Enautomne, unehaie vive poussant en bordure de chemin àÖhringen, Allemagne.Enhiver, unedouble haie taillée encadrant un sentier de Tchéquie.Auprintemps, une toute jeunehaie reconstruite desaules et incorporant desfascines en fagots, ceci pour stabiliser des terrains soumis au ruissellement dans le Pas-de-Calais, France.Enété, deshaies naturelles séparant des parcelles agraires et formant un paysage debocage àNorth York Moors, Angleterre.
Unehaie est une structure végétale linéaire associantarbres,arbustes etarbrisseaux (fruticée),sous-arbrisseaux et autresplantes indigènes qui poussent librement, ou sont entretenus pour former uneclôture entourant une unité foncière, ou pour constituer un abri à unefaune locale et uneflore spécifique formant unbiotope particulier.
La haie est moins répandue dans les régions aux sols pauvres et acides ou fortement soumises auxembruns et vents littoraux, là où touteplante ligneuse élevée a du mal à se développer. Elle est alors remplacée par desmurets de pierres sèches plus ou moinsvégétalisés (haies murées), des techniques detreillage (treille), deplessage (haies plessées de bois vif) ou même depalissage (palissade de bois mort).
Le volume des haies est maîtrisable enarboriculture par lataille (émondage, coupe sélective,élagage, etc.) sous l'action descisailles, de latronçonneuse ou dutaille-haie dujardinier ou de l'arboriste. La technique de haie taillée, destinée à guider la croissance des plantes, est poussée à ses limites avec l'art topiaire appliqué sur les haies desjardins à la française. Née à l'époque de laRome antique, cette méthode consiste à tailler les arbres et arbustes dans un but décoratif pour former des haies, des massifs ou des sujets de formes très variées (géométriques, personnages, animaux, etc.). Desplantes sempervirentes, à petites feuilles et à port compact, se prêtent à cet usage : l'if et lebuis (très utilisé car compact et de pousse lente), lelaurier-cerise, lecyprès, et même lelierre.
L'épaisseur limitée de la haie, en général d'un à cinq mètres de large, en fait unécosystème particulier associant une face ombrée (située au nord dans l'hémisphère nord), un cœur stable et dense, et enfin une face ensoleillée (orientée au sud). Les haies sont usuellement disposées en limites deparcelle pour assurer la séparation des propriétés ou la protection contre l'intrusion. Mais certaines haies sont placées en intérieur de parcelle pour séparer des cultures (cas dans lesjoualles) ou pour attirer une faune utile à l'écosystème en présence, auxagriculteurs biologiques etdurables, auxsylviculteurs, auxpermaculteurs, auxmaraichers ou auxjardiniers éclairés.
Une haie sera plus ou moins « sauvage » en fonction de l'intervention humaine (ou de la non-intervention) sur ses constituants.
Un exemple de bocage d'un grand intérêt paysager et écologique, mêlant des haies naturelles, vives (à pousse libre) et basses (taillées), des champs cultivés et desprairies qui forment un véritablecorridor biologique entre la partie montagneuse (en fond) et la vallée. Photographie prise dans la région de Eildon, enÉcosse qui serait l'ultime demeure duroi Arthur, un des héros les plus célèbres de la tradition européenne.
La haie naturelle (à pousse libre avec desessences sauvages locales) est une haie haute et large qui protège les cultures et laflore autochtone de sa bordure, de l'action desintempéries (pluies, inondations, vents, gel, etc.). Gage de fortebiodiversité, elle est constituée d'espèces et essences autochtones et variées qui attirent une faune riche et utile. Et ceci par opposition, aux« haies plus artificielles » que sont les haies taillées ou végétalisées.
La haie vive (à pousse libre, mais avec des essences d'origines diverses et parfois exotiques) est une haie large et touffue abritant des arbres et arbustes qui ne sont pas ou peu taillés. Ces arbres et arbustes grandissent sans contrainte et abritent unécosystème particulier et riche ; et ceci contrairement aux« haies à pousse contrôlée » que sont les haies taillées ou végétalisées.
La haie taillée est à pousse contrainte par des interventions humaines faites à intervalles réguliers. La taille aura trois objectifs différents, selon le type de haie et surtout selon la volonté de son propriétaire :
réduire les épaisseur et hauteur parélagage, afin d'en limiter l'expansion sur la parcelle ou sur le voisinage.
produire du bois (hiver) ou du fourrage à bétail (été) parémondage, une technique traditionnelle de taille des haies. À cet effet, certaines haies sont constituées spécialement d'arbres têtards ébranchés de manière répétée (tous les sept ans par exemple) pour "en sortir"fourrage,bois de chauffe,pieux, piquets, perches, etc. À la suite de cet élagage drastique et répété dans le temps, des troncs verticaux massifs et solides se forment peu à peu. Ils permettront la réalisation depoutres solides etplanches épaisses de qualité. Il y a moins d'un siècle, cette technique en survivance était très usitée dans les bocages breton, normand ou gâtinais.
réaliser un décor de haie taillée mise en forme forcée, à coups de cisailles. Généralement constituée d'une seule espèce persistante à pousse lente (if, buis ou lierre), cette haie taillée basse sera de faible valeur écologique ; comme l'est aussi la plus haute haie végétalisée.
La haie-mur végétalisée (haie monospécifique oubéton vert) est à pousse très contrainte pour former une sorte de mur végétal géométrique. Généralement urbaine, cette haie-clôture haute (plus ou moins deux mètres) en forme de mur est constituée d'une plantation uniforme decyprès, delauriers,troènes ou dethuyas ; tous à pousse rapide. Ces arbres persistants qui dépassent habituellement les dix mètres, sont avec le temps affaiblis par d'innombrables tailles réalisées aucordeau et autaille-haie. Ce type de haies est ainsi plus sensible auxsécheresses et auxmaladies (jaunissement, puis mort). Il est aussi déserté par lafaune ; et ceci contrairement aux haies naturelles ou vives très bio-diversifiées qui évoluent librement.
Le termehaie a pu désigner originellement autre chose qu'une rangée d'arbres, puisqu'on le trouve dans le sens de « lisière de forêt » sous la forme anciennehaye en toponymie (cf.La Haye-Aubrée, etc.), voire par extension desmassifs forestiers eux-mêmes. Cependant, le sens actuel est clairement attesté dans lePsautier de Cambridge auXIIe siècle : « clôture faite d'arbres d'arbustes servant à protéger un champ ou un jardin ».
Le mothaie est issu du germanique*hagja qui a déjà le même sens[1] reconstitué d'après le moyen néerlandaishegge, haie, clôture. On le trouve en latin médiéval sous la formehaja dès leIXe siècle. Le même étymon indo-européen*khag- « entouré de » a aussi donné le celtique*kagio- qu'on trouve sous les formescaïo,cagio,cagium en bas latin[2], à l'origine des termesquai (forme normano-picarde) etchai (forme du français central)[3],[Note 1].
De nombreuxtoponymes forestiers utilisent ce terme, où il désigne bien la forêt.
En France, la plus célèbre est laforêt de Haye, qui couronneNancy. Moins connue, la forêt de Front de Haye[Où ?], où se déroulèrent des combats au cours du premier conflit mondial. Au nord d'Avesnes-sur-Helpe, une forêt linéaire formant un arc de cercle (autrefois un cercle complet, avec une extension vers l'est) est la « Haie d'Avesnes ». Toute laThiérache était constellée de haies, dont certaines existent encore : la haie deFourmies, qui est de forme massive et non linéaire (ce mot désigne donc bien une forêt) ; les haies deCartignies, d’Aubenton etRumigny, deBohain etBeaurevoir ou deGommegnies. Une structure comparable a existé en Champagne, la haie deNangis. Ces forêts linéaires, selon certains auteurs, auraient eu un rôle défensif, à l'instar des « zassieka » qui protégeaient l'État de Moscou des attaques de cavalerie notamment entre lesXVIe et XVIIIe siècles.
Ce mot étant caractéristique des régions du nord de la France où l'influence germanique a été sensible, ailleurs en France, on rencontre d'autres termes, par exemple : dans leCharolais, les haies qui délimitent les champs et prés sont appelées destrasses ; le terme debouchure est utilisé dans l'Allier et enSaône-et-Loire.
Les haies dubocage traditionnel (ici duCotentin, en France, vers 1945) offraient un compromis intéressant entre protection et exploitation des sols et desécosystèmes. Souvent associé à la culture de fruitiers et à l'élevage laitier, il permettait des systèmes polyculture-élevages autonomes etrésilients, fonctionnant en boucle fermée, c’est-à-dire sans intrants, et sans déchets.
Les haies ont été plantées en Europe et enFrance dès l'Antiquité :Jules César, dans laGuerre des Gaules, parle des haies défensives utilisées par lesNerviens. AuMoyen Âge, elles ont permis aux paysans d'avoir accès au bois, alors que les seigneurs détenaient l'accès à certainesforêts (Silva Forestis), notamment pour la chasse, et qui étaient interdites de défrichement. Les haies fournissaient lebois de chauffage, indispensable à la cuisine, ainsi qu'un complément appréciable d'alimentation grâce aux fruits et aux petits animaux qu'elles abritaient.
On les retrouve plus fréquemment à partir duXVIe et duXVIIe siècle, accompagnant un processus d'appropriation des sols par une bourgeoisie urbaine. On les utilisait alors pour clore son terrain et délimiter sa propriété mais également pour empêcher les autres paysans de venir faire paître leurs troupeaux. Des modes detaille et d'entretien comme leplessage renforçaient leur caractère infranchissable[Note 2].
À cette époque, au gré du développement des villages, la mise en place de haies s’est progressivement intensifiée pour donner la traditionbocagère qui a façonné le paysage rural jusqu'à la révolution industrielle. En Bourbonnais, à l'époque contemporaine, certains baux de métayage stipulaient l'obligation de planter chaque année une certaine longueur de haie[4].
À la fin duXVIIIe siècle, l'Académie française[5] définit la haie comme une« clôture faite d'épines, de ronces, de sureau, [etc.] ou seulement de branchages entrelacés », en précisant qu'on appelle« haie vive, une haie d'épines, ou d'autres plantes de même espèce qui ont pris racine ». En1798, les académiciens ajoutent qu'on appelle « haie morte ousèche, celle qui est faite d'épines ou d'autres bois morts entrelacés. »
La centaine de mètres de cettehaie arrachée entre deux champs de maïs vient s'ajouter aux deux millions de km de haies supprimées depuis 1945. ÀRéville-aux-Bois (Meuse) en 2013.Néo-bocage auxAçores,Portugal. Le néo-bocage très artificiel et trop géométrique est généralement monospécifique (une seule espèce) et d'une même classe d'âge. Il est pauvre enbiodiversité, ce qui est aggravée par des apports depesticides.Une haie arrachée provoque rapidementrégression et dégradation des sols (érosion). En effet, lesruissellement de pluies et inondations hivernales lessivent leslabours dont lamatière organique et l'humus s'échappent sans être bloqués. La haie supprimée ne retient plus le sol.Néo-bocage rectiligne,Dakota, États-Unis. Ces haies néo-bocagères aseptisées et sans diversité seront seulement de médiocres sources de bois à bas prix pour lasylviculture intensive.Sur fond de haies, un tas deplaquettes forestières, un des produits de valorisation des haies. Ces plaquettes sont l’une des quatre sources d’approvisionnement deschaudières aubois énergie (avec les bûches, les granulés de bois (oupellets) et lessciures ou autres déchets connexes descieries).
Leremembrement des années 1960 en France a abouti à l'augmentation de la taille des parcelles et corrélativement à la suppression des haies, destalus et desfossés. De plus, des surfaces en cultures de printemps comme labetterave sucrière, lavigne, letournesol et lemaïs encouragées par les subventions nationales etaides européennes aux grandes cultures ont éliminé les haies et ont laissé la terre à nu en hiver.
Les remembrements imposés sur nos parcelles à haies et nos bocages ont ainsi causé la perte de dizaines de milliers de kilomètres de haies : 45 000 km de haies ont disparu chaque année de 1975 à 1987 en France selon l'IFEN. Au total, ce sont deux millions de kilomètres de haies qui ont disparu du paysage bocager mondial sous les mauvais coups de charrues de l'agriculture intensive.
En France, diverses aides existent aujourd’hui pour la plantation de haies, pour la restauration de véritablescorridors boisés (zones-refuge, noyaux de biodiversité et d'essaimage), dans le cadre de laTrame verte et bleue[Note 3],[7].
Sont considérés en général comme éléments de Trame verte et bleue promue par les régions ou leGrenelle de l'environnement : certaines forêts, leszones humides, les coteaux calcaires, les zones dunaires, les falaises, et les haies. Car ces lieux spécifiques constituent des milieux plus épargnés par les impacts des activités humaines (perturbations,pollutions,bruit,pollution lumineuse,engrais etpesticides ou destructions directes). Unezone de connexion biologique deshabitats naturels de la Trame verte et bleue a généralement un triple objectif : restaurer, protéger et gérerin situ la biodiversité ; ceci en favorisant l'auto-entretien par maintien des conditions minimales de vie et de circulation nécessaires à la survie des espèces animales et végétales. Mais les élus régionaux européens font preuve d'un manque de volonté pour créer dans leur région des zones boisées sous Trame verte et bleue.
Cette politique d'actions et de sensibilisation aux enjeux écologiques et économiques des haies permet aux agriculteurs de gagner en autonomie. Elle assure la préservation du bocage et de haies devenus rentables. Et elle met en évidence nombre d'avantages de la haie qui furent pendant un temps oubliés ou sous-estimés.
La haie et lebocage, et notamment les réseaux de haies vives constituées d'espèces autochtones adaptées aux stations présentent de nombreux intérêts pour les cultures et plus généralement sur l’environnement. Les agriculteurs appréciaient autrefois leurs capacités à délimiter les parcelles, en fournissant du bois d'œuvre et de chauffage et des perches, tout en protégeant les cultures du vent (fonction brise-vent) et de l'érosion, en abritant le bétail et en servant de refuge à de nombreuses espèces utiles comme auxiliaires de l'agriculture.
Une haie dechênes têtards et desaules têtards avantémondage. Ce type d'arbres souvent implantés en haies produisent du bois de construction ou de chauffe, du fourrage pour le bétail, et sont dénommésarbres têtards.
Une haie bien fournie peut être très efficace pour préserver une propriété du regard des voisins, ou de la vue d'une route ou d'un paysage peu intéressant.
Contrôle des ravageurs agricoles, sylvicoles et des vergers
Les haies et leur strate herbacée ont une fonction de conduction (corridor biologique) pour plusieurs espèces dites "utiles", jouant notamment un rôle dans la régulation des populations de ravageurs[9],[10]. Les prédateurs insectivores forestiers peuvent grâce aux haies continues accéder à une partie du paysage agricole semi-ouvert et aux vergers où ils peuvent jouer un rôle d'auxiliaire de l'agriculture[11].
La haie influe à son échelle sur leclimat général d'une région et la végétation qui lui est associée (biome), car elle joue un rôle de régulateur microclimatique :
en été, elle offre de l’ombre, et sonévapotranspiration augmente la sensation de fraîcheur et la formation plus durable derosée ;
en hiver et la nuit, elle offre une protection contre les vents froids. Cultures d'hiver,potagers, jardins,vergers ou maisons sont protégés des coups de vent ;
du printemps à l'automne, en climat tempéré, la haie naturelle a un effet tampon : elle capte la chaleur pour la restituer progressivement.
Forte à l'abri d'une haie vive sauvage qui est suffisamment haute et dense ; mais non étanche au vent qui passant à travers est très ralenti en sortie ;
Faible derrière un « mur végétal » à hauteur limitée et composé deconifères exotiques densément plantés (cyprès, thuyas, troènes…), le vent se heurte à l’obstacle et l’impression de froid peut augmenter à cause des turbulences plus importantes. Ces haies sont par ailleurs bien plus sensibles auxtornades estivales qui les renversent ou auxtempêtes hivernales qui les gèlent.
Une haie naturelle en bordure de champs, un « piège à carbone » qui produit du bois et de l'oxygène, protège les cultures contre les vents et gelées, stocke l'eau d'hiver pour la restituer l'été, et abrite notamment desinsectes pollinisateurs et toute unefaune auxiliaire (desrapaces, par ex.) qui repoussent les nuisibles (Lutte biologique).
S'opposant auruissellement et favorisant l’infiltration de l’eau le long de ses racines, la haie contribue à améliorer l’alimentation desnappes phréatiques et à limiter à la fois les risques et effets des phénomènes de sécheresses/inondations. De plus, elle ralentit fortement l’érosion éolienne ou hydrique des sols. En effet, une haie de 1 m de haut protège du vent les 10 m de sol suivants.
Par ailleurs, les haies composées d’arbres fourragers (frênes,robiniers,ormes,érables,mûriers) peuvent apporter, en plus du gîte, un complément appréciable pour l’alimentation des prédateurs s'attaquant aux ravageurs[12].
Les haies comportant des arbres (frêne, charme, chêne, saule, etc.) taillés en têtard constituent une source renouvelable de bois-énergie. Brulé dans unpoêle de masse (scandinave par exemple), unecheminée avecinsert (foyer fermant), ce bois de chauffe est peu polluant du fait qu'il est partie d'un cycle vertueux : piégeant lecarbone (C), lesarbres têtards repoussent en consommant le gaz carbonique (CO2) rejeté lors de la combustion de leurs anciennes branches, et leurs feuilles rejettent de l'oxygène (O).
Dans le contexte actuel de forte réduction de labiodiversité, la haie contribue à préserver ou restaurer ce qui peut encore l’être, notamment grâce à ses fonctions de remaillage desécosystèmes soumis à unefragmentation croissante[14].
Les haies vives forment des réseaux decorridors écologiques reliant des sites boisés ou systèmes de lisières ou clairières utiles ou nécessaires au déroulement des cycles biologiques de la faune : sites de nourrissage, de repos, d’hibernation, de reproduction, etc. La haie est aussi un corridor essentiel pour certainschampignons forestiers et pour des plantes forestières (soit par le transfert de leurs fruits ou graines par des animaux circulant dans les haies, soit par un bon transfert depollen de certaines espèces[15], malgré le caractère « linéaire » de la haie (par ex pourTrillium grandiflorum, étudié au Canada)
Les haies plantées en privilégiant les espèces locales etgénétiquement diversifiées participent à la conservation de ladiversité génétique, éventuellement complétée par deshaies sèches (qui peuvent aussi être un moyen de préparer une haie vive).
En outre, labiodiversité nécessitant à la fois uneintégrité écologique, une certainehétérogénéité écopaysagère et unecomplexité des écosystèmes ; la haie différencie des zones plus ou moins abritées des intempéries, et des zones d'ombre et de soleil, plus sèches ou plus fraîches et humides, aux sols moins colmatés, etc. Elle offre à un grand nombre d’espèces le minimum de complexitéécopaysagère nécessaire à leur survie.
Pour augmenter encore lepotentiel écologique de la haie, on peut y introduire ou conserver des arbres sénescents,têtards et dubois mort afin d’offrir aux insectesxylophages la nourriture et l'habitat dont ils ont besoin et aux oiseaux et mammifèrescavernicoles les abris et la nourriture qui leur sont vitaux. Selon le contexte, on pourra aussi utilement lui associer unebande enherbée, un fossé, un réseau demares ou destalus.
Le paysage bocager est de plus en plus menacé. Les haies représentent, au regard d’une politiqueproductiviste, une surface agricole non exploitée. Il est donc fréquent qu’elles soient rasées sans autre forme de procès. En replantant les haies, et en tentant de recréer un réseau, on contribue efficacement au maintien de ce paysage traditionnel descampagnes et à la restauration d'agroécosystèmes plus riches, productifs et résilients[16].
Une haie bien pensée confère au terrain un potentiel esthétique non négligeable. En plantant des arbres à fleurs ou à baies, on peut apprécier, à chaque saison, une nouvelle palette de couleur. De plus, certaines espèces sont particulièrement odorantes, lechèvrefeuille par exemple, donnera une touche agréablement parfumée à la haie.
La bande arbustive ou bande arbustive naturelle est une haie d'au minimum trois mètres de large (et jusqu'à 5 mètres, et plus) composée d'arbres,arbustes,arbrisseaux etsous-arbrisseaux ; en mélange. Elle est presque un petit bois allongé. On la trouve souvent sur des largestalus pentus séparant deux parcelles. Elle est aussi idéale en ville comme à la campagne, pour créer un univers paysager empli de verdure et de biodiversité en fond de jardins ; notamment ceux qui ont une forme allongée.
Sa hauteur varie de 7 à 20 mètres(pour une épaisseur de 3 à 5 mètres).
La haie vive ou haie libre associe des arbustes à feuilles caduques ou persistantes. Elle est généralement composée de quatre à huit espèces, choisies pour leurfloraison, leurfructification ou leurfeuillage automnal décoratif. Lataille permet d’équilibrer les différents végétaux entre eux et de limiter un développement excessif.
Sa hauteur varie de 7 à 20 mètres(pour une épaisseur de 3 à 5 mètres).
Haie brise-vent en fond de terrain qui protège unepâture (foin) de vents dominants qui pourraient la coucher.
La haie brise-vent ou haie haute composite est une haie haute. Elle est efficace pour protéger les cultures en augmentant la productivité d'une parcelle dans les premiers mètres après la haie. Ces haies présentent de nombreux intérêts pour les cultures en abritant aussi des auxiliaires de l'agriculture[17]. Cette haie composite est constituée d'espèces de haut jet, de bourrage haut et de bourrage bas[18].
Sa hauteur varie de 7 à 20 mètres(pour une épaisseur de 3 à 5 mètres).
La haie fruitière ou haie productive, telle la haie fruitièreà la diable[19] est une haie qui allie plusieurs avantages : un brise-vent délimitant deux parcelles, en plus d'une production fruitière diversifiée (pêches, prunes, raisins, mûres, châtaignes, noix, noisettes, etc.) comme dans unverger. Une taille sélective d'hiver permet de faire entrer la lumière solaire sur les rameaux fructifiant. Sa hauteur varie de 3 à 7 mètres(pour une épaisseur de 2 à 5 mètres).
Lahaie belge est une forme d'espalier (arbre, le plus souvent fruitier, taillé en forme plate) qui tresse un ensemble d'espaliers pour former une haie fruitière. Avec cette technique ancestrale (du Moyen Âge, en Europe), la lumière solaire pénètre l'espalier autant qu'en arbre « normal », tout en occupant beaucoup moins d'espace.
La haie taillée ou haie-mur végétalisée, surnommée « béton vert », est taillée sur ses deux côtés et sur le dessus. Elle clôt une propriété, comme lahaie plessée traditionnelle.
Une haie taillée « décorative » à espèce unique persistante subit unetaille sévère avec untaille-haie pour former une sorte de « mur végétal » taillé sur ses deux côtés seulement.
Une haie taillée peut associer des arbustes à feuillescaduques taillés de manière plus douce à lacisaille de jardinier paysagiste. Ce type de haie taillée est plus haute afin d'offrir une meilleure protection et d'accueillir plus de faune.
Une jeunehaie plessée qui deviendra progressivement infranchissable.Haie de Benjes nouvellement plantée qui est constituée de branches de bois mort. Elle servira d'abri à la faune dont les déjections garnies de graines donneront naissance en quelques années à une haie naturelle.
Certaines techniques efficaces de cultures sur arbres, de plessis de bois vif, ou d'entassement de bois mort permettent de réaliser habilement des haies spécifiques du plus bel effet :
Hermann Benjes, écologue allemand (-), a décrit à la fin des années 1980 une technique originale, proche duplessage mais réalisée avec du bois mort. Les "haies de Benjes"[20] sont des haies constituées de branches de bois mort disposées à l'horizontal sur le sol (comme enforêt). Elles servent d'abri et de réserves de nourriture auxoiseaux et autres animaux. Ceux-ci déposent leursdéjections pleines degraines dans ces monticules de bois, donnant ainsi naissance en quelques années à une haie naturelle d'essences locales variées[21].
Unehaie vive tressée est une haie particulière au Pays basque. Appelée "Zerralia" en langue basque, elle marque le paysage et crée le bocage, un espace avec plusieurs parcelles consacrées à l'élevage ou à l'agriculture. La haie assure le rôle de défense naturelle contre les bêtes.
Au six types de haies précédents et aux quelques haies particulières, on pourrait aussi ajouter d’autres arrangements végétaux comme les bois, boqueteaux,bosquets, les bandes boisées ou lesallées boisées. Mais ceux-ci se rapprochent plus duboisement que de la haie.
Le choix des essences sera déterminé par un grand nombre de facteurs, parmi lesquels on peut citer la composition du sol, l’exposition du terrain, l’espace disponible, ou encore la forme, le style ou le but recherché.
Un grand terrain permettra de planter la haie sur deux rangs en quinconce, pour offrir aux animaux plus d'espace. Il est important d'utiliser des espèces indigènes en mélange et de les alterner tous les trois ou quatre pieds.
On peut mélanger les espèces à feuillescaduques, persistantes et celles au feuillagemarcescent. En effet, les arbres persistants resteront verts toute l'année, alors que les arbres à feuilles caduques perdent leurs feuilles en hiver, mais prennent des teintes très variées en fonction des saisons. Les arbres à feuillage marcescent ont leurs feuilles qui flétrissent pendant l'hiver mais sans tomber.
Les quatre tableaux ci-dessous donnent quelques exemples des espèces indigènes que l'on peut planter en France, et plus généralement enEurope occidentale (enclimat océanique). Pour lesespèces indigènes auCanada (declimat continental), il sera nécessaire de consulter la note en suite des tableaux.
{{Séchoir}} = Pour éviter la perte des fruits parpourrissement, couper en lamelles les fruits non consommés. Puis lesdéshydrater dans unappareil électrique ou solaire distribuant de l'air chaud. Après ceséchage, on pourra les stocker pendant de nombreux mois dans un simple bocal en verre fermé. Cesfruits secs pourront être consommés en l'état, ou bien cuisinés réhydratés (comme leslégumes secs).
Les arbres porteurs d'agrumes, à l'exception ducitronnier épineux, sont sensibles augel et ne sont donc à planter directement en terre (enverger, haie fruitière ou en solitaire) qu'enclimat méditerranéen ouocéanique très doux. À défaut de ce type de climat, il faudra planter chaque arbre en grand pot d'argile qui, l'hiver venu, sera rentré en serre ou véranda chauffées.
AuQuébec (Canada), ou même dans le Nord-Est de la France, arbres et arbustes doivent résister à des vagues de froid intense. Avant de choisir un plant, il sera nécessaire de vérifier si l'essence s'adaptera. On pourra s'informer utilement sur les sites :d'Evergreen[27] et del'Expert des Haies[28].
Plantation de deux rangées d'arbres etarbustes disposés enquinconce. Dans l'exemple, un sentier est bordé de deux haies à double alignement d'arbres implantés en quinconce.
Uneespèce indigène est uneespèce qui croît naturellement dans une zone donnée de la répartition globale de l'espèce et dont le matériel génétique s'est adapté à cet endroit en particulier. Une espèce indigène est donc particulièrement adaptée auclimat, à lafaune et à laflore qui l’entourent.
Planter une espèce indigène permet de maintenir les équilibres écosystémiques de la région :
Une espèce indigène a évolué en même temps que la faune du milieu. La flore indigène répond donc parfaitement aux besoins de la faune, en termes de nourriture, d’habitats, etc.
Les espèces locales ont de plus en plus tendance à disparaître. On les remplace fréquemment par des espèces exotiques plus colorées, mais bien souvent parfaitement inadaptées au milieu. Cultiver des espèces indigènes permet de maintenir un réservoir génétique de semences locales.
En plantant les espèces locales, on favorise la mise en place decorridors écologiques et on contribue à rétablir les interconnexions entre les différents milieux.
À titre indicatif, le tableau suivant nous renseigne sur la richesse comparée des communautés d'Invertébrés ouinsectes abrités enEurope occidentale par desespèces végétales indigènes, en comparaison avec lesespèces végétales exotiques importées :
« Plantation en quinconce » pour une optimisation de l'espace disponible : ladisposition en quinconce permet de planter plus d'arbres sur une même surface[29] Schéma de gauche : avec la « plantation en carré », chaque arbre est planté en point d'intersection de deux lignes. Dans cette plantation en carré, les lignes sont plus espacées entre elles que dans la plantation en quinconce, et de l'espace est ainsi perdu entre les arbres. Schéma de droite : tous les arbres sont à égale distance les uns des autres. Chaque arbre se trouve équidistant de six arbres voisins. Il occupe ainsi le centre d'unhexagone aux sommets duquel sont placés les six autres. En plus de l'espace gagné, cela permet d'optimiser lapollinisation des fruitiers et donc leur fructification future (plus de fruits). Calcul de quinconce : La distance d'une ligne à l'autre représente la hauteur d'untriangle équilatéral ayant pour côtés la distance d'un arbre à l'autre. Si on prend comme unité de mesure la distance A des arbres entre eux, la distance R entre les rangées sera donnée par la formule : R=A * 0,86602
Préparation : Marquage du terrain pour repérer lesemplacements des plants ; pour réaliser une haie denseécologiquement idéale, les arbres et arbustes sont disposés sur trois rangs et plantés enquinconce. Lesarbres les plus hauts devront être plantés en ligne centrale. Et lesarbustes etarbrisseaux (arbres bas) le seront sur les deux lignes extérieures.
Creusement : On creuse des trous individuels à lapelle et à lapioche, ou bien une tranchée avec unepelleteuse).
Compost : Ajouter ducharbon de bois pilé aucompost, puis déposer le tout en fond de trou. Ce substrat fertile deTerra preta activera la pousse de la haie.
Tailles : Lesrameaux etracines abimés duplant sont supprimés ausécateur. Les bouts de racines le sont aussi ; ceci à fin de stimuler le racinage du plant.
Pralinage : Lepralin sur racines les cicatrise et apporte les nutriments pour redémarrer en pousse. Assez pâteux, il colle à chaque racine pour être efficace.
Plantation : Racines posées étalées surcompost, puis terre versée. Une fois le trou comblé, il faut piétiner dessus pour tasser (air chassé et plant stabilisé).
Drainage : Comblement du trou deplantation achevé par pose degalets ou autres. Cepaillis lithique facilite l'arrosage, draine les pluies et réchauffe le sol.
Arrosage : Le premier arrosage sur plantation est très important. L'eau va couler jusqu'aux racines ainsi réhydratées et emprisonnées de terre (l'air est chassé).
Tuteur : Si l'arbre est grand ou placé en endroit venteux, un système detuteurs qui ne le blessera pas, sera nécessaire : troispieux (piquets en bois) plantés en triangle autour de l'arbre. Trois tendeurs en caoutchouc reliés aux piquets maintiendront verticalement l'arbre pris dans des rafales de vent.
Paillage :Paillis en pied de chaque plant avec dupaillis ou duBRF (foin etpaille à défaut) qui se décomposera lentement et se transformera encompost.
Protections : En région forestière, la pose de protections anti-rongeurs etcervidés (image ci-dessus), voire d'un grillage temporaire, peut s'avérer très utile.
De nombreux textes réglementent la plantation et l'entretien des haies situées à proximité des bâtiments et habitations. Mais ils se raréfient en milieu strictement rural.
Issue du Code napoléonien, la réglementation française se borne essentiellement auxhaies urbaines. Ces textes sont basés surtout sur des règles de bon voisinage : notamment sur la distance des plantations (Code civil art. 671/1), l’entretien et la responsabilité du propriétaire (Code civil art. 673), les haies mitoyennes (Code civil art. 666 à 670 et art. 1322) ou l’entretien de ce type de haie implantée à cheval sur deux propriétés différentes (Code civil art. 667). Des informations légales sont disponibles sur le siteLegifrance, ou auprès des services techniques des mairies et des Directions de l'Agriculture.
Concernant leshaies bocagères et contrairement auxforêts et leurcode forestier, jusqu'à récemment il n'existait aucune réglementation spécifique à la haie bocagère. Ainsi l'arrachage ou la plantation dépendaient de la volonté individuelle de propriétaires fonciers[4]. La France fut le dernier pays de l'Union européenne à mettre en place de telles mesures de préservation des haies, en avril 2015. Ces dispositions de protection sont assorties de mesures compensatoires qui vont permettre indirectement une rallonge du montant des primes pour les agriculteurs[30].
L'article 4 de l'arrêté du 24 avril 2015 relatif aux règles debonnes conditions agricoles et environnementales (BCAE)[31] interdit la destruction des haies en dehors des cas prévus par cet arrêté, et rend obligatoire la déclaration préalable à la direction départementale chargée de l'agriculture de toute destruction, déplacement ou remplacement de haie. Lors du déplacement de la haie, la longueur de haie replantée, en une ou plusieurs haies, doit être au moins de même longueur que la haie détruite. Cet article interdit en outre de tailler les haies et les arbres entre le 1er avril et le 31 juillet de chaque année.
Tout déplacement, remplacement ou destruction d’une haie en dehors du cadre dérogatoire réglementaire, ainsi que toute absence de déclaration préalable lorsqu’elle est obligatoire, est passible d’une réduction des aides au titre de la conditionnalité[32].
↑Étymologie sans rapport aveccage, issu du latincavea, dérivé decavus qui a donnécave.
↑Issu des techniques de haies défensives gauloise. CfLa guerre des Gaules.
↑ex : Appel à projet en 2008 de « création de corridors biologiques boisés » lancé par la région et laDIREN duNord-Pas-de-Calais, destiné auxPNR, aux agglomérations, communautés de communes, pays et communes « engagés dans une stratégie de préservation et de restauration de la biodiversité » (appel clos le 30 septembre 2008).
↑Philippe Pointereau, Frédéric Coulon, « La haie en France et en Europe : évolution ou régression, au travers des politiques agricoles », inActes du colloque "Premières rencontres nationales de l'arbre et de la haie champêtre", Auch (Gers), 2006, 11 p.
↑A. Colin, A. Thivolle-Cazal, C. Barnerias, F. Coulon, C. Couturier, M. Salis, « Évaluation de biomasse ligneuse d'origine forestière, populicole et bocagère disponible sur la période 2006-2020 », étude réalisée pour l'ADEME par l'Inventaire forestier national (IFN), avec l'Institut technique forêt cellulose bois ameublement (FCBA) et l'associationSolagro, 2009, 99 p.
↑Armand, E. (1985).Étude du cortège de parasitoides du psylle du poirier Psylla pyri (L.) (Homoptera: Psyllidae) au cours de la période hivernale, printanière et estivale. Mémoire de DEA. Avignon (FR), Avignon.
↑Blommers, L. H. (1994).Integrated pest management in European apple orchards ; Annual Review of Entomology 39: 213-224.
↑Schmucki R., De Blois S. [2009]. « Pollination and reproduction of a self incompatible forest herb in hedgerow corridors and forest patches ». Oecologia 160(4) : 721-733 (13 p., 3 fig., 5 tab., 89 réf.)
↑Marjolaine Bernier Leduc,Évaluation de la faune aviaire des haies brise-vent intégrant des arbustes porteurs de produits forestiers non ligneux, Mémoire présenté de l'Université Laval (programme de maîtrise enagroforesterie, Faculté de foresterie et de géomatique, 2007), 108 pages (Télécharger).
Emmanuel Boutefeu et Jean-Pierre Rotheval, Centre d'études sur les réseaux, l'urbanisme et les constructions publiques (France),Composer avec la nature en ville, France, Documents officiels, 2001, 375 p.,(ISBN2-11-090866-1)
Christian Cogneaux et Bernard Gambier,Plantes des haies champêtres, éd. Rouergue,(ISBN978 2 8126 0033 3) (Prix Redouté 2010)
Conseil général de l'Isère - Service Environnement,Planter des haies champêtres en Isère, 2004, 27 p.
Jean-François Debras, Rôles fonctionnels des haies dans la régulation des ravageurs : le cas du psylleCacopsylla pyri L. dans les vergers du Sud-Est de la France - Thèse de doctorat - Université d'Avignon - 2007.
Paul Devuyst, La forêt, l’or vert des hommes ? Athéna, 265 : 30-33, 2010.
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M.-D. Jalmain, « La haie de Nangis et l’étude de défrichements par photo aérienne », dans les Actes du Colloque « Le bois dans la Gaule romaine et les provinces voisines », Caesarodunum,Bulletin de l’Institut d’études latines et du centre de recherche A. Piganiol, n° XXI,p. 240-247, Paris, Errance, 1985.
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