Heinrich Schliemann naît engrand-duché de Mecklembourg-Schwerin le. Fils d'un pasteur protestant pauvre, Schliemann doit interrompre ses études à 14 ans pour devenir commis d'un épicier. Il vend des harengs et des chandelles pendant cinq ans. Après un accident, il décide de changer de vie et s'embarque alors pour leVenezuela. Le bateau fait naufrage au large desPays-Bas. Rescapé, il entre comme aide-comptable dans une maison de négoce d'Amsterdam. Il enchaîne plusieurs métiers avant d'être envoyé en1846 àSaint-Pétersbourg, où il réussit si bien qu'il décide de s'établir à son compte comme négociant en gros. En1851, il ouvre un bureau d'achat et de revente de poudre d'or, sa fortune se construit rapidement.
En1852, il a deux enfants survivants sur trois : Nadejda et Serguéi. Entre1858 et1859, il voyage pour ses affaires, laCalifornie semble une terre d'avenir, il s'y installe le temps de spéculer sur l'or (c'est laRuée). Il se fait banquier, prête aux mineurs à 12 % le mois, devient encore plus riche, revient en Russie, profite du blocus et de laguerre de Crimée pour faire commerce d'armes, de munitions, d'approvisionnement. L'argent coule à flots. Il s'installe àParis et, en1866, s'inscrit àla Sorbonne en sciences de l'Antiquité et langues orientales. Il continue parallèlement à développer ses affaires (par exemple en achetant des terrains à canne à sucre àCuba). Il est l'un des correspondants de la reineSophie des Pays-Bas.
À la fois touriste et homme d'affaires, Schliemann parcourt l'Égypte, l'Inde, leJapon et laChine en wagons de deuxième classe. Il observe, prend des notes, amasse des documents. Au retour, il rédige ses récits de voyage, les fait publier. Il visiteRome, surtout les fouilles dePompéi, ce qui le bouleverse et fait revenir à son esprit une très ancienne dilection : son père lui racontait la prise deTroie, l'expédition des Grecs pour reprendre Hélène…
En1868, il visite laGrèce pour la première fois et, la même année, rencontreFrank Calvert, le vice-consul desÉtats-Unis aux Dardanelles. Celui-ci a acheté la moitié de la colline d'Hissarlik, enAsie mineure, où les Anciens situaient les ruines deTroie. En1869, Schliemann divorce et épouse Sofia Engastromenou, la fille d'un commerçantathénien, qui lui donne, en 1871, une fille Andromaque, et un filsAgamemnon, en 1878. La même année, il obtient la nationalité américaine et un doctorat en archéologie.
En1870, Schliemann décide de commencer des fouilles. Autodidacte, il a appris plusieurs langues anciennes et orientales. Il parle notamment le français, le néerlandais, l'espagnol, l'italien, le portugais mais aussi l'arabe et le russe grâce à une méthode singulière : l'apprentissage par cœur d'une œuvre littéraire en version originale. Persuadé, comme les Anciens, que les poèmes d'Homère décrivent une réalité historique, il entreprend des fouilles enGrèce et enAsie Mineure pour retrouver les lieux qui y sont décrits.
Sur la butte d'Hissarlik, il met au jour les ruines d'une ville qu'il identifie très vite à Troie. Les fouilles de grande ampleur ne prennent pas la peine de conserver ce qui ne paraît pas contemporain à la guerre de Troie aux yeux de Schliemann. Au total, sept campagnes de fouilles ont lieu : elles mettent au jour neuf habitats superposés et 2 000 objets d'art, principalement des vases. En1882, il engage un jeune archéologue,Wilhelm Dörpfeld, dont certains ont dit qu'il fut sa plus belle trouvaille et qui devint plus tard le directeur de la Mission archéologique allemande en Grèce. Il est assisté par un architecte de Vienne, Joseph Höfler (1860-1927)[4], et par l'archéologueÉmile-Louis Burnouf.
Il découvre ensuite les ruines deMycènes (1874),Orchomène (1880) etTirynthe (1884)[5], et fouille àIthaque. Très vite, on pense avoir prouvé la validité des descriptions d'Homère : Schliemann retrouve unmasque d'or que l'on pense être celui d'Agamemnon, un grand bouclier de peaux de bœuf recouvertes de bronze, décrit dansL'Iliade comme appartenant àAjax le Grand, ou encore une coupe ornée de clous d'or, attribuée dans le poème àNestor. Il découvre en réalité une série de tombes à fosse et le "trésor des Atrides" datant d'une époque plus ancienne que celle d'Agamemnon[6]. On assimile donc la civilisation de Mycènes à celle décrite par Homère, mais des travaux ultérieurs, comme ceux deVentris etChadwick sur lelinéaire B, démontrent plus tard l'invalidité de cette thèse.
Alors qu'en1874, Schliemann prétend avoir exhumé letrésor de Priam et les bijoux d'Hélène, le gouvernement ottoman l'accuse de vol de biens nationaux, mensonge et falsification. Schliemann n'échappe au procès qu'en faisant jouer ses relations et au prix d'une forte amende. L'archéologue fait alors sortir discrètement de l’Empire ottoman les fragments de bijoux découverts. Le second scandale est scientifique : Schliemann est accusé de s'être trompé dans la datation des objets retrouvés. En1889, l'archéologue doit admettre son erreur. À la suite de ces affaires, Schliemann est interdit de séjour dans l’Empire ottoman.
Les fouilles sont reprises et poursuivies selon des méthodes plus rigoureuses par des savants américains sous la direction deCarl Blegen, de 1932 à 1938. C'est alors que les archéologues ont pu prouver que la septième installation humaine sur le site de Troie, Troie VII A, avait été incendiée vers 1250-1240 av. J.-C. précisément à l'époque de la guerre de Troie[7] selon la datation fournie parHérodote[8].
Bien que les fouilles de Schliemann n'aient pas été menées selon les règles, il reste un pionnier de l'archéologie grecque, et a ouvert la voie aux recherches sur la civilisation mycénienne.
La Chine et le Japon au temps présent, Paris, Librairie centrale,(lire en ligne)
Ithaque, le Péloponnèse, Troie. Recherches archéologiques, Paris, Reinwald, 1869.
Trojanische Altertümer. Bericht über die Ausgrabungen in Troja, Leipzig, Brockhaus, 1874.
Mycenae: a narrative of researches and discoveries at Mycenae and Tiryns, Londres, J. Murray, 1878.
Ilion: the city and country of the Trojans in the years 1871, 72, 73, 78, 79, Londres, J. Murray, 1880.
Orchomenos. Bericht über meine Ausgrabungen im böotischen Orchomenos, Leipzig, Brockhaus, 1881.
Troja. Results of the latest researches on the site of Homer's Troy, Londres, J. Murray, 1884.
Tiryns. Der prähistorische Palast der Könige von Tiryns. Ergebnisse der neuesten Ausgrabungen, Leipzig, Brockhaus, 1885.
Ilios, ville et pays des Troyens. Fouilles de 1871 à 1882, Paris, Firmin-Didot, 1885.
Une vie pour Troie, Paris Genève, Slatkine, 1996(ISBN2-05-101463-9).
Heinrich Schliemann,La fabuleuse découverte des ruines de Troie. Réunit : "Premier voyage à Troie : 1868" ; "Antiquités troyennes : 1871-1873" ; préface de Henri de Saint-Blanquat ; textes français de l'auteur et d'Alexandre Rizos Rangabé. Paris : Pygmalion, 1992. Réédition : Paris : Tallandier, 2011, collection Texto(ISBN978-2-84734-787-6)
Heinrich Schliemann,Une Vie d'archéologue. Recueil de textes extraits de diverses publications et partiellement traduits de l'allemand, présenté par Paul Faure, Paris : J.C. Godefroy, 1982(ISBN2-86553-014-0)
Heinrich Schliemann,Une vie pour Troie ; trad. de l'anglais par Madame E. Egger ; préf. de Hervé Duchêne. Paris ; Genève : Slatkine, 1996, collection Fleuron(ISBN2-05-101463-9)
Un téléfilm allemand réalisé par Dror Zahavi en 2007,Troie, la cité du trésor perdu, est une fiction inspirée par la vie de Schliemann et par ses fouilles sur le site d'Hissarlik.
La Chute de Troie, dePeter Ackroyd : roman narrant les aventures de l'archéologue « Obermann », récit très inspiré de la vie de H. Schliemann.
« Le masque de Troie », deDavid Gibbins : roman prenant pour base les fouilles entreprises par Schliemann à Troie.(ISBN978-2-266-22229-7)
Schliemann, épisodes ignorés (1982) : pièce de théâtre écrite et mise en scène parBruno Bayen authéâtre de Chaillot, salle Gémier (Antoine Vitez jouait le rôle-titre). Texte édité chezGallimard.
Dossier A. est un manga avec au dessin Osamu Uoto et au scénarioGaraku Toshusai paru chez Delcourt. Schliemann y est au centre de l'intrigue et on évoque certaines parties de sa vie et on retrouve même des citations tirées de ses écrits (par exemple de son voyage au Japon) mais ce manga étant une fiction parlant de l'Atlantide, tout n'est pas véridique.
Des jours et des nuits ou Le rire de Sara (2001) de Gilbert Sinoué, ed. Folio. Mentionné pages 293 et ss, à propos de ses travaux en Grèce.
Une folle histoire d'archéologie (2023) est une bande dessinée de Gabrielle Lavoir et Arnaud Pizzuti, ed. Dunod retraçant la vie de Schliemann.
Ghislaine Juramie,Hélène ou l'or des songes ( la prodigieuse histoire d'Heinrich Schliemann), collection Suite pour Isabelle, les éditions du temps 1962
Lynn et Gray Poole,Schliemann à la découverte de Troie. Traduit de l'américain [One passion, two loves] par Tristan Renaud, Paris, Robert Laffont, 1969, 324 p.
Hervé Duchêne,L'or de Troie ou le rêve de Schliemann, Paris : Gallimard, 1995, collection Découvertes (no 250), 1995, 146 p.,(ISBN2-07-053310-7).
David A. Trail,Schliemann de Troie, Paris, Grandes biographies Flammarion, 1996, 422 p.(ISBN2-08-010139-0)
Le trésor de Troie. Les fouilles d'Heinrich Schliemann : catalogue d'exposition, Moscou, musée des beaux-arts-Pouchkine, 1996. Paris, Gallimard / Electa, 1996, 248 pages,(ISBN2-07-015033-X).
Paul Faure,Schliemann : à la poursuite d'un rêve inLa Méditerranée d'Homère. De la guerre de Troie au retour d'Ulysse,Les Collections de L'Histoire, n° 24, juillet-septembre 2004.
Louis Annick,L'Invention de Troie, les vies rêvées de Heinrich Schliemann, EHESS, Paris, 2020, 357 p.
Carl Schuchhardt:Die Ausgrabungen Schliemanns in Troja, Tiryns, Mykenä, Orchomenos und Ithaka. Brockhaus, Leipzig 1890. 2. Auflage 1891 (online); Nachdruck: Leipzig 2000.
Manfred Flügge(de):Heinrich Schliemanns Weg nach Troja. Die Geschichte eines Mythomanen. Deutscher Taschenbuch-Verlag, Munich 2001,(ISBN3-423-24292-2).
Ernst Seidl(de) (dir.):Troia. Schliemann und Tübingen (Schriften des Museums der Universität Tübingen, MUT, Vol. 25). Museum der Universität Tübingen MUT, Tübingen 2022,(ISBN978-3-949680-04-5).