Pour les articles homonymes, voirBaur.
| Naissance | |
|---|---|
| Décès | |
| Sépulture | |
| Nom de naissance | Henri Marie Rodolphe Baur |
| Nationalité | Français |
| Activité | |
| Conjoints | Rose Grane(de à) Rika Radifé(de à) |
| Sport | |
|---|---|
| Équipe | |
| Distinction | |
| Films notables |
Harry Baur est uncomédienfrançais né le àParis11e et mort le àParis9e. Il est considéré par de nombreux spécialistes comme l'un des plus grands acteurs de la première moitié duXXe siècle[réf. nécessaire].
Henri Marie Rodolphe Baur naît à Paris au 171,boulevard Voltaire, de Meinrad Baur, un horlogeralsacien originaire deHeimsbrunn, et Marie Imblon[2],[3], d'originelorraine, native deBitche. Il a déclaré lors d'une interview accordé au magazinePour vous en 1936 que sa famille est« depuis toujours, catholique »[4].
Il part très jeune pourMarseille où il intègre la section derugby à XV de l'Olympique de Marseille[5], club dont il se sentira toujours proche et dont il restera une figure emblématique, et entame des études d'hydrographie, puis se dirige vers lethéâtre.
Refusé auConservatoire d'art dramatique deParis, il suit des cours privés. Sa carrière théâtrale démarre avant laPremière Guerre mondiale. Les douze années qui suivent la première guerre mondiale marquent l'apogée de la carrière théâtrale de l'acteur alsacien[6].
Il commence une carrière aucinéma dès la fin desannées 1900, dans des films deVictorin Jasset,Michel Carré,Albert Capellani,Georges Denola,Gérard Bourgeois,Jacques de Baroncelli,Maurice Tourneur ouAbel Gance, alors à ses débuts.
Considéré comme un « monstre sacré » (terme inventé parJean Cocteau entre les deux guerres[7]) durant les années qui précédèrent laSeconde Guerre mondiale[8], il impose sa personnalité puissante et son jeu tout en finesse. Sa carrière décolle en 1930 avec la rencontre deJulien Duvivier : dans le premierfilm parlant du réalisateur,David Golder, il incarne cette année-là le personnageéponyme à la fois du film et duroman d'Irène Némirovsky dont il est tiré[9].
Harry Baur tourne dans quarante films en douze ans. Il est notamment, en 1934, l'un des interprètes les plus marquants deJean Valjean dans la version desMisérables signée parRaymond Bernard, où il donne la réplique àCharles Vanel, aliasJavert. Il interprète le personnage du roiHérode dans le filmGolgotha face àRobert Le Vigan qui joueJésus en 1935. En 1936, il est unBeethoven saisissant dans le film d'Abel Gance,Un grand amour de Beethoven. Parmi ses nombreuses compositions, on peut citer le héros éponyme du film deMaurice TourneurVolpone (1941), aux côtés deLouis Jouvet incarnant Mosca et deCharles Dullin, qui joue Corbaccio, l'usurier.
| Image externe | |
| Photographie représentant Harry Baur et Orane Demazis dansFanny | |
Au théâtre, il reprend en 1931 le rôle de César, créé parRaimu, dansFanny, la deuxième pièce de la célèbretrilogie marseillaise dePagnol.

L'Occupation allemande n'interrompt pas sa carrière. En1941, Harry Baur incarne le père Cornusse dansL'Assassinat du père Noël deChristian-Jaque, le premier film de la compagnie à capitaux allemands d'Alfred Greven, laContinental-Films. Néanmoins, depuis les débuts de l'Occupation, des journaux français antisémites font courir une rumeur « l'accusant » d'être juif[10]. L'acteur s'en défend en faisant publier un certificat « d'aryanité » et écrit à l'hebdomadaireJe suis partout une lettre que le journal publie :« Actuellement à l'étranger. Je viens d'apprendre que M.Alain Laubreaux m'a qualifié de « néo-aryen ». Cette expression pouvant prêter à équivoque, je tiens à préciser, de la manière la plus catégorique, que je ne suis pas aryen de fraîche date, mais aussi vieux aryen que quiconque. Je veux espérer que l'incident est clos[11]. » C'est alors queJoseph Goebbels, très préoccupé par la prééminence du cinéma français sur une production « germanique » qui a effectivement été anéantie par la politique antisémite desnazis, le fait venir àBerlin pour tenir le rôle masculin principal dansSymphonie d'une vie (Symphonie eines Lebens) d'Hans Bertram aux côtés d'Henny Porten et deGisela Uhlen. Étant ignorées du public, les pressions exercées par les nazis sur sa seconde épouse pour qu'il accepte cette offre ne peuvent lui éviter les soupçons decollaboration et les insultes qui font de lui un « traître » et un « vendu » à l'occupant[12].
Quand il rentre en France au printemps 1942, la rumeur sur ses origines juives, alimentée par la dénonciation d'un ami d'enfance[12],[13], reprend de plus belle.Theodor Dannecker demande alors à Charles Laville, ingénieur biologiste, chef des services scientifiques d'études aux questions juives de faire le portrait morphologique du visage d'Harry Baur. Dans le rapport qu'il lui transmet, il conclut« que le grand acteur présente à un degré fortement accusé toutes les caractéristiques sémitiques »[14]. Harry Baur est arrêté avec sa femme le[15]. Dannecker est furieux qu'un Juif ait pu tenir le premier rôle d'un film allemand. Emprisonné à lasection IV J de laGestapo pendant quatre mois dans des conditions très rudes, Harry Baur subit plusieurs séances de coups, dont une de douze heures. Au cours de l'une d'elles, il se relève et déclare auSSHauptsturmführer :
« Il sera plus digne pour vous de frapper un homme debout. »
Il reçoit du prêtreFranz Stock[16],[17] un réconfort spirituel.
Il est libéré le, ses tortionnaires lui signifiant :« nous avons toujours su que vous n'êtes pas juif. »Reinhard Heydrich, le supérieur de Dannecker, était, par ambition, en conflit avecJoseph Goebbels. L'artiste n'était que la victime de la rivalité des deux dignitaires nazis. Âgé de62 ans, Harry Baur ne se remettra cependant jamais des séances detorture subies et meurt à peine moins de six mois plus tard, le, en son domicile, 3rue du Helder[18] (sa femme y habitait encore en 1978[19]). Les autorités allemandes, pour ne pas être accusées d'avoir causé sa mort, interdirent aux journaux de l'annoncer[20].
À laLibération, l'opinion publique française ne retient de lui que sacollaboration avec l'industrie cinématographique allemande[12],[13]Interprétation abusive ?.
Après des obsèques célébrées en l'église Saint-Philippe-du-Roule, Harry Baur a été inhumé dans le caveau familial ducimetière Saint-Vincent, àMontmartre, dans lequel reposaient déjà sa première épouse Rose (morte en 1931) et leur fils Jacques (mort en 1929)[21].
En avril 1947, Charles Laville, le biologiste qui avait contribué à son arrestation, est inculpé pourintelligence avec l'ennemi et écroué à laprison de Fresnes[14]. Quant à l'ami d'enfance dénonciateur, poursuivi à laLibération pour indignité nationale, après plusieurs recours pour raisons de santé, il est finalement acquitté par le tribunal militaire de Paris en mai 1951[12].
Il épouse àParis8e arrondissement le l'actrice Rose Cremer[22], connue sous le nom deRose Grane, avec qui il demeure 16,rue du Colisée, et avec laquelle il a trois enfants. Elle meurt lors d'un voyage enAlgérie, àTlemcen, en 1931.
Il se remarie le, àParis16e arrondissement, avecRika Radifé[3](1902-1983), elle-même actrice puis directrice de théâtre.
Sur les autres projets Wikimedia :