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Hautain

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Pour les articles ayant des titres homophones, voirAutain etHautin.

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Cet article possède unparonyme, voirAutun.

Vendanges de hautains en automne de l'an 1390
Tacuinum Sanitatis (ca. 1390), Wien, Codex Vindobonensis Series nova 2644, fol. 54 verso
Le renard et les raisins, par Milo Winter (1919)
En arrière-plan durenard, une culture devigne (liane fruitière) qui a été mariée à unarbre. Dessin illustrant les :
Fables d'Ésope et de La Fontaine :
Un renard affamé, voyant des grappes de raisin pendre à une treille, voulut les attraper ; mais ne pouvant y parvenir, il s’éloigna en se disant à lui-même : « C'est duverjus »

Certain renard gascon, d'autres disent normand,
Mourant presque de faim, vit au haut d'une treille
Des raisins mûrs apparemment,
Et couverts d'une peau vermeille
Le galant en eût fait volontiers un repas ;
Mais comme il n’y pouvait atteindre :
« Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats »
Fit-il pas mieux que de se plaindre ?
 
Fable 11 (livre III) écrite parJean de La Fontaine (1621-1695), inspiré de la fable 39 du grec antiqueÉsope (VIIe -VIe siècle av. J.-C.)
Vitis riparia ouvigne des rivages qui malgré son abandon actuel, est restée positionnée en hautain sur un arbre. Cette espèce cultivée pour ses fruits en grappes, peut atteindre des grandes hauteurs de 10 à 20 m. Photo prise sur l'île aux raisins dans leParc national des Îles-de-Boucherville ;Canada

La culture de lavigne enhautain (hutin enSuisse romande) est une méthode culturale connue depuis l'Antiquité. Cette façon de faire fut particulièrement utilisée par lesGrecs, lesScythes et lesRomains.

La vigne est mariée à unarbre qui lui sert de tuteur. Sessarments s'accrochent aux branches et montent en hauteur. Cette technique decultures associées mariant arbre et vigne, incite et contraint cette dernière à prendre de la hauteur pour se dégager d'un sol moins lumineux. Devenu tuteur, l'arbretaillé permet d'autres productions céréalières, légumières ou fourragères sous son feuillage éclairci (principe de lajoualle). Car initialement, la conduite de la vigne en hautain avait pour but d'augmenter la production agricole, en multipliant les cultures sur un même lieu[1].

Cette ancienne technique a été décrite parColumelle etPline l'Ancien (coltura promiscua), ainsi que parIbn al-Awwam, l'agronome andalou duXIe siècle. Elle fut longtemps pratiquée enPicardie[2]. Dans les pays méditerranéens, les vignes ont traditionnellement été maintenues en hauteur par des arbres taillés, les hautains.

De nos jours, les hautains de bois vivant ont majoritairement été remplacés par despieux ou deséchalas de bois mort. On trouve néanmoins des derniers vestiges de hautains français enHaute-Savoie, au bord dulac Léman, et dans lepiémont pyrénéen. Et cette forme de culture se maintient et même retrouve peu à peu ses lettres de noblesse auPortugal, enItalie et enCrète dans le cadre d'uneagriculture biologique de haute qualité (AOC)[1].

Traces historiques des hautains

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Préhistoire et Antiquité

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Dans lesannées 1980,Alain Carbonneau a découvert dans l'Ariège et dans l'Aude deslambrusques présentant tous les caractères desVitis vinifera silvestris. L'étude de cesvignes sauvages a montré qu'elles se développaient soit sous une forme buissonnante, soit sous une forme grimpante. Le premier cas est typique des zones sèches et arides : la vigne s'y développe soit en buisson érigé, soit en rampant sur le sol. Le second cas se trouve dans des zones humides couvertes d'arbres : la vigne s'y accroche soit sous une forme étagée avec plusieurs niveaux discontinus, soit sous la forme d'une guirlande retombante entre les différentes branches[3].

Lors de la révolution néolithique (premières cultures), ces deux systèmes de conduite ont été mis en place dans desjardins néolithiques, dans les clairières des forêts ou dans les garrigues. Ces zones de culture étaient à proximité des habitations, marquant la sédentarisation nécessaire à la surveillance de tout végétal ou animal domestiqué[3].

L'origine des cépages et de la viticulture située enTranscaucasie, puis migrant dans lesBalkans(régions assez montagneuses, tempérées et boisées) porte à penser que le premier mode de conduite fut legrimpant, et non lebuissonneux, qui serait apparu plus tardivement[3]. La maîtrise puis le développement de la culture de la vigne vont accompagner l'essor de l'humanité. Elles furent essentielles dans la zone ducroissant fertile puis pour les civilisations mésopotamienne, égyptienne, hittite et assyrienne[4].

Article détaillé :Familles de cépages (proles et sorto-types).

Croissant fertile

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C'est dans lecroissant fertile, où sont nées les plus anciennes civilisations, qu'il faut rechercher les prémices de la viticulture[5]. La viticulture enArménie est l'une des plus anciennes du monde. Elle fait partie avec celle de laGéorgie voisine de cetteTranscaucasie, un des lieux d'origine de la vigne où lavigne sauvage (Vitis vinifera subsp. sylvestris) muta envigne cultivable (vitis vinifera subsp. sativa) et où eurent lieu les premiersfoulages duraisin pour obtenir duvin.

Articles détaillés :Viticulture en Arménie etViticulture en Géorgie.
Les faits
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L'archéologie a permis d'identifier des pépins de raisin vieux de 10 000 ans dans les sites des premières agglomérations humaines que sontÇatal Höyük, enTurquie,Damas, enSyrie etByblos, auLiban. C'était des pépins delambrusques (vitis vinifera silvestris)[6].

Cette consommation de raisins précédait une possible vinification. Une récente découverte a permis de dater l'apparition du vin. Au cours de l'année2007, une équipe composée de vingt-six archéologues irlandais, américains et arméniens a fouillé un site proche de la rivièreArpa, près de la communauté d’Areni. Dans une caverne composée de trois chambres, ils ont trouvé un crâne contenant encore son cerveau, des traces de cannibalisme ainsi que des vases emplis de pépins de raisin permettant de supposer qu'en ce lieu, il y a 6 000 ans, aurait eu lieu la plus ancienne vinification au monde[7].

Entrée du site Areni-1.

Cette découverte dans leVayots Dzor,région arménienne au sud du pays, de pépins de raisin, en 2007, a incité laNational Geographic Society à financer une nouvelle campagne au cours de l'année2010. Les fouilles archéologiques, faites sur le site Areni-1 ont mis au jour un complexe de vinification daté de 6 100 avant notre ère. Découverte qui permet d'établir avec certitude que le berceau de la vigne et du vin se situe actuellement enArménie.

Une équipe internationale d'archéologues a retrouvé les traces et les équipements d'une vinification sur un site de 700 mètres carrés. Ce complexe de vinification correspond à la période duChalcolithique[8]. Ils ont identifié un fouloir et une cuve de fermentation en argile abrités dans une grotte. Ce sont les plus anciens connus à ce jour, a indiqué le, Gregory Areshian, de l'Institut d'Archéologie Cotsen à l'UCLA, codirecteur des fouilles. Il considère aussi que c'est l'exemple le plus complet de production vinicole au cours de la Préhistoire[9],[10].

Outre fouloir et cuve, ont été identifiés des pépins, des reliquats de grappes pressés, des sarments de vigne desséchés, des tessons de poterie, une tasse ouvragée dans une corne et un bol cylindrique servant à boire le vin[10],[11]. Le fouloir, un bassin d’argile d'un mètre carré et de 15 centimètres de profondeur, possédait un conduit pour permettre au jus de raisin de se déverser dans la cuve de fermentation. Profonde de 60 cm, celle-ci pouvait contenir de 52 à54 litres de vin[11],[12].

AuXIXe siècle, vendanges à l'orée des bois, enKakhétie, (Géorgie),
une tradition vieille de plus de vingt-cinq siècles.

Dans la même période, enGéorgie, eut lieu pour la première fois la sélection d'une nouvelle variété qui allait aboutir à la vigne cultivée (vitis vinifera sativa). Ses pépins, datés au C14, sont compris dans une fourchette allant de - 7 000 à -5 000 ans. Cette dernière date correspond au début de la révolution néolithique, c'est-à-dire à l'apparition de l'agriculture dans lecroissant fertile[6].

Lavigne appartient à une famille de plantes grimpantes, vigoureuses et ligneuses. Sur la quarantaine d'espècesvitis, seulevinifera possède une teneur ensucre égale au tiers de son volume. C'est cette particularité, jointe à son acidité naturelle - support du goût - qui a retenu l'attention des premiers agriculteurs en tant que fruit consommable[6].

Ce fut donc une sélection faite par l'homme qui permit d'isoler parmi lessilvestri, comportant des plants mâles et femelle, la variété hermaphrodite,sativa, dont tous les plants étaient porteurs de fruits. C'est uncultivar, et non une sous-espèce, car il a gardé toutes ses caractéristiques originelles de plante grimpante, vigoureuse et ligneuse.Vitis vinifera poussant généralement le long des cours d'eau ou en bordure de forêt, ce fut là que se développa sa première culture. Cette vigne cultivée s'accrochait toujours à un arbre pour prospérer. La technique du hautain n'eut pas besoin d'être inventée, c'est le plant lui-même qui l'imposait[13].

Ce type de viticulture perdura au cours des siècles.Strabon, dans saGéographie, relate qu'il existait près de l'oasis de Margiana, aujourd'hui Mary, dans leTurkménistan, des vignes aux ceps aussi gros que des troncs d'arbres et qu'ils portaient des grappes de deux coudées, soit environ un mètre[14].

Les légendes
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L'ivresse de Noé, dans laChronique de Nuremberg.

La Bible raconte queNoé planta de la vigne après leDéluge, sans préciser à quel endroit. Le récit en est fait dans laGenèse 9, 20-27 :

« Or, Noé commença par être un bon cultivateur et planta alors trois vignes. Et il se mit à boire du vin et s'enivra. »

Le nom du patriarche enhébreu estנֹחַ, qui se litnōa'h et a le sens de repos ou consolation.Hugh Johnson fait remarquer que cette légende se retrouve à l'identique dans plusieurs autres mythes ayant trait à la pratique de la viticulture aussi bien en Orient qu'en Occident. Le mythe fondateur vient deSumer et se trouve dans laXIe tablette de l'Épopée de Gilgamesh qui narre les aventures d'Uta-Napishtim en des termes identiques à ceux rapportés dans laBible[15].

LesChaldéens expliquaient, quant à eux, que c'était letritonOannès qui leur avait fait ce don. Et sa tante,Ino, déesse de la mer, ne fut autre que la nourrice deDionysos. Or ce mythe maritime n'est pas particulier à l'Orient puisqu'il se retrouve au fin fond de l'Occident européen. AuPays basque, la légende veut que ce soit un héros, Ano, qui soit venu en barque apporter la vigne et l'agriculture. Et dans laGalice proche, le même rôle est imparti àNoia[15].

Et l'auteur d'Une histoire mondiale du vin conclut en faisant remarquer queoïnos, où se retrouvent les lettres de Dionysos, signifie vin en grec, qu'en basque c'estano et que lesGéorgiens l'on décliné enghvino[15].

La grappe du val d'Eshkol, aupays de Canaan.

Palestine

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Quelques textesbibliques renseignent sur la façon dont était conduite la vigne. Dans leLivre des Rois (V, 25), il est écrit:« Juda et Israël vivaient en sécurité, chacun sous sa vigne et son figuier ». Les vignes desHébreux étaient menées soit en hautains, soit sur pergola.Marcel Lachiver commente d'ailleurs« Ce qui n'est pas sans lien avec le milieu naturel dans lequel poussaient les vignes sauvages »[16]. Autre indication qui est rapportée dans le livre desNombres (XII, 23), quandMoïse, lors de la fuite d'Égypte, envoya deux messagers en terre deCanaan :

« Ils parvinrent au val d'Eshkol ; ils y coupèrent un sarment et une grappe de raisin qu'ils emportèrent à deux sur une perche[14]. »

Égypte

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Tombe de Senofer à Luxor.
Tombe de Kha'Enwese àThèbes représentant les vendanges sur hautains en cerceau.

Les fouilles archéologiques ont prouvé que 3 500 ans avant notre ère, la vigne était cultivée enÉgypte, comme en témoignent les coupes dans lesquelles on offrait du vin aux dieux ainsi qu'unbas-relief découvert àThèbes où sont représentés deuxesclaves cueillant des grappes de raisin. D'autrespeintures égyptiennes attestent de l'importance des vignes poussant en hautains qui se trouvaient à l'ouest dudelta du Nil. Compte tenu de ce mode de conduite et de l'absence de cuvaison, on pensait que ces vins étaient majoritairement blanc ou légèrement coloré[17]. Seul Champollion avait affirmé avoir vu une fresque où du vin rouge était contenu dans des bouteilles blanches[18].

Intrigués, Maria Rosa Guasch-Jané et ses collègues de l'Université de Barcelone ont d'abord dû obtenir auprès desBritish Museum deLondres et de l'Egyptian Museum duCaire des échantillons de résidus prélevés sur des jarres dutombeau de Toutankhamon[19]. L'analyse a été surprenante et rendue publique, en2004, par Rosa Maria Lamuela-Raventos, professeur associé à l'université de Barcelone, qui a participé à l'étude. La présence d'uneanthocyane changeait tout, le vin était rouge, car :

« Le malvidine-3-glucoside, membre de la famille des anthocyanidines, est un pigment que l'on retrouve dans les vins jeunes et certaines grappes de raisins, à qui il confère leur aspect rouge[19]. »

En, une partie au moins des vignes en hautains du onzièmepharaon de laXVIIIe dynastie donnait des vins rouges.

Grèce

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Dionysos et les dauphins,kylix attique à figures noires, vers 530 av. n.è.

Les pratiques viticoles n'ont que peu changé depuis qu'Hésiode a décrit, dansLes Travaux et les Jours, la plantation et la taille des vignes de son domaine deBéotie[20] ou que l'Odyssée indique qu'a l'entrée de la grotte deCalypso :

« au rebord de la voûte, une vigne en sa force déploie ses rameaux, toute fleurie de grappes »

— Homère[21].

Victor Bérard, spécialiste de cette épopée, a situé la grotte de Calypso sur lacôte marocaine, près desColonnes d'Hercule[22].

Si les conditions climatiques imposèrent parfois de laisser la vigne se développer à même le sol[23] – en particulier dans les îles venteuses desCyclades – la pratique du hautain ou vigne arbustive se perpétua[24], puis s'amplifia avec un mode de conduite suréchalas[N 1], notamment pour les vins de qualité. Dansl'Iliade, le bouclier d'Achille représente une scène de vendanges où les vignes courent sur des échalas[25]. De telles représentations se trouvent sur de nombreux vases attiques ; l'inventaire desHermocopides, en 415 avant notre ère, associe dans les mêmes lots vignes, pressoirs et échalas[26].

Satyres vendangeant, poterie rouge à figures noires du peintre Amase

Les rangs de vignes étaient plantés en lignes régulières, comme le recommandaientThéophraste, les baux d'Amorgós auIVe siècle av. J.-C. ou de Mylasa auIIe siècle av. J.-C.[27]. Les vignobles les moins prestigieux pouvaient cependant être plantés en désordre. Les baux d'Amos, dans lapérée deRhodes, confirment à la fin duIIIe siècle av. J.-C. les recommandations des agronomes anciens, même si les usages variaient selon que l'on était sur un terroir de plaine ou rocailleux. Les ceps étaient placés dans des tranchées de 75 cm de profondeur creusées tous les 1, 80 mètre, pour une densité allant de 4 000 à 7 000 pieds à l'hectare[28].

Les cultures associées étaient fréquentes. Cohabitaient sur la même parcelle, les vignes d'une part, des figuiers[29] ou des oliviers, de même que, comme àRhamnonte[30], les cultures, entre les rangs, de céréales ou de légumineuses[31]. Les vignobles étaient généralement installés en plaine, sur un terrain bien drainé et exposé, avec descépages disparus aujourd'hui. Les détails botaniques donnés par les auteurs anciens, commeThéophraste, ne permettent pas de les identifier par comparaison avec les variétés actuelles[32], et d'une qualité variable. Leurproductivité était inversement proportionnelle à la qualité du vin produit. Les cépages de qualité, souvent plantés sur les terres plus rocailleuses descoteaux, fournissaient des vins d'autant plus fins que leur rendement était faible[33].

Si l'on sait que le vin d'Hésiode devait être doux puisqu'il laissait ses grappes, après vendange, exposées dix jours au soleil[34], il devait en être de même pour les vins grecs passés à la postérité comme lemaronéen, leprammien et lechian[35]. Il en allait tout autrement pour d'autres vins connus dans la mouvance grecque. LesCyclopes - dont on pensait qu'ils habitaient autour dugolfe de Naples[22] - avaient la réputation de ne boire que duvin noir, issu des vignes sauvages, un piètre breuvage, une boisson de barbares[36].

Étrurie et Rome

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Vendange romaine sur des vignes en hautain
(Mosaïque de Santa-Costanza).

Les Latins, tout autant que les Grecs, participèrent au développement de cette civilisation du vin[37]. La dichotomie entre vignes basses et vignes hautes a conduitMario Fregoni, en1991, à classer le vignoble italien antique en deux modèles. Legréco-oriental, correspondant à des zones sèches où la vigne buissonnante est à l'origine des gobelets. Le modèleétrusque, spécifique de zones forestières. La vigne s'y développe en s'accrochant aux arbres (vignes arbustives ou hautains) ou, à défaut, à des supports en bois, sous forme d'espaliers, de rideaux ou de treilles[3]. LesÉtrusques furent les premiers viticulteurs de la péninsule. Toutes leurs vignes étaient conduites en hautains.Columelle indique qu'un seul de leur cep pouvait porter jusqu'à mille grappes de raisin.Pline l'Ancien rapporte qu'àPopulonia, une des capitales de l'Étrurie, une statue deJupiter avait été sculptée dans un seul cep de la taille d'un homme[38].

Il fallut attendre l'époque impériale pour que la hiérarchisation des vins grecs fut reprise par Rome. Ce ne pouvait être, en effet, le propos deCaton l'Ancien, le premier auteur latin qui traita de la vigne et du vin dans sonDe re agri cultura[39]. Les vignobles les plus réputés étaient ceux qui produisaient les vins de Falerne, Cécube et Albe[40]. L'important pour l'élite romaine était bien sûr de boire ces grands crus mais surtout de les boire à leur apogée après un long vieillissement. C'est l'exemple que citePétrone, dans sonSatyricon, du fameux falerneopimien muscadin dégusté 100 ans après sa récolte sous le consulat deLucius Opimius en 121 avant notre ère[41].

Mosaîque de Saint-Romain-en-Gal montrant une vigne arbustive.

Pline l'Ancien, dans son Livre XIV, deNaturalis Historia, entièrement consacré à la vigne et au vin[35], indiquait que de son temps :

« En Campanie, on marie la vigne au peuplier ; le cep embrasse son époux, serpente amoureusement parmi les rameaux qu'enlacent ses tiges noueuses, et arrive ainsi au sommet. Sa hauteur est telle, que le vendangeur fait marché pour être, en cas de chute, brûlé et enterré aux dépens du propriétaire. Ainsi la vigne s'élèverait indéfiniment : on ne peut les séparer, ou plutôt les arracher l'un à l'autre[42]. »

Il arrivait que desvillæ et desdomus ne fussent entourées que d'un seul cordon de vigne, issu d'un seul pied, et le naturaliste précise qu'àRome, dans les portiques de Livie, lestreilles qui abritaient une promenade n'étaient formées que par un seul cep de vigne qui donnait jusqu'à douze amphores de vin par an[42]. Puis, sans porter de jugement qualitatif, il remarquait :« Ici, nous empêchons nos vignes de grandir, en les taillant afin que leur vigueur se concentre dans les jeunes pousses »[39]. Volontairement ou non, il préconisait ainsi la législation qu'avait fait adopter, en son temps,Numa Pompilius, interdisant de faire deslibations avec du vin provenant de vignes non taillées[43]. En contre-point, il cite la remarque acerbe deCinéas, l'ambassadeur dePyrrhus dans la cité d'Aricie, où des ceps gigantesques produisaient un vin âpre de goût, proclama que« la mère d'un tel liquide avait bien mérité un gibet si élevé »[44].

SiColumelle, dans ses douze livres deRes Rustica, aborda toutes les questions relatives à la viticulture, dans les tomes III et IV, ses propos furent moins critiques pour les méthodes culturales et notamment pour les vignes arbustives. Montrant un certain ostracisme vis-à-vis des grands crus de la péninsule, il mit en exergue ceux de l'Hispania, son pays natal[39]. mais c'est grâce à lui que nous savons quel était le rendement de la vigne à son époque : unculeus[N 2] parjugerum, soit environ30 hectolitres par hectare. Le rendement actuel d'un vignoble de qualité[45].

  • Vendange à Mérida sur une vigne en hautain.
    Vendange à Mérida sur une vigne en hautain.
  • Vendange à Cherchell sur une vigne en pergola.
    Vendange à Cherchell sur une vigne en pergola.
  • Foulage du raisin à Mérida.
    Foulage du raisin à Mérida.

Le falerne, le plus ancien cru connu, était déjà identifié comme telFal[ernum] Mas[sicum] sur le col d'uneamphore dès leIIe siècle avant notre ère[46]. C'est à cette époque qu'il est vanté par l'historienPolybe comme :

« Un vin remarquable auquel nul autre vin, produit sur des vignes arbustives, ne peut être comparé[46]. »

Si ce cru, comme le vin d'Albe, était produit dans un terroir sec, et donnait un vin liquoreux par ses sucres résiduels grâce à des vendanges tardives, il n'en était pas de même pour le cécube. Ce vignoble, situé dans une zone marécageuse, entreTerracine etFondi, ne pouvait donner qu'unvin de palus. André Tchernia confirme d'ailleurs que les quelques vignes présentes actuellement donne une « infâme piquette »[40]. Il propose donc une hypothèse tout à fait plausible :

Mosaïque de la villa rustica de Tabarka.

« Si le goût du cécube a été apprécié plus que tout autre, c'est peut-être que, pour cette vigne arbustive, entrelacées aux peupliers, l'humidité de la zone favorisait le développement de la pourriture noble. On aurait le seul vin de l'Italie pouvant se comparer au sauternes[40]. »

Qu'en était-il des autres vignobles implantés par les Romains dans leurs colonies ? Aucun texte n'en fait la critique ou le panégyrique, mais les mosaïques retrouvées enAfrique du Nord, et en particulier enTunisie, prouvent que la méthode de conduite des vignes étaient la même. Une de celles provenant deTabarka, et qui est exposée aumusée national du Bardo, représente un vignoble entourant unevilla rustica. Les ceps de vignes y sont menés en spirale et par étages autour de quatre grands pieux fichés au sol[47].

Le rumpotin de Pline et Columelle
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Rumpotin, Alciat,Emblematum Libellus.

Les Romains avaient donné un nom à ce type d'essence soutenant les vignes arbustives. Pline explique :

« Dans la Transpadane on voit un peuplier qui porte le nom derumpotin, et près duquel se trouvent communément de grosses souches de vignes. L'arbre, très épais, forme, avec ses branches, des espèces de planchers circulaires, le long desquels la vigne s'élève, en serpentant, du tronc dans l'espèce de main ou de ramification que le bois lui présente, pour venir ensuite embrasser de ses sarments chacun des doigts des rameaux légèrement relevés[44]. »

Columelle décrit plus longuement cette forme de hautain qu'il dit, par contre, être spécifique à laGaule :

Rumpotin, Alciat,Emblematum Libellus

« Il y a dans les Gaules une autre espèce de plants d'arbres mariés aux vignes, et qu'on appellerumpotin : il exige des sujets de petite taille et peu garnis de feuillage. L'obier surtout paraît propre à cet usage : c'est un arbre semblable au cornouiller. Au surplus, la plupart des vignerons ont recours, pour le même service, au cornouiller, au charme, à l'orme, et quelquefois au saule. Quant à ce dernier arbre, il ne faut s'en servir que dans les localités marécageuses, où les autres arbres ne prennent que difficilement, parce qu'il altère la saveur du vin. On peut aussi recourir à l'orme, pourvu qu'on l'étête dans sa jeunesse, afin qu'il ne s'élève pas au-delà de quinze pieds.
Or, j'ai remarqué que lerumpotin est constitué de manière que ces étages ne vont qu'à huit pieds dans les lieux secs et sur les pentes, et à douze sur les plaines et dans les terrains humides. L'arbre se divise ordinairement en trois branches, à chacune desquelles on conserve de chaque côté plusieurs bras ; puis on retranche presque tous les autres rameaux qui donneraient trop d'ombre à l'époque de la taille des vignes.
Si on ne sème pas de grains sous lesrumpotins, on laisse entre eux une distance de vingt pieds de chaque côté ; mais si on y cultive des céréales, on étendra cet intervalle à quarante pieds d'un côté et à vingt de l'autre. Les autres pratiques sont les mêmes que celles qui sont usitées en Italie : ainsi on plante les vignes dans de longues fosses, on leur donne les mêmes soins, on les dispose sur les branches de l'arbre  ; tous les ans on fait passer aux arbres voisins de nouveaux sarments, et l'on coupe les anciens. Si l'un de ces sarments ne peut atteindre le sarment voisin, on les réunit à l'aide d'une baguette à laquelle on les attache.
Lorsqu'ensuite ils fléchissent sous le poids des grappes, on les soutient au moyen d'appuis qu'on a placés au-dessous. Cette espèce de plant et tous les autres arbres fructifient d'autant plus qu'on les laboure plus profondément, et qu'on bêche plus assidûment autour de leur pied. La culture prouve au chef de famille les avantages de ce travail »

— Columelle, de Agricultura, V, 7[48].

Moyen Âge

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L'Apocalypse de Lorvao : En partie basse, l'illustration d'une culture en hautain réalisée dans un très ancien manuscrit portugais datant de 1189.

Dès leconcile d'Arles, en314, et encore plus après l'écroulement de l'Empire romain, l'évêque devient le personnage principal de sa cité. La possession devignobles est source de prestige, et leursvins sont utilisés en cuisine et à table, les meilleurs sont servis aux hôtes de prestige, les moins bons vendus ce qui alimente le trésor épiscopal[49].

Vers leXe siècle, la constitution de collèges dechanoines va impliquer la donation d'unemense et dans celle-ci la place de la vigne est importante. Les premières traces écrites du vignoble et de sa conduite apparaissent alors dans lescartulaires[49]. Celui de l'Église d'Apt, indique qu'en931, Garibald et son épouse Aviorda, donne à l’église cathédrale d’Apt deux vignes situées près des rives duCalavon. Il est précisé que la première est un enclos de vignes hautes palissées sur desnoyers et dessaules, tandis que la seconde est une vigne basse (C. XV)[50].

Quand la vigne est mal adaptée à un terroir peu propice, le siège épiscopal change. Ce fut le cas de celui deLangres sous l'épiscopat deGrégoire, aïeul deGrégoire de Tours, qui s'installa àDijon, ainsi que de celui deSaint-Quentin dont les évêques choisirentNoyon[51].

Monastères etabbayes se doivent aussi de posséder leurs vignobles. Le vin produit est consommé par une communauté religieuse importante, lors de la célébration du culte et offert aux passagers et pèlerins au titre de l'hospitalité. Mais nombre de ces établissements tentèrent d'implanter leurs vignes dans des régions septentrionales qui dans les années courantes donnaient duverjus et dont les bons millésimes titraient 6 à 7°[51].

Dès le Haut Moyen Âge, il y eut des tentatives plus ou moins avortées d'introduire une viticulture dans des pays où le raisin avait peine à atteindre sa pleine maturité. Le cas ducomté de Hainaut est exemplaire à cet égard. Le chapitre de Sainte-Aldegonde deMaubeuge eut un vignoble àSoissons, le prieuré d'Aymerie un domaine àLaon, l'abbaye de Liessies dans ces deux secteurs. Cette pratique eut un temps qui, au cours du bas Moyen Âge, ne résista pas à laguerre de Cent Ans.

Moines de l'abbaye cistercienne deFontfroide.
Moines cisterciens cultivant la vigne.

Plutôt que de s'encombrer à continuer d'exploiter pour leur compte des domaines lointains au pauvre vin, les ecclésiastiques jugèrent préférable d'acheter leurs vins à l'exemple des moines de Liessies qui se fournirent àAvesnes,Chimay et Laon en1405. L'abbaye deMaroilles renonça, elle aussi, à ses domaines viticoles dans leVermandois, en particulier à ceux deMézières-sur-Oise, qu'elle possédait depuis le haut Moyen Âge. À partir des années1419 /1420, elle se mit à acheter ses vins. Elle mandata, pour cela, Outard, un négociant en vins, qui se fournit àNouvion, en1419[52], puis, en1420, il se procura à nouveau des vins à Nouvion et àValenciennes, tandis qu'un serviteur de l'abbaye en fut chercher àBraye-en-Laonnois[53].

La période comprise entre le haut Moyen Âge et la Renaissance correspond à la généralisation de la pratique du hautain dans les régions septentrionales peu favorables aux vignobles. Leur usage, en éloignant les grappes du sol, les protégeait en automne de l’humidité et l'hiver la vigne du gel. Ce qui permettait de gagner un peu en maturité et en qualité[1].

Renaissance et temps modernes

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C'est ce que confirme Olivier de Serres, en1600, dansLe théâtre d’agriculture et mesnage des champs :

« Les vignes en hautains (vignes perchées ou hautes sur arbres ou échalas) se sont développées en France plutôt dans la Brie, la Champagne, la Bourgogne, le Berri et autres provinces, tant pour le naturel de leur ciel que pour continuer leurs coutumes. En Haut Dauphiné, près de Grenoble, et en Savoie, les vignes sont arbustives et hautes et grimpent avec admiration hautement sur les arbres, où pour les froidures des proches montagnes on est contraint de les y loger[54]. »

Dès leXVIIe siècle, les agronomes dénoncèrent l'incongruité de ce mode de conduite donnant un pauvre vin et mirent en avant les dégâts occasionnés par les instruments agraires sur les racines des hautains et de la vigne[1].

Cette pratique prit fin en France, dans le Jurançonnais, le Dauphiné et la Savoie, au début duXXe siècle. Lephylloxéra, qui avait contraint au renouvellement total du vignoble, conjugué à l’essor de la mécanisation après laPremière Guerre mondiale, ont quasiment éliminé ce mode de conduite, reliquat de la polyculture et d'une agriculture de subsistance. Mais elle perdure encore en Italie et au Portugal. Plus de deux millions d’hectares de hautains existaient dans la péninsule italienne au milieu du siècle dernier. Dans ces régions fortement ensoleillées, ce n’est pas tant la nécessité de sauvegarder une récolte qui prévaut mais de poursuivre la tradition de multiplier sur un même espace plusieurs productions[1].

  • Vigne conduite en ramada Tacuinum Sanitatis (1474), Paris, Bibliothèque nationale, Ms. lat. 9333.
    Vigne conduite enramada
    Tacuinum Sanitatis (1474),
    Paris, Bibliothèque nationale, Ms. lat. 9333.
  • Vigne conduite en hautain arboré Tacuinum Sanitatis (1474), Paris, Bibliothèque nationale, Ms. lat. 9333.
    Vigne conduite en hautain arboré
    Tacuinum Sanitatis (1474),
    Paris, Bibliothèque nationale, Ms. lat. 9333.
  • Bacchanale (vers 1470) Andrea Mantegna.
    Bacchanale (vers 1470)
    Andrea Mantegna.
  • Ivresse bachique Raimondi Marcantonio (1480-1534).
    Ivresse bachique
    Raimondi Marcantonio (1480-1534).

Description de la conduite en hautain

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Sur les troncs de nosormeaux champêtres, c'est de nos jours lelierre qui a remplacé lavigne sauvage oudomestique d'antan.

En tout début de l'ère historique, le poète latinVirgile (70 à 19 av. J.-C.) évoquait dansLes Géorgiques, des techniques de cultures qui bien plus tard seront dénommées :joualle et hautain:[55]

« Je vais chanter l’art qui produit les riantesmoissons ; je dirai, ô Mécène, sous quel astre il convient de labourer la terre, et de marier lavigne à l’ormeau; quels soins il faut donner aux bœufs, à la conservation des troupeaux, et quelle sage industrie fait prospérer l’abeille économe. Brillants flambeaux de l’univers, vous qui dirigez dans les cieux la marche de l’année,Bacchus, et toi, bienfaisanteCérès, je vous invoque, s’il est vrai que grâce à vous les humains aient remplacé legland deChaonie par l’épi nourricier, et mêlé pour la première fois lejus de la grappe avec l’eau de l’Achéloüs. Et vous, divinités tutélaires des champs,Faunes,Dryades, venez ensemble, accourez à ma voix : ce sont vos bienfaits que je chante... »

Arbres ayant servi de hautains

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Au cours des siècles, diverses espèces d’arbres ont été utilisées. Olivier de Serres nous en a donné un résumé :« Les antiques se sont servis desormes,chênes,frênes,charmes,obiers,cornouillers,érables,saules ettrembles en lieux humides. Aujourd'hui on y emploie lecerisier, comme en Haut Dauphiné[54]. »

Au début duXIXe siècle, les naturalistes conseillaient des espèces à petites feuilles et à racines pivotantes :orme,érable champêtre,peuplier,robinier mais surtout l'olivier, lemûrier, l'amandier, leprunier et lecerisier[56].

L'érable champêtre en hautain était très prisé dans levignoble du Sud-Ouest pour sa lenteur de pousse et sa capacité à supporter le poids du feuillage et des fruits de deux ceps de vignes.
Article détaillé :Bouturage.

Ces tuteurs vivants étaient clonés naturellement parbouturage. Le bouturage est un mode de multiplication végétative de certaines plantes consistant à donner naissance à un nouvel individu (individu enfant de la plante mère) à partir d'un organe ou d'un fragment d'organe isolé (morceau de rameau, feuille, racine, tige, écaille de bulbe). Les périodes de multiplication par bouturage varient selon le type d'espèce. Par exemple, alors que la vigne est multipliée par bouturage au mois d'octobre, les érables et ormes (ou ormeaux) le sont au mois de juin, la meilleure période (dans l'hémisphère nord) en ce qui les concerne.

Article détaillé :Joualle.

Les tuteurs étaient régulièrement taillés pour ne pas faire trop d’ombrage à la vigne. Cette technique permettait de laisser une place, entre les rangées d'arbres, à d'autres culturescéréales oulégumes. Ces espèces étaient plantées en lignes régulières et parallèles. La distance qui les séparait variait entre trois et dix-neuf mètres permettant le passage d'un à trois attelages de bœufs de labour. C'est l'ancestrale technique de la culture enjoualle[56].

« En plantant l'arbre, on l'étêtera sur terre, sept ou huit pieds, sans lui laisser aucune branche, mais seulement des longs chicots, en l'endroit où mieux s'accorderont. L'arbre sera émondé chaque année et de celui-ci sera ôté ce qui apparemment empêche l'accroissement de la vigne, auquel sera laissé seulement le nécessaire pour le support des rameaux des ceps. Dans les coteaux et terres maigres une hauteur du tronc de huit pieds suffira, mais en basse campagne et terroir gras et humide, on aura besoin d'une hauteur de onze à douze pieds, voire davantage. »

— Olivier de Serres,Le théâtre d’agriculture et mesnage des champs[54].

L'érable champêtre a été choisi dans levignoble du Sud-Ouest, non seulement pour la lenteur de sa croissance et la discrétion de son feuillage, mais aussi parce que cette essence affectionne comme la vigne les terres chaudes et bien drainées. Pouvant supporter deux ceps de vignes, il était taillé à environ deux mètres du sol « en tête de chat » afin de permettre la fructification du raisin. Généralement étaient intercalées entre les rangées de vignes des cultures comme les céréales ou les légumineuses[1].

Méthodes culturales

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Vendanges sur « hautains géants » auXVIIIe siècle
Jacob Philipp Hackert.
« Hautain en guirlande »
Tacuinum Sanitatis (1474),
Paris, Bibliothèque nationale, Ms. lat. 9333.

Quant aux ceps ils étaient plantés à environ un mètre minimum des arbres. Le choix se portait sur des crossettes racinées âgées de deux ou trois ans. Le sarment était redressé contre le tronc qui lui servait de soutien. Une autre technique consistait à réunir sur le même support arbustif deux ceps et quelquefois trois, en fonction de la hauteur de l'arbre et de la variété de hautain souhaitée[56].

Hautain en éventail

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La vigne s'appuyait sur une haie de petits arbres qui soutenaient de un à trois rangs de perches horizontales sur lesquels étaient palissés les sarments. Un cep à chaque tronc d'arbre suffisait. Cette technique était courante dans le midi de la France[56].

Hautain géant

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La vigne était accouplée à des peupliers en plantant jusqu'à trois ceps. Les tiges étaient conduites jusqu'à la hauteur des premières branches puis divisées ensuite en trois parties. La plus considérable grimpait jusqu'à la tête de l'arbre, les deux autres formaient des cordons qui se réunissaient à ceux des arbres voisins. Cette façon était couramment employée enToscane, enLombardie et enVénitie dans les plaines aux sols humides[56].

Hautain en guirlandes

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Cette technique permettait aux sarments inférieurs des ceps de former des guirlandes d'un arbre à l'autre. Elle était spécifique à la plaine du. Les arbres servant de support étaient écartés entre quatre et six mètres. Généralement deux ceps étaient plantés par tronc et pour faciliter la conduite des sarments une longue perche était fixée à la tige des arbres. Les tiges étaient divisées en deux, l'une montait jusqu'à la cime de l'arbre taillée en éventail, l'autre formait les guirlandes[56].

Hautain en berceau

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Ce mode de conduite se distingue des autres par des demi-berceaux latéraux. Pour cela, quatre ceps étaient mis en place autour du tronc. Lessarments étaient ensuite disposés de manière à former unberceau, des festons et à garnir les branches et la sommité des arbres. C'était la plus compliquée et la plus couteuse des variétés de hautain. Son avantage résidait dans un gain de terrain et une récolte abondante. Surtout utilisée enLombardie, elle donnait des vins pas plus mauvais que ceux que fournis par les autres hautains; mais en plus grande quantité[56].

Dessin présentant 7 techniques différentes detailles en hautain:
No 1 et 5 : hautains sur bois vivant;
No 2, 3, 4, 6 et 7 hautains sur bois mort.

Hautain mort

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Articles détaillés :Treillage,Treille (vigne),Espalier,Palissage etPieu.

Dans ce cas, le viticulteur n'utilisait pas un arbre en végétation mais deséchalas dont la hauteur variait. Dans les premières années de la vigne, elle était de 65 centimètres à un mètre, puis atteignait, pour un cep entre six ou sept ans, jusqu'à 5 à 6 mètres de hauteur. Les vignes, disposées enquinconce, étaient tuteurées deux par deux. Suivant l'âge du cep, il subissait une taille à six, huit ou dix yeux[57].

Les cultures contemporaines en hautain et demi-hautain

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Portugal

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Entre-Douro-e-Minho : région des vinhos verdes

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Vignes d'Arcozelo (Ponte de Lima) dans la région desvinhos verdes conduites surcruzeta.
Vendanges à l'aide d'échelles sur des vignes menées enenforcado.

La viticulture dans le Nord-Ouest duPortugal, dans la région desvinhos verdes, se fait encore avec des vignes grimpantes ou suspendues. Ce mode de conduite, qui a traditionnellement utilisé des hautains, est impliqué par les facteurs agronomiques et sociaux de cette ancienne province d'Entre-Douro-e-Minho[58]. Les vignes sont reléguées, soit en bordure des champs cultivés[59], soit dans des terrains morts (chemins, cours, etc.). Ces conditions particulières de culture sont dues à l'extrême division des champs et des cultures et sont censées préserver au maximum les surfaces réservées auxcéréales et aufourrage[60]. De plus, la région, qui ne représente que 9,2 % de la superficie du territoire duPortugal, contient 20 % de sa population[61].

Les limites géographiques de la zone de production devinhos verdes sont au nord leMinho, à l'est et au sud, les montagnes[N 3], à l'ouest l'Atlantique[62]. S'ouvrant en éventail sur l'océan dont les entrées maritimes entretiennent une forte humidité, ses vignes ont dû s'adapter à la conduite en hautain par une sélection naturelle des variétés supportant ce mode cultural. L'adaptation a été telle que ces cépages aujourd'hui imposent cette méthode, car taillés en forme basse[63], leurs vignes, à grande exubérance végétative[64], produisent peu et dépérissent[63].

Leur mode de conduite traditionnel se faisaient soit enenforcado (hautain traditionnel)[58], soit enarejão ouarejaoda (très hautetreille verticale), soit surramada (treille horizontale plus ou moins inclinée sur des supports de hauteur variable)[63], soit surlata (petite treille de branchages disposés en croisillon)[58], soit surlatada (forme basse de laramada)[63]. Plusieurs espèces arbustives étaient utilisées dont lechêne, lecerisier, leplatane, et l'olivier[65].

Actuellement et depuis l'entrée du Portugal dans laCEE, cette viticulture archaïque a été modernisée et la conduite des ceps se fait surcruzeta. La vigne est conduite en cordon et palissée sur fil de fer soutenu par une potence en forme de croix pouvant s'élever à 2 mètres de haut[63]. Cette méthode a l'avantage de faciliter les travaux viticoles (taille, traitements, vendanges) et rend possible, en partie, leur mécanisation[65]. Cette conduite des vignes a encore été optimisée sous la formelys. Le lys, qui permet d'aérer le clivage entre les formes ascendantes et retombantes du feuillage, est taillé en cordon de Royat, il est mécanisable y inclus pour la récolte qui se fait par secouage vertical[3],[66].

Si la production desvinhos verdes reste une exception aux usages établis en la matière par les conventions et accords internationaux, l'OIV n'en a pas moins, dès1949, accepté son enregistrement en appellation d'origine[67]. Celle-ci met en marché desvins rouges, production traditionnelle, et desvins blancs, production plus récente[68]. Ils sont élaborés à base de différents cépages dont les principaux sont : alvarinho, loureiro, vinhão, trajadura, espadeiro et azal blanc[69]. Si cesvinhos verdes sont dits « vin vert », ce n'est pas pour leur couleur mais pour leur vivacité car leur vendange précoce, pour éviter les aléas climatiques, les fait vinifier avant que les raisins soient totalement mûrs[70].

Italie

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En Italie, la richesse des modèles de conduite de la vigne connue dès l'époque romaine est toujours présente. On retrouve les modèles décrits par les naturalistes latin avec les vignes rampantes et en gobelet, de typesgrecs-proche-orientaux et les modèlesétrusques avec différentes variétés de hautains, en fuseau, rideau ou espalier haut, treille, canopée ou vigne arbustive[3].

Région alpine

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La péninsule est l'héritière de deux traditions viticoles qui ont été explicitée par le professeurMario Fregoni, de l'Université dePlaisance. La première est liée à la viticultureétrusque, la seconde à la viticulture hellénique, qui dans le cadre de la colonisation de laGrande Grèce délaissa les vignes exubérantes pour travailler sur ceps bas et plants serrés[71].

Vignoble en pergola du Prié Blanc àMorgex dans leVal d'Aoste.

Les chanoines duGrand-Saint-Bernard possédaient une vigne à Bibian, dans leVal d'Aoste. Des relevés de comptes, datant duXVe et XVIe siècles ont permis d'étudier cette viticulture. Il y est noté que chaque année le cellérier achetait des charges d'échalas (passellus oustombellus) et de perches (pertica). Les vignes de cette mense étaient donc exubérantes et menées soit sur pergola ou en hautain. Elles fournissaient une récolte fort variable qui était descendue à 8 muids 6 setiers[N 4] en1507 et avait plafonnée à 46 muids en1473-1474[72].

Or à la fin de cette même époque, un peu avant1600, Olivier de Serres avait constaté :

« En Piémont italien et en plusieurs endroits d'Italie aussi, les vignes fructifient richement sur les arbres : ce qui toutefois n'est pas contraire au ciel, qui est là assez chaud pour les plus esquises des vignes ; mais pour une coutume tirée de l'Antiquité.... Les Italiens ont une espèce d'arbre appeléopio qu'ils estiment surpasser tous les autres pour le support de la vigne[54]. »

Régions centrales

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Vendanges desangiovese conduit en hautains à Volpaia (Toscane), dont les vins sont classés en Chianti classico.
Taille d'une vigne en pergola auXVe siècle,
fresque duPalazzo Schifanoia (Ferrare)
Francesco del Cossa (1469-1470).
Carte du vignoble d'Orvieto dont les vignes jusqu'en1970 étaient conduites en hautains.

Ce fut au cours duXVIIe siècle, que les terres agricoles commencèrent à se subdiviser en champs étroits et allongés dont les limites étaient fixées par des haies d'arbres supportant la vigne. Une des raisons invoquées fut l'absence de prairies, donc de fourrage. Pour tenter d'y remédier la manière toscane, « en tenant les prés sur les arbres » devint la règle. D'où l'abandon d'une viticulture spécialisée, et le partage de la pénurie avec des vignes arbustives et la taille des rameaux qui venaient compléter les maigres ressources fourragères[73].

Dans laplaine du Pô, leschamps tout en longueur, furent divisés en sillons et en planches, et le long des rigoles d'arrosage, les arbres, auxquels s'accrochaient les vignes, s'alignaient en double file. Pour parfaire le tout, deux rangées de mûriers au milieu du champ augmentaient la densité de ces plantations. EnToscane, enOmbrie et dans lesMarches, au cours desXVIIIe et XIXe siècles, l'élevage desvers à soie ayant développé une importante culture du mûrier, ceux-ci servirent immédiatement de support à la vigne et devinrent une caractéristique du paysage[73].

ÀCrémone et àFerrare, le paysage avait pris l'aspect d'une forêt, autour dePlaisance, les vignes arbustives colonisaient les bords des chemins, tandis que dans la plainelombarde etpiémontaise, les haies de peupliers et de mûriers étaient couvertes de vignes[73].

Au début duXXe siècle, l'extension des hautains étant pratiquement achevée, l'étude des statistiques permit d’en comprendre l'importance. Dans l’ensemble de l'Italie septentrionale, les terrains voués à la culture mixte de plantes ligneuses et herbacées occupaient 3 166 000 hectares. Et en1957, dans l'Italie centrale, les haies de hautains couvraient encore 957 000 hectares[73]. C'était le cas dans laprovince de Terni et particulièrement àOrvieto. Si actuellement, 1 480 vignerons travaillent 2 853 hectares de vignoble produisant des vins blancs classés enDenominazione di origine controllata (DOC), il n'en était pas de même dans lesannées 1960. Toutes les vignes étaient conduites en hautain autour des arbres ou se trouvaient au milieu desharicots et deschoux. Cettecoltura promuscua était complétée par des palissages le long des murs et des clôtures[38].

À Caserte, au Nord de la Campanie, les vignes de l'Aversa sont toujours conduites en hautain sur peupliers, selon le mode dit de l'Alberta Aversana. Cette tradition semble remonter à la période romaine (Pline en parle déjà auIer siècleapr. J.-C., pour les vignes de Caecubus, toutes proches).

France

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En France, bien avant l'apparition duphylloxéra, on constatait déjà un appauvrissement des modes de conduite de la vigne et des différentes méthodes de taille héritées des périodes gallo-romaine et médiévale. N'avaient perduré que les modèles « gobelet », « espalier » (en général bas) et quelques « hautains » rappelant le modèle « canopée ». Alain Carbonneau souligne qu'aucune contrainte technique ne s'opposait au développement de vignes hautes (rideau, espalier ou treille), surtout dans les situations de pousse vigoureuse y inclus dans la partie méridionale du vignoble. Or ce sont les typesgobelets qui se sont imposés. La prédominance de viticulture de typegrec-proche-oriental sur tout le territoire pourrait être due« à la colonisation relativement tardive de la Gaule par les Romains dont une majorité aurait été recrutée en provenance de l'est du bassin méditerranéen[3] ».

À cette hypothèse historique, s'est surtout ajoutée une hiérarchie dans les vins (ex: classement des crus du Médoc en 1855) puis une réglementation des usages vitivinicoles avec la création de l'INAO en 1935, et un cahier des charges des systèmes de taille. Encadrement qui a conduit la plupart des AOC à conserver leur système de conduite traditionnel« avec une adaptation minimale compatible avec la mécanisation y compris souvent celle de la vendange[3] ».

Sud-Ouest

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Piémont pyrénéen
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À Monein (Jurançon), les vignes, conduites en hautains, sont orientées face auxPyrénées.
ÀIrouleguy, mosaïque de vignes basses et en hautains.

Le nom de l'appellation Pacherenc duVic-Bilh vient dugasconBi de Bits Pacherads qui se traduit par « vin de vigne enéchalas du vieux pays ». Son nom, du latinvicus vetullus, signifie 'le vieux pays' enbéarnais (prononcé /bik bilj/, en français /vik bij/). Le toponymeVic-Bilh apparaît sous les formesVicus-Vetulus etBigvilium (respectivementXe et XIe siècles[74],cartulaire de l'abbaye de Saint-Pé[75]),Archidiaconatus de Bigbilh (1101[74], cartulaire deLescar[76]),Bigbilius (1170[74], titres deBarcelone[77]),le parsan de Vic-Vielh (1487[74], registre des Établissements de Béarn[78]),Vic-Bielh,Viit-Bilh,Vic-Vil etVig-Bilh (respectivement1540,1542,1547 et1548[74], réformation de Béarn[79]) etle Vicbilh en1863, dans ledictionnaire topographique Béarn-Pays basque dePaul Raymond.

Le vignoble deJurançon est implanté sur des coteaux abrupts. Leur devers est si accentué que, la plupart du temps, seul l'homme peut intervenir à défaut d'animaux ou de tracteurs. En dépit d'une exposition plein sud, les vignes sont exposées aux gelées de printemps[80].

Pour les protéger, elles sont taillées àguyot double, et toujours conduites en hautain et leur feuillage peut atteindre 2, 30 m de haut. Cette pratique leur évite les risques de gel[81]. Placées le long de traverses posées en croix sur de grands échalas, les sarments producteurs se trouvent alors entre 90 cm et 1, 20 m du sol et ils ne retrouvent leur liberté qu'au milieu du printemps[80].

Les vignes duPays basque sont aussi conduites en hautains (1 à 10 m de haut) et en taille longue. Il y a encore quelques décennies, leur hauteur atteignait entre 1, 50 et 2 mètres. Ce vignoble transfrontalier a retenu l’attention desampélographes P.M. Durquéty[N 5] et P. Robert : au cours de leur étude[82], ils ont mis en évidence une identité d’encépagement des deux côtés desPyrénées et ces analogies leur ont fait définir un« vignoble d'Euskadi » dont nombre de variétés de vignes, conduites en hautains ou échalassées, seraient issues de la famille (sorto-type) desCarmenets (Bouchy ouCabernet Franc,Cabernet Sauvignon,Courbu,Petit Verdot, etc.) et auraient eu pour ancêtre le fameuxvitis biturica[82].

Article détaillé :Vignobles du Pays basque.
Vallées de la Garonne et de la Dordogne
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Vignoble actuel dans les paluds deParempuyre.

Arthur Young, en1787, décrit comment « dans la vallée de la Garonne, aux environs de Toulouse, on voit la vigne courir en festons d’arbre en arbre. Elle est soutenue, ici, par des rangées d’érables »[1]. ÀFabas, sur leLens, sous-affluent de la Garonne, dans le département de l'Ariège, la culture des vignes sur hautains n'a été abandonnée que depuis peu[83].

L'abbéFrançois Rozier remarquait, au tout début duXIXe siècle, que dans le Bordelais, les paluds ne comportaient que des vignes hautes et les graves des vignes moyennes« Dans les palus, dont les terres sont très fertiles, on ne pourrait pas tenir les vignes basses, leur nature y résiste, mais ou les empêche de monter trop haut ; les trois, quatre ou cinq sarments réservés (sauterelle), que dans le langage du pays ou appelle aste, sont taillés à douze, quinze et vingt yeux et palissadés, sur des échalas, parallèlement au terrain. Cette disposition est nommée taille en crucifix »[84].

Après avoir rappelé que les graves sont moins fertiles que les palus, il décrit« Dans les graves, on ne laisse monter les ceps qu'à un pied, et on ne laisse que deux, ou trois astes chargés de dix à douze yeux, astes qu'on n'étend pas dans toute leur longueur, mais qu'on recourbe en cercle, et qu'on attache à des échalas. Chaque aste exige un échalas, mais on n'en met au cep dont ils sortent qu'autant qu'il ne se soutiendrait pas de lui-même »[84].

Il décrit ensuite le vignoble du Médoc implanté sur un sable caillouteux mais dont les vignes sont aussi palissées, il précise« Elles n'ont pas plus d'un pied de haut, et jamais plus de deux bras, à chacun desquels on laisse, en les taillant, une branche de l'année, coupée à sept ou huit yeux, qu'on replie en dedans en l'attachant. Leur distance est de trois pieds et demi en tous sens, mais leur palissage forme des allées. Quand les vignerons ont taillé la vigne, ils plantent de petits échalas de deux pieds de haut, auxquels ils attachent de longues perches, et à ces perche les sarments. Ces opérations s'appellent lever la vigne et plier la vigne »[84].

Une vigne àPort-Sainte-Foy, vers1880, où les ceps de vignes sont taillés en encorbellement autour des échalas.

Au milieu duXIXe siècle, l'apparition de l'oidium dans la bassevallée de la Garonne et dans les vignobles jouxtant les rives de l'estuaire de la Gironde a sonné le glas dans le Bordelais des cultures entreilles, suréchalas ou sur hautains. Levignoble de Blaye fut le premier atteint àCartelègue, en1851. Une treille composée demuscat etchalosse blanche fut infectée. La même année, suivirent des attaques àÉtauliers et àPugnac. Au cours des deux années qui suivirent ce furent les treilles de jardin àBordeaux et àMérignac qui subirent le même sort. Lamaladie cryptogamique s'étendit alors et remonta la vallée de laGaronne détruisant les vignes en treille ou sur hautain. Mais lesvignes du Bordelais ayant été à leur tour touchées, en mars1854« la distinction entre les vignes hautes et les vignes basses donna encore lieu à des dires contradictoires », certains affirmant que c'était la sensibilité descépages qui permettait le développement de ce champignon parasite et non leur mode de conduite[85].

En1866,Jules Guyot, faisant un rapport au ministre de l'Agriculture sur l'état de la viticulture, lui signala :« Dans l'arrondissement de Bergerac et dans celui de Libourne, dès qu'on aperçoit des vignes taillées à coursons et sans échalas, on peut affirmer que ce sont des vignes blanches ; tandis qu'à côté, les vignes rouges ont une, deux, trois et quatre astes[86] ou longues tailles, et autant d'échalas que d'astes »[87].

Alpes

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Savoie
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Avant laSavoie (Sabaudia), il y eut l'Allobrogie. Ce futStrabon, le premier, qui vanta les qualités desAllobroges qui, expliqua-t-il« tournent désormais vers l'agriculture l'application qu'ils avaient donnée, jusque-là, aux choses de la guerre[88]. ».

Il faut rappeler, qu'en effet, dans le courant duIer siècle, cesCeltes avaient sélectionné uncépage nouveau, levitis allobrogica[89], capable de résister aux conditions climatiques alpines. Son vin entra dans l'histoire à l'époque d'Auguste etColumelle lui donna le qualificatif de « vinum picatum », c'est-à-dire devin poissé[88]. Résultat sans doute de son passage dans des tonneaux aux douelles desapin ou demélèze[90].Pline l'Ancien nous a décrit ses crus, lesotanum, letaburnum et l'ellicum[91].

Ils étaient commercialisés à partir deVienne, ce qui permit àMartial de chanter et célébrer les vins deVienne-la-Vineuse[90]. S'il ne nous ait rien dit sur le mode de conduite de l'allobrogica, on sait que ce cépage était cultivé jusqu'àBurgum, l'actuelBourg-Saint-Andéol[92]. Or, les récentes fouilles duTGV ont permis aux archéologues d'identifier le site proche des Girardes àLapalud, des fosses alignées, datées du Haut Empire, où avait été faite une plantation viticole sur hautains[93].

Après lesgrandes invasions et la chute de l'Empire romain, ce fut l'Église qui prit le relais et donna un nouvel essor à laviticulture savoyarde. Dès leXIe siècle, les moines replantèrent la vigne « en crosse », c'est-à-dire sur arbre mort[94]. Durant tout leMoyen Âge et jusqu'au rattachement de laSavoie à laFrance, lesalbergataires, oumétayers, dans le cas de plantation nouvelle ou de renouvellement d'une ancienne vigne, s'obligeaient contractuellement avec le bailleur. Celui-ci payait le défonçage du sol, l'engrais et leséchalas ; le baillé avait à sa charge la plantation des hautains et l'entretien général des vignes[95].

Crosse d'Évian garnie de ses ceps taillés.
Spécimen cavalier des crosses d'Évian.

La plus grande extension du vignoble se fit entre leXVIe siècle et leXVIIIe siècle. Initialement implanté sur les coteaux les plus ensoleillés, il descendit vers les plaines. Et dans ces bas-fonds, pour préserver les ceps du gel, les hautains prirent encore plus de hauteur, avec l'obligation de mettre les premières grappes à 1, 50 ou 2 mètres du sol[95]. Ce qui permit de comptabiliser, en1768, 9 000 hectares de vignes, toutes surs treilles ou sur hautains, dont la majorité n'était apte qu'à fournir un « vin de laboureur », verdelet à souhait[96]. Profitant d'un plus gros rendement - 40 hl/ha, soit le double que les vignes sur échalas - ils étaient dits« verts, acides, mais sains et désaltérants[97]. ». C'est ce que constata, en1816,André Jullien, lors de son séjour en Savoie, pour rédiger saTopographie de tous les vignobles connus :

« La variété des expositions, les différentes espèces de cépages que l'on réunit dans la même vigne, et surtout les ceps hautains que l'on rencontre dans beaucoup de cantons, occasionnent de grandes dissemblances dans la qualité des produits. et tandis que quelques vignobles donnent de forts bons vins, beaucoup d'autres ne produisent que de très basse qualité[98]. »

Au milieu duXIXe siècle, ces vins surets étaient produits sur près de 3 000 hectares, dont 2 000 dans le département actuel de Savoie, soit le quart du vignoble[97]. Cette situation perdura jusqu'à l'apparition duphylloxéra et la reconstitution d'un nouveau vignoble[98]. La conduite en hautain ne se retrouve plus aujourd'hui qu'enChautagne pour une partie seulement du vignoble, la quasi-totalité étant palissée sur fil de fer à une hauteur de 1, 20 mètre[97]. Ce reliquat de la vieille technique ne concernent que des vignes degamay[99].

Toujours au milieu duXIXe siècle, mais enHaute-Savoie cette fois, la commune d'Évian avait70 hectares et soncanton,455 hectares de vignes. Le cépage cultivé était lechasselas. Il était conduit pour moitié en vignes basses avec un rendement de 40 à 50 hl/ha. L'autre moitié poussait sur « crosses de châtaignier » avec des rendements qui s'élevaient entre 80 et 120 hl/ha[100]. Jusqu'au début duXXe siècle, la ville s'était fait une renommée pour ses vins autant que pour ses eaux. Ils avaient impressionné le docteurJules Guyot, qui les goûta en1868 et commenta[101] :

« Les vins des crosses d'Évian sont blancs, légers et ils sont aussi sains qu'agréables... Les habitants préfèrent beaucoup leurs vins à leurs eaux qui sont pourtant des plus séduisantes[100]. »

Il a laissé une description des crosses, constituées par de grands arbres avec toutes leurs branches montant jusqu'à 8 à 12 mètres de haut et dont le tronc de 30 à 50 cm de diamètre avait été tout écorcé[101]. Il précisait même que les raisins du bas mûrissaient les premiers, entre six et neuf jours plus tôt que ceux du haut[100]. Aujourd'hui, il ne reste qu'une centaine de crosses sur le territoire deMarin et le vignoble d'Évian-les-Bains est classé en vin de Pays des Allobroges[102].

Dauphiné
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Une importante tradition viticole existait, depuis l’époque gallo-romaine, dans lavallée de l'Isère comprise entreGrenoble et laconfluence de l'Arc. Elle est confirmée par deschartes duXIe siècle[103].

Carte de la région de Grenoble en 1660.

La grande pénétration des vignes au plus profond des vallées alpines, dont celle de l'Oisans eut lieu dans la première moitié duXIVe siècle. Elles remontèrent même les pentes duSaint-Eynard en dessus deGrenoble[104]. Les plantations en hautains se généralisèrent au cours duXVe siècle. Elles se firent essentiellement surcerisiers. Les producteurs y voyaient trois avantages. Sur un même terrain, ils obtenaient du vin, des fruits et des céréales qui étaient semées entre les arbres. Cette façon de faire semblait profitable puisqu'aux cours desXVIIe et XVIIIe siècles, elle se retrouvait aussi bien en amont de Grenoble que dans la région deVoiron[105]. Le vignoble, qui comptabilisait 24 cépages différents en1874, était encore planté en partie en vignes basses à flanc de coteaux mais en plaine uniquement sur hautains comme le spécifie le bail à ferme du domaine de Chaulnes en1802[103]. C'est à ce sujet queMarcel Lachiver remarque :

« Plantés en plaine, les hautains doublent les superficies des vignes déjà plantées sur les coteaux et augmentent la production quand la demande est importante. En définitive, l'argument commercial semble plus solide que celui qui avance des productions multiples sur une même parcelle[105]. »

Cette façon de conduire les vignes était devenue courante dans tout leDauphiné auXIXe siècle[16]. Elle eut même une conséquence inattendue. Avant les ravages duphylloxéra, en1877 et dumildiou, en1910, les viticulteurs avaient pu sélectionner deux nouveaux cépages ledurif et l'étraire de l'Aduï. Ils avaient été le produit de la proximité des hautains et des vignes sauvages poussant à l'orée des forêts[106].

Ravagés par les maladies, ces hautains disparurent à la fin duXIXe siècle. Un reliquat de viticulture produisit encore quelquesvins de ménage à partir d'hybrides puis la production viticole duGrésivaudan cessa d'être rentable, après laSeconde Guerre mondiale, face à la concurrence desvins du Languedoc[103]. Seule, de nos jours, la toponymie garde trace de cette très ancienne implantation de la vigne dans le département actuel de l'Isère avecVignieu (Viniacus), attesté dès leIXe siècle[107],Vinay (Villa Vinaico) etSaint-Martin-le-Vinoux (S. Martini de Vinos), répertoriés auXIe siècle[108],[109] ainsi queCharavines (Charavinarium), auXVe siècle[110]. C'est dans cette dernière commune, au bord dulac de Paladru, que les fouilles ont permis de découvrir des pépins de raisins, provenant delambrusques, et qui dataient de 4 800 ans[111].

Article détaillé :Y grenoblois.

Façade méditerranéenne

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Provence et Comtat Venaissin
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Ce furent les Romains qui développèrent laviticulture dans laProvincia. Dans les vastes zones rurales qui séparaient les cités ayant le statut privilégié de « colonie romaine », chaquevilla possédait sonvignoble. Celui-ci était mené en hautain, sur treille ou pergola. Pour les Latins, si la vigne était une culture traditionnellement importante, elle restait une activité complémentaire à d'autres cultures (légumes, fruits, élevage). Une vigne conduite en hauteur libérait de la place au sol et facilitait au maximum tous les autres travaux de plein champ[112]

Les fouilles opérées sur ces grandesvillæ à vocation viticole ont permis de mieux comprendre leur importance économique. LaVilla du Mollard, àDonzère, avait 204dolia qui permettaient de stocker 2 500 hectolitres de vin, celle de Perdigon, àLa Croix-Valmer, possédait 115dolia d'une capacité globale de 1 725 hectolitres. Celle des Gondonnets, àSaignon, alignait, sur double rangée, 40 à 50dolia pouvant contenir entre 640 et800 hectolitres, soit une capacité totale pouvant varier entre 2 560 et 4 000 hectolites[112].

La technique du hautain fut à nouveau adoptée lors de la reconstitution du vignoble au cours du haut Moyen Âge. Lecartulaire de l'Église d'Apt, indique qu'en931, Garibald et son épouse Aviorda, donnèrent à l’église cathédrale deux vignes situées près des rives duCalavon, à l'actuel quartier Viton. Il est précisé que la première était un enclos de vignes hautes palissées sur desnoyers et dessaules, tandis que la seconde était une vigne basse[113].

Lachapelle Notre-Dame des Vignères àCavaillon.

LeXIVe siècle, à l'époque de lapapauté d'Avignon, fournit aussi des indications sur la continuité de ce mode de conduite. Il y a des vignes dans tous les jardins et de nombreux vignobles à l'intérieur de la cité d'Avignon. Le plus connu d'entre eux est dénommé « Treille du Corps Saint », puisque situé près de l'église des Célestins, là où est enterré le jeune cardinalPierre de Luxembourg mort en odeur de sainteté[114]. Près deCarpentras, une charte duCartulaire indique« un verger d'oliviers dans lequel est planté une vigne de douze journaux »[115]. En1374, à Velorgues, près deL'Isle-sur-la-Sorgue, les muscadières, vignes qui produisent du vin muscat, sont menées en hautains[116]. En1414, le relevé du cadastre deValréas comptabilise 2 700 fosserées de treilles. Une fosserée comprenant 5 000 ceps, il y avait donc 1 350 000 pieds de vigne[117]. Au cours duXVIe siècle, le hameau des Vignières[N 6], dépendant deCavaillon, cultivait ses vignes sur treilles[118]. On retrouve des notifications identiques à la fin duXVIe siècle dans les « Statuts duCrestet ». Ce document précise d'abord que toute terre était « réputé vigne » quand elle était plantée au minimum de quinze ceps. Puis il décrit les différentes façons culturales, vignes basses et vignes hautes soit en treille, soit accolées aux arbres ou aux buissons[119].

Treille en façade d'une maison comtadine.

Ces vignes, afin de faciliter au maximum, les cultures vivrières, était donc ou conduites sur haies arbustives, ou sur treille et pergola situées le plus souvent au-dessus d'un chemin ou d'un bassin d'arrosage. Cette façon de faire fut assez courante enProvence et dans leComtat Venaissin pour que l'on retrouve des lieux-dits, écarts ou hameaux portant des noms comme Vignaubière[N 7], àLorgues ouLa Treille, àMarseille[71].

Ce mode de conduite perdura assez en basse et moyennevallée du Rhône pour qu'il puisse être décrit puis dénoncé dans un premier temps parOlivier de Serres, en1600, dans sonThéâtre d’Agriculture et Ménage des champs :

« Il est donc requis les arbres avoir peu de douces racines et moyennement de rameaux pour inviter toute la vigne à s'accroître. Les racines de la vigne ne profiteraient et près des racines amères des arbres, ni le rameaux de la vigne sous les grands ombrages des arbres, par trop touffus et malsains[54]. »

Provence, vendanges...
sur espalier en 1903.

En1690, au château de Ruth, àSainte-Cécile-les-Vignes, furent plantées 100 treilles de muscats[120]. En1750, dans le fief de Beauchamp, àMonteux, les vignes sont conduites sur treilles[121].

Puis auXVIIIe siècle, ce fut le sectaireabbé Rozier, unbotaniste devenucuré constitutionnel, qui cloua au pilori les pratiques du hautain et de lajoualle, dans son ouvrageLa manière de faire du vin en Provence;1772 :

« Tout arbre nuit à la vigne, autant par son ombrage que par ses racines. Que celui qui plante ou cultive la vigne ait sans cesse devant les yeux le précepte donné parVirgile « apertos bacchus amat colles » : En un mot, on doit planter la vigne que dans des terrains où ne peut croître lefroment[122]. »

ÀChâteauneuf-de-Gadagne des textes notariés, entre1780 et1788, signalent ce qu'est le vignoble aux quartiers de Font-Ségune, de Fouteisson, de Vaulongue et du chemin d'Avignon. Il s'agit de « vignes verger », où ceps et arbres fruitiers sont mêlés[123]. En1868, le docteurJules Guyot constate la conduite de vignes suréchalas entreMorières-lès-Avignon etApt[116].

On voyait aussi auXIXe siècle de très nombreuses vignes accrochées sur les façades des maisons d'Avignon. Joseph Girard, historien du vieil Avignon, cite une lettre d'une des sœurs deThéophile Gautier, descendue de Paris en1897 pour rendre visite à Marion Gautier, leur tante, qui habitaitrue Henri Fabre :« Quant à notre maison, c'est une maison de poupée. La cuisine n'est pas trop petite, les pièces sont de la grandeur des nôtres, l'escalier est droit comme ceux des chalets suisses. Il y a un pied de vigne comme je n'en ai pas encore vu, énorme, pas travaillé par la main des hommes ; il court follement le long des murs et vous tend ses brindilles vertes[124] ».

Treilles sur piliers de pierres dans l'abbaye Saint-Hilaire de Ménerbes dans leVaucluse.
Languedoc
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Textes et fouilles archéologiques ont confirmé qu'à l'ouest du Rhône, avant que ne soit fondée laNarbonnaise uneviticulture s'était développée. Les vignes y étaient alors conduites en gobelets, mode cité par Columelle, tout comme dans lesPouilles, région sous influence grecque[125]. Pline le confirme quand il explique :« Dans quelques contrées, la vigne, peu riche en branches, et grosse parce qu'elle est courte, se soutient sans appui. Les vents s'y opposent dans quelques localités : en Afrique, par exemple, et dans quelques cantons de la Narbonnaise[44] ». Mais la colonisation romaine y imposa rapidement la « méthode étrusque » et la vigne fut conduite et taillée de façon arbustive, entreille, en pergola et, bien sûr, en ayant des arbres comme point d'ancrage[126]. Désormais, aux côtés desrumpotins, il y eut aussi des vignes ne dépassant pas la hauteur d'un homme, qui, appuyées sur deséchalas, formaient des treilles. Et celles qui s'obstinaient à ramper furent conduites de manière à répandre« leur feuillage touffu assez au loin pour ombrager des cours entières »[44].

Lors desgrandes invasions, lesvignobles, furent quasiment délaissés et le vin produit à partir des treilles du jardin ou de l'enclos[127]. Et à partir de l'an900, leCartulaire du chapitre cathédral de Nîmes, fait nettement la différence entre les vignes basses et les vignes hautes[128]. Le vignoble de plaine va perdurer jusqu'au début duXIVe siècle où la nécessité d'emblaver les terres riches, propices à l'abondance, repoussa la vigne vers les coteaux plus chiches mais plus qualitatifs[129].

Mais dès le début duXVIe siècle, la culture de la vigne languedocienne étant devenue plus rentable que celle des céréales, les coteaux et les terrasses devinrent insuffisants. Dès1520, les vignobles deFrontignan,Mireval etVic-la-Gardiole redescendirent en plaine[130].Thomas Platter, étudiant la médecine àMontpellier, en1595, précise que parmi ces variétés de « vignes grimpantes », il vit àVendargues, dans le jardin de son logeur Laurent Catalan, des raisins blancs dont« les grains étaient gros et charnus comme des prunes[131] » et qui étaient appeléspanses musquées ouvinhas augibiquieras[N 8]. Ce sont ces variétés qui furent implantées à Frontignan, en1592 d'après les mentions portées sur le registre de compoix[132].

Séchage de grappes au soleil.

Pour tenter de redonner quelques qualités à ces raisins issus de vignes arbustives, fut appliquée la technique de lapasserille, décrite par les auteurs de l'Antiquité, où les raisins séchaient grappes suspendues au soleil.Olivier de Serres, en1600, indique que ces raisins, despicardans et desmuscats, firent l'objet d'un commerce fructueux en particulier àGigean,Loupian,MèzeCournonterral etMontbazin. Ils étaient l'objet d'une préparation spéciale. Après avoir trempé dans une lessive de cendre desarments, ils étaient enduits d'huile d'olive pour les adoucir puis« mis à sécher au soleil, pendus à des perches ». Après deux à trois jours, ils étaient alors« portés au grenier sur des claies ou tables bien propres et y séjournaient quatre à cinq jours »[133]. AuXVIIIe siècle,Montpellier, où le Conseil de Ville n'hésitait pas à louer les murs des remparts à cet usage, était« décorée d'une manière singulière quand on y mettait à sécher le raisin que l'on avait suspendu à de grandes perches et ces espèces de tapisseries ornaient le devant des maisons[131] ».

Cette période correspond à une extension très importante du vignoble languedocien. Dès la fin duXVIIe siècle, ce fut la « ruée vers la garrigue », c'est-à-dire vers les communs et les vacants. Cette frénésie de planter prit des proportions énormes après le terrible gel de1709. Les jardins furent même utilisés[134].Pierre Joseph Garidel, docteur en médecine formé àMontpellier et professeur d'anatomie àAix-en-Provence, décrit en1715[135], un cépage qu'il nomme le « muscat de panse »[N 9] qu'il a trouvé tant dans le vignoble provençal ou languedocien mais aussi« dans les enclos autour des villes, dans des endroits que l'on appelle vulgairement tones[N 10] ou treilles[136] ». Le comteAlexandre-Pierre Odart, dans sonExposé des divers modes de culture de la vigne, et des différents procédés de vinification dans plusieurs des vignobles les plus renommés[N 11], décrivit à son tour ce muscat blanc conduit en taille longue qui a été identifié comme lemuscat d'Alexandrie[137].

Pendant ce temps, en plaine, les grands domaines appartenant à la noblesse s'étaient orientés vers la viticulture extensive. Ce fut le cas àCandillargues sur les terres labourables appartenant à la famille De La Croix, àMarsillargues avec le marquis deCalvisson. Il y eut surproduction. Et tous ces petits vins issus de vignes arbustives prirent le chemin de la distillerie avec le soutien financier, en particulier, des Bonnier de la Mosson, banquiers à Montpellier[134]. Cet état de fait, organisé ou non, pris une tout autre proportion, dès1780, avec l'arrivée en Languedoc de l'aramon, cépage gros producteur qui mit« fin à bien des velléités de production qualitative[138] ».

Espagne

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Article détaillé :Viticulture en Espagne.

Galice

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Vignoble de Galice conduit surparrales.

Dans la zone d'appellation desRias Baixas (DO) cohabite les deux types de viticulture. Elles sont pourtant diversifiées dans l'espace. Les vignobles aux ceps taillés courts se trouvent uniquement à l'intérieur des terres tandis que les vignes menées en hautain se situent le long des côtes. Ce mode de conduite est appeléparrales.« Elles grimpent le long des poteaux et s'entortillent autour des treilles disposées de façon à les protéger de l'humidité » a constaté Alexis Lichine[139].

Ce type de viticulture concerne sur leterroir viticole de laprovince de Pontevedra, les vignes deO Baixo Miño. Elles produisent des vins légers, piquants et frais proches duvinho verde[140].

Pays basque

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Le vignoble produisant letxakoli est cultivé sur destreilles ou treillis (appeléParra en basque). Ce mode de conduite rappelle celui desvinhos verdes auPortugal. Letxakoli est un vin blanc légèrement effervescent, à forte acidité et d'une faible teneur en alcool (10°-11°), produit dans les trois provinces de laCommunauté autonome basque ouEuskadi. Dans la région d'Alava, la vinification a une longue tradition qui remonte aussi loin que760 apr. J.-C[141]. Les premiers documents sur la vinification du txakoli enBiscaye remontent auVIIIe siècle.

Les txakolis, dans leur grande majorité, proviennent de vignes proches dugolfe de Gascogne. Ces zones ont une forte pluviosité (entre 1 000 mm et 1 600 mm de précipitations annuelles en moyenne) et des températures moyennes entre7,5 °C et18,7 °C mais, à l'occasion, les vignes peuvent souffrir du gel.


  • Txakoli d'Alava
  • Txakoli de Biscaye
  • Txakoli de Getaria

Ce vignoble était presque en danger de disparition vers le milieu duXIXe siècle. Il le resta jusqu'aux années1980. Le vin de Txakoli était essentiellement vinifié par chaque propriétaire à la maison et bu presque exclusivement auPays basque. À partir de1994, certaines cuvées de txakoli ont réussi à atteindre les critères de qualité afin d'obtenir la certification deDenominación de Origen[142]. La qualité ayant été améliorée, la diffusion et la demande du produit ont augmenté significativement. Aujourd'hui, il n'est pas rare de voir aux bords des routes la présence deTxakolindegi (lieu où se fabrique et se déguste le txakoli) qui sont aussi populaires que lesSagardotegi (cidrerie)[143].

Il y a trois Txakoli certifiés. Ce vin possède ainsi trois appellations contrôlées :

  • D.O. Getariako Txakolina, produits autour de la ville deGetaria dans leGuipuscoa (DO depuis 1990).
  • D.O. Bizkaiako Txakolina, produit le long de la côte deBiscaye (DO depuis 1994)
  • D.O. Arabako Txakolina, produit dans la province d'Alava, autour de la ville d'Amurrio
Txakoli de Getaria
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Les vignes en hautains du vignoble deGetariako Txakolina.

Txakoli deGetaria (Getariako Txakolina in Basque,Chacolí de Guetaria en espagnol). Cette variété vient d'une petite région duGuipuscoa autour des municipalités de Getaria,Zarautz etAia et sa robe est d'une couleur très jaune pouvant aller jusqu'à la couleur verte. Ce fut la première variété de txakoli à recevoir la certification DO en1989[144]. Bien que la superficie cultivée ait augmenté, passant de 60 à177 ha depuis la certification, Txakoli de Getaria reste la plus petite appellation en termes de superficie cultivée. Chaque année, quelque 9 000 hectolitres sont produits principalement sur des pentes orientées sud-est afin de protéger les vignes du mauvais temps venant de l'Atlantique.

Les types de cépage autorisés pour le blanc sont :Hondarribi zuri (Courbu),Hondarribi Zuri Zerratia (Petit Courbu),Izkiriota (Gros Manseng),Riesling etChardonnay (permis) ; pour le rosé et le rouge :Hondarribi beltza[145].

Au cours des dernières années, d'autres communes de la région ont également commencé à produire du txakoli, y comprisOrio,Zumaia,Arrasate,Eibar,Mutriku,Deba,Zestoa,Fontarrabie,Villabona,Urnieta,Oñati,Beizama,Zerain etOlaberria.

Txakoli d'Alava
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Le txakoli d'Alava (Arabako Txakolina in Basque,Chacolí de Álava enespagnol) est situé à l'extrême nord-ouest de la province d'Alava. Ce txakoli n'a obtenu que très récemment la certification DO, en2001. Sa robe est couleur jaunâtre, il est très acide et légèrement mousseux. Il est cultivé sur quelque55 ha autour des villes deAiara,Amurrio,Artziniega,Laudio etOkondo. À la fin duXXe siècle, les vignes étaient cultivées sur plus de500 ha, mais il ne restait que5 ha à la fin duXXe siècle, avant la récente renaissance[144].

Les raisins les plus couramment utilisés pour ce txakoli sontHondarribi Zuria (« Blanc Hondarribi ») mais d'autres raisins sont également autorisés :Bordeleza Zuria (Folle Blanche),Izkiriota Ttipia (Petit Manseng),Izkiriota (Gros Manseng) et duCourbu[145].

Txakoli de Biscaye
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Le txakoli deBiscaye (Bizkaiko Txakolina en basque,Chacolí de Vizcaya en espagnol) est produit dans la plus grande partie[N 12] de la Biscaye, à l'exception de l'extrême ouest de la province, soit lacomarque d'Enkarterri[N 13]. Ce fut le deuxième txakoli à recevoir la certification DO en1994[144].

Il est cultivé sur approximativement150 ha et dans quatre-vingt-cinq villages et villes de la province avec une production de quelque 7 000 hectolitres chaque année. La qualité du txakoli varie tout comme les conditions microclimatiques[144].

Les variétés autorisées sont :Hondarribi Beltza,Ondarrabi Zuri Zerratia (Petit Courbu),Mune Mahatsa (Folle Blanche),Izkiriota (Gros Manseng),Izkiriota Ttippia (Petit Manseng),Sauvignon blanc, Riesling, Chardonnay etHondarribi Zuri[145]. Historiquement, une autre variété de rouge léger appeléeOilar begi (« œil de poulet ») a également été utilisée. Cette dernière, qui avait presque disparu, fait maintenant un lent retour[144].

Article détaillé :Vignobles du Pays basque.

Allemagne et Europe centrale

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Les pays d'Europe centrale, correspondant à l'empire austro-hongrois, sont restés éminemment conservateurs jusqu'au milieu duXXe siècle. Un changement d'attitude a eu lieu après laSeconde Guerre mondiale. Ainsi en Autriche, Lenz Moser, dès1952, fut le maître d'œuvre d'un« renouvellement radical du vignoble », un mouvement qui a fait tache d'huile rapidement en Europe centrale et orientale[3].

Suisse

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Dans leVignoble du canton de Genève, la culture en hautains était pratiquée sous le nom de hûtins, terme que l'on retrouve dans plusieurs noms locaux ou de voies de circulation, par exemple lechemin des Hutins-Goulus (c'est-à-dire non taillés) à Genthod[146]. On trouve mention de ces cultures dans l'atlas cantonal de Mayer 1828-1831[147]

Grande-Bretagne

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  • Vignes sous serre à Great Vine House, Hampton Court, Londres.
    Vignes sous serre à Great Vine House, Hampton Court, Londres.
  • Vignes conduites sur cruzeta à Bozedown près de Whitchurch-on-Thames.
    Vignes conduites surcruzeta à Bozedown près de Whitchurch-on-Thames.
  • Vignes hautes dans le vignoble de Bearsted.
    Vignes hautes dans le vignoble de Bearsted.

Europe de l'Est

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Les travaux et Les recherches deHenri Enjalbert lui ont permis de déterminer que l'Albanie, lesîles Ioniennes de laGrèce, et sud de laDalmatie dans l'actuelleBosnie-Herzégovine peuvent avoir été le dernier refuge européen de la vigne, après l'ère glaciaire[148].

Mais à partir de la mise en place du régime soviétique, dans tous les pays de l'Europe de l'Est, les différents modes de conduite ont été éliminés par une standardisation drastique. Tous les vignobles y étaient menés de façon identique« avec les mêmes écartements de 3 mètres, le même palissage en piquets béton avec 1, 2 ou 3 fils, l'ensemble étant adapté au modèle unique de tracteur[3] ».

Amérique

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Dans lesvignobles du Nouveau Monde, il va sans dire les émigrants ont utilisé, pour leurs nouveaux vignobles, les mêmes méthodes de conduites qui étaient les leurs en Europe. Si les vignobles en gobelet furent majoritaires en Californie ou dans la région de Concepcion au Chili, les vignes en hautains, de type treilles ou pergolas foisonnèrent en Amérique latine espagnole, sous le nom deparral, dans le sud du Brésil où elles furent nomméesLatadas, grâce aux émigrants d'Italie du nord, du Portugal ou de l'Espagne du sud notamment[3].

Amérique du Nord

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Canada
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La récolte du raisin sur hautain au Québec à la fin duXIXe siècle.
Une vendange vraiment inespérée, ou bien rêvée...

LorsqueJacques Cartier explora lefleuve Saint-Laurent, il nota la présence de vignes sauvages (vitis riparia) sur l'île d'Orléans, enNouvelle-France et c'est pour cette raison qu'il lui donna le nom d'L’Isle de Bacchus, en1535, une référence audieu romain de l'ivresse[149],[150].

En1608, quandSamuel de Champlain s'installa sur le site de la futureville de Québec, il y planta des vignes françaises (vitis vinifera) et constata qu'elles périrent au cours de l'hiver. De petits vignobles apparurent tout de même dans la colonie au fil du temps. On continua donc les vinifications avec les vignes arbustives locales mais, en1664, force fut de constater qu'elles ne donnaient qu'un vin âcre et teinturier. Les colons se mirent à faire du vin avec le raisin sauvage mêlé à d'autres petits fruits. Ce ne fut pas meilleur[150].

Lors de la conquête par l'Angleterre et jusqu'à la Confédération, en1867, ce furent les alcools qui prirent le pas sur le vin. Mais un renouveau eut lieu dans le dernier quart duXIXe siècle. La viticulture qui avait vivoté jusqu'en1864, prit son essor quand le gouvernement duQuébec subventionna la culture de la vigne en faisant venir deshybrides desÉtats-Unis. EnMontérégie, dans lesannées 1880, Charles Gibbs deSaint-Paul-d'Abbotsford cultiva, sur le versant dumont Yamaska, 47 variétés de raisins provenant d'hybrides nord-américains et de croisements européens. Il a en pépinière 30 000 plants de vignes mais ne vinifie pas lui-même[150].

À la fin duXIXe siècle et au début duXXe, les échanges ayant repris avec la France, l'exportation du vin augmenta de façon constante. Les années de guerre et laprohibition aux États-Unis firent privilégier les échanges avec l’Europe. La viticulture québécoise périclita. Elle fut sauvée par l'arrivée d'immigrants comme les Italiens, les Portugais et les gens d’Europe centrale, qui se lancèrent dans la culture de la vigne[150].

Joseph-O. Vandal est considéré comme le père de laviticulture moderne auQuébec. Avec quelques collaborateurs, il fonda le 2 novembre 1979 l’association des viticulteurs du Québec dont les objectifs sont le développement et la promotion de la viti-viniculture au Québec. Pour ce faire, le Vignoble communautaire de Bourg-Royal àCharlesbourg fut planté en 1983. Avec l’aide de Mario Cliche, enseignant à l’Institut de technologie agroalimentaire deSaint-Hyacinthe et lui-même spécialisé dans les croisements de la vigne, il développa en 1985, soit au bout de quarante ans de labeur, le premier véritable hybride rustique de vigne : levandal-cliche[151]. Cecépage blanc a été obtenu à partir des cépages grands-parentsaurore,chancellor,Prince of Wales etvitis riparia. Le plant atteint à maturité une hauteur de 2 m et une largeur de 1 m[152],[153].

Article détaillé :Viticulture au Canada.
États-Unis
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Vignes desangiovese palissées en hauteur à Monticello.

Le continentnord-américain possède plusieurs espèces indigènes devignes, dontVitis labrusca,Vitis riparia,Vitis rotundifolia,Vitis vulpina etVitis amurensis. Ces vignes arbustives ne produisent que des vins médiocres. Ce n'est qu'avec l'introduction de laVitis vinifera par un colon français que le secteur vinicole prit son essor[154]

Sur la côte Est, le peuple Iroquois s'était établi au centre de la région des forêts de l'Amérique du Nord, milieu intermédiaire entre l'environnementarctique, qui prévaut à l'extrême nord du continent, et celui desGrandes Plaines, qui s'étendent jusqu'auxmontagnes Rocheuses. Ils consommaient, entre autres, le raisin desvignes sauvages, lianes arbustives qui poussaient naturellement sur les brûlis[155]. Cette tradition se retrouve toujours dans l'Iroquois raisin bread[156].

Ce sont deshuguenots français qui furent les premiers à produire un vin dans ce qui est aujourd'hui les États-Unis, plus exactement dans les environs deJacksonville, à partir de grappes descuppernong, entre 1562 et 1564[157].

Vendanges à Los Altos sur un vignoble de chardonnay conduit en hautain.
Treille pour vignes arbustives à Monticello.

L'élaboration de vin était un objectif décrit dans lacharte des premières colonies américaines, notamment celles de Virginie et des Carolines. Les colons découvrirent rapidement que le vin produit à partir desvignes indigènes avait un goût qu'ils n'appréciaient point. En 1683,William Penn planta unvignoble deVitis vinifera d'origine française qui aurait été croisé avec unVitis labrusca indigène, créant unhybride producteur direct, l'alexander. Le président Thomas Jefferson, un œnophile avéré qui dépensa 7597dollars lors de son premier mandat en vins (français pour la plupart), tenta de nombreuses expériences viticoles dans son domaine deMonticello, enVirginie. En 1807, il y plante 287 pieds de vignes de 24 variétés européennes, auxquels il ajoute plus tard les variétés indigènesVitis labrusca etVitis rotundifolia[158].

L'une des premières exploitations viticoles aux États-Unis fut fondée en 1806 dans l'Indiana, et produisit du vin à partir deVitis labrusca. De nos jours, les vignes hybrides franco-américaines conduites en hautain restent une spécialité de lacôte Est des États-Unis[159].

  • Vignoble de Pearmund Cellars, Broad Run, Virginie.
    Vignoble de Pearmund Cellars, Broad Run, Virginie.
  • Vignoble de Napa Valley.
    Vignoble de Napa Valley.
  • Galerie de vignes à Newman, Géorgie.
    Galerie de vignes à Newman, Géorgie.
  • Tracteur vigneron dans une vigne en hautain à Los Altos.
    Tracteur vigneron dans une vigne en hautain à Los Altos.

La première exploitation viticole deCalifornie fut fondée en 1769 par lemissionnairefranciscainJunípero Serra, près deSan Diego. D'autres missionnaires contribuent à la plantation de vignes plus au nord, et le premier vignoble deSonoma fut planté vers 1805[154]. La Californie compte deux vignes indigènes, dont les raisins ne produisent que des vins de faible qualité. En 1870, dans un journal agricole français, le rédacteur notait qu'en Californie, une vigne sauvage poussait en hautain dans des terrains peu boisés et généralement sableux :« La vigne indigène déploie un luxe de végétation dont la description, faite de visu par un membre de la Société de géographie de Paris à une de ses assemblées, l'année dernière, émerveilla l'auditoire. M. Simonin parla de ceps qui portent des grappes du poids de 8 à 10 kilogrammes. Ces vignes, lourdement chargées, trouvent des supports à leur taille parmi les arbres géants dont un cercle de 12 et même de 15 personnes peut à peine embrasser le tronc. Nous sommes resté dans l'ignorance en ce qui concerne les qualités des fruits de ces superbes pieds de vigne »[160].

Vigne sur hautain à la mission Saint-Gabriel, Californie, dans lesannées 1900.

Mais les missionnaires savaient et utilisèrent donc un cépage noir aujourd'hui connu sous le nom demission, qui selon les ampélographes est identique à lacriolla chica cultivée enArgentine[161]. Bien qu'étant uncultivar deVitis vinifera, cette variété ne produit que des vins de qualité fort moyenne. À la fin desannées 1820, àLos Angeles, le colon françaisJean-Louis Vignes, frustré par la qualité médiocre des vins de cépagemission, décida d'utiliser des pieds deVitis vinifera de qualité[154].

Article détaillé :Viticulture aux États-Unis.

Amérique du Sud

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Argentine
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Les vignes en hautains, sur espaliers ou en gobelets furent les trois méthodes les plus utilisées enviticulture àMendoza et àSan Juan, dès1561, date de leurs fondations par les conquérants espagnols, et jusqu'à la modernisation de la viticulture argentine, dans lesannées 1870. L'étude menée par Pablo Lacoste a révélé que 97 % des ceps ont été cultivés en vignes basses et seulement 3 % en vignes hautes. Dans le premier cas, les trois-quarts étaient conduits en gobelet, pour le quart restant lessarments étaient liés à des tiges de saule et peuplier. Habituellement lescépages noirs étaient conduits en gobelets et les muscats blancs sur espaliers ou sur hautains[162].

Article détaillé :Viticulture en Argentine.
Brésil
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Vignoble conduit en latada.
Vignoble conduit en espaldeira.

Le vignoble est conduit en latada, c'est-à-dire sur treillis ou pergola. Dans ce mode de conduite, hérité du Portugal, les sarments sont placés à l'horizontale, comme sur une tonnelle. Le rendement est élevé, et la productivité l'emporte sur la qualité. Les grappes de raisin pendent sous les feuilles et sont moins exposés au soleil. Or le raisin a besoin du soleil pour mieux mûrir, produire du sucre et développer ses arômes. Dans les régions très chaudes et ensoleillées, cet inconvénient est minime, mais dans les régions plus humides la maturation reste insuffisante. Ce problème est courant dans le sud du Brésil, une région de fortes précipitations, ce qui impose de replanter les vignobles avec conduite en espalier[163].

Dans ce mode de conduite, dit espaldeira au Brésil, les vignes sont plantées verticalement et en rangées parallèles. C'est ici le meilleur système pour obtenir des raisins de qualité. Les grappes conduites en espalier sont non seulement bien exposés au soleil mais n'accumulent pas ou peu d'humidité. Ce type de conduite de la vigne permet une meilleure maturation des baie/s[163].

Article détaillé :Viticulture au Brésil.
Chili
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Conduite en parronal.
Vignes en espalier au Chili.

Les principaux systèmes de conduite sont le gobelet, l'espalier, le parronal (sorte de haute treille), et des systèmes qui divisent le feuillage, comme la Lyre, le DCG et le Scott-Henry[164].

Le gobelet fut introduit par les Espagnols. Il reste particulièrement bien adapté à un climat de type méditerranéen. L'espalier apparut avec les techniciens français venu au Chili pour fuir la crise du phylloxéra qui sévissait en Europe. La densité de plantation varie. Généralement située entre 2 × 1 m et 2,5 × 1,5 m, elle peut atteindre 3 × 2 m. quand l'espalier est croisé. La taille diffère selon les variétés de raisin mais la plus usitée reste le cordon uni ou bilatéral. Vient ensuite la taille Guyot, généralement double, ou la taille enhuasca, taille de type local dans laquelle la rame porteuse garde toute son extension, sans écimage[164].

Le parronal fut introduit dans lesannées 1950 pour le raisin de table. Ce mode de conduite est similaire auparral cuyano argentin ou à la pergola italienne. La densité plantation est passée de 4 × 4 m à 3 × 1,5 m. La taille est assez variée puisque sont utilisées les cordons, la Guyot multiple ou lahuasca.

De nouveaux modes de conduite sont apparus grâce à des chercheurs français commeAlain Carbonneau. Ils permettent de diviser le feuillage donc d'augmenter la capacité photosynthétique des feuilles et l'exposition des grappes au soleil. Le plus répandu est la lyre, avec 4 000 hectares dont la densité de plantation varie de 3 × 1 à 3,5 × 1,25 m. Viennent ensuite la Scott-Henry (2,5 × 1,5 m), et la DCG, dont la densité est celle de la lyre[164].

Article détaillé :Viticulture au Chili.

Asie

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Chine

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Rue de Tourfan ombragée par une treille à vigne.

L'oasisTourfan, dans leXinjiang, alimentait les caravanes de la route de la soie. Parmi les productions destinées à nourrir les marchands de passage, leraisin sec occupa une bonne place.

Article détaillé :Viticulture en Chine.

Japon

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Vignes menées sur treille au Japon.

Laviticulture au Japon couvre une zone allant de l'île de Kyo-Shu, dans sa partie méridionale, jusqu'à l'île de Hokkaïdo dans sa partie le plus septentrionale. Elle couvre une superficie de 30 000 hectares. Elle produit aussi bien desraisins de table que des cépages à vinifier. Le volume de sa production est de 370 000 hectolitres. La vigne a été importée par des missionnaires de laCompagnie de Jésus, disciples d'Ignace de Loyola. La région viticole la plus connue est celle de laYamanashi et dePréfecture d'Osaka. Dans une moindre mesure s'y ajoutent celles deYamagata et deNagano. L'un des cépages indigènes les plus connus est sans doute lekoshu. Les vignes sont plantées à raison de 250 pieds à l'hectare, les ceps étant séparés de 6 mètres et conduits en hautain pour former des treilles ou des pergolas dans les potagers[165].

Article détaillé :Viticulture au Japon.

Vignes exubérantes dans l'Art

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Littérature

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Liaison amoureuse parGian Lorenzo Bernini (1598-1680).

Le pied de vigne qui s'enroule autour du tronc d'un arbre devient à laRenaissance la représentation de l'amour conjugal. Les auteurs de laPléiade utilisèrent largement ce thème qui leur a permis de trouver leurs sources dans laBible,Platon etPétrarque[166]. Un seul exemple puisé chezRonsard :

Ô belle au doux regard, Francine au beau sourcy
Baise-moy, je te prie, et m'embrasses ainsi
Qu'un arbre est embrassé d'une vigne bien forte[167].

Ronsard qui fut le premier à chanter les pampres, image qui va amplement servir aux auteurs duXIXe siècle et singulièrement aussi bien aux poètes qu'aux romanciers. La première attestation date de1554 et se trouve dans l'Épître à Ambroise de la Porte. Ce nom poétique désigne toujours une vigne s'élevant sur un hautain, une treille ou une tonnelle[168].

Honoré de Balzac s'émerveille devant« Les rayons du soleil qui se jouaient dans les pampres de la treille », quant àThéophile Gautier, il note qu'en Espagne« La vigne suspend à toutes les branches ses vrilles fantasques et ses pampres découpés comme un ornement arabe ». EtChateaubriand constate dans sesMémoires« Le czar ne fut point frappé de la beauté de la France ; il la trouva laide, et il avait raison, car il ne la vit ni assise au bord de la Méditerranée, ni couchée parmi ses pamprées entre les Pyrénées et la Loire »[168].

Gérard de Nerval chante« La treille où le pampre à la rose s'allie », plus réalisteGustave Flaubert indique que« La brise remuait les pampres de la tonnelle ». Un retour à la mythologie convient plus àJosé-Maria de Heredia qui confie qu'« Un négligent Priape habite au clos voisin ; D'ici, vous pouvez voir les piliers de sa treille Où sous l'ombre du pampre a rougi le raisin »[168].

Bas-relief et sculpture

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En architecture, le pampre estfeston représentant un long sarment de vigne orné de feuilles, de vrilles et de grappes de raisin. Le plus souvent, il décore le creux des circonvolutions de colonnes torses. C'est la représentation d'un hautain[169]

  • Ivoire byzantin représentant des vendanges sur demi-hautain.
    Ivoire byzantin représentant des vendanges sur demi-hautain.
  • Saint-Ambroise à Milan.
    Saint-Ambroise à Milan.
  • Colonnes torses de l'église Saint-Martin à Pont-sur-Seine.
    Colonnes torses de l'église Saint-Martin à Pont-sur-Seine.
  • Hautain sur le portail de la cathédrale de Troyes.
    Hautain sur le portail de la cathédrale de Troyes.
  • Noé ivre, palais des Doges, Venise.
    Noé ivre, palais des Doges, Venise.

Peinture

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Dessins

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  • La vigne de Valère Bernard catalogue illustré de 1897.
    La vigne deValère Bernard
    catalogue illustré de 1897.
  • Le renard et les raisins, début XXe siècle.
    Le renard et les raisins, débutXXe siècle.
  • Devantures de marchands de vins par Jean-Baptiste Bury 1826.
    Devantures de marchands de vins par Jean-Baptiste Bury 1826.
  • Fraternisation sous une treille.
    Fraternisation sous une treille.
  • Affiche Champagne Heidsieck, 1900.
    Affiche Champagne Heidsieck, 1900.

Notes et références

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Notes

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  1. L'utilisation de ces échalas avait cependant l'inconvénient d'alourdir les coûts.
  2. Unculeus équivalait à la contenance de 20 amphores, soit600 litres.
  3. Ce sont les montagnes de Penada, Gerez, Cabreira, Alvão, Marão, Montemuro, Freita et Arada.Galhano 1986,p. 22.
  4. Un muid correspondait à douze sétiers et à vingt-quatre émines
  5. Pour les travaux sur les cépages de P.M. Durquéty, voirArinarnoa,Arriloba,Egiodola,Ekigaïna,Liliorila,Perdea etSemebat.
  6. Les Vignières est issu du latinvinearium lieu planté de vignes.
  7. Le toponymeVignaubière est composé de deux racines latinesvineis etalbarus (peuplier blanc).
  8. Ces deux qualificatifs désigent le muscat d'Alexandrie.
  9. Cespanses muscades ouvitis pergulana étaient composées de muscats d'Alexandrie.
  10. L'ancien tone a donné tonnelle
  11. Dans cet ouvrage paru en 1837, le comte Odart explique que « sa saveur musquée est tellement exaltée que l'appétence est à son terme après en avoir mangé quelques grains ».
  12. Listes des comarques et municipalités:Enkarterri:Zalla etBalmaseda,Txorierri:Lezama etZamudio,Durangaldea,Mungialdea etLea-Artibai.
  13. Dans la comarque d'Enkarterri, les communes deZalla etBalmaseda sont les seules parmi les dix-sept municipalités à produire du txaloli.

Références

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  22. a etbLaborieux 1997,p. 11.
  23. Brun 2003,p. 39.
  24. Dès l'époque mycénienne, « on utilisait les arbres comme support : la tablette Gv 863 trouvée à Knossos mentionne des figuiers et des vignes grimpantes à raison de 4 pour 1 (420 vignes pour 104 figuiers) ».Brun 2003,p. 35.
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  26. Brun 2003,p. 37.
  27. Brun 2003,p. 32.
  28. Alain Bresson,op. cit.,p. 130.
  29. « Déjà, les tablettes mycéniennes en linéaire B laissent entrevoir un trait constant des vignobles grecs : le complantage des vignes et des figuiers. »Brun 2003,p. 35.
  30. Voir, notammentp. 60-63, Isabelle Pernin, « La question des baux dans la Grèce des cités »,Pallasno 74, 2007.
  31. Marie-Claire Amouretti, « Villes et campagnes grecques »,in Jean-Louis Flandrin et Massimo Montanari (dir),Histoire de l'alimentation, Fayard, 1996,p. 136.
  32. Brun 2003,p. 28.
  33. Ce queColumelle (De l'agriculture, III, 2) exprime ainsi : « en tous lieux les plaines produisent un vin plus abondant, mais les collines un vin plus fin. »
  34. Lichine 1984,p. 150.
  35. a etbLichine 1984,p. 154.
  36. Bell et Dorozynsky 1970,p. 31.
  37. Lachiver 1988,p. 24.
  38. a etbBell et Dorozynsky 1970,p. 160.
  39. ab etcLichine 1984,p. 152.
  40. ab etcTchernia et Brun 1999,p. 29.
  41. Tchernia et Brun 1999,p. 34.
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  43. Lichine 1984,p. 151.
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