Type | Seinen |
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Genres | Cyberpunk,action,science-fiction,Dystopie |
Auteur | Yukito Kishiro |
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Éditeur | (ja)Shūeisha(jusqu'en 2010) (ja)Kōdansha |
(fr)Glénat | |
Prépublication | ![]() |
Sortie initiale | – |
Volumes | 9 |
Réalisateur | |
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Producteur | Kazuhiko Ikeguchi Joichi Sugito |
Scénariste | Yukito Kishiro Akinori Endo |
Studio d’animation | Animate Film KSS Madhouse |
Compositeur | Kaoru Wada |
Studio d’enregistrement | KSSRecords |
Licence | (fr) Manga Mania (fr)Manga Vidéo |
Durée | 2 x 25 min |
Sortie | |
Épisodes | 2 |
Autre
Gunnm(銃夢,Ganmu?,littéralement « rêve d'une arme »)[note 1] est une série deseinenmanga deYukito Kishiro prépubliée entre 1990 et 1995 dans lemagazineBusiness Jump de l'éditeurShūeisha et compilée en neufvolumes. En 2010, à la suite d'un désaccord avec son éditeur, Kishiro transfèreGunnm ainsi que l'ensemble de ses œuvres chez l'éditeurKōdansha. La version française est publiée en intégralité parGlénat entre 1995 et 1998 dans la collection « Akira »
L'histoire deGunnm est unedystopie basée sur une catastrophe naturelle due à la collision d'une météorite avec la Terre, amenant l'humanité au bord de l'extinction. Le monde se divise alors entre Zalem, une ville suspendue réservée à une élite et Kuzutetsu, la terre qui lui sert de « décharge », où l'humanité survit dans la violence. Cette histoire raconte la renaissance d'unecyborgamnésique nommée Gally, qui va chercher un sens à sa vie.
Gunnm est la première série de l'auteur et également celle qui le révèle au Japon. Il s'agit également d'un des premiers mangas exportés avec succès en Occident. Œuvre nourrie par lascience-fiction,Gunnm aborde au travers de son héroïne cyborg la question de l'identité, de l'humanité, et imagine les dérives sociales d'une telle science.
Les deux premiers tomes deGunnm sont adaptés sous la forme de deuxOAV en 1993 et commercialisés en français sous formatVHS en 1995. Le manga connait également une suite alternative,Gunnm Last Order, publiée entre 2000 et 2014, ainsi qu'une troisième série,Gunnm MarsChronicle, débutée en. L'univers deGunnm est également enrichi par un roman sorti en 1997, par le jeu vidéoGunnmKasei no kioku sorti en 1998 ainsi que par deux mangasinspirés de l'histoire principale, leone shotAshman et le recueil d'histoires courtesGunnmOther Stories, sortis respectivement en 1997 et en 2007 et unfilm live intituléAlita: Battle Angel, réalisé parRobert Rodriguez et produit parJames Cameron, avecRosa Salazar dans le rôle-titre, sorti le.
L'histoire deGunnm est unedystopie prenant place sur une Terre ravagée après la collision d'une météorite à sa surface. Malgré tout, l'humanité survit et se réorganise entre la mystérieuse cité suspendue dans le ciel, Zalem, et Kuzutetsu, lebidonville né des déchets de la cité.
DansGunnm, une grande partie de l'histoire se déroule dans la décharge. Peuplée des humains survivants, beaucoup d'entre eux ont eu recours à lacybernétique pour s'améliorer. Il s'agit d'une ville violente, à l'image de ses distractions : le motorball, course extrême mêlant vitesse et combats, et le Colisée, une arène où les opposants cyborg s'affrontent jusqu'à la mort. Dans Kuzutetsu, tout s'achète, offrant une place prépondérante aumarché noir et à lapègre.
Zalem assure sa suprématie économique et politique sur la décharge par le biais des usines. Elles servent d'interface avec la cité afin de récupérer les ressources nécessaires à son fonctionnement. Elles font également office de police au sein de la décharge. Particulièrement répressives, elles appliquent strictement les lois de Zalem dont la seule réponse aux crimes est la mort, sans autre forme de procès. Pour cela, elles ont recours auxHunter-Warriors, des citoyens de la décharge enregistrés dans les usines en tant que chasseurs de primes, autorisés et récompensés à tuer les criminels aux yeux de Zalem.
Parcourant la décharge,Daisuke Ido découvre une tête de cyborg encore intacte parmi les débris et décide de la sauver. Ido est un « docteur en cybernétique », il répare les cyborgs endommagés dans son atelier deKuzutetsu, ville poubelle au-dessus de laquelle flotteZalem, la mystérieuse cité volante. À son réveil, le cyborg n'a aucun souvenir. Ido l'appelleGally et l'adopte, lui offre un nouveau corps mécanique et la traite comme sa propre fille. Afin de lui donner le meilleur, Ido a besoin d'argent. Il reprend alors discrètement son travail de « Hunter Warrior ».
Gally, innocente aux yeux d'Ido, sera en butte à la violence et retrouvera certaines sensations de son passé, redécouvrant son talent pour le combat. En affrontant de nombreux adversaires et en se lançant dans l'aventure, Gally combat avant tout pour son humanité.
Gunnm est la première série deYukito Kishiro, créée dans le but d'aborder« le thème de l'introspection d'uncyborg et le concept de survie dans un monde apocalyptique »[5]. L'auteur a construitGunnm autour de deux thèmes récurrents dans ses œuvres : le « mode obscur » qui« fait allusion aux aspects sombres de la vie » et le « mode glorieux » qui« fait allusion à la bonté de la nature humaine »[6]. Pour Kishiro, la sérieGunnm est unique car elle oppose ces deux aspects totalement différents de son univers de fiction, en créant des« personnages en quête d'humanité dans un monde sombre »[5].
En 1990, l'éditeurShūeisha demande à Kishiro de produire une histoire courte pour une compilation spéciale de mangas prévue pour l'automne suivant. À l'époque, Kishiro est en train de travailler sur son plus longone shot manga,Reimeika, dont l'un des personnages secondaire est une cyborg officier de police du nom de Gally, que l'éditeur M. Tomita lui suggère de réutiliser pour ce projet. Avec cette histoire courte de 31 pages, Kishiro pose les premières bases deGunnm et crée son personnage principal Gally, qui se révélera très différente de son homonyme deReimeika[7],[8],[9], l'auteur réutilisant néanmoins les motifs métalliques sur les joues de cette dernière[10].
Finalement, en, Shūeisha propose à Kishiro de faire de son histoire courte une série. Il en adapte l'histoire pour être compatible avec ce nouveau format en y incluant, notamment, la cité Zalem[8]. La publication commence dans le magazine bimensuelBusiness Jump de Shūeisha en. Durant l'écriture deGunnm, Kishiro reprend d'autres éléments d'anciennes histoires courtes : le rêve d'ascension de Yugo vers Zalem est déjà évoqué dans la nouvelleHito, tandis queKaiyōsei etDai Mashin évoquent tous deux la folie engendrée soit par la peur de l'inconnu soit par la découverte de la vérité[11].
En, un événement dont les circonstances n'ont pas été expliquées par l'auteur[12],[note 3] marque sa vie personnelle de manière physique et mentale, le rendant incapable de poursuivre la série encore inachevée[12]. Par sentiment de responsabilité envers son lectorat, il décide de continuer la publication, mais le rythme diminue pour devenir mensuel[12]. Pendant l'été 1994, il déclare qu'il ne pourra pas continuer à dessinerGunnm sur une longue période et annonce la fin prématurée de la série pour le début de l'année suivante, abandonnant l'axe spatial de l'histoire de Gally qu'il avait déjà imaginé. Au printemps 1995, une nouvelle fin est créée et l'auteur publie le dernier chapitre de la série, clôturant ainsiGunnm[12]. En sort un numéro spécial du magazineBusiness Jump comportant une vue d'ensemble de l'œuvre intituléeGuncyclopedia[13].
Yukito Kishiro ne perd pas de vue sa série et il commence à travailler en automne 1995 sur un projet dejeu vidéo de rôle afin de donner vie à son« regretté épisode spatial »[12]. Au printemps 1996, le magazineJump Novel le sollicite pour la réalisation d'illustrations destinées à un roman inspiré deGunnm. De fin 1996 à 1997, il complète l'univers de la série en publiant trois histoires courtes[12]. Avec un an de retard, le jeu vidéo de rôle de Yukito Kishiro est finalement commercialisé en 1998 sous le nomGunnmKasei no kioku(銃夢 ~火星の記憶~?,litt.Gunnm : Mémoires de Mars)[12].
Fin 1998, Shūeisha commence une nouvelle édition deGunnm en six volumes, nomméeGunnm gōka-bun (GunnmComplete Edition). Cette réédition est l'opportunité pour l'auteur de reprendre la série : il transforme le chapitre de clôture de l'édition originale en une ouverture vers son « épisode spatial »[12],[14]. Yukito Kishiro publie dans le numéro de du magazineUltra Jump le premier chapitre de sa nouvelle sérieGunnmLast Order offrant à Gally son aventure spatiale[15].
À sa sortie au Japon,Gunnm« choque les esprits »[16]. Il devient unbest-seller au Japon et s'exporte rapidement à l'étranger où il rencontre le succès[17], comme en France et aux États-Unis[18]. D'ailleurs, il est l'un des premiers mangas à être exporté avec succès en Occident, où sa violence graphique alimente l'argumentaire des détracteurs du manga, tandis que ses défenseurs soulignent la valeur philosophique de l'œuvre[19].
Jason Thompson (en) attribue àGunnm la note maximum de quatre étoiles dans son recueil de critiques de mangas,Manga: The Complete Guide. Il décrit la série comme une« aventurecyberpunk intense et furieusement créative […] regorgeant de concepts de science-fiction audacieux et de scènes poignantes »[14]. Il salue également le rythme de l'œuvre, mais par-dessus tout, il met en avant son intemporalité,« pouvant autant être appréciée aujourd'hui qu'à sa sortie »[9].
Le manga figure dans l'ouvrageLes 1001 BD qu'il faut avoir lues dans sa vie. L'auteur de la fiche, Simon Ward, souligne le contraste entre« la violence graphique etgore et la grâce angélique d'Alita » :« Le monde est gris, oppressant, et le pouvoir y appartient aux plus développés sur le plan technologique. En dépit de cette noirceur, l'histoire recèle des moments de tendresse et de beauté […] ». Ward conclut qu'« en dépit des stéréotypes de lascience-fiction, l'histoire est celle d'une jeune fille qui grandit et tente de trouver sa place[20] ». La série est également citée dans l'ouvrageGuide des mangas : Les 100 séries indispensables où elle figure dans la catégorie « Manga pour les garçons - à partir de 15 ans » : pour Anthony Prezman,« très inspiré par l'ambiance sordide duBlade Runner deRidley Scott,Gunnm est traversé de phases de violence inouïe (cyborgs mangeurs de cerveaux, mutilations) et d'instants de pure poésie »[21]. Enfin, dansChronique dePlayer One, la série est présentée comme étant« l'un des mangas les plus fascinants des années 90 »[22].
Concernant la qualité graphique de l'œuvre, Elisabeth Paul-Takeuchi souligne« la finesse graphique avec laquelle Kishiro caresse son héroïne »[16], tandis que Jason Thompson met en avant un« dessin incroyablement détaillé »[9]. DansChronique dePlayer One, Alain Kahn et Olivier Richard saluent la qualité des illustrations qu'ils jugent« bouleversantes », notamment la double page d'introduction présentant Gally en« cyborg, ailée comme un ange, son thorax déchiré qui dévoile un organisme inhumain, tent[ant] de s'extraire d'une décharge »[22].
Par comparaison, l'adaptation en OAV reçoit un accueil mitigé. En effet,Jonathan Clements etHelen McCarthy présentent ces OAV comme n'étant« pas particulièrement originaux ». Tout d'abord, ils voient en eux une simple transposition du filmBoyz N the Hood (1991) où la cybernétique prend la place de la drogue et où la décharge prend celle d'unghetto de Los Angeles. De plus, ils considèrent que le mangaGrey (en) (1985-1987) offre une approche plus intéressante d'un monde post-apocalyptique dans lequel chacun doit payer pour améliorer son statut social. Enfin,Shin'ichi Hoshi décrivait déjà en 1970 dans sa nouvelleHey! Come On Out une race céleste utilisant la Terre comme décharge. Ainsi, ils attribuent la popularité aux États-Unis deBattle Angel[note 4] dans le début des années 1990 à l'engouement de cette époque des visionneurs d'anime pour la sérieKen le Survivant[23].
Selon le site internet francophonemanga-news.com, cette adaptation est une déception. Ils attribuent cet échec au fait que l'adaptation ne comprend que deux épisodes et qu'ils ont été réalisés alors que la série n'en était qu'à ses débuts, couvrant uniquement les deux premiers tomes. De ce fait, il en résulte une« intrigue réductrice » manquant d'intensité avec des personnages peu développés, contrastant avec l'univers riche et les combats intenses du manga. Cependant, ils saluent la qualité ducharacter design deNobuteru Yūki qui« colle étonnamment bien à l'univers deGunnm »[24].
Yukito Kishiro et l'univers deGunnm sont à l'honneur duFestival d'Angoulême 2020, notamment à travers l'expositionGunnm, L'ange mécanique présentant près de 150 originaux[7],[10].
Yukito Kishiro revendique l'influence du cinéma descience-fiction qui a marqué son enfance, notammentStar Wars qui lui a fait connaître le terme de « science-fiction » et lui a fait prendre conscience de son potentiel :« je regardais beaucoup de séries télévisées ou de dessins animés qui mettaient en scène des hommes de sciences, en rapport à l'environnement. J'aimais en particulier les histoires où des scientifiques utilisaient leur savoir à mauvais escient »[7].
La « naissance » de Gally des mains d'Ido évoque le filmLa Fiancée de Frankenstein, et son apparence« biomécanique » fait référence à lacréature Alien deHans Ruedi Giger[25]. L'univers post-apocalyptique de Kuzutetsu, où se côtoient humains et cyborgs, évoque la ville futuriste deLos Angeles décrite dans le filmBlade Runner deRidley Scott, tandis que Zalem, le « paradis » suspendu fonctionnant grâce au travail des habitants de Kuzutetsu, fait allusion àMetropolis[26]. Également, l'ambiance très violente de l'œuvre rappelle celle d'Orange mécanique deStanley Kubrick[25],[27]. Le motorball, sport violent au cours duquel plusieurs cyborgs s'affrontent pour remporter une course en possession d'une sphère métallique, rappelle le filmRollerball deNorman Jewison[28].
Pour créer l'univers deGunnm, Yukito Kishiro puise dans les thèmes de la science-fiction, en abordant notamment lananotechnologie, par laquelle l'homme s'hybride à la machine pour se rapprocher de l'immortalité. L'auteur pose une vision noire du futur, en explorant notamment les dérives de l'évolution de cette science, ainsi que son impact au niveau social et individuel. En effet, à l'ère de la cybernétique, le corps, totalement interchangeable, n'est plus un moyen de distinction ; seul le cerveau, unique et irremplaçable, définit l'individu[18]. Antonio Domínguez Leiva considère que cette localisation du « soi », conçu à la fois comme« identité sociale et comme principespirituel », constitue une affirmation de la « symbolique cartésienne ». La tête de Gally reste donc le siège de son identité, et ce malgré sonamnésie,leitmotiv ducyberpunk[2].
Yukito Kishiro s'oppose néanmoins à la génération précédente de mangakas et de leurs œuvres de science-fiction, tel queCyborg 009 deShōtarō Ishinomori :
« il s'agissait d'humains transformés en cyborgs par une société secrète pour conquérir la planète. Moi, quand je suis né, le Japon était déjà en pleinecroissance économique, les montagnes étaient rasées pour faire des zones industrielles. Je n'avais pas d’élément de comparaison, pas de nostalgie du passé. Le Japon était déjà « transformé », dépendant de l'électricité, comme aujourd'hui nous sommes dépendants de l'Internet. Personne n'imagine vivre sans. Nous sommes donc tous déjà des cyborgs d’une certaine manière, quelle est alors la part d’humanité qui nous reste ?Gunnm est né de cette réflexion, et le paradoxe est que j'explore cette humanité à travers le destin de cyborgs[10]. »
Le personnage de Gally est également mis en parallèle avec le travail deDonna Haraway, et notamment son essaiManifeste Cyborg : Science, technologies et féminisme socialiste à la fin duXXe siècle (1984) où elle décrit le cyborg comme« une utopie politique et ironique abolissant l'opposition homme/femme »[29]. Selon Bouthavy Suvilay, si cette représentation du cyborg telle qu'elle est décrite dans la fiction contemporaine, et notamment dans la culture japonaise, semble être bel et bien utopique[30], Gally est« la seule héroïne à réellement dépasser les stéréotypes sexuels ». Avec peu de place dans le développement de son histoire à sa vie amoureuse, Gally s'affirme avant tout au travers du combat. D'ailleurs, dansGunnmLast Order, un de ses clones, Sechs, choisit délibérément un corps d'homme,« montr[ant] que le corps sexué n'est pas ce qui garantit l'identité d'un individu »[31].Jean-Marie Bouissou exploite quant à lui la définition de Donna Haraway où le cyborg est décrit comme un« au-delà postmoderne de l'humanité », à même de dépasser les limites physiques et psychologiques de l'être humain. Il oppose cette vision« glorifiée » du cyborg à la représentation pessimiste de celui-ci dans l'imaginaire japonais[note 5]. Pour illustrer ses propos, il prend notamment pour exemple Gally, héroïne malheureuse qui« perd ses amis, ses amours et tous les combats qui comptent pour elle »[32], et ce malgré une hybridation à la machine qui devrait la rendre à priori sans limite[33].
Gunnm aborde des thèmes comme la recherche d'humanité, les inégalités sociales et la lutte pour la survie[34]. Chrysoline Canivet-Fovez déclare que« Gunnm regroupe donc tous les poncifs des œuvres où la machine, pouvant être conçue comme une arme mortelle, renferme la capacité spécifique aux êtres vivants de désirer et son principal souhait n'est autre que de posséder une humanité ». À la fin du récit, Gally renaît sous forme humaine grâce à l'amour et son désir d'humanité, et acquiert finalement une âme, à la manière dePinocchio[25]. Gally représente l'élément perturbateur n'acceptant pas les inégalités sociales et la dualité entre la ville décharge de Kuzutetsu et la cité de Zalem[35].
Jean-Marie Bouissou voit dansGunnm une transposition, inconsciente ou non, de l'histoire du Japon, de son ouverture à l'international durant l'ère Meiji jusqu'à la fin duXXe siècle. Dans cette fable, la cité de Zalem et ses habitants blancs aux noms anglo-saxons représentent le« monde développé blanc » qui exerce sa domination sur le reste du monde, le peuple métissé et cyborg de la Décharge. Au sein de ce peuple métissé, différentes facettes du peuple japonais sont représentées au travers des personnages de Ido, Gally et Kaos-Den[36]. Au cœur du récit, Gally représente le parcours du Japon de cette époque. Ainsi, dans sa quête d'identité, elle suit différentes phases de développement. Elle est tout d'abord« agresseur de ses voisins » (chasseuse de primes), puis« vainqueur de la compétition économique » (championne du motorball),« allié des États-Unis » (mercenaire de Zalem) avant de découvrir son identité : elle est Yōko (patronyme japonais), guerrière vaincue[37].
Images externes | |
Illustrations des couvertures des tomes de l'éditionComplete Edition du mangaGunnm par Yukito Kishiro (1998-2000) | |
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![]() | Makaku and Gally |
![]() | Zalem and Gally |
![]() | Killing Angel |
![]() | Gally in the tube |
![]() | Gally in the wilds |
![]() | Next Generator |
Prépubliée parShūeisha dans le bimensuelBusiness Jump entre et[38], la série sort au Japon enneufvolumes reliés au format poche entre et[39]. Une deuxième édition sort en six volumes en grand format dans l'éditionComplete Edition entre et[40]. Pour cette édition, chacune des couvertures est réalisée grâce à unmodeleur 3D (voir Images Externes). Le dernier tome de cette édition est commercialisé avec un OAV de trois minutes enanimation 3D intituléGunnm: 3D Special(銃夢-3Dスペシャル?) mettant en scène une course de motorball sur une musique de Den intituléeWater Blonde[41]. Cette édition est également l'occasion pour l'auteur de modifier la fin de sa série, en vue d'une meilleure continuité avec sa future suite,GunnmLast Order[14],[12]. Elle est également agrémentée de divers bonus et histoires courtes.
Une troisième édition en sept tomes est publiée par Shūeisha entre juin et[42],[43], malgré un désaccord opposant l'auteur et l'éditeur[44]. Shūeisha perd alors les droits de la série fin 2010 au profit deKōdansha qui récupère toutes les œuvres de l'auteur[45]. Une quatrième édition en neuf volumes voit donc le jour en[46],[47], à la suite de ce changement.
Enfrancophonie, la maison d'éditionGlénat, après s'être focalisée sur la publication de mangas déjà connus sur petit écran par leurs adaptationsanime commeDragon Ball,Ranma ½ ou encoreSailor Moon, doit faire face à la concurrence de la nouvelle maison d'édition spécialisée dans le manga,Tonkam, ou encore du magazineManga Player, précurseur dePika Édition ; elle décide de publier elle aussi des séries inédites, en commençant parGunnm[48]. La série est ainsi distribuée en français à partir de 1995 dans la collection« Akira » et participe à l'essor du manga en France[49]. Glénat propose également, entre et, la vente en kiosque du manga sous forme de livrets mensuels au format poche contenant deux à trois chapitres, pour un total de vingt-deux numéros[50],[51].
Il existe trois éditions en langue française publiées dans le sens de lecture occidental. La première édition est publiée entre 1995 et 1998 en neuf volumes au format poche[52],[53]. Un coffret regroupant l'intégralité des neuf tomes est publié en[54]. Lors des réimpressions suivantes,Gunnm se dote d'une deuxième édition pourvue d'une jaquette amovible et d'un nouveau logo. Une troisième édition en grand format basée sur la version japonaise en six volumesComplete Edition est publiée entre 2000 et 2002[55]. En 2010, Glénat perd les droits de la série du fait du changement d'éditeur japonais[56] et doit détruire près de 100 000 volumes des œuvres de Kishiro, avant d'obtenir à nouveau la licence de la part de Kōdansha en 2012[57]. L'éditeur propose finalement une édition de l'œuvre originale dans le sens de lecture japonais à partir d'[58],[59].
Le manga est également publié, dans d'autres langues, sous le titreBattle Angel Alita en anglais en Amérique du Nord par l'éditeurViz Communications en 1992[60],[61], en allemand parCarlsenComics en 1996[62], en polonais parJaponica Polonica Fantastica (en) en 2003[63], en néerlandais parGlénat Benelux en 2007[64],[65]. Enfin, il est édité sous le titreGunnm: Alita,Ángel de Combate en espagnol par l'éditeurPlaneta DeAgostini en 1993[66] et sous le nomGunnm en finnois parPunainen jättiläinen (en) en 2006[67].
En1993, les deux premiers volumes du mangaGunnm sont adaptés enoriginal animation video,Rusty Angel etTears Sign, sortis respectivement les et. Ils sont produits parAnimate Film (en), supervisés parRintarō et réalisés parHiroshi Fukutomi, avec un scénario d'Akinori Endo, uncharacter design deNobuteru Yūki et une bande-son de Kaoru Wada[68]. Yukito Kishiro intervient également sur l'adaptation. Dès le début du projet, il rencontre les membres de l'équipe responsable deGunnm afin qu'il donne ses recommandations sur l'adaptation de l'histoire. Plus tard, alors que lescript et lesstoryboards sont terminés, il offre ses impressions sur l'ensemble. Si certaines de ses recommandations n'ont pas été prises en compte, il reconnait qu'ils ont fait« du bon travail »[8].
Animate Film propose le projet d'adaptation tel quel, à savoir limité aux deux premiers volumes deGunnm. Concernant ce format, Yukito Kishiro explique qu'il aurait pu attendre qu'une meilleure offre d'adaptation lui soit faite. Cependant, à l'époque, il était pleinement occupé à sortir sa première série (Gunnm). De ce fait, l'adaptation enanime n'était pas une priorité et il n'a pas pu réfléchir posément à ce projet. D'ailleurs, en 2005, il déclare qu'aucune adaptation en animation n'est d'actualité[69].
LesOAV sont disponibles en anglais en Amérique du Nord, distribués parADV Films en 1999[70] et en italien, distribués parGranata Press (it)[71]. La version française, distribuée par Manga Mania ouManga Vidéo, est commercialisée en une seule partie enVHS en 1995 et enDVD en 2001[72]. L'OAV deGunnm est un des premiers OAV distribués en France, au côté notamment deAppleseed etDominion Tank Police[22].
Cette adaptation comporte quelques différences avec le manga. Makaku s'appelle Guryushika, n'est pas une création de Desty Nova et son histoire antérieure n'est pas traitée. Un personnage inédit créé par Rintarō fait son apparition, Shiren. Celle-ci est décrite comme une ancienne maîtresse d'Ido, travaillant désormais pour Vector[27],[73].
Le doublage français des OAV est réalisé par le studioStart et dirigé par Dominique Bailly[74].
Personnages | Doublage japonais[75] | Doublage français[74] |
---|---|---|
Gally | Miki Itō | Véronique Soufflet |
Daisuke Ido | Shunsuke Kariya | Georges Caudron |
Yugo | Kappei Yamaguchi | Fabrice Josso |
Gōzu | Kazuhiko Kishino | Yves Barsacq |
Shiren | Mami Koyama | Marie-Christine Robert |
Rasha | Michitaka Kobayashi | Jean Barney |
Guryushika | Ryūzaburō Ōtomo | Bernard Métraux |
Deux albums avec les différentes compositions des épisodes,Gunnm: Image Album etGunnm: Another Story, sont sortis respectivement le et le[76],[77].
No | Titre | Durée |
---|---|---|
1. | Rusty Angel | 4:20 |
2. | Absolute Miracle | 3:36 |
3. | Gunnm I | 3:14 |
4. | Aim | 4:56 |
5. | Cyborg Mermaid | 5:13 |
6. | Dear Sweet Heart | 4:35 |
7. | Keep My Dream | 4:26 |
8. | Gunnm II | 4:00 |
9. | The One I Love | 5:32 |
10. | Believe In The Fate | 4:24 |
No | Titre | Durée |
---|---|---|
1. | Satsuriku no enjeru (Angel of Massacre)Part I | 8:39 |
2. | Believe In The Fate | 4:24 |
3. | Satsuriku no enjeru (Angel of Massacre)Part II | 13:18 |
4. | Cyborg Mermaid | 5:12 |
5. | Ido's Theme | 1:41 |
6. | Infinity | 1:54 |
7. | Joh's Bar | 1:36 |
8. | Gally's Theme | 1:31 |
9. | Scrap Iron | 1:14 |
10. | Action | 2:05 |
Pour les articles homonymes, voirAshman.
«Un chant poétique sur l'absolue détresse, la colère, et un peu d'espoir.
»
— Yukito Kishiro, à propos deAshman[78].
Ashman(灰者,Haisha?)[note 6] est unone shot mangadérivé de l'univers deGunnm[78] prépublié entre et juillet 1996 dans le magazineUltra Jump publié parShūeisha. Il est relié et commercialisé au Japon en 1997, puis réédité en 2014 parKōdansha[79]. Il sort en version française chezGlénat en 1999[80] et est réédité en 2009[81],[82] puis en 2020[83].
Face à l'engouement de ses lecteurs pour l'épisode où Gally est star du motorball, Yukito Kishiro décide d'écrireAshman,one shot se déroulant dans le monde du motorball[78]. Son histoire suit un de ses joueurs, Snev « Le Roi du Crash », en raison de ses accidents répétés et surtout de son incapacité à terminer une course.
L'auteur reconnait plusieurs influences dans ce manga. Graphiquement, il s'est inspiré du travail deFrank Miller etTaiyo Matsumoto, avec un noir et blanc fort en contraste. Le filmL'Échelle de Jacob a quant à lui inspiré la structure de son scénario[84]. Dans l'ouvrageDicoManga : Le dictionnaire encyclopédique de la bande dessinée japonaise, Stéphane Ferrand met en avant l'influence du filmRollerball réalisé parNorman Jewison en 1975. De plus, il explique que, tout comme dans le film de Norman Jewison, Yukito Kishiro explore« les dérives violentes [de ce sport] sous un angle politique et social »[78].
GunnmOther Stories(銃夢外伝,Gunnm Gaiden?,ouGunnmAnother Stories) est un recueil de quatre histoires courtes publié au Japon le chezShūeisha[85], puis réédité parKōdansha le[86]. Le recueil est disponible en français, publié en chezGlénat[87] puis réédité en[88], ainsi qu'en espagnol, disponible chez l'éditeur Planeta DeAgostini depuis 2010[89].
Ces histoires s'inscrivent dans l'univers de la sérieGunnm et illustrent certains points de l'histoire ou encore un travail graphique spécifique[90]. Seule la dernière histoire,BarjackRhapsody, publiée en 2007, est inédite, les autres ayant été insérées dans les différents tomes de l'édition deGunnm en grand format :Douce nuit,Le Doigt sonique etOrigines (ouBorne 50[note 7]) sont publiées respectivement dans les tomesno 1,no 3 etno 4 de l'édition grand format.
Douce Nuit raconte l'arrivée d'Ido dans la décharge, ses débuts en tant qu'Hunter-Warrior et comment il devient cyber-docteur. Yukito Kishiro souhaitait au travers de cette histoire développer le problème de conscience d'Ido en tant que médecin. Ainsi, ce qui devait être une histoire de seulement trente pages, devient une histoire« plus longue que prévu ».Douce Nuit est inspirée d'un de ses précédents travaux,Conte de noël écrit en 1989. Il en conserve le concept général, à savoir« la relation entre un cyborg géant et une jeune fille clonée » ainsi que ledesign du cyborg[91].
Le Doigt Sonique relate l'affrontement de Gally contre un combattant légendaire de Kuzutetsu. L'auteur réalise pour la première fois un manga avec desoutils informatiques[92] et teste différents effets graphiques, notamment sur la scène finale[87].
Enfin,Origines (ouBorne 50) relate l'histoire — quasiment dépourvue de dialogue — d'uneborne rebelle qui tente de s'offrir une nouvelle vie etBarjackRhapsody met en scèneKoyomi, qui suit la piste d'une rumeur concernant le retour de Den et du Barjack.
Une suite alternative àGunnm,GunnmLast Order, débute dans le magazineUltra Jump de publié parShūeisha[12]. La série est transférée en 2010 dans le magazineEvening de l'éditeurKōdansha après des discussions non concluantes quant à la poursuite de la publication par Shūeisha[93]. La série s'achève en[94] et est compilée en un total de dix-neuf tomes. La version française est publiée en intégralité parGlénat.
AvecGunnmLast Order,Gunnm quitte le registre du cyberpunk pour lespace opera. Ainsi, Gally quitte la Terre pour nous faire découvrir lesystème solaire, tel qu'il a évolué dansGunnm.
Une troisième série,Gunnm MarsChronicle(銃夢火星戦記,Gunnm: Kasei senki?,litt.Gunnm : Chroniques de la guerre martienne), débute en octobre 2014 dans le numéro 22 du magazineEvening de l'éditeurKōdansha[95]. Présentée comme le dernier chapitre de l'aventure deGunnm[96], elle raconte l'enfance de Gally sur Mars en compagnie de la jeune Erica[97]. Pour célébrer la publication du premier chapitre de la nouvelle série de Kishiro, le magazine publie dans le même numéro unone-shot inédit,Mu-kai(霧界?,litt. « Monde de brouillard »), écrit par l'écrivain de science-fictionHirotaka Tobi (ja) et dessiné par Yukito Kishiro[96]. La version française est publiée parGlénat à partir d'[58].
En automne 1995, en parallèle de la réalisation des illustrations pour leromanGunnm, Yukito Kishiro commence à échafauder les bases d'unjeu vidéo de rôle sur l'histoire « spatiale » deGunnm qui n'avait pas été développée dans le manga[note 8]. Il présente alors son projet à l'éditeur de jeux vidéoBanpresto et le jeu est développé par Yukito Products[12],[98]. IntituléGunnm no kioku(銃夢 ~火星の記憶~?,litt.Gunnm : Mémoires de Mars), il est initialement conçu comme unjeu de rôle en2D à fins multiples, avant de devenir unaction-RPG en 3D, sur les conseils de l'équipe de développement[98], surPlayStation[99]. Prévu pour 1997, le jeu connait quelques problèmes au cours du développement[12] et est finalement publié le, auJapon uniquement[100],[101].
Le jeu propose d'incarner Gally et de revivre l'histoire du manga[102]. L'aventure alterne des phases d'exploration dans Kuzutetsu et de combat[103]. Le joueur évolue dans des décors entièrement en3D, sans contrôle sur la caméra. Comme dans l'univers deGunnm, le joueur peut faire des missions deHunter-Warrior et, grâce aux primes en récompense, acheter des évolutions pour le corps cyborg de Gally. L'histoire est ponctuée par plusieursmini-jeux pour diversifier les activités, notamment le motorball[104], ainsi que par l'apparition deboss issus de l'histoire originale (par exemple, le cyborg Makaku)[103],[102]. Le jeu vidéo a été l'occasion pour Yukito Kishiro d'offrir des éléments inédits au manga, comme la naissance de Gally[102],[105] ou encore les origines de la Borneno 50[104] ainsi qu'une fin différente, plus proche de celle qu'il souhaitait pour le manga, avant son interruption[98]. Ainsi, le jeu permet de découvrir pour la première fois, au travers de Gally, la station spatiale Jeru et les mystérieux membres du conseil de l'Échelle[98],[105], évoqués dans l'œuvre originale.
Le jeu est considéré comme fidèle au manga, à même de ravir les fans de la série[102],[103],[105]. Il reçoit la note de 8/10 par le site internet américainGameSpot[103] ainsi que par le site Ex: Magazine[105]. Les magazines françaisConsoles + etJoypad lui attribuent respectivement la note de 88/100[102] et 7/10[106]. Les graphismes sont soignés[102] et les environnements reflètent bien l'univers deGunnm[103], bien que cette qualité baisse sur la dernière partie du jeu[105]. La caméra fixe ne porte pas préjudice augameplay grâce à des plans choisis avec pertinence. Le principal défaut du jeu cité est son environnement sonore : les dialogues ne sont pas doublés[102],[103],[105], la qualité de la musique est« très inégale, les morceaux [pouvant] être géniaux ou médiocres »[102], et certaines zones du jeu n'ont aucune musique de fond, les rendant mornes[103],[105]. Les effets sonores sont cependant de bonne facture[102],[103].
Images externes | |
Illustrations pour le romanGunnm (1996) parYukito Kishiro : | |
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![]() | Calico, Red-hot Battery Kick |
![]() | Scrap heaven |
![]() | Life is like going mountain paths shouldering heavy loads |
![]() | Dragon Slayer |
Quelques mois après la fin brutale deGunnm, en automne 1995, Yukito Kishiro est contacté parNovel pour adapterGunnm en roman. Il conseille alors pour l'écriture un ancien assistant qui avait travaillé avec lui surGunnm, Yasuhisa Kawamura, tandis que lui s'occupera des illustrations. Ainsi, le roman est prépublié de mars à août 1996 dans le magazineJump Novel(ジャンプ小説,Jump shōsetsu?)[100]. Il est ensuite publié en volume relié le par Shūeisha dans la collectionJump J books[107],[108]. Le roman fait intervenir deux personnages inédits, Calico(キャリコ,Kyariko?)[109] et Norinco(ノリンコ,Norinko?)[110].
Durant plusieurs années,James Cameron exprime son désir d'adapter le manga, dont il a acquis les droits en 2003, mais les quatre suites d'Avatar en production ne lui permettent pas de se consacrer au projet.Robert Rodriguez est choisi en pour en assurer la réalisation sur un script deLaeta Kalogridis, et Cameron en devientproducteur en compagnie deJon Landau. Le rôle deGally, nommée Alita en version anglaise, est interprété parRosa Salazar[111].
Alita: Battle Angel sort en.
Unartbook intituléArs Magna, comprenant des visuels des différentes époques deGunnm, sort le auJapon(ISBN 978-4-06-364970-3) et le en France[56].
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