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Harran

36° 52′ 00″ nord, 39° 02′ 00″ est
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Harran
Carrhes
Harran
Administration
PaysDrapeau de la TurquieTurquie
RégionRégion de l'Anatolie du sud-est
ProvinceŞanlıurfa
DistrictHarran
Indicatif téléphonique international+(90)
Plaque d'immatriculation63
Démographie
Population96 072 hab.(2023[1])
Géographie
Coordonnées36° 52′ 00″ nord, 39° 02′ 00″ est
Localisation
Géolocalisation sur la carte :Turquie
Voir sur la carte topographique de Turquie
Harran
Géolocalisation sur la carte :région de l'Anatolie du Sud-Est
Voir sur la carte administrative de la région de l'Anatolie du Sud-Est
Harran
Géolocalisation sur la carte :province de Şanlıurfa
Voir sur la carte topographique de la province de Şanlıurfa
Harran
Liens
Site de la mairiehttp://www.sanliurfa-bld.gov.tr
Site de la provincehttp://www.sanliurfa.gov.tr
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Harran (Carrhae en latin, ouCarrhes en français) est une ville et un district deTurquie, dans le sud-est de laTurquie actuelle, au croisement des routes deDamas, deKarkemich et deNinive. C'est également un site archéologique : on peut y voir les murailles de la cité antique, longues de cinq kilomètres, et d'importants vestiges médiévaux tels que le château et l'Ulu Camii, une grande mosquée duVIIIe siècle. De nos jours, subsistent seulement deux villages aux constructions typiques de pierre et d'argile crue surmontées de coupoles en formes de ruches, tandis qu'un habitat moderne se développe aux abords du site archéologique.

La ville, conjointement avec celle deSanliurfa, a été proposée en 2000 pour une inscription au patrimoine mondial. Elle figure sur la « liste indicative » de l’UNESCO dans la catégorie patrimoine culturel[2].

Elle est notamment connue pour avoir été le lieu de labataille de Carrhes.

Antiquité

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L'occupation la plus ancienne est datée d'environ 6200av. J.-C. et elle est typique de laculture de Halaf. Vers 3000av. J.-C., la ville s'entoure de remparts, et elle fait partie du réseau de cités-États de l'époque. Grâce auxtablettes d'Ebla, on sait que vers 2400av. J.-C. la princessed'Ebla Zugalum épousa le roi de Harran, scellant une alliance durable entre les deux cités. Vers 2270av. J.-C., Harran est conquise parSargond'Akkad. Vers 2000av. J.-C., un important temple consacré au dieu de la luneSîn y est bâti. Ses ruines se trouvent actuellement sous le palais du CalifeMarwan II.

Les Grecs appelaient la villeΚάρραι, Karrhai, nom francisé en Carrhes. Sa situation géographique, dans la vallée du fleuve Balissos (aujourd'hui Balīkh) et au croisement de deux pistes caravanières, en a fait un point stratégique au cours de l'Histoire. L'une de ces pistes reliait la Syrie à la vallée duTigre, l'autre conduisait vers l'Euphrate et legolfe Persique à partir de la vallée duHalys[3]. Des inscriptions assyriennes la mentionnent vers 1100av. J.-C. sous le nom deHarranu, ce qui signifieraitroute, itinéraire enakkadien. Ce carrefour commercial était connu des Romains :Pline l'Ancien, auIer siècleapr. J.-C., mentionne le commerce de l'encens et des parfums sur le marché de Carrhes[4].

Harran a subi au cours des siècles la domination de plusieurs puissances : après lesAmorrites et le royaume deMitanni, la ville fut brûlée par lesHittites et elle passa ensuite sous dominationassyrienne. Des stèles gravées en caractèrescunéiformes font référence au roi babylonienNabonide (556-539av. J.-C.). Elle fut finalement intégrée à l'empire achéménide. Après les conquêtes d'Alexandre le Grand, elle fut gouvernée par les Macédoniens et par la dynastie desSéleucides. Ainsi se constitua une importante communauté delangue grecque qui y prospéra. Des ateliers royaux frappèrent à Carrhes destétradrachmes et même des octodrachmes en argent, monnaie du commerce[5]. Longtemps après l'arrivée desParthes, vers la fin duIIe siècle av. J.-C., une population grecque qui s'identifie encore comme telle vint au secours des soldats romains d'Afranius, en 65-64av. J.-C.

Article détaillé :Bataille de Carrhes.

En 53av. J.-C., la ville et ses alentours furent le théâtre de l'un des plus grands désastres militaires de l'histoire romaine. Labataille de Carrhes opposa les forces du triumvirCrassus à l'armée parthe commandée par le généralSuréna.

Monnaie frappée en la cité de Carrhae

À partir de cette époque, elle appartient au royaume d'Adiabène, ou au royaume d'Osroène lorsqu'il existait deux royaumes distincts. Sauf lors de courtes périodes, ces deux royaumes furent gouvernés par la dynastieAbgar d'Édesse, ouMonobaze d'Adiabène, qui étaient toutes deux des Abgar. AuIer siècle, le roi d'Adiabène donna la seigneurie de Carrhes (Harran) au fils qu'il avait désigné pour lui succéder.

À l'époque deSeptime Sévère, Carrhes devenue une colonie romaine possédait des ateliers frappant des monnaies de bronze. La ville fut enfin conquise par lesPerses en 238apr. J.-C., mais reprise par les armées romaines conduites par l'empereurGordien III au printemps 243[6].

Carrhes, refuge de l'hellénisme

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En529, l'empereur romain d'Orient,JustinienIer, fait fermer l'école d'Athènes[7]. Sept philosophesnéoplatoniciens durent ainsi quitter Athènes :Damascius le Diadoque,Simplicios de Cilicie,Priscien de Lydie,Eulamios de Phrygie,Hermias de Phénicie,Diogène de Phénicie etIsidore de Gaza. Ils s'exilèrent volontairement en Perse, chez le roiKhosrôIer, qui les installa à Harran ; après le traité de paix conclu entre KhosrôIer et JustinienIer en532, ils rentrèrent en Grèce.

Civilisations chrétienne et musulmane

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Les textes syriaques évoquent un évêquemonophysite,Siméon des Olivies, qui s'efforça vers 700 de convertir desmanichéens, des païens et des juifs de la région. Ils évoquent également desSabéens, ceux de la ville de Harran ayant joué un grand rôle dans la traduction enarabe des ouvrages issus de l'Empire byzantin[8]. Adorateurs des étoiles, les Sabéens semblent avoir formé une communauté de païens hellénisés, qui conservèrent l'enseignement astrologique des Babyloniens jusqu'auXe siècle. Adeptes de l'hermétisme, et de ce fait menacés physiquement, ils tentèrent en vain de faire admettre leur religion au nombre des cultes monothéistes officiels[9].

Le plus célèbre des sabéens de Harran estThābit ibn Qurra, un mathématicien, astronome et astrologue, qui traduisit en arabe de très nombreux textes scientifiques grecs[10]. Le théologien chrétienThéodore Abu Qurrah fut, de795 à812, évêqueorthodoxe de Harran. C'est également la ville natale de l'astronome, astrologue et mathématicienAl-Battani (env.855-923) et du théologien musulmanIbn Taymiyya (1263)[11].

Dans la Bible

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Dans laBible,Terah, le père d'Abraham, s'installe à Haran après avoir quittéUr avec sa famille, et y meurt (Genèse 11, 31-32). Son arrière-petit-filsLaban, frère deRébecca et beau-père deJacob, y habite (Genèse 27, 43). Jacob lui-même séjourne chez Laban durant vingt ans, pendant lesquels il devient père de ses onze premiers fils et d'une fille. Ce sont les ancêtres des futurestribus d'Israël (Genèse 28-31).

Dans la culture populaire

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Le jeu vidéoDying Light se déroule dans une ville nommée Harran.

Notes et références

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  1. D'après sanliurfa.gov.tr
  2. (en) UNESCO World HeritageCentre, « Harran and Sanliurfa - UNESCO World Heritage Centre », surwhc.unesco.org(consulté le)
  3. Giusto Traina,Carrhes, 9 juin 53 avant J.C., Les Belles Lettres, Paris, 2011,p. 61-62.
  4. Pline l'Ancien,Histoire naturelle, XXII, 80.
  5. Maurice Sartre,D'Alexandre à Zénobie, Histoire du Levant antique,IVe siècle av. J.-C.-IIIe siècle après J.C., Fayard, 2003,p. 236.
  6. Maurice Sartre,D'Alexandre à Zénobie, Histoire du Levant antique, Fayard, 2003,p. 964-965.
  7. H. J. Blumenthal, "529 and its sequel. What happended to the Academy",Byzantion, 48 (1978),p. 369-385. Voir Georges Tate,Justinien, l'épopée de l'Empire d'Orient, Fayard, 2004.
  8. :le-mouvement-de-la-traduction-dans-le-monde-de-lislam&catid=34:1388-06-14-07-03-12&Itemid=62 Le mouvement de la traduction dans le monde de l'Islam
  9. D. Chwolsohn,Die Ssabier und der Ssabismus, Saint-Pétersbourg, 1856, 2 vol.
  10. Rashed-Morelon,Sciences arabes, 1997.
  11. Michel Tardieu, "Sâbiens coraniques et sâbiens de Harrân",Journal Asiatique, vol. 274, 1986, p. 1-44.

Liens externes

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