Il a été fortement influencé par lapsychanalyse, l'ayant découverte en Suisse, entre 1916 et 1917, lors d'un séjour àDavos. Il avait été réformé pour tuberculose et c'est là qu'il a lu deux auteurs qui marqueront son œuvre :August Strindberg etSigmund Freud.« Notre monde intérieur, celui des autres, les écrivains, les artistes, un geste, un rêve, un lapsus, nous passions tout au crible de la nouvelle doctrine[1]. » C’est particulièrement dansLe Mangeur de rêves (1919), représenté à Genève puis à Paris en 1922, qu’il se forge la réputation d’un freudien convaincu et qu’il assure la publicité de la psychanalyse, même au-delà de la francophonie. Dans un entretien accordé au journaliste A. Lang en 1921, il s’exprime ainsi :« En France on ne connaît pas Sigmund Freud. Il est traduit et discuté depuis 15 ans en Angleterre et en Amérique, mais en France on ne le connaît pas… Payot a publié une excellente traduction des ouvrages de Freud. On la lira ! Dans 10 ans, la psychopathologie actuelle, transformée par ce maître, sera lettre morte… J’ai la certitude que la pensée freudienne nous enrichira d’un moyen de mieux lire dans l’âme humaine et que c’est une véritable révolution qu’elle prépare[2]. »
Dans la notice que le site Anonymes, Justes et Persécutés durant la période Nazie dans les communes de France (AJPN) consacre à Moriz Scheyer[3], une citation de ce dernier mentionne Henri-René Lenormand que Scheyer connaissait de son activité de correspondant à Paris duNeues Wiener Tagblatt. Scheyer, journaliste juif roumain installé à Vienne, s'est réfugié à Paris en 1938 pour fuir les persécutions nazies contre les juifs. Voici ce que dit la notice :
À Paris, ville qu’il connaît bien pour y avoir été correspondant de son journal au début des années vingt, Moriz Scheyer rencontre Henri-René Lenormand au lendemain de la publication du statut des Juifs (3 octobre 1940) : « Pour tout vous dire, je trouve qu’il [le statut juif] est assez doux », déclare Lenormand à Moriz Scheyer, et celui-ci continue : « Il le trouva tellement doux, ce “statut juif” qu’en signe de reconnaissance, sans doute, pour cette clémence des Allemands envers ses amis juifs, il se mit à écrire article après article dans les pires journaux nazis français. »
Aujourd'hui presque oublié, Lenormand fut un des auteurs les plus célèbres de l'entre-deux-guerres. Ses pièces furent montées par les plus grands metteurs en scène. Depuis sa mort, la plupart d'entre elles n'ont jamais été rééditées. Le journal d'Arthur Schnitzler permet de penser qu'il a influencé ce dernier pour écrire saNouvelle rêvée, dontStanley Kubrick a fait une célèbre adaptation :Eyes Wide Shut. Au cours de ses dernières décennies, des metteurs en scène tels queGilles Gleizes etJean-Louis Benoît ont revisité quelques oeuvres de son répertoire.
Daniel-Rops,Sur le théâtre de H. R. LENORMAND, Avec un avant-propos de H.-R. Lenormand et un bois gravé de A.-P. Gallien. Editions des Cahiers libres, Collection Tendances N° 3, Paris, 1926.
Serge Radine,Anouilh, Lenormand, Salacrou : 3 dramaturges à la recherche de leur vérité, Genève, Édition des Trois Collines, 1951(OCLC344224)