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Pour les autres navires du même nom, voirHMS Agamemnon.
| HMSAgamemnon | ||
Duckworth's Action off San Domingo, 6 February 1806 deNicholas Pocock. L'Agamemnon est visible au loin (3e navire à partir de la gauche). | ||
| Autres noms | Eggs-and-Bacon | |
|---|---|---|
| Type | Navire de ligne declasse Ardent[1] | |
| Classe | Classe Ardent | |
| Histoire | ||
| A servi dans | ||
| Commandé | [1] | |
| Quille posée | [1] | |
| Lancement | [1] | |
| Statut | Échoué le[1] | |
| Équipage | ||
| Équipage | 500 hommes[1],[2] | |
| Caractéristiques techniques | ||
| Longueur | 49 m[3] | |
| Maître-bau | 13,5 m[3] | |
| Tirant d'eau | 6 m[3] | |
| Tonnage | 1 384 bm[3] | |
| Propulsion | Trois-mâts carré (voile) | |
| Caractéristiques militaires | ||
| Armement | Armement initial (64 canons[3],[1]) : - batterie basse : 26 ×24 livres - batterie haute : 26 ×18 livres - batterie de poupe : 10 × 4 livres -gaillards : 2 × 9 livres Après 1794 : | |
| Localisation | ||
| Coordonnées | 34° 55′ 59″ sud, 54° 58′ 52″ ouest | |
Géolocalisation sur la carte :Uruguay | ||
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LeHMSAgamemnon, surnomméEggs-and-Bacon (« Œufs-et-Bacon »), est unnavire de ligne de3e rang declasse Ardent possédant64 canons. Appartenant à laRoyal Navy, il participe à laguerre d'indépendance des États-Unis, auxguerres de la Révolution française et auxguerres napoléoniennes. C'était le navire favori d'Horatio Nelson. Nommé d'après le héros grecAgamemnon, il est le premier navire de la Royal Navy à porter ce nom.
Horatio Nelson, futur Lord Nelson, sert en tant que capitaine trois années et trois mois sur l'Agamemnon à partir de. Le navire est alors notamment actif enMéditerranée. Après le départ de Nelson, il est impliqué dans lesmutineries de Spithead et du Nore en 1797, puis il est présent lors de la premièrebataille de Copenhague en 1801, bien qu'il s'échoue avant de pouvoir participer aux combats. Malgré le penchant de Nelson pour ce navire, il nécessite des réparations régulières et aurait probablement été démoli en 1802 si la guerre avec la France n'avait pas recommencé. Le navire participe à labataille de Trafalgar en 1805 dans l'escadre de Nelson et parvient à capturer le navire espagnol de1er rangSantísima Trinidad. Par la suite, l'Agamemnon sert dans les eaux d'Amérique du Sud au large duBrésil. Sa faible condition contribue à sa destruction après son échouement, lors d'une tempête, en sur un écueil dans l'embouchure durío de la Plata. Aucun mort n'est à déclarer et la plupart des provisions du navire sont sauvées, mais l'état du bâtiment rend sa récupération impossible. Son capitaine est dégagé de toute responsabilité de cette perte grâce à des documents détaillant les défauts du navire. L'épave de l'Agamemnon est localisée en 1993 dans labaie de Maldonado et plusieurs objets sont alors récupérés, dont un de ses canons.
L'Agamemnon est commandé le auprès d'Henry Adams à son chantier naval privé deBuckler's Hard sur larivière Beaulieu[1]. Il est construit sur les plans de laclasse Ardent conçue parThomas Slade[1]. Sa quille est posée en et il est construit avec du bois provenant de laNew Forest proche. Le coût total de construction est d'un peu plus de 38 303 £. Il est mis en service le par le capitaineBenjamin Caldwell et est lancé le[4].
Une peinture du lancement de l'Agamemnon par Harold Wyllie montre un ciel bleu avec des dizaines de spectateurs[5], tandis que leHampshire Chronicle décrit la journée comme étant venteuse avec de fortes pluies, ainsi qu'avec peu de spectateurs présents[4].

Le navire est nommé d'après le héros grecAgamemnon, roi deMycènes et figure importante dans lamythologie grecque qui a participé à laguerre de Troie[6]. Il est le premier navire de laRoyal Navy à porterce nom.Horatio Nelson le considérait comme son navire favori après son passage[4] et son équipage surnomme l'Agamemnon affectueusementEggs-and-Bacon (« Œufs-et-Bacon »)[7] dont la sonorité est proche. Selon un article paru dansThe Gentleman's Magazine, son équipage le renomme ainsi parce qu'il n'apprécie pas forcément les noms classiques en vogue dans l'Amirauté au cours de cette période. Pour la même raison, les équipages duBellerophon et duPolyphemus ont aussi renommé leur navire, respectivementBilly Ruffian etPolly Infamous par exemple[8].
La coque fait 49 m de long et 13,5 m de large, avec untirant d'eau de 6 m[3]. Son armement est composé d'un total de 64 canons[3], dont 26 pièces de24 livres dans la batterie basse (lower deck), 26 de18 livres dans la batterie haute (upper deck), 10 de4 livres dans la batterie depoupe (quarterdeck) et deux de9 livres sur lesgaillards (forecastle) à laproue[1]. À ces canons, s'ajoutent deuxcaronades de 32 livres et 6 caronades de 18 livres[9]. Le navire et son artillerie nécessitent un équipage de 500 hommes, officiers compris[2]. En 1794, l'armement évolue et la batterie de poupe est changée pour 10 canons de9 livres, les gaillards reçoivent en plus deux canons decaronade de24 livres et six canons de caronade de18 livres sont installés au-dessus de la proue (roundhouse)[1].
En novembre1781, l'Amirauté reçoit des renseignements qu'un grand convoi se prépare à appareiller deBrest sous le commandement de l'amiralLuc Urbain du Bouëxic de Guichen. Le convoi est composé de navires de transport chargés de fournitures navales à destination desAntilles et de la flotte française desIndes orientales. L'Agamemnon fait partie d'une escadre de dix-huit navires, dont onze sont montés de 64 canons ou plus. Celle-ci est commandée par l'amiralRichard Kempenfelt depuis sonnavire amiral, leHMS Victory. Kempenfelt reçoit l'ordre d'intercepter le convoi, ce qu'il fait dans l'après-midi du dans legolfe de Gascogne, à environ 241 kilomètres au sud-ouest d'Ouessant. Avec l'escorte de la marine française « sous le vent » du convoi, Kempenfelt attaque immédiatement et parvient à capturer quinze navires de transport avant la tombée de la nuit. Le reste du convoi se disperse, certains navires retournant àBrest et seulement cinq atteignent les Antilles[10],[11].
Au début de l'année1782, l'Agamemnon navigue aux Antilles dans l'escadre de l'amiralGeorge Brydges Rodney, avec le contre-amiralSamuel Hood comme commandant en second. Le, labataille des Saintes commence par une escarmouche indécise, dans laquelle les navires de l'avant-garde commandée par Hood sont gravement endommagés et forcés de se retirer pour effectuer des réparations. Le, l'Agamemnon prend part à la seconde partie de la bataille. Deux lieutenants et quatorze membres d'équipage sont tués, tandis que vingt-deux autres membres d'équipage sont blessés[2].
Après la signature dutraité de Versailles qui met fin à laguerre d'indépendance des États-Unis, l'Agamemnon quitte les Antilles pourChatham où son équipage est libéré. Le navire est amarré le pour des réparations et le remplacement de sondoublage en cuivre. Il quitte ensuite le chantier naval le pour intégrer la réserve navale[2].

En prévision de la participation britannique dans lesguerres de la Révolution française après l'exécution du roiLouis XVI, l'Agamemnon est remis en service le et placé sous le commandement du capitaineHoratio Nelson. Après approvisionnement, le navire rejoint la flotte à l'ancre dans leNore[2], et effectue des patrouilles dans la Manche[12]. En escortant versGibraltar un convoi marchand, l'Agamemnon participe à la poursuite du brick françaisVaneau, finalement capturé par leColossus dans le golfe de Gascogne[13]. Après avoir escorté le convoi à l'abri d'éventuelles attaques françaises, le navire regagne, avec laMediterranean Fleet (« flotte de laMéditerranée ») du vice-amiralSamuel Hood,Cadix, qu'il atteint le[14].
La flotte britannique reprend la mer le et, après avoir croisé au large des côtes orientales de l'Espagne, gagneToulon, qu'elle atteint le, pour en faire le blocus[15]. Le, la ville de Toulon déclare son allégeance à la cause royaliste de lamaison de Bourbon et la flotte de Hood prend le contrôle de l'arsenal et des trentenavires de ligne français qui sont à quai. Dès le, l'Agamemnon est envoyé àNaples, qu'il atteint le, pour demander au roiFerdinand IV des renforts pour sécuriser la ville[16]. Le roi accepte de fournir 4 000 hommes[17]. L'Agamemnon quitte la rade de Naples le, pour poursuivre deux frégates françaises[18] qui se réfugient après une poursuite de deux jours à l'abri du fort deCagliari[19]. Après avoir échangé quelques boulets à la tombée du jour, les frégates profitent de l'obscurité pour s'enfuir, laissant Nelson contrôler les navires de commerces présents dans le port et s'emparer de l'un d'entre eux[19].
L'Agamemnon rejoint la flotte de Hood et débarque à Toulon un certain nombre de marins atteints du scorbut, réduisant l'équipage à 350 hommes environ[20]. Il est cependant envoyé àLivourne s'assurer que les navires français n'y portent pas atteinte à la neutralité du port et regagne début octobre les côtes de la Provence[21]. Le, accompagné de la frégateNemesis, le vaisseau fait voile vers le sud-est de la Sardaigne, où il doit retrouver la division du commodoreRobert Linzee qui commande l'Alcide[22]. Une fois la jonction effectuée, les navires britanniques font voile versTunis, qu'ils atteignent le1er novembre, avec pour objectif de contraindre leBey à leur livrer un convoi de blé français protégé par le vaisseau leDuquesne[22]. Devant le refus des autorités tunisiennes, les Anglais mettent en place un blocus du port, sans résultats. L'Agamemnon est bientôt rappelé à Toulon avec la frégateLowestoffe par l'amiral Hood[23].
Lorsque les armées révolutionnaires, dont l'artillerie est commandée par le jeuneNapoléon Bonaparte, s'emparent des hauteurs de Toulon, la flotte britannique est contrainte de quitter la rade, incendiant les installations portuaires et emmenant avec elle un grand nombre de vaisseaux prisonniers.
En avril et mai1794, les marins de l'Agamemnon, commandés par Nelson, participent à la capture de la villecorse deBastia. La reddition des Français a lieu le après un siège de quarante jours. Par la suite, l'Agamemnon est contraint de rejoindreGibraltar pour y subir des réparations d'urgence, le navire étant devenu très usé après seulement seize mois en mer malgré une refonte assez importante juste avant sa remise en service[2]. À la fin de ces réparations, l'Agamemnon retourne en Corse et s'ancre versCalvi le[17]. Après l'arrivée de Hood avec des navires supplémentaires, l'Agamemnon contribue avec ses hommes et ses canons au siège de 51 jours de la ville. Nelson perd la vue de son œil droit dans les combats. La ville se rend le, l'Agamemnon ayant perdu six hommes dans l'engagement[24]. Peu de temps après, les Corses se déclarent sujets de Sa Majesté le roiGeorge III[25].
LaMediterranean Fleet, désormais commandée par le vice-amiralWilliam Hotham qui avait remplacé Hood en, participe à labataille de Gênes. Une flotte française comprenant quinze vaisseaux de ligne est aperçue le et trois jours plus tard, les Français n'attaquant pas, Hotham ordonne une chasse générale. Le navire françaisÇa-Ira est démâté quand il percute l'un des autres navires de la flotte française, leVictoire. Cela permet à l'HMS Inconstant de le rattraper et de l'attaquer. L'Agamemnon et leCaptain viennent prêter main-forte et tirent sur leÇa Ira jusqu'à l'arrivée de plusieurs navires français qui conduisent Hotham à ordonner la retraite des navires britanniques. Néanmoins, leÇa Ira est capturé le lendemain par leCaptain et leBedford avec leCenseur qui le remorquait[24],[25].
Le, en compagnie d'une petite escadre de frégates, l'Agamemnon est pris en chasse par une flotte française de 22 vaisseaux de ligne et six frégates. En raison de vents défavorables, l'amiral Hotham est incapable de lui venir en aide rapidement. La flotte française est aperçue à nouveau le, au large desîles d'Hyères. Hotham ordonne à ses 23 vaisseaux de ligne de donner la chasse et dans la bataille qui suit, labataille des îles d'Hyères, l'Agamemnon est, avec leBlenheim, leCaptain, leCulloden, leCumberland, leDefence et leVictory[25], l'un des rares navires de la Royal Navy à engager la flotte ennemie. Le navire françaisAlcide « abat ses couleurs » lors de la bataille, mais prend feu et coule. La plupart des autres navires français sont également très endommagés. L'Agamemnon et leCumberland attaquent un navire de 80 canons lorsque Hotham ordonne à sa flotte de se retirer, permettant aux Français de s'échapper dans le golfe deFréjus[25]. Hotham est par la suite très critiqué pour cet arrêt de la bataille et est remplacé en tant que commandant en chef de laMediterranean Fleet par l'amiralJohn Jervis à la fin de l'année[26].
Nelson est promucommodore le et, le, il prend leCaptain commenavire amiral, laissant le capitaine John Samuel Smith le remplacer en tant que commandant de l'Agamemnon. Ayant grand besoin de réparations, le navire retourne ensuite en Angleterre.
En mai1797, alors sous le commandement du capitaine Robert Devereux Fancourt, l'Agamemnon est impliqué dans lamutinerie du Nore. Le, l'escadre de lamer du Nord se trouvant près deYarmouth reçoit l'ordre de reprendre la mer. Seuls trois navires de cette escadre, l'Adamant, l'Agamemnon et leGlatton obéissent au signal, mais l'équipage de l'Agamemnon se mutine plus tard et rebrousse chemin. Le navire rejoint le principal lieu de la mutinerie dans leNore, avec l'Ardent, l'Isis et leLeopard. Les navires atteignent leur destination le. Après un blocus deLondres par les mutins, plusieurs navires commencent à déserter la mutinerie et dans de nombreux cas en recevant des tirs des navires restants. L'ordre est finalement rétabli à bord de l'Agamemnon quand des marins loyaux et des Marines expulsent les principaux mutins hors du navire. Le capitaine Fancourt réussit à obtenir un pardon pour l'équipage restant du navire[25],[27].
Le, l'Agamemnon endommage sa coque quand il heurte les Penmarks Rocks et atteintFalmouth le. Sur le chemin vers le port, il rencontre leChilders qui lui apporte son aide et l'accompagne dans le port. Des équipes de deuxsloops, dunavire de gardeChatham et duchâteau de Pendennis pompent l'eau et l'équipage de l'Agamemnon réussit à arrêter la montée de celle-ci[28]. L'Agamemnon fait ensuite route pour Plymouth pour être réparé. Ce déplacement provoque de nouveau une voie d'eau et la nécessité de pomper. Quand il est au large dePenlee Point, le navire tire un coup de canon pour demander de l'aide puis, quand il atteint Plymouth, il est attaché à un ponton pour éviter le naufrage[29].

En réponse à l'évolution de la situation enmer Baltique qui menace en1801 de priver la Grande-Bretagne de l'approvisionnement par mer dont elle a besoin, l'Agamemnon est envoyé dans une flotte commandée par l'amiralHyde Parker et le vice-amiralHoratio Nelson pour attaquer leDanemark àCopenhague. Le, l'Agamemnon fait partie du groupe de Nelson qui combat à labataille de Copenhague. Il est placé, après leHMS Edgar, en deuxième position dans la ligne, mais il s'échoue près deSaltholm. Alors que la bataille fait rage autour de lui, l'Agamemnon, avec leBellona et leRussell également échoués, lance des signaux de détresse. Les trois navires échoués sont finalement remis à flot dans la nuit du[27].
Après lapaix d'Amiens qui met fin auxguerres de la Révolution française, l'Agamemnon est mis en cale sèche à Chatham en 1802[25],[27].
L'état général de l'Agamemnon en1802 est tellement mauvais qu'il aurait probablement été vendu ou démoli si les hostilités avec la France n'avaient pas recommencé. Au lieu de cela, après l'entrée duRoyaume-Uni dans lesguerres napoléoniennes, il sort de la réserve navale en1804 puis est mis en service le , avec à son commandement le capitaineJohn Harvey, et enfin rejoint laChannel Fleet (« flotte de laManche ») de l'amiralWilliam Cornwallis[27].
L'Agamemnon fait partie de la flotte du vice-amiralRobert Calder croisant au large ducap Finisterre lorsque, le, la flotte combinée franco-espagnole en provenance des Antilles est aperçue. Les navires britanniques se placent en formation de bataille, avec l'Agamemnon en cinquième position dans la ligne. Les Britanniques engagent la flotte de l'amiralPierre Charles Silvestre de Villeneuve dans des conditionsbrumeuses avec des vents légers. L'Agamemnon compte trois blessés dans cettebataille du cap Finisterre[25] et perd une partie de son mât d'artimon et sa voile demisaine. À la nuit tombée, la flotte de Calder s'étant dispersée, il signale l'arrêt des combats[25],[27].

Le, après une remise en état àPortsmouth, le capitaine de l'Agamemnon John Harvey est remplacé par le capitaineEdward Berry qui avait notamment commandé lenavire amiral de Nelson, leHMS Vanguard, lors de labataille d'Aboukir[25]. Le, le navire quitteSpithead pour rejoindre la flotte du vice-amiral Nelson qui réalise àCadix le blocus de la flotte combinée franco-espagnole commandée par de Villeneuve. En route, l'Agamemnon rencontre une escadre française composée de six vaisseaux de ligne et de plusieurs navires plus petits, qui lui donne la chasse. Parvenant à échapper aux Français, l'Agamemnon rejoint le blocus de Nelson le[27] et lorsque ce dernier aperçoit le navire qui s'approche, il s'écrie« Voici venir ce fou de Berry ! Maintenant nous pouvons batailler »[Citation 1],[30]. Le, dans le brouillard, l'Agamemnon capture unbrick marchandaméricain qu'il remorque. Peu de temps après, leHMS Euryalus signale à l'Agamemnon qu'il navigue tout droit vers l'ennemi, car la flotte combinée franco-espagnole commandée par de Villeneuve avait quitté le port[31].
Le, l'Agamemnon prend part à labataille de Trafalgar. En huitième position dans la colonne de Nelson, entre l'Orion et leMinotaur[32]. Une fois engagé, le navire parvient notamment à démâter le plus grand navire de la flotte ennemie, leSantísima Trinidad espagnol comptant quatre ponts et plus d'une centaine de canons[Note 1]. Avec 216 morts, leSantísima Trinidad abat ses couleurs pour se rendre et, avant que Berry puisse en prendre possession, l'arrière-garde de la flotte ennemie engage de nouvelles manœuvres après avoir été surprise par la tactique de Nelson. AvecHoratio Nelson agonisant déjà dans leVictory, son secondThomas Hardy ordonne à l'Agamemnon et d'autres navires d'intercepter l'avancée franco-espagnole. Trois navires ennemis rompent la formation et mettent le cap pour Cadix. Après avoir brièvement engagéL'Intrépide, les navires britanniques tentent de couper la trajectoire des fuyards. Au cours de la bataille, l'Agamemnon déplore seulement deux morts et huit blessés[33].
Après la bataille, l'Agamemnon, malgré une voie d'eau dans sa cale, remorque leColossus àGibraltar. Après avoir subi des réparations, le navire rejoint l'escadre du vice-amiralCuthbert Collingwood, qui avait repris le blocus de Cadix[33].

Au début de l'année1806, l'Agamemnon est avec l'escadre du vice-amiralJohn Thomas Duckworth dans lesAntilles à la poursuite d'une flotte française transportant des troupes àSaint-Domingue. Le, les deux flottes s'affrontent dans labataille de San Domingo. L'Agamemnon assiste leSuperb,navire amiral de Duckworth, dans sa lutte contre l'Impérial, navire amiral du contre-amiral françaisCorentin de Leissègues. L'Impérial s'échoue finalement et est détruit[33].
En octobre, l'Agamemnon escorte un convoi à son retour en Grande-Bretagne[34].
En 1807, l'Agamemnon fait partie de la flotte de l'amiralJohn James Gambier envoyée pour prendre le contrôle de la flotte danoise avant qu'elle ne puisse tomber aux mains des Français. Le navire participe à laseconde bataille de Copenhague et comme lors de la première en 1801, il s'échoue[34]. Après sa remise à flot, l'Agamemnon transfère ses canons dans labaie de Køge pour y établir unebatterie commune pour assiéger la ville. Les tirs commencent le et durent jusqu'à la reddition des Danois le 7.
En novembre, l'Agamemnon rejoint une escadre pour le blocus deLisbonne[34].
En février1808, l'Agamemnon navigue auBrésil avec leFoudroyant, lenavire amiral du contre-amiralWilliam Sidney Smith, où ils sont rejoints par une autre escadre. ÀRio de Janeiro, l'Agamemnon apparaît de nouveau très usé, avec du jeu entre les planches de sa coque et certains de ses boulons de charpente brisés[34]. En octobre, lui et leMonarch s'ancrent enbaie de Maldonado, dans l'embouchure durío de la Plata. Les deux navires avaient escorté le navire marchandMaria, qui transportait le chirurgienJames Paroissien àMontevideo où il participe à une opérationcharlottiste consistant à enlever l'infante d'EspagneCarlota Joaquina, épouse du roiJean VI en exil au Brésil et l'installer comme reine de lavice-royauté du Río de la Plata. Lors de cette étape, leMonarch s'échoue ce qui nécessite l'aide de l'Agamemnon. Après avoir appris que Paroissien est emprisonné, les deux navires reprennent la mer, mais sont contraints de retourner dans la baie à cause du mauvais temps[35]. Après le retour des navires à Rio de Janeiro en janvier1809, le navire est entièrement supervisé par un charpentier de marine qui dresse une longue liste de ses défauts[34].
Le, l'Agamemnon et le reste de l'escadre, désormais sous le commandement du contre-amiralMichael de Courcy, retournent en baie de Maldonado pour la troisième et dernière fois, afin de se mettre à l'abri d'une tempête[36]. En chemin, l'Agamemnon heurte un écueil entre l'île de Gorriti et la rive. Le capitaine du navire Jonas Rose tente en vain d'utiliser les embarcations ainsi que le courant pour emmener le navire au large. On découvre que le navire, qui a jeté l'ancre sur un banc de sable peu avant, a avancé sur elle dans son échouement, et l'ancre a ainsi percé la coque. Le, les magasins du navire sont vidés et tout son équipage récupéré par des embarcations en provenance d'autres navires de l'escadre. Le lendemain, le capitaine Rose et ses officiers quittent à leur tour le navire[37],[38].
La perte de l'Agamemnon est jugée encour martiale le à Rio de Janeiro, à bord duHMS Bedford. Il est constaté que le navire aurait pu être sauvé s'il n'avait pas été dans un si mauvais état général, et le capitaine Rose est logiquement acquitté[39].
En 1993, l'épave est située au nord de l'île de Gorriti dans labaie de Maldonado. Les expéditions menées par l'archéologueMensun Bound (en) ont permis de documenter les vestiges et de récupérer un certain nombre d'objets, y compris unsceau portant le nom de « Nelson »[40] et l'un des canons du pont principal du navire[38].
Le romancierPatrick O'Brian a choisi l'Agamemnon comme l'un des navires sur lesquels le personnageJack Aubrey a servi comme lieutenant, avant les événements deMaître à bord (1969), le premier roman de la série desAubreyades[41]. L'Agamemnon fait également l'objet d'au moins deux tableaux de l'artiste britanniqueGeoff Hunt, président de laRoyal Society of Marine Artists[42].
Pour marquer le bicentenaire de labataille de Trafalgar en 2005, leWoodland Trust a planté 33 arbres nommés d'après des navires de laRoyal Navy qui ont combattu dans la bataille : un pour chacun des 27 vaisseaux de ligne et six autres pour les frégates et les petites embarcations de soutien. Celui pour l'Agamemnon a été planté en novembre 2005 dans leHampshire, près du chantier naval où il a été construit[43].
Après le naufrage de l'Agamemnon en 1809, le nomHMSAgamemnon a été réutilisé par la Royal Navy pour d'autres navires, dont le vaisseau de2e rangHMS Agamemnon, lecuirassé de laclasse AjaxHMS Agamemnon, le cuirassé de laclasse Lord NelsonHMS Agamemnon, lemouilleur de minesHMS Agamemnon et le futursous-marin de laclasse AstuteHMS Agamemnon.
Enfin, l'Agamemnon Channel dans la région de laSunshine Coast enColombie-Britannique, à l'embouchure duJervis Inlet entre l'île Nelson — nommée elle d'aprèsHoratio Nelson — et lapéninsule Sechelt, a été nommé d'après le navire par le capitaineGeorge Henry Richards duHMS Plumper en 1860[44],[45].
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| Flotte britannique |
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| Flotte franco-espagnole |
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| (e) : vaisseau espagnol ; (f) : vaisseau français | |||||||||