La Guinée est un pays à prédominancemusulmane, avec 85 % de la population. La population guinéenne se répartit en plusieursgroupes ethniques. Lefrançais et leslangues nationales sont les langues officielles de la République de Guinée, le français restant la principale langue de communication dans les écoles, l'administration publique et les médias. Mais plus de24 langues nationales, dont lepoular, lemalinké, lesoussou, leguerzè, letoma et lekissi sont largement parlées comme langues d'échanges plus communes entre les populations.
L'origine du nomGuinée n'est pas certaine. Commeguinè signifie « femme » ensoussou, on attribue souvent en Guinée l'origine du nom à une mésinterprétation des propos des femmes rencontrées par les marinsportugais, mais le mot pourrait plutôt provenir du termeberbèreAkal-n-Iguinaouen (« pays des Noirs »)[12],[13],[14]. Selon Rachid Agrour,Guinée est à rapprocher de l'expression berbèreakal n ignawen qui signifie "pays des muets" qui aurait donné naissance aux motsGuinée etGhana et par la suite au motGnaoua par ressemblance phonétique. Le mot berbèreagnaw (entouareg :ⴰⴳⵏⴰⵡ), ayant donné "Gnaoua", signifie muet. Ce mot fut utilisé par les populations nord-africaines pour désigner les esclaves subsahariens qui ne parlaient généralement pas la langue berbère. Gnaoua, signifierait donc, par extension, « homme noir » ou « venant du pays des Noirs », c'est-à-dire l'Afrique subsaharienne. Marmol, dans saDescription de l'Afrique (1662), cite plusieurs peuples de la région qui ne parlaient pas mais utilisaient plutôt des sifflements pour communiquer[15],[16],[17].
Ces quatre zones, parfois appelées « régions naturelles », ne correspondent pas aux régions administratives.
Hydrographie
Vue aérienne du système hydrographique des environs deConakry.
Le pays compte plus de 1 300 cours d'eau. De nombreuxfleuves, tels leNiger, leSénégal (Bafing), laGambie, ainsi que leurs principaux affluents trouvent leur source en Guinée, faisant de ce pays le « château d'eau » de l'Afrique de l'Ouest. Ces cours d'eau partent des massifs guinéens (les deux vieuxmassifs du Fouta Djalon et la dorsale guinéenne en région forestière). La Gambie et le Bafing vont vers le Sénégal au nord. La source du Niger est à proximité deKobikoro, il traverseFaranah,Kouroussa et va vers leMali au nord-est. Les fleuvesTinkisso,Milo,Niandan sont ses affluents en Guinée.
De nombreux fleuves côtiers descendent des massifs guinéens vers l'ouest, comme leKonkouré, ou vers le sud, comme le fleuveMano.
De la Guinée-Bissau à Conakry, ces fleuves forment de profonds estuaires qui ont conservé les noms donnés par les explorateursportugais auXVe siècle. Ces estuaires constituent des voies de communications à travers lamangrove deBasse-Guinée, région qui s'appelait « Rivières du Sud » au début de la colonisation par les Français, auXIXe siècle.
Le massif du Fouta Djalon offre un potentiel de production électrique. Le fleuveKonkouré, proche des villes deMamou,Kindia et Conakry, fait l'objet d'un programme d'aménagement et un premier barrage a été inauguré en 1999[18] ; un autre vient d'entrer en activité, lebarrage de Kaléta, et un dernier plus imposant en taille et en productivité est en cours de réalisation, lebarrage de Souapiti.
La Guinée possède de nombreuses ressources. Cette abondance des ressources, notamment minières, lui vaut l'appellation de « scandale géologique »[21]. La Guinée est le premier pays mondial pour ses réserves prouvées debauxite, le deuxième derrière l'Australie pour la production. Le très riche gisement deSangarédi, à proximité deBoké, est exploité par laCompagnie des bauxites de Guinée. Le pays dispose également d'or (enHaute-Guinée), de fer, de diamants, de pétrole et d'uranium.
La réserve inexploitée de fer de Simandou, à l'est deKissidougou, devrait être exploitée par le grand groupe minier anglo-américainRio Tinto. Les accords ont été signés avec le gouvernement guinéen en 2014.
Image satellite de la Guinée.Brume pendant la saison des pluies en août 2018.
Le climat est tropical à deux saisons : la saison des pluies, de mai à octobre (varie plus ou moins selon les régions), et la saison sèche. Pendant la saison des pluies, la moyenne mensuelle des précipitations peut atteindre 400 mm[22].
La Guinée comprend quatre régions climatiques :
l'ouest, au bord de l'Atlantique, est très humide ;
le climat est plus tempéré au centre (deux saisons égales, pluies de mai à novembre) ;
au nord-est, le climat est tropical sec avec des pluies plus faibles, des températures élevées sauf de décembre à février lorsque le vent souffle (20°C contre40°C) ;
le sud-est de la Guinée est subéquatorial avec une longue saison des pluies (8 à 10 mois) et des températures moyennes de24°C à38°C.
Les saisons ne correspondent pas à des variations des heures de lever et de coucher du soleil. La journée et la nuit durent environ12 heures chacune, le soleil se lève vers6 h 45 et se couche vers18 h 45 avec peu de variation tout au long de l'année. L'heure locale est celle du fuseau horaireUTC±0[24].
L'environnement en Guinée semble préservé grâce à la faible densité de population et à l'industrialisation limitée.
Les principales menaces sont la déforestation, la pollution issue de l'exploitation minière, l'absence de traitement des eaux usées, auxquelles on peut ajouter le braconnage de la faune sauvage.
La deuxième partie (ouespèce) dunom binominal de nombreuses espèces enbotanique ou enzoologie est fréquemmentguineensis signifiant enlatinguinéen ouqui vit en Guinée. Ceci s'explique par la découverte de nombreuses espèces nouvelles pour la science sur le territoire de la Guinée. La plupart de ses espèces animales ou végétales rencontrées actuellement en Guinée se trouvent aussi dans de nombreux autres pays. C'est pourquoi certaines, ayant été nomméesguineensis lors de leur découverte et de leur description, ont été renommées depuis, à la suite des révisionstaxonomiques.
LepapillonEuchromia guineensis.Fleurs de l'orchidéeEulophia guineensis.
Les trois principaux groupes ethniques sont lesPeuls, lesMalinkés et lesSoussous. Ces derniers se répartissent dans les quatre grandes régions géographiques de la Guinée. LaBasse Guinée abrite des Soussous, mais on y trouve aussi presque toutes les grandes ethnies du pays, en raison de la présence de la capitale, Conakry, qui attire les Guinéens. Dans la région de laMoyenne-Guinée, desPeuls ; enHaute-Guinée, desMalinkés. Quant à laGuinée forestière, elle abrite surtout des forestiers composes desKissiens, lesTomas, lesGuerzés, les Koniakas, etc[27].
À la suite de l'indépendance du et du départ des crédits et des cadres français qui faisaient fonctionner l'administration et l'économie guinéenne, la Guinée fut déstabilisée. La période de dictature deAhmed Sékou Touré a ensuite poussé de nombreux Guinéens, notamment des élites, à émigrer vers les pays développés.
En, la Guinée compterait 13 865 692 habitants[28].
Selon leWorld Refugee Survey 2008 publié par leComité américain pour les réfugiés et les immigrants, la Guinée abritait près de 29 300 réfugiés et demandeurs d'asile à la fin de 2007, provenant surtout duLibéria, de laSierra Leone, et de laCôte d'Ivoire. En, 11 900 réfugiés vivaient dans un des trois camps,Lainé,KankanI etKankanII, et au moins 9 300 réfugiés vivaient dans des zones urbaines[29].
En 2011, les estimations de populations réfugiées duLibéria et deCôte d'Ivoire sont respectivement de 5 400 et 6 552, soit pratiquement 12 000 personnes[28].
La population guinéenne est relativement jeune puisque 61,6 % des Guinéens auraient moins de25 ans, tandis que la tranche25-54 ans constituerait 30,4 % de la population. L'âge médian est de18 ans en 2022[30]. Les 8 % restant étant constitués de Guinéens âgés de plus de54 ans, dont seulement 3,6 % âgés de plus de65 ans[28] l'espérance de vie est de 62,6 ans[30].
Il y a 3 000 ans, la Guinée était habitée par une communauté depêcheurs et d'agriculteurs. Les vallées verdoyantes du Fouta Djallon, les bassins fertiles du Haut Niger propices à la cueillette, à la chasse et à la pêche ont attiré les hommes.
L'arrivée des populations est due au dessèchement duSahara, suivi de l'assèchement des fleuves, rivières et lacs. Les populations se déplacent vers les zones méridionales plus humides. Les territoires situés entre les fleuves Sénégal et Niger comme la Guinée deviennent des zones privilégiées de regroupement des communautés d'éleveurs et d'agriculteurs. Tandis que certains groupes se dirigèrent vers les vallées duBafing et de laFalémé, d'autres se fixèrent dans le delta intérieur du Niger.
Après quelques accrochages, les navigateurs portugais et les populations côtières firent la paix. Les portugais, intéressés par l'or, les peaux et autres produits exotiques duSoudan, les épices, les esclaves, vendaient des tissus, des ustensiles en fer, même des chevaux. Lesmansas du Mali établirent des relations diplomatiques avec leurs homologues duPortugal.
À la faveur de ce commerce naissant, des mouvements de populations drainent des famillesmarabout et marchandes du moyen Niger vers leGabu et la côte atlantique pour donner la configuration socio-politique connue à la conquête coloniale.
Au large deConakry furent découvertes les îles baptisées « Ilhas dos Idolos » (îles des idoles) parce que les habitants de ces îles, lorsqu'ils viennent semer le riz apportent leurs idoles qu'ils adorent. Ces navigateurs ont noté que les Portugais sont entrés en contact avec lesLandoma et lesNalu dans leRio Compagny et leRio Nunez. Ils ont également signalé la présence desDialonkés à l'intérieur des terres.
Les villages qu'ils fondent sontDiankana,Foussén,Karifamoriah,Bankonko,Forécariah,Tassilima,Nafadji. Ils s'adonnent aunégoce et à l'enseignement coranique. L'Islam fut, par leur action, réintroduit au Manding après une longue parenthèse consécutive à la chute de l'empire du Mali. AuXVIIIe siècle,Kankan, la métropole du Batè devint la capitale d'un royaume puissant grâce aux activités commerciales et la réputation de ses marabouts dont le patriarcheAlpha Kabiné fut un des plus illustres.
Larégion forestière semble moins perturbée par ces mouvements de populations. Toutefois, on note que lesKissi, en provenance du nord, auraient transité parFaranah (Kobikoro) avant de s'installer dans leur habitat habituel où ils auraient basculé lesLoma, qui semblent être les premiers occupants. LesKpelle, les Manon etKonon seraient partis deMousadou (préfecture de Beyla) sous la poussée des Maninka, pour s'établir en plein cœur de la forêt dans le sud du pays[31].
C'est sur les côtes que lesSoussous et d'autres ethnies nouent des liens avec les commerçants européens voulant se procureresclaves,ivoire etmaniguette (ou malaguette, plante voisine du gingembre et réputée aphrodisiaque). C'est lecommerce triangulaire.
L'empire du Mali était une confédération constituée des états tributaires et des provinces. Les provinces étaient dirigées par des gouverneurs appelés Farins ou Farba, et il y avait unvizir, qui assumait les fonctions de premier ministre. L'empereur était secondé par un conseil des anciens (chefs militaires, civils etmarabouts). Toutes les décisions politiques et administratives étaient prises en conseil.
La révolution musulmane au Fouta-Djalon, comme auBoundou, fut avant tout une réaction populaire contre latraite esclavagiste.
En 1725, le savantmusulman Karamoko Alpha Barry, à la tête d'une coalitionmultiethnique à majorité peule, gagne labataille de Talansan. Les chefs jalonkés (Soussous) sont repoussés vers la côte de la future Guinée. Karamoko Alpha Barry prend le titre d'almamy (étymologiquement :imam, guide des croyants) et fonde la confédération du Fouta-Djalon, un Étatthéocratiqueféodal qui s'appuie à la fois sur les traditions peules, les pratiques esclavagistes et sur les principes de l'islam.
À la fin duXVIIIe siècle, la capitale religieuse de l’État théocratique duFouta-Djalon estFougoumba, où est intronisé l’Almamy (du mot arabeimam), qui gouverne dans la capitale politique,Timbo, assisté du « Conseil des Anciens ». L’élémentpeul domine, dans un État multiethnique. La société est fortement hiérarchisée et inégalitaire, le clivage fondamental se situant entre musulmans et non-musulmans et la discrimination des uns sur les autres.
Au sommet, se trouve l’aristocratie militaire et la classemaraboutique (lasli), puis viennent les hommes libres musulmans (rimbé).
En bas de l'échelle des hommes libres se trouvaient les « Peuls debrousse », convertis tardivement à l'islam après ledjihad.
Le village deKiniéran est entouré de remparts de fortification, vestiges d’avant la colonisation, partiellement détruits parSamory Touré, grand guerriermandingue de l'Afrique de l'Ouest. Né dans une famille de commerçantsmalinkés, Samory Touré s’appuya d’abord sur des populations encore largement animistes pour combattre l’influence des chefs musulmans. Puis, changeant de stratégie, voulant islamiser de force les populations animistes dans lesannées 1880, il provoqua leur révolte et les combattit durement. Il assit son autorité sur leTôron, s’installa àBissandougou et prit le titre deFaama faama (roi). Après avoir imposé sa loi et sa religion, Samory s’empara deKankan, captura les chefsSéréBéréma etSaghadjigi, enrôla les vaincus dans son armée et se présenta en défenseur de l’islam. Il prit le titre d’Almany en 1884 et s’opposa pendant dix-sept longues années à la pénétration des troupes françaises avant d’être arrêté et exilé auGabon[32].
La zone côtière fut occupée au préalable par lesPortugais, qui furent évincés par l'armée française, parce qu'affaiblis par l'occupation de la Guinée-Bissau. De nos jours, de nombreux Guinéens originaires de la côte Atlantique du pays portent des noms d'origine portugaise. La Guinée est proclamée coloniefrançaise en 1891, indépendamment duSénégal, auquel elle était précédemment rattachée. Cette nouvelle appellation remplace celle qu'elle portait jusque-là : les Rivières du Sud. Samory Touré, relayé ensuite par les peuples de la forêt, mène une guerre organisée contre l'occupation française sur la côte et dans les massifs montagneux du sud-est avant d'être vaincu en 1898. La guerre qui oppose les Français au Fouta-Djalon, àPorédaka, s'achève par la victoire des premiers. L'Almamy Bocar Biro Barry est assassiné près des bords duBafing, à Kollen. Il a choisi cette option pour ne pas être soumis ou réduit en vassal de la puissance colonisatrice. Ses guerriers s'éparpillent ou préfèrent se donner la mort à ses côtés. Les régions du Haut-Niger sont annexées l'année suivante. En 1901, la Guinée devient une partie intégrante de l'Afrique-Occidentale française (AOF), administrée par un gouvernorat général. En 1904, dans le cadre de l'Entente cordiale entre laFrance et l'Angleterre, lesîles de Los deviennent françaises en échange de l'abandon de droits sur le séchage de la morue àTerre-Neuve. La France est consciente des réserves debauxite mais ne met pas en place de véritable politique d'industrialisation (création de barrageshydroélectriques, usine de transformation de la bauxite)[33].
Époque de la Guinée indépendante
Lors duréférendum de septembre 1958, la Guinée est le seul pays d'Afrique francophone à rejeter la proposition dugénéral de Gaulle concernant l'intégration des colonies de l'AOF au sein d'uneCommunauté française, ce qui entraîne une rupture immédiate des relations politiques et économiques avec la France[34]. L’indépendance fut proclamée le. La France retira dans le mois qui suivit son armée, ses fonctionnaires et ses crédits. Les colons français emportent avec eux tout leur matériel de valeur, et rapatrient les archives souveraines françaises. LeWashington Post observe l'intransigeance avec laquelle les colons français ont démoli tout ce qu'ils pensaient être leur contribution en Guinée : « En réaction [au vote pour l'indépendance], et comme avertissement aux autres territoires francophones, les Français se sont retirés de la Guinée en deux mois, emportant tout ce qu'ils pouvaient avec eux. Ils ont dévissé les ampoules, emporté les plans des canalisations d'égouts à Conakry, et même brûlé les médicaments plutôt que de les laisser aux Guinéens. »[35]
Le pays accède à l'indépendance le etAhmed Sékou Touré en devient le président à36 ans. La France mène alors une guerre économique contre son ancienne colonie notamment à travers l'Opération Persil. Les services secrets français vont notamment répandre de faux francs CFA pour déstabiliser la Guinée monétairement[36]. Des maquis d'opposition sont constitués avec l'aide des services secrets français.Maurice Robert, chef du secteurAfrique au service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE) de 1958 à 1968, souligne que « nous avons armé et entraîné ces opposants guinéens pour qu’ils développent un climat d’insécurité en Guinée et, si possible, qu’ils renversent Sékou Touré[37]. »
La Guinée inscrit à l'article 34 de sa Constitution qu'elle « peut conclure avec tout État africain les accords d'association ou de communauté, comprenant l'abandon partiel ou total de souveraineté en vue de réaliser l'unité africaine ». Après des discussions avecKwame Nkrumah, apôtre dupanafricanisme, la Guinée et leGhanaforment une union le, puis sont rejoints le par leMali[38]. Officiellementnon-aligné, le régime s'appuie sur l'Union soviétique sans rejeter l'aide desÉtats-Unis[réf. nécessaire].
LePortugal, enlisé dans des guerres coloniales, organise en 1970un débarquement militaire et une tentative de coup d’État contre le régime deSékou Touré afin de priver les indépendantistes duPAIGC de leur plus proche allié, mais l'opération aboutit à un fiasco[39].
Après la mort de Touré en 1984, le gouvernement intérimaire est rapidement renversé parLansana Conté. Sous la pression des bailleurs de fonds, il introduit le multipartisme en 1993 et organise des élections, qui l'ont confirmé par deux fois à la présidence, en 1993 et en 1998. Bien que globalement épargnée par les conflits des pays voisins, la Guinée est confrontée à l'afflux de plusieurs centaines de milliers de réfugiés venus du Libéria et de Sierra Leone.
Après avoir révisé la Constitution pour pouvoir se présenter une troisième fois en, le chef de l'État, pourtant gravement malade, est réélu avec 95,63 % des suffrages face à un candidat issu d'un parti allié, les autres opposants ayant préféré ne pas participer à un scrutin joué d'avance. Fin, le premier ministreFrançois Louceny Fall profite d'un voyage à l'étranger pour démissionner, arguant que « le président bloque tout »[40]. Le poste reste vacant plusieurs mois avant d'être confié àCellou Dalein Diallo, qui sera démis de ses fonctions en.
Le pouvoir du président, sous influence d'hommes d'affaires commeMamadou Sylla, est de plus en plus contesté. Début 2007 éclate unegrève générale réprimée dans le sang[41].
Arrivé au pouvoir, le capitaine précise que le nouveau régime est provisoire et qu'aucun membre de la junte ne se présentera aux élections présidentielles prévues en 2010.
Au fil de ses interventions médiatiques, Moussa Dadis Camara envisage de plus en plus explicitement de se présenter, décevant les espoirs de véritable transition démocratique et déclenchant des mouvements de protestation[43].
Le, des mouvements civils organisent une manifestation pacifique pour demander à Dadis Camara de respecter sa parole et de ne pas se présenter aux présidentielles. Une foule de plusieurs milliers de personnes s'était rendu au stade à la demande de l'opposition pour protester contre le désir du président Dadis de se porter candidat à l'élection présidentielle. Le, au stade deConakry, à la surprise générale les militaires ouvrent le feu sur les manifestants ainsi bloqués dans le stade sans possibilité de fuite. Ce massacre délibéré et manifestement planifié fait plusieurs centaines de morts. De plus, les militaires violent et enlèvent plusieurs dizaines de jeunes femmes, dont certaines seront libérées quelques jours plus tard après avoir subi des viols à répétition, tandis que d'autres disparaissent sans laisser de trace[44].
À la suite du tollé international soulevé par cet évènement, des dissensions apparaissent au sein duCNDD[45] et le, alors queSékouba Konaté est en voyage auLiban, le président est grièvement blessé par son aide de campAboubacar Sidiki Diakité - ce dernier avait été mis en cause explicitement par des diplomates étrangers pour son rôle dans le massacre du, et craignait d'être « lâché » par son président et livré à la justice. Dadis Camara est hospitalisé au Maroc le 4, et Sékouba Konaté rentre au pays pour assurer l'intérim.
Transition de Sékouba Konaté (2010)
Le,Moussa Dadis Camara est renvoyé vers leBurkina Faso par leMaroc pour y continuer sa convalescence. C'est ainsi que le, un accord sera trouvé entre Dadis et Sékouba pour que ce dernier soit reconnu Président de la transition. Cet accord stipule qu'un premier ministre issu des Forces Vives (Partis d'opposition, syndicats, société civile) soit nommé dans le but de former un gouvernement d'Union nationale et de conduire le pays vers des élections libres et transparentes dans les six mois. Aussi, aucun membre du gouvernement d'union nationale, de la junte, du Conseil national de la transition et des Forces de Défense et de Sécurité n'aura le droit de se porter candidat aux prochaines échéances électorales.
Le,Moussa Dadis Camara, dans une allocution à partir du palais présidentielburkinabé, dit que la question de sa candidature est définitivement réglée, ainsi que celle des autres membres de la junte.Jean-Marie Doré, doyen de l'opposition, est nomméPremier ministre, chef du gouvernement d'union nationale chargé d'organiser les futures élections présidentielles.
Le, la justice guinéenne ouvre une instruction judiciaire pour les crimes commis le àConakry, trois magistrats instructeurs sont nommés[46] et le, laFIDH, l'Organisation guinéenne de défense des droits de l'homme et du citoyen (OGDH), trois autres organisations guinéennes de victimes (AVIPA, AFADIS, AGORA) et67 victimes se constituent parties civiles[47].
Le, Sékouba Konaté fixe par décret la date du premier tour de l'élection présidentielle au[48]. Il tient parole et pour la première fois uneélection présidentielle en Guinée se déroule sans qu'aucun militaire ne soit candidat. Le second tour des élections présidentielles devait se tenir le mais a été reporté à une date ultérieure.
Le, un an après le massacre, les victimes et lesONG de défense desdroits de l'homme demandent le jugement des auteurs présumés des faits[49],[50],[51]
Présidence d'Alpha Condé (2010-2021)
Alpha Condé, président de la république de Guinée de 2010 à 2021.
Le,Alpha Condé (candidat du RPG et de l'Alliance Arc-En-Ciel)obtient 52,5 % des suffrages face à son adversaireCellou Dalein Diallo (candidat de l'UFDG et de l'Alliance des bâtisseurs), qui a fini par accepter les résultats de la cour suprême qu'il avait initialement contestés en raison de soupçons d'irrégularités[52]. Le président Alpha Condé est élu pour un mandat de5 ans. En 2011, legouvernement des États-Unis affirme que les actes de torture perpétrés par les forces de sécurité et la maltraitance des femmes et des enfants (par exemple, lamutilation génitale féminine) constituent des atteintes aux droits de l'homme en Guinée.
En 2014 et 2015, le pays est touché par l'épidémie Ebola mais se mobilise pour en contenir les impacts[53],[54].
Le, le président Alpha Condé obtient 58 % des suffrages et estréélu au premier tour de l'élection présidentielle pour un nouveau mandat de5 ans.
En, la Guinée est le premier pays à majoritémusulmane d'Afrique à renouer ses liens diplomatiques avecIsraël[55].
En mars 2020, en dépit des manifestations et du désaccord de la grande partie de la population et de l'opposition et ce malgré une loi stipulant qu'aucun président ne peut se présenter pour plus 2 mandats consécutifs,Alpha Condé modifie la Constitution pour pouvoir légalement se représenter. Il est alors officiellement candidat pour un troisième mandat pour les élections s'étant tenues en octobre 2020[56].
Il remporte les élections du ; son investiture a lieu le 15 décembre[57].
D'après laBanque mondiale, en 2018, le chômage frappe 80 % des jeunes et près de 80 % de la population active travaille dans le secteur informel. Surtout, 55 % des Guinéens vivent sous le seuil de pauvreté[58].
La Guinée est unerépublique, avec comme chef d'État unprésident élu par le peuple pour un mandat de six ans. Cette période initialement fixée à cinq ans a été modifiée à sept ans par la Constitution de 2003, puis re-modifiée par le Conseil National de Transition (CNT) en 2010 pour une durée de cinq ans renouvelable une fois. La fonction de président a été occupée parLansana Conté du au. LePremier ministre est désigné par le chef de l'État. Depuis le, après la première élection présidentielle libre depuis l'indépendance en 1958,Alpha Condé est élu à la tête du pays dans la contestation.
Depuis l'instauration du multipartisme en avril 1992, une quarantaine de nouveaux partis ont été reconnus.
L'ONGTransparency International classe régulièrement la Guinée parmi les pays où la perception de lacorruption est la plus forte. Le thème de la corruption est récurrent dans les revendications des opposants et des organisations syndicales en Guinée.
Les opposantsBillo Bah etFoniké Menguè sont actuellementemprisonnés par le régime depuis le 9 juillet 2024 sans procès et sans que leurs proches aient de leurs nouvelles[61].
La Guinée est subdivisée en huit régions administratives (dont une est constituée parConakry sa capitale),33 préfectures et leurs33 communes urbaines, et303 communautés rurales de développement.Conakry est divisée en 10 communes (Kaloum, Dixin, Matam, Ratoma Lambanyi, Sonfonia, Matoto, Gbéssia, Tombolia, Kassa).
L'analphabétisme parmi les femmes est élevé[71]. Il y a une sous-représentation des femmes dans l'enseignement secondaire et supérieur, mais elles sont de plus en plus présentes[72].
Lapolygamie est la règle, bien qu'elle soit officiellement interdite[71]. Dans le code civil il est dit dans l'article 394 que le mari est le chef de famille[71]. Lesmariages précoces sont fréquents, mais illégaux[71].
Bien qu'illégal, lemariage forcé affecte la majorité des femmes[73],[74].Toutefois, beaucoup de mariages au pays sont des mariages religieux, dans lesquels les autorités civiles n'interviennent pas[74].
Enfin, la majorité des femmes a été affectée par la violence conjugale[74].
Situation des Droits de l’Homme
Le 25 septembre 2020, un rapport[75] publié par Human Rights Watch a révélé que lors des élections législatives et du référendum constitutionnel de mars 2020, les forces de sécurité guinéennes n'ont pas protégé la population des violences électorales et intercommunautaires dans lesquelles au moins32 personnes ont été tuées et plus de90 blessés alors qu'ils commettaient eux-mêmes des violations des droits de l'homme à Nzérékoré. De plus, les forces de sécurité n'ont pas pris de mesures suffisantes pour empêcher ces meurtres, ni la destruction massive de biens. Ils ont également tué deux personnes eux-mêmes, battu et arrêté arbitrairement des dizaines d'hommes. Entre le mois de mars et septembre, Human Rights Watch a interrogé48 victimes et témoins des violences à Nzérékoré, ainsi que 31 proches des victimes, du personnel médical, des journalistes, des avocats, des membres des partis d'opposition, des représentants de la société civile et d'autres informateurs. Ils ont également consulté des rapports publiés par des organisations guinéennes de défense des droits de l'homme et des médias nationaux et internationaux, et examiné des photos, des vidéos et des dossiers médicaux[76].
Sur le territoire de la république de Guinée, ladevise ayant cours depuis 1960 est lefranc guinéen, sauf entre 1972 et 1986, période pendant laquelle la devise était lesyli. Le franc guinéen n'a cours dans aucun autre pays, mais est échangeable auprès de changeurs exerçant à proximité des frontières avec les devises ayant cours dans les pays riverains (lefranc CFA, ledollar libérien, leleone de Sierra Leone et également l'euro et ledollar). La banque centrale de Guinée permet également le change, mais à des taux peu intéressants et uniquement à Conakry.
La majorité des Guinéens travaillent dans lesecteur agricole qui emploie plus de 75 % de la population apte au travail du pays (24 % du PIB).
Lemil et lefonio sont les principales cultures de la Haute-Guinée, tandis que l'on produit de l'arachide dans la région deKoundara. Le riz est cultivé dans les zones inondées en bordure de rivière et de fleuve mais la production locale est insuffisante et le pays importe duriz asiatique. Les cultures vivrières traditionnelles comme celle du manioc restent largement pratiquées autour des habitations.
Le projet minier deSimandou (mont Nimba), sur l’axeBeyla-Nzérékoré, en Guinée forestière (sud-est, frontière duLiberia), qui est l’un des plus grands projets mines-infrastructures en Afrique lancé en 2012, mené parRio Tinto,Chinalco etIFC, et supposé capable d'amorcer le développement régional et national, semble gelé au premier semestre 2016[83],[84],[85].La relance du projet minier géant d’exploitation du fer du mont Simandou a été officialisée à Pékin le. Rio Tinto et le chinoisChinalco ont signé un accord de principe sur les conditions du transfert de la totalité des parts du premier au second dans le développement de la partie sud du Simandou qui nécessitera environ20 milliards de dollars d’investissements. Un protocole fixant le cadre de coopération a été conclu le[86].
La Guinée est dépendante sur le plan énergétique, elle importe la totalité de sa consommation d'hydrocarbures. L'exploitation de gisements au large des côtes est à l'étude.
Le potentiel en production hydro-électrique est considérable en raison du relief et de la pluviométrie, il est estimé à plus de 6 000 MW[87]. Ce potentiel reste encore à exploiter ; les premiers barrages, construits sur le fleuveKonkouré ne suffisent pas à alimenter Conakry en totalité.
Le pays accueille très peu de touristes étrangers, et ce malgré la grande diversité et la beauté des paysages, l'attitude amicale des Guinéens par rapport aux étrangers et les centres d'intérêt potentiels très variés, qu'il s'agisse d'art sculpté, de musique, de danse ou de culture traditionnelle.
Ordres et décorations
En Guinée, les principales décorations sont les suivantes :
Ordre national de Fidélité au Peuple
Ordre national de Guinée
L' ordre national du Mérite est un ordre honorifique guinéen qui récompense des mérites exceptionnels et une fidélité continue dans l’accomplissement de services au profit de la Nation.
Leslangues officielles de la république de Guinée sont lefrançais et leslangues nationales. Le français est la langue de travail. Sous le régime de Sékou Touré, l'État guinéen entreprend, surtout à partir du milieu des années 1960 jusqu'à la fin des années 1970, d'« africaniser » le pays, c'est-à-dire de favoriser davantage les langues nationales et de marginaliser de plus en plus le français. Mais à la fin des années 1970, devant les difficultés économiques, le régime reconnaît que le français est unelangue diplomatique importante et qu'elle est utile pour le développement économique du pays. Le français redevient ainsi la langue officielle de la Guinée. Après le régime d'Ahmed Sékou Touré, le français est redevenu la langue unique d'enseignement à l'école.Nadine Bari est parfois considérée comme l'une des premières femmes écrivaines en français du pays[90].
En 2002, le nombre de locuteurs de langue maternelle française était estimé à 2 % de la population totale[91].D'après les autorités guinéennes, une nouvelle estimation de 2007 revoit ce chiffre fortement à la hausse par rapport à celle de 2002 : le nombre de francophones atteindrait 21,1 % et le nombre de francophones partiels 42,1 %. L'ensemble cumulé représente6 millions de personnes, soit 63,2 % de la population totale ayant une maîtrise partielle ou complète de cette langue[92]. L'anglais est présent dans les régions frontalières avec le Liberia et la Sierra Leone, c'est une langue universitaire et commerciale.
À la suite de la promulgation de lanouvelle Constitution, le 26 septembre 2025[60], les langues nationales redeviennent langues officielles de la Guinée, au même titre que lefrançais[63],[93].
Les trois principales langues d'origine africaine sont[94] :
lepular, parlé majoritairement enMoyenne-Guinée, soit par plus de 32 % de la population guinéenne, qui possède de nombreux locuteurs dans les autres régions ;
lemalinké, parlé majoritairement enHaute-Guinée, et le Kpelle ou guerzé, parlé enGuinée forestière, qui possède également de nombreux locuteurs dans les autres régions ;
lesoso, parlé majoritairement en Basse-Guinée, parlé dans les quatre régions naturelles de la Guinée, qui est la langue dominante de la capitale Conakry.
Mais on rencontre également des locuteurs dans d'autres langues qui sont :
↑Jean Pouquet,Que sais-je? L'Afrique occidentale française, PUF Que sais-je ? 597 (1 janvier 1954), 128 p..
↑1958 : L’accueil fait à De Gaulle fut trompeur. Des foules considérables, massées tout le long du parcours qui reliait l’aéroport de Gbessia au centre-ville, l’accueillirent au son des tam-tams sous les acclamations et les youyous. Mais Sékou Touré ne tarda pas à clarifier sa position. Dans un discours enflammé, il affirma« préférer la pauvreté dans la liberté à la richesse dans l’esclavage ». En réponse, de Gaulle, ulcéré et blessé dans son orgueil, prit acte de la volonté des Guinéens et clama, dans son style théâtral :« Eh bien, si vous voulez l’indépendance, prenez-la ! […] La France ne s’y opposera pas mais en tirera toutes les conséquences. » Dès lors, tout était dit. La Guinée voterait non. Les Français croyaient encore à un possible retournement de situation et votèrent oui. Le résultat fut un non massif à 95 % des suffrages. (cf. : Fernandez (José Maria),Souvenirs de Guinée et d'autres voyages, Édilivre.).
Comité scientifique international pour la rédaction d'une Histoire générale de l'Afrique-Unesco,Histoire générale de l’Afrique, en 8 volumes (existe en édition abrégée) :
L’Afrique de l’Ouest dans la spirale des putschs militaires - Après leMali en août 2020 puis en mai 2021 et laGuinée en septembre, leBurkina Faso a vécu un putsch. Les militaires profitent du sentiment que les élites sont déconnectées pour revenir en force.