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En806, uneforteresse fut érigée à l'emplacement de la ville actuelle pour protéger les nombreux gisements de sel que compte la région, et qui selon certains donnèrent leur nom à la ville,hall signifiant « sel » engrec ancien (cf.halite) et en vieux celtique.
La ville eut son apogée à la fin duMoyen Âge, entre leXIVe siècle et leXVIe siècle. À cette époque fut construit le château Moritzburg qui fut jusqu'en1541 la résidence favorite des archevêques deMagdebourg et deMayence.
Aujourd'hui, dans une superficie qui dépasse largement le centre-ville, s'étalent les vieilles bâtisses duMoyen Âge, les quelques bâtiments de laRenaissance que compte la ville, les très nombreuses maisons bourgeoisesnéoclassiques construites à la fin duXIXe siècle et au début duXXe siècle, les derniers bâtimentscommunistes et des logements modernes, colorés, et entourés de verdure.
Après la chute de laRDA, la ville a été en grand chantier avec notamment la restauration du château, gravement endommagé par laguerre de Trente Ans, laSeconde Guerre mondiale et la période communiste, la destruction des bâtiments publics de la RDA et des unités d'habitations, construites après la guerre, au milieu des vieux bâtiments, ces derniers étant remplacés par des bâtiments modernes ou des espaces verts. Aussi, la ville comptait dans lesannées 1990, à la suite du changement du système économique, l'un des plus hauts taux dechômage d'Europe (23,1 %).
Aujourd'hui, Halle concentre d’importantesusines chimiques et deconstruction mécanique, et se caractérise par un beaucentre-ville qui a été presque entièrement rénové depuis la réunification. La ville compte environ 18 000 étudiants et une importanteuniversité, l'université Martin-Luther de Halle-Wittemberg, dont certains départements, notamment celui debiotechnologie, sont hautement réputés. La ville abrite également l'Académie nationale des sciencesLeopoldina, ainsi que divers autres instituts de recherche reconnus.
Avec la ville deLeipzig, Halle forme aujourd’hui une grande agglomération comprenant presque deux millions d'habitants. L’agglomération est ceinturée de plusieursautoroutes (A9, A14, A38, A143), en partie récemment construites. L'aéroport de Leipzig-Halle est l'aéroport intercontinental le plus moderne d’Allemagne. Au cœur de l'agglomération se trouvent aussi les sites de production de grands groupes industriels tels queBMW,DHL,Porsche ouSiemens. Il s'agit ainsi d'une des régions les plus dynamiques d’Allemagne.
Lesubstantifhalle en français et le substantifHalle en allemand ont certes actuellement pratiquement la même signification de « marché couvert ». Ce ne serait néanmoins pas là qu'il faudrait chercher l'origine du nom de la ville. D'après la littérature régionale duXIXe siècle et du début duXXe siècle, le termeHalle renverrait à un vieilétymon duceltique ougermaniqueHal,Hall ouHalla qui signifie « sel ». Cet étymon se rapproche par le sens du verbevieux-franciquehallôn, ouhâler en français[8]. Halle est située dans une région riche en sel etHall,Hal ouHalle est un élément de nombreux toponymes germaniques indiquant l'extraction du sel à partir de la saumure naturelle ou l'exploitation de mines de sel.
Le professeurlipsien d'onomastique Jürgen Udolph (né en 1943) doute néanmoins de cette origine. Il pense plutôt queHalle et quelques autres toponymes composé de /hal/ renvoient à unradicalindo-européen signifiant « pente » ou « inclinaison »[9].
Lesmines de sel (qui doivent leur formation à un phénomène géologique dit « Faille du marché de Halle », en allemandHallesche Marktplatzverwerfung) furent exploitées dès l'Antiquité sur le site même de la ville. De nouvelles fouilles conduites sur la place du marché montrent la continuité de l'exploitation du sel à Halle à travers les siècles. Le site à laPréhistoire a sans doute été occupé successivement par lesHermundures, lesAngles et lesWarnes (Thuringes) ainsi que par lesSorabes, qui appelaient cet endroitDobrebora. En 735 lemaire du palaisfrancCharles Martel s'empara de la région de Halle, installa lesparoisses deMersebourg et deMagdebourg, avant de confier en 738 à ses soldats la garde des salines de Dobrebora avec uneoriflamme et le titre de « Confrérie des chevaliers de Notre-Dame ». La première mention du toponyme de Halle (Halla) apparaît dans leChronicon Moissiacence daté de806. L’empereurOttonIer fonda en 968 l’évêché de Magdebourg, auquel Halle fut rattachée jusqu'en 1680. Vers 1120, la ville, enrichie par le commerce florissant du sel, s'étendit dans toutes les directions. La production de sel, d'abord privilège exclusif de l'archevêque, donna naissance vers la fin duXIIe siècle à la corporation dessauniers : il s'agissait d'hommes libres qui possédaient leur fabrique, et qui pouvaient céder des parts (ouactions) sur leur production desaumure en pleine propriété. C'est ainsi que se développa unebourgeoisie assez puissante pour imposer en 1263 à l’archevêqueRupertus de Magdebourg(de) un traité lui interdisant de construire un château à moins d'unmille ou d'ouvrir une nouvelle mine de sel. Les sauniers dirigeront ainsi la politique de la ville pendant des siècles. En 1281, Halle fut l'une des villes fondatrices de laHanse, et en 1310 lacharte consacrant l'autonomie administrative de la ville fut signée.
Comme pour les autres villes hanséates, il n'y eut aucune proclamation officielle pour l'adhésion de Halle à laligue hanséatique. Une première évocation de cette adhésion apparaît dans une lettre du portant mutation dudroit de foire des marchands allemands deBruges àL’Écluse pour les années 1280 à 1282[10]. Mais les contacts étaient certainement déjà établis avec les villes de la Hanse depuis des décennies, car il existait des liens commerciaux très étroits avec lesFlandres, alors plaque tournante du commerce européen. En 1294, Halle se joignit à 24 autres villes hanséatiques pour réclamer le report d'importants privilèges de la Hanse deVisby, sur l'île deGotland en mer Baltique, versLübeck.
Halle ne fut jamais une cité considérable au sein de la Hanse ; régulièrement invitée aux congrès de laHanse, elle y députait rarement des représentants, les bourgeois abandonnant les choix politiques àMagdebourg etBrunswick, les plus grandes villes de la Ligue des villes de Saxe. On n'a pas non plus de preuves que la principale marchandise de Halle, le sel, ait été chargé sur lescogues de la Hanse ; les indices de contact commerciaux noués depuis leXIIIe siècle avec les Flandres montrent plutôt une implication des marchands de Halle dans le commerce du drap. On érigea en 1341 unbeffroi entre l'octroi et l'hôtel de ville, où furent conservés les diplômes et privilèges urbains jusqu'en 1835. La construction de laRote Turm, uncampanile « pour la gloire de Dieu et de la ville de Halle, ainsi que pour l'embellissement de tout le pays » (zur Ehre Gottes und der Stadt Halle wie der ganzen Umgebung zur Zierde), et qui devait devenir l’emblème de la ville, commença en 1418.
C'est en 1478, qu'après deux siècles l'indépendance de la ville prit fin. Dès 1484, l'archevêqueErnest II de Saxe fit édifier ledonjon duMoritzburg au nord-ouest de la Halle, et y fit son entrée princière en 1503 : outre son rôle de résidence seigneuriale, il abritait une garnison chargée de contenir les velléités d'indépendance des sauniers. L'adhésion à la Hanse prit finde facto avec le décret de l'archevêqueErnest de Wettin instituant une garnison en ville le, même si on trouve encore en 1506 Halle évoquée comme ville hanséate. Il faudra attendre encore 1518 pour que Halle, comme de nombreuses autres villes, soit définitivementdéchue et radiée[10],[11].
Le Moritzburg demeura la résidence principale des archevêques de Magdebourg jusqu’en 1680, et c’est ainsi que le cardinalAlbert de Brandebourg y passa l’essentiel de son existence. Lorsque la Réforme toucha Halle, il emmena avec lui sa cour et tous les objets d’art de la cathédrale, pour les mettre en sécurité à Mayence et Aschaffenburg. Son protégé Hans von Schönitz, qui habitait dans les mines (Kühlen Brunnen) près du marché, commença le ravalement des deux églises sur la place du Marché. De 1530 à 1554 lesbasiliques romanes Sainte-Gertrude et Sainte-Marie furent rasées et entre les deux tours restantes (la « Tour Bleue » et la « Hausmannsturm ») on édifia l’église de la Marktkirche, comportant elle-même quatre tours ; cet édifice marque la transition entre l’architecture gothique et l’architecture de la Renaissance. Tombé en disgrâce pendant les travaux, Hans von Schönitz fut incarcéré plusieurs années dans lesgeôles duchâteau fort de Giebichenstein avant d'être exécuté. Or, non seulement les bourgeois furent excédés par cette exécution arbitraire, mais ils étaient scandalisés par lavie de sybarite que menait l’archevêque Albert.Martin Luther, qui condamnait pour des motifs moraux et religieux les dépenses inconsidérées, letrafic des indulgences et l’avidité maladive d'Albert de Brandebourg, prit la tête de la contestation.
Ce sont pourtant tout à la fois l'avidité et la passion d’Albert de Brandebourg pour l'architecture qui valurent à Halle certains des plus beaux édifices de laRenaissance, comme laNeue Residenz, les extensions du Moritzburg et de la cathédrale. Le paysage urbain en fut bouleversé : plusieurs bâtiments furent rasés, comme le monastère de Neuwerk, la chapelle Saint-Lambert et l’hôpital Saint Cyriaque. Pour mener à bien ces travaux, le prince archevêque fut plus d’une fois à court d'argent et dut vendre certains objets précieux pris sur le trésor de la cathédrale ainsi que plusieursreliques. Sa déchéance morale et la banqueroute de l’archevêché précipitèrent le triomphe de laRéforme à Halle (1541).
Gravure représentant la Fondation Francke (1749)Halle à la Belle Époque.
C'est par les prêches deJustus Jonas que laRéforme gagna le siège épiscopal du diocèse deMagdebourg en 1541.Martin Luther vint lui-même plusieurs fois prodiguer la bonne parole dans la Marktkirche de Halle. Son corps devait d'ailleurs y être déposé lors de son transfert d’Eisleben àWittemberg en 1546.
L'archevêché était désormais administré par un curateur. Au cours de laguerre de Trente Ans les troupes impériales commandées parWallenstein occupèrent la ville en 1625, puis le Moritzburg fut incendié en 1637. À la mort du dernier curateur épiscopal, le ducAuguste de Saxe-Weissenfels, en 1680, Halle comme le reste du diocèse de Magdebourg fut rattachée à lamarche de Brandebourg et devint par là-même en 1701 une ville duroyaume de Prusse. Halle demeura jusqu'en 1714 capitale duduché de Magdebourg. Membre de l'Union de laSaale (Saalkreis), elle demeurait toutefois en tant queville indépendante sous l'autorité directe du duché.
L’université de Halle(alma mater halensis) qui comporta d'emblée quatre facultés, ouvrit ses portes en 1694. Cettealma mater halensisse développa parallèlement à laFondation Francke, un institut d'enseignement privé créé en 1698 pour la bourgeoisie et dont les aspirations annonçaient alors lesLumières. En 1710, le baron von Canstein et le pédagogueAugust Hermann Francke établirent à Halle la première école biblique Canstein.
Le, au cours desguerres napoléoniennes, ladivision Dupont du corps d’armée dumaréchal Bernadotte s'empara de la ville avant de battre l’armée de réserve prussienne. Quelques jours plus tard,Napoléon Ier visita la ville en personne et ordonna la dissolution de l’université. Au terme dutraité de Tilsit (1807), Halle fut rattachée auroyaume de Westphalie, puis en 1815 fut rendue à laPrusse, qui l'inclut dans ledistrict de Mersebourg enprovince de Saxe. La réforme administrative qui s'ensuivit recréa l'arrondissement de la Saale dont le siège est encore de nos jours à Halle. Un « arrondissement de Halle » administra temporairement la région de 1819 à 1828. Puis la ville dépendit directement deMersebourg pour les affaires administratives.
La sinistre prison de Halle, le « Roter Ochse », à la fois centre pénitentiaire et maison de redressement, date de 1842. Après avoir connu de multiples affectations, elle reste en fonction aujourd'hui. Ainsi en 1939 les nazis en firent un lieu d'exécution :528 détenus politiques y furent assassinés, dont170 étrangers. Au cours de laSeconde Guerre mondiale, 2 000 détenus y furent entassés dans une promiscuité telle que plusieurs devaient y mourir. Une partie des immenses locaux a d'ailleurs été aménagée en musée.
Les premierstramways à chevaux sont apparus en 1882. À compter de cette date, Halle est uneville indépendante, dont la population franchit dès 1890 la barre des 100 000 habitants. C'est encore à Halle qu'en 1890 leParti socialiste ouvrier d'Allemagne (SAP), réuni en congrès dans cette ville pour la première fois après12 années de répression et d'application des lois anti-ouvrières deBismarck (Sozialistengesetze), décida de changer de nom pour former leParti social-démocrate d'Allemagne (SPD), qui a conservé ce nom depuis. Le premiertramway électrique (Stadtbahn Halle) entra en service en 1891, et dès le mois de, trois lignes régulières fonctionnaient : c'était le premier réseau de tramway électrique d'Europe.
Le pont Giebichenstein-Saale reconstruit est de nouveau ouvert à la circulation le1er mai 1948.
De toutes les grandes villes d'Allemagne, Halle ne connut au cours de laSeconde Guerre mondiale que peu de destructions. Des détenus polonais, tchèques, soviétiques, français, néerlandais, etc. ducamp de concentration de Birkhahn-Mötzlich[12], une annexe deBuchenwald, furent victimes detravaux forcés dans les usinesSiebel Flugzeugwerke, où l'on assemblait desavions de combat. Deux bombardements frappèrent finalement Halle : le premier le, le second dans les premiers jours d'. La gare de triage, qui était visée, resta intacte : les destructions frappèrent la première fois les bâtiments situés entre la gare et le centre-ville puis les quartiers sud. Le, le 7e corps de la1re Armée américaine prit Halle d'assaut, incendiant au passage la vénérable Roter Turm. On estime que la ville a été relativement épargnée grâce à l'action du comteFelix von Luckner, du maire de la ville et d'un officier de laWehrmacht qui convinrent de remettre sans combat la ville aux Américains. L'armée américaine évacua la ville en, laissant la place aux forces d'occupationsoviétiques.
Première manifestation de la Fête du Travail, en 1959
Halle redevint provisoirement le chef-lieu de laSaxe prussienne, rebaptiséeLand deSaxe-Anhalt en 1947. Avec la fusion des Länder de laRDA Halle devint en 1952chef-lieu dudistrict de Halle. Ce district a été dissous en 1990 et Halle-sur la-Saale, réunie désormais avec Halle-Neustadt, est maintenant rattachée auBundesland deSaxe-Anhalt. Dans la mesure où Halle a été beaucoup moins touchée que les autres villes de RDA par les destructions accompagnant le second conflit mondial, on n'y fit guère d'investissements immobiliers (urbanisme,planification urbaine). La première grande extension de la ville,Wohnstadt-Sud, ne commença qu'en 1959. Suivirent les quartiers deWohnstadt-Nord et deHalle-Silberhöhe (représentant à eux seuls 20 000 logements pour plus de 50 000 habitants). Mais le plus gros restait à venir : les années 1960 virent l'aménagement du quartier deChemiearbeiterstadt Halle-West prévu initialement pour 70 000 habitants. Finalement ce quartier de Halle-West forma en 1967 une ville séparée,Halle-Neustadt, et devait garder ce statut jusqu'à laréunification en 1990. Les considérables ressources en matériau de construction du district furent longtemps réservées au développement de Halle-Neustadt. Mais comme le vieuxcentre-ville (Altstadt) se dépeuplait, les commerçants firent pression pour qu'on engage une réhabilitation des vieux quartiers. Dans les années 1980, les destructions en surface déparèrent l’Altstadt d'une part substantielle de son patrimoine historique ; mais ces années virent aussi l'édification de remarquables travaux de réhabilitation avec des constructions en panneaux industriels préfabriqués[13].
Le, unattentatantisémite d'extrême-droite, commis pour la fête juive deYom Kippour, tue deux personnes et en blesse deux autres gravement dans lasynagogue de la ville[14].
La place du marché avec l'église du marché (Marktkirche) et la tour rouge (Roter Turm).Escalier en montant dans leLandgericht Halle(de) à Halle-sur-Saale. Décembre 2016.
LaMarktplatz, place du marché, est dominée par les quatre tours de laMarktkirche et par laRote Turm(de), datant duXVe siècle et haute d'environ 80 mètres. Sur cette place se trouve une statue de Haendel.
Lacathédrale(Hallescher Dom) a été transformée sousAlbert de Brandebourg en 1520. Elle s'apparente austyle de la Renaissance. Les piliers portent les statues du Christ, des apôtres et de saints, exécutées vers 1520 dans l'atelier dePeter Schro, un des sculpteurs les plus talentueux de son temps.
LeMoritzburg(de), en grande restauration, date de1484. Il abrite la Galerie nationale de Moritzburg, qui contient la plus belle collection d'art de Saxe-Anhalt.
↑Nico Wingert, « KZ Halle – die schwierige Aufarbeitung »,Stern.de,.
↑Sur les débats autour de la réhabilitation du vieux centre-ville de Halle dans les années 1980, cf.Frank Betker,Einsicht in die Notwendigkeit!. Kommunale Stadtplanung in der RDA und nach der Wende (1945–1994), Stuttgart,,p. 311–340. On trouvera aussi dans ce livre un résumé de l'histoire urbaine des villes de Halle etRostock pp. 68–80 ; des informations sur l’organisation et les institutions de la planification urbaine dans la RDA avec les exemples de Halle et Rostock, dans la IIIe partie (pp. 153–216) ; et sur le vécu des urbanistes au cours du changement de régime,p. 218–264.
↑La Rédaction, « Attaque de Halle : un manifeste antisémite retrouvé chez le tueur »,Paris Match,(lire en ligne, consulté le).