Localisé au nord de l'équateur, mais dans lestropiques, il dispose de côtes sur l'océan Atlantique. Le Guyana est entouré au sud-est par leSuriname, au sud et au sud-ouest par leBrésil et au nord-ouest par leVenezuela. C'est, en superficie, l'antépénultième pays d'Amérique du Sud. Le Guyana est l'un des trois derniers pays sur le continent américain où laconduite se fait du côté gauche, les deux autres étant son voisin le Suriname et les Bahamas.
Guyana signifie « terre d'eaux abondantes », dans la languearawak. Le pays est caractérisé par ses vastesforêts tropicales disséquées par les nombreux fleuves, criques et chutes d'eau, notamment leschutes de Kaieteur sur le fleuvePotaro. Lestepuys du Guyana sont célèbres pour avoir inspiré le roman d'Arthur Conan DoyleLe Monde perdu, en 1912.
La capitale du Guyana,Georgetown, est située sur la côte atlantique et compte environ 245 000 habitants.
Il est dérivé deguiana, motarawak — langue d'un des plus importants groupes ethnique occupant les Caraïbes et la côte Caraïbe — qui signifie « terre de nombreuses eaux », en référence aux nombreuxcours d'eau de larégion[9].
Lorsque les premiersEuropéens arrivent dans la région autour de 1500, le Guyana est habité par lesArawaks et lesKalinago (aussi désignés par l'exonyme Caraïbes). Bien que le Guyana ait été aperçu pour la première fois parChristophe Colomb pendant son troisième voyage en 1498, il n'est pas colonisé par les Européens avant que lesNéerlandais n'y établissent en 1615 trois colonies séparées ;Essequibo en 1615,Berbice en 1627 etDémérara en 1752.
Pendant plus de deux siècles, latraite négrière fournit en main-d'œuvre les plantations européennes du Guyana. À la suite de l'abolition de l'esclavage, en 1838, les affranchis quittent en masse les plantations decanne à sucre, en dépit des restrictions visant à enrayer ces départs. Les planteurs substituent alors aux anciens esclaves destravailleurs soumis à des contrats asservissants, en provenance pour la plupart d'Inde[10]. L'arrivée de ces dizaines de milliers de travailleurs indiens restreint les capacités de négociation salariale des anciens esclaves noirs et pose les bases d'un antagonisme entre les deux principales composantes ethniques de la population du Guyana[10].
Au début des années 1950, le mouvement pour l'indépendance réussit à unir laclasse ouvrière guyanienne autour du rejet du colonialisme britannique. En 1953, une nouvelle constitution établit lesuffrage universel. Les élections d' donnent une majorité auParti populaire progressiste, jugé trop àgauche par leBureau des Colonies. Parmi les premières lois du nouveau gouvernement figure l'obligation pour les entreprises de reconnaître le droit syndical. Des troupes sont envoyées et la Constitution est suspendue. Le Bureau des Colonies justifie cette décision en déclarant que« le gouvernement britannique a décidé que la Constitution du Guyana devait être suspendue pour prévenir la subversion communiste du gouvernement et une crise dangereuse dans l'ordre public et les affaires économiques »[11].
En 1963, le gouvernement progressiste du « ministre en chef »Cheddi Jagan résiste à une tentative decoup d'État qui laisse170 morts[12]. La Guyane britannique accède finalement à l'indépendance en 1966 sous le nom de Guyana.
En 1974, le révérendJim Jones, gourou de lasecte leTemple du Peuple, crée la communautéJonestown, à une dizaine de kilomètres dePort Kaituma. Elle entre dans l'histoire le par le suicide collectif de914 personnes dont276 enfants.
Le pays est membre duCommonwealth, ce qui signifie qu'il s'intègre à un ensemble composé d'États qui sont rattachés à l'Empire britannique par leur histoire, par leur culture. Le Commonwealth établit des règles et une solidarité entre membres. En somme, les pays membres comme le Guyana jouissent d'un réseau politique composé de80 organisations intergouvernementales, culturelles, professionnelles et de sociétés civiles. Le « chef » (au sens premier, la « Tête » (« Head »), sans aucun pouvoir factuel) du Commonwealth est de droit lemonarque britannique, actuellementCharlesIII.
Dans les années 1980, une commission internationale relève que les élections sont grossièrement truquées en faveur duCongrès national du peuple[13]. Dans un contexte deguerre froide, ce dernier dispose du soutien desÉtats-Unis[10].
Les élections de 1992, qui portent au pouvoir leParti populaire progressiste, sont les premières élections libres du pays depuis son indépendance[10].
Le paysage du Guyana peut être approximativement divisé en trois régions :
une étroite plaine marécageuse le long de la côteatlantique ;
une ceinture de sable blanc à l'intérieur du pays avec laforêt vierge et la plupart des gisements de minerai ;
la plus large partie du pays constituée de montagnes et de savane. Le point le plus élevé est lemont Roraima culminant à 2 772 mètres dans sa partie guyanienne[14].
Leclimat esttropical, presqueéquatorial, c'est-à-dire chaud et humide, cependant modéré par lesalizés du nord-est le long de la côte. Il y a deux saisons des pluies, la première de mai à la mi-août, la seconde de mi-novembre à mi-janvier.
Le Guyana est confronté à deux revendications territoriales par ses voisins :
par leVenezuela : l'Essequibo, zone comprise entre lafrontière des deux pays et le fleuveEssequibo à l'est. Cette revendication est ancienne — elle remonte à l'indépendance du Venezuela —, la Guayana Esequiba faisant auparavant partie de laGrande Colombie ; elle représente 62 % du territoire du Guyana, mais seulement 17 % de sa population. Ce litige est ravivé depuis 2015 par la découverte d'un important gisement pétrolier dans les eaux territoriales de l'Essequibo[15] ;
par leSuriname : une zone du sud-est de la Guyana, appelée le Nouveau Triangle (du nom de la rivière éponyme) ourégion de Tigri.
La forêt recouvre 90 % du pays[17]. Pendant des années, pour avoir un accès facilité aux mines d'or, on pratiquait la déforestation dans laforêt amazonienne. Maintenant, une des principales causes dedéforestation de la zone est la production de papier.
Plusieurs acteurs veulent réduire le taux de déforestation, qui demeure cependant relativement bas[18],[19] et plus faible que le taux moyen des autres pays frontaliers (5 à 10 fois).
En 2005, de graves inondations ont englouti une partie du territoire, avec des destructions évaluées à près de 500 millions de dollars, soit l’équivalent de 60 % de PIB annuel du pays[20].
Le Guyana est l'un des pays les plus exposés à la montée des océans, conséquence duréchauffement climatique. La quasi-totalité des terres cultivables est menacée de devenir improductive en raison de lasalinisation[21].
Le Guyana est, jusqu'à ce que ne commence en 2019 l'exploitation de ses gisements pétroliers, l'un des pays les plus pauvres d'Amérique du sud[20]. En 2017, 41 % des habitants du Guyana vivent sous le seuil de pauvreté, soit avec moins de 5,50 dollars par jour[10].
L’économie dépendait jusqu'à récemment essentiellement de l’agriculture, de l’exploitation de l’or et de la bauxite[17].
Avec une croissance de 62 % en 2022 et 38 % en 2023, portée par le développement de l'industrie pétrolière, lePIB guyanien attendrait en 2023, selon leFMI, 16 milliards de dollars soit, par habitant, 20 540 dollars[22]. Selon les projections du FMI de 2023, lePIB par habitant du Guyana devrait atteindre 37 000 dollars en 2028[23]. Le pays connait un développement rapide de ses infrastructures grâce à cette croissance : première autoroute en 2022, première centrale à gaz en 2025, et bientôt un premier port en eau profonde[17].
Les indicateurs sociaux ne se sont cependant pas sensiblement améliorés. La part des enfants de moins de 5 ans souffrant d’une gravemalnutrition est montée de 0,2 % en 2019 à 0,5 % en 2023, alors que sur la même période le taux demortalité infantile est passé de 11,9 pour 1 000 à 10 pour 1 000. D’après leProgramme alimentaire mondial, entre le tiers et la moitié de la population rencontrent des difficultés pour s’acheter une nourriture saine. La forte croissance économique a aussi généré une hausse de l'inflation, une forte augmentation de la production de déchets et undéveloppement urbain difficile à contrôler de la capitale[17].
Le Guyana détient d'énormes réserves depétrole, longtemps restées inconnues et inexploitées, au large de ses côtes maritimes. Les experts estiment le gisement découvert à8 milliards de barils. LesÉtats-Unis se rapprochent du Guyana à la suite de ces découvertes, ce qui conduit en 2020 à la signature d'un accord-cadre visant à renforcer la coopération entre les deux États notamment sur les hydrocarbures et d'autres secteurs de l'économie guyanienne[24]. La valeur des réserves de pétrole par habitant du Guyana est la deuxième plus élevée au monde, juste derrière leKoweït. En outre, les réserves guyanaises contiennent un hydrocarbure liquide, relativement pur et donc moins cher à extraire[17].
Le Guyana a commencé l’exploitation pétrolière en 2019, quatre ans après la découverte de ces gigantesques réserves. La compagnieExxonMobil exploite la plupart des gisements en consortium avecChevron etCNOOC. Les redevances issues de cette exploitation, bien que jugées très inférieures à celles versées dans d’autres parties du monde, ont permis de quadrupler en cinq ans le budget de l’État, passé à 6,7 milliards de dollars en 2025[21].
Pour mener l’exploitation, l’État guyanais a signé un contrat avec ExxonMobil, en 2016, qui ne sera pas rendu public pendant plusieurs mois, alimentant les suspicions d’un accord en sa défaveur. La multinationale a obtenu de garder pour elle les trois quarts des revenus et en redistribue le reste au pays, tout en consentant une redevance de seulement 2 % sur la production. En outre, en cas d'accident tel qu'unemarée noire, c’est une filiale du groupe pétrolier, à la surface financière bien plus limitée que la maison mère, qui se porte garante, afin de plafonner l’indemnisation des dommages. La justice, saisie par l'ONG de lutte contre la corruption Transparency Institute Guyana Inc, a accusé en mai 2023 la Environmental Protection Agency, l'organisme public de protection de l'environnement, de « laxisme » et de « manque de vigilance », au risque de « mettre en danger la nation et ses habitants en cas de désastre »[20].
La multinationale, dont le chiffre d’affaires (344,58 milliards de dollars) représente en 2023 plus de vingt fois le PIB du Guyana (16 milliards de dollars), est accusée d'avoir acquis une influence considérable dans le pays et d'imposer ses volontés à l’État[20].
Évolution de la démographie entre 1961 et 2003 (chiffre de laFAO en 2005). Population en milliers d'habitants.
La population du Guyana était de 747 884 habitants lors du recensement de 2012[25] et estimée à 816 331 habitants[26] en 2023. Les habitants du Guyana sont appelés les Guyaniens et Guyaniennes, à ne pas confondre avec lesGuyanais et les Guyanaises qui sont les habitants de laGuyane française.
Lesévêques du Guyana sont membres de la Conférence des évêques catholiques desAntilles qui se charge en conséquence de représenter les catholiques du Guyana. De plus le diocèse catholique de Georgetown, la capitale du Guyana, regroupe et représente les catholiques de cette région[28]. Enfin lesanglicans sont pour leurs part représentés par le diocèse anglican du Guyana[29]. LacathédraleanglicaneSaint-Georges située àGeorgetown est un des plus gros édifice enbois de la planète[30].
La Fête de laRépublique au Guyana, le 23 février.Un groupe fêteNoël au Guyana.
Les principales fêtes du Guyana se décrivent comme suit[32],[33] :
la fête de la République : depuis 1966 cette journée du est le jour qui marque l'accession du territoire à l'indépendance face auRoyaume-Uni ;
la fête duCaricom le 3 juillet : elle célèbre les liens de cette communautéanglophone caribéenne dont le Guyana fait partie ;
la fête de la liberté le 14 août : depuis 1833 cette journée célèbre la loi du Parlement du Royaume-Uni qui abolit en 1833 l'esclavage dans la plus grande partie de l'Empire britannique ;
Noël : en cette journée du 25 décembre, la maison est généralement nettoyée et réparée si elle est endommagée. Il y a beaucoup de lumières de Noël pour décorer. Le menu est composé de poulet, de dinde, defarce, deporc à l'ail et d'oignons marinés. Le dessert est surtout le fameux gâteau noir local et la boisson privilégiée pour Noël au Guyana est labière de gingembre.
↑Saïd Bouamama,Figures de la révolution africaine, La Découverte,,p. 127.
↑Maurice Lemoine,Les enfants cachés du général Pinochet. Précis de coups d'État modernes et autres tentatives de déstabilisation, Don Quichotte,,p. 44.
↑Bernard Cassen, « Vers un regain d’autoritarisme en Guyana »,Monde diplomatique,(lire en ligne).