LesHaoussas sont un peuple duSahel essentiellement établi au nord duNigeria et duCameroun et dans le sud duNiger. Ils constituent une des ethnies les plus importantes d'Afrique par leur nombre[2]. La région qu'ils habitent depuis des siècles porte le nom de pays Hausa (kasar hausa ou Hausaland en anglais). Ils parlent la languehaoussa qui appartient au groupe deslangues tchadiques, un sous-groupe de la famille deslangues afro-asiatiques, qui sert aussi de langue véhiculaire à d'autres populations[2]. Agriculteurs et artisans, les Haoussas ont développé une civilisation urbaine fondée sur la commercialisation d'un artisanat du cuir, du fer, du tissage et des produits agricoles. Aujourd'hui, la plupart d'entre eux vivent toujours dans des petits villages où ils pratiquent la culture vivrière, le commerce et élèvent du bétail. Des commerçants ont émergé commeAliko Dangoté issu de la communauté Haoussa du Nord Nigeria
Selon les sources et le contexte, on rencontre de multiples formes : Abakwariga, Afnu, Afuno, Afunu, Al-Hausin, Arna, Aussa, Azna, Bunjawa, Gambari, Haoussa, Haoussas, Hausaawaa, Hausa, Hausas, Hausawa, Haussa, Tukrik (Erythrée), Ganbaru (Bénin), Mgbakpa[3].
En jaune la répartition des Haoussas auNiger etNigeria
Les Haoussas représentent 22 % de la population duNigeria, où ils forment l'une desbig three, les trois plus grandes ethnies du Nigeria (avec lesYoruba et lesIgbos)[4].
D'importantes communautés se trouvent aussi à l'ouest du Tchad, au nord duBénin, auGhana, au nord duCameroun, et à l'est du Mali. Quelques petites communautés sont éparpillées à travers l'Afrique de l'Ouest ainsi que sur la route du pèlerinage musulman duhajj qui part de l'Afrique de l'Ouest et passe par leTchad et leSoudan. Beaucoup d'Haoussas se sont établis vers les grandes villes côtières d'Afrique de l'Ouest commeLagos,Accra, etCotonou ou vers laLibye, partant à la recherche de travail.
Les Haoussas ont migré vers plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest (Burkina Faso, Ghana…) avant l'arrivée de colons, ils transportent le kola entre le Ghana et le Nigeria[5],[6].
Des communautés haoussas sont présentes enCôte d'Ivoire depuis plusieurs siècles[7].
Il existe un mouvement séparatiste, présent au Nigeria, et au Niger, qui souhaite réunir les Haoussas en une seule nation.[réf. nécessaire]. Les éleveurs et agriculteurs Haoussas présents aux frontières entre le Niger et le Nigeria dénoncent les frontières instituées au temps de la période coloniale. Cependant, il n'y a aucun leader charismatique de nos jours qui pourrait prétendre à réunir tous les Haoussas en un seul pays,ce qui pourrait cependant arriver un jour, si des conditions pouvaient faire naître un nationalisme haoussa et pan-haoussa[Interprétation personnelle ?].
Le haoussa fait partie de la famille deslangues afro-asiatiques (dite aussi chamito-sémitique) et appartient au groupe deslangues tchadiques, dont le haoussa est la langue comptant le plus de locuteurs (et à un des quatre sous-groupe de ce dernier, celui deslangues tchadiques occidentales).
À partir de 1500, les Haoussas utilisèrent une écriture arabe modifiée, l'ajami, pour écrire leur langue.
Avec cinquante millions de locuteurs, elle est une devenue une importantelangue véhiculaire africaine, le deuxième idiome le plus parlé du continent[4]. Elle est de plus en plus utilisée dans les travaux universitaires, tout comme dans l'administration, au détriment des langues anglaise et française.
Compte tenu de l'appartenance du haoussa à la famille afro-asiatique, qui compte aussi notamment l'arabe et le berbère, il semble qu'une population installée dans lemassif de l'Aïr (dans le nord de l'actuel Niger) ait migré vers le sud en raison de la désertification et que sa langue ait été ensuite adoptée par les autochtones, pourtant beaucoup plus nombreux[4].
Étroitement liée auxKanouris duroyaume du Kanem-Bornou (lac Tchad), l'aristocratie haoussa a adopté l'islam auXIe siècle. AuXIIe siècle, les Haoussas devenaient l'une des nations les plus puissantes d'Afrique sub-saharienne. Ils se montrèrent puissants et unis pour s'engager dans les conquêtes locales, le commerce et letrafic d'esclaves.
AuXIVe siècle, les cités-États haoussas deBiram,Daura,Katsina,Zaria,Kano,Rano etGobir existent déjà. Elles sont organisées selon le système de lasarauta, un modèle politique très structuré, avec la nomination d'unsarki à leur tête[4]. Cette civilisation est urbaine et aussi belliciste, car les conflits entre les cités sont nombreux[4].
Ces cités jouissent d'une économie florissante, fondée sur le commerce, l'artisanat (fer et cuir) et aussi la culture des céréales[4].
L'architecture haoussa est peut-être une des moins connues, mais est l'une des plus belles de l'époque médiévale. Beaucoup de leurs premières mosquées sont lumineuses et colorées et montrent souvent des gravures complexes ou des dessins symboliques élaborés sur les façades. Les Haoussas ont écrit plusieurs histoires dont la plus célèbre est laChronique de Kano.
Au début duXIXe siècle, un mouvement de réforme islamique et de guerre sainte (jihad) animé par des lettrés coraniquespeuls soutenus par une fraction de l'ethnie nomade peule présente sur les terres des Etats haoussa devait modifier très sensiblement la structure du monde haoussa et sa culture[2]. En 1810, lesPeuls conquièrent les États haoussas sous l'impulsion d'Usman dan Fodio, qui devientcalife et fonde l'empire de Sokoto. Par la suite, les sédentaires haoussas se sont de plus en plus convertis a l'islam réformé des vainqueurs, et réciproquement ceux-ci ne tardèrent pas à être absorbés dans la culture fortement assimilationniste des Haoussas[4].
Dans le cadre du système de l'indirect rule, les Britanniques, lorsqu'ils conquerront la zone en 1903, s'appuieront sur les émirs et les sultans ducalifat de Sokoto pour gouverner[4].
Les Haoussas restent prééminents auNiger et au nord duNigeria. Leur poids au Nigéria est très important car l'ensemble Haoussas-Peuls a dirigé la politique du pays depuis son indépendance. Ils restent l'une des civilisations les plus largement et historiquement enracinées en Afrique occidentale.
Comme la plupart des sociétés de la savane et du sahel sub-saharien, la culture haoussa appartient au vaste ensemble souvent qualifié de « civilisation soudanaise » lequel s'étend des côtes guinéennes et sénégalaises au Nil, et du désert à la forêt[2].
Cette culture est imprégnée d'emprunts à diverses civilisations avec lesquelles elle est en contact étroit depuis des siècles. Elle exerce une attraction croissante sur les populations environnantes dont elle intègre progressivement des fractions de plus en plus nombreuses[2].
Les Haoussas, comme toutes les ethnies islamisées, couvrent traditionnellement leur corps de vêtements amples. Les femmes portent de grandes robes ; les hommes, de tuniques et des pantalons sous de largesboubous colorés. Une calotte ou un turban complète l'ensemble. Sur certains boubous, richement brodés par les hommes, les motifs couvrent le flanc gauche et remontent autour de l'encolure. Ces motifs représentent : les « huit couteaux » qui, selon la tradition, protègent du mauvais œil ; la spirale « tambour du roi » et les entrelacs, un dessin omniprésent que l'on retrouve jusque sur les murs extérieurs des maisons. La broderie de ces motifs se perd dans l'ampleur des plis du somptueux vêtement.
Mosquée centrale de l'Etat de Kaduna, Nigéria ( lieu de culte des musulmans de cet Etat )
Les Haoussas ont une culture antique qui s'est étendue sur une grande aire géographique et qui a été longtemps liée auxArabes et à d'autres peuples d'Afrique de l'ouest comme les Mandingues, les Peuls et même lesWolofs deSénégambie grâce au commerce, fait sur de longues distances.
Maguzawa, la religion animiste, était pratiquée de manière importante avant l'arrivée de l'islam. Dans les régions les plus reculées, cette pratique est restée intacte, mais plus on se rapproche des centres urbains, plus elle se fait rare jusqu'à disparaitre complètement. Cette pratique inclut dessacrifices animaux à des fins personnelles et ses pratiquants considèrent illégitime l'utilisation de la magie maguzawa pour faire le mal[pas clair]. Ce qu'il en reste dans les zones les plus peuplées est un culte appeléBori qui conserve les éléments animistes et magiques de l'ancienne religion. La classification Bori de la réalité contient une quantité innombrable d'esprits dont beaucoup ont un nom et possèdent des pouvoirs définis. Alors que les Malamais condamnent les rites, cérémonies et croyances boris, la population haoussa musulmane vit en paix avec les Boris. De nombreux Boris se qualifient eux-mêmes de musulmans, et beaucoup de musulmans rejettent l'orthodoxie totale et s'autorisent à utiliser la magie bori qu'ils pensent bonne pour éloigner le mauvais esprit de leur maison.
L'islam et le bori sont en fait complémentaires dans les communautés haoussas, car la confrérie soufieQadiriyya comporte des éléments d'animisme comme les esprits appelésdjinns et certains charmes (malamais) utilisés sont considérés comme des éléments magiques. Comme on peut le conjecturer, cet islam ne suit pas strictement les écriturescoraniques, ce n'est donc pas une orthopraxie. Au lieu de laloi islamique, la loi haoussa s'inspire d'une pratique islamique appeléeijmâ', ce qui signifieconsensus. Lorsqu'une communauté s'accorde sur un certain culte enversDieu ou sur la nature de dieu, cela fait généralement loi. Certaines croyances vont même à l'encontre des dogmescoraniques, comme les miracles attribués àMahomet ainsi que la croyance en des saints. Les pratiques coraniques qui ont persisté chez les haoussas sont lehajj et les cinq prières quotidiennes en direction deLa Mecque. Il existe d'autres rituels non coraniques mais liés à l'islam, comme le port du turban et de ladjellaba. Durant les fêtes musulmanes comme la nouvelle année ou leMawlid, les gens s'offrent des présents.[Information douteuse]
↑Adama Kamara, « Une Étude des colonies haoussa au sein des Dioula de Côte d'Ivoire : le cas de Malaga de Bouna »,Revue Africaine d’Anthropologie, Nyansa-Pô, Éditions Universitaires de Côte-d'Ivoire,no 27,,p. 218-234(ISSN1819-0642,lire en ligne[archive du], consulté le)
Veit Erlmann et Habou Magagi,Girkaa : une cérémonie d'initiation au culte de possession bòorii des Hausa de la région de Maradi (Niger), D. Reimer Verlag, 1989, 173 p.(ISBN9783496009573)
Graham Furniss,De la fantaisie à la réalité dans la littérature haoussa en prose ; suivi dePourquoi étudier la poésie haoussa ?, Centre d'étude d'Afrique noire, Institut d'études politiques de Bordeaux, Talence, 1991, 21 p.(ISBN2-908065-10-X)
Jacqueline Monfouga-Nicolas,Ambivalence et culte de possession : contribution à l'étude du Bori hausa, Éd. Anthropos, Paris, 1972, 384 p.
Oumarou Moussa,La Culture arabo-islamique, les Haoussas du sud-Cameroun (le cas de Yaoundé) et l'intégration nationale, Université de Paris 3, 1987, 324 p. (Thèse)
Guy Nicolas,Dynamique sociale et appréhension du monde au sein d'une société hausa, Institut d'ethnologie, 1975, 661 p.
Mary F. Smith (dir.),Baba de Karo, l'autobiographie d'une musulmane haoussa du Nigeria, Plon, Paris, 1969, 354 p.