Haïfa (enhébreu :חֵיפָה,Ḥefa,/χeˈfa/ ; enarabe :حيفا,Ḥayfa) est une ville côtière enIsraël située sur les bords de lamer Méditerranée. L'origine de son nom reste inconnue, bien que le mot hébreuhof (côte), voire plus récemment la contraction des motshof yafe (belle côte) aient été proposés[2].
Haïfa et son agglomération ont une population totale de l’ordre du demi-million d’habitants fin 2008. Elle est connue pour son important port en eau profonde ainsi que son importante industrie chimique. Elle accueille l'université duTechnion, la plus prestigieuse et élitaire intellectuellement d'Israël.
Rue Ha’Atzmaouth (rue de l’Indépendance), la voie principale de la Ville-Basse, le centre commercial et pendulaire de la métropole.
Située au nord du pays et dans le district qui porte son nom, Haïfa est la troisième ville du pays et compte une population de 270 500 habitants[3],[4]. À l’instar d’Acre et deJérusalem, à côté de la populationjuive, elle abrite une importante communauté musulmane (Arabes israéliens), approximativement 25 000 personnes, de confessions diverses. Logée en contrebas ainsi que sur les hauteurs dumont Carmel, elle est une des villes portuaires les plus importantes du pays et abrite en son sein l’université de Haïfa, et le célèbre centre polytechnique d'éducation et recherchesTechnion (Institut israélien de technologie).
Le nom de cette cité est mentionné dans des sourcestalmudiques plus d'une centaine de fois[6]. Il s’agit alors d’une bourgade située aux environs deShikmona, la principale ville juive de la région.
Le lien avec le prophèteÉlie est encore visible dans la grotte portant son nom. À l'origine, c'était un lieu où on vénérait Baal-Adonis, confondu par la suite avec la grotte où Elie s'était réfugié alors qu'Achab le poursuivait[7].
Conquise et intégrée à l’Empire byzantin, elle fut ensuite successivement placée sous la domination desPerses et de l’empire arabe. En1100, lescroisés font le siège de la ville avant de l’intégrer dans laprincipauté de Galilée. Ce furent lesmamelouks qui reprirent les lieux en1265 avant qu’elle ne soit progressivement désertée et abandonnée jusqu’auXVIIe siècle. À l'époque, on l'appelle Caifa[8] ou Caïffe[9] en français.
En1761, le souverain bédouinDaher El-Omar reconstruisit la cité en la ceinturant d’une muraille. Toutefois, la nouvelle cité fut déplacée de son lieu d’origine et située dans un lieu étroit entre la mer et les hauteurs dumont Carmel. À l’exception de courtes périodes marquées par les tutelles deBonaparte (1799) et deMéhémet Ali (1831), vice-roi d’Égypte, la tutelle ottomane perdurera jusqu’au démembrement de l’Empire en1918 (conséquences de laPremière Guerre mondiale sur la géographie duMoyen-Orient). En 1834,Joseph-François Michaud écrit dans saCorrespondance d'Orient qu'« il n'y a rien au monde de plus triste, de plus misérable, de plus dégoûtant que la petite bourgade deCaïpha, qu'on appelleCaïpha la neuve. Quand on a vu un amas informe de cabanes de pierres, une population couverte de lambeaux, et qu'on aperçoit ensuite les fortifications de la ville, on se demande à quoi elles peuvent servir, ce que ce pauvre pays peut avoir à défendre, ce que des ennemis viendraient y chercher »[10].
Arrêt d'autobus et Arabes puisant de l'eau à un puits en 1934.
En1868, l’arrivée des membres de laTempelgesellschaft (Société des Templiers) bénéficia beaucoup au développement de la ville. Ces immigrants allemands bâtirent leurs maisons dans ce qui est maintenant connu comme la « colonie allemande ». Les templiers contribuèrent grandement à l’industrie et au commerce de Haïfa, et jouèrent un rôle important dans sa modernisation.
En 1886, la ville compte 3 300 habitants selon Pierre Auguste Raboisson (1 200 musulmans, 1 200 chrétiens et 900 juifs)[11].
Placée sous tutelle dumandat britannique en Palestine, elle devient un port industriel important avec l'ouverture de l'oléoduc de Mossoul à Haïfa, en service de 1935 à 1948. La composition démographique de sa population évolue pendant cette période : de 20 000 habitants dont 84 % de musulmans, 12 % de chrétiens, et 4 % de juifs en 1914, les vagues successives de l’immigration juive en Palestine la font passer à 145 000 habitants en 1947 ; la proportion de musulmans descend à 38 % pour 47 % de juifs[12],[13],[14].
Lors de laguerre civile de 1947-1948 suivie de laguerre israélo-arabe de 1948-1949, quelque 60 000 citoyens arabes fuirent la région. Cette fuite est le résultat de l’opérationMisparayim (« ciseaux ») conduite par les unités juives de labrigade Carmeli. Elle a consisté à pilonner aumortier les quartiers arabes situés en contrebas des quartiers juifs[12],[13],[14]. 68 000 des 71 000 habitants arabes de la ville prennent la fuite ; les 3500 restants sont regroupés de force dans le quartier de Wadi Nisnas, certains restant sans logement[15]. Quelque 40 000 immigrants juifs sont installés dans les maisons arabes confisquées via laloi sur la propriété des absents[16].
Aujourd’hui, Haïfa est une cité multiculturelle et multiconfessionnelle, où coexistent des citoyens israéliensjuifs,musulmans,chrétiens etdruzes. Elle abrite aussi leCentre mondial baha'i (comprenant lemausolée du Báb, lesjardins en terrasses et l'Arc Bahai(en) (centre administratif) sur le flanc nord du mont Carmel), qui est un site administratif et de pèlerinage important pour les adeptes dubahaïsme, ainsi qu’une attraction touristique visitée[17]. D'autres lieux saints du bahaïsme se trouvent àAcre.
Le petit cimetière d’Haïfa abrite également la tombe deMike Brant, chanteur de variété qui fit une courte carrière enFrance au début desannées 1970 et qui mit fin à ses jours le.
Hormis son port industriel, la ville de Haïfa est également le terminal de l’oléoduc d’Eilat (traitement annuel de 9 millions de tonnes de brut dans ses raffineries) ainsi qu’une composante essentielle de l’économie israélienne du fait du Technion dont les travaux de recherche alimentent lesstart-ups et les parcs technologiques répartis dans la périphérie deTel Aviv-Jaffa jusqu’à laGalilée. Elle constitue également un centre de communication régionale et internationale sur le plan du transport aérien (Eilat), routier, ferroviaire (Tel Aviv-Jaffa) et maritime (Chypre).
La ville accueille le siège social d'un grand nombre d'entreprises industrielles, telles d’Israel Electric Corporation (CA : 17,6 milliards de dollars en 2006[réf. souhaitée]) qui fournit une grande partie de l’électricité en Israël, Intel Israël le premier exportateur privé du pays, ou encore ZIM, la compagnie israélienne de fret maritime.
À Haïfa il y a trois hôpitaux généraux publics au service de toute la population. Il y a notamment leRambam Health Care Campus(en), nommé d'aprèsMoïse Maimonide, rabbin, philosophe et médecin.Le centre médical Rambam est le plus grand hôpital au nord d'Israël et sert aussi centre de traumatologie du nord.Les autres hôpitaux généraux publics à Haïfa sont le centre médical Carmelמרכז רפואי כרמל(he) et lecentre médical Bnai Zion. Il y a aussi un hôpital gériatrique : l'hôpital Fliman.Enfin il y a deux hôpitaux privés : Lecentre médical Elisha et le centre médical Assuta.
Une curiosité de Haïfa est leCarmelit, une ligne demétro souterrain conçu comme unfuniculaire et comptant six arrêts. Celui-ci gravit les pentes du mont Carmel.
L'autoroute reliantAcre àTel-Aviv traverse Haïfa. Un tunnel-autoroute à péage, construit sous forme dePPP au sud de la ville près du mont Carmel, permet aux véhicules de rejoindre les côtés sud-ouest et est de la ville sans passer par le centre-ville ou de gravir le mont Carmel (tunnels Carmel(en)). Le temps de parcours est passé de 30–50 minutes à 6 minutes.
Un téléphérique est actuellement en construction entre la station centrale de bus HaMifratz de Haifa et le Technion. La ligne comportera six stations et sera inaugurée en 2020[19].
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La municipalité est gérée parYona Yahav entre2003 et2018. Il est élu comme candidat d’une liste soutenue par les partisShinouï, les Verts et Ishud Haschchunot.
Yahav est battu en 2018 par la liste de gauche menée parEinat Kalisch-Rotem.
Sur le plan militaire, la ville abrite également une importante base navale deTsahal pour ses opérations en mer Méditerranée. La flotte stratégique de nouveauxsous-marins declasse Dolphin y trouve sonport d’attache.
↑a etbIlan Pappé,The Making of the Arab Israeli Conflict 1947-1951, I. B. Tauris, 1992,p. 72.
↑a etbBenny Morris, « Revisiting the Palestinian exodus of 1948 », dansThe War for Palestine: Rewriting the History of 1948, Cambridge, 2001, pp. 37-59.
Dans le romanAurore noire deGérard de Villiers, paru en 2005, la ville de Haïfa est la cible de terroristes islamistes qui veulent faire exploser une bombe nucléaire artisanale dans son port.
Rue Yefe Nof, une rue située en haut du mont Carmel.