Né de père d'origine espagnole et de mère française, Henri Cueco étudie la peinture avec son père Vicente à Uzerche[3], puis reste autodidacte[4]. Il vient à Paris à partir de1947, et entre en contact avec les peintres deLa Ruche, qui se tournent vers le réalisme[4]. Il commence sa carrière artistique en participant en1952 auSalon de la Jeune Peinture[3]. À partir de ce groupe et du foisonnement artistique qui verra naître lafiguration narrative, il développe une peinture dont la figuration participe à un engagement politique attaché à la nature, aux relations entre hommes et femmes, et au rapport au langage, écrit, parlé ou peint et dessiné.
À partir de la fin desannées 1950, Cueco peint des séries (Paysages,Natures mortes,Portraits,Rivières,Salles de bains,Jeux d'adultes,Hommes rouges…) recourant aux moyens techniques des mass-médias, d'après des photos tirées de la presse : figures découpées, aplats de couleur, pointillés et rayures. Il fait alors partie des peintres du mouvement de lafiguration narrative, qui se développe au milieu desannées 1960. Puis il contribue auxAffiches murales et slogans de Mai 68.
En 1979, il est le fondateur de l'association « Pays-Paysage »[3],[5] en Limousin, à Uzerche, dont la vocation est de faire se croiser les regards et les savoirs de différents protagonistes de la société, artistes, habitants, agriculteurs, musiciens, scientifiques…
Dans lesannées 1980, Cueco revient à la peinture sur le motif, paysages et natures mortes, comme les lieux mêmes du réel avec lesquels la confrontation est réputée difficile, où la peinture serait l'expérience de l'inachèvement et de la non-résolution.
Henri Cueco est également un écrivain :Le Journal d’une pomme de terre,Le Collectionneur de collections,L’Été des serpents,Le Chien Boomerang,120 paysages que je ne peindrai jamais,Passage des astragales ;Dialogue avec mon jardinier est adapté au cinéma parJean Becker. En 2014, il est invité d'honneur dufestival Expoésie[7] dePérigueux.
Pendant de nombreuses années, il participe à l'émission littéraireDes Papous dans la tête sur France Culture.
Cueco introduit dans son art la fonction critique et l'engagement politique de l'artiste dans la société, la question des rapports entre hommes et femmes, la question de la représentation et de la peinture comme représentation du monde, du paysage, comme des images déjà peintes, non sans quelque distanciation humoristique. Cet engagement sera également manifeste à partir de1972 au sein de laCoopérative des Malassis, qu'il fonde avecLucien Fleury,Jean-Claude Latil,Michel Parré,Gérard Tisserand etChristian Zeimert[4].
Cueco, dans ce groupe militant et figuratif, est peut-être celui qui a le plus interrogé dans son travail personnel, à sa manière, la peinture et la vision du monde, à travers plusieurs séries :
De1965 à1970,Les Jeux d’adultes etTristes Tropiques, images d'une vision de la nature, et des rapports sociaux et de désirs entre hommes et femmes.
De1970 à1975,Les Hommes rouges, issus des mouvements et actions des foules actives de 1968 et d'un engagement personnel sur la place de l'artiste dans la vie quotidienne. Certaines images font aussi référence aux rapports impérialistes Nord/Sud (Salle rouge pour le Viêt-nam[4]) et aux politiques néo-coloniales.
De 1972 à1976,Les Chiens etLes Claustras, où les chiens, meilleurs amis de l'homme signifient autant la liberté d'une meute animale qu'une représentation d'un système oppressif ou répressif pas aussi pacifique qu'il y paraît.
De1977 à1987,Les Herbes/Paysages dessinés et/ou peints, unifiés ou fragmentés, souvent issus d'observations sur le motif, dans le paysage corrézien, représentent autant une vision du foisonnement de la nature que la perception d'une écologie du paysage, où la place du regardeur qui donne à voir ce qui lui fait face, compte autant que celle du spectateur face à l'œuvre qui en est issue. Ces œuvres peintes, dessinées, peuvent avoir plusieurs mètres de long et sont souvent travaillée sur un papier fort de 2 m de haut. La salle Albert Londres au cœur du bâtiment duministère de la Culture en est un exemple significatif.
De 1987 à1990,Sols d’Afrique, inspirés non pas par un récit de voyage (« Je hais le folklore »[10], dit-il), mais d’après des images et représentations de l'Afrique.
De 1990 à 2005 des images d'objets du quotidien : pommes de terre, babioles, entaillures, pierres de ballast, bouts de ficelles forment soit de petites peintures, soit de grandes œuvres de 2 x 2 m.
Dans la même période, il peint également des œuvres inspirées de toiles de maîtres,Champaigne (L'Ex-voto de 1664,Portrait de Martin Barcos) ou dePoussin (L'Enlèvement des Sabines) deDavid (Mort de Marat) ou deRembrandt (Danaé,Bethsabée) multiplient les points de vue et/ou fragmentent les extraits et reconstituent un espace où la partie représentée vaut pour le tout qui est sujet[3].
De 2005 à 2010, des meutes de chiens ou des serpents lovés repeuplent un imaginaire pacifiste mais inquiétant
De 2005 à 2010,Les Petites Peintures, des paysages fragmentés peints sur des toiles de petite taille.
En parallèle il peint aussi des feux de près sur ses grands papiers, reprenant le cadre des vues de prés, où feuilles accumulées recouvrent de fumée peinte les images fouillées d'un semblant de tombeau végétal.
En 2011-2012 il se concentre sur de petits formats pour retrouver au crayon à papier gras, virtuose, « impressionniste » ou affûté, les champs et les vaches, les herbes et ce sol que l'on foule aux pieds.
En 2013-2014, il travaille à l'encre, de nouvelles visions mémorielles des paysages d'herbes, d'arbres et de chemins que l'on parcourt, sur des toiles fines et lisses, comme le ferait un graveur, qui se concentre plus sur la représentation de la lumière que sur les formes des objets représentées (qui en découlent).
Journal d’atelier 88-91 ou Journal d’une pomme de terre,ÉNSBA, 1993, réédité chez Stock en 2001
Le volcan, récit, Balland, 1998
Le troubadour à plumes, Janaud, 1999.
Dessine-moi un bouton. L'inventaire des queues de cerises,Le Seuil, 2000
La Petite Peinture, ÉditionsCercle d'Art, coll. « Autoportrait », 2000Reproduit sous forme de livre 155 œuvres tirées de ses carnets sur les motifs de la campagne de Corrèze[3].
Mésanges, Seuil, 2002 ; texte et illustrations de Henri Cueco(ISBN9782020547604)
Les Pavillons d'os, avecJoseph Danan, Rouen, L'Instant perpétuel, 2003(ISBN2-905598-77-8), 11 dessins de Cueco, 130 exemplaires sur Arches numérotés et signés, les 24 premiers avec un dessin original signé de Cueco
Le Café-Journal, Rouen, L'Instant perpétuel, 2003(ISBN2-905598-76-X), 99 exemplaires numérotés et signés, les 20 premiers avec une intervention originale signée de Cueco
Zindien, recueil de poésie d'Hervé Le Tellier, éditions Syllepse, 1999, puis éditions du Castor astral, 2009 ; dessins d'Henri Cueco
Tirage de tête du livreLes Chevaliers de la mer, textes de Christophe Penot, Editions Cristel, 2008 ; lithographieLa Vague d'Henri Cueco tirée à 180 exemplaires numérotés et signés.
Les Papous dans la tête, l'anthologie, dir. Bertrand Jérôme et Françoise Treussard,Gallimard, 2007
Le Dictionnaire des Papous dans la tête, dir. Françoise Treussard, Gallimard, 2007
Il a participé à un ouvrage collectif mêlant des photographies de femmes et les textes qu'elles ont inspirés à des écrivains :Inconnues corréziennes, résonances d'écrivains, Éditions Libel, 2009[12].
2005 : « Brûlures des “saxiphrages” », galerie Louis Carré & Cie, ParisL'exposition a pour sujet lacanicule de 2003 et ses ravages[3].
2010 : « Ingres-Cueco. Une saison dans l'atelier »,musée Ingres,MontaubanL'exposition permet à Cueco de travailler sur les dessins d'Ingres autour des thèmes du nu et du portrait[13].
↑Décret n° 57-549 du 2 mai 1957 portant institution de l'ordre des Arts et des lettres, article 8, publié au JO de la RF le 3 mai 1957,p. 4568-4569,[lire en ligne].
2010 :Abécédaire Cueco dePascal Lièvre, 1 h 20 min, coproductionmusée Ingres,voir surlievre.frPascal Lièvre a demandé à Cueco de réagir sur 26 mots composant ce qu’il imagine être l’abécédaire de l’artiste. Cueco a manifesté le désir de ne pas connaître les mots à l’avance transformant ainsi la proposition en jeu.