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Guillaume le Conquérant

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Pour les articles homonymes, voirGuillaume le Conquérant (homonymie),Guillaume Ier,Guillaume de Normandie,Guillaume etConquérant.

Guillaume le Conquérant
Illustration.
Guillaume le Conquérant,
détail de laTapisserie de Bayeux qui le représente en majesté sur son trône, cheveux clairs,coupe au bol et nuque rasée.
Titre
Roi d'Angleterre

(20 ans, 8 mois et 15 jours)
Couronnement en l'abbaye de Westminster
PrédécesseurHarold II
SuccesseurGuillaume II
Duc de Normandie

(52 ans, 2 mois et 6 jours)
PrédécesseurRobert Ier
SuccesseurRobert II
Biographie
DynastieMaison de Normandie
Date de naissance1027 ou 1028
Lieu de naissanceFalaise (Normandie)
Date de décès
Lieu de décèsRouen (Normandie)
SépultureAbbaye aux Hommes (Caen)
PèreRobert le Magnifique
MèreArlette de Falaise
FratrieRobert de Mortain
Odon de Bayeux
ConjointMathilde de Flandre
EnfantsRobert II
Richard de Normandie
Adélaïde de Normandie
Cécile de Normandie
Guillaume II
Constance de Normandie
Adèle de Normandie
Henri Ier
ReligionChristianisme
Ducs de Normandie
Rois d'Angleterre
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Guillaume le Conquérant (enanglais,William the Conqueror), appelé égalementGuillaume le Bâtard ou Guillaume de Normandie[note 1], est né àFalaise en 1027 ou 1028[note 2] et mort àRouen le. Il futduc de Normandie, sous le nom deGuillaume II, de 1035 à sa mort, etroi d'Angleterre, sous le nom deGuillaume Ier, de 1066 à sa mort.

Fils deRobert le Magnifique et de safrilla,Arlette de Falaise (Herleva), Guillaume devient duc de Normandie vers l'âge de huit ans, à la mort de son père en 1035. Après une période de forte instabilité, il parvient à reprendre la domination du duché à partir de labataille de Val-ès-Dunes, en 1047. Il épouseMathilde de Flandre vers 1050. Il fait de laNormandie un duché puissant, craint desrois de FranceHenri Ier (1031-1060) puisPhilippe Ier (1060-1108).

À la mort sans enfant du roi d'AngleterreÉdouard le Confesseur, unecrise de succession éclate et, après sa victoire à labataille d'Hastings (1066), il s'empare de lacouronne d'Angleterre. Cetteconquête fait de lui l'un des plus puissants monarques de l'Europe occidentale et conduit à de très profonds changements dans la société anglaise, dont l'élite anglo-saxonne disparaît au profit des Normands.

Dès lors, il passe la suite de son règne à se défendre face à ses nombreux ennemis, que ce soit en Angleterre (les rebelles anglo-saxons rassemblés derrièreEdgar Ætheling, les Danois et les Écossais) ou sur le continent (lecomte d'AnjouFoulques le Réchin, le comte de FlandreRobert Ier, et surtout le roi de FrancePhilippe Ier). Il meurt àRouen en 1087, après la mise à sac deMantes, au cours d'une campagne de représailles dans leVexin français contre le roi Philippe Ier. Il est inhumé à l'abbaye aux Hommes de Caen.

Règne

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Contexte historique

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Robert le Magnifique devientduc de Normandie le, à la mort de son frère aîné,Richard III, âgé seulement de20 ans. Ce dernier venait de succéder à leur père,Richard II, mort un an plus tôt. Cet épisode avait été l'occasion d'une rébellion de Robert, vite réprimée par l'armée ducale[b 1]. La mort brutale et mystérieuse de Richard III profite à Robert, accusé plus tard par des écrivains commeWace d'avoir fait empoisonner son frère. Richard laisse un jeune fils bâtard, Nicolas, écarté de la cour[d 1].

Le duc Robert doit rapidement affronter des rébellions contre le pouvoir ducal :Guillaume Ier de Bellême est alors assiégé àAlençon[2], puis l'évêqueHugues de Bayeux chassé de son château d'Ivry-la-Bataille.Comte d'Évreux etarchevêque de Rouen,Robert le Danois s'oppose au duc Robert (par ailleurs son neveu) qui, au début de son principat, enlève des terres aux abbayes et aux grandes églises, pour les distribuer à de jeunes nobles, telRoger Ier de Montgommery, pour les récompenser à moindre frais.

Le duc Robert part en 1028 mener le siège d'Évreux. Après avoir mis en défense la cité, l'archevêqueRobert le Danois négocie auprès du roi de France,Robert le Pieux, son exil en France, d'où il lance l'anathème sur la Normandie. La sanction ecclésiastique fait sentir son effet : le duc rappelle l'archevêque et le rétablit dans ses charges comtales et archiépiscopales[3].

Enfin, le ducAlain III de Bretagne (fils deGeoffroi Ier de Bretagne et d'Havoise de Normandie – tante du duc de Normandie) devenu adulte refuse à son tour l'allégeance à Robert le Magnifique (son cousin). Vers 1030, Robert envoie sa flotte ravager les environs deDol.Alfred le Géant etNéel II de Saint-Sauveur écrasent bientôt les Bretons. Par l'intermédiaire de l'archevêqueRobert le Danois, le duc de Bretagne se réconcilie avec Robert le Magnifique et se reconnaît son vassal[4]. Robert le Danois devient par la suite un homme fort du duché, autour duquel se rejoignent un certain nombre de nobles commeOsbern de Crépon,sénéchal du duc, etGilbert de Brionne[d 2].

Enfance

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Photographie couleur du château de Falaise
Lechâteau de Falaise, où est élevé Guillaume le Conquérant.

Guillaume naît en 1027 ou 1028 àFalaise, enNormandie, probablement en automne, non pas auchâteau de Falaise, mais au domicile de sa mère,Arlette, vraisemblablement dans le « bourg » de Falaise[b 1],[5][réf. incomplète],[6]. La date du, fréquemment rencontrée, est probablement fausse : on la doit àThomas Roscoe, qui l'indique dans la biographie de Guillaume qu'il écrit en 1846, à partir de la prétendue confession de Guillaume àOrderic Vital sur son lit de mort, la date et le mois étant copiés de ceux de labataille d'Hastings. La date de naissance exacte est l'objet d'écrits contradictoires : Orderic Vital affirme que Guillaume aurait indiqué avoir64 ans à sa mort, ce qui daterait sa naissance de l'année 1023. Mais le même auteur précise par ailleurs que Guillaume a huit ans quand, en 1035, son père part pourJérusalem, ce qui déplacerait son année de naissance à 1027. De son côté,Guillaume de Malmesbury affirme que Guillaume a sept ans au départ de son père ; il serait alors né en 1028. Enfin, dansDe obitu Willelmi (en), il est dit que Guillaume n'a que59 ans à sa mort, ce qui situerait sa naissance en 1027 ou 1028[d 3].

Comme beaucoup de nobles de son époque, Guillaume est formé au maniement des armes, à la pratique équestre et à lalangue diplomatique, alors que la formation littéraire reste rudimentaire, comme en témoigne lesignumautographe (la plus grande croix) qu'il appose sur les actes[note 3] sur l'accord de Winchester (1072).

Guillaume est le seul fils deRobert Ier de Normandie. Sa mère,Arlette, est la fille deFulbert de Falaise, un préparateur mortuaire[7] ou marchand de peaux[8] de la ville. La nature de la relation entre Arlette et le duc Robert est incertaine : simple concubinage ou unionmore danico[c 1]. À une date incertaine (avant 1035 ?), Arlette sera mariée avecHerluin de Conteville, avec qui elle aura deux fils :Odon de Bayeux etRobert de Mortain. Guillaume a une sœur,Adélaïde de Normandie, née en 1026, dont on ne sait avec exactitude si elle est la fille de Robert et/ou d'Arlette. Enfin, Arlette a deux frères, Osbern et Gautier ; ce dernier est l'un des protecteurs de Guillaume pendant son enfance[d 3].

Début de règne difficile

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En 1034, le duc décide de partir enpèlerinage àJérusalem, bien que ses partisans tentent de l'en dissuader, arguant qu'il n'a pas d'héritier en âge de régner. Avant son départ, Robert réunit alors un conseil des puissants normands pour leur faire jurer fidélité à Guillaume, son héritier. Robert meurt en àNicée, sur la route du retour[d 4]. Guillaume devient alorsduc de Normandie.

L'autorité du nouveau duc est d'autant plus fragile que Guillaume n'a que sept[d 5] ou huit[b 2] ans. Leduché de Normandie traverse en conséquence une décennie de troubles, alimentés par la mort de son grand-oncle, l'archevêqueRobert le Danois, son premier et puissant protecteur, en[d 6]. Des guerres éclatent entre les principales familles baronniales ; des châteaux se dressent dans le duché[9].

Des complots frappent jusqu'à l'entourage ducal et Guillaume perd plusieurs de ses tuteurs ou protecteurs par assassinat :Alain III de Bretagne, qui s'était proclamé protecteur de Guillaume, mais revendiquait le duché pour lui-même en tant que petit-fils du duc Richard Ier, meurt àVimoutiers en[10] ;Gilbert de Brionne, nommé par la suite tuteur de Guillaume, est assassiné quelques mois plus tard à l'instigation deRaoul de Gacé[11],[12] ; Turquetil de Neuf-Marché est assassiné vers fin 1040 - début 1041[13] ; enfin, le sénéchalOsbern de Crépon est tué dans la chambre même du duc par le fils deRoger Ier de Montgommery[14]. LesRichardides, descendants des anciens ducs, semblent impliqués dans ces meurtres. Walter, oncle de Guillaume par sa mère, doit parfois cacher le jeune duc chez des paysans[b 3]. Aux troubles de la minorité de Guillaume vient s'ajouter le fléau de la famine, qui pèse sept ans sur la Normandie. Elle est accompagnée d'une épidémie fort meurtrière[15].

Bien que de nombreux nobles normands soient engagés dans des querelles locales, commeHugues Ier de Montfort qui s'entretue avec Gauchelin (ou Vauquelin) deFerrières[16], les principaux seigneurs et l'Église restent fidèles au pouvoir ducal[d 7], ainsi que le roiHenri Ier de France[d 8].

Les proches amis de Guillaume, qui sont presque tous ses parents à des degrés divers, décident de le faire vivre dans la clandestinité et de le faire changer de gîte chaque nuit. En 1046, Guillaume a environ dix-neuf ans. Un complot vise cette fois sa personne, jusqu'alors épargnée. Une partie des seigneurs forment une coalition pour l'écarter du trône ducal, au profit deGui de Brionne (v. 1025-1069), un cousin de Guillaume, fils deRenaud Ier de Bourgogne et d'Adélaïde, fille deRichard II. Cette rébellion rassemble essentiellement de « vieux Normands » de l'Ouest (Bessin,Cotentin,Cinglais), traditionnellement indociles et hostiles à la politique d'assimilation menée par les ducs[note 4]. Participent notamment au complotHamon le Dentu, sire deCreully, les vicomtesNéel deSaint-Sauveur et Renouf deBessin, ditde Briquessart, Grimoult, seigneur duPlessis etRaoul Tesson, seigneur deThury-Harcourt, qui changera rapidement de camp[17]. Gollet, le fidèle bouffon de Guillaume, surprend les propos des conjurés, réunis à Bayeux, et prévient son maître, qui dort àValognes. Guillaume échappe ainsi de peu à une tentative d'assassinat par lesséides de Néel de Saint-Sauveur[18]. Il s'enfuit dans la nuit à travers labaie des Veys, puis il est accueilli parHubert de Ryes, qui le fait escorter en sécurité jusqu'àFalaise[d 9]. Cette fuite de Valognes, relatée par les chroniqueurs qui servent la propagande normande en usant de l'art rhétorique de l'amplification, comme une chevauchée seul et sans escorte, forge en partie le mythe de Guillaume, jeune homme courageux, bâtard et solitaire[18]. Avec l'aide du roi de FranceHenri Ier, le jeune duc part en campagne contre les rebelles normands, qu'il parvient à défaire à labataille de Val-ès-Dunes, près deCaen, en 1047[19], grâce, entre autres, au ralliement de toute dernière minute d'un des seigneurs rebelles, Raoul Tesson.

Croissance du pouvoir ducal

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Article détaillé :Conflits féodaux dans les Marches de Normandie et d'Île-de-France.
Photographie couleur de la colonne commémorative de la bataille du Val-ès-Dunes de 1047
Colonne commémorative de labataille de Val-ès-Dunes de 1047.

La victoire de Val-ès-Dunes en 1047 est le premier tournant du règne. Guillaume reprend solidement en main le duché. À l'occasion d'un concile tenu à Caen la même année, il impose de lui-même laPaix et laTrêve de Dieu[b 4].Gui de Brionne, réfugié dans son château de Brionne avec une importante troupe armée, en est délogé vers 1050. Il doit se séparer de sescomtés deBrionne et deVernon et s'exiler[d 10].

À la même période, Guillaume obtient son mariage avecMathilde de Flandre, fille deBaudouin V, comte deFlandre, et nièce du roi de FranceHenri Ier. L'union est arrangée dès 1049, mais le papeLéon IX l'interdit auconcile de Reims tenu en, en raison de leur degré de consanguinité[note 5]. Malgré cela, le mariage est prononcé au début des années 1050, avant 1053 certainement[d 11],[note 6], àEu.

L'hypothèse d'une sanction papale n'est pas certaine, même s'il faut attendre le pontificat deNicolas II pour que le couple soit définitivement absous, au prix d'une pénitence : celle de fonder quatre hôpitaux et deux monastères[21]. L'abbaye dite « aux Hommes », dédiée àsaint Étienne, et l'abbaye dite « aux Dames », dédiée à laSainte Trinité, sont ainsi élevées àCaen à partir de 1059[d 12]. Ces constructions créent de fait la ville. Le mariage soude une alliance entre les deux plus puissantes principautés du nord de la France : lecomté de Flandre est alors une principauté très puissante, en conflit avec leSaint-Empire romain germanique[b 5].

Le duc Guillaume doit alors faire face aux ambitions grandissantes deGeoffroy Martel,comte d'Anjou, auprès duquel Gui de Brionne s'est réfugié[d 13].

Après la mort deHugues IV du Maine en 1051, l'Angevin s'empare duMans, deDomfront et d'Alençon aux dépens duseigneur de Bellême qui les tenait du roi de France[d 13]. Allié avec le roiHenri Ier de France, Guillaume part en campagne contre lui[b 6]. Pendant que le roi menace les arrières de Geoffroy Martel, le duc Guillaume de Normandie assiège Domfront et prend Alençon dont il incendie laredoute[22]. La garnison de Domfront se rend avec la promesse d'être épargnée, tandis que celle d'Alençon est châtiée, l'épisode mentionné parOrderic rappelant la cruauté du duc, comme tous les seigneurs en guerre à cette époque[note 7]. Guillaume et le roi Henri parviennent à chasser Geoffroy du Maine, permettant ainsi de sécuriser le duché par le renforcement des positions d'Alençon et deDomfront[d 14].

En 1052 cependant, le roi Henri Ier change d'alliance : il renverse sa politique pour limiter l'expansion de son vassal normand, dont le mariage avecMathilde de Flandre le fait apparaître trop puissant à ses yeux[23], et prend le parti de Geoffroy et deThibaud III de Blois.

Dans le même temps, le duc doit compter avec l'hostilité desRichardides[d 15], une partie de sa parentèle qui conteste ouvertement sa position et prend la tête d'un groupe de barons normands rebelles à Guillaume[d 16].

En 1053, le duc Guillaume doit livrer bataille à l'intérieur même de la Normandie pour asseoir son autorité[d 17], notamment auprès de ses oncles, l'archevêqueMauger de Rouen, qui a pris la succession deRobert le Danois en 1037[d 18], etGuillaume d'Arques, qu'il assiège dans sonchâteau à Arques et auprès duquel le roi de FranceHenri Ier envoie une armée en secours. Guillaume obtient finalement sa reddition à la fin de 1053. Battu,Guillaume d'Arques s'exile après l'échec de sa révolte contre le duc en 1054, ses fiefs étant confisqués et redistribués.

Illustration en couleur du XIVe siècle
« Le duc de Normandie Guillaume le Bâtard vainquit les Français à labataille de Mortemer et envoya un messager au roiHenri de France vaincu. »
Illustration desChroniques de Saint-Denis,XIVe siècle.

Le roi de France,Henri Ier, et lecomte d'Anjou,Geoffroy II d'Anjou, forment alors une grande coalition comprenant les ducs d'Aquitaine, de Bourgogne, les tuteurs du duc de Bretagne,Conan II de Bretagne, fils d'Alain III, les comtes de Champagne et de Chartres. Chacun de ces seigneurs ayant fourni son contingent, l'armée est divisée en deux selon le plan de Geoffroy Martel, devant se réunir devantRouen, la capitale duduché de Normandie. En, deux armées franco-angevines envahissent la Normandie : un corps composé de Champenois et de Bourguignons sous les ordres d'Eudes, frère du roi Henri Ier, traverse laBresle pour atteindre lepays de Bray, tandis que les chevaliers d'Outre-Seine et Garonne, commandés par le roi et par Geoffroy, franchissent l'Avre et attaquent lecomté d'Évreux. Guillaume choisit une attitude défensive : il constitue également deux armées, l'une dirigée par lui-même contre l'armée du roi et l'autre commandée par des fidèles (Gautier Ier Giffard,Robert d'Eu,Hugues de Gournay,Hugues II de Montfort…) enpays de Bray, qui ont pour ordre d'éviter l'affrontement et de surveiller les corps adverses, pour n'agir qu'au moment le plus propice[d 19]. Profitant de la négligence des Français, les Normands dirigés parGautier Ier Giffard etRobert d'Eu attaquent pendant la nuit leur camp, qui est anéanti.Guy Ier de Ponthieu, entre autres, est fait prisonnier. Informé, le roi de France abandonne la coalition dont il est le chef et fait la paix avec Guillaume, en échange de prisonniers et du droit pour Guillaume de conserver les terres conquises sur le comte d'Anjou Geoffroy Martel.

En, peu après lebannissement de son frèreGuillaume de Talou,comte d'Arques,Mauger est déposé à son tour au concile deLisieux et envoyé sur l'île deGuernesey[24],[25].

En, poussé par son allié Geoffroy d'Anjou, le roiHenri Ier de France tente une nouvelle offensive en Normandie. L'armée franco-angevine entre dans lepays d'Hièmes, donne l'assaut àExmes, arrive dans leBessin, passe laDives, puis se dirige versBayeux, rebrousse chemin devant laSeulles, franchit l'Orne àCaen (qui est alors une ville ouverte dépourvue de château). Rapide, l'expédition ne rencontre pas de résistance, Guillaume, qui était à Falaise, se bornant à mobiliser son armée et renforcer ses châteaux. De Caen, l'armée franco-angevine prend la route deVaraville. Guillaume, à la tête d'une armée modeste, décide d'attendre ses ennemis dans lebois de Bavent, à proximité des marais de laDives. Alors que l'armée ennemie, ralentie par le butin qu'elle rapporte, s'engage en rangs serrés sur l'étroite chaussée de Varaville, et que son avant-garde, dirigée par le roi Henri Ier, franchit la Dives, Guillaume sort de sa retraite et tombe sur l'arrière-garde. Aidée des vilains du pays, l'armée normande prend en tenaille les Franco-Angevins, tuant notamment rapidement leur commandant le comte du Berry. Pressés vers la Dives, les Franco-Angevins sont en grande partie noyés, tués ou faits prisonniers sans pouvoir être secourus par le roi, qui assiste impuissant depuis labutte de Basbourg au désastre. Talonné par Guillaume, le roi Henri bat en retraite au plus vite jusque dans ses États.

Détail de la Tapisserie de Bayeux montrant Guillaume le Conquérant
Guillaume le Conquérant, accompagné de ses demi-frères, à sa droiteOdon et à sa gaucheRobert,tapisserie de Bayeux.

Labataille de Varaville (1057) constitue un tournant décisif pour l'avenir politique du duc Guillaume : le duché de Normandie échappe pour longtemps à l'influence de la France qui n'est plus une menace. Le roi ne tente plus dès lors d'interférer dans les affaires normandes, concluant même la paix avec Guillaume l'année suivante en lui cédant le château deTillières.

En 1058, lecomte du MaineHerbert II s'échappe du Mans occupé par lecomte d'Anjou et se réfugie àRouen. Sans enfant, il lègue à Guillaume leMaine et fiance sa sœur Marguerite au jeuneRobert Courteheuse.

En 1059, le roi de France,Henri Ier, qui a seulement51 ans, mais sent sa mort approcher, fait couronner son filsPhilippe, âgé de seulement7 ans, puis décède l'année suivante, en 1060.Philippe étant trop jeune pour régner, la mère de Philippe,Anne de Kiev, assure larégence jusqu'à son remariage en 1063 avec lecomte de Valois,Raoul de Crépy. L'oncle de Philippe,Baudouin V de Flandre, assure la régence jusqu'aux14 ans de Philippe en 1066.

À la mort d'Henri Ier et celle deGeoffroy Martel, en 1060, le duc Guillaume est débarrassé des menaces pesant sur son duché[26]. À son tour,Guillaume Guerlenc,comte de Mortain, est banni[27]. D'aprèsOrderic Vital, il est impliqué dans un complot de rébellion contre le duc[28] ; banni, il s'exile dans lesPouilles au sein dubaronnage italo-normand.

Guillaume rétablit l'ordre par une habile politique de distribution des terres et contrôle plus fermement les agents du pouvoir que sont les vicomtes. Le pouvoir du jeune duc s'appuie enfin sur un groupe de fidèles parmi lesquels figurent ses demi-frèresOdon de Conteville,évêque de Bayeux, etRobert, comte de Mortain ; un groupe de barons (Guillaume Fitz Osbern,Roger II de Montgommery,Guillaume Ier de Warenne,Roger de Beaumont…) ; et quelques ecclésiastiques parmi lesquelsLanfranc. Ils sont nommés à des fonctions importantes ou installés dans des territoires stratégiques.

En 1060, le duc Guillaume lance la construction duchâteau de Caen, qui doit lui assurer une place forte à proximité du Cotentin, et fait de la ville sa capitale politique.

Après la mort d'Herbert II du Maine en 1062, Guillaume revendique lecomté du Maine. Malgré la résistance locale, Guillaume occupeLe Mans et intronise son fils en 1063. Ce dernier n'ayant alors qu'une douzaine d'années, le duc de Normandie est donc le véritable maître du Maine[29]. État tampon entre l'Anjou et laNormandie, le Maine (et plus particulièrement la région duPassais) sous domination normande garantit la protection du sud du duché[d 20].

Détail de la tapisserie de Bayeux montrant le siège de la motte castrale de Dinan
Siège de lamotte castrale deDinan,Bretagne (Tapisserie de Bayeux,XIe).

Après avoir sécurisé la frontière avec l'Anjou, Guillaume s'inquiète de celle avec leduché de Bretagne. En 1064, son armée entre en Bretagne pour soutenir la rébellion deRiwallon de Dol contreConan II de Bretagne, alimentant ainsi l'instabilité du duché voisin et obligeant Conan à se focaliser sur ses problèmes internes. Il cherche cependant bientôt à profiter de l'affaiblissement temporaire des comtes d'Anjou pour renforcer sa frontière du côté duMaine.Le, le prince breton, après avoir conquisPouancé etSegré, meurt en prenantChâteau-Gontier. Il est empoisonné, dit-on, par un traître sur l'ordre de Guillaume, soupçonné d'avoir commandité cet assassinat[30].

Accession au trône d'Angleterre

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Article détaillé :Crise de succession d'Angleterre.

Les prétentions de Guillaume

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Au milieu duXIe siècle, l'Angleterre est dirigée par le roi normanophileÉdouard le Confesseur. Celui-ci avait trouvé refuge à la cour normande en 1013, lorsque son pèreÆthelred le Malavisé et sa mèreEmma de Normandie, grand-tante paternelle de Guillaume, avaient été chassés du trône d'Angleterre parSven Ier de Danemark. Il y était resté presque trente ans avant de revenir en Angleterre pour y être couronné roi en 1042. Dans son nouveau royaume, Édouard s'entoure de Normands, mais il n'a pas de descendance.

Il semble qu'en 1051 ou 1052, le roi Édouard le Confesseur aurait encouragé les vues de Guillaume sur sa succession. Le manuscrit D de laChronique anglo-saxonne indique que Guillaume visite l'Angleterre à la fin de l'année 1051. Cette visite aurait pour but de sécuriser la succession d'Édouard le Confesseur[b 8], ou bien d'obtenir une assistance face aux troubles qu'il rencontre alors en Normandie[31]. Ce voyage aurait alors eu lieu pendant la brève période d'exil deGodwin de Wessex[32], dont la famille est alors la plus puissante d'Angleterre[b 8] et dont la filleÉdith est mariée à Édouard le Confesseur depuis 1043[33]. L'existence de ce voyage paraît cependant incertaine étant donné les affrontements en cours à cette époque avec le comte d'Anjou. Opposé à la nomination en 1051 du NormandRobert de Jumièges, un vieil ami du roi, commearchevêque de Cantorbéry (le plus haut poste du clergéprimat de toute l'Angleterre), Godwin obtient à son retour d'exil en 1052 son remplacement parStigand, l'évêque de Winchester[34]. À l'inverse, selonGuillaume de Jumièges etGuillaume de Poitiers, Édouard le Confesseur envoie Robert de Jumièges auprès du duc pour l'avertir qu'il en fait son héritier[35], mais cela n'est pas confirmé par les auteurs anglais[31]. Il semble enfin qu'Édouard le Confesseur, souverain affaibli, ait fait des promesses identiques à d'autres grands féodaux voisins, de manière à s'assurer de leur neutralité faute de pouvoir les contenir par la force[36].

QuandGodwin de Wessex meurt en 1053, ses fils gagnent en influence :Harold Godwinson (qui deviendra Harold II d'Angleterre) lui succède comme comte de Wessex etTostig commecomte de Northumbrie,Gyrth devientcomte d'Est-Anglie en 1057 etLeofwinecomte de Kent[37]. Outre la famille de Wessex, un autre prétendant à la succession d'Édouard le Confesseur apparaît :Édouard l'Exilé, fils du roiEdmond Côte-de-Fer et petit-fils d'Æthelred le Malavisé. Envoyé en exil à la mort de son père en 1016, alors qu'il n'a que six ans, il est rappelé auprès d'Édouard en 1057 avec sa famille (ses fillesMarguerite et Christine, son filsEdgar Atheling), mais meurt quelques semaines seulement après son retour[38].

Détail de la Tapisserie de Bayeux figurant la scène du serment de Harold II
Scène du serment deHarold à Bayeux (Tapisserie de Bayeux,XIe).

Le sujet de la succession revient au premier plan quandHarold, partant d'Angleterre, se rend en Normandie en 1064. Les circonstances de cette visite restent incertaines. Latapisserie de Bayeux, dont on peut soupçonner la partialité, montre Harold prêter serment de fidélité à Guillaume et renoncer à la succession au trône anglais au profit du duc de Normandie. Guillaume aurait extorqué cette promesse à Harold alors que, jeté par une tempête sur la côte française au, il avait été fait prisonnier par le comteGuy Ier de Ponthieu, puis libéré sur la pression du duc. Lors de ce séjour en Normandie, Harold aurait participé aux côtés de Guillaume à la campagne menée contre le ducConan II de Bretagne, où il s'illustre par sa bravoure. De retour à Bayeux, Harold aurait prêté serment à Guillaume, se mettant ainsi officiellement au service du duc de Normandie. En gage d'amitié, Harold regagne l'Angleterre en emmenant avec lui son neveu Hakon, retenu en otage en Normandie depuis 1051[b 9]. Cependant, aucune source anglaise ne confirme ce voyage, qui pourrait avoir été inventé par les Normands pour justifier les prétentions de Guillaume[39].

En 1065, laNorthumbrie se révolte contreTostig, qui n'est pas soutenu par son frèreHarold. Il est remplacé parMorcar, frère d'Edwin,comte de Mercie, dont Harold cherche le soutien. Contraint à l'exil, Tostig part enFlandre, d'où est issue sa femme Judith, puis rejoint le duc Guillaume en Normandie, auquel il apporte à son tour son soutien.Édouard le Confesseur meurt finalement le. Selon laVita Ædwardi regis, écrite en 1067 sous la direction de sa femme Édith, il est entouré d'Édith, deStigand, deRobert FitzWimarc et d'Harold, que le roi nomme comme son successeur. Son couronnement, approuvé par leWitenagemot (ouWitan), se fait dès le[40].

Face aux protestations du duc de Normandie, Harold oppose qu'il a été trompé sur la valeur du serment de Bayeux, qui n'aurait été qu'une vague promesse sur un simple missel posé sur un coffre qui masquait les reliques d'un saint. Guillaume considère qu'il s'agit d'un crime de parjure et se prépare à une invasion du royaume anglo-saxon[41].

Arbre généalogique des principaux protagonistes à la succession d'Édouard le Confesseur
 
 
 
 
 
 
 
 
Edgar
le Pacifique
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Richard Ier
Sans-Peur
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Ælfgifu
Gunnarson
 
 
 
 
 
Æthelred II
le Malavisé
 
 
 
 
 
Emma
de Normandie
 
Knut
le Grand
 
Ælfgifu
de Northampton
 
Richard II
l’Irascible
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Edmond
Côte-de-Fer
 
Harold II
Godwinson
 
Édith
de Wessex
 
Édouard
le Confesseur
 
Hardeknut
 
Harold
Pied-de-Lièvre
 
 
 
Robert Ier
le Magnifique
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Édouard
l’Exilé
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Harald
Hardrada
 
 
 
 
 
 
 
Guillaume
le Conquérant
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Edgar
Ætheling
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Les prétendants au trône d'Angleterre, soit de manière présomptive, soit de manière officielle, sont encadrés en rouge.

La conquête de l'Angleterre

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Articles détaillés :Conquête normande de l'Angleterre etBataille d'Hastings.
Statue de Guillaume le Conquérant devant lechâteau de Falaise.

Apprenant que Harold est monté sur le trône, Guillaume convoque les principaux barons normands et les convainc de se lancer à la conquête du royaume, avec l'aide dupapeAlexandre II qui menace les rétifs d'excommunication et lui envoie un étendard pontifical[42]. En moins de dix mois, il rassemble dans l'estuaire de laDives une flotte d'invasion d'environ 600 navires et une armée estimée à 7 000 hommes. On trouve parmi eux principalement des Normands : Bertrand de Bricquebec, Robert de Brix, Roger de Carteret, Anquetil de Cherbourg, L'Estourmy de Valognes, Eudes au Capel de la Haye-du-Puits, le sire d'Orglandes, les frères de Pierrepont, le chevalier de Pirou, Raoul de Tourlaville, Pierre de Valognes, Guillaume de Vauville, Raoul de Vesly[43], etc. mais aussi desBretons, desFlamands, desManceaux, desBoulonnais[44]. Du fait de son soutien àRiwallon de Dol quelques années plus tôt, Guillaume le Conquérant n'a notamment aucun mal à attirer les vassaux de Bretagne dans son projet de conquête[d 21].

Les préparatifs comprennent également d'importantes négociations diplomatiques. Il s'agit de se trouver d'abord des alliés et d'éviter que les principautés voisines (Bretagne,Flandre,Anjou, etc.) ne profitent de la campagne pour s'emparer de laNormandie. Guillaume désigne de grands vassaux. Son épouse,Mathilde de Flandre, est régente du duché durant cette période, assistée deRoger de Beaumont etRoger II de Montgomery.

Passage dans laChronique anglo-saxonne enregistre l'inquiétude 'Que Guillaume le Bâtard vienne ici'

Beaucoup de soldats dans son armée sont des puînés auxquels le droit d'aînesse laisse peu de chance d'hériter d'un fief. Guillaume leur promet, s'ils se joignent à lui en apportant leur propre cheval, une armure et des armes, qu'il les récompensera avec des terres et des titres dans son nouveau royaume.

Après son départ de Normandie, des vents défavorables et des conditions météorologiques contraires contraignent l'armée normande à trouver refuge dans la baie deSaint-Valery-sur-Somme en attendant le moment propice pour réembarquer[45].

Cependant, le nord de l'Angleterre est envahi en septembre par le roi norvégienHarald Hardraada, qu'a rejointTostig. Harald trouve des alliés de circonstance (Morcar de Northumbrie, lesÉcossais, etc.) et conquiertYork le.Harold II d'Angleterre, dont les forces sont réunies à la va-vite, marche vers le nord et, le, surprend les Vikings àStamford Bridge. Labataille est sanglante, elle s'achève sur une victoire pour le roi anglo-saxon, le roi norvégien et Tostig sont tués avec la majorité de leur troupe. Cette défaite met fin à l'èreviking en Angleterre.

Poussée par un vent enfin favorable, l'armada normande débarque le dans la baie dePevensey, dans leSussex de l'Est, quelques jours à peine après la victoire d'Harold sur les Norvégiens. Cette conjonction s'avère cruciale : l'armée d'Harold, épuisée par les combats contre Harald, doit traverser à marche forcée toute l'Angleterre et se battre contre un ennemi reposé et qui a eu le temps de se retrancher[46]. Guillaume prend pour base la bourgade deHastings où il met sur pied unchâteau de terre et de bois. Le choix du Sussex comme lieu de débarquement est une provocation pour Harold dont cette région est le domaine personnel.

Assaut de la cavalerie normande à Hastings. Scène de latapisserie de Bayeux.

Le au matin, labataille d'Hastings s'engage : elle dure toute une journée, une durée exceptionnelle pour l'époque. Après un duel d'archers qui ne permet pas de départager les armées, des soldats normands partent à l'assaut à pied, suivis par la cavalerie. Les Saxons tiennent bon et les Normands doivent se replier. Alors que les Normands sont proches de la débandade et que la rumeur de la mort du duc se propage, Guillaume (dont le cheval avait été tué par un javelot) doit enlever son casque pour se faire reconnaître. À l'aile gauche, l'armée bretonne est submergée par une contre-attaque saxonne, qui nécessite le secours de la cavalerie de Guillaume. À la fin de ce premier assaut, les pertes sont grandes de part et d'autre et Harold a perdu ses deux frèresGyrth etLeofwine. Après un nouvel assaut infructueux, les Normands font mine de reculer : les Saxons qui quittent leurs rangs sont massacrés par la cavalerie normande. La manœuvre est répétée, sans faire faiblir les troupes d'élite saxonnes. Selon une tradition qui veut y voir une manifestation divine, un deuxième assaut des archers normands aurait touché notamment Harold à l'œil. Guillaume envoie alors la cavalerie. D'après le récit duCarmen de Hastingae Proelio, quatre hommes de confiance (Eustache II de Boulogne,Hugues II de Montfort, Hugues de Ponthieu, fils deHugues II de Ponthieu, etGautier Giffard) se détachent pour atteindre Harold, qui tombe sous leurs coups. Selon une autre tradition, c'est Guillaume qui achève lui-même le roi saxon. La cause réelle de la mort reste indéterminée. Quoi qu'il en soit, sans chef, l'armée anglo-saxonne est mise en déroute[c 2].

Malgré la défaite, les Anglais ne capitulent pas. Au contraire, le clergé et certains seigneurs nomment le jeuneEdgar Ætheling comme le nouveau roi. Guillaume doit poursuivre sa conquête armée ; il sécuriseDouvres et une partie du Kent, prendCantorbéry etWinchester, où se trouve le trésor royal. Ses arrières étant alors assurés, Guillaume part versSouthwark, rejoint laTamise fin novembre. Les Normands encerclentLondres par le sud et l'ouest, brûlant tout sur leur passage. Ils traversent la Tamise àWallingford début décembre, où l'archevêqueStigand se soumet, bientôt suivi par Edgar, Morcar, Edwin et l'archevêque Ealdred, alors que Guillaume prendBerkhamsted[47]. Sans résistance, il rentre dans Londres, où il lance immédiatement la construction d'un nouveau château (qui deviendra laTour de Londres), et reçoit la couronne anglo-saxonne le dans l'abbaye de Westminster[48],[49].

L'affirmation du nouveau roi

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Pièce représentant Guillaume Ier d'Angleterre.
Tête dite de Guillaume le Conquérant, musée de l'abbaye de Jumièges.

Premières actions

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Guillaume reste en Angleterre après son couronnement afin d'asseoir son pouvoir et de s'assurer le soutien des locaux.Edwin de Mercie,Morcar de Northumbrie etWaltheof de Northumbrie conservent leurs terres et leur titre. Un mariage avec une fille de Guillaume est promis à Edwin. Des terres sont données également à Edgar Ætheling et le clergé n'est pas changé, y compris Stigand qui est pourtant en opposition avec le pape[50]. D'autres, qui ont combattu à Hastings, se voient confisquer leurs terres, notamment Harold et ses frères tués[51]. En mars, Guillaume peut retourner en Normandie, accompagné de Stigand, Morcar, Edwin, Edgar et Waltheof, en position d'otages. Il confie à son demi-frèreOdon de Bayeux, et àGuillaume Fitz Osbern, le fils de l'ancien protecteur du jeune ducOsbern de Crépon, la gestion du royaume[50]. Ces deux fidèles ont joué un rôle décisif dans la conquête du pays, aussi bien lors des préparatifs que lors des combats[52]. Guillaume Fitz Osbern reçoit en récompense de vastes territoires (île de Wight, les domaines royaux duHerefordshire et duGloucestershire et de nombreuses seigneuries à travers le pays[53]), ainsi que le titre de comte. Odon est lui faitcomte de Kent, nommé responsable deDouvres et de sonchâteau, et remplaceLéofwine Godwinson dans la plupart de ses possessions[54]. Ses vastes terres à travers l'Angleterre lui rapportent, d'après leDomesday Book en 1086, plus de 3 240 £ par an[55], ce qui en fait le plus riche desseigneurs (tenants-in-chief, « seigneurs concédants ») du royaume.

Le duc compte sur eux pour dominer une Angleterre rebelle à l'autorité des nouveaux occupants. Par leur refus de rendre justice aux Anglais opprimés par les officiers normands, ils incitent cependant à des révoltes difficiles à réprimer[56],[53]. Les premiers actes de résistance apparaissent en Angleterre :Eadric le Sauvage attaqueHereford et des révoltes éclatent àExeter, où se trouveGytha de Wessex, la mère d'Harold[57]. FitzOsbern et Odon peinent à contrôler la population et lancent en réaction un programme de construction dechâteaux-forts à travers le royaume, à partir desquels d'autres Normands pacifient la région environnante[53]. Par ailleurs,Eustache de Boulogne, allié de Guillaume lors de la bataille d'Hastings, tente de prendre lechâteau de Douvres mais est repoussé. Il doit alors abandonner ses terres anglaises avant de se réconcilier avec Guillaume quelque temps plus tard. Enfin les fils d'Harold lancent un raid depuis l'Irlande dans le sud-ouest du pays, près deBristol. Ils sont défaits finalement parEadnoth the Constable (en) en 1068.

Guillaume fait son retour en Angleterre en. Il marche surExeter, qu'il fait tomber après un siège. À Pâques, Guillaume est à Winchester, où il est rejoint parMathilde, à son tour couronnée reine en[57].

Résistance anglaise

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Article détaillé :Dévastation du nord de l'Angleterre.
Les restes d'une motte castrale construite à York par Guillaume.

Après la soumission d'Edgar Ætheling et l'accession de Guillaume le Conquérant au trône en, la population du nord de l'Angleterre, traditionnellement rebelle à l'autorité du roi d'Angleterre[58], se trouve hors de contrôle et les adversaires anglo-saxons des Normands s'y réfugient.Edwin de Mercie, fâché de ne toujours pas avoir reçu en mariage la fille du roi promise et inquiet du pouvoir croissant deGuillaume Fitz Osbern dans leHerefordshire, s'enfuit de la cour au début de l'été 1068 et se réfugie dans le nord avec son frèreMorcar. L'arrivée des deux comtes permet le regroupement des rebelles à Guillaume :Bleddyn ap Cynfyn,roi de Gwynedd, etGospatrick de Northumbrie rallient leur camp. L'armée ainsi rassemblée lance une marche surYork puis prend le chemin du sud. Le mouvement se désintègre bientôt alors que le Conquérant prend la route du nord avec sonost. Les Normands élèvent partout desmottes castrales et y placent des garnisons. Après avoir lancé la construction deschâteaux de Warwick et deNottingham, il arrive sans opposition à York et reçoit la soumission d'Edwin et Morcar, ainsi que celle de l'évêqueÆthelwine de Durham et de nombreux barons du Yorkshire. Il fait construire une motte castrale pour protéger la ville, et négocie avecMalcolm III d'Écosse afin qu'il ne prête pas assistance à Egdar Ætheling, réfugié à sa cour avec Gospatrick. Puis il redescend vers le sud, faisant construire de nouveaux châteaux àLincoln,Huntingdon,Cambridge. Le déploiement de puissance a été impressionnant, mais peu a été fait pour diminuer la capacité de rébellion du nord. Guillaume rentre en Normandie fin 1068[57].

Charte royale du donnant la terre deDeerhurst dans le Gloucestershire à l'abbaye de Saint-Denis (Archives nationales).

Le Conquérant décide d'envoyerRobert de Comines pour prendre en charge lecomté de Northumbrie en remplacement de Gospatrick. Comines part avec une armée. À l'approche deDurham, l'évêque Æthelwine le fait prévenir qu'une armée anglo-saxonne s'est constituée, mais il ignore l'avertissement et entre dans la ville. Le, les fidèles d'Edgar Ætheling attaquent la ville, tuant les Normands et brûlant Comines. Ils partent ensuite à l'attaque deYork, la principale villeseptentrionale, qui est bientôt soumise. Lechâteau d'York tient cependant bon, et les occupants font prévenir le Conquérant qui arrive bientôt en renfort et fait fuir les rebelles. Il lance la construction d'un second château, sur la rive droite de l'Ouse, qu'il confie àGuillaume Fitz Osbern. Il retourne àWinchester assister aux fêtes dePâques, pendant que Fitz Osbern défait les Anglo-saxons.

Le nord reste calme pendant cinq mois : en, une flotte danoise débarque sur les côtes anglaises. Les leaders anglais ont proposé la couronne auroi de DanemarkSven Estridsen, le neveu deKnut le Grand qui a régné sur l'Angleterre de 1016 à 1035. Il envoie une flotte estimée à240 bateaux, composée de Danois et de Norvégiens, dirigée par trois de ses fils et son frère. Elle remonte les côtes anglaises duKent à laNorthumbrie, et débarque finalement dans leHumber, où elle joint ses forces à celles des Anglais autour d'Edgar Ætheling,Gospatrick etWaltheof, lecomte d'Huntingdon. Ils font alors route versYork. Fin septembre, les hommes en garnison dans les deux châteaux d'York tenus parGuillaume Malet mettent le feu à la ville avant l'arrivée des Anglais. Trop peu nombreux, ils sont massacrés - c'est la plus lourde défaite que les Normands auront à subir en Angleterre. L'attaque s'arrête cependant là : à la rumeur de l'approche du roi, qui doit composer à la même période avec l'attaque du Maine sur le continent, les alliés s'enfuient, évitant l'affrontement direct. Cependant l'arrivée des Danois engendre des soulèvements dans tout le pays :Devon,Cornouailles,Somerset etDorset. Dans leHerefordshire,Eadric le Sauvage, un baron anglo-saxon, s'allie avec des princes gallois et lance une grande révolte, qui se répand dans leCheshire au nord et auStaffordshire à l'est.

Les seigneurs normands n'étant pas capables de réprimer cette révolte, le Conquérant décide de se charger en personne de la répression. Pendant queRobert de Mortain et son cousin Robert d'Eu surveillent les Danois sur leHumber, il défait les insurgés concentrés àStafford et retourne vers leLindsey fin novembre. Informé que les Danois se préparent à attaquerYork, il tente de les rattraper en vain ; il isole la ville en faisant dévaster une large ceinture de territoire au nord et à l'ouest. Payés pour abandonner et rentrer, les Danois retournent à leurs bateaux.

Pour résoudre définitivement le problème posé par la Northumbrie et empêcher une nouvelle rébellion, Guillaume décide de poursuivre sa campagne de dévastation. Après les fêtes de Noël passées dans les ruines de York, il part en campagne, brûlant les villages, massacrant les habitants, détruisant les réserves de nourriture et les troupeaux : les survivants, affamés, succombent en masse[59]. En arrivant à laTees, il reçoit la soumission deWaltheof etGospatrick, qui conservent finalement leurs terres. Edgar a lui fui en Écosse[d 22]. Il fait enfin route à travers lesPennines vers leCheshire enMercie, où subsiste la dernière poche de résistance. Bien qu'épuisée, son armée écrase la révolte mercienne. Guillaume fait construire de nouveaux châteaux àChester etStafford, retourne àSalisbury peu avant la Pâques 1070, et libère ses hommes[60].

La destruction des terres entre leHumber et laTees, dans leYorkshire notamment, est totale et très cruelle. Dans leDomesday Book, rédigé dix-sept ans plus tard, une grande partie des terres est toujours à l'abandon. Déjà pauvre et dépeuplé avant la révolte, le nord s'enfonce dans une situation économique difficile qui perdure jusqu'à la fin du Moyen Âge.

Réformes religieuses

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Arrivé àWinchester pour laPâques 1070, Guillaume reçoit troislégats du papeAlexandre II, qui le couronnent officiellement en tant que roi d'Angleterre, donnant ainsi le sceau d'approbation papal[b 10]. Les légats et le roi organisent ensuite une série de conciles dédiés à la réforme et à la réorganisation du clergé anglais.Stigand et son frère Æthelmær, évêque deElmham, sont déposés sous le prétexte desimonie, comme d'autres abbés natifs.

Le roi d'Angleterre et duc de Normandie passe un accord avec la papauté. À partir de 1066, il s'engage à favoriser laréforme grégorienne. En échange, il obtient du papeGrégoire VII de procéder, contrairement au droit canon, aux nominations desprélats (investiture laïque des abbés, des archevêques)[c 3].

Le concile de Whitsun voit la nomination deLanfranc comme nouvelarchevêque de Cantorbéry, etThomas de Bayeux commearchevêque d'York, en remplacement d'Aldred, mort en. À l'issue des conciles, seuls deux évêques anglais restent en office, les autres ayant été remplacés par des Normands[b 10].

En 1070, Guillaume fonde l'abbaye de Battle, un nouveau monastère situé à proximité du site de labataille d'Hastings, comme lieu de pénitence et de mémoire[53].

Ces réformes religieuses dynamisent le clergé, comme en témoignent l'ouverture de 48 nouveaux monastères bénédictins et la réouverture de 13 autres entre 1066 et 1200[61].

Les difficultés de la seconde partie de règne

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Les possessions de Guillaume à sa mort en 1087.

Premiers revers

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En 1066, Guillaume le Conquérant a bénéficié d'une heureuse conjoncture politique et diplomatique qui lui a permis de conquérir l'Angleterre sans être menacé ou attaqué sur ses arrières. Cette situation exceptionnelle change après son retour enNormandie en. Durant les vingt dernières années de son règne, Guillaume doit faire face à plusieurs révoltes intérieures et au réveil des principautés voisines. Ses difficultés sont augmentées du fait de l'extension de son territoire : il ne peut pas intervenir partout, directement et rapidement.

D'abord, l'Angleterre ne se soumet pas facilement : malgré larépression sévère consécutive aux révoltes de 1067 et 1069, Guillaume doit intervenir à nouveau dès 1070 au nord du royaume pour faire face aux raids danois et à de nouvelles rébellions. Alors queSven II de Danemark avait promis à Guillaume de quitter l'île, il revient au, s'allie avecHereward l'Exilé et mène des raids contre leHumber et l'Est-Anglie depuis l'Isle of Eley, dont la situation stratégique confère un rôle de refuge aux rebelles anglais[62]. L'armée d'Hereward attaque notamment lacathédrale de Peterborough qui est saccagée. Guillaume parvient cependant à s'assurer le départ de Sweyn sans avoir à l'affronter[d 23].

Sur le continent, Guillaume subit plusieurs échecs : la Flandre plonge dans une crise de succession après la mort du comteBaudouin VI en et, malgré une intervention militaire, le duc de Normandie ne parvient pas à imposer le parti de la veuve,Richilde, sa belle-sœur[note 8] face à celui deRobert, le frère de Baudoin.Guillaume Fitz Osbern, revenu début 1071 en Normandie pour assister la reineMathilde, est tué en à labataille de Cassel, alors qu'il mène une petite force pour aiderArnoul III, l'héritier mineur ducomté de Flandre, aux côtés de l'armée française contre son oncle Robert[53]. Guillaume le Conquérant perd l'un de ses meilleurs barons mais aussi, selon l'historien François Neveux, son plus fidèle et loyal collaborateur[53]. SelonGuillaume de Malmesbury, un mariage est alors planifié entre ce dernier etRichilde de Hainaut. La victoire deRobert à Cassel renverse les rapports de domination dans le nord de la France[d 24].

En 1071, Guillaume écrase une rébellion au nord de l'Angleterre : le comte Edwin est trahi par ses propres hommes et tué, tandis que l'île est prise par Guillaume après un combat acharné[63]. Hereward parvient à s'échapper maisMorcar est capturé et destitué. L'année suivante, Guillaume envahit l'Écosse, en réaction à l'attaque deMalcolm III sur le nord du royaume. Les deux hommes signent la paix avec le traité d'Abernethy, le fils aîné de MalcolmDuncan II rejoignant la cour de Guillaume comme garantie. Edgar Ætheling doit également quitter la cour de Malcolm[b 11], mais ce dernier trouve refuge à la cour du nouveau comte de Flandre…

Guillaume peut traiter les affaires du duché. Bien que nominalement possédé par le fils du Conquérant, leMaine se détache en effet de l'influence normande. Menés parHubert de Sainte-Suzanne, les habitants duMans se révoltent en 1069. Si après une brève campagne militaire Guillaume réoccupe la région à son retour en 1073, la situation ne se calme que temporairement. Derrière les difficultés du duc-roi dans le Maine et en Bretagne, se cachent les agissements de ses deux principaux ennemis, à savoir lecomte d'AnjouFoulque le Réchin et le roi de FrancePhilippe Ier. Ils soutiennent tous les révoltés contre le Normand. Tout un symbole, Robert de Flandres marie sa demi-sœurBerthe au roi de France en 1072[d 25].

Guillaume doit passer toute sonannée 1074 en Normandie, et confie l'Angleterre, qu'il considère comme pacifiée, à quelques fidèles, parmi lesquelsRichard Fitz Gilbert (ou Richard de Bienfaite),Guillaume Ier de Warenne[b 12] etLanfranc[d 26]. Edgar Ætheling en profite pour faire son retour en Écosse, d'où il répond à la proposition du roi de FrancePhilippe Ier de se voir confier le château du port deMontreuil, d'où il pourrait profiter d'une position menaçante sur le territoire de Guillaume. Las, sa flotte est projetée sur les côtes anglaises par une tempête : ses hommes sont en grande partie capturés mais il parvient à retrouver l'Écosse. Il se convainc alors d'abandonner ses ambitions sur le trône d'Angleterre et de faire la paix avec Guillaume, dont il intègre la cour[d 27],[b 12].

La révolte des comtes

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Article détaillé :Révolte des comtes.

Pour autant, Guillaume n'en a pas fini avec l'Angleterre, puisque dès l'année suivante, une nouvelle rébellion éclate. Les raisons de cette révolte sont obscures. La conspiration débute à l'occasion du mariage deRalph de Gaël (aussi connu comme Raoul de Gaël), un comte anglo-breton, et d'Emma, fille deGuillaume Fitz Osbern. Ralph convainc son nouveau beau-frèreRoger de Breteuil,2e comte d'Hereford, de s'associer à lui. La conspiration se renforce quandWaltheof,comte de Huntingdon et deNorthumbrie, neveu par alliance du Conquérant, la rejoint, de façon plus ou moins volontaire.

Membre influent dans la communauté des Bretons venus avec le Conquérant en 1066, Ralph obtient facilement leur soutien dans sa rébellion ; il demande par ailleurs l'aide desDanois, en vain. Pendant qu'il organise sa révolte en Angleterre, ses alliés en Bretagne se préparent à se révolter contreHoël II de Bretagne et attaquer laNormandie. Mais finalement Waltheof se décourage et confesse la conspiration àLanfranc, administrateur du royaume en l'absence de Guillaume. La rébellion débute, mais elle est réprimée rapidement sans grands combats : lesAnglo-SaxonsWulfstan,évêque de Worcester, etÆthelwig,abbé d'Evesham, aidés par les baronsnormandsUrse d'Abbetot etGautier de Lacy, contiennent dans leHerefordshireRoger de Breteuil, qui ne peut joindre ses forces à celle de Ralph de Gaël. Au même moment,Guillaume de Warenne etRichard de Bienfaite, que le roi a établi commeChief Justiciars pendant son absence, ainsi que les évêques guerriersOdon de Bayeux etGeoffroy de Montbray barrent la route de Ralph de Gaël dans leCambridgeshire[d 27].

Lechâteau de Norwich, où les rebelles sont assiégés.

Ralph se replie versNorwich, les forces royales à ses trousses. Laissant sa femme défendre le château de Norwich, il retourne en Bretagne. La comtesse est assiégée dans son château jusqu'à obtenir un sauf-conduit pour elle et ses partisans. Leurs terres sont confisquées, et il leur est laissé40 jours pour quitter le royaume.Ralph de Gaël est dépouillé de ses terres anglaises et de son titre de comte. Roger de Breteuil est arrêté à son tour, dépossédé, et condamné à la prison à vie.Waltheof, revenu en Angleterre avec Guillaume, est finalement arrêté et bientôt condamné à mort, malgré l'opposition de Lanfranc et d'autres (Waltheof n'aurait été qu'un comparse involontaire, qui de plus avait révélé l'intrigue). Le roi ne change pas d'avis, probablement encouragé par sa nièceJudith, qui a témoigné contre son mari : Waltheof est décapité le, près deWinchester. Il est le dernier comte anglo-saxon d'Angleterre[64].

Rentré en Bretagne et allié à Geoffroy Granon, Ralph de Gaël continue sa rébellion depuis son fief de Gaël, à la fois contre le Conquérant et contreHoël II, leduc de Bretagne. En, Guillaume l'assiège dans le château deDol, à proximité du duché de Normandie, en vain. Leroi de FrancePhilippe Ier, voyant là une opportunité à saisir pour affaiblir Guillaume, vient à la rescousse de Dol avec succès. Le Conquérant doit lever le siège et s'enfuir rapidement, ses pertes en hommes et en matériel sont très lourdes[d 27].

Dernières années

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La défaite de Guillaume à Dol est le premier revers sérieux qu'il subit sur le continent : elle écorne sa réputation, et ses adversaires se voient donner l'opportunité de pousser plus loin leur avantage. Ralph de Gaël reste un seigneur puissant et bien établi. Fin 1076, Jean de la Flèche, l'un des plus fervents soutiens de Guillaume le Conquérant dans leMaine est attaqué parFoulquele Réchin, lecomte d'Anjou. Guillaume doit venir à son secours. En 1077,Simon de Crépy,comte d'Amiens,de Vexin etde Valois, se retire aumonastère de Condat. Philippe Ier consolide sa position dans leVexin français sans sérieuse opposition, en face du duché. Guillaume et le roiPhilippe Ier ratifient la paix entre eux, l'Epte étant rappelée comme frontière entre la France et la Normandie. De même, une paix est signée avec Foulques d'Anjou avant début 1078[b 13].

Le roi Philippe Ier espère par tous les moyens rabaisser la trop grande puissance normande. Le règne de Guillaume marque d'ailleurs le début d'une guerre récurrente entre roi d'Angleterre et roi de France.

Guillaume voit son fils aînéRobert, ditCourteheuse, entrer à son tour en rébellion. Intronisécomte du Maine par son père en 1063, alors qu'il n'a qu'une douzaine d'années, et reconnu officiellement par Guillaume comme son héritier, Robert n'a cependant pas de pouvoir. Quand Guillaume reconquiert le Maine en 1073, Robert ne fait pas partie de l'expédition. Le chroniqueurOrderic Vital décrit une dispute opposant Robert à ses deux frères plus jeunesGuillaume le Roux etHenri, qui aurait décidé l'aîné de quitter la Normandie en secret dès le lendemain[65]. Il semble que Robert ne supportait plus que son père ne lui confiât aucun territoire, l'empêchant ainsi de subvenir lui-même à ses besoins financiers. Guillaume ne voulait pas partager son autorité et avait probablement peu confiance dans les qualités de gouvernement de son fils aîné. Par ailleurs, la révolte de Courteheuse peut s'analyser comme un « classique conflit de génération » entre un père représentant d'une époque austère et un fils fastueux, témoin d'une jeunesse bouillonnante[66].

Robert et ses fidèles (parmi lesquels plusieurs fils des soutiens de Guillaume :Robert II de Bellême, Guillaume de Breteuil etRoger Fitz Richard) trouvent refuge auprès de Hugues Ier deChâteauneuf, seigneur duThymerais[67], et s'installent dans son château de Rémalard[b 14]. Guillaume le Conquérant, assisté deRotrou II du Perche, assiège et s'empare du château[67]. Robert trouve refuge chez son oncleRobert le Frison puis à la cour du roiPhilippe Ier de France, deux des principaux ennemis du duc de Normandie. Ce dernier aide Robert à lever une puissante armée en 1078 et lui confie la forteresse deGerberoy face à la frontière normande, où les rejoignent de nouveaux rebelles.

Guillaume le Conquérant assiège le château en, mais Robert tient son père en échec. Les troupes assiégées sortent du château par surprise et attaquent les assaillants : Robert ferait même tomber son père de cheval en combat singulier selon une chronique[68]. L'armée de Guillaume doit battre en retraite à Rouen. Finalement les deux hommes finissent par signer le, Guillaume confirmant Robert comme son héritier[d 28]. Robert reçoit des responsabilités en Angleterre aux côtés de son oncleOdon de Bayeux.

Cette nouvelle défaite militaire incite les adversaires de Guillaume à attaquer ses terres. En août et, le roi d'ÉcosseMalcolm III attaque le nord de l'Angleterre. Il pille leNorthumberland pendant trois semaines sans opposition, et rentre au pays avec un lourd butin et de nombreux esclaves[69]. Le manque de résistance armée choque les habitants deNorthumbrie, qui se rebellent à leur tour au printemps 1080 contreGuillaume Walcher,évêque de Durham, devenucomte de Northumbrie en 1075. Le meurtre du comte Ligulf de Lumley, un Northumbrien, par l'archidiacre Leobwin sert d'étincelle[53] : Walcher et plusieurs de ses hommes, venus à la rencontre des habitants, sont tués[70]. Guillaume envoie son demi-frèreOdon de Bayeux mater la révolte[d 29] : la majeure partie de la noblesse autochtone doit s'exiler et le pouvoir de la noblesse anglo-saxonne en Northumbrie est brisé[71].

Guillaume quitte la Normandie en, et en automne son fils Robert est envoyé en campagne contre les Écossais. Robert prendLothian, forçant Malcolm à négocier, et fait construire un nouveau château àNewcastle-on-Tyne sur la route du retour[d 29]. Le roi est à Gloucester à Noël et à Winchester pourPentecôte en 1081 ; il visite également lepays de Galles, où il amène dans lacathédrale de St David's les reliques de saintDavid de Ménevie. Une ambassade papale est accueillie à cette époque, venue demander la fidélité de l'Angleterre au Pape, ce que Guillaume refuse[b 15].

Tombe de la reine Mathilde à l'abbaye aux Dames deCaen.

Fin 1081, Guillaume est de retour sur le continent, pour intervenir de nouveau dans le Maine. Son expédition s'achève sur un accord négocié par l'intermédiaire d'un légat du pape[b 16]. Guillaume ordonne l'arrestation de son demi-frèreOdon en 1082, pour des raisons qui ne sont pas certaines :Orderic Vital l'explique par les ambitions d'Odon de devenir pape et par son projet d'envahir le sud de l'Italie avec l'aide de certains vassaux de Guillaume, ce qu'il aurait caché au duc-roi. Odon est emprisonné mais ses terres lui sont conservées. Peu après, son fils Robert se révolte de nouveau et rejoint le roi de FrancePhilippe Ier.

Enfin, lareine Mathilde, avec laquelle Guillaume forme un couple solide et fidèle, tombe malade à l'. Reine active et régente du duché pendant les séjours de Guillaume hors de Normandie[53], elle meurt le[d 30]. Ses nombreuses terres en Angleterre sont léguées à son benjaminHenri, tandis que sa couronne et son sceptre vont aux nonnes de la Sainte-Trinité. Selon sa volonté, elle est inhumée dans l'église de laSainte-Trinité de Caen[53]. Sa tombe subsiste encore de nos jours, mais a été pillée par les protestants en 1562[53].

Guillaume semble gérer son duché ces années-là sans intervenir militairement[b 17]. La situation au Maine ne se pacifie pas,Hubert de Beaumont-au-Maine étant assiégé à partir de 1083 dans sonchâteau de Sainte-Suzanne, en vain, pendant environ trois ans. Les troupes normandes, basées auCamp de Beugy et commandées un premier temps parAlain le Roux, sont plusieurs fois défaites. Guillaume, découragé par la mort de nombreux chevaliers, signe finalement la paix avec Hubert qui est rétabli dans ses terres.

Dans le nord de l'Angleterre, l'armée normande se prépare à une invasion du roiKnut IV de Danemark. Alors qu'auxPâques 1084 il est en Normandie, Guillaume part un temps en Angleterre superviser le maintien de ses troupes en alerte et la collecte dudanegeld, un impôt établi pour solder les troupes. Il lance pendant son séjour la rédaction duDomesday Book,inventaire de toutes les possessions dans son royaume, probablement dans un but de récolter plus d'argent de ses impôts. L'invasion danoise ne vient finalement pas, le roi Knut mourant en[b 18].

Guillaume retourne en Normandie à l'. Il marie sa filleConstance àAlan Fergant,duc de Bretagne, dans le but de renforcer ses alliances face au roi de FrancePhilippe Ier. Confronté aux velléités de ce dernier, Guillaume lance une expédition sur le Vexin français en. Il conduit son armée jusqu'àMantes, qu'il brûle. La tradition a gardé que ce fut dans la rue de la Chaussetterie, à Mantes, près duparvis Notre-Dame que le vainqueur trouva la mort dans son triomphe[72]. Alors que le duc-roi est handicapé à la fin de sa vie par uneobésité[73], une blessure ou une maladie le contraint, selonOrderic Vital, à retourner dans sa capitale,Rouen[note 9],[b 19].

Mort

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Guillaume agonise quelques jours, en toute lucidité, auprieuré de Saint-Gervais, aux portes de la ville[53]. Avant de mourir, le[74], le duc-roi règle sa succession : il confie à son fils aîné,Robert Courteheuse, le duché de Normandie, tandis que son deuxième fils,Guillaume le Roux, reçoit la couronne d'Angleterre. Son troisième fils, Henri, reçoit de l'argent. Enfin, il demande que tous les prisonniers qui promettent de ne pas troubler l'ordre public soient relâchés[75], ce qui sera notamment le cas de son demi-frèreOdon[b 19].

Dépouille

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Tombe de Guillaume le Conquérant, à l'abbaye aux Hommes deCaen.
Dans la pierre est écrit : "Hic sepultus est invictissimus Guillelmus Conquestor, Normanniæ Dux, et Angliæ Rex, hujus ce Domus, Conditor, qui obiit anno M.LXXXVII."
Inscription latine sur la tombe de Guillaume le Conquérant.

Son corps est ensuite transporté par mer jusqu'àCaen, pour être inhumé en l'abbatiale Saint-Étienne. En contant la triste fin de Guillaume, le chroniqueurOrderic Vital explique que lors de l'inhumation, il fallut forcer son corps pour pouvoir l'introduire dans le sarcophage, si bien que la peau de bœuf dans laquelle il était enveloppé se déchira, faisant éclater son ventre qui exhala une insupportable odeur de putréfaction[b 20]. Ce point semble en contradiction avec un paragraphe précédent où le moine évoque « les embaumeurs et les croque-morts » qui préparèrent le corps[76] mais les techniques d'embaumement égyptiennes étaient perdues à cette époque et les moyens empiriques utilisés ne garantissaient pas la préservation des corps[77].

Sa tombe est visitée plusieurs fois depuis son inhumation. En 1522, le mausolée est ouvert une première fois sur ordre papal. En 1562, pendant lesguerres de religion, lesprotestants profanent son tombeau. Sa dépouille est exhumée, mise en pièces, et ses os dispersés ; seul son fémur gauche aurait été sauvé par le poèteCharles Toustain de La Mazurie. La relique est placée dans un nouveau tombeau en 1642, qui est remplacé auXVIIIe siècle par un monument plus élaboré, lequel est détruit en 1793, pendant laRévolution française[d 31]. Le coffret contenant le fémur est replacé sous une dalle de marbre blanc posée en 1801[c 4]. L'épitaphe latine indique :« Hic sepultus est invictissimus Guillelmus Conquestor, Normanniæ Dux, et Angliæ Rex, hujus ce Domus, CONDITOR, qui obiit anno M . LXXXVII [millesimo octagesimo septimo] »[78].

L'ouverture du caveau maçonné se trouvant dans le chœur de l'abbatiale, le, permet d'étudier le fémur attribué au duc : l'analyse de l'os[79] révèle qu'il s'agit de celui d'un cavalier d'habitude[note 10], de grande stature (1,73 m[note 11])[c 4].

La Normandie et l'Angleterre sous Guillaume

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La conquête de 1066 ne fonde pas un unique royaume anglo-normand. Normandie et Angleterre gardent leurs spécificités à travers leur administration ou leurs coutumes[80]. En effet, ce sont deux couronnes, une ducale et une royale, détenues par un même titulaire, le duc de Normandie, dans le cadre d'une union personnelle.

La Normandie

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Plan du château de Guillaume àCaen.

Durant le règne de Guillaume le Conquérant, « l'organisation de la société normande est féodale »[81]. On retrouve en effet dans le duché les fiefs, les tenures paysannes, le service militaire et la justice confiée aux feudataires. Le gouvernement du duché diffère peu de celui des règnes précédents : laféodalité est tempérée par un pouvoir central fort[b 21], matérialisé par un duc traversant constamment ses terres, visitant les seigneurs et collectant l'argent des impôts[b 22]. Il détient le monopole de frappe monétaire et est capable de collecter une part considérable de ses revenus en argent. L'administration s'appuie sur des officiers publics, lesvicomtes.

Les barons, laïques mais aussi ecclésiastiques, doivent fournir au duc un contingent militaire lorsqu'il en a besoin. En Normandie, on ne peut construire dechâteaux que par autorisation du duc et ils peuvent lui être remis sur sa simple demande. Les guerres privées sont restreintes et les justices privées sont limitées par les cas réservés au duc et par le maintien d'une administration locale publique.

Le duc garde le contrôle sur l'Église, nommant les évêques et certains abbés et dirigeant les conciles de la province ecclésiastique de Normandie. Guillaume nourrit des relations proches avec le clergé, prenant part aux conseils et rencontrant régulièrement l'épiscopat, notammentMaurille qui remplace Mauger commearchevêque de Rouen à partir de 1055, etLanfranc de Pavie, prieur de l'abbaye Notre-Dame du Bec, nommé abbé deSaint-Étienne de Caen en 1063. Au-delà de la fondation des deux monastères de Caen, Guillaume se montre globalement généreux avec l'Église[b 23]. De 1035 à 1066, une vingtaine de nouveaux monastères sont fondés à travers le duché, représentant un développement remarquable de sa vie religieuse[d 32].

L'Angleterre

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Dans son nouveau royaume, Guillaume introduit de profonds changements, parmi lesquels une intégration de la loi normande au système légalanglo-saxon. En 1085, il commande ce qu'on peut appeler unrecensement au sens moderne, le « Livre du Jugement Dernier » ouDomesday Book, inventaire des hommes et richesses du royaume. Il fait aussi construire de nombreux bâtiments et châteaux, notamment latour de Londres.

Changements territoriaux

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LaTour Blanche de laTour de Londres, fondée par Guillaume[82].

Afin de sécuriser son royaume, Guillaume ordonne la construction de nombreuxchâteaux forts,donjons et autresmottes à travers l'Angleterre. La plus emblématique de ces constructions est laTour de Londres, et son donjon laTour Blanche, bâtie enpierre de Caen et bientôt vue en symbole de l'oppression infligée àLondres par la classe dirigeante normande. Ces fortifications permettent aux Normands de s'assurer un lieu de retraite en cas de révolte des Saxons, et fournissent aux troupes des bases pour occuper et défendre le territoire. D'abord faites debois et de terre, ces constructions sont progressivement remplacées par des structures en pierre[b 24].

Outre ces châteaux, Guillaume entreprend la réorganisation militaire du royaume : le nouveau roi redistribue à ses compagnons d'arme les terres confisquées aux seigneurs anglo-saxons tués lors de la conquête de l'Angleterre. L'organisationféodale de la société incite les nouveaux barons normands à « sous-inféoder » leurs terres aux chevaliers : eux-mêmesvassaux et donc inféodés au roi, ils répliquent cette relation de hiérarchie au niveau local. Guillaume exige des vassaux leur contribution en termes de quotas de chevaliers dédiés aux campagnes militaires et à la garde des châteaux. Ce mode d'organisation des forces militaires s'appuie sur le découpage en unités territoriales, leshides[b 25].

À la mort de Guillaume, la majorité de l'aristocratie anglo-saxonne a été décimée à la suite des différentes rébellions écrasées par le duc-roi, et remplacée par des seigneurs venus du continent, normands et bretons notamment, dont Guillaume a ainsi récompensé la fidélité. Tous les compagnons de Guillaume à Hastings n'ont pas obtenu de terre : certains semblent avoir notamment hésité à accepter des terres dans un pays qui ne semblait pas tout à fait pacifié. Par conséquent, si les plus grands seigneurs normands en Angleterre sont des proches de Guillaume (Odon de Bayeux,Robert de Mortain, etc.), les autres sont parfois issus de lignées relativement humbles[b 26].

Enfin, Guillaume, dont le loisir préféré est la chasse, établit en 1079 une large zone de terre (couvrant 36 paroisses) comme lieu de chasse royale, baptiséNew Forest. Les habitants, relativement rares dans cette zone, doivent abandonner leurs terres[83]. Guillaume imagine également laForest law, qui légifère ce qui peut être fait ou non dans les forêts, notamment en ce qui concerne la chasse[b 27].

Administration

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Page duDomesday Book concernant leWarwickshire.

Alors qu'en Normandie, Guillaume, duc de Normandie, vassal du roi de France (Henri Ier (1031-1060) puisPhilippe Ier (1060-1108)), lui doit fidélité, a contrario, en Angleterre, le roi Guillaume, ne lui doit aucun hommage. En raison de la place différente qu'il occupe dans la pyramide vassalique en France et en Angleterre, Guillaume ne tente pas de fusionner l'administration et les lois de ses territoires[b 28].

Le gouvernement du royaume d'Angleterre est de fait plus complexe que celui du duché de Normandie : l'Angleterre est divisée enshires, eux-mêmes composés d'hundreds (ouwapentakes, terme venant duvieux norroisvápnatak)[note 12]. Chaqueshire est régi par unshire-reeve (qui deviendrashérif), un officier royal au statut comparable à celui desvicomtes en Normandie, qui répond aux besoins d'ordre administratif, militaire et judiciaire d'après lacommon law[84]. Le shérif est également chargé de la collecte des impôts royaux[b 29].

Pour superviser son territoire, Guillaume doit s'y déplacer en permanence. Après la conquête, il réside d'abord essentiellement en Angleterre, mais à partir de 1072 il passe la majeure partie de son temps sur le continent[85]. Les allers-retours sont cependant nombreux puisqu'il traverse la Manche au moins 19 fois entre 1067 et sa mort. Le fait de se trouver de l'autre côté de la mer ne l'empêche pas d'être tenu au courant et de prendre des décisions, qui sont transmises par lettres d'un bout à l'autre de ses possessions. Guillaume se fait par ailleurs seconder par des personnes de confiance : sa femme Mathilde, son demi-frèreOdon de Bayeux ou encoreLanfranc[b 30].

En Angleterre, Guillaume perpétue la collecte dudanegeld (littéralement « tribut aux Danois »), un tribut foncier versé par les populations menacées par lesVikings afin d'acheter leur départ ou solder les troupes destinées à les repousser. À l'époque, l'Angleterre est le seul pays d'Europe de l'Ouest où ce type de taxe est collecté de façon universelle. Basé sur la valeur des terres, ledanegeld se monte classiquement à deux shillings parhide mais a pu monter jusqu'à six shillings en temps de crise[b 31].

Outre les taxes, les possessions du roi sont augmentées des grandes propriétés qu'il possède dans toute l'Angleterre. En tant qu'héritier duroi Édouard, il contrôle l'ensemble des domaines royaux et y ajoute une grande partie des terres deHarold et sa famille, ce qui fait de loin le plus grand propriétaire du royaume : à la fin de son règne, ses terres en Angleterre sont quatre fois plus importantes que celles de son demi-frère Odon, le propriétaire le plus important après lui, et sept fois plus que celles deRoger de Montgommery[b 32]. Une étude récente fait de Guillaume le7e homme le plus riche ayant jamais vécu[86], sa fortune étant estimée à 229,5 milliards de dollars ou 167,6 milliards d'euros actuels[87].

Domesday Book

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Article détaillé :Domesday Book.

À Noël 1085, Guillaume ordonne lerecensement des propriétés foncières du royaume, que ce soient les siennes et celles de ses vassaux, comté par comté. Cette œuvre, connue aujourd'hui comme leDomesday Book, le « livre du jugement dernier », est réalisée en grande partie en quelques mois seulement. Le livre recense pour tous les comtés se trouvant au sud de laTees et de laRibble les propriétés existantes, leurs propriétaires respectifs et ceux d'avant la conquête, la valeur du terrain et le montant de taxe correspondant, ainsi que le nombre de paysans, de charrues et d'autres ressources de valeur.

Le, Guillaume rassemble ses vassaux àSalisbury dans le cadre d'une assemblée, où, sur la base du recensement juste achevé, ces derniers doivent jurer fidélité au roi sous réserve qu'ils ne soient pas lésés[b 33].

Les objectifs recherchés par Guillaume ne sont pas certains, mais il semble que la nécessité d'augmenter les impôts - du fait des nombreuses campagnes militaires et de la chute de l'économie du royaume, due notamment à ladévastation du nord de l'Angleterre quinze ans auparavant - ait poussé le roi à vouloir établir avec précision la répartition des richesses dans le royaume. Leserment de Salisbury (de) permet de rappeler en sus à ses vassaux leurs obligations de fidélité et leur allégeance directe au roi[53].

Origines du surnom Guillaume le Bâtard

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David Bates, ancien directeur de l'Institute of Research de Londres et auteur de plusieurs ouvrages sur les Normands et le duc-roi, explique que l'absence de mariage entre le ducRobert etHerlève a conduit les historiens, en particulier français, à donner à Guillaume ce surnom de « bâtard », mais qu'il a rarement été appelé ainsi de son vivant et jamais en Normandie. Dans la première moitié duXIe siècle, le droit canonique commence seulement à consolider sa position sur le mariage. Celui-ci ne sera imposé comme un sacrement qu'au début duXIIIe siècle (concile de Latran).

SelonDavid Bates, l'origine de ce surnom vient d'Orderic Vital, moine historien duXIIe siècle, sur lequel on s'appuierait encore beaucoup trop aujourd'hui pour écrire l'histoire de Guillaume. Orderic Vital fait de la bâtardise de Guillaume le facteur explicatif de tous les désordres et révoltes qui ont lieu pendant son règne. Ce moine écrit à une époque où l'Église prône le mariage et condamne très sévèrement le concubinage, ce qui était encore très différent un siècle plus tôt[88].

PourBates, il faut abandonner ce surnom de Guillaume le Bâtard. C'est une légende que les historiens duXIXe siècle, puis duXXe siècle auraient largement reprise, voire amplifiée, à quelques exceptions près commeMichel de Boüard.

Personnalité et réputation

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Guillaume de Jumièges (à droite) donnant leGesta Normannorum ducum à Guillaume le Conquérant (à gauche). Représentation de Guillaume vers 1071.

Il n'existe pas de portrait authentique de Guillaume, ses représentations sur latapisserie de Bayeux ou sur les pièces étant mises en scène pour affirmer son autorité[b 34]. Cependant, les descriptions connues de son apparence dessinent un personnage de forte carrure, robuste, à la voix gutturale. Comme tous les Normands de son époque, il porte lacoupe au bol[89], il jouit d'une santé excellente jusqu'à un âge avancé, même s'il semble l'objet desurpoids à la fin de sa vie[d 33]. Il est particulièrement fort, capable de tirer à l'arc mieux que beaucoup d'autres et a une bonne endurance. L'examen de sonfémur, le seul os à avoir survécu à la destruction de ses restes, indique qu'il mesurait environ 1,73 m, soit 10 cm de plus que la moyenne des hommes de son temps[b 34].

S'il semble avoir été éduqué par deux tuteurs à la fin des années 1030 et au début des années 1040, on connaît peu de choses de l'éducation littéraire de Guillaume, sinon qu'il ne semble pas avoir été incité particulièrement à une quelconque forme d'érudition, son principal loisir étant lachasse. Il contribue cependant au développement du clergé pendant son règne, et aux monastères qui, eux, sont des centres d'érudition et de savoir. Si sa piété est louée par les chroniqueurs médiévaux, certains critiquent son avidité et sa cruauté[53]. Il est capable à la fois de discernement et d'emportement colérique.

Son mariage avec Mathilde forme une union affectueuse et confiante ; on ne lui connaît ni maîtresse ni enfant illégitime, et aucun élément n'indique qu'il lui ait été infidèle, ce qui n'était pas courant pour un souverain à cette époque[53].

Famille

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Ascendance

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Ascendance de Guillaume Ier d'Angleterre
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
32.Rollon
 
 
 
 
 
 
 
16.Guillaume Ier de Normandie
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
33.Poppa de Bayeux
 
 
 
 
 
 
 
8.Richard Ier de Normandie
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
34.
 
 
 
 
 
 
 
17.Sprota
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
35.
 
 
 
 
 
 
 
4.Richard II de Normandie
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
36. Rainulf de Crépon
 
 
 
 
 
 
 
18. Herfast (Herbastus) de Crépon
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
37. Gonnor
 
 
 
 
 
 
 
9.Gunnor de Crépon
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
38.Gorm l'Ancien de Danemark
 
 
 
 
 
 
 
19. Gunnor de Danemark
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
39.Thyra
 
 
 
 
 
 
 
2.Robert Ier de Normandie
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
40. Paseweten (?)
 
 
 
 
 
 
 
20.Juhel Bérenger de Rennes
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
41.
 
 
 
 
 
 
 
10.Conan Ier de Bretagne
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
42.Alain II Barbetorte de Bretagne (?)
 
 
 
 
 
 
 
21. Gerberge de Nantes (?)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
43.Roscille d'Anjou (?)
 
 
 
 
 
 
 
5.Judith de Bretagne
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
44.Foulques II d'Anjou
 
 
 
 
 
 
 
22.Geoffroy Ier d'Anjou
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
45. Gerberge
 
 
 
 
 
 
 
11.Ermengarde d'Anjou
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
46.Robert Ier de Meaux
 
 
 
 
 
 
 
23.Adèle de Vermandois
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
47. Adélaïde Wera de Bourgogne
 
 
 
 
 
 
 
1. Guillaume Ier d'Angleterre « le Conquérant »
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
48.
 
 
 
 
 
 
 
24.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
49.
 
 
 
 
 
 
 
12.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
50.
 
 
 
 
 
 
 
25.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
51.
 
 
 
 
 
 
 
6.Fulbert de Falaise
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
52.
 
 
 
 
 
 
 
26.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
53.
 
 
 
 
 
 
 
13.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
54.
 
 
 
 
 
 
 
27.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
55.
 
 
 
 
 
 
 
3.Arlette de Falaise
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
56.
 
 
 
 
 
 
 
28.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
57.
 
 
 
 
 
 
 
14.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
58.
 
 
 
 
 
 
 
29.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
59.
 
 
 
 
 
 
 
7. Doda
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
60.
 
 
 
 
 
 
 
30.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
61.
 
 
 
 
 
 
 
15.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
62.
 
 
 
 
 
 
 
31.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
63.
 
 
 
 
 
 
 
Article détaillé :Descendance de Rollon.
Ascendants probables.

Descendance

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Vers 1050, il épouseMathilde de Flandre, fille deBaudouin V,comte de Flandre, àEu. Ils auront au moins dix enfants, dont quatre fils[90] :

  1. Robert ditCourteheuse (v. 1050/1052-1134), duc de Normandie, épouseSybille de Conversano ;
  2. Cécile (v. 1054 -), entre à l'abbaye aux Dames de Caen le, abbesse en 1112 ;
  3. Adélaïde († avant 1113) ;
  4. Richard (v. 1054/1056 -v. 1069/1075), entre dans les ordres à Caen en 1066. Trouva la mort en chassant dans la même forêt que son frère Guillaume ;
  5. Guillaume (v. 1060-1100), roi d'Angleterre de 1087 à 1100 ;
  6. Constance (1061-1090), épouseAlain IV Fergent de Cornouailles,duc de Bretagne et comte de Rennes. Elle meurt empoisonnée ;
  7. Mathilde (1062-1112) ;
  8. Adèle (1062-1137), épouseÉtienne-Henri,comte de Blois, de Chartres et de Meaux, en 1084 ;
  9. Agathe (av. 1062-1080), fiancée à (1)Herbert, comte du Maine, (2)Harold de Wessex, (3)Alphonse VI de Castille ;
  10. Henri (1068/1069-1135), roi d'Angleterre puis duc de Normandie. Il eut deux épouses (Mathilde d'Écosse,Adélaïde de Louvain) et concubines ;
  11. Gundrade (v. 1063-1085), épouse deGuillaume Ier de Warenne[note 13],[note 14]. Pour certains, elle serait la fille de Mathilde de Flandres mais pas de Guillaume le Conquérant[note 15].

Remarques :

  • Pour certains auteurs, Agathe et Mathilde seraient la même personne ;
  • Guillaume le Conquérant n'a pas de maîtresse ou de bâtard connus.
Arbre[91],[92].
       × (2)Adélaïde de Louvain († 1135)

Postérité

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Littérature

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  • Abbé Prévost,Histoire de Guillaume le Conquérant, duc de Normandie et roi d'Angleterre, Prault fils (1742).

Guillaume le Conquérant,Alain Hervé, Jean-Claude Lattès, 1986 (prix Bayeux du récit historique)

Cinéma

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Télévision

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Bande dessinée

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Musique

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Il est cité en tant que personnage emblématique de la ville de Caen par le rappeurOrelsan dans son morceauCasseurs Flowters Infinity puis de façon humoristique dans17h04 - Prends des pièces (Casseurs Flowters).

Numismatique

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Guillaume le Conquérant figure sur une pièce de 10 € en argent éditée en2012 par laMonnaie de Paris pour représenter sa région natale, laBasse-Normandie.

Philatélie

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Guillaume le Conquérant apparaît sur des timbres émis par la France,Jersey,Guernesey,Aurigny et laCorée du Nord[95],[96].

Peintures et sculptures

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Notes et références

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Notes

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  1. En 1066-1067, il appose son sceau au bas de la charte de fondation duprieuré de Saint-Hymer, où il est nomméWillelmus princeps Northmannorum (« Guillaume duc des Normands »)[1].
  2. L’année 1027 est celle retenue parMichel de Boüard (Guillaume le Conquérant),François Neveux (L'Aventure des NormandsVIIIe – XIIIe siècle etLa Normandie des ducs aux roisXe – XIIe siècle) etGuillaume de Malmesbury, mais pourOrderic Vital il serait né en 1028.
  3. Lasouscription non autographe (consignation des noms, titres et qualités du signataire) accompagne lesignum, seing manuel à l'aspect fruste et tremblé, qui affecte la forme d'unecroix latinepattée, sauf à la branche du bas.
  4. DepuisGuillaume Longue-Épée (933-942), on ne parlait déjà plusnorrois à la cour, et le duc devait envoyer son fils l’apprendre à Bayeux où la francisation était moins avancée.
  5. Le pape prend le prétexte juridique qu'ils descendent l'un et l'autre deRollon (descendance de Rollon) et sont cousins au cinquième degré mais, pour des raisons d'équilibre politique dans la chrétienté, il veut en fait éviter cette alliance entre Baudouin et Guillaume dont des mercenaires du duché de Normandie conquièrent des principautés en Italie méridionale, aux portes de Rome[20].
  6. Aucun historien normand n'a jugé à propos d'indiquer l'année du mariage du duc.
  7. Du haut des fortifications, les assiégés tapent sur des peaux humides tendues (protection contre l'incendie) et crient « la pel, la pel al parmentier » (« la peau, la peau du tanneur ») pour rappeler au duc l'origine sociale de son grand-père, pelletier. Une fois la ville prise d'assaut, il ordonne qu'on lui amène 32 défenseurs des remparts et leur fait couper les mains et les pieds avant de les renvoyer. Cependant,« l'acte de sauvagerie d'Alençon a pu être motivé par la dévotion et l'affection filiale plus que par les allusions désobligeantes sur sa naissance »[b 7].
  8. Richilde était l'épouse du comte Baudouin VI, lui-même frère de Mathilde, la femme de Guillaume.Orderic Vital,Histoire de la Normandie,tome 2,livreIV,v. 1142, éd. Guizot, 1826,p. 225-226.
  9. Orderic Vital explique que la chaleur de l'incendie deMantes et les fatigues de l'expédition ont rendu Guillaume malade.Orderic Vital,Histoire de la Normandie,tome 3,livreVII, v. 1142, éd. Guizot, 1826,p. 195. Un autre auteur,Guillaume de Malmesbury, raconte que le duc-roi fut blessé au ventre par l'arçon de saselle lors du pillage de la ville.
  10. La forte convexité antérieure du fémur, associée à une musculature très développée, est corrélée à une pratique équestre intensive (pour la chasse et la guerre).
  11. Taille supérieure de 10 cm à la moyenne de la population masculine normande à l'époque.
  12. Quand le terme fut introduit par lesSaxons entre 613 et 1017, un hundred avait une taille suffisante pour nourrir environ100 familles, avec, à leur tête, unhundred-man ouhundred eolder. Celui-ci était chargé de l'administration, de la justice, de la levée de troupes et de leur commandement.
  13. L’inscription sur la tombe de Gundrade indique qu’elle est l’épouse de Guillaume de Warrene et fille de Guillaume le Conquérant. D’aprèsThe Invincible Magazine,vol. 1,no 5,p. 26.
  14. D’après Burke (Dormant and Extinct Peerage,p. 154, 568 et 588), Gundrade est dite fille de Guillaume le conquérant sur une charte signée par Guillaume le Conquérant, Guillaume de Warrenne et Henri Ier, fils de Guillaume le Conquérant.
  15. Lors de son décès au château d'Acre (Norfolk), Gundrade est dite épouse deGuillaume Ier de Warenne, futur1ercomte de Surrey, et dans un acte relevé au Vieux Sarum, Mathilde de Flandre parle de Gundrade sous le terme « ma fille » maisOrderic Vital spécifie qu'elle est la sœur deGerbod le Flamand, officieuxcomte de Chester lors de son mariage. VoirProjet généalogique Medieval Lands.

Références

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Voir aussi

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Bibliographie

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Sources historiques

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Travaux contemporains

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Articles connexes

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Liens externes

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