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Comment notre monde a cessé d'être chrétien(d) |
Guillaume Cuchet, né le, est professeur d'histoire contemporaine à l'université Paris-1 Panthéon Sorbonne et spécialiste d'histoire des religions.
Guillaume Cuchet est un ancien élève de l'École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud (lettres et sciences humaines), membre honoraire de l'Institut universitaire de France. En 1996, il est agrégé d'histoire[1]. En 2002, il soutient sa thèseDu ciel à l'au-delà : le purgatoire dans la culture et la société françaises (1850-1935), sous la direction dePhilippe Boutry à l'université Paris-XII[2]. En 2011, il soutient unehabilitation à diriger des recherches à l'université Paris-I,Dominique Kalifa étant garant, surReligion, croyances et modernité en France,XIXe – XXe siècles[3],[4]. En 2004, il est nommémaître de conférences à l'université d’Avignon (2004-2007), puis à l'université Lille-III (2007-2013) et à l’Institut d'études politiques de Paris (2007-2013). De 2013 à 2022, il est professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris-Est Créteil (UPEC)[5].
Guillaume Cuchet est membre du comité de rédaction de laRevue d’histoire de l’Église de France, de laRevue des sciences philosophiques et théologiques, de la revueÉtudes et du conseil international de laRevue d’histoire ecclésiastique (Louvain).
Il publie des articles dans laRevue de l'histoire des religions,Archives de sciences sociales des religions,Études,Le Débat,Revue d'histoire duXIXe siècle,Revue Historique,Recherches de science religieuse,Revue des sciences philosophiques et théologiques,Transversalités,Esprit,Revue d'histoire moderne et contemporaine,Histoire de l’éducation ou encoreL'Histoire. Il signe des tribunes dans des journaux quotidiens tels queLe Monde[6] ouLe Figaro[7],[8].
Son livreComment notre monde a cessé d’être chrétien. Anatomie d’un effondrement[9] est reconnu par plusieurs prix : il est lauréat du prix 2018 d’histoire des religions de la Fondation Les amis dePierre-Antoine Bernheim, décerné par l’Académie des inscriptions et belles-lettres ; il reçoit le prix Sophie Barluet 2018 duCentre national du livre[10]. Dans cette étude, Guillaume Cuchet analyse le décrochage religieux survenu en France dans les années 1960. Il en précise la chronologie et en identifie des causes. Il s'interroge sur le rôle des réformes entreprises par leconcile Vatican-II. Son travail se fonde sur les travaux du chanoineFernand Boulard (1898-1977), auquel le livre est dédié.
Précédemment, son livreLes voix d’outre-tombe. Tables tournantes, spiritisme et société auXIXe siècle a reçu le prixDrouyn de Lhuys 2013 de l'Académie des sciences morales et politiques.

En 2002, Guillaume Cuchet soutient une thèse sur l’histoire dupurgatoire entre 1850 et 1935[2]. Son travail tient tout d’abord en une suite à l’ouvrage deJacques Le Goff,La naissance du purgatoire, publié en 1981. Ce dernier avait fait date en décrivant l’adoption doctrinale du purgatoire par l’Église catholique auXIIIe siècle et son essor à l’époque de laContre-réforme, les protestants refusant ce dogme. Ensuite,Michel Vovelle a précisé « l’apogée du purgatoire à l’âge classique ». Guillaume Cuchet a, lui, voulu montrer qu’après le déclin du purgatoire initié dans les années 1750 et étudié, entre autres par Vovelle, celui-ci a connu un regain d’intérêt auXIXe siècle en France et en Europe[11]. L’historien avance l’idée que le purgatoire n’a « jamais été aussi populaire qu’auXIXe siècle » avant de pratiquement disparaître complètement dans la dernière moitié duXXe siècle[12], un phénomène qu’il qualifie « d’affaissement passablement brutal ». Sa thèse consiste en une étude des causes puis des caractéristiques de cette recrudescence puis des modalités de sa quasi-disparition[11].
L’étude du purgatoire par Guillaume Cuchet s’est faite en lien direct avec l’histoire des attitudes face à la mort à l’époque contemporaine. Il rappelle dans la première partie duCrépuscule du purgatoire que leXIXe a vu naître le « culte des morts » contemporain[13], avec la possibilité pour chaque famille, ou presque, de faire construire une tombe individuelle ou familiale dans les cimetières, privilège aristocratique et bourgeois sous l’Ancien Régime. Ce qui donne naissance à la pratique qu’il nomme le « pèlerinage aux tombes » où l’on dépose des fleurs selon un calendrier à la fois personnel (anniversaire de mort, de naissance) et religieux (Toussaint,Fête des Morts).
Dans Les voix d'outre-tombe, tables tournantes, spiritisme et société auXIXe siècle, Cuchet s’intéresse auspiritisme. Il ouvre son livre en détaillant l’importation du phénomène des « tables tournantes » desÉtats-Unis vers l’Europe et la France vers 1850, ce phénomène de mode devient ensuite un « phénomène de société » avec une organisation et une structuration du spiritisme en France[14]. Enfin, Cuchet traite du déclin de ce mouvement. L’auteur propose la date de 1860 comme affirmation de la culture spirite en France, cette date correspondant à la deuxième édition duLivre des esprits d’Allan Kardec (Hippolyte Léon Denizard Rivail). À ce moment-là, le phénomène s’est mué en doctrine. Cet objet d’étude permet pour l’historien de questionner les rapports entre science et religion à cette époque, comment un courant spirite s’est imposé en Europe concomitamment au renforcement de la culture de la rationalité scientifique ?
L’un des chapitres de sonHistoire du sentiment religieux s’intitule « la première vague néo-bouddhiste au milieu duXIXe siècle »[15]. S'intéressant à l’étude dubouddhisme par certains Occidentaux au milieu de ce siècle, Guillaume Cuchet parle d’une « première réception » de cette religion asiatique entre 1844 et 1860 en France, en particulier autour de la figure d’Eugène Burnouf,indologue français et fondateur de laSociété asiatique en 1822. Il a publié en 1844L’Introduction à l’histoire du bouddhisme indien puisLe Lotus de la bonne loi,traduit dusanscrit, accompagné d'un commentaire et de vingt et un mémoires relatifs au buddhisme (sic) en 1852. Cuchet explique que certains savants se sont intéressés à ce culte tout d’abord lorsqu’ils ont compris qu’il était plus vieux que lechristianisme, réalité confirmée par l’indianistejansénisteHyacinthe Anquetil-Duperron auXVIIIe siècle. Ensuite parce que les Européens ont vu dans cette religion des similitudes avec le catholicisme : la compassion pour autrui, les monastères, la confession, l’éloge de la chasteté et de la pauvreté. Cuchet propose ensuite de comprendre le bouddhisme comme une religion dans laquelle ni Dieu ni les dogmes ne sont centraux : une religion sansthéisme qui peut constituer pour les Occidentaux un terrainmétaphysique nouveau.

Comment notre monde a cessé d’être chrétien est dédié auchanoine Boulard. Cuchet voit dans le travail de cartographie du prêtre (entre 1947 et 1966) un diagnostic pionnier de la déchristianisation de la France. L’historien y voit un « tombeau ducatholicisme français. La carte Boulard a "photographié" le catholicisme d'après-guerre, et plus précisément, dans ses dernières versions, des années 1955-1965, juste avant qu'il ne connaisse une rupture profonde introduisant à une tout autre histoire » (rupture enclenchée par leconcile Vatican II qui a ouvert la voie à une « sortie collective de la culture de la pratique obligatoire sous peine depéché mortel », amplifiée parmai 68 et l'encycliqueHumanae vitae)[16].
Cuchet a adapté sonhabilitation à diriger des recherches,Religion, croyances et modernité en France,XIXe – XXe siècles, en un ouvrage intituléFaire de l’histoire religieuse dans une société sortie de la religion. Ce livre se divise en deux parties, la première consiste en un court essai d’égo-histoire[4] et la seconde une réflexion sur l’épistémologie de l’histoire religieuse en France[17].Dans l’ensemble de ses travaux, Cuchet utilise l’histoire religieuse comme un moyen de contribuer à l’histoire sociale etculturelle en s’inscrivant dans la continuité deMichel de Certeau,Philippe Ariès etPhilippe Boutry notamment, pour qui l’histoire des croyances permet de saisir les mutations culturelles et sociales d’une époque[14].