoir qu'un roi de France et Henri regrette la cour de France réputée dans toute l'Europe pour ses fêtes. Sans la permission de ladiète de Pologne, il s'échappe en catimini dans la nuit du dupalais royal du Wawel. Il est poursuivi jusqu'à la ville silésienne deFryštát, où il passe la nuit[12], puis continue à travers la Moravie jusqu'à Paris.
À Wawel, les Français sont initiés aux nouvelles installations septiques, dans lesquelles la litière (excréments) est emportée à l'extérieur des murs du château. De retour en France, Henri aurait voulu ordonner la construction de telles installations au Louvre et dans d'autres palais[13],[14],[15],[16],[17],[18][réf. à confirmer].
Le bâtiment où Henri passa la nuit à Fryštát lors de son évasion de Cracovie.
Après un interrègne de dix-huit mois, la diète élit un nouveau roi de Pologne en la personne d'Étienne Báthory, prince deTransylvanie (1575).
Henri arrive àVienne en Autriche, le où il rencontre l'empereurMaximilienII. La capitale autrichienne l'accueille avec faste et il y dépense près de 150 000 écus. Il atteint ensuite l'Italie et s'y arrête plus longuement.
Il arrive àChambéry le où il retrouve son frèreFrançois, duc d'Alençon et son cousin et beau-frèreHenri III, roi de Navarre. Le, il est accueilli àLyon par sa mère. Il souhaite l'annulation du mariage deMarie de Clèves afin de l'épouser, mais le, alors qu'il vient d'arriver enAvignon, il apprend la mort de celle-ci. Cette nouvelle l'anéantit et il refuse de s'alimenter pendant dix jours.
Revenu à Paris et devant se marier, il ne pense pas à un mariage avec une archiduchesse d'Autriche ou uneinfante de Portugal oud'Espagne, mais à la belle et sage princesse de Lorraine, rencontrée à la cour de Nancy, et fait demander sa main. La reine-mère considère comme un choix risqué ce mariage alors que lesGuise — autres princes de Lorraine — sont puissants à la cour.
Le, Henri « troisième du nom » est sacré dans lacathédrale de Reims par lecardinal de Guise. Lors du sacre, la couronne de sacre manque à plusieurs reprises de tomber de la tête du nouveau souverain et les célébrants oublient de faire jouer leTe Deum, ce qui peut paraître à certains pour un mauvais présage. Le, il épouseLouise de Lorraine-Vaudémont-Nomény, princesse de Lorraine. Il n'a pas d'enfant de ce mariage d'amour[21].
Toujours sur les conseils de sa mère, Henri III soutient les ambitions duduc d'Alençon auxPays-Bas, tout en le désavouant devant l'ambassadeur espagnol. Conscient des fragilités du pays, le roi ne veut pas se risquer à un conflit ouvert avec l'Espagne. Ses relations avecPhilippeII d'Espagne sont alors au plus bas. En 1582, la France soutientAntoine, prétendant au trône du Portugal, alors quePhilippeII occupe le pays. Commandée parPhilippe Strozzi, la flotte française est lourdement mise en échec à labataille des Açores, permettant l'annexion de l'Empire portugais par l'Espagne. Les Français sont exécutés sans pitié et Strozzi trouve la mort.
La même année, les Français échouent également aux Pays-Bas avec la retraite désastreuse de François d'Anjou. Après lafurie française d'Anvers, le prince français doit se retirer faute de moyens, ce qui amène les Espagnols à reprendre le contrôle de la Flandre, qu'ils avaient perdu. Devant la montée en puissance de l'Espagne, Henri III resserre plus que jamais l'alliance avec la reineÉlisabethIre d'Angleterre et reçoit l'ordre de la Jarretière.
Le roi aime impressionner ses sujets et organise des fêtes somptueuses, comme celles données en l'honneur duduc Anne de Joyeuse en 1581. À cette occasion, on joue à la cour le somptueuxBallet comique de la reine.
Le souverain offre également d'importantes sommes d'argent en récompense aux serviteurs les plus zélés. Toutes ces dépenses, fortement critiquées ne manquent pas d'approfondir la dette du Royaume mais, pour le roi, qui n'hésite pas à emprunter d'importantes sommes auGrand Prévôt Richelieu (père ducardinal de Richelieu) ou au financierScipion Sardini, la restauration de la puissance royale demeure la priorité.
Le ducHenriIer de Guise, craignant l'arrivée sur le trône d'Henri de Navarre, signe avec l'Espagne un traité secret. Contre 50 000 écus mensuels, le duc s'engage à empêcher Henri de devenirroi de France et à placer plutôt le cardinal de Bourbon, catholique, sur le trône.
Henri III parJacques Granthomme (vers 1588). Marqué par les malheurs de son temps, le roi adopte une vie austère et consacrée à la prière. En respectant la liturgie romaine, le roi et sachapelle assistaient quotidiennement aux offices de laliturgie des Heures, à partir de cinq heures du matin, selon lesbréviaire romain etmissel romain[25].
Le, à labataille de Coutras, les troupes catholiques du roi dirigées par le ducAnne de Joyeuse se heurtent à celles d'Henri de Navarre, en route depuisLa Rochelle pour rallier une armée de 35 000 huguenots qui doit marcher surParis. Pour l'armée catholique, la confrontation tourne à la catastrophe : 2 000 de ses soldats y périssent, alors qu'Henri de Navarre n'en perd que quarante. Le duc de Joyeuse est tué, ainsi que son frère Claude de Saint-Sauveur.
Le,Catherine de Médicis et Henri de Guise se rendent àChartres et demandent au roi de revenir àParis. Il refuse. Dissimulant son intention de se débarrasser de la Ligue, il signe àRouen l'édit d'union qui fait siennes les intentions de la Ligue. Dans le but d'obtenir des crédits pour poursuivre la guerre, il convoque lesétats généraux àBlois et congédie les membres de son conseil les plus fidèles, Bellièvre, Cheverny et Villeroy, même leduc d'Épernon, bête noire de la Ligue, est officiellement disgracié.
Croyant rétablir son autorité par un « coup de majesté », il fait assassiner[n 4] le duc de Guise le au matin et le lendemain, son frère le cardinal de Guise, jugé aussi dangereux que son frère, à coups de hallebarde. À Blois, il fait arrêter les ligueurs et les membres de la famille des Guise. Le, il est au chevet de sa vieille mère qui meurt dans la nuit. L'assassinat du duc de Guise provoque le soulèvement immédiat de la France ligueuse. ÀParis, la Sorbonne délie de son serment de fidélité le peuple deFrance, alors que les prêcheurs appellent au meurtre. Toutes les villes et les provinces suivent, à l’exception deTours,Blois etBeaugency, proches du roi, etBordeaux (tenue parMatignon),Angers (d’Aumont) et leDauphiné (d’Ornano)[27]. Abandonnant Blois, le roi se réfugie à Tours le. Isolé, traqué par le duc de Mayenne près d’Amboise, Henri III se voit contraint de se réconcilier et de traiter avec le roi de Navarre le. Les deux hommes (Henri III et Henri de Navarre futurHenriIV) se rencontrent auPlessis-lèz-Tours le. Troupes royales et troupes protestantes s'unissent alors pour combattre la Ligue. Henri de Navarre s'étant porté sur Chinon, le chef de la Ligue Charles de Mayenne lance son offensive contre Tours le. Alors qu'il s'est rendu à l'abbaye de Marmoutier, sur la rive droite de la Loire, pour entendre la messe, Henri III manque d'être surpris par l'avant-garde ligueuse menée par le chevalier d'Aumale. Les assaillants donnent l'assaut contre le faubourgSaint-Symphorien, qui est sauvagement pillé. Dans les Îles de la Loire et sur le pont, l'engagement se montre d'une extrême violence. Bien que les royaux aient perdu deux fois plus d'hommes que les ligueurs, ils restent maîtres de la ville de Tours grâce aux renforts huguenots de François de Coligny (fils du fameuxamiralGaspardII de Coligny). Les royalistes se rallient peu à peu, et permettent aux rois deFrance et deNavarre de faire campagne pour aller assiégerParis, plongé dans un délire fanatique[28]. Les deux rois ont réuni une armée de plus de 30 000 hommes qui s'apprête à assiéger la capitale. Leduc d'Épernon les rejoint avec un renfort de 15 000 hommes principalement composés de Suisses.Paris est alors défendue par 45 000 hommes de la milice bourgeoise, armée par le roi d'EspagnePhilippeII.
Au bruit, les gardes du roi, les fameuxQuarante-cinq, accourent, transpercent le moine de leurs épées et le jettent par la fenêtre. Dans un premier temps, les médecins minimisent la gravité de la blessure, remettent les intestins en place et recousent la plaie. Henri III parvient à dicter des lettres aux villes qui lui obéissent afin de couper court aux rumeurs. À sa femme restée àChenonceau, il affirme même que dans quelques jours, il pourra monter de nouveau à cheval. Toutefois, à l'occasion d'une visite de son cousin Henri de Navarre, le roi de France aurait harangué ses serviteurs de respecter les règles de passation de pouvoir en reconnaissant le roi de Navarre comme son successeur légitime[34].
Le soir venu, lapéritonite progresse et ses souffrances augmentent. Après une douloureuse agonie, il meurt le vers 3 heures du matin. Henri de Navarre lui succède sous le nom d'HenriIV.
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Henri III semble avoir frappé ses contemporains pour le contraste perpétuel entre sa capacité à incarner, d'une part, les codes classiques de lamajesté royale, à l'image de ses prédécesseurs directs, tout en introduisant des innovations en matière vestimentaires et cosmétiques : il semble avoir été constamment soucieux de renouveler la mode vestimentaire et d'introduire dans son costume personnel ce qui apparaît, à l'époque, comme des extravagances, à l'instar des boucles d'oreilles et desfraises imposantes qui sont présentes sur nombre de ses portraits. Formé dans un milieu humaniste, le roi encourage le monde des lettres et le mécénat royal en protégeant directement des écrivains (Desportes,Montaigne,du Perron). Il s'adonne lui-même régulièrement à la pratique philosophique et, malgré son opposition politique aux protestants, il fait venir l'imprimeurEstienne à Paris pour lui permettre d'exercer.
Henri III fut souvent dépeint comme un homme d'une intelligence vive, marquée par les grandes vertus théologales et chrétiennes. Il fait ainsi montre de mansuétude et pardonne régulièrement aux villes rebelles capturées pendant les guerres de religion. Il multiplie les envois diplomatiques pour éviter les conflits sanglants, malgré quelques revers.
Parmi ses maîtresses les plus célèbres figurentLouise de La Béraudière (de plus de vingt ans son aînée),Françoise Babou de la Bourdaisière (mère deGabrielle d'Estrées) etRenée de Rieux, issues de la moyenne noblesse[39]. Il fréquente également lors de son périple italien qui le ramène dePologne en,Veronica Franco, unecourtisane vénitienne fort renommée à l'époque. À la même date, il entretient aussi une relation platonique avec la princesse de Condé,Marie de Clèves, pour qui il éprouve une passion démesurée. Sa mort survenue brutalement en 1574 conduit le roi à prendre undeuil particulièrement ostensible qui étonne lacour.
En raison des nombreux témoignages sur le côté entreprenant d'Henri III auprès des femmes, l'image longtemps répandue de l'homosexualité stricte du roi a été remise en cause par des historiens[n 6]. Une source importante qui évoque des aventures masculines s'avère une source partisane, celle du diplomate savoyard Lucinge. Cet ennemi de laFrance, et par conséquent peut-être non retenu par un devoir de réserve ou par la flatterie, écrit que le roi a été initié aux amours masculines parRené de Villequier[n 7]. Les autres textes allusifs à l'homosexualité sont issus despamphlets rédigés par des ligueurs radicaux, des calvinistes intransigeants ou encore par des membres du parti desMalcontents dans l'entourage du frère du roiFrançois d'Alençon ayant perdu la faveur royale[47] qui promeut alors des hommes nouveaux appartenant à la« noblesse seconde »[48] du Royaume dans l'entourage du dernier Valois. Le raffinement des costumes, les nouvelles pratiques de cour, l'accès plus restreint au roi constituent autant d'éléments qui irritent la haute-noblesse traditionnelle et remettent en cause le mode de gouvernementalité prévalant jusqu'au milieu duXVIe siècle selon lequel le roi gouverne par conseil de sa noblesse. Les écrivains commeL'Estoile ouBrantôme, pourtant connus pour leurs informations scabreuses, n'accordent aucun crédit à ces rumeurs et mettent en exergue, quant à eux, la passion du roi pour les femmes. En revanche,D'Aubigné, calviniste forcené, etRonsard, proche duduc d'Alençon, n'hésitent pas nombre de fois dans des vers à brocarder le roi sur le sujet :
« Le roi comme l'on dit, accole, baise et lèche De ses poupins mignons le teint frais, nuit et jour ; Eux pour avoir argent, lui prêtent tour à tour Leurs fessiers rebondis et endurent la brèche. »[49]
L'ambiguïté de l'image d'Henri III trouve peut-être également son explication dans lapropagande, particulièrement violente, suscitée contre lui par la Ligue. L'appel au soulèvement s'accompagne dans les derniers mois de son règne d'une violente vague de calomnies destinées à pervertir l'image du roi dans l'esprit des Français. Le changement de dynastie n'a pas vraiment permis d'établir le portrait le plus impartial de ce roi attaqué et l'image trouble d'Henri III a continué de se perpétuer. En dépit des efforts de sa veuve, lareine Louise, et sa demi-sœur, laduchesse d'Angoulême, pour obtenir un soutien en faveur du défunt roi, niHenriIV, trop soucieux de ménager lesGuise[n 8], ni l'Église n’ont examiné objectivement la vie privée de ce roi, ni même cherché à punir les coupables de son assassinat.
Le filmElizabeth de 1998 le présente lors de son voyage pour courtiser la reine d'Angleterre comme un excentrique grivois, amateur de jeunes hommes et de travestissement. Dans sa fresque historique,Robert Merle (Le Prince que voilà, 1982) loue le sens de l'État d'Henri III et le défend contre les calomnies.
↑Toquet à aigrette, tour de bonnet richement orné, boutons en orfèvrerie dupourpoint brodé.
↑L'Italien Fhilippo Cavriana est le seul contemporain à signaler la présence du duc d'Anjou dans les rues (à la tête de troupes et de pièces d'artillerie).
↑Des historiens considèrent qu'il a été non pas assassiné mais exécuté dans le château de Blois par les« Quarante-cinq » (les gardes personnels du roi), le duc de Guise étant accusé decrime de lèse-majesté. Cela fait débat car il n'a pas eu droit à un procès[réf. nécessaire].
↑L'usage du temps qui se perpétuera jusqu'àLouisXV, permettait aux grands personnages d'accorder audience sur cemeuble qui pouvait être richement orné.
↑Dans son étude sur le duc d’Anjou,Pierre Champion s'est fondé sur la correspondance desambassadeurs espagnols du début des années 1570. Il nous apprend que des jeunes hommes avaient tenté en vain de corrompreCharlesIX, que François d'Alençon avaient des« mœurs épouvantables », mais rien concernant Henri d'Anjou, hormis ses nombreuses aventures féminines.
↑« Il a été imbu par lui du vice que la nature déteste (…) Je dirai seulement que le cabinet a été un vrai sérail de lubricité et de paillardise, une école de sodomie où se sont achevés les sales ébats que tout le monde a pu savoir[46]. »
↑En 1596, la reine Louise et Diane de France s'opposèrent avec le parlement de Paris, à l'absolution du duc de Mayenne, ce qui provoqua la colère du roi. Le roi avait racheté le retour des Guise en leur accordant des sommes financières considérables[50],[51].
↑Variétés historiques et littéraires,TomeIX(lire sur Wikisource), « Catalogue des Princes, Seigneurs, Gentilshommes et autres qui accompaignent le Roy de Pologne.1574 »
↑(pl)Maja Berezowska, Stefania Przypkowscy, Tadeusz Przypkowscy et Magdalena Samozwaniec,Łyżka za cholewą a widelec na stole: mała kulinarna silva rerum, Cracovie,, « Tadeusz Przypkowski: Prologowa gawęda »,p. 10, 12.
↑MarieViallon, « Les honneurs de Venise à Henri de Valois, roi de France et de Pologne : Étude du séjour vénitien du roi Henri III en 1574 »,Congrès annuel de la RSA, Venise,(lire en ligne, consulté le)
↑Elisabeth Latrémolière, exposition « Festins de la Renaissance » du 7 juillet au 21 octobre 2012, château royal de Blois.
↑Sur ces éléments, voir Nicolas Le Roux,La faveur du roi. Mignons et courtisans au temps des derniers Valois (vers 1547-vers 1589), Seyssel, Champ Vallon, 2001, 805 p.
Lettres d'Henri III, roi de France, recueillies parPierre Champion, publiées avec des compléments, une introduction et des notes pour la Société de l'Histoire de France (Legs Pierre Champion) par Michel François.
Jacqueline Boucher,Société et mentalités autour de Henri III, Lille, Atelier Reproduction des thèses, Université deLilleIII, 1981,4vol. [présentation en ligne].
Mary L.Levkoff, « L'art cérémonial de l'Ordre du Saint-Esprit sous Henri III »,Bulletin de la Société de l'Histoire de l'art français, Paris, Société de l'Histoire de l'art français « Année 1987 »,,p. 7-23.
La Reine Margot (1954), film français réalisé parJean Dréville. Rôle interprété parDaniel Ceccaldi. Ceccaldi incarne un prince outrageusement efféminé et maniéré, dans la veine comique. Également dépeint comme un comploteur brouillon ligué avecHenri de Navarre, le personnage du duc d'Anjou reprend ainsi des traits et caractères propres àFrançois, duc d'Alençon (personnage absent de cette version cinématographique mais tenant un rôle plus important que celui de son frère aîné dans le roman d'Alexandre Dumas).
Catherine de Médicis, (1989), téléfilm français réalisé parYves-André Hubert, d'après une biographie du romancierJean Orieux. Rôle interprété par Jean Dalric.
Elizabeth (1998), film britannique réalisé parShekhar Kapur. Rôle interprété parVincent Cassel. Alors duc d'Anjou, Henri est l'un des prétendants à la main de la reine d'Angleterre (Cate Blanchett). Cependant, à l'opposé du viril duc de Foix (personnage interprété significativement parÉric Cantona), le prince Valois n'est qu'un personnage maniéré et sans-gêne ; son goût pour le travestissement finit d'ailleurs par détournerÉlisabethIre de son projet d'alliance matrimoniale. Par ce portrait de prétendant falot, le film contribue à l'idéalisation de son héroïne en dédouanant la « reine vierge » de la responsabilité de la rupture. En réalité, Henri et Élisabeth ne se sont jamais rencontrés ; c'est le frère cadet d'Henri,François, qui débarqua en Angleterre en tant que prétendant de la reine. De même, ni Henri, ni François ne séjournèrent en Écosse afin d'y rencontrerMarie de Guise (jouée parFanny Ardant), décédée plusieurs années avant le début des négociations matrimoniales.
Il apparaît également dans certains volumes deFortune de France deRobert Merle dontLe Prince que voilà, ainsi que dans le romanCharly 9 deJean Teulé et dans le romanLa Saga des Bourbons : Henry, roi de Navarre, de Louis-Gilles Pairault (La Geste, 2018, 372 p., présentation enligne).