Guimaëc est une commune littorale de laManche donnant sur laBaie de Lannion ; son bourg est cependant situé sur un plateau à plus d'un kilomètre de la mer[Note 1]. À l'est, elle est séparée deLanmeur etLocquirec par de minuscules fleuves côtiers (en fait de simples ruisseaux, notamment celui qui se jette à Poul Rodou et le ruisseau du Moulin de la Rive), leDouron et son embouchure étant situés encore plus à l'est, séparant Guimaëc dePlestin-les-Grèves.
Le littoral est caractérisé par des falaises abruptes et élevées, atteignant jusqu'à80 mètres de haut, tant à l'ouest (à la pointe Runglaz par exemple, en direction de Saint-Jean-du-Doigt) qu'au sud-est de la pointe de Beg-ar-Fri ; seules deux plages d'ampleur limitée sont accessibles : celle de Vilin Izella au sud de la pointe de Beg-ar-Fri et celle de Poul Rodou, plus à l'est, partagée avec la commune de Locquirec.
Maxime Maufra :Les trois falaises. Saint-Jean-du-Doigt (1894,musée de Pont-Aven) - en fait la pointe de Runglaz, située en Guimaëc.
L'essentiel dufinage communal est constitué d'un plateau situé vers une centaine de mètres d'altitude dans sa partie occidentale, atteignant111 mètres à son point le plus élevé, près de Keravel, à la limite ouest de la commune ; le bourg est vers85 mètres d'altitude ; la partie orientale de la commune, légèrement moins élevée est aussi plus vallonnée car elle est parcourue par de minuscules fleuves côtiers qui se jettent dans la Manche, pour l'un au niveau de la plage de Poul Rodou, pour deux autres sur celle du Moulin de la Rive (entre ces deux cours d'eau s'étend unepresqu'île de confluence au niveau du hameau du Queillec et des hameaux voisins, qui coupe presque en deux la commune de Locquirec) et enfin par la rive gauche de l'estuaire du Douron, également escarpée, cette partie orientale de la commune culminant vers80 mètres d'altitude, mais s'abaissant jusqu'au niveau de la mer. Seuls les versants pentus des vallées des cours d'eau précités sont restés boisés.
La commune présente unhabitat rural dispersé en de nombreux écarts formés de hameaux et fermes isolées. Son littoral, accidenté, est resté préservé, ne présentant pas de rurbanisation littorale. Le bourg, excentré (limitrophe de la commune de Lanmeur) n'a développé qu'une modestepériurbanisation, principalement le long de la route départementale 64, tant vers le sud en direction de Lanmeur, que vers le nord-est en direction de Locquirec.
« Tel qu'on l'aperçoit de la route de Lanmeur, le bourg paroissial fait de loin bon effet sur son plateaubocager et riant, serrant ses maisons blanches aux toitures grisâtres ou rouillées autour d'un clocher trapu épaulé de deux tourelles. Derrière l'écran des pinèdes de Kerven, la mer glauque apparaît largement dans labaie de Saint-Michel, et la vallée duDouron creuse à l'est son verdoyant fossé, par où la brume et l'air marin s'engouffrent jusqu'aux gras terroirs ondulés dePlouégat et deTrémel. Vers le nord, le sol plus pauvre se dénude, se dépeuple, et la vie s'y concentre presque entièrement sur une étroite bande du littoral, tandis qu'à l'intérieur sont des landes solitaires, hantées jadis par des loups et des fantômes, encore parsemées de mystérieuxmégalithes. Puis c'est la fin des terres, la brusque cassure du continent aux farouches falaises de Kerbaul [et aux falaises de Morguignen], qu'étaye l'énorme éperon de la pointe deBeg-ar-Fri ("le bout du nez") dressant à plus de 60 mètres ses rudes assises degranit rosé où les vagues viennent s'écraser furieusement en neigeuses fumées d'écume. »[1]
Le même auteur décrit la pointe de Beg ar Fri :
« La pointe de Beg-ar-Fri termine majestueusement au nord-ouest l'abrupt terroir de Kerbaul. (...) Au sommet dupromontoire, élevé de 50 mètres au moins [en fait 82 mètres] et strié de grandes failles obliques, une étroite plateforme talutée portait jadis un mât de signaux qui correspondait avec ceux des forts de Primel, enPlougasnou, et de Beg-ar-C'hastel, enLocquirec. La côte est très accore, et dans les plus beaux jours, les vagues brisent violemment au pied du rocher, s'épanouissant en gerbes d'écume, s'engouffrant à grand bruit dans les cavernes et les crevasses que leur action séculaire a creusées de toutes parts. (...) Le paysage marin que l'on embrasse du haut de Beg-ar-Fri est d'une sévère beauté. La pointe dentelée de Primel s'étend longuement à l'ouest (...). Vers l'est, derrière l'abri du cap, elle baigne les montagnes de Sainte-Rose et Brézéhant d'une calme eau bleue, aux tons presque méditerranéens, et contourne la vieille commanderie de Locquirec pour aller battre les falaises rousses deTrédrez et deTrébeurden. »[1]
La plage de Vilin Izella et la pointe de Beg-ar-Fri vus depuis le GR 34 en direction de Poul Rodou.
Rochers entre la plage de Vilin Izella et celle de Poul Rodou vus depuis le GR 34. À l'arrière-plan la plage de Vilin Izella et la pointe de Beg-ar-Fri.
Rochers entre la plage de Vilin Izella et celle de Poul Rodou vus depuis le GR 34.
Rocher entre la plage de Vilin Izella et celle de Poul Rodou vu depuis le GR 34.
Le rocher de Morguignen.
les falaises de Morguignen vues depuis les environs de la plage de Poul Rodou.
La plage de Poul Rodou vue de l'ouest depuis le GR 34. À l'arrière-plan la pointe de Lezingard (enLocquirec)
L'intrusionmagmatique dite de Saint-Jean-du-Doigt forme un complexegabbro-dioritique dont les affleurements peuvent être observés tout le long de la côte entre Poul Rodou (en Guimaëc) et Primel (enPlougasnou)[2].
En 2010, le climat de la commune est de typeclimat océanique franc, selon une étude duCNRS s'appuyant sur une série de données couvrant lapériode 1971-2000[3]. En 2020,Météo-France publie une typologie desclimats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à unclimat océanique et est dans la région climatiqueFinistère nord, caractérisée par une pluviométrie élevée, des températures douces en hiver (6 °C), fraîches en été et des vents forts[4]. Parallèlement l'observatoire de l'environnement en Bretagne publie en 2020 un zonage climatique de la région Bretagne, s'appuyant sur des données de Météo-France de 2009. La commune est, selon ce zonage, dans la zone « Littoral », exposée à un climat venté, avec des étés frais mais doux en hiver et des pluies moyennes[5].
La commune, bordée par laManche, est également une commune littorale au sens de la loi du, diteloi littoral[15]. Des dispositions spécifiques d’urbanisme s’y appliquent dès lors afin de préserver les espaces naturels, les sites, les paysages et l’équilibre écologique dulittoral, tel le principe d'inconstructibilité, en dehors des espaces urbanisés, sur la bande littorale des 100 mètres, ou plus si leplan local d’urbanisme le prévoit[16].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d’occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (84,5 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (85,7 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :terres arables (41,4 %), zones agricoles hétérogènes (40,9 %), forêts (5,8 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (5,7 %), zones urbanisées (3,1 %), prairies (2,2 %), zones humides côtières (0,9 %)[17]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
L'allée couverte, nommée « Lit de Saint-Jean » ou « Lit de la fileuse » (« Beg an inkirenez ») se trouve à 400 mètres à l'ouest de la chapelle Christ. Selon la légende, la fileuse pouvait lancer son fuseau vers la droite jusqu'au "Grand Rocher" dePlestin, ou vers la gauche jusqu'au rocher nommé"Beg an inkirenez" àPlougasnou. Les pèlerins qui se rendaient aupardon deSaint-Jean-du-Doigt se frottaient le dos à la pierre pour se prévenir des rhumatismes. Cet édifice témoigne de l'occupation de cette partie du littoral trégorrois dès leNéolithique.
Incorporé désormais dans le mur de l'enclos paroissial de l'église Saint-Pierre, ancien cimetière du bourg de Guimaëc,"Maen Rannou" (ou"Men Rannou") est probablement unestèle de l'Âge du fer, ou unlec'h gaulois). La tradition rapporte qu'il s'agirait d'une pierre lancée par le géant Rannou (un avatar local deGargantua) depuis son château sur les femmes du bourg qui disaient du mal de lui.
"Lit de Saint-Jean" ou "Tombeau de la fileuse" près de Christ.
Peuplée dès le Néolithique comme l'attestent plusieurs mégalithes, Guimaëc est une paroisse de l'Armorique primitive ouploue. « Guimaëc est certainement une ancienne paroisse » écritRené Largillière[19]. Les paroisses de Lanmeur et Locquirec ont été créées à ses dépens. Le nom de « Ploemaec » disparaît vers leXIVe siècle pour laisser place à Guimaëc (qui se prononce « Guimec », enbretonGwimaeg) c’est-à-dire le bourg desaint Maëc, connu aussi sous les variantes desaint Maeoc,saint Mic,saint Nic,saint Mayeux etsaint Mieux[20]. Selon la légende, on tenta d’y enterrer le corps de ce saint, honoré en d’autres lieux de Bretagne, mais en vain, à chaque fois la dépouille sortait de son tombeau. Ce saint, à l'existence hypothétique, est parfois assimilé (ou confondu) avecsaint Méloir, lui-même connu également sous différentes variantes de noms dontsaint Mélar, ce qui explique l'existence par le passé dans la paroisse d'une chapelle Saint-Mélar désormais disparue.
L'ancienne voie gauloise, puisgallo-romaine, allant de l'antiqueKerfeunteun (devenuLanmeur) à l'embouchure duDouron (où par la suite l'ermite Kirec fonda sonprieuré) passait par Kervidou et Kerlaëron (en Lanmeur), passant donc à l'est de la route actuelle qui passe par le bourg de Guimaëc[1].
Le bourg de Guimaëc est limitrophe du territoire de la commune (anciennement paroisse) deLanmeur.Le territoire deLanmeur et les enclaves de latrève deLocquirec et de lafrairie de Lézingar séparées du reste de cette paroisse par la partie orientale de la paroisse de Guimaëc.
Les limites traditionnelles de la paroisse deLanmeur incluaient latrève deLocquirec, pourtant séparée du reste de Lanmeur par la partie orientale de Guimaëc, ainsi que lafrairie de Lézingar, une étroite bande de terre au bord de lagrève de Milin-an-Aod et elle aussi séparée du reste du territoire paroissial. Ceci s'explique par la fait que Lanmeur, vaste établissement monastique, a accaparé progressivement des morceaux de la paroisse de Guimaëc dont les restes sont restés dépendants de l'évêché de Tréguier alors que Lanmeur et ses dépendances restaient sous l'autorité de l'évêché de Dol ; le bourg même de Guimaëc est à la limite du territoire paroissial de Lanmeur[23].
Les loups se multiplièrent à l'époque desguerres de religion : les comptes de la chapelle du Christ en Guimaëc et ceux de Plougasnou citent plusieurs paiements au veneur du seigneur de Coetnizan « du devoir du loup » : cette taxe fut payée six fois en 1599-1600 par lesfabriques de la chapelle du Christ[24].
L'abbaye du Relec possédait septquévaises près du bourg de Guimaëc, au lieu-ditDouar-an-Abbad ("la terre de l'abbé")[1].
Rannou, seigneur de Trelever, sorte de géant bon enfant et redresseur de torts, il a jalonné le pays demenhirs, de rochers qui sont autant de témoignages de ses exploits herculéens. C’est lui qui décida de la victoire navale de lapointe Saint-Mathieu sur les Anglais en1403[25], ce qui lui valut la reconnaissance duduc de Bretagne.
Jean Coatanlem, né au manoir de Keranrun vers1455.Corsaire et armateur, à la tête d’une flottille, il chassait l’Anglais enmer d’Iroise pour le compte du duc de Bretagne ou pour son propre compte. En 1484, il organisa le sac de la ville deBristol. Après avoir amassé une fortune colossale, il termina sa vie comme grand amiral de la marine portugaise, combattant lesBarbaresques enMéditerranée. Il aurait fréquenté les côtes américaines avantChristophe Colomb. Une légende dit même qu’il indiqua à celui-ci la route du Nouveau Monde…
Laréformation de 1543 indique que Guillaume de Trogoff, sieur de Kergadiou enPlougasnou, est l'époux de Jeanne Coatanlem, quatrième fille de Nicolas de Coatanlem, du lieu noble de Keranrun (en Guimaëc), et de Méance Le Borgne, son épouse[1].
Unechapellenie deSaint-Roch, fondée en 1500 par Guillaume Le Du, recteur deLoguivy (mais originaire de Guimaëc) se desservait à l'autel du même nom, situé dans l'église paroissiale Saint-Pierre ; elle subsista jusqu'à la Révolution française, son dernier chapelain étant depuis 1763 Jean Michel, lequel fut en juillet 1792 emprisonné auchâteau de Brest[1].
Le manoir de Kergadiou vers 1910 (dessin deLouis Le Guennec).Le blason de la famille Le Goff (seigneurs de Kervéguen en Guimaëc).
Le manoir de Kerven[26] fut construit à la fin duXVIe siècle par Olivier Nouël, maire de Morlaix en 1598, époux de Françoise Calloët. Le dernier de leurs neuf enfants, né le, prénommé Yves, prit l'habit religieuxcapucin en 1622 àAngers et est connu sous le nom de "Père Joseph de Morlaix" : il porta notamment secours aux pestiférés de Morlaix en 1630 avant de partir pour Rome et de devenir un prédicateur connu, prêchant notamment àSedan, ville alorscalviniste, et même devant le roiLouis XIV en 1658. Il devint provincial de son ordre religieux en Bretagne avant de mourir àNantes en 1658[27]. Le Madame de Kerven, veuve, vendit le manoir à un commerçant morlaisien, François Le Blonsart, dont la fille unique Marie Le Blonsart, née en 1624, épousa le Yves de Kermabon, sieur de Kermabon en Plougasnou. Le unaveu concernant le manoir et la métairie noble de Kerven indique qu'ils appartiennent à Marie-Anne de Lézormel, fille de Mathieu de Lézormel, sieur de Kerouriou,sénéchal de Lanmeur et veuf d'une demoiselle de Kermabon. En 1751 Corentin Le Dall de Tromelin, petit-fils de Gillette de Kermabon, en hérite. Vendu commebien national pendant la Révolution française, il fut rendu à la famille Le Dall de Tromelin en 1810[1].
Louis de Crésoles, alorsrecteur de Guimaëc, écrit le qu'aucun seigneur n'a dedroit de prééminence dans l'église de Guimaëc ; sa maîtresse-vitre porte toutefois 12 écussons dont un est celui de la seigneurie de Trémédern, un représentant la seigneurie de Tréléver, d'autres celles de Kérérault, de Toulcoët, de Kermerchou, etc.. ; la chapelle Sainte-Anne appartient alors au seigneur de Kermenguy, qui y possède sesbancs ; un autel dédié à saint Sébastien porte un écusson de la famille de Goezbriant ; le marquis de Locmaria dispose d'unbanc « ducôté de l'épître » ; le seigneur de Kerjean Pastour dispose d'un banc dans lechœur, etc[28]. Troisconfréries, celles desaint Pierre, duRosaire et duSaint-Sacrement desservaient l'église[1].
En1759, une ordonnance deLouis XV ordonne à la paroisse de Guimaëc de fournir 30 hommes et de payer 196livres pour « la dépense annuelle de lagarde-côte de Bretagne »[29].
« Guimaëc ; à septlieues et demie à l'ouest-sud-ouest deTréguier, sonévêché ; à 36 lieues deRennes ; et à 3 lieues un tiers deMorlaix, sasubdélégation et sonressort. On y compte 400 communiants[Note 3] ; lacure est à l'alternative. Ce territoire, borné au nord par la mer, renferme des terres excellentes, bien cultivées, fertiles en grains etlins, et abondantes enfoin. Les landes y sont rares. Ses maisons nobles sont : Kervequen, Kergadiou-Linguez, Kerambellec, Tremedern, Kergoumarch, Mezambez, l'Ifle Saint-Jouan, Ville-Mario, le Verger, Penanprat, Penaneach et Trelever ; cette dernière est unramage deLa Roche-Jagu. »[30]
L'abbé Isaac Le Breton,recteur de la paroisse lorsque survint laRévolution française, refusa de prêter le serment de fidélité à laConstitution civile du clerge, devenant doncprêtre réfractaire, mais resta caché dans la paroisse, notamment dans une tourelle du manoir de Kerven ou parfois au manoir de Pennanéac'h. Son ancien vicaire, Paul Buot de Kersers, le remplaça commecuré constitutionnel[1].
A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent ainsi Guimaëc en 1843 :
« Guimaëc (sous l'invocation desaint Pierre) ; commune formée de l'ancienne paroisse de ce nom ; aujourd'huisuccursale. (...) Principaux villages : Kervourc'h, Kerourlou, Kellou, Lizirlin, Kerdudal, Kerdalaër, Kerambellec, Pradigou. Superficie totale1 874 hectares dont (...) terres labourables1 024 ha, prés et pâturages 86 ha, vergers et jardins 1 ha, bois 22 ha, landes et incultes 627 ha (...). Moulins : 12 (de Moulhic, de Menguy, Neuf, du Stanc, de Kervel, de Kerambellec, de Rupont, de Beganfry,à eau ; de Kergadiou,à vent). Il y a en Guimaëc, outre l'église paroissiale, six chapelles : chacune d'elles apardon de deux jours ; le deuxième estfoire de pardon. Il s'y fait un assez grand commerce de fruits. L'agriculture est en voie de progrès dans cette commune : la pomme de terre y est surtout fort cultivée, quoiqu'on ne l'exporte pas. Lechêne y vient peu, mais l'orme est assez abondant : lepommier n'y prospère pas. (...) Géologie : terrainschisto-argileux. On parle lebreton. »[31]
En 1872 l'ancien manoir de Kerven, converti en ferme et très dégradé, fut acheté par Édouard de Bergevin[Note 4], ancien officier desChasseurs d'Afrique, époux de Franceza Huon de Kermadec et qui collabora à l'œuvre de son oncle généalogistePol Potier de Courcy.
En 1892, l'école libre de filles avait 65 élèves (elle est laïcisée cette année-là) alors que l'école publique n'en avait que 5[32].
Pierre Guéguen, de Guimaëc, fut l'un des cinq marins du voilierFrasquita (qui appartenait à l'aventurierJacques Lebaudy, lequel se proclama "empereur du Sahara") faits prisonniers par une tribumaure ; il revint vivre à Guimaëc en 1903 après sa libération[33].
En mars 1906 les agents des domaines qui tentaient de procéder à l'inventaire des biens d'église durent se retirer devant les manifestations hostiles des paroissiens[34].
Le, Édouard de Bergevin, ancien maire, et Yves Le Lous protestent dans une lettre contre les pressions exercées par le maireradical de Guimaëc qui lors des élections législatives distribue des bulletins de vote au nom d'un seul candidat,Émile Cloarec (lequel fut réélu député), tandis que des conseillers municipaux accompagnaient ensuite les électeurs jusqu'à l'urne[35].
L'abbé Madec, qui avait obtenu l'autorisation d'ouvrir une école privée de garçons à Guimaëc, fut poursuivi en 1909 pour y avoir annexé une école pour adultes, mais il fut relaxé par le tribunal de Morlaix[36].
Le est fondée l'"Union catholique" de Guimaëc qui, dès sa création, a 64 hommes adhérents ; le comité se compose de 11 membres, un par quartier. « C'est là une bonne journée pour la paroisse de Guimaëc » écrit le journalL'Univers[37].
En 1923 le Conseil départemental d'hygiène adopte les conclusions du docteur Olgiati et donne un avis favorable à la demande de translation du cimetière formulée par leConseil municipal de Guimaëc[39].
Le le vapeur espagnolAlfredo coula au large d'Ouessant, victime d'une effroyable tempête. L'équipage, composé de 19 hommes, se réfugia dans unebaleinière et lutta courageusement pendant une quarantaine d'heures contre une mer démontée, avant d'âtre jetés à la côte sur une plage de Guimaëc ; pendant la traversée six hommes étaient morts de fatigue et de froid. À peine l'embarcation eut-elle touchée la terre que ses occupants, épuisés, se couchèrent sur la plage avant d'avoir pu assurer l'amarrage de l'embarcation qui, entraînée par le courant, reparti au large avec les corps des marins décédés ; elle ne fut jamais retrouvée. Secourus par des habitants de Guimaëc, certains survivants durent être frictionnés pendant plusieurs heures avant de retrouver quelques forces.
Leroi d'Espagne, touché par l'attitude de la population de Guimaëc, décora de l' "Ordre de la Boneficiena" quatre personnes qui lui avaient été particulièrement signalées : François Tocquer[Note 5],premier maître en retraite ; Philomène Tocquer, fille du précédent ; Jean Périou et son épouse[40].
Le leSteredenn-Vor, deDouarnenez, se perdit corps et biens entre la pointe de Guimaëc et Saint-Jean-du-Doigt, entraînant la disparition de son propriétaire, Jean-René Bellec, seul à bord[41]. En juin 1932 l'équipage de trois hommes dudundeeSaint-Antoine-de-Padoue, de l'Île-Grande eût plus de chance : réfugiés dans un canot après le naufrage de leur bateau au large de l'Île de Batz, ils parvinrent sains et saufs à la côte près de Beg-ar-Fri[42].
Stèle commémorative des débarquements et embarquements de missions alliées avec l'aide de la Résistance pendant les premiers mois de 1944 sur la plage de Vilin Izella.
François Mitterrand, alors appelé« Morland », débarqua la nuit du, sur la plage de Vilin Izella, arrivant en compagnie de deux agents anglais ; alors âgé de 27 ans, il fut accueilli par plusieurs personnes de Guimaëc, aujourd'hui disparues. Parmi ces personnes, on cite les noms de Louis Mercier, mareyeur, de sa femme, Philomène, d'Aristide Sicot, responsable des plages du réseau « Var », et des sœurs Jacob. « Un événement qui a marqué sa vie » Devenu Président de la République, François Mitterrand revint sur les lieux, accueilli par le maire Bernard Cabon et son premier adjoint François Bourhis[44]
François Marie Periou[Note 6], cultivateur, âgé de 19 ans, fut assassiné par les Allemands dans le bourg deLanmeur le.
Vers 1980,EDF avait présenté un projet de construction d'unecentrale nucléaire sur lesfalaises de Beg-ar-Fri. Puis le projet avait été abandonné pour se concentrer surPlogoff.
Réélu pour un deuxième mandat en[46], le maire Georges Lostanlen démissionne du conseil municipal, à la suite de la démission des neuf conseillers de sa liste, fin[47]. Lors des élections de, la liste menée par Pierre Le Goff, conseiller d'opposition jusqu'alors, remporte la totalité des sièges[48].
Le blason de la commune de Guimaëc a été établi en 1987 par Bernard Cabon. Il a été adopté cette même année par le conseil municipal et officialisé par un arrêté préfectoral qui le protège. Il ne peut être utilisé sans l'accord de la commune.
La justification est la suivante :
L'épée est celle de Rannou Trelever, géant mythique et emblématique du Trégor, dont la légende dit qu'il habitait la paroisse de Guimaëc.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[55]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2007[56].
En 2022, la commune comptait 966 habitants[Note 21], en évolution de +0,84 % par rapport à 2016 (Finistère : +2,16 %,France horsMayotte : +2,11 %).
« L'église de Guimaëc, classée (...)monument historique, se compose d'unenef de troistravées, avecbas-côtés, et d'unchœur aussi de trois travées, flanqué de deux larges chapelles. Lespiliers carrés à simplestailloirs soutiennent desarcades enplein cintre indiquant le début duXVIIIe siècle. D'un édificegothique antérieur, il subsiste la muraille de droite du chœur, percée d'une petite fenêtre ronde et d'unbénitier ogival (...). [L]eclocher est accosté de deux tourelles ou cages d'escalier amorties endôme ; cette dualité est un fait assez rare (...). De massifscontreforts épaulent ses angles et unecorniche très saillante, dont les nombreusesmoulures se poursuivent sur les tourelles, soutient lagalerie de la plate-forme. Lebeffroi, à trois chambres de cloches est sommé d'une courte pyramide ajourée de quelques baies rondes. (...) Leporche, refait auXVIIIe siècle, a gardé sonarcade ogivale pauvrement moulurée, la date de 1558 est inscrite engothique, et deux lions formantgargouilles au bas desrampants. La porte intérieure, surmontée d'une niche contenant la statue archaïque desaint Pierre,patron de la paroisse, est flanquée depilastres àchapiteaux étranges, nœuds de cordes ou cordes enroulées »[1]
L'église Saint-Pierre et son enclos paroissial, vue d'ensemble.
L'église paroissiale Saint-Pierre.
Église Saint-Pierre : vue intérieure d'ensemble.
Église Saint-Pierre : la poutre de gloire et le maître-autel.
Église Saint-Pierre : le maître-autel.
Église Saint-Pierre : autel latéral.
Le calvaire de l'enclos paroissial : vue d'ensemble.
lachapelle Notre-Dame-des-Joies (Chapel Itron Varia Joaou), classée au titre desmonuments historiques par arrêté du[65]. La tradition attribue l'origine de cette chapelle aux seigneurs deTrémédern. Ainsi, le fils aîné du marquis de Trémédern était parti à la croisade. Des années s'écoulèrent sans que l'on reçût de ses nouvelles. Sa famille le pleura, n'espérant plus le revoir. C'est alors que le frère cadet, se promenant à cheval, vit venir un cavalier tout couvert de poussière dont la visière baissée cachait le visage. Tous deux voulurent passer de front dans l'étroit sentier. Nul ne voulant céder le passage, un duel fut décidé sur-le-champ. L'étranger, affaibli, allait être vaincu lorsqu'il s'écria : « Sainte Vierge, me faudra-t-il mourir ici, après avoir échappé à tant de périls, en face du manoir de mon père ». Son adversaire lui demanda : « Qui donc es-tu ? » Le croisé leva sa visière et répondit : « je suis le fils du seigneur de Trémédern. » Pleurant d'émotion les deux frères s'embrassèrent et firent le vœu d'élever une chapelle en ce lieu où ils avaient failli s'entretuer. La chapelle a bénéficié d'une restauration intérieure dans les années 1980 et 1990 (le prix de la "Société pour la protection des Paysages et de l'Esthétique de la France" lui a été accordé en l'an 2000)[66]. On peut y admirer aujourd'hui un grand nombre de peintures sur bois desXVIe siècle etXVIIe siècle ainsi qu'un remarquable chancel. Visites commentées les mardis et jeudis après-midi l'été.
Chapelle Notre-Dame-des-Joies :poutre de gloire et partie supérieure duchancel avec ses peintures sur bois représentant des portraits de saints.
Chapelle Notre-Dame-des-Joies : portraits de saints peints sur bois dans la partie supérieure du chancel.
Chapelle Notre-Dame-des-Joies : peintures sur bois représentant des portraits de saints (saint Corentin et saintAntoine de Padoue).
Chapelle Notre-Dame-des-Joies : cloison intérieure séparant le chœur de la partie arrière de la chapelle (vue en direction de l'autel depuis la partie arrière de la chapelle).
Chapelle Notre-Dame-des-Joies : cloison intérieure séparant le chœur de la partie arrière de la chapelle (vue en direction de l'arrière de la chapelle depuis la partie avant de la chapelle).
Chapelle Notre-Dame-des-Joies : le calvaire situé dans l'enclos.
Sans protection, ardoises et murs se détériorent très vite et s'écroulent en grande partie en1958 et1959. Sans la moindre décision qui permette de remettre rapidement hors d'eau ce chef-d'œuvre, l'ensemble ressemble rapidement à une ruine. En accord avec l'évêché et les beaux-arts, les moines de l'abbaye de Landévennec emportent les dalles et un autel de pierre, puis le vandalisme commence. Depuis, certains étés, des troupes de scouts sont venus débroussailler et ces travaux de nettoyage, plus importants en1998, ont sensibilisé quelques habitants des environs. Une association est créée et, grâce à des concours et des dons, la restauration peut commencer en2005. À ce jour les murs ont été remontés, la charpente traditionnelle en chêne a été installée récemment, de même que la toiture en ardoises de Locquirec. La prochaine tranche de travaux devrait concerner les vitraux, les enduits, le dallage ainsi que l'électricité afin que puissent s'y dérouler des spectacles, des concerts et s'y tenir des expositions.
Le calvaire de Christ présente à l'avers leChrist,Madeleine,saint Jean et un personnage décapité ; au revers un Christ en robe, une femme et saintPaul Aurélien. Pendant la Révolution française, douze chevaux ne parvinrent pas à arracher ce calvaire.
La fontaine, le calvaire et la chapelle du Christ.
La chapelle Sainte-Rose vers 1920 (dessin de Louis Le Guennec).
Construite à 80 m d'altitude, face à la mer dont elle essuie toutes les tempêtes, cette chapelle était privée.Louis Le Guennec écrit qu'elle était « admirablement campée sur une montagne dominant la mer de plus de80 mètres et dévalant par une pente vertigineuse jusqu'à la jolie plage ignorée de Poul-Rodour ». Selon unegwerz, cette chapelle aurait été construite à la suite d'un miracle, une jeune fille prénommée Rose ayant trouvé une femme noyée sur la plage qui tenait encore dans ses bras un bébé encore en vie et qu'elle sauva en lui donnant le sein malgré sa virginité[1]. Il ne reste que quelques ruines et est interdite au culte par le propriétaire des lieux depuis1947, date du dernierpardon (le premier dimanche après la Sainte-Anne). À l'origine, du temps des seigneurs de Kervegen, le jour du pardon, les fermiers de Kerbaul, de Keroriou et des alentours payaient unedîme comme en témoigne unaveu du recteur en1702.
« Le dimanche que se trouve le pardon de sainte Rose, au vis de la chapelle appartenant au dit seigneur, à l'isseu des vespres du dit jour, de représenter plein une brassée de cordes de pois en gousses pour y être en l'endroit brulez ou à défaut de ce faire, payer à la dite seigneurerie soixante solz d'amende. »
En partie détruite avant1880 elle est rasée en1903. Avec sa nef, son transept et son abside à trois pans c'est la plus récente de la paroisse. Une partie des pierres de construction a été vendue, d'autres encore ont servi à réparer le mur sud de l'église paroissiale. Tout près, il existe toujours une fontaine et dans le prolongement, une piscine compartimentée en plusieurs bacs peu profonds où étaient plongés les enfants de santé fragile. Le pardon de la chapelle était célébré au mois de mai.
Paul Peyron etJean-Marie Abgrall ont longuement décrit ces diverses chapelles dans un article paru en 1911 dans le "Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie"[68].
Pigeonnier de Kervéguen, construit dans lesannées 1550 par le seigneur du manoir. Le nombre considérable de ses trous de boulin donne une idée de l'importance du domaine car chaque alvéole correspond à un couple de pigeons et à50 ares de terre.
Musée rural des Vieux Outils du Trégor. Ce musée ouvert l'été et sur demande pour les groupes abrite une remarquable collection d'outils de la terre, de la mer et de la vie quotidienne.
↑Gustave Coat, né le àPlougasnou, décédé le au bourg de Guimaëc.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOI10.4000/cybergeo.23155,lire en ligne, consulté le)
↑Henri Bourde de La Rogerie,L'église de Saint-Jean-du-Doigt ; notes pour servir à son histoire, Bulletin de la Société archéologique du Finistère, 1909,Gallica
↑Ce fut la deuxième plus importante filière clandestine d'évasion d'aviateurs alliés vers l'Angleterre en Bretagne, après leréseau Shelburn depuis laplage Bonaparte enPlouha