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| Activités | Écrivain,poète,homme politique, militaire |
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| Genre artistique | Littérature historique(d) |
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Hendrik Conscience, néHenri Conscience le àAnvers (Deux-Nèthes,Empire français) mort le(à 70 ans) àIxelles (Bruxelles), est unécrivainbelge d'expressionnéerlandaise.
Henri est le fils de Pierre Conscience, un natif deBesançon. Celui-ci avait été chef de timonerie dans lamarine deNapoléon Bonaparte et nommé sous-directeur duport d'Anvers en1811 quand la ville étaitfrançaise. Lorsque la ville fut soustraite à l'empire, Pierre resta. C'était une personne très excentrique, qui achetait et démontait les navires hors d'usage et immobilisés dans un port alors bien rempli du fait de la paix.
L'enfant grandit dans une vieille boutique remplie d'objets maritimes auxquels le père ajoute ensuite une collection de livres invendables. Parmi ces livres figurent de vieux romans qui enflamment l'imagination de l'adolescent.
Sa mère meurt en1820. Le garçon et son jeune frère n'ont pas d'autre compagnon que leur père. En1826, Pierre Conscience se remarie avec une veuve beaucoup plus jeune que lui, Anna Catherina Bogaerts.
Henri développe un appétit insatiable pour la lecture. Peu après son nouveau mariage, Pierre se met à détester la ville d'Anvers, vend son commerce et se retire enCampine, la région située entre Anvers etVenlo. Là, dans une petite ferme entourée d'un grand jardin, les garçons passent des semaines et même des mois sans autre fréquentation que celle d'Anna Catherina Bogaerts.
À l'âge de dix-sept ans, Henri quitte la maison paternelle pour devenir tuteur à Anvers et continuer ses études qui sont bientôt bouleversées par larévolution belge de1830. Peu après l'indépendance de la Belgique, il se trouve en effet en ville lors dubombardement d'Anvers du. En 1831, il se portevolontaire comme soldat au sein du2e régiment de Chasseurs à pied dans la nouvellearmée belge[2]. Il sert dans les casernes deVenlo puis deTermonde jusqu'en1837 ; il atteint le grade desergent-major. À l'armée, il se retrouve ainsi parmi lesFlamands de toutes lesclasses sociales et observe de près leurs habitudes mentales. Le jeune homme décide alors d'écrire dans la langue méprisée du pays, ledialecte flamand, unidiome considéré alors comme trop paysan pour être parlé et surtout écrit par lesfrancophones qui formaient, en Flandre, labourgeoisie.
Pourtant, à proximité, lesNéerlandais possèdent une littérature riche ennéerlandais, une langue proche du flamand, considérée, du temps de la révolution belge, comme la langue duprotestantisme, que le roiGuillaume Ier avait tenté d’imposer quand laBelgique faisait encore partie duroyaume uni des Pays-Bas et, donc, rejetée dans le pays, y compris en Flandre. Henri se rend compte que la nouvelle division territoriale constitue une opportunité, en mettant en place des conditions favorables à l'éclosion d'une littérature dans une langue qu'il décrit commeromantique, mystérieuse, profonde, énergique même sauvage. « Si je parviens à écrire, je me jetterai à corps perdu dans la composition flamande. »
Sespoèmes, cependant, écrits alors qu'il était militaire, sont tous en langue française. Après son départ de l'armée, il ne reçoit pas de pension et il est auchômage. Fortement déterminé, il écrit pour vendre un livre en flamand. Inspiré par un passage deFrançois Guichardin, il écrit une série de scènes situées à l'époque de larévolte des gueux, sous le titreIn 't Wonderjaar 1566. Ce texte est publié àGand en1837. Son père trouve tellement choquant le fait que son fils écrive un livre en flamand qu'il le jete dehors. Le romancier n'a alors comme seule fortune que deuxfrancs belges et quelques vêtements.

Un ancien camarade d'école le trouva dans la rue et le prit chez lui. Bientôt, des gens de la haute société, notamment le peintre reconnuGustave Wappers, s'intéressèrent à ce jeune homme ambitieux mais malheureux. Wappers lui donna un costume et le présenta au roiLéopoldIer. Ce dernier avait par ailleurs fait la demande, qui ne fut pas immédiatement exécutée pour des raisons bureaucratiques, que leWonderjaar soit ajouté à la bibliothèque de chaque école du royaume. Ce fut sous le patronage de Léopold Ier qu'il publia son second livre,Fantasy, en1837. Un emploi modeste aux archives provinciales lui assura des revenus réguliers et, en1838, il fit paraître sonroman historique le plus célèbre,Le Lion des Flandres. Au cours de la décennie suivante, il publiaComment devenir un peintre (1843),Ce que peut souffrir une mère (1843),Siska van Roosemaei (1844),Lambrecht Hensmans (1847),Jacob van Artevelde (1849) etLe Conscrit (1850). Pendant ces années-là, il vécut une existence variée, durant treize mois comme sous-jardinier dans une maison de campagne, puis finalement comme secrétaire de l'Académie des beaux-arts d'Anvers. Il fallut beaucoup de temps avant que ses livres — applaudis mais rarement achetés — lui permissent d'être un peu indépendant. Ses idées, cependant, commencèrent à être admises. Lors d'un congrèsflamingant qui eut lieu au début de1841, ses écrits furent comparés à une graine pour une littérature de type national. Aussi les nationalistes flamands encouragèrent-ils leur circulation. Son oeuvre, qui a été traduite rapidement en français (l'éditeur parisien Michel Lévy publie déjà desOeuvres complètes d'Henri Conscience à partir de 1854), fut bien accueillie également par la critique belge francophone : elle incarnait aussi, en effet, le romantisme national belge et son esprit indépendantiste. Elle joua donc un grand rôle dans la production d'un narratif identitaire, et plus généralement d'une mémoire nationale : la valorisation, par le roman historique, des grandes heures de la Flandre, - ou même des Pays-Bas, comme dansBatavia (1858) - pouvant être interprétée aussi comme une allégorie du jeune Royaume, à cette époque en pleine prise de conscience de ses ambitions, y compris ses ambitions expansionnistes (dansBatavia, un jeune esclave nègre appelé Congo y est finalement affranchi en récompense de son attachement fidèle...).
En1845, Henri Conscience fut fait chevalier de l'ordre de Léopold. Écrire en flamand avait cessé d'être ridicule, et au contraire, utiliser l'idiome duprolétariat était presque devenu une mode. Il demeure connu comme celui qui a « appris à lire à son peuple » (hij leerde zijn volk lezen enflamand). Cette devise est apposée sur lefrontispice de nombreuses bibliothèques flamandes.
En1845, Henri Conscience publia uneHistoire de la Belgique, mais on lui conseilla de revenir aux présentations des vies ordinaires et pittoresques qui étaient sa spécialité. Il publia ensuiteAveugle Rose (1850),Rikketikketak (1851),Le Gentleman pourrissant (1851),La Misère (1853). Il commença à avoir des imitateurs.
En1855, les premières traductions commencèrent à paraître. De1868 jusqu'à son décès en1883, Conscience fut le premier conservateur dumusée Wiertz[3]. Il continua à produire des romans avec une grande régularité ; il y en eut plus de quatre-vingts au total. Il était devenu une célébrité dans la ville d'Anvers et son soixante-dixième anniversaire donna lieu à des festivités publiques.
Il mourut après une longue maladie dans sa maison et on lui fit desfunérailles nationales. Il est inhumé à Anvers, auSchoonselhof.
Les portraits de Conscience le présentent avec de long cheveux souples, des yeux sombres contemplatifs sous de grands sourcils, un nez pointu et une grande bouche de bonne humeur. Au cours de ses dernières années, il portait une longue barbe blanche.
Ses fresques historiques n'ont plus la popularité qu'elles ont connue dans le passé, mais la description qu'il fait de la vie des gens ordinaires dans leur vie quotidienne conserve sa valeur sociologique.
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